Qu`est-ce que l`économie - ATTAC

publicité
Introduction à l’économie
Formation Attac Bruxelles 1
présentée par Henri Houben
22 février 2007
Introduction à l’économie
L’économie a la particularité d’être une
science sociale avec la volonté d’être
naturelle (ou science exacte).
D’où obligation de mettre en relation théorie
et faits dans une perspective critique.
Choix de décomposer en quatre parties.
Introduction à l’économie
1. Qu’est-ce que l’économie ?
2. Les concepts élémentaires
3. Les principaux courants
4. L’équilibre de marché
5. Conclusions
Introduction à l’économie
1. Qu’est-ce que l’économie ?
2. Les concepts élémentaires
3. Les principaux courants
4. L’équilibre de marché
5. Conclusions
Qu’est-ce que l’économie?
L’économie difficile ?
Le raisonnement d’un économiste est
souvent l’inverse du bon sens.
Et il en est fier !
Qu’est-ce que l’économie?
Paul Samuelson, prix Nobel d’économie en 1970 :
« depuis notre enfance, chacun de nous possède
quelques connaissances économiques. Une telle
initiation spontanée est à la fois utile et
trompeuse : utile, parce que beaucoup de notions
peuvent être tenues pour acquises ; trompeuse,
parce que l’homme est naturellement enclin à
accepter, sans esprit critique, comme vraies des
opinions superficiellement plausibles ».
(Paul Samuelson, L’économique,
tome 1, éditions Armand Collin,
Paris, 1964, p.22)
Qu’est-ce que l’économie?
Paul Krugman :
« Comme tout économiste d’un certain
niveau, je suis capable d’écrire de façon
à n’être compris par personne ».
(Paul Krugman, Pourquoi les
crises reviennent toujours,
éditions du Seuil, Paris,
2000, p.12)
Qu’est-ce que l’économie?
L’économie, qu’est-ce c’est?
Quel est son objet?
Qu’est-ce que l’économie?
Lord Robbins (1932) :
« L’économie est la science qui étudie le
comportement humain comme une relation
entre des fins et des moyens limités qui ont
des utilisations alternatives ».
(Lord Robbins, An Essay on the
Nature and Significance of Economic
Science, The MacMillan Press
Limited, Londres, 1984, p.16)
Qu’est-ce que l’économie?
La fonction de l’économie,
selon la conception traditionnelle
Ressources rares
Choix
Besoins illimités
Qu’est-ce que l’économie?
La définition de l’économie oriente le débat
sur sa fonction:
- des besoins illimités? le sont-ils?
version absolue, non historique;
- des moyens rares? le sont-ils?
- des choix alternatifs? des choix pour qui? au
service de qui?
Qu’est-ce que l’économie?
On peut avoir une autre interprétation de
l’économie:
- science humaine et non une science technique
(une science des choix « rationnels »);
- science sociale, donc celle des rapports entre
des hommes et des groupes et non celle d’une
relation entre des besoins et des moyens rares;
- science historique, celle du développement, et
non une science statique d’une vérité absolue;
- et avoir une perspective critique (Marx).
Introduction à l’économie
1. Qu’est-ce que l’économie ?
2. Les concepts élémentaires
3. Les principaux courants
4. L’équilibre de marché
5. Conclusions
Les concepts élémentaires
1. Flux et stock
2. Circuit économique
3. Le marché (microéconomie)
4. Economie « réelle » et sphère financière
5. Economie nationale (macroéconomie)
Les concepts élémentaires
1. Flux et stock
2. Circuit économique
3. Le marché (microéconomie)
4. Economie « réelle » et sphère financière
5. Economie nationale (macroéconomie)
Les concepts élémentaires
Distinction entre stock et flux:
Un stock est un inventaire de la situation
économique à un moment donné.
Un flux est composé de toutes les rentrées
et sorties d’argent entre deux périodes
données (deux périodes de stock), par
exemple un an.
Le PIB est un flux. Le revenu national est un flux.
