Prise en charge de l’asthme aigu grave Prise en charge de l’asthme aigu grave TERMINOLOGIE ASTHME AIGU ASTHME CHRONIQUE Crise d’asthme oppression thoracique transitoire Attaque d’asthme : exacerbation État de mal asthmatique Crise soudaine et grave Asthme aigu grave (near fatal asthma) Sifflements expiratoires Toux Circonstances déclenchantes Nuit, Effort, infections, allergènes, irritants... Pronostic à court terme de l’asthme aigu grave • 132 épisodes d’AAG • 36% d’intubation • Décès = 11/132 (8,3%) (21% si intubation) Age Hommes Femmes pH PaCO2 Score APACHE II Non décédés 41,5+ 14,9 24 97 7,27 + 0,12 47,8 + 19,1 15,2 + 6,8 Décédés 46,5 + 15,8 0 11(10,2) 7,09 + 0,12 63,8 + 21,3 25,8 + 8,9 p 0,2964 <0,0001 0,0101 <0,0001 Afessa B et coll. Chest 2001;120:1616-1621 Prise en charge de l’asthme aigu grave • Évaluation de la sévérité • Traitement initial – Principes (bronchodilatateurs + corticoïdes) – Ré-évaluation – Orientation du patient et poursuite du traitement • Gestion de la post - crise: traitement de relais,prévention des récidives, éducation CRITERES DE GRAVITE : de la clinique à la physiopathologie TABLEAU CLINIQUE Inspection , examen, données complémentaires (DEP, gazo) Obstruction bronchique sévère • Conséquences respiratoires Aspect général du patient • Conséquences hémodynamiques Examen clinique ASTHME AIGU GRAVE CRITERES DE GRAVITE • Aspect général du patient – Difficulté à parler ou tousser – utilisation des muscles respiratoires accessoires (SCM) – Fréquence respiratoire > 30/mn – orthopnée et sueurs – cyanose (tardive) ASTME AIGU GRAVE CRITERES DE GRAVITE • Examen clinique – Signes respiratoires » Sibilances ? (valeur des sibilances aux 2 temps) • Schim CS et coll. Arch Intern Med 1983; 143:890-92 » Silence auscultatoire – Signes hémodynamiques » Fréquence cardiaque > 120/mn » Pouls paradoxal > 20 mm Hg (affaiblissement du pouls pendant l’inspiration) » collapsus ou choc » signes d’IVD ASTHME AIGU GRAVE CRITERES DE GRAVITE • Évaluation de la fonction respiratoire – Mesure du DEP (F 400-500l/mn, H 500-700l/mn) » Inférieur à 150 l/mn voire infaisable (<50% de la théorique) » Possibilité d’aggravation du bronchospasme Lemarchand P. et coll. Chest 1991;100:1168-69 » Utilité ++ en surveillance immédiate (amélioration absente ou de courte durée < 2heures) – Gaz du sang » Hypoxie » Hypoxie et hypercapnie ASTHME AIGU GRAVE CRITERES DE GRAVITE • Corrélation clinique - obstruction bronchique 225 250 200 DEP moyen 134 150 73 100 50 0 D’aprés Brenner et coll Am J Med 1983;74:1005-10 Pas d'orthopnée orthopnée orthopnée + sueurs Traitement de l'Asthme Aigu Grave • MOYENS DU TRAITEMENT : • B 2 mimétiques • corticoïdes • autres traitements :O2, anticholinergiques, théophylline... • MODALITES DE PRISE EN CHARGE : • critères d'hospitalisation • réanimation • Prévention des récidives ß 2 mimétiques Clef de voûte du traitement : • rapidité d'action • effets secondaires mineurs (hypokaliémie, tachycardie...) • rare contre-indications (TDR cardiaque) • absence de tachyphylaxie ( Salmeron - J.E.U.R. 1988; 1 : 47-53 ) • Controverse consommation ß2 mimétiques et mortalité par AAG ? (Suissa - A.J.R.C.C.M. 1994; 149 : 604-610) ß 2 mimétiques (suite) •supériorité de la voie inhalée, d'efficacité comparable à la voie parentérale mais avec une meilleure tolérance ( Salmeron - A.J.R.C.C.M. 1994; 149 : 1466-1470 ) •moindre coût des aérosols-doseurs + chambre et efficacité comparable aux aérosols ? ( Idris - CHEST 1993; 103 : 13 : 21-26 ) CAT pratique b2 inhalés à forte dose en attendant le SAMU – 2 bouffées dans la chambre à répéter 