Classer les êtres vivants

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Classer les êtres vivants
12/2004
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La classification au collège
 Nouveaux programmes . BO Hors série n°5 du 9
septembre 2004
 Partie diversité, parentés et unité des êtres vivants
 Deux des compétences demandées :
- Déterminer un être vivant à partir d’une clé
dichotomique
- Replacer un être vivant dans la classification actuelle
Ce diaporama a pour but
d’amorcer une réflexion sur le
sens des classifications du vivant
Classer, c’est :
 choisir des objets,
 les trier, ou les regrouper par catégories,
 trouver des relations entre les catégories.
Le désir de classer le monde vivant
naît de l’observation de sa
grande diversité
Que classe-t-on ?
 Des espèces
 Mais qu’est ce qu’une espèce ?
Exemple 1
 Même espèce ?
Exemple 2
 Même espèce ?
Exemple 3
 Même espèce ?
Le critère d’appartenance à la même
espèce
 Ne peut être fondé sur la ressemblance,
 On utilise le critère de descendance :
sont de la même espèce, les individus
interféconds pouvant donner une
descendance fertile
Ce critère fut long à mettre en place
 Jusqu’au XVIIème siècle, la croyance en des
métamorphoses d’une espèce en une autre, perdurait
L’arbre à Anatifes fabriquant
des canards
Aldrovandi, botaniste à
l’Université de Bologne 1618
Chaque espèce est nommée par 2
termes
 Le nom du genre , suivi du nom d’espèce
 Exemple : Canis familiaris pour le chien
 Cette double dénomination a été fondée par
Linné (XVIIème siècle)
Toute entreprise de classement
nécessite au préalable
 une collecte des
échantillons sur
le terrain
Et, en vue de leur étude
 leur conservation
(herbier, collections,
musées)
Pourquoi classer les êtres
vivants?
• par intérêt utilitaire
Reconnaître des plantes médicinales,
comestibles, dangereuses, etc..
Classer pour reconnaître
Une méthode :
la clé de détermination
Principe de construction
d’une clé
 Il procède du tri :
 on choisit un critère de reconnaissance,
 on sélectionne les êtres vivants qui le
possèdent, on élimine les autres,
 par l’utilisation de critères successifs, on
discrimine l’être vivant que l’on peut nommer
Exemple : l’Orme champêtre
Application : reconnaître l’Orme parmi 4
arbres
oui
oui
oui
non
Critère 1 : feuille dentée
Critère 2 : feuille lancéolée
oui
non
oui
Critère 3 : base du limbe asymétrique
oui
non
3 critères suffisent pour identifier l’Orme
Dans une clé :
 La détermination s’effectue par une série finie
d’alternatives
 Pour chaque être vivant, un seul chemin
possible
La clé avec les 4 arbres
la feuille de l'arbre
dentée
pas dentée
Chêne
lancéolée
pas lancéolée
Alisier
limbe asymétrique à la base
limbe symétrique
Orme
Charme
Ce principe est utilisé sur une collection
beaucoup plus grande d’êtres vivants
il est adopté par les
flores
Le tri préside aux premières
classifications
 Téophraste (3 siècles avant JC) bâtit une
classification des plantes sur ce principe, afin
de reconnaître les plantes médicinales
Pourquoi classer les êtres
vivants?
• par intérêt utilitaire
Reconnaître des plantes médicinales,
comestibles, dangereuses, etc..
• par intérêt scientifique
Faire un inventaire du monde vivant
Le recensement actuel de la
biodiversité
 On dénombrait en 2000, 1 747 851 espèces
 Ce recensement est inachevé.
 La diversité actuelle est le résultat d’une longue
histoire commencée il y 3800 millions d’années
Une biodiversité variable selon les
groupes
Document extrait et
modifié de la revue
« Pour la science »
Les insectes et les
plantes, groupes
les plus explorés,
regroupent le plus
grand nombre
d’espèces
Pourquoi classer les êtres
vivants?