L’analyse économique repose sur des flux,
rarement sur des stocks
Les concepts élémentaires
En principe, un stock à un moment donné est
composé de:
+ capital du début (un stock)
+ solde des flux accumulés durant la période
- amortissements éventuels
= stock final
Les concepts élémentaires
Stock initial: 1.000 euros
Flux durant l’année:
+500 euros
- 80 euros
+400 euros
-620 euros
Amortissements: 100 euros
Stock final: 1.100 euros
Les concepts élémentaires
1. Flux et stock
2. Circuit économique
3. Le marché (microéconomie)
4. Economie « réelle » et sphère financière
5. Economie nationale (macroéconomie)
Les concepts élémentaires
Vente
Achat
Marché des
facteurs
Revenus
Revenus
Population
(ménages)
Circuit monétaire
Dépenses
Consommation
Achat
Salaires
Dividendes
Intérêts
Entreprises
Chiffre
d’affaires
Production
Marché des
marchandises
Vente
Circuit des biens et des services
Les concepts élémentaires
Les ménages désignent toute la population
dans sa fonction économique.
Ils possèdent les « facteurs de production »:
principalement, travail et capital.
Un facteur de production est un « input » qui
est acheté par l’entreprise.
Les concepts élémentaires
Pour produire, il faut combiner des éléments.
Ces éléments sont achetés par les propriétaires.
Ces éléments sont au nombre de trois:
1. des matières consommables
(des biens de production non durables)
2. des machines, des outils, des bâtiments…
(des biens de production durables)
3. de la main-d’œuvre.
Ce sont les facteurs de production.
Les concepts élémentaires
Les ménages possèdent le travail. Qu’est-ce
que cela veut dire?
Les ménages fournissent une unité de capital.
Mais qu’est-ce qu’une unité? Un robot? Une
machine? Une somme d’argent?
Et n’y a-t-il pas une distinction entre ceux qui
détiennent beaucoup de capital et qui en
vivent et les autres?
Les concepts élémentaires
Part de capital détenu par les ménages
aux Etats-unis en 2004 (en %)
1,7
20,5
40,5
11
25,8
0-50%
50-90%
90-95%
95-99%
99-100%
Les concepts élémentaires
Les ménages achètent des biens qui sont
fournis par une entreprise.
L’entreprise est une société, c’est-à-dire un
groupe de personnes qui se mettent
ensemble pour produire les marchandises.
L’entreprise achète les facteurs de production
aux ménages.
Les concepts élémentaires
L’entreprise est une boîte noire. On ne sait
pas ce qui s’y passe.
On met des inputs: terre, travail et capital.
Et il en sort un produit fini.
C’est ainsi que l’économie traditionnelle
interprète.
Ainsi, l’économie traditionnelle n’est pas celle
de la production, mais celle du marché.
Les concepts élémentaires
Inputs
Marché
?
Entreprise
Marché
Output
Les concepts élémentaires
Philippe Lorino:
« Il y a, depuis des décennies, un partage
des rôles (...) entre le microéconomiste et
le théoricien du management (...).
Les concepts élémentaires
(...) L’économiste ne s’intéresse pas à ce qui
se passe dans l’entreprise, mais
exclusivement ce qui se passe autour d’elle:
son domaine de prédilection, c’est le
marché. Le fonctionnement interne de
l’organisation productive est l’affaire du
management »
(Philippe Lorino, L ’économiste et le
manager, éd. La Découverte, Paris,
1989, p.8-9).
Les concepts élémentaires
D’où l’économie est « perchée sur une
pyramide gigantesque de formulations
abstraites et de mathématisation raffinée ».
De l’autre, l’art du management est « entiché
d’un empirisme frustre ».
« L’économie se désintéresse de l’observation
et le management jette ses outils théoriques
aux orties »
(Philippe Lorino, L ’économiste
et le manager, éd. La
Découverte, Paris, 1989, p.9).
