Arguments intellectuels pour une politique industrielle

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Politiques commerciales des
Economies avancées:
Eléments théoriques et cas du Japon
Travail réalisé pour le cours de Politique Commerciale et
Coopération Internationale du Professeur Jean-Charles
Jacquemin par:
Thibaut Devroye
Véronique Rigot
Maxime Sempo
François Valenduc
Etudiants en 2de maîtrise en
Economie, FUNDP
Plan
Quelques définitions
 Arguments pour une politique
industrielle

Arguments populaires
 Arguments intellectuels


Cas du Japon
Aperçu historique
 Politique depuis 1950
 Perspectives d’avenir

Quelques définitions
Politique industrielle:
Modification de l’allocation des
ressources effectuée par le
gouvernement pour favoriser certains
secteurs considérés comme porteurs,
dans le but d’accélérer la croissance
économique nationale.
Politique commerciale stratégique:
Mise en place d’obstacles à l’échange
effectuée par le gouvernement dans le
but d’améliorer les performances
économiques nationales.
ex: soutien des exportations,
découragement des importations,...
Notion de « Pays Avancés » (PA):
C’est la poignée de pays industriels qui
produit la plus grande partie du revenu
mondial (aussi appelée G20, G8 ou G7)
- Quelles nations?
Europe occidentale, Amérique du
Nord, Japon, Australie et NouvelleZélande.
- G7 ?
Etats-Unis, Japon, Allemagne,
France, Italie, Royaume-Uni et
Canada.
Se réunissent pour aborder
différentes questions: relations
est-ouest, relations PA-PVD,
problèmes d’énergie, lutte contre le
terrorisme,…
Arguments en faveur d’une
politique industrielle
Arguments populaires pour une
politique industrielle
- But?
Acquérir les « industries
souhaitables» pour conquérir les
marchés mondiaux.
- Quelles industries?
1. Industries à haute valeur ajoutée
par travailleur
 Valeur
de la production - valeur des
intrants
 Permet d’accroître le revenu
national
 Secteurs à haute valeur ajoutée
sont intensifs en capital, mais n’ont
pas nécessairement des profits très
élevés.
2. Industries qui accordent de hauts
salaires
 Contribuent
à un revenu national
plus élevé
 Pourquoi ce différentiel des salaires
subsiste-t-il entre entreprises ?
3. Industries qui utilisent une
technologie avancée
 Industries
de pointe telles la microélectronique, l’aviation, la
robotique,…
 Sont des industries à haute valeur
ajoutée et hauts salaires
Note
Une position forte de ces trois types
d’industries se révèle probablement
cruciale pour le taux de progrès
technologique (car importants effets
induits technologiques)
4. Industries qui entretiennent de
fortes relations avec d’autres
Argument du degré d’intégration
de l’économie (effets
multiplicateurs sur les entreprises
utilisant leurs produits)
 Il n’est pas clair que la réallocation
soit plus optimale car d’autres
secteurs perdront des capitaux

5. Industries à fort potentiel de
croissance d’avenir
«
prédiction » sur base d’indicateurs
tels le progrès technologique, la
modification de la structure de
demande ou des avantages
comparatifs,…
 Rôle superflu du gouvernement
lorsque les marchés fonctionnent.
6. Industries faisant l’objet de l’attention
des gouvernements étrangers
 Pour
contrecarrer les effets des
politiques industrielles des autres
pays (=mesure défensive) et éviter
que la politique industrielle ne soit
déterminée par celle des autres
 Changement des avantages
comparatifs
Arguments intellectuels pour
une politique industrielle

Une politique industrielle active peut
être justifiée si
Concurrence imparfaite
 Secteurs à économies d ’échelles
 Présences d ’externalité

Argument de Brander-Spencer
Cadre: concurrence imparfaite
surprofits
 Exemple du duopole Airbus-Boeing: un
subside peut détourner Boeing de la
production et augmenter les profits
d ’Airbus d’ un montant supérieur au
subside

Situation initiale
Airbus et Boeing peuvent produire le
même modèle d ’avion
 Économies d ’échelles: Si les deux
firmes produisent elles font des
pertes

Exemple:
Noir: avant subside la première firme qui prend l ’avantage
produit
Rouge: après subside de 25 à AirbusAirbus détourne
Boeing de la production
Airbus
Boeing
Produire
Ne pas produire
Boeing
Airbus
Boeing
Airbus
Produire
-5
100
0
Ne
pas
produire
0
-5
20
100
125
0
0
Problèmes:
Hypothèse: Boeing a un avantage technologique sur Airbus
Noir: avant subside Boeing produit Seul
Rouge: après subside de 25 à AirbusAirbus et Boeing produisent
Airbus
Boeing
Produire
Ne pas produire
Boeing
Airbus
Boeing
Airbus
Produire
5
125
0
Ne
pas
produire
0
-20
5
100
125
0
0
Conclusion

