Psychopathologie africaine

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Psychopathologie africaine
S. Mampunza M.M.
MD, PhD
Définition
• La psychopathologie se définit classiquement
comme l’étude des dysfonctionnements
psychologiques. Il s’agit d’une psychologie du
pathologique aussi bien que de l’étude de la
pathologie du psychologique.
• À ce titre son objet est double : décrire et
interpréter les dysfonctionnements
psychologiques chez les personnes « normales »
ou «malades ».
Eléments de définitions
L’étymologie de ce terme renvoie à un discours sur la
maladie psychique. Le discours c’est une parole mise en
forme, et l’on peut imaginer que cette parole prenne
différentes formes.
Elle a un triple objet :
1. Description : donner une représentation aux troubles, on va
aborder les signes cliniques des troubles ;
2. Etude : analyser les troubles ;
3. Explication : on peut situer l’explication à différents niveaux ;
à titre d’hypothèse sur la manière dont ces troubles
surviennent, ou même sur la dimension à laquelle se réfèrent
les troubles, c’est donc une explication liée à l’origine des
troubles. On est toujours dans une perspective de causalité
complexe mais continue.
La psychopathologie africaine
est donc supposée traiter des questions
de troubles psychiques observés,
compris et pris en charge par les
africains dans un contexte traditionnel
africain.
Ceci concerne aussi bien le point de vue des
tradithérapeutes que celui des professionnels
formés à l’occidental (médecin, psychologues,
anthropologues, etc.)
Définition
La psychopathologie est l’étude des causes et de
la nature des maladies mentales. Elle peut se
développer suivant de différentes
approches/perspectives ou modèles, comme
le biomédicale, le psychodynamique, le
sociobiologique et le comportementale, entre
autres
Ex: Impuissance sexuelle
Ex: Impuissance sexuelle
• Biomédicale
• Psychodynamique
• Sociobiologique
• comportementale
Psychologie clinique
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Une démarche issue de la pratique médicale (cf. étymologie, du grec, klinikos : «
se tenir au chevet du malade... »): démarche qui consiste à se tenir au lit du
malade, caractérisé par la rencontre, par l’observation.
--‐ Une discipline centrée sur « l’approche totale du sujet en situation » (D.
Lagache): la discipline de la psychologie clinique est considérée comme une
discipline à part.
Sa richesse est donnée par le fait de s’intéresser :
•au sujet singulier
•au sujet dans différents tranches / registres de fonctionnement, mais dans
l’ensemble, parce que les unes interfèrent sur les autres: sujet génétique, cognitif,
social, etc.
•au sujet en situation, tout en tenant compte du contexte dans lequel il vit, parce
qu’on ne peut pas considérer un sujet sans considérer le contexte dans lequel il
vit.
Psychologie clinique(2)
Sa richesse est donnée par le fait de s’intéresser :
1.Au sujet singulier
2.•Au sujet dans différents tranches / registres de
fonctionnement, mais dans l’ensemble, parce
que les unes interfèrent sur les autres: sujet
génétique, cognitif, social, etc.
3.•Au sujet en situation, tout en tenant compte du
contexte dans lequel il vit, parce qu’on ne peut
pas considérer un sujet sans considérer le
contexte dans lequel il vit.
Psychanalyse
Elle a une place à part, et peut être appréhendé à
partir de 3 dimensions principales :
1. Pratique
2. Théorie vivante : dans le sens qu’elle subit sans
cesse une élaboration, grâce aux nombreuses
recherches et aux nouveaux études.
3. Démarche : qu’on appelle herméneutique,
d’interprétation, de construction de sens, à la
fois au plan individuel, mais aussi au plan
groupale/social.
Psychopathologie, psychologie clinique,
psychanalyse
Ces 3 entités peuvent s’articuler l’une l’autre.
• •La psychopathologie: étude et compréhension
des troubles psychiques ;
• •La psychologie clinique: soutien d’une démarche
au plus près du sujet singulier ;
• •La psychanalyse: espace de pensée, fédérateur
de la complexité ; soutien de la position
subjective; indissociable de la perspective du soin
psychique.
Conception de la psychopathologie clinique
3 éléments qui la définissent:
• --‐ Expression de la souffrance psychique : si la
souffrance psychique appartient nécessairement à la
condition humain, elle ne trouva pas forcement des
signes qui se manifestes.
• --‐ Echec des aménagements psychiques : nous
passons toute notre vie a trouver des adaptations à
la vie, et la psychopathologie peut être considérée
comme un échec à cet effort.
