Section 1 - Université de Bordeaux

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Cours d’Economie
européenne
Bernard Yvars
Université de Bordeaux
Introduction
Section 1 - L’ouverture contemporaine à l’échange international par les négociations commerciales multilatérales et les
zones d’intégration régionale
Section 2 - Mondialisation et OMC : une nouvelle hiérarchie des Etats dans le commerce international
Chapitre 1 - Les gains de l’Union économique et monétaire européenne
Section 1 - Les effets de l'intégration commerciale : gains actuels et potentiels
Section 2 - Les avantages de l’intégration monétaire et financière
Chapitre 2 - L’intégration par des politiques communes
Section 1 - La politique agricole commune
Section 2 - Du Traité de Rome à la politique monétaire commune
Chapitre 3 - L’intégration par les mécanismes de marché
Section 1 - La politique de la concurrence
Section 2 - Une politique commerciale extérieure orientée vers le libre-échange
Chapitre 4 - La cohésion économique et sociale dans l’Union européenne
Section 1 - L’hétérogénéité économique et sociale de l’espace communautaire
Section 2 - Le financement de l’intégration de l’Union européenne
Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
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INTRODUCTION
La crise économique de 2008 2009  récession mondiale en 2009
contraction du commerce. La croissance du commerce avait marqué le pas entre
2007 et 2008, passant de 6,4% à 2,1 %, mais, en 2009, le volume des échanges a
chuté de 12,2% (plus forte baisse de l’histoire récente).
L’OMC a constaté une modeste reprise en 2010, inversant l’effet de la
contraction du commerce. Un fait positif en 2009 : absence de renforcement des
obstacles au commerce imposés par les membres de l’OMC en réponse a la crise.
La contraction des échanges mondiaux en 2009 a été encore plus prononcée
en valeur en dollars EU (-22,6 %), qu’en volume (-12,2%), du fait de la chute des prix
du pétrole et d’autres produits primaires. La production mondiale /PIB a diminué en
2009 (-2,3 %), soit la plus forte baisse depuis la fin de la 2ème Guerre mondiale.
Tous ces éléments  récession économique mondiale la plus grave depuis la
Grande Dépression.
Selon l’OMC, Le commerce mondial devrait ralentir en 2012,
pour s'établir à 3,7 % contre 5 % en 2011. Cela doit être attribué
à la perte de vitesse de l'économie mondiale due notamment à
la crise des dettes publiques en Europe.
Toutefois, pour 2013, l'OMC prévoyait une légère reprise de
la croissance du commerce mondial en volume, à 5,6 %. Ces
prévisions supposaient une croissance de la production
mondiale de 2,1 % en 2012.
•
Selon le communiqué du 19/9/2013,
l’OMC  la croissance du commerce
mondial en 2013 et 2014 sera plus lente que
prévu.
•
Les économistes de l'OMC avancent le
chiffre de 2,5% pour 2013 et 4,5% pour
2014 mais indiquent que les conditions
d'une amélioration des échanges se mettent
progressivement en place (reprise de la
croissance économique).
Précisons que le trafic de marchandises est prépondérant
dans le commerce international par rapport à celui des
services dont la croissance se poursuit (part passée de
16% à environ 20 % de 1984 à aujourd’hui). La nature des
échanges de services s’est aussi modifiée puisque la part
représentée par le transport international et les voyages
(respectivement 24% et 26%) dans le commerce mondial
de services a baissé au profit des autres services (50%) au
sein desquels les services informatiques et financiers
enregistrent les taux de croissance les plus élevés.
Pour la France, la situation est difficile et rend
plausible un affaiblissement économique durable :
Beaucoup d’indicateurs évoluent défavorablement,
excepté la diversification de sa spécialisation
économique internationale et l’existence d’un fort taux
d’épargne des ménages (16,8 % de leurs revenus en
2011).
Quels sont les indicateurs ou critères
défavorables ? :
-le déficit public (103,1 milliards d’euros en 2011,
soit 5,2 % du PIB) et l’endettement public (1 789,4
milliards d’euros fin mars 2012, soit 89,3 % du PIB)
absence donc d’épargne publique.
