04 semiologie des troubles du jugement

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Sémiologie des
troubles du jugement
Pr Mamadou Habib Thiam
Généralités
• Le jugement est la capacité d’affirmer des
rapports, d’évaluer des résultats, de discerner
le vrai du faux, la justesse de l’erreur.
• Cette opération intellectuelle permet la
maîtrise d’idées abstraites en situant les faits,
idées et représentations selon une hiérarchie
de valeurs.
Généralités
• En pouvant reconnaître l’authenticité, la
véracité ou la logique d’un fait, d’une pensée,
d’une opinion, le sujet accède à la critique et
l’autocritique.
• Le raisonnement est la capacité d’ordonner les
pensées, d’utiliser les concepts, d’articuler un
jugement à un autre.
Généralités
• Le jugement permet de reconnaitre les
rapports existant entre diverses « croyances
élémentaires ».
• Une « croyance » est une donnée que l’on
tient pour véridique, exacte.
Généralités
• Le raisonnement comporte une notion
d’enchainement permettant d’articuler un
jugement à un autre.
• Le jugement permet au sujet de reconnaitre
vrai, authentique ou logique un fait, une
pensée, une opinion et notamment la sienne
(l’autocritique est une forme de jugement).
Généralités
• Le jugement est une manifestation très
élaborée de l’intelligence, s’appliquant au
concret et permettant la maitrise d’idées
abstraites, témoin de l’efficience synthétique
de la pensée.
Généralités
• Toutefois il n’y a pas de corrélation stricte
entre jugement et intelligence : certains
sujets, au niveau intellectuel très supérieur,
commettent des erreurs de jugement alors
que des sujets plus moyens sont capables d’un
solide « bon-sens ».
Généralités
• Pour que les facultés de jugement puissent
s’exercer, il est indispensable que le sujet
jouisse d’une certaine liberté idéologique, de
contacts sociaux, d’une information suffisante
sans lesquels, à son insu, son jugement serait
infléchi par des éléments extérieurs
contraignants.
Généralités
• Le jugement peut être facilité, faussé, inhibé
ou distordu dans certaines situations et états
psychopathologiques.
Les qualités du jugement
• Le jugement est une fonction intellectuelle
supérieure et complexe, dépendant à la fois
des autres fonctions supérieures
(raisonnement, mémoire, imagination) et de
l’affectivité.
Les qualités du jugement
• Ses qualités peuvent être perturbée isolément
ou en association, entraînant les troubles du
jugement : excès du jugement, affaiblissement
ou perte du jugement, distorsions du
jugement.
Les qualités du jugement
• Les principales qualités du jugement sont au
nombre de quatre:
– Référence à un système logique :
• une hiérarchie de valeurs qui s’adapte à la situation.
L’inadéquation entre les situations et l’échelle de
valeurs prise comme référence est à l’origine de
distorsions du jugement comme le rationalisme
morbide, l’interprétation délirante, la pensée
paralogique.
Les qualités du jugement
• Les principales qualités du jugement sont au
nombre de quatre:
– Adaptabilité et souplesse :
• le jugement doit pouvoir s’adapter en fonction des
informations nouvelles, des conséquences des actes, du
témoignage des faits.
• Dans la psychorigidité, le jugement est rigide,
inébranlable, non accessible au raisonnement,
hermétique aux informations nouvelles.
Les qualités du jugement
• Les principales qualités du jugement sont au
nombre de quatre:
– Stabilité et solidité :
• le jugement doit garder sa constance, se maintenir en
l’absence d’éléments nouveaux et face à des jugements qui
lui sont opposés.
• La stabilité peut être compromise dans certains troubles du
cours de la pensée (fuite des idées, pensée dissociée, etc.) ;
• la solidité est absente lorsque la suggestibilité est trop
importante, ou l’assurance du sujet et l’estime de soi sont
trop faibles.
Les qualités du jugement
• Les principales qualités du jugement sont au
nombre de quatre:
– Ouverture et liberté :
• l’étroitesse des points de vue diminue les capacités
discriminatives du jugement.
• Le manque d’ouverture est caractéristique de la
psychorigidité.
• La liberté intellectuelle, idéologique est indispensable à
l’exercice des facultés de jugement.
• Cette liberté est sous la dépendance de
l’environnement social, culturel et affectif.
Exces de jugement
• L’excès de jugement peut accompagner sa
déviation.
• Cet excès n’est jamais seul.