3 à 4 fois à 5 min d’intervalle – solumédrol° 60-120 mg IV ou IM – si b2 impossible, 0,5 mg Adrénaline s/c en SMUR ou SAMU – – – – nébulisation de Ventoline ou Bricanyl (1 dosette) + Atrovent (si signe de gravité d’emblée) 02 : 6 à 8 litres/min si échec (évaluation à 15 min , DEP + 50 l/min) » salbutamol IV 1 mg/heure SE » adrénaline IV 1 mg/heure SE Traitement de l’asthme aigu grave Intérêt de l’utilisation d’une chambre d’inhalation pour l’administration de salbutamol au cours des crises d’asthme sévères 350 300 250 200 AVANT APRÈS TRT 150 100 D’aprés Newman KB ET coll. Chest 2002;121:1036-1041 50 0 GROUPE NEB (n=768) GROUPE CHAMBRE (n=1277) Corticoïdes •diminution de l'hypersécrétion bronchique et potentialisation de l'activité des ß2 mimétiques (Barnes - Thorax 1992; 47 : 582-583) • action retardée (4 à 6 heures) • Intérêt des corticoïdes dans l'A.A.G. : méta-analyse (30 études et 700 articles) (Rowe - Am. J. Emerg. Med. 1992; 10 : 301-310) •Effets secondaires non négligeables (hypokaliémie, myopathie surtout si curares en réanimation...) (Griffin - Chest 1992; 102 : 510-514) Corticoïdes (suite) • administration per os comparable à la voie parentérale. (Engel - Allergy 1990; 45 : 224-230) • efficacité comparable des faibles doses par rapport aux fortes doses. (Marquette - E.R.J. 1995; 8 : 22-27 Bowler S.D.et al. Thorax 1992;47:584 Morell F.et al. Thorax 1992;47:588-591) • pas de consensus sur la durée optimale de traitement (Corbridge - A. J. R. C. C. M. 1995;151 : 1296-1316) • absence d'échec thérapeutique en cas de traitement antérieur par corticoïdes inhalés à fortes doses (Brown - Respir. Med. 1992; 86 : 495-497) ASTHME AIGU GRAVE Evolution du DEP dans les 3 groupes Pas de différence significative entre les 3 groupes Bowler S.D., Mitchell C.A., Amstrong J.G. Thorax 1992;47:584-587 Anticholinergiques • 2 méta-analyses récentes: Rodrigo G et coll. Am J Med 1999;107:363-70. Stoodley RG et coll. Ann Emerg Med 1999;34:8-18 •effet bronchodilatateur inférieur à celui des ß2 mimétiques, mais effet de potentialisation • pas ou peu d'effets secondaires systémiques • faible dose inhalée (0,5 mg) d'efficacité comparable aux fortes doses (1 mg) • MAIS quelques cas de bronchoconstriction paradoxale (Rafferty - B.M.J. 1986; 293 : 1538-1539) => utile dans les premières heures si efficacité insuffisante des ß2 mimétiques. Théophylline •effet bronchodilatateur moindre que celui des ß2 mimétiques et absence d'action synergique (Littenberg - JAMA 1988; 259 : 1678-1684) • potentialisation des effets secondaires avec les ß2 mimétiques, surtout si association avec quinolones, macrolides, anti H2... (Rodrigo - Chest 1994; 106 :1071-1076) •Pas d’intérêt chez l’adulte, peu ou pas d’intérêt chez l’enfant •Parameswaran K et coll. Cochrane database Syst Rev 2001;3:CD002741 •Mitra A et coll. Cochrane database Syst Rev 2001;4:CD001276 •aucun intérêt dans l’urgence Antibiotiques Absence de gain thérapeutique lors d'A.A.G. chez des adultes hospitalisés (Graham V et coll. Cochrane database Syst Rev 2001;3:CD002741) • • Indication d'une antibiothérapie probabiliste en fonction du contexte si pneumopathie ou sinusite radio-clinique (Busse - J.A.C.I. 1990; 85 : 671) • Pas d'intérêt de l'éviction systématique des pénicillines, en dehors de l'allergie documentée. Oxygène • Le degré d'hypoxie n'est pas corrélé au degré de bronchoconstriction. (Ferrer - A. R.R.D. 1993; 147 : 579-584) • Risque de majoration de l’hypercapnie faible même à fortes doses. (BTS guidelines Thorax 1997;53(suppl1):S1-21) • Compense la baisse transitoire de la Pa O2 après mise