• --‐ Rupture du sens : la psychopathologie est vue
comme une rupture à l’égard de l’inscription
culturelle et sociale.
Psychopathologie:4 fondements
principaux
Ces 4 fondements ont construit la psychopathologie
comme une discipline singulière.
1. Organogénèse
• Démarche qui a consisté à rechercher des traces,
marqueurs, des troubles psychopathologies, au
travers d’une altération des organes -> démarche
anatomopathologique, très en vogue au 19ème
siècle.
• Toutes les recherches en champ de génétique,
aujourd’hui, constituent une forme moderne de
l’organogenèse.
2. Philosophie
• Elle a largement contribué, depuis les grecs, à
la réflexion sur la folie.
• La phénoménologie a largement contribué à la
construction de la psychopathologie
3. Psychosociologie
• Une pensée de la place de l’individu dans le groupe,
dans l’Institution, dans la Culture, un sujet n’existe
jamais pour lui-même, il faut le considérer dans ses
liens, dans ses relations intersubjectives.
• Ce qui peut représenter aujourd’hui cette source
psychosociologique, c’est tout l’intérêt pour
l’inscription familiale des symptômes d’un sujet. Si l’on
considère que les troubles pathologiques dans un sujet
peuvent avoir une racine dans le milieu familial, on est
bien dans cette racine.
4. Psychanalyse
• Particulièrement avec Freud, qui représente un
tournant entre la démarche organogénèse et la
démarche de la psychogénèse, il faisait de
l’anatomopathologie (découpait les cerveau pour
découvrir quelles était les aires du cerveau qui
comportaient des lésions, et en saisir les causes
des troubles psychiques). C’est donc l’inscription
psychique des troubles pathologiques.
La Psychopathologie
• Aujourd’hui la psychopathologie est le
croisement de ces 4 sources, et elle va connaître
des inflexions selon les différents modèles
théoriques -> on peut être orienté plus vers
l’organogénèse, ou bien plus du coté
psychosociologique.
• On peut s’orienter d’un coté ou de l’autre selon
aussi les moyens de soigner un certain trouble
psychique, selon les différents dispositifs de soins
mises en places.
Modèles explicatifs actuels de la
maladie mentale
(Quels sont les modèles qui nous permettent de faire la
différenciation entre normal et pathologique ?)
1. Modèle médical
• Modèle dominant pour 2 raisons principales. Une
c’est que c’est le modèle médical qui présente le
trouble pathologique, et la deuxième c’est une
raison institutionnelle, liée à la place qui occupe
dans les institutions psychiatriques le modèle
médical.
• Il postule, d’une façon ou d’une autre, l’idée d’un
déficit, qui peut porter sur un organe, une fonction,
un gène, sur le métabolisme, etc. Donc au regard de
ce déficit, il s’agit d’appliquer une réponse qui ira
restaurer une forme d’intégrité dans le
fonctionnement somatique du sujet.
• Ex : Prescrire un médicament neuroleptique, à un
patient qui présente un trouble délirant
2. Modèle cognitif
• Modèle qui postule que la psychopathologie résulte d’un
disfonctionnement cognitif, qui ça peut être l’erreur de
jugement, la distorsion dans la compréhension, etc. Un
disfonctionnement qui entrave la bonne adaptation du
sujet à son environnement.
• La réponse à ce disfonctionnement cognitif, et au trouble
du comportement, c’est une réponse interne de
remédiation, ou de rééducation. Il faut transformer les
schémas cognitifs du sujet, pour lui redonner ses capacités
d’adaptations. Cette réponse se fait à travers des thérapies
cognitivo-comportamentale, qui agissent sur le
comportement, é travers la modification des modèles
cognitifs de la prise en compte de l’environnement
3. Modèle de l’anthropologie
• Ce modèle affirme que la maladie mentale
repose sur le fait d’une rupture des systèmes
symboliques, qui mettent à mal l’identité du
sujet.
• La réponse mise en œuvre dans ce cas, ce sont
les conditions d’une réintégration dans l’ordre
symbolique, et c’est ce que l’on trouve dans les
pratiques rituelles, qui accompagnent de
l’exclusion du système symbolique, à la
réintégration du système symbolique.
4. Modèle psychodynamique
(psychanalytique)
• Ce modèle considère la psychopathologie plutôt
comme la rupture d’un équilibre, et la
psychopathologie témoigne cette rupture, liée à des
causes essentiellement psychique, donc à l’irruption
de fantasmes ou d’autres modalités d’irruption, qui
viennent mettre en péril les aménagement du sujet.