• Les facilitations du jugement sont plus
subjectives qu’objectives.
Exces de jugement
• Dans les états psychiques secondaires à
certaines prises de toxiques
(psychostimulants), dans la tachypsychie du
syndrome maniaque, les capacités de
jugement peuvent paraître augmentées mais
en fait sont superficielles car sous-tendues par
un faible niveau de conceptualisation et de
raisonnement.
Exces de jugement
• Certaines constructions délirantes témoignent
parfois d’une grande acuité du jugement
caractéristique de la pensée paralogique, de
l’interprétation délirante.
Carences du jugement
• Passagères et réversibles
– Dans la confusion mentale : la perturbation porte
sur la possibilité de discrimination, de choix entre
différentes données ; les synthèses mentales sont
engourdies car raisonnement, réflexion et
concentration sont insuffisants. La pensée est
ralentie. Souvent le sujet conscient de
l’incoordination de ses idées, de ses propos, de
ses actes, fait effort pour les maitriser, mais n’y
parvient que par des phrases courtes.
Carences du jugement
• Progressives, définitives et globales
– Dans les processus démentiels : les troubles du
jugement sont précoces, masqués parfois par la
persistance d’automatismes. Les troubles du
jugement dans les états démentiels avancés sont
massifs : incohérence, illogisme, absurdité.
Distorsions du jugement
• Ils se rencontrent essentiellement dans les
états délirants, aigus ou chroniques.
• Tout délire est imprégné de croyances et de
significations subjectives avec altération ou
même disparition des significations objectives.
• « L’intériorité absorbe ou rejette, en tout ou
partie, l’extériorité »
Distorsions du jugement
– Rationalisme morbide :
• Il représente la rationalisation systématique,
froide et pseudologique qui caractérise le
raisonnement du schizophrène : le jugement
conservé dans sa dynamique et ses
possibilités discriminatives reste hermétique,
flou et essentiellement abstrait.
Distorsions du jugement
• Rationalisme morbide : Jugement conservé
dans ses aspects dynamiques et ses
possibilités discriminatives mais il reste flou et
abstrait. Il s’observe dans la pensée dissociée
caractéristique du syndrome dissociatif et se
traduit par une rationalisation systématique,
froide et pseudo-logique associée au
désintérêt et à l’inaffectivité.
Distorsions du jugement
– Fausseté du jugement :
• C’est la tendance à tout interpréter dans le même
sens, en rapport avec une conviction prévalante
et caractéristique de la pensée paralogique.
• Ce trouble du jugement infléchit le raisonnement
et s’exprime par un discours toujours
démonstratif, ordonné dans la cohérence et la
rigueur.
• Il est fondé sur des postulats inexacts et des
prémisses fausses.
Distorsions du jugement
• Fausseté du jugement :
– Tendance à tout interpréter dans le même sens,
en rapport avec une conviction prévalante et
caractéristique de la pensée paralogique.
– Ce trouble du jugement infléchit le raisonnement
et s’exprime par un discours démonstratif,
ordonné, cohérent et rigoureux mais fondé sur
des postulats inexacts.
Distorsions du jugement
• Interprétation délirante :
– Elle est à l’état normal « l’opération d’un esprit
curieux qui, en présence d’un phénomène ou
d’une situation donnée, cherche à en pénétrer la
signification et à en tirer les déductions qu’ils
peuvent comporter ».
Distorsions du jugement
• Interprétation délirante :
– En psychopathologie, l’interprétation est définie
comme « un jugement faux porté sur une
perception exacte.
Distorsions du jugement
• C’est l’attribution d’un sens erroné à un fait
réel : tendance à reconstituer, à partir de faits
exacts, un scénario conforme au projet
délirant.
• Le point de départ est réel, le raisonnement
consécutif faux.
• Il n’y a plus de hasard. Tout est appelé en
confirmation du délire.
Distorsions du jugement
• Concernent principalement les syndromes
délirants.
– Les distorsions du jugement qui peuvent relever
d’une perturbation du discernement d’un fait réel
(idée délirante) ou d’une importante démesurée
attribuée à ce fait (idée prévalante).
Distorsions du jugement
• Concernent principalement les syndromes
délirants.
– Les distorsions du jugement peuvent aussi
correspondre aux altérations de la pensée
dissociée (voir « Syndrome dissociatif »), aux
mécanismes délirants (voir « Syndrome
délirant »), aux troubles de la conscience et de la
vigilance comme dans le syndrome confusionnel.
Fin
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