Elus, citoyens, entreprises, associations… QUELLES RESPONSABILITÉS COMMUNES POUR UN AVENIR DURABLE ? François Vallaeys [email protected] Où en sommes-nous? Nous sommes devenus une espèce insoutenable Source: Rapport planète vivante, WWF, GFN, 2008 Source: Rapport planète vivante, WWF, GFN, 2008 Dettes écologiques : Empreinte par rapport à la biocapacité Source: Rapport planète vivante, WWF, GFN, 2008 Crédits écologiques : Biocapacité par rapport à l’empreinte Dettes écologiques : Empreinte par rapport à la biocapacité Source: Rapport planète vivante, WWF, GFN, 2008 Crédits écologiques : Biocapacité par rapport à l’empreinte Source: Rapport planète vivante, WWF, GFN, 2008 Source: Rapport planète vivante, WWF, GFN, 2008 Source: For a Living Planet: AFRICA, WWF, GFN, 2008 Pérou: Quantité d’automobiles (pour 1000 habitants) 1990-2007 Une augmentation de 125% 605 000 véhicules au total en 1990, 1.8 million en 2007. Source: Ministère du Transport et des Communications du Pérou. Institut Péruvien d’Economie, 2008. Haut niveau de développement humain Le développement soutenable est un engagement pour améliorer la qualité de la vie humaine tout en respectant les capacités de charge des écosystèmes: vivre bien dans un monde soutenable. Tel est le nouvel idéal qui doit réguler nos stratégies de développement. 10 0,8 HDI = bon indice de développement humain 2,1 hectares globaux/pers. = Empreinte écologique soutenable Le “développement” actuel évite systématiquement la zone de soutenabilité Pays émergents Limite de biocapacité mondiale par personne 2,1 Zone de soutenabilité Pays pauvres 0 Indice Développement Humain - PNUD 0,8 1 0 Empreinte écologique (Ha globaux/ pers.) Pays riches La « globalisation » du monde Le monde est devenu un globe: Il n’y a plus d’horizons lointains, nous touchons partout aux limites (village global) Il n’y a plus de dehors où nous puissions « externaliser » les conséquences de nos activités (effet boomerang) Interdépendance totale entre l’humanité et la nature: nous sommes une « Bio-anthropo-sphère » (effet Gaïa) Intersolidarité mondiale: face aux nouveaux risques, nous avons tous le même destin (passage du G 7 au G 20) Notre nouvelle puissance est aussi une impuissance (risque de disparition de l’humanité) Une nouvelle société mondiale du risque Les nouveaux risques ne sont pas des éventualités d’accidents: ils sont systémiques, invisibles, imprévisibles, globaux et catastrophiques (irréversibilité + impossibilité d’assurer). Il ne s’agit plus de dominer une nature adverse (phase industrielle) mais de nous dominer nous-mêmes (phase postindustrielle): réflexion et développement, et non plus expansion et croissance. 4 risques majeurs: nucléaire, écologique, génétique, intelligence artificielle. Les risques globaux dépassent les compétences des Etats isolés (gouvernance mondiale) et créent des besoins angoissés de sécurité. D’où le risque du risque: le totalitarisme sécuritaire. La société du risque met la science et l’entreprise en première ligne du débat public international. Le scientifique et l’entrepreneur doivent Quelques pathologies nouvelles (1/2) • Fuite de capitaux illicites depuis les pays du Sud vers les pays du Nord et les paradis fiscaux: 1000 milliards de dollars par an (3-5% corruption, 30-35% mafias, 60-65% fraude fiscale). • Paradis fiscaux: plus de 50% de transit du commerce mondial, pour seulement 3% du PIB mondial. 2,4 millions de sociétés écrans, 4000 banques. De 1970 à aujourd’hui, le nombre de paradis fiscaux est passé de 25 à 72. •Les Iles Caïman: 5ème centre financier du monde, premier investisseur financier en Chine, 65000 entreprises pour 47000 habitants. • Poids du chantage des entreprises contre les Etats: en 1975 il y avait 79 zones franches dans 25 pays, aujourd’hui: 2700 dans plus de 100 pays. Quelques pathologies nouvelles (2/2) • 15% de couples infertiles dans les pays du Nord. 20 substances toxiques détectées dans les cordons ombilicaux. 100 000 substances chimiques en circulation en Europe, 5 000 ont été testées. Incidence des cancers pédiatriques est croissante depuis 20 ans. • Il faut 500 ans pour reconstituer 5 cm de sol. La France détruit un département tous les 10 ans en parkings, ronds-points et zones commerciales (74 000 ha disparus entre 2003 et 2008). • Il est interdit à un professeur d’école de rester avec un élève seul dans la classe pendant la récréation. Il est interdit à un accompagnant de voyage scolaire de donner une aspirine à un adolescent qui a mal à la tête. • Prime d’assurance pour 2009 des Gynécologues Obstétriciens: Plus de 50% d’augmentation (de 17 000 à 25 000 € voire 27000€). Défaut d’intelligence, devoir de complexité Le problème central est de gérer les effets collatéraux de nos actions