• Dans le cadre de ce modèle, ce qui va être mis en
œuvre du point de vue des soins, ce sont des
dispositifs qui vont permettre au sujet de repasser
sur les traces de son histoire et sur les souffrances
de son histoire, pour tenter de reconstruire les
liaisons qui ont étés atteintes, au travers la rupture,
d’événements historiques qu’il a pu traverser. Ce
sont des dispositifs basés sur la parole, individuels.
Avec ces 4 modèles on a des
modes d’entrée dans la
psychopathologie différentes, et
qui permettent de mobiliser des
outils différents.
La Psychopathologie – Une démarche
complexe : Une Démarche centrée
sur l’observation et sur l’écoute
La psychopathologie repose sur une démarche
très complexe:
• hypothético-déductive, donc sur la
construction d’hypothèse à travers laquelle on
va construire une théorie, qui est centrée sur
l’observation et sur l’écoute, et qui permet le
diagnostic psychopathologique.
La démarche en psychopathologie peut se
décliner en 4 temps distincts:
1. Sémiologie :
• Consiste à repérer les signes, à savoir quels
signes contribuent à qualifier les troubles
pathologiques.
• Ces signes sont liés à l’économie
psychosomatique du sujet.
• Les signes sont repérés de façon isolée.
Ex : angoisse – trouble du sommeil –
comportements alimentaires
2. Nosologie
• C’est la construction du trouble, la description
des troubles, pour voir quelle cohérence
interne peut être présente dans le trouble.
Mais un trouble peut ne pas toujours être
cohérent.
3. Etiologie
• C’est la question de l’origine des troubles, c’est
interroger l’histoire des troubles (quand ils
sont apparus, dans quelles circonstances), et
puis c’est l’histoire du sujet (comment il
s’articule, comment il réagit, comment il
développe un certain trouble).
4. Nosographie
• C’est la classification, il s’agit référer ces
troubles à une classification originale de la
psychopathologie, ce qui nous permet de
situer les troubles, pour pouvoir développer la
reponse la plus adéquate.
Les principales approches en psychopathologie
1. Approche descriptive et comportementale (le D.S.M.)
Cette approche est la plus répandue dans le monde, celle qui nourrit
le D.S.M., qui constitue un répertoire des troubles pathologiques,
à partir de l’observation des comportements.
2. Approche structurale
• Démarche qui vise à construire la psychopathologie autour d’un
certain nombre de repères, pas seulement comportementaux,
mais qui s’appuient aussi sur le type de fonctionnement
psychique et sur le type de problématique.
• Elle permet de décrire le contexte à la fois de survenue des
troubles psychopathologiques, à la fois contextes cliniques, à la
fois contextes des liens avec l’environnement.
3. Approche processuelle
S’appuie sur l’étude des processus mobilisés dans les manifestassions
psychopathologiques. Refuse toute dimension classificatoire. Ce
sont les processus qui portent à la souffrance qui sont étudiés.
4. Approche anthropologique de la psychopathologie
Il s’agit du modèles interculturels de la
psychopathologie.
• Psychopathologie et « Magie » Possession et folie;
interdits et folie;
• La folie, était éminemment liée avec le divin et
l’irrationnel. Les croyances. Les symboles.
• Cette conception du lien entre possession et folie
est une conception qui existe encore dans certaines
cultures.
• La place des mythes comme organisateur du sens
Rôle des mythes: Des histoires qui contiennent les
histoires.
4. Approche anthropologique de la psychopathologie(2)
• Le mythe c’est l’objet d’étude privilégié de
l’anthropologie, parce qu’ils représentent des
histoires qui disent quelque chose de l’histoire
d’une culture et d’une communauté.
• Ce sont des histoires qui dépassent la simple
histoire de l’individu, mais qui contiennent
quelque chose spécifique à l’individu, qui le
décrit dans sa profondeur.
• Lien individu / culture
• Le mythe assure le lien entre individu et la culture (et une
représentation de ce lien), dans un double mouvement:
• --‐ D’un coté il intègre l’individu à la société
• --‐ De l’autre il est un mouvement différenciateur : il organise
la place de chacune de ces entités dans le groupe sociale.
• Les mythes : des récits figuratifs
• Les mythes représentent et mettent en scène de façon
figurative l’histoire du groupe, parce qu’il est doublement
ancré :
• --‐ à la fois l’expérience de la société ou de la culture
• --‐ d’autre part il représente aussi une partie qui fait appel à
l’imaginaire collectif de la
• société.