Les concepts élémentaires
1. Flux et stock
2. Circuit économique
3. Le marché (microéconomie)
4. Economie « réelle » et sphère financière
5. Economie nationale (macroéconomie)
Les concepts élémentaires
Marché
Monnaie
Acheteur
Vendeur
Marchandise:
-bien
-service
Les concepts élémentaires
Un marché est donc un lieu où des acheteurs
et des vendeurs s’échangent des produits
(marchandises).
L’ensemble des vendeurs constituent l’offre.
L’ensemble des acheteurs forment la
demande.
La monnaie permet l’échange des
marchandises par le biais d’un étalon de
mesure, extérieur aux produits échangés.
Les concepts élémentaires
La demande d’une marchandise
• Plus le prix diminue, plus la quantité
•
demandée augmente.
Par rapport à un graphique où sur l’axe des
ordonnées (axe des y) on indique les prix et
où sur l’axe des abscisses (axe des x) on
note les quantités, la demande forme une
courbe descendante.
Les concepts élémentaires
p
La demande d’une marchandise
p1
p2
D
q1
q2
q
Les concepts élémentaires
L’offre d’une marchandise
• Plus le prix augmente, plus la quantité
•
offerte augmente.
Par rapport à un graphique où sur l’axe des
ordonnées (axe des y) on indique les prix et
où sur l’axe des abscisses (axe des x) on
note les quantités, l’offre forme une courbe
ascendante.
Les concepts élémentaires
L’offre d’une marchandise
p
O
p2
p1
q1
q
2
q
Les concepts élémentaires
La demande et l’offre se rencontrent en un
point.
Celui-ci correspond à la quantité qui sera
vendue et au prix auquel celle-ci sera
vendue.
C’est l’optimum, la satisfaction maximale entre
vendeurs et acheteurs.
Les concepts élémentaires
1. Flux et stock
2. Circuit économique
3. Le marché (microéconomie)
4. Economie « réelle » et sphère financière
5. Economie nationale (macroéconomie)
Les concepts élémentaires
Capital
Monnaie
Economie
« réelle »
Dividendes
Intérêts
Capital
Sphère financière:
- Banques
- Bourse
- autres marchés
Les concepts élémentaires
La sphère financière sert, en premier lieu, à
approvisionner l’économie « réelle ».
Mais elle a tendance à s’autonomiser.
Le cours boursier suit les estimations des
dividendes futurs (les profits de l’économie
réelle).
Mais la spéculation amène à des hausses
sans relation.
Les concepts élémentaires
Keynes (1935):
« … la technique du placement peut être
comparée à ces concours organisés par les
journaux où les participants ont à choisir les six
plus jolis visages parmi une centaine de
photographies, le prix étant attribué à celui dont
les préférences s’approchent le plus de la
sélection moyenne opérée par l’ensemble des
concurrents. Chaque concurrent doit donc
choisir non les visages qu’il juge lui-même les
plus jolis, mais ceux qu’il estime les plus
propres à obtenir le suffrage des autres,
lesquels examinent tous le problème sous le
même angle…
Les concepts élémentaires
… Il ne s’agit pas pour chacun de choisir les
visages qui (…) sont réellement les plus jolis
ni même ceux que l’opinion moyenne
considérera réellement comme tels. Au
troisième degré (…), on emploie ses facultés
à découvrir l’idée que l’opinion moyenne se
fera à l’avance de son propre jugement. »
(John Maynard Keynes, Théorie
générale de l’emploi, de l’intérêt
et de la monnaie, éditions Payot,
Paris, 1979, p.168)
Les concepts élémentaires
1. Flux et stock
2. Circuit économique
3. Le marché (microéconomie)
4. Economie « réelle » et sphère financière
5. Economie nationale (macroéconomie)
Les concepts élémentaires
La macroéconomie est l’analyse économique
au niveau national.
Elle porte essentiellement sur le PIB: produit
intérieur brut.
Il estime la richesse marchande créée en un
an. C’est un flux.
La croissance du PIB est synonyme de
développement économique.