• par intérêt utilitaire
Reconnaître des plantes médicinales,
comestibles, dangereuses, etc..
• par intérêt scientifique
Faire un inventaire du monde vivant
Comprendre sa diversité actuelle
Classer pour comprendre
 La classification révèle une conception
du monde vivant
Brève histoire des idées
De l’antiquité au XVIIIème
siècle
La classification reflète l’idée d’une
biodiversité structurée
Aristote et « l’échelle de la nature »
 Tous les êtres vivants ont une âme
 Ils sont classés selon une complexité croissante
Homme
Animaux
Plantes
Idée d’un monde vivant hiérarchisé …qui persistera
bien au-delà de l’antiquité
Linné et la recherche d’un « ordre
naturel » …….divin
 Les espèces, définies comme unités de classification
sont immuables
Fixisme
 Le vivant présente une harmonie naturelle
d’inspiration divine
Créationnisme
Son système de classification est censé
traduire l’ordre du créateur
Selon une logique descendante, Il subdivise le vivant
en unités systématiques de plus en plus petites
Tout le vivant
Règne
Embranchement
Classe
Ordre
Famille
Division du
vivant
Genre
Espèce
Il utilise surtout le principe du tri
 En classant les plantes selon les seuls caractères
sexuels
Naissance du principe
d’emboîtement
 Bernard de Jussieu, Cuvier définissent
l’appartenance à chaque niveau hiérarchique de la
classification, par la possession d’un caractère précis
 Exemple, la classe des mammifères par les
mamelles, l’embranchement des vertébrés par la
vertèbre
 Ce principe de hiérarchisation des caractères
permet d’opérer des emboîtements
Le principe d’emboîtement est à la base
du classement actuel des êtres vivants
Premier niveau d’emboîtement, le
genre
Dans un 2ème emboîtement, le genre dans
une famille… et ainsi de suite
Exemple : Homo sapiens
Les « boites » contenant l’homme et les
emboîtements successifs
La vision du vivant évolue
à partir du XVIIIème siècle
Geoffroy St Hilaire : certains êtres vivants présentent
un plan d ’organisation commun
Idée de parenté
Cuvier : les roches peuvent contenir des restes
d’animaux disparus
Les espèces ne sont pas immuables
Lamarck et la rupture avec le fixisme
Les espèces se transforment sous la contrainte du
milieu.
 Idée d’évolution…
selon un processus contesté, la
transmission des caractères acquis !
La dimension historique
fait son entrée dans la
classification
Darwin précurseur de la
classification actuelle
Il constate :
- qu’il existe une variation au sein des espèces
- qu’il naît plus d’individus que la planète peut en nourrir
 La nature opère un tri (sélection naturelle)
 Les plus « adaptés » se reproduisent et la
reproduction crée de nouvelles variations
 Le triple processus, variation, sélection, reproduction,
est responsable d’une transformation des espèces
D’où l’idée maîtresse de Darwin
 Relier l’idée de parenté et d’évolution pour aboutir à
celle d’une filiation entre les êtres vivants.
 Les ressemblances entre espèces traduisent
l’héritage d’un ancêtre commun, les différences
traduisent les modifications évolutives au cours du
temps
 C’est le concept de descendance avec modification
énoncé par Darwin
Et après Darwin ?
 Les faits en faveur de l’évolution
s’accumulent
 La découverte des gènes, de leur variabilité,
de leur mode de transmission, apporte des
éclairages nouveaux sur les processus
responsables de l’évolution
 La datation des fossiles donne un cadre
chronologique à l’histoire évolutive
La conception moderne de la
classification
Elle traduit des filiations et l’évolution des
êtres vivants
On parle de classification phylogénétique
Comment bâtir une classification qui
reflète
les liens de parenté ?