• Les mythes, récits des origines
• Son objectif c’est de représenter l’irreprésentable. Comme
par exemple la création du monde, de l’univers, de l’humanité
et de l’individu singulier.
• On ne peut pas se représenter, c’est impossible de se figurer
son propre origine : on est mis en difficulté par le fait que par
définition nous n’étions pas présents dans le lieu et le temps
de notre origine.
• Alors comment se représenter dans un lieu où l’on n’était pas
encore nait ? PARADOXE !
• Les mythes, contenants symboliques
• Une autre caractéristique du mythe c’est le fait qu’il constitue
un contenu symbolique :
• c’est un enveloppe qui propose du sens, de mettre de l’ordre
dans nos représentations, qui propose d’organiser la
représentation des relations entre les individus.
Les méthodes de la psychopathologie
Toute démarche s’appuie sur des méthodes, qui ont l’objectif de
s’appuyer sur une approche théorique
1.
2.
3.
4.
5.
Observation
Entretien clinique
Questionnaires et échelles
Epreuves projectives
Etude de cas
1. Observation
• Méthode qui englobe l’ensemble des méthodes. Elle est une
démarche qui sous-tend la rencontre clinique avec un sujet.
Elle est une posture qui va viser à recueillir un certain nombre
d’informations, qui ne sont pas nécessairement liées au
discours et à la verbalisation du sujet.
• Elle est plus large que l’entretien clinique. Elle porte sur des
différents aspects de l’individu.
Les méthodes de la psychopathologie(2)
2. Entretien clinique
• Méthode au fondement de l’approche
psychopathologique. Il s’agit de rencontrer le sujet,
dans une ouverture/accueil suffisant de sa souffrance
et de son expression.
• L’entretien ne peut pas être totalement standardisé,
comme il va accompagner le sujet sur ce qui constitue
ses pôles d’intérêt, ses inquiétudes, ses interrogations.
• Ce qui n’empêche pas d’avoir assez de dispositions,
d’avoir une forme de questionnaire clinique, d’avoir une
trame à partir de laquelle on va rencontrer le sujet.
Les méthodes de la psychopathologie(3)
3. Questionnaires et échelles
• Outils qui visent à mesurer certaines dimensions de la
personnalité, de compétences, etc. Par exemple on
peut avoir un questionnaire standardisé sur la
dépression, qui nous permettrait de déterminer un
score de dépression.
• Les échelles sont du même ordre que le questionnaire :
on a différents types d’échelles qui vont nous donner
des informations objectives sur les compétences du
sujet.
• Ces deux outils ont un souci d’objectivation de
compétences, alors que dans l’entretien la dimension
de l’engagement personnel (subjectivité) est beaucoup
plus importante.
Les méthodes de la psychopathologie(4)
4. Epreuves projectives
• C’est le nom générique que l’on donne à des
épreuves, qui s’appuient sur l’imagination. Elles
visent à mesurer une dimension à partir de la
sollicitation de l’imagination.
• Si ces épreuves sont aussi inscrites dans une
démarche d’objectivation, c’est parce qu’il existe
une méthodologie qui garantit la fiabilité et la
validité des observations.
Les méthodes de la psychopathologie(5)
5. Etude de cas
• Est une démarche qui vise à la présentation d’une
situation clinique, dans une perspective illustrative,
voir pédagogique, à mettre en évidence un type de
fonctionnement psychique ou configuration
psychopathologique, avec toujours un double
objectif :
• --‐ affiner la compréhension psychopathologique
• --‐ transmission et échange, en appuie sur l’énoncé
d’un cas
• Il fait partie aussi de la démarche clinique et
pratique en psychopathologie.
ETHNOPSYCHIATRIE
9.4. Etat de stress aigu (ESA) et état de stress post
traumatique (ESPT)
• Ces deux entités nosologiques ont vu le jour en rapport avec
le regain d’intérêt pour la psychiatrie des catastrophes et pour
la psychopathologie des victimes des traumatismes.
• Elles sont définies par leur apparition dans un contexte de
stress traumatique.
• Lesdits stress comprennent les expériences de guerre, de
catastrophes naturelles, d’attentats, de prises d’otages,
d’agressions physiques violentes, de viols, d’accidents de la
voie publique, …
• La victime de ces événements peut être le sujet lui-même ou
un autre personne; dans ce cas le sujet n’est que témoin.
Cependant, sa réaction à l’événement s’est traduite par une
peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur.
• Dans l’ESPT, les symptômes doivent durer plus d’un mois et
peuvent dans certains cas apparaître après un temps de
latence ou « temps d’incubation » variant de quelques jours à
quelques semaines voire quelques mois.