Les concepts élémentaires
Le produit intérieur brut est la « production »
de biens et services.
C’est la somme des valeurs ajoutées crées
dans les entreprises et les organisations.
La valeur ajoutée est la différence entre les
ventes et le coût des composants
nécessaires à la production.
Elle est composée de deux grandes parties:
les « coûts salariaux » et ce qui revient au
capital (profit, intérêts, amortissements).
Les concepts élémentaires
Le PIB calcule la valeur marchande créée
Pas marchand? Pas dans le PIB!
Le PIB privilégie l’aspect financier
Calcul d’un PIB réel.
Le PIB privilégie l’aspect équilibre
Production = Revenus = Consommation
Les concepts élémentaires
Somme des
valeurs
ajoutées
Total des
revenus:
- salaires
- revenus
propriété
PIB optique
production
PIB optique
revenus
Total des
consommations:
- consommation privée
- investissements
- dépenses Etat
PIB optique
consommation
PRODUCTION = REVENUS = CONSOMMATION
Les concepts élémentaires
Les relations avec l’étranger sont surtout
analysés à partir de la balance des
paiements.
C’est ce qui sort et qui entre comme
monnaie dans un pays.
Les concepts élémentaires
La balance des paiements est divisée en
trois parties :
1. les opérations courantes ;
2. les opérations de capital ;
3. le changement des réserves.
La balance des paiements est toujours
équilibrée : ce qui sort doit être
compensé d’une manière ou d’une
autre par ce qui rentre.
Les concepts élémentaires
Balance courante
+Exportations
-Importations
= Balance commerciale
+Services reçus
-Services payés
+Revenus reçus
-Revenus payés
+/- Transferts
= Balance courante
Ce sont des opérations de flux « purs »
Les concepts élémentaires
Les opérations en capital sont des
différences de stocks, car le capital est
un stock.
Un investissement à l’étranger est une
sortie d’argent.
Une dette est une entrée d’argent.
Mais les années suivantes, il faut payer les
intérêts, donc cela détériore les revenus
payés et la balance courante.
Les concepts élémentaires
Les changements de réserves soldent les
opérations.
S’il y a davantage d’argent qui sort, les
réserves diminuent.
S’il y a davantage d’argent qui entre, les
réserves augmentent.
S’il y a trop d’argent qui sort et que les
réserves s’épuisent, le pays fait appel au
Fonds monétaire international (FMI).
Les concepts élémentaires
+/- Balance courante
+/- Balance en capital
= Changements
dans les réserves
Introduction à l’économie
1. Qu’est-ce que l’économie ?
2. Les concepts élémentaires
3. Les principaux courants
4. L’équilibre de marché
5. Conclusions
Les principaux courants
Les classiques (et fondateurs)
Adam Smith – David Ricardo
1776
1817
Walras-Marshall-Jevons
Fin XIXème siècle
Marx: 1867
Keynes: 1935 Schumpeter
Hayek: 1943
Marxistes
Néo-keynésiens
Néoclassiques
Ultraconservateurs
Les principaux courants
Les classiques (Smith et Ricardo):
- La valeur créée provient uniquement du travail.
- Il y a trois classes sociales (propriétaires
fonciers, capitalistes industriels et salariés) qui
reçoivent trois revenus (rentes, profits et
salaires).
- Leur libéralisme sert à favoriser les capitalistes
contre les propriétaires fonciers.
- Les propriétaires fonciers sont des parasitaires
et un frein au développement économique.
Les principaux courants
Marx:
- La valeur créée provient uniquement du travail.
- De ce fait, les capitalistes sont aussi des
parasitaires: ils vivent du travail ouvrier.
- Il y a une lutte de classes, moteur de l’histoire.
- L’autre moteur est le développement des forces
productives nécessaire pour maîtriser mieux les
forces de la nature.
- De la contradiction des deux naissent les
révolutions.
