La prise en charge de la douleur

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IFPVPS
Lycée du Coudon – 5 avril 2011
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Définition de la Douleur et de la souffrance
Les premières ébauches des soins
antalgiques
Historique de la prise en charge de la douleur
en France
Le rôle infirmier (législation, évaluation,
traitement….)
Bibliographie
Site de téléchargement :
http://idedouleur.free.fr
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La douleur est une expérience sensorielle et
émotionnelle désagréable, associée à un
dommage tissulaire présent ou potentiel ou
décrite en termes d’un tel dommage.
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DÉFINITION de la DOULEUR selon l ’IASP*
* International Association for the Study of Pain
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.Etymologiquement le mot douleur vient du latin
dolor qui exprime une souffrance physique.
Il y a eu une évolution au niveau sémantique qui
a amené à parler au départ d’une douleur
purement physique à une douleur qui pouvait
avoir une origine psychologique.
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Les réactions engendrées par la douleur
correspondent à la notion de souffrance.
C'est l'association de phénomènes à la fois
physiques, moraux et psychologiques
mettant en jeu tous les mécanismes affectifs,
intellectuels et instinctifs.
Ces différentes définitions nous instruisent
sur la difficulté à communiquer la souffrance
mais également sur l’étroite intrication entre
souffrance et douleur.
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Les grands maîtres de l'Antiquité : Pline l'Ancien,
Dioscoride, décrivaient la manière de préparer et
d'utiliser un vin permettant d’amputer et de
cautériser sans douleur.
A la Renaissance : le chirurgien Ambroise Paré opérait
« sans douleur » après avoir fait sentir une éponge
chaude imprégnée d'une purée de pavot.Ce procédé
avait été largement utilisé par les diverses écoles
médicales du bassin de la Méditerranée.
Le principe actif de l'opium fut découvert par F.
Sertuner (1805) et baptisé morphine en référence à
Morphée le dieu grec des rêves
En 1819 M. William Green Morton dentiste américain
effectue avec succès et sans douleur, une extraction
dentaire sous éther.
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De l’état initial ou la douleur avait le statut de symptôme,
certains phénomènes historiques et l’évolution des
mentalités lui ont conféré le statut de maladie.
1944 .Le Dr John Bonica jeune médecin anesthésiste est
confronté au monde de la douleur (situation de guerre
dans un hôpital militaire) il s’intéresse à la gestion de la
douleur et n’hésite pas à demander des avis à des
confrères neurologues, neurochirurgiens, psychiatres …
Il est le premier médecin à aborder la douleur en intégrant
des composantes affectives, émotionnelles, culturelles,
psychologiques.
Il remarque que des soldats pour qui une blessure signifie
la fin du combat n’exprime aucune douleur et ne demande
pas à être soulagée alors que ces mêmes lésions sur des
civils sont jugés insoutenables .Il comprend que réduire la
douleur à un symptôme n’est plus suffisant.
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Il existe trois mécanismes de la douleur
Tout d’abord, il y a les douleurs nociceptives.
Celles-ci résultent d'une stimulation en
périphérie de nocicepteurs, qui sont des
récepteurs qui ne réagissent qu'aux stimuli
nocifs à l'organisme, comme une brûlure ou en
encore une piqure. Ils sont disséminés par
millions dans tout le corps humain. Cette douleur
disparaît avec des A.I.N.S ( Anti-inflammatoires
non stéroïdiens ) , des morphiniques ou
encore avec l'interruption de la transmission du
message par des blocs nerveux .
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Il existe trois mécanismes de la douleur
Puis il y a les douleurs neuropathiques
résultant d'un dysfonctionnement du système
nerveux central ou périphérique.
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Il existe trois mécanismes de la douleur
La douleur neuropathique périphérique est
