Pleine conscience en thérapie cognitive et comportementale

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Il serait dommage de sous-estimer la capacité de
transformation de notre esprit. Chacun d’entre nous dispose
du potentiel nécessaire pour s’affranchir des états mentaux
qui entretiennent nos souffrances et celles des autres.
- Matthieu Ricard
1- Naissance du mouvement de pleine conscience
2- Définition des concepts de méditation et de pleine conscience
3- Pleine conscience en thérapie cognitive et comportementale
4- Les recherches scientifiques sur la pleine conscience en psychologie
5- Référence
Bouddhisme et Yoga:
Méditation de pleine
conscience
Sciences
occidentales
Sagesses
orientales
Thérapie basée sur la
réduction du stress
Thérapie cognitive basée
sur la pleine conscience
Médecine, neurosciences et
psychologie:
Physiologie du stress, thérapie
cognitive et comportementale
La thérapie
comportementale
dialectique
La thérapie
d’acceptation et
d’engagement
Schéma adapté de l’Association du Développement de la Mindfulness
Selon Matthieu Ricard (2008):
Étymologiquement, le mot français “méditation” provient des
mots sanskrit et tibétain, bhavana, qui signifie “cultiver”, et
gom, qui signifie “se familiariser”.
Donc, on peut en arriver à la définition suivante:
La méditation est une pratique qui permet de se familiarisé
avec une vision claire et juste des choses, et de cultiver des
qualités que nous possèdons tous en nous mais qui
demeurent à l’état latent aussi longtemps que nous ne faisons
pas l’effort de les développer.
1- La famille de la méditation de concentration, qui consiste à focaliser son
activité mentale sur un point précis.
2- La famille de la vision pénétrante, dite de pleine conscience ou
d’attention vigilante qui consiste à être présent à l’expérience du moment
que nous sommes en train de vivre, sans jugement et sans attente.
Dans le contexte de la psychologie occidentale, l’utilisation de la
méditation de type mindfulness a été adaptée afin d’augmenter l’attention
vigilante et l’habileté à répondre adéquatement aux processus mentaux qui
contribuent à la détresse émotionnelle et aux comportements inadéquats
(Brown, Ryan, & Creswell, 2007).
Ces modèles visent principalement une définition opérationnalisable de la pleine
conscience.
Selon le modèle de Bishop et al.(2004), la pleine conscience constitue une
compétence d’ordre métacognitive sous-tendue par deux composantes
principales,
-l’auto- régulation de l’attention et
-l’orientation attentionnelle vers l’expérience.
En d’autres termes, ce modèle est essentiellement centré sur l’implication majeure
des processus de contrôle du focus attentionnel intervenant durant la pratique de
la pleine conscience.
les études suggèrent que le réentraînement attentionnel réduit la vulnérabilité
émotionnelle à des stresseurs (Amir et al., 2008; See et al., 2009), et ce, tant sur le
plan cognitif, comportemental que psychophysiologique (Heeren et al., soumis).
En psychologie “la pleine conscience est vue comme un
processus de régulation de l’attention afin d’amener une qualité
de relation à l’expérience avec une orientation de curiosité,
d’ouverture à l’expérience et d’acceptation sans jugement.”
définit la pleine conscience comme un état de conscience qui
émerge du fait de porter son attention, de manière
intentionnelle, au moment présent, sans juger, sur l’expérience
qui se déploie moment après moment.
Selon Shapiro(2006), il y a trois composante principales à l’état de pleine
conscience:
1- L’intention (continuum allant de l’autorégulation à l’auto-exploration et
finalement à l’auto-libération).
2- L’attention (état de vigilance prolongée).
3- L’attitude (processus d’observation, d’ouverture à l’expérience et d’acceptation
sans jugement).
Pour Shapiro(2006), ces trois axiomes entraînent un changement dans notre
relation avec les pensées et les émotions et encourage la modifications des
comportements.
La thérapie de réduction du stress basée sur la pleine
conscience (MBSR)
- Jon Kabat-Zinn (1982, 1990)
La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience(MBCT)
- Zindel Segal, Mark Williams et John Teasdale, (2002, 2006)
La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT)
- Hayes et al. (1999)
La thérapie comportementale dialectique (TCD)
- Linehan (1993)
médecine comportementale
.
Objectif de l’approche :
Prendre conscience du fonctionnement en pilotage automatique de
nos comportement, de nos émotions et de nos pensées:
-communications interpersonnelles
-ruminations mentales
-émotions en relation avec les sensations corporelles
-habitudes et encodages comportementaux de la vie quotidienne
Méthode:
Investigation de la nature de l’esprit par la méditation de pleine
conscience à l’aide d’un programme de 8 semaines.
Semaines 1 et 2:
Scan corporel, 6 jours par semaine, 45 minutes par jour.
