L*intervention économique de l*Etat : Allocation

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L’intervention économique de l’Etat :
Allocation des ressources et
réglementation des marchés
ESH ECE 2
2016-2017 Camille Vernet
Nicolas Danglade
Domaine de l’allocation des ressources ?
Les agents décident de la manière dont sont utilisées les
ressources (que produire ? Comment produire ?) :
pour atteindre l’intérêt général, comment ?
Allocation par le
marché:
modalité = l’ajustement
de l’offre et de la
demande en fonction
du prix
Allocation par la
puissance publique :
Modalité = le vote,
démocratie politique
Faut-il opposer le marché à la
puissance publique ?
« Bénéficiez des vertus du marché requiert
souvent de s’écarter du laissez-faire »
Jean Tirole Economie du bien commun 2016
« Ceux qui croient au marché croient aussi à
l’Etat. »
Augustin Landier et David Thesmar La société
translucide. Pour en finir avec le mythe de l’Etat
bienveillant 2010
2. L’allocation des ressources dans le cadre du
marché : les conditions pour que l’allocation
marchande soit optimale
2.1 La métaphore de la main invisible
2.2 La maximisation du surplus à l’équilibre de
CPP
2.3 L’optimum de Pareto
2.1 La métaphore de la main invisible:
la pensée libérale du 18ième siècle
• L’allocation marchande a un avantage sur
l’allocation politique = elle permet d’éviter
l’Etat Léviathan
• A.Smith « La richesse des nations » (1776)
• Bernard de Mandeville « La fable des abeilles.
Vices privés, vertus publiques » (1714)
La « main invisible »
« L’homme recherche seulement son propre
avantage et, dans ce domaine comme dans les
autres, il est conduit par une main invisible à
promouvoir des buts qui sont étrangers à ses
intentions …
En poursuivant son propre intérêt, il sert souvent
mieux les desseins de la société que lorsqu’il
essaie intentionnellement de le faire »
2.2 La maximisation du surplus
collectif à l’équilibre de CPP
Le marché en concurrence pure et parfaite :
• Des offreurs et demandeurs qui ne peuvent
pas influencer le prix (price taker)
• Une information parfaite (sur la qualité des
biens, …) = rationalité parfaite
• Des biens parfaitement homogènes
(identiques)
• Une libre entrée et sortie du marché (pas de
frein à l’investissement)
• Sur un marché en CPP : les agents font des
choix en fonction du prix annoncé
une fonction de demande : pour chaque prix de
marché = une quantité demandée par
l’ensemble des agents
Une fonction d’offre : pour chaque prix de
marché = une quantité offerte par l’ensemble
des agents
• Hypothèse de rationalité du choix des agents
économiques :
Ils réalisent un calcul coûts/avantages qui les
conduit à la plus grande satisfaction possible
Maximisation de la satisfaction du
consommateur
Maximisation du profit du producteur
L’équilibre de marché
• Mécanisme du tâtonnement walrassien : rôle du
commissaire priseur
• Conséquence : lorsque le prix annoncé varie, la
demande (ou l’offre) se déplace le long de la
droite
Loi de la demande : variation inverse du prix et de
la demande
Loi de l’offre : variation dans le même sens du prix
et de la demande
• À l’équilibre: les quantités offerte et demandée
sont égales
Le surplus collectif et la situation
d’équilibre
A
B
À l’équilibre, le surplus collectif (A+B) est le plus
grand possible
2.3 L’optimum de Pareto
• À l’optimum : il n’est plus possible d’améliorer la
situation d’un agent sans que cela n’ait de
conséquence négative sur les autres. Il n’est plus
possible de réaliser des échanges mutuellement
avantageux.
• L’équilibre: situation où les surfaces A et B sont
les plus grandes possibles
• Si l’on s’écarte d’une situation d’équilibre, la
hausse du surplus des offreurs se paient par une
baisse du surplus des demandeurs et une « perte
sèche » par rapport au surplus d’équilibre (et
symétriquement)
• Il existe un mécanisme qui permet d’atteindre
l’équilibre sur un marché = équilibre partiel
• Il existe un mécanisme qui permet d’atteindre
l’équilibre sur tous les marchés (système de
marché complet) = équilibre général
• Le premier théorème de l’économie du bien
être : tout équilibre générale en CPP est un
optimum de Pareto
« L’un des acquis les plus important de la théorie
économique moderne a été dans quel sens et sous
quelles conditions on peut dire que le marché est
efficace. »
J.Stiglitz Principes d’économie moderne 2008
Lorsque le marché fonctionne comme en CPP alors
l’allocation des ressources par le marché est
optimale car elle permet la plus grande satisfaction
possible de tous les participants à l’échange (il en
découle donc le plus grand bien être collectif
possible)
Pourquoi l’Etat (la puissance publique)
doit-elle alors intervenir ?