causée par une blessure ou une maladie qui
endommage les nerfs situés à l’extérieur du
cerveau ou de la moelle épinière. Par
exemple, le diabète, le zona, une infection
par le VIH, une intervention chirurgicale ou
une amputation peuvent causer des douleurs
neuropathiques périphériques.
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Il existe trois mécanismes de la douleur
La douleur neuropathique centrale est causée
par une blessure ou une affection du système
nerveux central, lequel englobe le cerveau et
la moelle épinière. Par exemple, un accident
vasculaire cérébral, une lésion de la moelle
épinière, la sclérose en plaques et une
tumeur au cerveau ou à la moelle épinière
peuvent provoquer des douleurs
neuropathiques centrales.
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Il existe trois mécanismes de la douleur
Et enfin, il y a les douleurs psychogènes, qui
sont toutes les situations douloureuses,
ressenties et exprimées par les patients et qui
ne peuvent pas être expliquées par une
atteinte organique
Ces douleurs sont en rapport avec une
problématique psychologique (suite de
deuil…) ou psychopathologique (angoisse…)
qui s’exprime au travers du corps.
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Outre ces différents mécanismes, la douleur
peut aussi être classifiée en deux catégories:
les douleurs aiguës ou les douleurs
chroniques.
DOULEUR AIGUË
DOULEUR CHRONIQUE
(symptôme)
(syndrome)
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Apparition +/- brutale et
récente.
Signal d’alarme utile au
diagnostic.
Mécanisme
unifactoriel
(nociceptive).
Volontiers anxiogène
susceptible de modifier le
comportement.
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Présente depuis plus de 6 mois.
Totalement inutile, maladie à part
entière.
Mécanisme plurifactoriel.
Peut persister après la guérison
de la lésion causale.
Risque de syndrome dépressif
associé.
Nécessite une prise en charge
spécifique et pluridisciplinaire.
PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR
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La premier texte officiel revient au sénateur Lucien
Neuwirth qui en 1995 : «incite les établissements de
santé à mettre en oeuvre les moyens propres à
prendre en charge la douleur des malades. »
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Un premier plan a été mis en place en 1998-2000
pour que la douleur ne soit plus une fatalité.
Le plan de 2002-2005 a pour but l'amélioration de la
prise en charge de la douleur notamment de la
douleur chronique
En 2002 la loi relative aux droits des malades et à la
qualité du système de santé a reconnu le
soulagement de la douleur comme un droit
fondamental de toute personne.
Le dernier plan de lutte contre la douleur 2006-2010
veut renforcer la lutte contre la douleur.
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Articles R4311-2 et 5 habilitent l’infirmier
(ère) à participer à la prévention, à
l’évaluation et au soulagement de la douleur.
Articles R4311- 7 et 8 habilitent l’infirmier
(ère) à entreprendre et à adapter les
traitements antalgiques.
Article R4311- 12 Prise en charge de la
douleur post opératoire
PRENDRE EN CHARGE UNE
DOULEUR
TRAVAILLER EN ÉQUIPE
REPÉRER - ÉVALUER - TRAITER
// AUX TRAITEMENTS DE LA CAUSE
ECOUTE DE LA PLAINTE
ATTITUDE COMPREHENSIVE, EMPATHIQUE,
ASSURANCE DE LA PRISE EN COMPTE DE
L’ENSEMBLE DES SYMPTÔMES.
- Sentiment de confiance, que l’on croit à ses
douleurs, d’être enfin entendu…
- Adhésion à la démarche thérapeutique
OBJECTIFS DE L’EVALUATION
Préciser la plainte (entretien semi - structuré) :
- Cause
- Caractéristiques de la douleur
 Localisation
 Type, Mécanisme
 Profil évolutif, durée
 Facteurs aggravant et améliorant
- Facteurs associés
- Facteurs modulateurs
- Retentissement(s) [impact sur qualité de vie]
- Intensité.
MESURE DE L’ INTENSITÉ
-IL EST DIFFICILE DE MESURER, DE FAÇON OBJECTIVE, L’INTENSITÉ
D’UNE DOULEUR.
SEUL LE SUJET QUI A MAL PEUT DIRE...
COMBIEN IL A MAL.
La communication verbale et raisonnée peut se perdre, la communication
par d’autres canaux, d’autres modalités non verbales, reste possible.