• Dans l’ESA, les troubles doivent apparaître dans les 4
semaines suivant l’événement et durer de 2 jours à 4
semaines.
• Les perturbations entraînent une souffrance cliniquement
significative ou une altération du fonctionnement social,
professionnel ou dans d’autres domaines importants.
A. Epidémiologie
• La prévalence de l’ESPT est estimée à 1 à 3% sur la vie entière,
dans la population générale. Mais la fréquence du trouble
peut atteindre jusqu’à 75% en fonction des études, du type et
du contexte du traumatisme (viol, guerre, …).
• Les facteurs de risque de l’ESPT sont :
– Le sexe féminin ;
– Les antécédents psychiatriques et particulièrement les
autres troubles anxieux et la dépression ;
– Les conduites addictives ;
– Le bas niveau socio-économique.
L’ethnopsychiatrie est:
1. Prise en compte de l’ethnie dans la considération des
maladies mentales
2. Abord des problèmes de santé mentale en considérant la
culture du malade
3. L’intégration de la pratique traditionnelle dans
l’accompagnement des malades mentaux
4. L’explication des maladies mentales par la culture
5. La compréhension des maladies mentales par la culture
6. Pratiquée par les anthropologues
7. A la fois théorie et pratique multidisciplinaire impliquant
psychiatres, guérisseurs, anthropologues, etc.
8. Une approche clinique qui a toujours existé
9. Ne concerne pas que la pratique africaine
10. Ignorée totalement par le DSM américain et la pratique
occidentale d’une manière générale.
B. Manifestations cliniques
Le tableau clinique comprend la triade suivante:
- le syndrome de répétition ou de reviviscence du traumatisme:
cauchemars, souvenirs répétitifs envahissants, impressions de revivre
l’événement (flash-back), associés à une réaction affective importante
du sujet (angoisse, palpitations, …);
- l’évitement persistant, par le sujet, des stimuli associés
au traumatisme, par exemple, les activités, les situations, les
personnes voire les pensées rappelant le traumatisme. Cet évitement
s’accompagne d’ un émoussement de la réactivité générale, d’un
désintérêt affectif et sexuel, d’un sentiment d’avenir « bouché » ;
- les manifestations d’une activation neurovégétative: troubles du
sommeil, irritabilité, difficultés de concentration, hyper vigilance,
réactions de sursaut c-à-d une hypersensibilté aux stimuli visuels,
cutanés et surtout auditifs.
• Dans l’ESA, entité relativement récente, des symptômes
dissociatifs s’ajoutent à la triade précitée: un
détachement ou une absence de réactivité émotionnelle,
une réduction de la conscience (impression d’être « dans le
brouillard »), la déréalisation, la dépersonnalisation, une
amnésie dissociative des faits se traduisant, par exemple,
par l’incapacité à se souvenir d’un aspect de l’événement
stressant.
Ethnologie
Étude de l'ensemble des caractères de chaque ethnie, afin
d'établir des lignes générales de structure et d'évolution des
sociétés. (L'ethnologie, née au XVIIIe s., s'est subdivisée en
anthropobiologie et en anthropologie culturelle, économique,
politique, sociale.)
Étude explicative et comparative de l'ensemble des caractères
de groupes humains, particulièrement des populations «
primitives », qui tente d'aboutir à la formulation de la
structure et de l'évolution des sociétés.
Les deux sciences, anthropologie et ethnologie, ne s'opposent
pas dans leur essence, elles font partie d'un même ensemble
: la connaissance de toutes les données de l'anthropologie,
sous une forme descriptive, était nécessaire à la solution des
problèmes généraux de l'ethnologie, c'est-à-dire de l'histoire
des peuples
Approche anthropologique de la psychopathologie
Il s’agit ici du modèle ethnopsychiatrique de la psychopathologie
(ou modèle interculturel de la psychopathologie)
Définition de l’ethnopsychiatrie :
1) Une discipline qui se donne pour objet l’analyse de tous les
systèmes thérapeutiques, sans exclusive ni hiérarchie, qu’ils
se revendiquent “savants” ou qu’ils se présentent comme
spécifiques à une communauté — ethnique, religieuse ou
sociale. L’ethnopsychiatrie se propose de les décrire, d’en
extraire la rationalité propre et surtout de mettre en valeur
leur caractère nécessaire. Cette discipline revendique une
scientificité spécifique du fait que, envisageant les systèmes
thérapeutiques comme la propriété d’un groupe, elle cherche
à démontrer ses hypothèses en inventant des méthodes
permettant aux représentants de ces groupes de se
prononcer sur leur validité.