3. Les caractéristiques du marché
produisent des « défaillances »
3.1 L’analyse des défaillances de marché dans le
cadre de l’approche néoclassique traditionnelle :
les défaillances sont des situations
« exceptionnelles »
3.2 L’analyse des défaillances de marché dans le
cadre de la nouvelle microéconomie: les
défaillances sont au cœur même des échanges
marchants
Dans l’approche néoclassique
traditionnelle
Allocation marchande
Sans défaillance : le
marché permet
l’allocation optimale des
ressources
Situations de défaillance :
le marché ne permet pas
l’allocation optimale des
ressources
L’Etat doit intervenir pour
corriger les effets de ces
défaillances : que doit
faire l’Etat ?
3.1 La structure des coûts empêche la
concurrence : le monopole naturel vs
les consommateurs
• Point de départ: pour réaliser certaines production, il
faut des investissements importants
• Ces investissements = coûts fixes
• Les coûts fixes font apparaître des économies d’échelle
: le coût moyen de production baisse avec la hausse
de la production
• Conséquence : la première entreprise entrée sur la
marché obtient un avantage en termes de CM et donc
de prix = absence de concurrence
• C’est la structure des coûts qui fait apparaître le
monopole
Conséquence sur l’allocation des
ressources ?
• Le monopole ne craint pas des concurrents éventuels
puisque personne ne peut obtenir le même CM que
lui
• Il devient price maker
• Il en profite pour augmenter ses prix puisqu’il est le
seul offreur
• La seule limite à cette hausse du prix est la réaction des
consommateurs (élasticité)
• Dans le cas de certains biens/services : eau, électricité,
gaz, transport … l’élasticité est nulle
• Conclusion: le monopole naturel « abuse » de sa
position dominante au détriment du consommateur
Comment éviter cette situation ?
• L’Etat peut choisir de nationaliser le monopole
• L’Etat peut donner une délégation de service
public à une entreprise privée en fixant un prix
plafond
• L’Etat peut séparer l’activité à coût fixe de celle de
vente d’un service aux consommateurs : les
industries de réseaux; il rend alors le marché
« contestable » puisque les CF ne sont plus une
barrière à l’entrée
3.2 La nature des biens rend
l’allocation marchande sous-optimale
Critère d’excluabilité : il est possible d’exclure des AE de l’accès à un bien ou
service ; conséquence : seul les AE qui « paient » le bien ou service peuvent y
accéder ;
Critère de rivalité : l’utilisation du bien ou service par un AE prive les autres AE de
l’utilisation de ce bien ; conséquence : à chaque fois qu’un AE utilise un bien ou
service, la quantité disponible pour les autres AE diminue ;
3.2.1 Résoudre les problèmes d’allocation des
biens communs (la tragédie des communs)
Lutter contre la sur-exploitation des ressources ?
• Nationaliser la production
• Réglementer : période de chasse, quota de pêche,
interdiction,
• Privatiser les biens : allouer des droits de propriété =
rendre les biens excluables (exemple des enclosures en
Angleterre) pour éviter les passagers clandestins
• Auto-coordination : les agents visent l’intérêt collectif
avant l’intérêt particulier (Elinor Ostrom, PN 2009)
3.2.2 L’Etat prend en charge certains biens
collectifs pour éviter leur sous-production : ils
deviennent des biens tutélaires
Hypothèses de non excluabilité et
de non rivalité
Biens / services non produits par
le marché
L’Etat (la collectivité) juge que ces
productions ne sont pas
indispensables
L’Etat (la collectivité) juge que ces
productions sont indispensables: il y a
donc un choix politique / une préférence
qui s’exprime politiquement =
production de biens « tutélaires »
(financement impôt)
3.3 La présence d’effets externes provoque une
sur ou une sous-production de certains biens
(ou services)
Externalités ?
• Les échanges ont des conséquences qui ne
sont pas liées au motif de l’échange
• Il y a donc un écart entre la somme des
satisfactions que retirent les AE sur le marché
et la somme des satisfactions de l’ensemble
de la collectivité
Réduire les externalités négatives ?