- le déficit chronique de la balance commerciale (71
milliards d’euros en 2011)  absence donc d’épargne
externe.
Plus ou moins gagnants à l’échange
international, de plus en plus de pays ont
choisi d’adhérer à l’OMC (159 membres
au 2 mars 2013) et de se soumettre aux
règles de la mondialisation (les règles de
l’ouverture internationale pouvant être
édictées régionalement : cas de l’UE)
- un modèle de croissance économique trop axé sur la
consommation (absence d’une politique suffisante de
l’offre).
- une insuffisante capacité d’innovation. Ex : le nombre
de dépôts de brevets triadiques (les innovations
brevetées à la fois en Europe, au Japon, et aux ÉtatsUnis). Selon l'OCDE, l'Allemagne a déposé en 2008 plus
de 70 brevets de ce type par million d'habitants, contre
moins de 40 pour la France, 27 pour le Royaume -Uni et
moins de 20 pour l'Italie et l'Espagne.
- un appareil éducatif trop généraliste ne répondant pas
suffisamment aux besoins du marché (trop de diplômés
sans savoir-faire).
Ces résultats négatifs trouvent
principalement leur origine dans une
inadaptation de la France à la compétition
économique intra-européenne. Un taux de
change flexible entre la France et
l’Allemagne serait-il préférable ?
Notons enfin que l’internationalisation
du marché du travail peut contribuer à la
détérioration des comptes sociaux (sous utilisation de la main-d’œuvre sédentaire).
Le développement du commerce international a
été favorisé, d’une part, par le développement des
accords commerciaux depuis 1947 sous l’égide du
GATT puis de l’OMC à partir de 1994 et, d’autre
part, par la constitution de zones d’intégration
régionale. (Section 1). Cela dit, l’accentuation de la
mondialisation a engendré une nouvelle hiérarchie
des Etats dans le commerce international (Section
2)
Section 1 - L’ouverture contemporaine à l’échange international par
les négociations commerciales multilatérales et les zones
d’intégration régionale
Depuis 1945, le processus de libéralisation du commerce mondial
repose surtout sur des systèmes fondés sur la coordination des
politiques commerciales au sein du GATT puis de l’OMC. Ils s’appuient
sur le principe du multilatéralisme : les concessions et les règles sont
négociées non plus entre 2 pays mais dans le cadre de cycles
rassemblant un grand nombre de pays (23 à la naissance du GATT, 149
en 2005 au sein de l’OMC). Simultanément, et parfois en raison des
difficultés de la négociation multilatérale, se sont développées les zones
d’intégration régionale (CEE en 1957, AELE en 1960, par exemple).
•
A - Les négociations commerciales multilatérales
Pour tenir compte des enseignements tirés du repli des économies
sur elles-mêmes dans l’Entre-deux-Guerres, des pays occidentaux
développés  mise en place d’un système de coordination des
politiques commerciales pour ouvrir leurs frontières aux
marchandises étrangères. En 1947, le GATT impulse une dynamique
de participation accrue des nations à l’échange international.
Pourquoi un tel choix d’ouverture internationale des
économies ? Les organisations internationales et les accords
internationaux commerciaux se réfèrent aux théories classiques et
néo-classiques de l’échange international qui ont établi la supériorité
du libre-échange sur toute autre forme d’organisation internationale
des échanges (les pays obtenant des gains de l’échange international
par rapport à toute situation d’autarcie ou de protectionnisme) sous
les hypothèses restrictives de stabilité dans le temps des structures
de coût et de concurrence pure et parfaite.
Cela dit, des économistes, tels P. Samuelson, qui ont
contribué à l’établissement du corps théorique traditionnel de
l’échange international ont fait évoluer leurs analyses initiales pour
tenir compte de la mobilité internationale des facteurs de production.
L’Accord général
fondamentaux :
repose
sur
quatre
principes
•
- l’égalité de traitement entre partenaires commerciaux en généralisant uniformément
à tous les partenaires les avantages consentis à un seul : c’est la clause de la nation
la plus favorisée. Ce principe qui fonde le multilatéralisme (principe différent du
bilatéralisme) est le plus important de l’Accord.