Définition de l’ethnopsychiatrie (2) :
2) Une discipline qui se propose d’éprouver les
concepts de la psychiatrie, de la psychanalyse et de
la psychologie aux risques des théories des groupes
dont elle étudie les dispositifs thérapeutiques. Elle
ne prend donc pas parti dans la querelle opposant
les tenants d’une validité universelle des concepts
psychanalytiques, des entités nosographiques de la
psychiatrie, des concepts issus des recherches en
psychologie cognitive et les tenants d’un relativisme
culturel. Elle se contente d’inventer des méthodes
destinées à mettre ces théories à l’épreuve des
réalités culturelles et cliniques qu’elle observe.
Définition de l’ethnopsychiatrie (3) :
3) Une pratique clinique innovante qui tire les leçons des
hypothèses et des conclusions des points (1) et (2),
décidant d’intégrer dans son dispositif :
a) les solutions techniques qu’elle a su identifier dans son
investigation des systèmes thérapeutiques,
b) les innovations auxquelles elle est parvenue dans sa
discussion des concepts de la psychiatrie, de la
psychanalyse et de la psychologie,
c) des évaluations spécifiques se référant tant aux normes
habituelles de la rationalité scientifique qu’à celles des
groupes et des communautés dont sont issues les
personnes qu’elle prend en charge.
Cette pratique clinique est destinée à intervenir dans des
situations de désordre que l’on peut considérer
psychologiques, sociaux, culturels ou institutionnels.
Définition de l’ethnopsychiatrie (4) :
En tant que science interdisciplinaire,
l’ethnopsychiatrie est une pratique qui exige
l’intégration des concepts anthropologiques,
psychologiques et culturelles.
De fait, les réalités professionnelles ont souvent
conduit les ethnopsychiatres à cacher leur nature:
Ils entreprennent pour finir des carrières
d’anthropologues, de psychiatres ou de
psychologues, présentant leurs recherches en
ethnopsychiatrie comme résultant d’un intérêt
personnel.
L’ethnopsychiatrie
Les éléments de "l'identité culturelle" — par exemple sa
langue, ses coutumes, ses divinités, ses mythes, ses
croyances etc. influencent le fonctionnement
psychique normal et pathologique.
En réalité, l’ethnopsychiatrie n’est que prise en compte de
l’identité culturelle de surface(vécue au jour le jour) et
de profondeur (inscrite dans les individus et dans le
groupe culturel par le mécanisme de la mémoire
collective) dans la description, la compréhension et la
prise en charge des troubles mentaux.
BUT:
• Circonscrire le système de résolution des
conflits psychiques à la base des certaines
maladies mentales
• Identifier les acteurs majeurs pour la
résolution de ces conflits
• Les modes/procédés de résolution desdits
conflits
• Interdits potentiellement perturbateurs
• Etc.
Historique:
La première étude spécifiquement ethnopsychiatrique (1961),
sans doute aussi la première par son importance, a été celle
que Georges Devereux a consacré aux Indiens Mohave de
l'Arizona . Il y décrit les classifications "traditionnelles" qui
sont évidemment intraduisibles :
• "névrose du chasseur",
• "psychose du scalpeur"
• « psychose du tueur de sorcier",
• Les maladies découlant du "refus d'assumer ses pouvoir
chamaniques",
• Celles provenant de "l'impureté des étrangers"
• Celles données par la fréquentation des "fantômes
ennemis".
• Maladie spécifique aux hommes âgés ayant épousé une très
jeune fille,
A. Zempleni: l’École de Dakar
Faisait partie d'une équipe de psychiatres et d'ethnologues qui,
entre 1963 et 1973, ont entrepris de créer puis de développer le
service de psychiatrie de l'hôpital de Fann à Dakar9. Ayant
remarqué qu’une grande partie des soins dont bénéficiait la
population se déroulait auprès des guérisseurs — les borom
kham-khams (“maîtres du savoir”), les jabarkat , les bilejo ,
les ndöpkat.
Zempleni, à l'exemple de Devereux, entreprit de classer leurs
catégories, de restituer la cohérence de leur pensée,
fournissant à l'équipe clinique la possibilité de recourir à leurs
services. Plusieurs tentatives ont été menées dans ce sens
sous l'impulsion d'Henri Collomb
A. Zempleni en 1968
Les Wolofs et des Lébous du Sénégal. Il expliquait sa démarche de la
manière suivante :
« Le problème qu’en premier lieu nous nous posons est le suivant :
comment la culture wolof-lébou décrit et construit, utilise et
explique les unités psychopathologiques par le moyen de ses
propres signifiants ? …
Refus d’une part du système nosographique de la psychiatrie
occidentale.