On parlera plutôt de personnes
NON VERBALISANTES, NON COMPRENANTES
ou NON PARTICIPANTES
LE MALADE EST LE SEUL À
CONNAÎTRE SA DOULEUR ET
SA DOULEUR EST CE QU’IL EN DIT
CE Q’ON EN PENSE ?
POUR LA PRENDRE EN CHARGE, LE
SOIGNANT NE DOIT FAIRE APPEL QU’À
SA COMPÉTENCE PROFESSIONNELLE
ECHELLES GLOBALE D’EVALUATION DE LA
DOULEUR
MALADE EXPERT
AUTOEVALUATION / HETEROEVALUATION
Identifier les malades douloureux
 Améliorer la relation soignant-soigné
: en montrant que l'on croit à la
plainte
 Faciliter les prises de décisions
 Critères communs pour une équipe
 Faciliter les transmissions
 Trace dans dossier

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Définition
C’est une échelle d’auto-évaluation. Elle est
sensible, reproductible, fiable et validée aussi
bien dans les situations de douleur aiguë que
de douleur chronique, que celles-ci soient en
rapport ou non avec un cancer. Elle doit être
utilisée en priorité, lorsque c’est possible.
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Limites de l’EVA
L’utilisation de l’EVA n’est possible que chez
les patients communicants, et ayant des
capacités d’abstraction. Dans la population
générale, 15% des individus ne peuvent pas
déterminer l’intensité de leur douleur à l’aide
de l’EVA.
L’EVA ne donne aucune information sur la
cause ou le mécanisme de la douleur.
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Conseils d’utilisation
Il faut expliquer préalablement au
patient l’utilisation de l’échelle, et vérifier la
compréhension de l’outil (quantification de la
douleur, déplacement du curseur dans le bon
sens,…)
Si le patient présente plusieurs sites
douloureux ou des accès de douleur, chacun
doit être évalué séparément. Il est possible de
le faire rétrospectivement.
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Utilisation d’échelles
comportementales.
Indispensable chez le patient « non
communicant ».
Repose
sur
l’observation
et
l’appréciation du comportement par :
 les médecins
 les soignants
 la famille
Nécessite un travail d’équipe.

ECHELLE DOLOPLUS
• Validée depuis Janvier 99.
• Créée et retravaillée par un collectif de 15
gériatres francophones formés aux soins
palliatifs.
• Nécessite un apprentissage.
• Coter en équipe pluridisciplinaire.
• Un score > 5 sur 30, signe une DOULEUR.
• Si ITEM inadapté => coter 0.
NOM :
PRENOM :
SERVICE :
RETENTISSEMENT SOMATIQUE
1. Plaintes
somatiques
2. Positions
antalgiques au
repos
3. Protection de
zones
douloureuses
4. Mimique
5. Sommeil
Pas de plainte .........................................................................
Plaintes uniquement à la sollicitation.........................................
Plaintes spontanées occasionnelles ...........................................
Plaintes spontanées continues ..................................................
Pas de position antalgique .......................................................
Le sujet évite certaines positions de façon occasionnelle.............
Position antalgique permanente et efficace................................
Position antalgique permanente inefficace .................................
Pas de protection ....................................................................
Protection à la sollicitation n’empêchant pas la poursuite de
l’examen ou des soins .............................................................
Protection à la sollicitation empêchant tout examen ou soins.......
Protection au repos, en l’absence de toute sollicitation ...............
Mimique habituelle ..................................................................
Mimique semblant exprimer la douleur à la sollicitation...............
Mimique semblant exprimer la douleur en l’absence de toute
sollicitation .............................................................................
Mimique inexpressive en permanence et de manière
inhabituelle (atone, figée, regard vide)......................................
Sommeil habituel ....................................................................
Difficultés d’endormissement....................................................
Réveils fréquents (agitation motrice).........................................
Insomnie avec retentissement sur les phases d’éveil ..................
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RETENTISSEMENT PSYCHOMOTEUR
6. Toilette et/ou
habillage
7. Mouvements
Possibilités habituelles inchangées ....................................
Possibilités habituelles peu diminuées (précautionneux
mais complet) .................................................................
Possibilités habituelles très diminuées, toilette et/ou
habillage étant difficiles et partiels ....................................
Toilette et/ou habillage impossibles, le malade exprimant
son opposition à toute tentative .......................................
Possibilités habituelles inchangées ....................................
Possibilités habituelles actives limitées (le malade évite
certains mouvements, diminue son périmètre de
marche,…) ......................................................................
Possibilités habituelles actives et passives limitées (même
aidé, le malade diminue ses mouvements) ........................
Mouvement impossible, toute mobilisation entraînant une
opposition .......................................................................
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RETENTISSEMENT PSYCHOSOCIAL
8. Communication Inchangée.......................................................................
Intensifiée (la personne attire l’attention de manière
inhabituelle) ....................................................................
Diminuée (la personne s’isole)..........................................
Absence ou refus de toute communication ........................
9. Vie Sociale
Participation habituelle aux différentes activités (repas,
animations, ateliers thérapeutiques,…) .............................
Participation aux différentes activités uniquement à la
sollicitation......................................................................
Refus partiel de participation aux différentes activités ........
Refus de toute vie sociale ................................................
10. Troubles du
Comportement habituel ...................................................
comportement
Troubles du comportement à la sollicitation et itératif ........
Troubles du comportement à la sollicitation et permanent..
Troubles du comportement permanent (en dehors de
toute sollicitation)............................................................
SCORE