Les principaux courants
Les néoclassiques (Walras, Marshall, Jevons):
- Il n’y a pas de déterminant de la valeur et des
prix.
- Le raisonnement s’effectue à la marge (d’où le
nom aussi de marginalistes).
- Au centre, il y a le marché et la concurrence
pure et parfaite.
- Elle est vraie a priori.
Les principaux courants
Keynes:
- Le marché ne résout pas tout; il y a des
imperfections.
- L’inconnue est l’investissement: il accentue les
effets; il y a surinvestissement quand tout va
bien, sous-investissement quand tout va mal.
- Le chômage provient de sous-investissements.
- L’Etat doit mener une politique contracyclique,
en jouant sur le taux d’intérêt ou par travaux
publics.
La macroéconomie développée sur base de Keynes.
Les principaux courants
Schumpeter:
- L’analyse doit être dynamique.
- Le capitalisme suit des cycles courts et longs.
- Le redémarrage de l’économie vient par le biais
des entrepreneurs (qu’il faut favoriser).
- La crise est un mécanisme de destruction
créatrice fondée sur l’innovation.
- Mais cette puissance créatrice s’épuise avec le
temps (au profit de la bureaucratie et donc du
socialisme).
Introduction à l’économie
1. Qu’est-ce que l’économie ?
2. Les concepts élémentaires
3. Les principaux courants
4. L’équilibre de marché
5. Conclusions
L’équilibre de marché
Le marché est défini selon une situation de
concurrence pure et parfaite.
Cette situation s’oppose à celle du monopole
(un seul vendeur) ou du monopsone (un seul
acheteur).
Elle s’oppose aussi à une situation d’oligopole
(plusieurs grandes entreprises pour un
marché).
L’équilibre de marché
Dans la concurrence pure et parfaite, il y a quatre
grandes hypothèses:
1. il y a atomicité des acheteurs et des vendeurs;
aucun n’a la capacité de changer les prix;
2. les biens sont homogènes; pas de
différenciation de produits;
3. l’information est parfaite; tous les acteurs
connaissent les prix et leur évolution;
4. il y a mobilité des acheteurs et des vendeurs;
ils peuvent changer de marché à tout moment.
L’équilibre de marché
L’équilibre de marché
de la concurrence pure et parfaite
p
O
p’
e*
p*
D
q’
q*
q’’
q
L’équilibre de marché
L’équilibre de concurrence pure et parfaite est le
point de satisfaction maximale possible.
A ce niveau, il n’est pas possible de changer de
position sans rendre insatisfait une partie des
acheteurs ou des vendeurs.
Les vendeurs sont satisfaits, car ils produisent
exactement ce qu’ils désirent pour ce prix.
Et les acheteurs sont satisfaits, car ils acquièrent
exactement ce qu’ils désirent pour ce prix.
C’est l’optimum !
L’équilibre de marché
L’équilibre de concurrence pure et parfaite est
l’optimum économique.
D’où il faut supprimer tout ce qui peut le
contrarier: création de monopoles (mais
surtout public), intervention de l’Etat...
Les économistes inventent donc un régime
alternatif au marché qu’ils appellent le
planisme.
L’équilibre de marché
Le planisme alloue les ressources non en
fonction de la concurrence, mais de
décisions d’une autorité publique.
Cela ne peut qu’échouer, puisque cela ne
respecte pas les règles du marché.
L’équilibre de marché
Exemple du service public
p
O
e*
p*
Perte d’efficacité
pp
D
qo
q*
qd
q
L’équilibre de marché
Exemple du marché du travail
w
O
chômage
wp
e*
w*
D
qd
q*
qo
q
L’équilibre de marché
D’où une vision libérale du monde:
* Il faut laisser faire le marché.
* Le marché assure la meilleure allocation des
ressources et des revenus.
* Pas d’intervention de l’Etat.
* L’Etat sert de régulateur en dernière extrémité.
* Il faut éliminer les monopoles: d’abord
syndical, ensuite le pouvoir public.
* Il faut ajuster les salaires.