Nous ne cherchons pas à identifier de manière immédiate les
troubles mentaux observés et décrits par nos informateurs… Bref
nous optons pour la conceptualisation wolof-lébou… Nous ne
cherchons pas à expliquer les troubles observés ou décrits en
termes psychiatriques, psycho-sociologiques, psychanalytiques ou
psychologiques courants, mais nous laissons la parole aux
interprétations wolof-lébou. Le système que celles-ci forment,
ses principes organisateurs et sa structure constituent l’objectif
final de notre recherche. »
Le DSM-IV
comporte trois types d'informations qui se rapportent
spécifiquement aux considérations culturelles :
1)une discussion dans le texte sur les variations
culturelles pouvant être observées dans les
présentations cliniques des troubles inclus dans le
DSM-IV,
2)2) une description des syndromes spécifiques d'une
culture donnée... et
3)3) une esquisse de formulation culturelle destinée à
aider le clinicien à évaluer et à rendre compte
systématiquement de l'impact du contexte culturel de
l'individu
Psychopathologie africaine
Il s'agit d'interroger la culture africaine elle-même sur
l'image qu'elle se donne du désordre mental, sur les
catégories pathologiques qu'elle distingue, sur
l'étiologie qu'elle avance, sur les liens qu'elle établit
entre les phénomènes de pathologie mentale et les
systèmes magico-religieux, l'organisation sociale, les
types d'activité, les situations qu'elle estime
traumatisantes...
Bref, il s'agit de montrer ce qu'est la maladie et sa
thérapie pour la culture en cause
Psychopathologie africaine(2)
La psychopathologie africaine est donc supposée
traiter des questions de troubles psychiques
observés, compris et pris en charge par les africains
(ou des praticiens adoptant la démarche africaine)
dans un contexte traditionnel africain.
Psychopathologie africaine(3)
« La conception de la maladie mentale
constituée en Afrique noir au sud du Sahara
s’inscrit dans une perspective
anthropologique dynamiste large. Elle est
basée sur la notion fondamentale de conflit
dans les réseaux des relations qui structurent
l’existence totale actuelle du patient » (I. Sow ;
Les structures anthropologiques de la folie en
Afrique Noire).
Psychopathologie africaine(4)
En Afrique noire plus qu’ailleurs, la nosologie n’a
que très peu d’importance. Toutes les pathologies
mentales si bien individualisées dans l’approche
occidentale sont regroupées dans une appellation
simpliste mais très significatifs de la folie ou
« liboma » en langue lingala ou encore « kilau »
en kikongo. Il s’agit tout simplement de constater
qu’un élément du groupe familial ou
communautaire sort de l’ordinaire tout en restant
membre à part entière (et non entièrement à
part) du système.
Psychopathologie africaine(5)
I. SOW proposait ainsi une classification des maladies
mentales en Afrique (nosologie) par la cause et ou
la signification.
Dans ce sens on peut facilement imaginer:
• des maladies liées à la sorcellerie,
• à l’amour entre partenaires sexuels,
• aux pratiques fétichistes,
• au manque de respect aux ancêtres,
• à l’infidélité conjugale, etc.
Psychopathologie africaine(6)
Dans la réalité, une culture africaine pure de
laquelle proviendrait une démarche
psychopathologique authentiquement africaine
n’existe plus depuis des décennies car Il n’y a pas
un continent comme l’Afrique, où les valeurs
culturelles auront été si intensément ébranlées,
entraînant des perturbations considérables sur la
personnalité de l’homme noir.
Le colonisateur à travers ses religions (l’islam et le
christianisme) va nous imposer son Dieu, ses
rites, et nos croyances vont être traitées de
fétichistes, de démoniaques(Mbusu et coll).
Psychopathologie africaine(7)
L’Africain, face à ces bouleversements, se trouve aux
prises avec d’une part, un passé culturel auquel il peut
difficilement se référer, et d’autre part, un présent dont
il a du mal à maîtriser et s’approprier les nouveaux
mécanismes régulateurs. La famille et le groupe social
étendus, naguère structurants pour l’individu,
entament une dynamique de restructuration, intégrant
des valeurs occidentales imposées. Ils se modifient et
amorcent une nouvelle définition des liens
interpersonnels, mais aussi, une autre conception de la
place et du rôle de l’individu, dans les nouveaux
rapports de production au sein d’une économie de
marché .