collectives • La fable libérale est fausse. Le mythe de la caverne est dangereux. L’intelligence aveugle de l’hyperspécialisation est désastreuse. • La technoscience et l’économie de marché sont des virus sociaux, qui peuvent être utiles mais il faut développer les résistances adéquates. • Nos organisations ne sont pas assez intelligentes (« la tête dans le guidon »). Nous manquons d’association entre organisations apparemment opposées et qui devraient en fait collaborer. • La science institue de nouveaux êtres sociaux à prendre en compte pour vivre ensemble, mais cela ne suffit pas si l’on manque d’une démocratie participative forte. • Complexe signifie « tissé ensemble ». Arrêtons de simplifier les choses autour de nous, car notre environnement, c’est nous! Principe de l’Écologie de l’action (E. Morin, Éthique) « Toute action échappe de plus en plus à la volonté de son auteur à mesure qu’elle entre dans le jeu des inter-rétro-actions du milieu où elle intervient. » 2 corollaires: -Nulle action n’est assurée d’œuvrer dans le sens de son intention: Les effets de l’action dépendent non seulement des intentions de l’acteur, mais aussi des conditions propres au milieu où elle se déroule. -Imprédictibilité à long terme: On peut envisager ou supputer les effets à court terme d’une action, mais ses effets à long terme sont imprédictibles. Que devons-nous faire? Instituer une nouvelle éthique de la soutenabilité 3 humains, 3 éthiques, 3 responsabilités Éthique globale Éthique Éthique publiqueSoutenable/Insou personnelle Juste/Injuste tenable Société Espèce Individu Bien/Mal Champ des structures Champ des réseaux Champ des relations interpersonnelles Responsabilité morale sociales Responsabilité juridique globaux Responsabilité sociale Une éthique de la soutenabilité, cela veut dire: Devoir de prendre en compte non seulement la moralité de l’action, mais celle des effets collatéraux globaux de l’action. Devoir de dévouement non seulement au prochain, mais aussi au lointain (autrui à l’autre bout du monde, autrui non humain, autrui futur et autrui passé, et l’habitat commun de tous). Devoir d’autocritique sur notre manière de vivre, pour nous solidariser avec tous ceux qui souffrent de notre manière de vivre (élargir l’éthique à tous les laissés-pour-compte de nos routines). Devoir de subsidiarité, de diversité, de sauvegarde et d’association pour l’habitabilité du monde. Devoir de passer d’une économie de stocks à une économie de flux (intégrer l’économie à l’écologie). Devoir d’écoute et de connaissance du monde, devoir de science et de dialogue démocratique, devoir de complexité (Tout réductionnisme est une faute morale et une erreur scientifique). Critères de rationalité éthique Principe d’universalisation: Est moral ce que tous devraient vouloir exiger à tous. Est immoral ce qui ne pourrait jamais être universellement voulu ou fait (aucun voleur ne veut être volé). Principe de publicité: Est juste toute action qui a besoin d’être rendue publique pour réussir. Est injuste toute action qui ne peut supporter la publicité, qui a besoin du secret pour réussir. Principe de diversification: Est soutenable un monde qui intègre le plus de diversités possible en les maintenant compatibles, un monde qui « hétérogénéise » ses composants liés. Est insoutenable un monde qui désintègre les diversités, en les éliminant ou en les rendant incompatibles, un monde qui homogénéise ses composants (il y a crise quand il y a contagion de tous les éléments d’un ensemble: ils font tous la même chose au même moment). Qu’est-ce que la Responsabilité Sociale ? Gestion des impacts, participation des parties prenantes, associativité Définition de la Responsabilité Sociale ISO 26000 (dernier brouillon) Responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement éthique et transparent qui : - contribue au développement durable, à la santé et au bienêtre de la société ; - prend en compte les attentes des parties prenantes; -respecte les lois en vigueur et qui est en accord avec les normes internationales de comportement; et qui - est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations (avec toute sa sphère d’influence). La Responsabilité Sociale • C’est la bonne gestion des impacts de nos activités dans le monde, en accord avec toutes les parties prenantes affectées par ces impacts. • En faisant ce que nous faisons, que faisons-nous vraiment? Qui cela affecte-t-il? Comment prendre en compte et associer tout le monde et toutes les dimensions de notre agir, pour que celui-ci soit soutenable? • La Responsabilité Sociale demande de la transparence (dire ce que l’on fait), de la cohérence (faire ce que l’on dit), du partenariat (Capital social) et de la patience (amélioration continue de la Qualité