Lorenzaccio n`a pas été mis en scène immédiatement.

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Lorenzaccio est une célèbre pièce de
théâtre (drame) écrite par Alfred de
Musset (1810-1857, appartient au romantisme)
en 1834, sur une idée de George Sand Une
conspiration en 1537.
Il y décrit un héros tragique et romantique,
Lorenzo, affrontant la fatalité du destin.
L'intrigue de cette pièce est reprise
d'événements réels racontés dans une chronique
de la Renaissance sur la vie de
Florence au XVIe siècle : la Storia
fiorentina de Varchi.
Mais Musset a modifié la fin de l'histoire.
En effet dans la réalité,
Lorenzo s'enfuit et reste en vie
encore quelques années, alors
que le personnage de la pièce
se laisse tuer, car il a échoué
dans sa quête et cela le
désespère. Cette modification
rend le personnage plus
romantique. C’est à ceci que le
directeur du théâtre des
Amandiers, Jean-Pierre
Vincent, s’attaque.
Evidemment, il y avait de quoi
y laisser quelques plûmes.
À proprement parler, Lorenzaccio peut être considéré
comme la seule pièce française de l'époque à influence
shakespearienne (la scène du « lancer de drapeau » en
est d'ailleurs un exemple flagrant).
On sait même que ses cinq actes n'ont jamais été joués
intégralement ; leurs trente-six scènes exigeraient trois
soirées, une soixantaine de décors, plus de quatre cents
interprètes. Ils ne furent d'ailleurs pas portés à la scène
du vivant de Musset. En 1863, son frère Paul arrangea un
texte pour le Théâtre de l'Odéon. La censure impériale le
refusa, attendu que « la discussion du droit d'assassiner
un souverain dont les crimes et les iniquités crient
vengeance, le meurtre même du prince par un de ses
parents, type de dégradation et d'abrutissement,
paraissent un spectacle dangereux à montrer au public ».
Il faut attendre 1896 pour voir la première
représentation du drame, au Théâtre de la Renaissance,
dans une adaptation qui redistribue l'action en trois
actes.
Lorenzaccio y est incarné par Sarah Bernhardt.
Par la suite, le rôle fut repris par d'autres actrices, avant d'être
interprété pour la première fois par un homme en 1952, au
festival d'Avignon, interprétation mémorable de Gérard
Philipe dans une mise en scène de Jean Vilar.
Plusieurs grandes mises en scène ont depuis été tentées,
notamment par Jean-Pierre Vincent à Nanterre ainsi que
Stéphane Gildas puis Léo Rime au théâtre le Trianon à Paris.
Puis en 1976, c'est Francis Huster qui endossera le rôle de
Lorenzaccio.

La mise en scène de Jean-Louis Martin-Barbaz (2009)

La mise en scène de Jean-Pierre Vincent (2000)
 La
mise en scène de Gwenaël Morin
 Curiosité
Hamlet-Lorenzo Mise en scène
d'Antoine Bourseiller (2004)
Sur un canevas que lui a confié George Sand, Musset brode
l’aventure d’un héros ou plutôt d’un anti-héros, à sa
ressemblance. C’est dans une Florence corrompue, villemarâtre enfantant des courtisanes et des assassins, qu’il
trouve le terreau d’une diatribe en même temps qu’un
éloge de la modernité. Car, en évoquant l’assassinat
d’Alexandre de Médicis en 1536, par son ambigu cousin
Lorenzo, meurtre qui pourrait se parapher « pour la
beauté du geste », Musset signe lui aussi son plus beau
crime artistique, crime portant doublement atteinte au
règne du néo-classicisme et à « l’art moderne ».
La mise en scène de Jean-Pierre Vincent opte délibérément
pour l’anachronisme – les comédiens jouent en costumes
XIXème siècle- et les effets de rupture en tous genres,
spatiaux d’abord, lumineux, ensuite. Ainsi, sur un plateau
évidé, haché au fond par un mur aux couleurs de crépuscule
et divisé sur la droite par un escalier en forme de gradins ou
de promontoire, un éclairage cru interrompt soudain une
atmosphère de clair-obscur, elle-même tailladée de carrés de
lumière en forme de petits plateaux.

Certes, une pièce polyphonique comme Lorenzaccio,
tableau brouillé d’où émerge une vision extra-lucide sur
le politique et l’humain, à l’heure où « tout ce qui était
n’est plus ; tout ce qui sera n’est pas encore » demande
un souffle puissant et une fantaisie débridée.
Pourtant, si Jean-Pierre Vincent fait tout ce qu’il peut pour
suivre Musset sur les traverses de la provocation, du
burlesque, mettant à profit tous les outils de la scène, il
ne parvient pas toujours à se maintenir sur ces lignes à
haute tension. Et si certain tableaux sont réellement
réussis, on pense à la très belle scène de la confession de
la Marquise de Cibo (Valérie Blanchon) auprès de son
machiavélique cardinal de beau-frère d'Eric Frey), dont
la physionomie n’est pas sans rappeler le portrait de Pie
XII conservé au palais Boboli à Florence (justement),
nombreux sont les moments qu’on aimerait plus courts,
où il ne se passe pas grand chose.
Et s’il faut parler encore
d’interprétation, ajoutons que
Jérôme Kircher est tout à fait
convaincant en Lorenzaccio, «
mignon » d’Alexandre efféminé et
veule donnant à son seul acte de
courage, l’assassinat du Duc, la
forme de l’ignominie puisqu’il se
travestit en femme.
Mais la qualité de la distribution est plus qu’hétérogène :
une tendance à la déclamation chez certains, une
forme de naïveté peu touchante chez d’autres minent
l’attention de l’auditoire. Au final, on ressort de la salle
avec un sentiment mitigé. On perçoit la pertinence des
tentations et des tentatives d’une mise en scène
intelligente, visant à révéler les volutes de l’écriture
d’un jeune génie qui puise dans un siècle pourrissant
des valeurs sublimes et nouvelles qu’il projette vers
l’avenir.
La violence des gestes, la gratuité des propos terribles, la
prostitution, le meurtre, la folie, la joie mélancolique,
autant de fusées, autant d’éclairs dont Jean-Pierre
Vincent a tenté de se faire l’écho. Mais à force de
stylisation, d’intellectualisation même, l’envolée
lyrique subit quelques dératés.
Merci pour votre
attention
Christelle Boueri
Nour Honein
Tonia Salameh
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