L’équilibre de marché
Jean-Baptiste Say (1803):
L’intervention publique « est un mal (...) parce
qu’elle est coûteuse, soit pour le contribuable,
quand l’intervention du gouvernement est
gratuite, c’est-à-dire quand elle a lieu aux frais
du trésor public ; soit pour le consommateur,
quand on prélève les frais en une taxe sur la
marchandise. (...) Si l’intervention du
gouvernement est un mal, un bon
gouvernement la rendra aussi rare qu’il sera
possible ».
(Jean-Baptiste Say, Traité d’économie politique,
éd. Calmann-Lévy, Paris, 1972, p.195-196)
L’équilibre de marché
Friedrich von Hayek (1943) :
Le libéralisme économique « considère la
concurrence comme supérieure non seulement
parce qu’elle est dans la plupart des
circonstances la méthode la plus efficace qu’on
connaisse, mais plus encore parce qu’elle est la
seule méthode qui permette d’ajuster nos
activités les unes aux autres sans intervention
arbitraire ou coercitive de l’autorité ».
(Friedrich von Hayek, La route de la
servitude, éditions PUF, Paris, 1985, p.33)
L’équilibre de marché
Friedrich von Hayek (1943) :
« Ce que nous voulons souligner, ce n’est pas
que la dictature supprime inévitablement la
liberté, mais plutôt que le planisme mène à la
dictature parce que la dictature est l’instrument
le plus efficace de coercition et de réalisation
forcée d’un idéal, et qu’à ce titre elle est
indispensable à une société planifiée ».
(Friedrich von Hayek, La route de la
servitude, éditions PUF, Paris, 1985, p.57)
L’équilibre de marché
1. Le marché est la forme supérieure de régime
économique.
2. Le planisme est, de loin, inférieur.
3. Pour pouvoir s’imposer, le planisme a besoin
de la coercition.
4. Le marché, c’est la liberté. Le planisme ou
l’intervention de l’Etat sur le marché, c’est la
dictature.
5. Le rôle économique de l’Etat ne peut qu’être:
encadrer le marché pour qu’il fonctionne.
L’équilibre de marché
Quatre critiques:
1. les faits ne montrent pas la supériorité du
marché;
2. la satisfaction du marché à l’équilibre
suppose qu’on peut sortir du marché;
3. la théorie du marché est construite a priori;
elle n’a pas de validité;
4. la réalité est-elle celle du marché « libre »?
L’équilibre de marché
1. les faits ne montrent pas la supériorité du marché
Croissance annuelle moyenne
par pays 1950-1998 (en %)
98/50 73/50 98/73
Etats-Unis
Japon
Chine
Asie
Monde
3,44
5,95
5,97
5,35
3,92
3,93
9,29
5,02
4,75
4,91
2,99
2,97
6,84
5,91
3,01
Source: Calculé à partir d ’Angus Maddison, L'économie
mondiale. Une perspective millénaire, OCDE, 2001.
L’équilibre de marché
1. les faits ne montrent pas la supériorité du marché
Des pays différents ont des taux de
croissance qui ne montrent pas que le
libéralisme est supérieur.
Ainsi, la Chine de 1950 à 1973 a un taux
supérieur à celui des Etats-Unis.
De 1973 à 1998, les pays asiatiques qui
se développent à l’abri d’un Etat
protecteur ont des taux plus élevés que
le reste du monde.
L’équilibre de marché
2. la satisfaction du marché et l’exclusion
La supposition fondamentale est que celui qui
n’est pas satisfait aux conditions de marché
d’équilibre a la possibilité de sortir du marché.
Donc de ne pas acheter ou vendre.
Mais est-ce possible?
A-t-on la possibilité de sortir du marché du
« travail »?
Et celui qui n’a pas de revenu, comment peut-il
entrer sur un seul des marchés?
L’équilibre de marché
3. la théorie du marché peu valide
C’est une théorie abstraite, non
historique.
Les hypothèses sont surréalistes, jamais
respectées.