Sociale). Modèle de Gestion Traditionnel Gestion socialement responsable 1. Suivre les lois et normes nationales 1. Suivre les lois et les meilleurs standards internationaux 2. Responsabilité face aux: 2. Responsabilité face à: Actionnaires État toutes les « parties prenantes » effectives et potentielles Travailleurs 3. Objectif: Bons résultats économiques 3. Objetif: Bons résultats: - Économiques - Sociaux - Environnementaux Triple résultat comptable Évolution de la culture d’entreprise Évolution de la culture citoyenne Partenariat Entreprises/ON G Consommation responsable, boycotts Certifications, instruments de gestion RS Évolution de la RS Régulations internationales Évolution de la culture politique Défense des Droits de l’Homme Normalisation professionnelle Recherche et Innovation pour le développemen t soutenable Évolution de la culture scientifique La Responsabilité Sociale fait face à de nombreux défis • Trouver le juste milieu entre le volontarisme éthique (position héroïque), l’intérêt bien compris (position stratégique), et la régulation étatique (imposition juridique), sachant que nous aurons toujours besoin de l’articulation de ces trois points de vue. • Trouver les bons outils de gestion et les bons indicateurs de performance (qui permettront de distinguer les bonnes pratiques des opérations « cosmétiques »). • Trouver une cohérence internationale des approches et initiatives pour obtenir une réelle efficacité globale: partenariats efficaces et définition consensuelle du développement soutenable. De quoi sommes-nous responsables? De tout et de tous, de notre maison commune, des générations passées et futures, de la Vie sur Terre et même après… Il faut passer du « Titanic Planétaire » dans lequel nous sommes à l’Arche de Noé Comment nous organiser? En sortant du Mythe de la Caverne et de la Fable du Progrès automatique: Construire des réseaux d’organisations lucides et responsables Arrêtons les faux débats bipolaires: (Droite/Gauche, Privé/Public, National/Étranger, Nord/Sud…) Goya: 2 personnes se battent dans des sables mouvants Faisons rentrer les « tiers exclus » en politique: (les Sciences, la Nature, les Objets, les Générations futures et passées…) Les 4 pouvoirs de l’ère globale Collusion dangereuse Pouvoir juridico-politique (les Etats) Pouvoir économico-politique (les Entreprises) Collusion dangereuse Liens à développer Liens à développer Pouvoir socio-politique (les Mouvements Citoyens) Pouvoir scientifico-politique (les Sciences) Liens à développer Le passage au G20 est un immense progrès historique Nous vivons une crise de l’emploi. Pourtant, il y a beaucoup de choses à faire, beaucoup de demandes non satisfaites, beaucoup de carences sociales. Il semble donc que l’économie actuelle ne réponde que très imparfaitement aux besoins des humains. Elle crée de l’abondance mais aussi beaucoup trop de rareté. Il faut articuler ces 2 types d’économie Économie à but lucratif Économie à but non lucratif Vise à faire du profit Vise à résoudre un problème perçu Crée ou s’appuie sur une demande solvable Répond à une demande sociale Subordonne l’activité à la finalité lucrative Trouve sa finalité dans l’activité elle-même Se nourrit de la rareté Crée de l’abondance Facilement délocalisable Difficilement délocalisable Quelques suggestions pour le Pays de Redon… • Les collectivités doivent montrer l’exemple: consom’acteurs publics responsables. • Promouvoir une économie locale non délocalisable et densifier le tissu associatif et d’économie sociale et solidaire. • densifier les relations entre élus, secteurs économiques lucratif et non lucratif sur la base d’une approche écosystémique de la région: Territoire Socialement Responsable. • Se doter de bons indicateurs de gestion des impacts sociaux et environnementaux au niveau local, mesurés et suivis par l’ensemble des acteurs sociaux, pour se donner des objectifs clairs et des défis communs (synergie des acteurs, lisibilité des progrès). • Promotion et développement de la recherche scientifique et de l’éducation scientifique au niveau local avec les citoyens, élus et organisations. Eoliennes en Pays de Vilaine: Rendre la maîtrise d’une énergie de proximité aux acteurs locaux Une association du pays de Redon en passe de construire à Béganne le PREMIER PARC ÉOLIEN CITOYEN DE FRANCE Une synergie entre des associations, des particuliers, des collectivités locales, des cigales, des entreprises de l’économie sociale et solidaire… Une dizaine d’éoliennes de 2 MW suffirait à couvrir les besoins en électricité des particuliers de toute la Communauté de Communes (hors chauffage électrique). « Qu’importe la vitesse quand on marche dans la mauvaise direction. » Mahatma Gandhi « La force du crocodile, c’est l’eau » Proverbe Bantou