 Pour regrouper, on utilise les caractères
partagés qui traduisent une parenté
 Toute la difficulté est de choisir les caractères
pertinents
Classons les 5 animaux suivants
Images issues du
logiciel
« phylogène »
Pigeon, thon, criquet,
chauve souris, chat
Comment les regrouper ?
 Une idée, utiliser les organes locomoteurs
Animaux à ailes
(ou pattes +
ailes)
Pigeon
Chauve souris
Criquet
Animaux à
nageoires
Animaux à
pattes
Thon
Chat
Judicieux ?
 Examinons les organes locomoteurs
Structure des organes locomoteurs
Pig.
Images
phylogène
chat
Ch S
thon
intrus
cr
Même
structure
Regrouper, oui si…
 les caractères traduisent une parenté. On dit
que ce sont des caractères homologues
 Non, s’ils traduisent des ressemblances sans
rapport de parenté ou analogies (comme
l’aile, la forme du corps)
Les emboîtements successifs
Membre osseux
Nageoire
Ailes
Chat
osseuse
membraneuses
Thon
Criquet
Chauve-souris
pigeon
1er emboîtement utilisant la parenté des appareils
locomoteurs
Les emboîtements successifs
Squelette interne osseux
Squelette
externe
Membre osseux
Nageoire
Ailes
Chat
osseuse
membraneuses
Thon
Criquet
Chauve-souris
pigeon
2eme emboîtement d’ordre supérieur utilisant le
caractère du squelette
Les emboîtements successifs
Squelette interne osseux
Squelette
externe
Membre osseux
Nageoire
Ailes
Chat
osseuse
membraneuses
Thon
Criquet
poils
Chauve-souris
pigeon
3eme emboîtement d’ordre inférieur utilisant les
productions de la peau
Une logique de classification
ascendante
 Contrairement aux premiers classificateurs, on opère
des regroupements de plus en plus grands
Tout le vivant
Emboîtements
Divisions du vivant
Unité croissante
successifs
diversité
Les activités de classement avec les
élèves
 Le « jeu » consiste à placer les animaux qui
partagent les mêmes caractères dans les
mêmes boîtes, puis de faire des
emboîtements
 On regroupe selon des critères positifs. Le tri
est désormais banni
 La méthode de classement devient identique
à celle des scientifiques
On peut matérialiser les liens de
filiation entre les groupes
 En « connectant » les groupes par des liens
de filiation avec leurs ancêtres
 On fabrique ainsi un arbre de filiation
De la classification à l’arbre de filiation
Chauve-souris
Chat
Pigeon
Thon
Criquet
Ancêtre mammifère
 A l’extrémité des branches, les « descendants » d’un
même ancêtre hypothétique situé au noeud
De la classification à l’arbre de filiation
Chauve-souris
Chat
Pigeon
Ancêtre mammifère
Ancêtre avec membre osseux
Thon
Criquet
De la classification à l’arbre de filiation
Chauve-souris
Chat
Pigeon
Ancêtre mammifère
Ancêtre avec membre osseux
Ancêtre vertébré
Thon
Criquet
De la classification à l’arbre de filiation
Chauve-souris
Chat
Pigeon
Ancêtre mammifère
Ancêtre avec membre osseux
Ancêtre vertébré
Ancêtre animal plus lointain
Thon
Criquet
La classification actuelle nécessite
des remises en cause
 Son but étant de regrouper tous les
descendants d’un même ancêtre,
 certains regroupements « traditionnels » n’ont
plus de sens
La classification actuelle des
vertébrés
Images tirées de « la classification
phylogénétique du vivant » de Lecointre
/ Le Guyader
Tous issus d’un
même ancêtre
Le groupe des poissons
n’a aucun sens sauf …..
…si on y inclut l’intégralité des vertébrés, l ’ancêtre
de tous les poissons étant aussi l’ancêtre de tous les
vertébrés
Si on conserve le groupe des reptiles…
…Il faut lui inclure les oiseaux !