Psychopathologie africaine(8)
Avec l’invasion coloniale, la compréhension et la
significations des événements de la vie, la maladie y
comprise, vont subir un « parasitage » voir un
« brouillage » qui complique d’avantage le vécu de la
maladie mentale en Afrique noir.
De toutes les façons, de nos jours encore en Afrique, la
maladie a toujours une cause précise : cette cause dans
sa promiscuité immédiate, est l’action d’un esprit,
d’un ancêtre ou d’un homme. Dans tous les cas, la
problématique qui en résulte (symptômes
psychosomatiques, maladies organiques…) est
médiatisée par un tiers (la famille, le guérisseur, ou le
pasteur aujourd’hui…) à qui il appartient de trouver la
solution rassurante (et non le traitement).
Psychopathologie africaine(9)
La maladie, qu’elle soit psychosomatique,
psychiatrique ou organique va entraîner projection
et inversion des mauvais souhaits dans un
contexte d’idées, d’accusation et de persécution,
dirigés contre une tierce personne. La persécution
colore encore la vie (presque quotidienne) de
l’Africain ; vécue sur un mode interprétatif
« délirant » ou « culturel », elle est l’explication à
tout ce qui trouble l’ordre, désorganise les
relations, atteint l’individu dans son être physique,
mental ou spirituel.
Psychopathologie africaine(10)
Dans le système traditionnel, l’interprétation de tout
danger, de toute souffrance est régulatrice des
rapports sociaux institués. On peut expliquer l’origine
de tous ses maux, de son désarroi, dans un pouvoir de
persécution qu’un « esprit démoniaque »… ou une
autre personne (un parent, un rival, un collègue de
bureau…) est supposé exercer. L’interprétation est
donc un mécanisme de défense psychique, une
réponse à la maladie, aux conflits, aux échecs, aux
tensions. Elle consiste en la projection et l’inversion
sous forme d’idées persécutrices. Toute persécution
est aussi dépendance et demande de protection.
Psychopathologie africaine(11)
Prise en charge des maladies mentales:
Requiert des sciences surnaturelles et occultes, et
celles des prêtres attachés à ces sciences ; il s’agit
de guérisseurs pouvant déterminer la cause du mal,
et remettre l’harmonie dans le système perturbé.
Un guérisseur traditionnel doit être une personne
qui est reconnue par la collectivité dans laquelle il
vit, comme compétent pour dispenser des soins de
santé grâce à l’emploi de substances végétales,
animales et minérales et d’autres méthodes.
Conception anatomo-physiologique de la
personne humaine et importance de la cause
et de la signification des maladies
en Afrique noire
(Mampunza)
Le noir africain a une vision simpliste de l’être
humain dans ses dimensions morphologique
et physiologique. En effet, l’africain au sud du
Sahara a tendance à « résumer » l’anatomie
humaine pour ne garder que les structures
visibles et significatives à ses yeux.
Ainsi donc, partant de la tête, du tronc et des membres,
seules les parties « importantes comptent.
• Dans la tête on retiendra les cheveux, les oreilles, les
yeux, la bouche et son contenu, le nez. Tout le
contenu de la boîte crânienne équivaut au cerveau.
• Du tronc on retiendra le thorax (contenant le cœur et
les poumons) et le ventre(qui renferme l’estomac, les
intestins, la vésicule biliaire, le foie et la rate).
• Au niveau des membres, on reconnaîtra les bras, les
mains, les jambes, les pieds et les ongles.
• Par rapport au fonctionnement des parties
reconnues du corps, seules les fonctions
essentielles et facile à démontrer sont retenues.
Les fonctions dites supérieures (mémoire,
concentration, idéation) et les sentiments sont
localisées dans la tête (cerveau) et dans le cœur.
La vie se résume en respiration « pema » en
lingala ou « vumuna » en kikongo.
• Les maladies mentales proviennent donc d’un
dysfonctionnement/dérègle-ment au niveau du
cerveau et du cœur.
Cette conception simpliste de la personne humaine
laisse supposer que seuls compte devant un
« dysmorphisme-dysfonctionnement » sa cause (ou
mieux son origine) et sa signification. Les démarches
thérapeutiques ainsi que les rémèdes contre les
maladies, les pathologies mentales y comprises,
passent forcément par l’abord de leur origine et leur
signification qui permet de corriger la mauvaise
attitude intra et inter-personnelle seule capable
d’inscrire la solution (traitement-guérison) dans la
durée.
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