L’exemple des externalités
environnementales
• Les normes (réglementations) :
Portée générale; exemple normes sur les
émissions de certains gaz
Inconvénient : le coût de contrôle de
l’application de la norme + solution qui s’impose
de manière uniforme à tous les AE
• La taxe « pigouvienne »
Elle consiste à faire augmenter le prix et donc à obliger
les AE à tenir compte de la présence d’externalités =
« internaliser l’externalité »
Principe du pollueur-payeur (les pollueurs supportent
les coûts de la pollution qu’ils génèrent)
« L’externalité » a désormais un prix : elle est donc prise
en compte = « internaliser l’externalité »
• Avantage : le prix ne concerne que les AE qui
agissent en lien avec les externalités (impact ciblé et
non pas uniforme); exemple: taxe carbone
• Inconvénients :
a) difficulté de « calibrer » correctement le montant
de la taxe = il n’est pas certain de connaître à
l’avance la réaction des AE, donc le résultat en
terme de « quantité » échangée peut ne pas être
optimal;
b) non acceptabilité politique
Exemple « mauvais calibrage » : les taxes sur le
prélèvement de l’eau sont trop faibles
• Les droits à polluer : solution coasienne pour
« internaliser les externalités
L’Etat allouer des droits à polluer : il crée des
droits de propriété (= il crée un marché)
Exemple une usine polluante / complexe
touristique situé en aval du fleuve
Les droits à polluer sont alloués à l’usine =
l’usine vend ses DP au complexe touristique et
finance la dépollution
Solution coasienne du marché des DP
• Offre des DP : l’entreprise polluante
• Demande de DP : le complexe touristique
• Pour un prix bas: l’offre est faible (l’entreprise
conserve ses DP qu’elle ne veut pas vendre et
pollue avec) mais la demande est élevée (le
complexe touristique est prêt à acheter bcp de
DP)
• Pour un prix élevé : situation inverse
• Équilibre de marché : situation où l’offre et la
demande de DP s’égalisent (optimum)
• Avantages de la solution coasienne :
Laisser le marché déterminer le prix qui optimise les
choix (les préférences) de tous les AE
• Inconvénients
a) Les décisions des entreprises dépend du coût de
la technologie ; plus ce coût est élevé, plus le prix
du DP devrait être élevé;
b) Coût de transaction élevé: plus le nombre d’AE
participants au marché est élevé, plus les CT
augmentent
Le marché des quotas à polluer
• Une solution intermédiaire : le cape and trade
• Suite au protocole de Kyoto, création par l’UE du
marché des quotas alloués à environ 11500 entreprises
• La puissance publique détermine un volume de DP
maximum qui sera échangé
• Elle alloue ces DP aux entreprises
• Les entreprises s’échangent ces DP en fonction de leur
besoin de pollution
• Inconvénient : si la quantité de DP alloués est « trop »
importante = le prix sur le marché va être très bas et
les entreprises préfèreront acheter les DP (et elles
pollueront) plutôt que de dépolluer
Taxe ou DP : quel instrument
économique choisir ?
en situation d’information
parfaite
en situation d’incertitude
Payer une taxe de 20 euros sur la
tonne de carbone ou payer 20
euros un droit à polluer sur le
marché des quotas
La taxe donne une certitude sur
le prix mais pas la quantité qui
en découle reste incertaine
La politique de prix (taxe) ou la
politique de quantité (marché de
quota) ont le même effet
Le marché des quota donne une
certitude sur la quantité mais
pas sur le prix qui découle de
l’échange
En fonction de l’objectif choisi /
préféré = utiliser un instrument
4. Les caractéristiques du marché
produisent des « défaillances » :
défaillances étudiées dans le cadre de
la nouvelle microéconomie
Les conséquences des asymétries d’information
sur l’allocation des ressources ?
4.1 Sélection adverse et aléa moral
produisent des défaillances de marché
• Sélection adverse : les caractéristiques d’un
bien est caché à certains agents
• Aléa moral : l’action d’un agent n’est pas
observable par les autres agents
4.2 Les effets de la sélection adverse :
l’exemple du marché des voitures
d’occasion
• Akerlof « Market for lemons » (1970)
• Les offreurs de voitures connaissent parfaitement la
qualité des voitures qu’ils vendent, pas les acheteurs
• Les acheteurs craignent d’acheter des voitures de
mauvaise qualité
• Au dessous d’un certain prix = signal qualité négatif =
la confiance chute et la demande baisse
• Au dessus d’un certain prix = les acheteurs adaptent
leur offre « normalement » en fonction des prix
• Pourquoi les acheteurs anticipent-ils un risque plus
élevé de se faire arnaquer au-dessous d’un certain prix
?