en route du traitement ß2 mimétique. (Ballester - Thorax 1989; 44 : 258-267) Critères d'hospitalisation • Indication d'hospitalisation : •antécédent d'asthme grave • signes cliniques de gravité extrême (arrêt respiratoire imminent) : cyanose , signes neurologiques (agitation, somnolence), respiration abdominale paradoxale, pauses respiratoires, bradycardie • signes EFR : DEP < 50% de la théorique, SaO2 < 85%, hypercapnie • absence d'amélioration sous traitement adapté • Rapidité de prise en charge • Transport médicalisé = augmentation de la survie PRISE EN CHARGE ET PREVENTION • A court terme : • traitement corticoïde per os pendant 10 jours • sortie si DEP > 70% • Relais par CI avant la sortie • A long terme : • mesures et programmes d'éducation • plan de crise ASTHME AIGU GRAVE: PREVENTION • Facteurs de risque d’asthme aigu grave (EMA) – Antécédent(s) d’hospitalisation(s) dans l’année précédente – Antécédent d’intubation ou de séjour en réanimation – Maladie psychiatrique – corticothérapie au long cours ou corticophobie – Non compliance – conditions socio-économique défavorisées (accès aux soins – Adolescence GINA NH Publication N°95-3659 ASTHME AIGU GRAVE: PREVENTION Near fatal asthma Etat de mal asthmatique LES DEUX GRANDES PRESENTATIONS CLINIQUES Asthme suraigu, crise soudaine et grave 1 à 3 heures Near fatal asthma Strunck R.C. et al.ARRD 1993; 148: 550-552 ASTHME AIGU GRAVE: PREVENTION ASTHME SURAIGU • 15 à 40% des décès par asthme aigu (mais seulement 10 à 15% des AAG) • Profil : sujet jeune, asthme allergique, antécédents de décompensation brutale Sur S et coll. Mayo Clin Proc 1994; 69:495-96 • Facteurs de risque – Inhalation massive d’allergènes – Stress psychologique – surinfection = 0 Wasserfallen et coll. ARRD 1990; 142: 108-11 • Gravité clinique extrême mais réponse plus rapide au traitement Molfino NA et coll. NEJM 1991; 324: 285-288 Prise en charge de l ’asthme aigu grave • Une démarche bien codifiée MAIS Que faisons nous en pratique ? • Enquête ASUR • Multicentrique (37 services d’urgence en France) • Caractéristiques et prise en charge de 3772 asthmes aigus sur un an • Répartition des malades: 1834 (49%) AAG, 963 (26%)crise d’asthme sans critère de gravité et 975 (26%) AAG avec signes d’alarme (Life-threatening asthma) Salmeron S et coll. Lancet 2001;358:629-635 Prise en charge de l’asthme aigu grave Enquête ASUR (suite) 99% des malades ont reçu des béta2 mimétiques Atropiniques Corticoïdes Crise d’asthme 45% 49% AAG 50% 61% AAG + Signes d’alarme 51% 68% Salmeron S et coll. Lancet 2001;358:629-635 Prise en charge de l’asthme aigu grave Pour conclure • Reconnaissance précoce des crises graves Évaluation - traitement (Bêta 2 nébulisés + corticoïdes) - réévaluation - orientation • Prévention à court terme: sortie d’hospitalisation après optimisation de la fonction et sous traitement de fond • Prévention à long terme : – Identification des patients à risque – information - éducation, plan de crise personnalisé..... MESSAGES... • ne pas sous-évaluer la sévérité de la crise • reconnaître les facteurs de gravité – cliniques immédiats – dans l’histoire de l’asthme • médicaliser le transport Les 3 zones de l’asthme aigu 80 % < PEF < 100% 60 % < PEF < 80% PEF < 60% Facteurs de risque d’asthme aigu grave (EMA) – Antécédent(s) d’hospitalisation(s) dans l’année précédente – Antécédent d’intubation ou de séjour en réanimation – Maladie psychiatrique – corticothérapie au long cours ou corticophobie – Non compliance – conditions socio-économique défavorisées (accès aux soins – Adolescence GINA NH Publication N°95-3659