Assise avec conscience de la respiration, 10 minutes par jour.
Semaines 3 et 4:
Alternance entre le scan corporel et le yoga, 45 minutes, 6 jours pas semaine.
Continuer l’assise, avec conscience du souffle,15 à 20 minutes par jour.
Semaines 5 et 6:
Assise 30 à 45 minutes par jour, en alternance avec le yoga.
Commencer la marche méditative.
Semaine 7:
Pratiquer 45 minutes par jour en choisissant un ou plusieurs méthodes
combinées, sans l’utilisation des enregistrements.
Semaine 8:
Revenir aux enregistrements. Faire deux fois, au cours de la semaine, le scan
corporel. Poursuivre l’assise et le yoga.
Initialement développés dans les hôpitaux pour les patients souffrant d’un
problèmes de santé chronique, les programmes de réductions du stress
ont élargi leurs champs d’application.
Une approche MBSR se révéle efficaces au niveau:
-de la prévention contre les rechutes au niveau de troubles affectifs (Astin,
1997)
-de l’amélioration de la qualité de sommeil, surtout en se qui concerne la
sensation de repos au réveil (Shapiro, 2003)
-de l’augmentation de l’activité cérébrale de l’hémisphère gauche=baisse
de l’anxiété et affects négatifs et amélioration de l’affect positif.
-de la fabrication d’anticorps plus rapide (Davidson et al., 2000)
La MBCT est une intégration de la thérapie cognitive de Beck et al. (1979) et du
programme de réduction du stress de Kabat-Zinn (1990).
Initialement destinée à prévenir les rechutes dépressives chez les patients en
rémission d’une dépression unipolaire récurrente ;
son indication s’étend aux troubles anxieux ainsi qu’aux autres troubles dominés
par un processus psychopathologique de ruminations mentales.
Objectif du programme MBCT:
vise la prise de conscience de ce mode de fonctionnement de l’esprit et favorise
ainsi la construction d’une nouvelle attitude à l’égard de ces pensées et émotions
Les pensées sont alors vues comme des événements mentaux, indépendamment
de leur contenu et de leur charge émotionnelle.
adopter une attitude de décentration vis-à-vis des patterns ruminatifs qui peuvent
déclencher la survenue d’un nouvel état dépres- sif (Teasdale et al., 1995)
on n’essaie pas de changer le contenu des pensées (irration- nelles) mais plutôt de
modifier son attitude par rapport à celles-ci
L’efficacité de la MBCT chez des patients atteints de dépressions majeures et
récurrentes a été démontrée à mainte reprise lors de nombreuses études
empiriques (Kingston, Dooley, Bates, Lawlor, & Malone, 2007; Ma & Teasdale,
2004; Teasdale et al. 2000)
L’étude de Ma & Teasdale (2004) a révélée que les effets positifs les plus
remarquables apparaissent chez les patients ayant vécu trois épisodes ou plus de
dépression majeure par le passé.
La finalité est de permettre aux participants de modifier radicalement la manière
dont ils entrent en relation avec des patterns de pensées et d’émotions négatives
contribuant à la rechute dépressive (Segal et al., 2002).
Selon Teasdale et al. (1995), cette attitude permet de déverrouiller les boucles de
rétroactions positives auto-alimentant l’activation des schémas cognitifs
émotionnels et entretenant ainsi l’affectivité négative
ce programme de prévention de la rechute dépressive a été adapté de manière
spécifique pour la prévention de la rechute dans la dépendance à l’alcool (pour
plus de détails, voir Witkiewitz, Marlatt, & Walker, 2005).
prévention de la rechute dépressive auprès de clients en rémission d’épisodes
dépressifs majeurs récurrents (Kuyken et al., 2008; Ma & Teasdale, 2004; Teasdale,
Segal, Williams, Ridgeway, Soulsby, & Lau, 2000), dans le traitement du trouble
dépressif chronique récurrent (Barnhofer, Crane, Hargus, Amarasinghe, Winder,
& Williams, 2009; Kenny & Williams, 2007)
Une série d’études cliniques a démontré l’efficacité de l’apprentissage de la pleine
conscience dans la prévention de la rechute dépressive auprès de clients en
rémission d’épisodes dépressifs majeurs récurrents (Kuyken et al., 2008; Ma &
Teasdale, 2004; Teasdale, Segal, Williams, Ridgeway, Soulsby, & Lau, 2000), dans
le traitement du trouble dépressif chronique récurrent (Barnhofer, Crane, Hargus,
Amarasinghe, Winder, & Williams, 2009; Kenny & Williams, 2007), dans le
traitement du trouble anxieux généralisé (Evans, Ferrando, Findler, Stowell,
Smart, & Haglin, 2008), de la boulimie (Baer, Fischer & Huss, 2005), de la détresse
psychologique et du névrosisme (Brown & Ryan, 2003), ainsi que du déficit de
l’attention avec hyperactivité (Zylowska et al., 2008).