•
- les concessions octroyées doivent l’être sur une base de réciprocité et d’avantages
mutuels de façon à éviter les comportements de passagers clandestins dans le
système commercial multilatéral.
•
- le traitement national qui impose que les produits étrangers soient soumis au même
traitement que les produits similaires d’origine nationale dès qu’ils se sont acquittés
des droits de douane pour entrer sur le territoire national.
•
- l’Accord favorise les pratiques commerciales transparentes. L’usage du droit de
douane est préféré à toute autre forme de protection (restrictions quantitatives aux
échanges ou quotas, par exemple). C’est la raison pour laquelle les prélèvements
agricoles de la PAC originelle ont été transformés en équivalents tarifaires par
l’accord de l’Uruguay round (à l’initiative des Etats-Unis).
•
Cela étant, il existe quelques exceptions à l’application des principes
précédents (exceptions aux principes généraux du libre-échange). Le
GATT et l’OMC encadrent et contrôlent de tels dispositifs dérogatoires
dont le nombre est d’ailleurs en régression aujourd’hui :
•
- une exception à la clause de la nation la plus favorisée en autorisant
la constitution de zones de libre-échange ou d’union douanière (article
XXIV du GATT) ;
•
- les échanges entre pays développés et pays en développement
peuvent être exonérés de la clause de réciprocité. Citons l’exemple
des accords de l’Union européenne avec certains pays tiers, par
exemple les pays ACP dans le cadre des conventions de Lomé ou
encore, l’exemple du système des préférences généralisées ;
•
- la principale exception au principe du traitement national concerne
l’imposition de quotas à l’écran pour les films d’origine nationale.
•
- les exceptions à l’usage exclusif de droits de douane comme moyens
de protection sont nombreuses : cas de l’agriculture, de la pêche ou
encore de pays qui connaissent de graves difficultés de balances de
transactions courantes.
Notons que l’Accord général autorise la mise en place de mesures
protectionnistes en situation de crise ou de pratiques déloyales (des clauses
de sauvegarde ou des mesures antidumping peuvent être utilisées). Les
clauses de sauvegarde doivent obéir au principe de non - sélectivité.
Dans un tel contexte, le GATT a ouvert plusieurs rounds de négociation
pour abaisser le niveau de protectionnisme tarifaire et non tarifaire
international. C’est notamment le cas de l’accord de l’Uruguay round qui s’est
conclu par l’accord de Marrakech, le 15 avril 1994.
Quels en sont les résultats principaux ? On peut citer :
- la poursuite du démantèlement des droits de douane avec notamment la
réduction des pics tarifaires (droits de douane supérieurs à 15%).
- l’extension des règles du GATT à des secteurs jusqu’alors exclus
(services,
le
secteur
textile
régenté
par
l’accord
multifibres
-AMF-,
l’agriculture qui dérogeait aux règles générales en matière de subventions et
d’accès aux marchés).
- le renforcement des règles qui s’imposent aux parties contractantes du GATT
et le renforcement des procédures de règlements des différends afin de
s’assurer que les échanges sont pratiqués de manière loyale (nouveaux
accords anti-dumping, sur les subventions et sur les marchés publics, adoption
par le GATT de normes internationales de l’Organisation mondiale de la
propriété intellectuelle-OMPI-).
La transformation du GATT en OMC a permis de donner un cadre
institutionnel aux négociations commerciales multilatérales  travail continu
de négociation à l’OMC. Le champ d’action de l’OMC s’est élargi avec de
nouvelles prérogatives en matière de commerce des services (GATS), l’accord
sur le respect des droits de la propriété intellectuelle (ADPIC), l’accord sur
l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), l’accord sur les
obstacles techniques au commerce (accord OTC), etc.
Dans les faits, le lancement du neuvième cycle de négociations
commerciales multilatérales à Seattle en 1999 s’est soldé par un
échec dans un contexte de contestation extérieure de la
mondialisation libérale et de dénonciation d’une insuffisante
association des pays en développement aux négociations.
A ce propos, on peut noter que si les ONG
demandent la prise en compte dans le commerce mondial de
normes sociales, sanitaires et environnementales (optique de
développement durable), les pays du Sud refusent une telle
approche qui serait de nature à remettre en question leurs
avantages comparatifs.