• Au-dessous d’un certain prix : les vendeurs de
voitures de « bonne qualité » estiment que le
prix est trop bas = ils quittent le marché
• Ne restent alors sur le marché que les
vendeurs de « lemons »
• Les acheteurs craignent donc d’acheter une
voiture de mauvaise qualité et plus le prix
baisse, moins il y a d’acheteurs
4.3 Réduire les asymétries d’information : révéler
l’information pour réduire l’asymétrie d’info
• En asymétrie d’information (sélection
adverse), une crise de confiance se traduit par
une disparition progressive du marché
• Pour éviter que le marché ne disparaissent il
faut donc « révéler » l’information « cachée »
• Du côté de l’offre :
Voitures d’occasion = solution réglementaire = le
contrôle technique
Certification, labels …
• Du côté de la demande :
Les assurances ne connaissent pas la « qualité »
réelle des assurés
Si elles augmentent uniformément les cotisations,
les bons « assurés » vont quitter le marché et elles
ne vont assurer que les « mauvais »
Pour « garder » les « bons »: les assurances
proposent des « menus de contrat » qui permettent
de révéler les situations de chaque agent et incitent
les « bons » agents à s’assurer
• Le cas de l’assurance chômage / maladie : un
bien tutélaire ?
Les individus n’ont pas tous les mêmes risques
d’être au chômage ou en bonne santé
Les moins fragiles préfèrent s’auto-assurer plutôt
que de payer pour les autres
Conséquence: les cotisations des plus fragiles
s’envolent
Solutions :
une sécurité sociale (publique) obligatoire qui
permet de mutualiser les risques de tous = « biens
tutélaires »
Une complémentaire (privée) qui permet de faire
jouer les « menus de contrats »
4.3.3 Les effets de l’aléa moral
• Situation représentée par le modèle
« principal / agent »
« L’aléa moral est une situation dans laquelle un
agent agit différemment selon qu’il est ou non
observé dans les actes qui entrent dans le cadre
de sa relation avec le principal. »
Etienne Wasmer « Principes de microéconomie »
2010
L’aléa moral réduit l’efficience de
l’allocation marchande
Il est associé à des
comportements
opportunistes
Pour répondre à ces
comportements
opportunistes, les AE
produisent des effets
pervers :
Exemple la relation
employeur / salarié
Asymétrie d’information et chômage
involontaire
4.3.4 Réduire l’aléa moral : le rôle des
contrats incitatifs
• contrats incitatifs : respecter les termes et à
renoncer à adopter des comportements
opportunistes (Tirole et Laffont)
• Exemple : système du bonus / malus dans
l’assurance ; prime sur dividendes pour les
dirigeants salariés d’entreprise
4.4 Les asymétries d’information et
les crises financières
• Les frictions de crédit : le cas du financement
des prêts étudiants
Les frictions de crédit font
« disparaître » le marché
• Les frictions de crédit : cas général
Aléa moral et crise bancaire
• Développement de la titrisation et des CDS
• Les IF bancaires passent du modèle « originate
to hold » à « originate to distribute »
• Concentration du marché et banques de taille
systémique
• Aléa moral : conséquence sur la qualité du
prêt émis et les activités d’intermédiation de
marché
• Didier Marteau
Asymétrie d’information et
fonctionnement des marchés des
capitaux
Le cas des investissements « verts » :
les difficultés à financer la transition
énergétique
L’importance d’avoir un prix du
carbone / taxe carbone
Défaillances de marché et problèmes
environnementaux
Sur-production des activités
qui provoquent dégâts
environnementaux
Externalités négatives
Faiblesse des investissements
dans les activités « décarbonées »
Le système financier oriente plus
facilement les capitaux vers les
activités carbonées
- Incertitude sur les rendements
futurs
- Entreprises « jeunes »
- Pas de prix du carbone (ou
faiblesse des taxes carbone)
5. Au-delà des défaillances de marché:
les autres justifications de
l’intervention publique sur l’allocation
des ressources
• Les marchés s’appuient toujours sur un cadre
légal : définition et respect des DP
• Le respect des règles de la concurrence
• D’autres motifs de protection des
consommateurs
• La supervision des marchés financiers : agir en