Au sein d’échantillons non cliniques, les interventions basées sur la pleine
conscience sont associées à une réduction du niveau de psychopathologie générale
(Astin, 1997; Heeren & Philippot, sous presse; Williams, Kolar, Reger, & Pearson,
2001), à une diminution de l’intensité et de la fréquence des émotions négatives
(Brown & Ryan, 2003; Chambers, Lo, & Allen, 2008), à une réduction du niveau
d’anxiété générale (Shapiro, Schwartz & Bonner, 1998), ainsi qu’à une
augmentation des capacités attentionnelles et de mémoire de travail (Chambers
et al., 2008; Tang et al., 2007), et plus largement des fonctions exécutives (Heeren,
Van Broeck, & Philippot, 2009; Tang et al., 2007).
Une amélioration de la qualité de vie en réponse à ces interventions a également été
observée auprès de personnes souffrant de douleurs chroniques (Kabat-Zinn, 1982;
Kabat-Zinn, Lipworth, & Burney, 1985; Kabat-Zinn, Lipworth, Burney, & Sellers,
1987; Randolph, Caldera, Tacone, & Greak, 1999), de fibromyalgie (Goldenberg,
Kaplan, Nadeau, Brodeur, Smith, & Schmid, 1994; Kaplan, Goldenberg & Galvin,
1993) et d’un cancer (Carlson, Ursuliak, Goodey, Angen, & Speca, 2001; Ledesma &
Kumano, 2009; Shapiro, Bootzin, Figueredo, Lopez, & Schwartz, 2003; Speca,
Carlson, Goodey & Angen, 2000). Récemment, Griffiths, Camic et Hutton (2009)
ont pu observer un effet facilitateur du programme MBCT dans la réhabilitation
cardiaque auprès d’adultes. Des recherches pointent également des effets similaires
auprès d’enfants et d’adolescents souffrant d’une maladie chronique invalidante
(Thompson & Gauntlett-Gilbert, 2008).
Une augmentation significative du taux de mélatonine dans l’urine a aussi été
observée en réponse au programme MBSR (Massion, Teas, Hebert, Wertheimer &
Kabat-Zinn, 1995). La mélatonine est une hormone notamment impliquée dans la
régulation des sécrétions hormonales et dans la réponse immunitaire des
lymphocytes T. Une amélioration de l’efficacité des séances de photothérapie aux
ultraviolets A et B lors la prise en charge de personnes souffrant de psoriasis a été
observée lorsque les exercices méditatifs du programme MBSR était pratiqués lors
de séances de traitement (Kabat-Zinn et al., 1998). Enfin, l’effet bénéfique de la
pratique de la pleine conscience dans le traitement de l’acouphène chronique
invalidant a récemment été observé (Philippot, Nef, Clauw, de Romrée, & Segal,
soumis).
Des tentatives d’adaptation clinique des exercices issus des programmes MBCT et
MBSR sont en cours auprès d’enfants et d’adolescents. Le lecteur intéressé pourra
trouver davantage d’information sur l’opérationnalisation de ces interventions
auprès des enfants et adolescents dans Greco et Hayes (2008), Semple, Reid et
Miller (2005) ainsi que dans Semple, Lee et Miller (2006). De même, le lecteur
intéressé pourra trouver de l’information sur l’implémentation de ces
interventions auprès des personnes âgées dans Smith (2006).
Un protocole de 8 séances de 2 heures chacune
Objectif du programme:
- Distanciation des pensées dépressives et stopper le processus des
ruminations.
Programme qui allie:
-Explication pédagogique des ruminations dépressives et des signes
clinique de cette maladie
-Utilisation de la pleine conscience au quotidien comme « baromètre » de
l’humeur et des pensées pour adopter des stratégies plus efficaces avant
que la dépression ne s’installe
-Acceptation inconditionnelle de soi et du monde tel qu’il est
-Mise en place de stratégie concrètes lorsque la dépression menace
Hexaflex des processus pathologique et thérapeutique.
Source: www.egide-altenloh.com
Expérience
des 5 sens
Publiquement
observable
Lutte
Actions engagées
MOI
S’éloigner
Souffrance
Observable
à l’intérieur
S’approcher
Valeurs
Activité
mentale
Les fondements de la TCD de Marsha Linehan (1993)
Approche comportementale
Pratique zen de la pleine conscience
Philosophie dialectique
Le but de la TCD est d’avoir une vie qui vaut la peine d’être vécue.