On est ainsi conduit à se poser la question de la
recevabilité internationale de l’avantage comparatif actuel. Un
avantage de coût, basé sur une innovation, un progrès technique,
un savoir faire (que les autres pays n’ont pas ou n’ont pas encore
acquis), n’est pas de même nature qu’un avantage de coût, basé
sur l’exploitation du travail (bas taux de salaire, absence ou
faiblesse de la protection sociale) ou sur l’absence de normes
environnementales (excès de pollution des eaux, des sols, de l’air, etc). Il s’agit d’une
question fondamentale qui ne constitue pourtant pas une priorité de l’OMC aujourd’hui !
•
Par ailleurs, à Seattle, l’Union européenne et les Etats –Unis se sont opposés sur le
dossier agricole, notamment en matière de subventions à l’exportation. Dans le cadre du
cycle de Doha (round de négociation d’une durée de 3 ans visant à libéraliser davantage
le commerce international, notamment avec les pays en développement), la conférence de
Hong Kong de décembre 2005 avait abouti à une déclaration finale adoptée par
consensus qui laissait entrevoir la possibilité d’un accord. Trois dispositions étaient
prévues :
- détermination d’une date butoir pour l’élimination des subventions agricoles aux
exportations au 31/12/2013 ;
- différentes mesures en faveur des pays pauvres. Les pays développés devaient
accorder à partir de 2008 un accès libre de quotas et de droits de douane sur leur marché
intérieur à 97% des produits en provenance des pays les moins avancés (PMA) ;
- suppression dès la fin de l’année 2006 des subventions aux exportations de coton
(les Etats-Unis étant principalement concernés). Les Etats-Unis n’ont pas pris
d’engagements précis quant à la diminution de leur soutien interne à la production de
coton. Cependant la déclaration finale de Hong Kong restait décevante, notamment pour
l’Union européenne, en ce qui concerne les questions majeures de l’accès aux marchés
des produits industriels et de la libéralisation des services. En définitive, l’accord ne sera
pas obtenu, les discussions officielles s’interrompant en juillet 2006. Les travaux se sont
néanmoins poursuivis au siège de l’OMC qui espère aboutir à un accord définitif dans le
courant de l’année 2011.
Deux écueils majeurs rendent difficiles la conclusion de l’accord :
- la question agricole ;
- les questions de propriétés intellectuelles.
En fait, la question agricole est la principale cause de blocage
des négociations. Les pays du Sud accusent les économies
développées de trop soutenir leur agriculture avec des subventions
pouvant représenter 40 à 50% des coûts (concurrence forte sur les
marchés des pays en développement et sur les marchés mondiaux).
Dans un contexte international marqué par le développement de
crises alimentaires, une augmentation de la pénurie d’eau (et de
terres arables ---> un développement du land grabbing, par
exemple), une croissance démographique encore significative,
l’agriculture redevient un secteur très stratégique. Un accord sur le
dossier agricole apparaît donc bien improbable.
Pour les questions de propriété intellectuelle, des enjeux
multiples (au nombre de 3) sont à considérer.
. Le 1er tient à la question suivante : faut-il étendre le système de
protection des indications géographiques à d’autres secteurs que le vin et
spiritueux ? Les pays du Sud n’y sont pas favorables.
. Le second concerne le lien entre ADPIC et le maintien de la biodiversité
et des savoirs traditionnels. En effet, la brevetabilité du vivant induit des
biais importants entre le Nord et le Sud. Par exemple : la possibilité offerte
aux groupes industriels du Nord de breveter certaines molécules ou gènes
issus des pays du Sud  captation du patrimoine biologique du Sud par le
Nord.
. Le 3ème relève de la santé publique. Les connaissances médicales
ancestrales de pays en développement peuvent être captées par des
entreprises recourant aux biotechnologies. L’ADPIC imposent que des
brevets soient accordés à des inventions dans tous les domaines
technologiques (incluant les biotechnologies). De nombreux médicaments
tombent sous cette règle. Il peut arriver que suite aux dépôts de brevets
par le Nord, les populations, locales du Sud doivent payer pour des
médicaments qu’elles ont développés collectivement au fil du temps.