Il n’y a aucun moyen de vérification.
Elle ne donne aucun résultat.
L’équilibre de marché
Lionel Robbins (1932) :
« Les propositions de la théorie économique,
comme toute théorie scientifique, sont
clairement des déductions tirées d’une série de
postulats. (...) Nous n’avons pas besoin
d’expériences contrôlées pour établir leur
validité : ils forment tellement la matière de
notre expérience de tous les jours qu’ils doivent
seulement être reconnus comme évidents ».
(Lionel Robbins, An Essay on the Nature and
Significance of Economic Science, The
MacMillan Press, London, 1984, p.78)
L’équilibre de marché
Fritz Machlup (1954) :
« les hypothèses fondamentales de la théorie
économique ne sont pas sujets à une exigence
de vérification empirique indépendante, mais
plutôt à une exigence de compréhensibilité,
dans le sens qu’un homme peut comprendre
les actions de ses compagnons ».
(Fritz Machlup, Methodology of Economics
and Other Social Sciences. Economic
Theory, Econometrics and Mathematical
Economies, Academic Press, New York,
1978, p.153)
L’équilibre de marché
Fritz Machlup (1954) :
« le système est une construction de notre esprit,
alors que les changements supposés et déduits
devraient correspondre à des phénomènes
observés, à des données d’observation, si le
système sert comme instrument d’explication
ou de prévision. Dans les explications, le
système analytique aide à choisir une “ cause ”
adéquate pour un changement observé ; dans
les prévisions, il aide à trouver un “ effet ”
probable d’une modification observée ».
(Fritz Machlup, op. cit., p.148)
L’équilibre de marché
Cela signifie:
1 La théorie est une construction de l’esprit,
non vérifiable.
2 Elle n’a de valeur qu’analytique.
3 Si la réalité observée diverge de la théorie,
c’est qu’au moins une hypothèse n’est pas
respectée.
4 Mais, en réalité, les hypothèses ne sont
jamais respectées.
5 C’est une méthodologie douteuse.
L’équilibre de marché
La théorie n’aboutit pas à des résultats concrets.
Mark Blaug:
« si par lois on entend des relations universelles
vérifiées entre des événements ou des
catégories d’événements, déduites de
conditions initiales testées indépendamment,
peu d’économistes modernes revendiqueraient
que l’économie ait produit plus d’une ou deux
lois ».
(Mark Blaug, La méthodologie économique,
éditions Economica, Paris, 1982, p.136)
L’équilibre de marché
4. La réalité de l’économie de « marché »
Le monde n’est-il pas dominé par quelques
grandes firmes multinationales?
Les 200 premières réalisent entre 20 et 30%
du PIB mondial.
Dix banques assurent l’essentiel des
transactions financières.
Le commerce international est pour un tiers
intra-firme. Donc hors marché.
Où est le marché de libre concurrence?
Introduction à l’économie
1. Qu’est-ce que l’économie ?
2. Les concepts élémentaires
3. Les principaux courants
4. L’équilibre de marché
5. Conclusions
Conclusions
La théorie du marché (théorie libérale) est une
construction idéologique.
Elle a pour but de justifier le monde libéral,
capitaliste d’aujourd’hui.
Elle masque les conflits entre groupes d’hommes.
Elle cache et justifie le transfert de richesses de
la population vers une poignée de gens
fortunés, détenteurs de capitaux.
Elle est portée par des groupes liés au monde
des affaires qui ont intérêt à cette vision du
monde.
Conclusions
Pour construire une autre théorie à partir de
la réalité, il faudrait:
- souligner l’inégalité des hommes;
- montrer la différence entre ceux qui
détiennent le capital et les autres;
- analyser les rapports entre ces deux
groupes;
- examiner ces relations dans l’histoire
- rendre accessible l’économie.
Fin
Prochaine formation
Les lobbies et think tanks à l’assaut de l’Europe
Jeudi 22 mars 2007
A bientôt
Téléchargement