Premier cas: Airbus détourne Boeing
 subside justifié



Deuxième cas: vu son avantage technologique,
Boeing continue à produire quand Airbus est
subsidié  subside non justifié
Informations difficiles à obtenir (gains de chaque
firme dans chaque situation)
Un subside stratégique oriente les ressources
vers un secteur dans certains cas aux détriments
des autres secteurs désavantage dans ces
secteurs
« Import protection as export
promotion »

Cadre:




Economies d ’échelles
Concurrence entre firmes étrangère et
domestique sur le même marché
Marchés nationaux et étrangers segmentés et
oligopolistiques
Concurrence à la Cournot: chaque entreprise
décide de la quantité qui maximise son profit
étant donné l ’anticipation de la quantité
produite par l’ autre firme
Économies d ’échelles
statiques




Xi (X*i)=output de l ’entreprise domestique
(étrangère) sur le marché i
Marché 1 (2) = marché national (étranger)
 ( *)=Coût marginal de l ’entreprise
(domestique étrangère)
Coûts marginaux décroissants: augmenter la
production diminue les coûts
Économies d ’échelles statiques: effets de
la protection du marché domestique
Si  diminue, l ’output de l ’entreprise nationale
augmente sur les deux marchés
  Nouvelle diminution des coûts marginaux ()
 Si * augmente, X*i diminue
 Xi augmente et  diminue
 Il y a donc une relation inverse entre les coûts
de productions nationaux et étrangers.
 Protéger le marché domestique augmente la
production de l’entreprise nationale, ce qui fait
diminuer ses coûts et lui donne un avantage
sur les marchés à l’exportation.

Compétition dans la recherche
et développement




Coûts marginaux constants
Investissement en R&D  diminution des coûts
marginaux
Si Xi augmente  investissements en R&D plus
rentable
Protéger le marché domestique incite
l ’entreprise nationale à investir en R&D
   diminue donc avantage sur les 2
marchés
Technologie et externalité
Cadre: présence d’ externalités qu ’une firme ne peut
s ’approprier intégralement
 L’ entreprise produit un bénéfice social dont la valeur
n ’est pas reflétée dans le prix du bien
 Une entreprise concurrente pourrait réutiliser les
progrès technique ainsi obtenus
 pas d ’incitant à investir
 Exemple: secteurs de hautes
technologies: l ’ investissement en connaissance est
une part essentielle de l ’activité
 Analogie avec la protection de l ’industrie dans
l ’enfance dans les PVD

Technologie et externalité



Les politiques industrielles doivent être ciblées le
plus possible sur l’activité ou l’échec de marché
se produit
Une application trop stricte lèse les structures
informelles qui peuvent aussi engendrer des
innovations technologiques
Le montant du subside doit être fonction des
bénéfices engendrés par la diffusions des
nouvelles technologies  estimation difficile
Le cas du Japon
Aperçu historique

1912-1945: La montée du militarisme

Le Japon depuis 1945
1912-1945: la montée du militarisme
Dès 1912:
- expansion en Chine et dans le
Pacifique
- opposition de deux logiques: celle des
partis vs celle de l’armée
 1926: avènement de l’empereur
Hirohito

1931: crise économique (mondiale)
 1932: la voie militaire prend le dessus
 1937: guerre avec la Chine –l’armement
devient le moteur du développement
 1940: invasion de l’Indochine, Washington lui
impose un embargo économique

1941: après Pearl Harbor, le Japon
s’allie à l’Allemagne et l’Italie, puis
s’empare de l’Asie du Sud-Est
 1944: perte de contrôle du Pacifique
 1945: après 2 bombes atomiques, le
Japon capitule

Le Japon depuis 1945
 L’après-guerre:
- Situation économique
déplorable
- Démantèlement des structures du
militarisme et installation d’une
démocratie parlementaire bicamérale
 Pendant
la guerre froide
- les exigences américaines tombent
(liberté en 1952)
- 2 courants politiques: les
‘progressistes’ et les ‘modérés’
- La guerre de Corée remet la machine
économique en marche
-
1964:
1970:
1975:
1989:
1993:
adhère au FMI, organise les J.O.
a le troisième PNB mondial
investit à l’étranger
seconde puissance mondiale
essoufflement
-
1998: plan de relance (travaux publics et
réduction d’impôts)
Mais le pays traverse une grave crise
politico-économique.
S’en suivent différentes mesures dont la
restructuration du secteur financier

Aujourd’hui
Le Japon est considéré comme la
troisième puissance mondiale
(après les Etats-Unis et l’Union
Européenne), « phénix »
incontestable de l’Asie
contemporaine.
La politique industrielle du
Japon après la seconde
guerre mondiale
Introduction: caractéristiques
essentielles du Japon
Fierté nationale a récupérer après
l’humiliation subie lors de la guerre
 Avantage d’être suiveur
 Rôle des institutions japonaises
 Différences sociales...non prises en
compte par les économistes
 Offre de travail suffisante

Période de croissance rapide
Fournir un maximum de capital aux
firmes
 Protection des firmes de la compétition
avec des produits importés
 Economie de supply-side