amont pour empêcher des crises
5.1 La nécessité d’un cadre légal :
définition et respect des droits de
propriétés
• Droits de propriété
• Vérification des droits de propriétés
• Protection des droits de propriétés / arbitrage en
cas de contentieux
• Les DP = propriétés privées
• Évite : prédation, mafia
• Nécessite : Etat de droit (versus Etat Léviathan)
5.2 Les respects de règles de la
concurrence
a) Lutter contre les comportements déloyaux
• Ententes / cartel
• Abus de position dominante
Au détriment des consommateurs ou d’autres
producteurs
b) Contrôler le degré de concentration du
marché
5.3 Protéger les agents économiques
contre les biais cognitifs, l’incohérence
temporelle ou l’incomplétude de
l’information
• Travaux d’économie comportementale
• Les agents peuvent agir « rationnellement » à
l’encontre de leurs intérêts
• Ils sont victimes de biais cognitifs : les AE sous-estime
(ou sur-estime) les risques (ou les gains) associés à tel
ou tel comportement = cela fausse leur calcul = les
conduit à un choix sous-optimal = exemple crédits
subprimes
• Ils sont victimes d’incohérence temporelle : ils
remettent sans cesse à demain leur effort d’épargne
• Travaux inaugurés par Kahneman (Prix Nobel)
• Dick Thaler (à propos de l’effort d’épargne)
• Source biblio : Augustin Landier et David
Thesmar « La société translucide
• L’Etat « paternaliste » : l’exemple de
l’interdiction des boissons sucrées dans les
écoles
5.4 Protéger les AE contre les crises du
système financier : la supervision
financière
• Il existe des risques individuels
• Mais aussi des risques systémiques
• Deux types de supervision pour empêcher
effet domino et pour empêcher réalisation
d’une crise « systémique »
« Le marché et l’Etat ne sont pas des alternatives,
mais qu’ils sont au contraire, mutuellement
dépendants. Le bon fonctionnement du marché
dépend du bon fonctionnement de l’Etat.
Inversement, un Etat défaillant ne peut ni
contribuer à l’efficacité du marché, ni lui offrir une
alternative. Cependant, tout comme les marchés,
l’Etat est souvent défaillant. »
Jean Tirole « Economie du bien commun » 2016
5.5 L’allocation marchande est affectée
par d’autres interventions de l’Etat
L’intervention de l’Etat dans le domaine de
l’allocation des ressources: une approche « large »
6. Les limites de l’intervention publique dans le domaine
de l’allocation des ressources (au sens « réduit »)
• Deux questions :
6.1 Les interventions de l’Etat pour réduire les
défaillances de marché et réguler le marché
sont-elles toujours efficaces ?
6.2 L’action de l’Etat se fait-elle toujours au nom
de l’intérêt général ?
6.1.1 L’Etat, un AE victime d’asymétrie
d’information
L’information est imparfaite
1) Certains agents ont des informations que l’Etat
(le décideur) n’a pas et peuvent adopter un
comportement opportuniste
• C’est le cas d’agents publics (entreprise publique)
• C’est le cas d’entreprises privées qui sont
régulées (fournisseur d’eau, télécommunication
…)
• C’est le cas de prestataires de services dont la
dépense est collectivisée (les médecins)
2) Certains biens n’ont pas de prix et
l’internalisation de l’externalité peut poser
problème
Exemple : déterminer le montant d’une taxe
environnementale
Exemple : déterminer le montant des quotas de
droits à polluer distribués
6.1.2 Des réglementations qui
provoquent des dysfonctionnements
des marchés
• Une politique peut avoir un objectif : réduire le
prix des loyers pour permettre de lutter contre la
précarité du logement
• Mais produire des effets pervers : rationnement
de la demande par l’offre
• Même effet avec les aides au logement
• Sur le marché du travail : conséquence d’un
salaire minimum au-dessus du salaire d’équilibre
/ conséquence CDI
6.1.3 Des politiques publiques qui
n’atteignent pas leurs objectifs
6.2 La critique de l’Etat « bienveillant »
« Le système étatique et administratif repose sur
une conception idéaliste du pouvoir politique et
de la vie démocratique, sur un postulat général
de bienveillance des hommes politiques, de
l’administration et de tous les fonctionnaires et
personnels assimilés ».