On peut noter que des laboratoires pharmaceutiques de pays du Sud
(Inde, Afrique du Sud)  médicaments génériques illégaux de certains
médicaments mis au point par des groupes européens ou étasuniens (cas
de la pandémie du sida  procès notamment en Afrique du Sud et Inde
respectivement en 2002 et 2006). Des avancées ont été obtenues
notamment la possibilité de passer outre les droits de propriété intellectuelle
dans le cas d’extrême urgence sanitaire). Cela étant, les ADPI restent une
source de conflit importante dans les négociations de l’OMC.
Au final, l’absence de conclusion de l’accord de Doha risquait
d’entraîner une recrudescence du protectionnisme. Mais, en décembre
2013, le « paquet de Bali », représentant 10 % du programme de Doha a
permis à l’OMC d’engranger un succès relatif.
Pour trouver un accord, le compromis s'est limité à 3 sujets :
l'agriculture, la facilitation des échanges commerciaux (offrir aux firmes
de meilleurs renseignements sur les réglementations des pays pour les
exportations et importations de leurs biens et accroître la simplification
administrative des échanges) et le développement des pays les moins
avancés (accès aux marches des pays développés hors contingent et
sans droits de douane pour 97 % des produits exportés des PED).
Concrètement, le volet agricole de Bali se limite à la sécurité alimentaire.
Sous la pression de l'Inde, les PED ont obtenu la possibilité de
contrevenir aux règles de l'OMC : ils pourront constituer des stocks de
denrées de base en les achetant à des prix supérieurs à ceux du
marché (subventions publiques) pour les revendre à bas prix à leur
population pauvre. Aucune plainte de pays tiers ne pourra être déposée
auprès de l‘ORD de l'OMC. Sur les autres sujets agricoles subventions
à l'exportation, soutiens internes, subventions au coton -, pas de progrès
réalisé. Domaines non évoqués: industrie, services, droits de propriété
intellectuelle, accès aux marchés publics, commerce électronique.
Beaucoup reste donc à faire.
•
Notons que depuis 2001, de nouveaux phénomènes sont apparus
mettant en danger l'existence de l'OMC, notamment le développement des
chaînes de production internationales. Ainsi, la valeur ajoutée d'un produit
spécifique se répartit souvent entre plusieurs pays et les firmes
multinationales (les pays émergents insérés dans ces chaînes de valeur
n'ont guère besoin d'une organisation telle que
l'OMC).
Dès lors, la
définition de nouvelles règles commerciales tend à emprunter d'autres
voies : le régionalisme et le plurilatéralisme (négociations actuelles autour
du partenariat transpacifique et du partenariat transatlantique). L'OMC, face
au risque de « balkanisation » des négociations commerciales, devra sans
doute évoluer dans son fonctionnement.
• B - La mise en place de zones d’intégration régionale
Après la IIème guerre mondiale, la libéralisation du commerce
cadre multilatéral avec le Gatt puis l'OMC. Au cours des années 50, le
régionalisme (après les accords européens) s'est développé en Amérique
latine, en Afrique et au Moyen-Orient. Il s’agit d'accords commerciaux
discriminatoires avec un accès réciproque et préférentiel aux marchés des
pays membres et une politique restrictive à l'égard des pays tiers.
Ce processus de régionalisation, ralenti dans les années 80, 
réapparition dans les années 90 (difficultés de de l'Uruguay round).
L'objectif économique de l'intégration régionale reste le même que celui du
libre-échange : une plus grande efficacité économique. Cependant, les
moyens sont différents :
- l'intégration -> développement privilégié de relations commerciales,
économiques et financières entre un nombre restreint de partenaires ;
- elle repose sur la suppression de toutes les formes de discrimination
entre les économies de ces pays constitution d'un ensemble
économique unifié dépassant la suppression des obstacles aux échanges.