Sources du pouvoir
bureaucratique
Politique du Ministère des Finances :
contrôle des taux
 Rôle du Ministère du Commerce
International et de l’Industrie

Le modèle
Passage d’un marché protégé à un
marché avec un plafond pour les
exportations
 Entre collusion et compétition
 Coordination par le Ministère du
Commerce International et de
l’Industrie

Après la crise du pétrole
Récession importante
 L’économie rebondit en 1978
 Mais les recettes de l’Etat n’augmentent
pas =>Deficit spending
 USA et Japon font face au même
problème : arrivée de la haute
technologie

Conséquences
Perte de pouvoir pour le Ministère des
Finances
 Critique étrangère de la politique
commerciale japonaise
 Perte de savoir pour le Ministère du
Commerce International et de
l’Industrie

Apparition de changements
Politisation plus forte des mesures à
prendre
 Rivalité grandissante entre Ministères

Conclusions
Croissance aurait quand même eu lieu
sans politique
 Rôles non négligeables du Ministère du
Commerce International et de
l’Industrie et de celui des Finances
 Mais coûts divers importants
 Politique industrielle moins efficace
après 1973

Exemple d’application : le
ciblage de l’acier
De 1960 à 1973, la production triple
 Après 1973 : avantage comparé du
Japon
 La croissance de ce secteur est-elle due
à la politique japonaise?
 Cette politique fut-elle bonne pour
l’économie japonaise?

Exemple d’application : le
ciblage des semi-conducteurs
Percée du Japon à partir de 1970
 Evaluation difficile du caractère décisif
des différentes formes d’aide
 Politique favorale à l’économie
japonaise?

Perspectives d’avenir
Le Japon : Perspectives
d’avenir





Introduction : un phénix fragilisé
Tendances de politique commerciale
De nouveaux accords régionaux
Le Japon et l’APEC
Conclusions
Un phénix fragilisé
1945 : défaite – perd ses prérogatives
d’Etat
 2002 : 2ème puissance mondiale
 Certaines causes de son succès
deviennent des freins à sa croissance
 Adaptation à la nouvelle conjoncture
 Quel nouveau modèle pour le Japon ?

Tendances de politiques
commerciales
Volonté de contrer l’influence croissante
des Etats-Unis et de l’Europe
 Sortir de la crise
 Clé du redressement :

les réformes structurelles sur le marché du
travail,
 réformes touchant la sphère financière
 des politiques expansionnistes

Tendances de politique
commerciale
Le renforcement du système commercial
multilatéral
 Intérêt croissant du Japon pour les
accords de libre-échange régionaux

Renforcement du système
commercial multilatéral
- Renforcer le système commercial multilatéral et
réglementé qu’incarne l’OMC
- Lancement d’un nouveau cycle de négociations au
sein de l’OMC
- Générer une plus grande libéralisation des échanges
- Renforcer les règles et disciplines actuelles dans
des domaines tels que l’anti-dumping, la
clarification des liens entre le commerce et
l’environnement,…
- Tenir compte des pays en développement
- Concilier davantage politique commerciale et
développement durable
- Augmenter la transparence
De nouveaux accords
régionaux
accorder une plus large place au bilatéralisme
et au régionalisme économique ( Corée,
Singapour, ) sans constituer un bloc exclusif
=> Mexique, Chili et peut-être même le
Canada
 Participation de plus en plus active au sein de
l’APEC
 établir deux têtes de pont avec l’ALENA et la
future ZLEA

De nouveaux accords
régionaux

3 AXES :
Développement stratégique d’ALE => ouverture
à des marchés profitables, tête de pont avec
zones de libre échange
 Développement d’une stratégie asiatique en
matière de commerce international.
 Tenir compte du phénomène de
désindustrialisation lié aux ALE

De nouveaux accords
régionaux
Tendance au régionalisme qui marque
un revirement dans la politique
commerciale du Japon
 Reconnaissance que la mondialisation
ne peut plus être gérée strictement sur
le plan national
 Volonté de défendre ses intérêts face à
l’Europe et aux Etats-Unis

Le Japon et l’APEC
Intérêt du Japon pour l’APEC lié à sa politique
commerciale
 3 intérêts :

– L'enchâssement
de
la
politique
commerciale
américaine à l'égard de l'Asie dans un cadre
multilatéral.
– La stabilité économique et politique de la région.
– L'intégration des économies asiatiques à l'économie
japonaise.
APEC est un forum de discussion plus qu’une
organisation formelle avec des objectifs précis
 Avenir incertain vu la tendance au bilatéralisme
 Rôle à redéfinir : arbitre des ALE bilatéraux ?

Conclusions
Pays à la croisée des chemins
 Prêt à accorder plus de place au bilatéralisme
et au régionalisme
 Accélération de l’intégration économique en
Asie tout en se tournant vers le monde
 Retrouver la croissance en se tournant vers le
monde sans léser ses producteurs nationaux
et en gardant le contrôle de son parc
technologique

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