Il faut reconsidérer des anciens
regroupements
 Les poissons , les reptiles n’ont aucune signification
d’un point de vue des parentés, donc d’un point de
vue évolutif
 C’est aussi le cas des invertébrés regroupés au seul
prétexte qu’ils n’ont pas de vertèbres,
 …mais qui comprennent une très grande variété de
groupes très éloignés les uns des autres
Quelques grands traits de
la classification actuelle
Les 3 grands domaines du vivant
Bactéries
Êtres vivants dont
la cellule n’a pas
de noyau
Eucaryotes
Ancêtre
commun
Archées
Êtres vivants dont
la cellule n’a pas
de noyau, mais
éloignés des
bactéries
1ère cellule
Êtres vivants dont
les cellules ont un
noyau
Quelques grands groupes
d’eucaryotes




Les végétaux,
les champignons,
les animaux,
les algues brunes
 et d’autres désormais éclatés, comme les
protozoaires
Les « invertébrés » regroupent des
êtres vivants très différents
 Les arthropodes, animaux à pattes articulées
et exosquelette, champions de la diversité
 Les mollusques, animaux à coquille
 Différents groupes de vers, avec ou sans
anneaux, plats ou ronds, des animaux à 5
axes de symétrie comme les échinodermes,
etc.…
L’homme se positionne selon les
mêmes méthodes dans la
classification
Une ancienne
vision : l’homme,
au sommet de
l’évolution
L’homme se positionne selon les
mêmes méthodes dans la
classification
Une des nouvelles conceptions : l’homme
partage un même ancêtre avec le chimpanzé
En conclusion,
La classification actuelle est une tentative de
reconstitution de l’arbre généalogique du
vivant
En conclusion,
Elle réunit 2 concepts d’apparence
contradictoire :
 la diversité du vivant
 l’unité du vivant,
 en traduisant la communauté de son origine,
ses liens de filiation, son évolution
En conclusion,
 Elle y inclue les fossiles
 Elle ne hiérarchise pas le vivant
 Elle fait débat et évolue au gré des
découvertes et des discussions
Toutefois, elle ne traduit pas toute la
biodiversité
 La biodiversité au sein d’une même espèce est
occultée dans les systèmes actuels de classification
 Pourtant cette variation est connue de tous, comme
le montre ce panier de tomates
L’outil de mesure pertinent de
la biodiversité reste encore à
inventer !
Quelques sources bibliographiques
 Comprendre et enseigner la classification . Lecointre.
Ed. Belin . 22 euros .
Indispensable pour se familiariser avec les nouveaux
concepts. Des pistes pédagogiques pour le primaire,
le collège et le lycée
 Classification phylogénétique du vivant de Lecointre/
Le Guyader. Belin. 36,40 euros.
Pour connaître la classification actuelle
Quelques sources bibliographiques
 Classification et évolution : Le Guyader. Editions Le





Pommier. 6 euros. Petit condensé vite lu
Numéro spécial de « Pour la science » . L’évolution.
Janvier 97. Beaucoup d’infos.
Les harmonies de la nature à l’épreuve de la biologie
. INRA. P. H. Gouyon. Remarquable
Histoire des Sciences de la vie. Nathan. Duris/
Gohau. Très clair
De la graine à la plante. Belin. Un article sur Linné
notamment
Histoire de la Biologie . Mayr. Ed Fayard. 45 euros
environ. L’un des fondateurs du concept actuel de
l’espèce. Ardu
Sur Internet
 Dossier du CNRS consacré à l’évolution
www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/accueil.html
Très complet, vivement conseillé
 Conférences en ligne de Pierre Henri Gouyon : 3
leçons de 1h 30 chacune à écouter
www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/archives/index.htm
Un régal d’intelligence !
…et 3 conférence de Le Guyader : « l’évolution des
espèces »
Très intéressant
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