Un comportement efficace pour remplacer un compportement problématique
Augmentation des comportements efficaces
Pleine conscience
Efficacité personnelle
Régulation des émotion
Tolérance à la détresse
Diminution des comportements problématique
Trouble de l’identité
Relation chaotique
Sentiment de vide
Peur de l’abandon
Labilité émorionnelle
Impulsivité
Problème avec la colère
Parasuicide
des exercices de pleine conscience ont été intégrés dans un certain nombre de
protocoles cliniques pour des troubles spécifiques tels que le trouble anxieux
généralisé (p. ex., Roemer & Orsillo, 2003; Wells, 2002), l’état de stress posttraumatique (p. ex., Wolfsdorf & Zlotnick, 2001), l’abus de substance (Breslin,
Zack, & McMain, 2002; Marlatt, 2002) ou encore les troubles alimentaires (p. ex.,
Telch, Agras, & Linehan, 2001).
Les approches MBSR et MBCT sont largement orientées vers la pratique
méditative de la pleine conscience, tandis que les approches ACT et DBT se
focalisent davantage sur des exercices dits de pleine conscience.
Les programmes MBSR et MBCT travaillent des stratégies d’acceptation,
alors que les techniques ACT et DBT focalisent sur des stratégie de
changement comportementaux
Les approches MBSR et ACT ont été développées pour traiter un large
spectre de problématiques, tandis que les approches MBCT et DBT
focalisent sur des problématiques spécifiques.
Les approches MBSR et MBCT sont appliquer en thérapie de groupe, tandis
que la thérapie ACT s’applique individuellement. Pour ce qui est de DBT,
elle est est un mélange de séances individuelles et collectives.
Les premiers travaux d’analyse de la pertinence d’une approche de pleine
conscience ont été effectués par :
-Baer & al. (2003)
-Bishop & al. (2004)
-Grossman & al. (2003)
Ils ont suggérés l’efficacité des interventions de pleine conscience sur des
symptômes physiques et psychiques.
Hofmann, Sawyer, Witt & Oh (2010), postulent que la méditation basée
sur la pleine conscience produit des résultats parfaitement vérifiables.
(Mindfulness, psychology and randomized controlled trial)
Mindful Attention Awareness Scale (MAAS; Brown & Ryan, 2003)
Freiburg Mindfulness Inventory (FMI; Buccheld, Grossman, & Walach, 2001)
Kentucky Inventory of Mindfulness Skills (KIMS; Baer, Smith, & Allen, 2004)
Cognitive and Affective Mindfulness Scale (CAMS; Feldman, Hayes, Kumar, &
Greeson, 2004)
Mindfulness Questionnaire (MQ; Chadwick, Hember, Mead, Lilley, & Dagnan,
2005)
Five Facets Mindfulness Questionnaire (FFMQ; Baer, Smith, Hopkins,
Kriestemeyer, & Toney, 2006; Baer et al., 2008)
Une des principales réside dans le fait que les interventions basées sur la pleine
conscience ne sont pas Non caractérisées par l’établissement d’un objectif
thérapeutique précis (Baer, 2003; p. ex., la modification d’un comportement cible
ou d’un pattern de pensées)
Une autre divergence réside dans le fait que, contrairement aux interventions
comportementales et cognitives, les interventions basées sur la pleine conscience
ne visent pas à modifier le contenu des pensées irrationnelles, mais l’attitude par
rapport à celles-ci.
Enfin, une autre divergence est le fait qu’une pratique personnelle de la pleine
conscience par l’intervenant est essentielle et une condition nécessaire en vue
d’être intervenant (Segal et al., 2002). Ce type de relation amène l’intervenant à
jouer un rôle de modèle vicariant dans l’apprentissage d’un processus de
développement personnel. Cette manière de considérer la relation thérapeutique
est d’ailleurs une des caractéristiques de la troisième vague (pour plus de détails à
ce sujet, voir Wilson & Dufrene, 2009).
Berghmans, C., Tarquinio, C., & Strub, L. (2010). Méditation de pleine conscience
et psychothérapie dsns la prise en charge de la santé et de la maladie. Santé
mentale au Québec, XXXV, 1. 49-83
Heeren, A. & Philippot, P. (2009). Les interventions basées sur la pleine
conscience. Revue francophone de clinique comportementale et cognitive, 14, 13-23.
Kabat-Zinn, J. (2009). Au coeur de la tourmente, la pleine conscience: Le manuel
complet de MBSR, ou rédustion de stress basée sur la mindfulness.Éditions J’ai Lu.
Paris
Kabat-Zinn, J. (2009). L’éveil des sens: Vivre l’instant présent grâce à la pleine
conscience. Éditions des Arènes. Paris
Kotsou, I. & Heeren, A. (2011). Pleine conscience et acceptation: Les thérapie de la
troisième vague. Groupe De Boeck. Bruxelles
Ricard, M. (2008). L’Art de la méditation. Nil éditions. Paris
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