B. Balassa définit l'intégration comme étant un processus visant à
supprimer les discriminations entre unités économiques de différents pays. Il
distingue 5 degrés d'intégration classés par ordre d'intensité croissante,
chacun des degrés retenus étant constitué du degré précédent auquel plus
un élément nouveau
- la zone de libre-échange  pays membres éliminent entre eux les
droits de douane et les restrictions quantitatives à la libre circulation des
biens mais gardent chacun leur protection initiale envers le RDM (Aele en
1960 ou Mercosur cen 1991) ;
- l'union douanière, se distinguant de l'intégration précédente par
l'adoption d'une politique commerciale commune, notamment l'instauration
d'un tarif douanier commun à l'égard des pays tiers (Union douanière
économique de l'Afrique centrale - Udeac - créée en1973) ;
- le marché commun, est une union douanière dans laquelle les Etats
réalisent la libre circulation et le libre établissement des personnes et des
capitaux : la Cee de 1993 avec l'achèvement du marché intérieur est
l'exemple recouvrant le mieux la définition du marché commun, tout en se
rapprochant des deux définitions suivantes de l'intégration ;
- l'union économique, qui ajoute aux principes du marché commun
l'harmonisation des politiques économiques nationales ;
- enfin, l'union économique et monétaire ou intégration économique
totale,  l'unification des politiques économiques et rend nécessaire
l'instauration d'une autorité supranationale en cas de monnaie commune ou
unique; la suite logique de l'intégration économique est l'union politique : il
existe une logique cumulative de l'intégration en vertu de laquelle
l'intégration des marchés, c'est-à-dire la création d'un véritable marché
commun, appelle une intégration plus poussée d'abord sur le plan
économique (harmonisation des politiques économiques) puis sur le plan
monétaire.
• Remarque : l'augmentation de la taille d'une zone intégrée suscite
généralement de nouvelles adhésions. Le même résultat peut être obtenu
lorsque le degré d'intégration s'accroît, à couverture géographique
inchangée. Ainsi, la réalisation du Marché unique européen a-t-elle
précédé l'entrée dans l'Union européenne de l'Autriche, de la Finlande et
de la Suède le 1er janvier 1995.
Aujourd’hui, les zones d’intégration régionale doivent
respecter les règles de la mondialisation (règles de l’OMC
notamment). L’intégration commerciale européenne n’a plus
de réalité puisque l’économie européenne est diluée dans la
mondialisation (faiblesse de la protection douanière mais
fluctuations toutefois du taux de change): l’union douanière,
voire le marché unique, sont des formes d’organisation de la
coopération économique dominées par les règles de l’OMC.
De plus, on constate que les objectifs d’une intégration
économique sont le plus fréquemment atteints quand le degré
d’intégration recherché est élémentaire
Mais
si le processus intégrateur s’approfondit, les objectifs
d’intégration ne sont que partiellement obtenus, y compris
pour l’Union européenne (tableau 1 ci-après)
De façon générale, les processus d’intégration régionale
centrés sur l’économie qui peuvent être considérés comme aboutis
(ou réussis) sont peu nombreux. Il en existe deux :
- celui de l’unification allemande au XIXème siècle (du Zollverein à
l’unification politique allemande en 1871) ;
- celui de la CEE jusqu’à l’union monétaire actuelle. Mais l’UE s’est
figée «au milieu du gué» en refusant d’achever son processus
intégrateur économique par un budget fédéral pour l’union monétaire,
fédéralisme devant être étendu à tous les champs économiques
majeurs -industrie notamment) et politique (Etat fédéral européen).
Les autres processus dans le monde sont peu approfondis malgré la
référence dans les traités à des formes d’intégration économique
telles que l’union douanière, l’union monétaire, etc.
En conclusion, la viabilité des expériences ayant pour objectif
l’intégration par l’économie nécessite la mise en œuvre de structures
fédérales budgétaires et politiques.
Si cela n’est pas le cas, les zones d’intégration régionale sont
sans doute plus efficaces dans des actions non économiques
d’intégration (démocratie, droits de l’Homme, des minorités, capital
humain -éducation, santé-, apprentissage des langues, culture, etc)
afin de créer et consolider un espace communautaire de solidarité,
capable de «survivre» à la concurrence induite par l’intégration
économique (génératrice de compétition pour le revenu).