Jean-Jacques Laffont
6.2.1 Le paradoxe de Condorcet
• Les choix politiques en démocratie laissent
toujours une partie des citoyens insatisfaits
• Dans une société à plus de 3 individus et 3
choix possibles, il est impossible d’obtenir une
décision à l’unanimité
6.2.2 Il existe aussi des « défaillances »
de l’Etat : le cycle politico-économique,
la capture du régulateur, les lobbies
• Le cycle politico-économique
À l’approche des élections, les décisions sont favorables à la
hausse des dépenses et la baisse des impôts = le Gvt utilise
le budget de l’Etat pour favoriser sa réélection
The Political Business Cycle (1975), William D. Nordhaus
Plus l’alternance politique est élevée, plus le parti au
pouvoir va favoriser les dépenses qui lui permettent de
gagner et plus il « lègue » une dette importante à son
successeur pour qu’il ne puisse pas mener sa politique
(Insee) L’investissement augmente en moyenne de
6% dans les administrations locales sur les deux
années précédant une élection municipale et baisse
de près de 5% sur les deux années suivant l’élection
• Les fonctionnaires ont en effet tout intérêt à ce
que la taille de l’Etat augmente
Bureaucracy and Representative Government
(1971), William A. Niskanen
• La capture du régulateur : influence des
groupes de pression et les lobbies
G.Stigler « The Theory of Economic Regulation »
1971
James Buchanan et Gordon Tullock (The Calculus
of consent. Logical foundations of
Constitutionnal democracy, 1962)
Exemple en France : régulation du transport aérien
- la direction générale de l’Aviation civile (DGAC)
dépend directement du ministère des Transports,
lui-même actionnaire du transport française, Air
France. L’Etat est donc à la fois régulateur et régulé.
- le Cohor (association chargée d’allouer les
créneaux horaires aux différentes compagnies
aériennes) n’a pas le statut d’autorité indépendante
(comme le régulateur des télécoms ou celui de
l’électricité), mais d’association dont Air France est
un membre fondateur.
• D’autres cas de capture du régulateur :
Parcours professionnels = banques d’affaires /
postes au Trésor (Etats-Unis)
A.Greenspan de la Fed à Pimco
Toutes les banques françaises sont dirigées par des
anciens inspecteurs des finances
• D’autres cas de « poids des lobbies » :
Les taxis parisiens
La filière automobile
• L’Etat corrompu
Pierre Lascoumes « Une démocratie corruptible »,
2011
6.3 Comment réduire les limites et
contraintes qui pèsent sur l’action
publique ?
• Comment réduire les asymétries
d’information dont est victime l’Etat ?
• Comment réduire les politiques publiques
inefficaces ou qui entraînent des effets
pervers ?
• Comment éviter les « défaillances » de l’Etat ?
6.3.1 Répondre aux problèmes
d’asymétries
Les travaux de J.J.Laffont et J.Tirole (Ecole d’Economie de
Toulouse)
Contrat incitatif = « révéler » l’information « cachée » ?
• Choisir parmi un « menu » de contrats, dont chacun
spécifie l’enveloppe fournie à l’entreprise pour couvrir
les coûts de sa prestation et la règle de partage en cas
de profits et de dépassement des coûts
• Utiliser les enchères pour détecter le producteur le
plus efficace
• « benchmarker » les performances par les coûts
observés sur des marchés similaires
6.3.2 L’importance de l’évaluation des
politiques publiques
• Parce que l’effet des politiques publiques est
difficile à prévoir (il peut y avoir des effets
inattendus), il faut pouvoir expérimenter les
politiques et les évaluer à posteriori.
• Faire appel à l’évaluations indépendantes (du
pouvoir politique en place) des politiques
économiques
• Exemple : la réforme du RMI en RSA a été voté 5
mois avant la sortie d’un rapport d’experts très
critique sur l’effet de cette mesure sur le retour à
l’emploi
• Importance des outils statistiques
6.3.3 Répondre aux défaillances de
marché : le rôle de la démocratie
• Démocratie : représentative (élus et
assemblée législative), participative (les
citoyens participent aussi aux décisions) ,
délibérative (débats d’idées / la force de
l’argument fondé rationnellement)
• Objectif : plus l’information circule, plus les
citoyens « participent » à la vie de la citée,
plus ils régulent les défaillances de l’Etat
• P.Aghion :
Il y a un lien entre démocratie et croissance car la
démocratie = chasse la rente / stimule l’innovation
• D.Thesmar et A.Landier
Une société « translucide » = évaluations des
politiques publiques / circulation de l’information /
participation des citoyens / force des idées
« Aucun citoyen, aucune entité ne doit être en
situation de monopole sur l’information ou la
production d’idées. L’ouverture est la clé du
dispositif de surveillance par des experts
extérieurs ; c’est l’antidote aux illusions de groupe
et à la capture des gardiens du secret par les
intérêts privés. »
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