2013 CONFERENCE 30 Octobre 2013, 11 h 00 Laboratoire SOSCO, salle de réunion Lucie Khemtemourian Chargé de Recherche CNRS Laboratoire des Biomolécules, UMR7203 Université Pierre et Marie Curie, Paris Les peptides amyloïdes : morphologie, structure et interaction avec les membranes Une vingtaine de pathologies est caractérisée par l’agrégation de peptides ou protéines mal repliés formant des fibres amyloïdes insolubles, comme par exemple les maladies d’Alzheimer, de Parkinson, de Hungtinton, les maladies à prion et le diabète de type 2. La formation des fibres amyloïdes est associée à une mortalité cellulaire et une perte de fonction du tissu affecté. L’un des enjeux majeurs de la biologie moderne est de comprendre les bases moléculaires des processus conduisant au mauvais repliement des protéines et à leur agrégation. Le diabète de type 2 est une maladie amyloïde caractérisée par des dépôts fibreux dans les îlots de Langerhans, au niveau des cellules b du pancréas. Ces dépôts ou plaques amyloïdes résultent de l’agrégation du peptide IAPP (human Islet Amyloid Polypeptide) et sont à l’origine de la mort des cellules b. IAPP, peptide de 37 résidus co-produit et co-sécrété avec l’insuline, est le principal responsable de la formation de ces fibres amyloïdes. La maladie d’Alzheimer est un trouble neurodégénératif qui altère la mémoire et les fonctions cognitives et conduit progressivement à une démence, une déchéance physique et une perte d’autonomie, puis à la mort de l’individu atteint. Les changements morphologiques du cerveau associés à la maladie sont dus entre autres à la présence dans le tissu cérébral de deux types de lésions caractéristiques, les dépôts amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires. Les dépôts amyloïdes nommés fibres amyloïdes sont des dépôts extracellulaires dont le constituant principal est un peptide de 40 à 42 acides aminés, appelé peptide amyloïde Ab. Le processus de formation de ces fibres amyloïdes à partir du peptide monomérique soluble n’a pas encore été complètement élucidé, mais il est admis que ce processus passe par l’association de petits agrégats ordonnés (ou oligomères) dont la croissance va conduire à de longs protofilaments qui s’assemblent pour former des fibres amyloïdes matures. Des études ont montré que les peptides amyloïdes interagissaient avec les membranes cellulaires, entraînant ainsi leur endommagement puis la mort cellulaire. Néanmoins, le mécanisme de cette interaction n’est pas clairement connu et plusieurs hypothèses ont été émises, en particulier concernant les espèces responsables de la rupture membranaire (comme par exemple les petits agrégats solubles les proto-fibres ou encore les fibres amyloïdes). Le but de nos travaux est de disséquer les évènements moléculaires à l'origine de l'assemblage de peptides amyloïdes et d’analyser le rôle de la membrane cellulaire lors de cette fibrillation par une approche intégrée faisant appel à des méthodes de biophysiques.