Section 2 - Mondialisation et OMC : une nouvelle hiérarchie des
Etats dans le commerce international
Le décloisonnement économique international des économies a
sérieusement démarré dans les années 90 et se poursuit sous l’égide de l’OMC,
ce qui, d’une part, renforce la prégnance du multilatéralisme et, d’autre part,
permet d’améliorer l’efficience dans l’allocation internationale des ressources.
Cela étant, les graphiques ci-après révèlent des mutations très rapides dans le
commerce des nations, en particulier au cours de la décennie 2000. De
nouvelles lignes de force apparaissent tandis que d’anciennes tendent à
s’estomper. On peut remarquer :
- le poids considérable et stable ou en progression de l’Union européenne
dans la DIT en termes d’échanges commerciaux et d’IDE : la mondialisation a
depuis le début des années 2000 consolidé le rôle de première zone
économique mondiale de l’Union européenne. L’UE  1ère zone de
consommation mondiale mais aussi 1ère zone d’IDE et de production (PIB
mondial le plus élevé). Globalement, si l’Europe a tiré un grand bénéfice de la
mondialisation, les inégalités productives se sont creusées entre les pays
européens, en particulier au sein de la zone euro parce qu’il y est difficile de
remédier aux chocs asymétriques nominaux et réels.
- l’émergence de la zone asiatique est très marquée dans
les échanges commerciaux et les IDE entrants. C’est la zone de
production mondiale qui enregistre la croissance la plus forte.
Selon les activités, elle est la première ou la seconde aire
d’exploitation des avantages comparatifs ou compétitifs.
- le déclin relatif de l’Amérique du Nord, nomment des EtatsUnis, est net. Bien qu’ayant à ce jour le PIB courant annuel le plus
élevé après celui de l’UE, les Etats-Unis enregistrent une érosion
de leurs positions économiques les marchés extérieurs et
intérieurs. Le poids de leurs exportations dans le total mondial
s’érode pendant que leur part dans les importations mondiales
s’abaisse tendanciellement.
Ce recul dans DIT est aussi sensible en matière d’IDE
entrants ou sortants, en termes de flux ou de stocks. On peut
remarquer que la part de l’importation en proportion du PIB
s’accroît sensiblement aux Etats-Unis en passant de 9 % en 2000
à 15 % en 2008, ce qui révèle une pénétration accrue et rapide du
marché intérieur par les producteurs concurrents des pays tiers.
L’influence économique des Etats-Unis (dans le paradigme
techno-économique actuel qui a épuisé toutes les sources
d’innovation majeures possibles) est déclinante.
Un nouveau cycle long d’activités pourrait rendre à cette
économie son rôle de leader de l’économie mondiale en mobilisant
son potentiel de recherche et d’innovation qui demeure le premier
au monde et qui pourrait être à l’origine d’un nouveau paradigme
productif.
Cela dit, il n’y a pas d’arguments économiques qui justifieraient
la naissance de telles activités exclusivement aux Etats-Unis, sauf
au stade de leur conception.
Aujourd’hui, tout se passe comme si en s’engageant dans la
mondialisation sous l’égide de l’OMC, les nations ont en fait choisi
de privilégier une certaine structure spatiale de production et de
consommation. Et pour l’heure, cette structure économique semble
se construire à l’avantage de l’Europe et de l’Asie…
ANNEXES
Les cinq objectifs de l'UE à l’horizon 2020 pour une
croissance intelligente, durable et inclusive
1. Emploi
Un emploi pour 75 % de la population âgée de 20 à 64 ans
2. Recherche et développement
Investissement de 3 % du PIB de l’UE dans la recherche et le développement
3. Changement climatique et énergies durables
Réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 % (voire de 30 %, si les
conditions le permettent) par rapport à 1990
Utilisation d'énergie provenant de sources renouvelables à hauteur de 20 %
Augmentation de 20 % de l’efficacité énergétique
4. Éducation
Abaissement du taux de sortie précoce du système scolaire à moins de 10 %
Un diplôme de l'enseignement supérieur pour au moins 40 % de la population âgée
de 30 à 34 ans
5. Lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale
Réduction d'au moins 20 millions du nombre de personnes touchées ou menacées
par la pauvreté et l'exclusion sociale
Chapitre 1
Les gains de l’Union économique et
monétaire européenne
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