L‘organisation Mondiale de la Santé (OMS) a
proposé une stratégie à trois niveaux pour
l'utilisation des antalgiques Cette stratégie
est basée sur l'intensité de la douleur et est
surtout utilisée dans le contexte de la douleur
liée au cancer. Elle peut être résumée
comme-suit :
ANTALGIQUES CENTRAUX
ANTALGIQUES
PERIPHERIQUES
non opioïdes
1
•Paracetamol
•Aspirine
•AINS
2
IIa Opioïdes
faibles
• Codeine
• Dextropropoxyphène
•IIb Opioïdes
moyens
• Tramadol
3
Opioïdes forts
• Morphine
•Fentanyl
Permettent une meilleure antalgie par leurs
effets propre ou en synergie avec des
antalgiques usuels
 ANTI-DEPRESSEURS
 ANXIOLYTIQUES
 CORTICOIDES
 MYORELAXANTS
 ANTI-SPASMODIQUES

KINESITHERAPIE / MASSAGE

RELAXATION (Sophrologie)

SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE

RADIOTHERAPIE (métastase osseuse)
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Ouvrages
ABRIC, Jean Claude - Pratiques sociales et représentations - Editions Presses
universitaires de France, Collection psychologie sociale, Avenue Reille Paris, 1ère
édition 1994. 252 Pages.
BASZANGER, Isabelle - Douleur et médecine la fin d’un oubli - Editions du
seuil, collection la couleur des idées, 27 rue Jacob Paris VI, 1995. 447 Pages.
JAUME, Jacques - L’algologie - Editions Dervy, 204 Bd Raspail 75014 Paris,
2003. 328 Pages.
JODELET, Denise - Les représentations sociales - Editions Presses
universitaires de France, Collection sociologie d’aujourd’hui, Avenue Reille Paris,
1ère édition 1989 7ème édition avril 2003. 447 Pages
METZGER, Christiane. MULLER, André. SCHWETTA, Martine. WALTER,
Christiane - Soins infirmiers et douleur- Editions Masson, collection Savoir et
pratique infirmière,21 Rue Camille Desmoulins 92789 Issy-les-Moulineaux Cedex
9,2004.292 Pages.
PASCAL, Annie. FRECON-VALENTIN, Eliane - Diagnostics Infirmiers,
Interventions et résultats - Edition Masson, Collection Démarche soignante,
Masson S.A.S 120 Boulevard Saint Germain 75280 Paris Cedex 06, 3ème édition
2003. 605 Pages.
REY, Roselyne - Histoire de la douleur - Editions La Découverte, Collection
poche sciences humaines et sociales, 9 bis Rue Abel Hovelacque 75013 Paris,
1993. 393 Pages.
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