Etienne Seigneur

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ATELIER FAMILLE
Le point de vue d’un psychiatre
en oncologie
ou
J’ai un cancer :
Que dire à mes enfants et quand ?
Dr Etienne SEIGNEUR
Psychiatre
Institut Curie, Paris.
S’intéresser aux enfants et adolescents de
patients atteints de maladie grave,
c’est ...
• Etudier le retentissement psychologique et
éventuellement psychopathologique, en rapport avec la
maladie du parent.
• Essayer de repérer les modalités spécifiques
d’adaptation : selon le sexe du parent atteint, selon le
type de maladie, selon l’âge de l’enfant.
• Etre attentif à la communication intra-familiale au sujet
de la maladie.
S’intéresser aux enfants et adolescents de
patients atteints de maladie grave,
c’est encore ...
• Réfléchir à la façon dont les enfants et adolescents sont
actuellement intégrés dans la prise en charge de leur
parent malade.
• S’interroger sur le rôle et les difficultés propres du
parent "malade" et du parent "bien portant".
• Etre persuadé que l’on se situe là dans un soin et une
action préventive vis-à-vis de la survenue de troubles
ultérieurs, et ce, quelle que soit l’évolution de la
maladie du parent ...
Les enfants et adolescents dont un parent
est atteint de cancer
• Les patients atteints de cancer sont aussi parfois
parents de jeunes enfants et adolescents (30 % des
femmes chez lesquelles on diagnostique un cancer
du sein).
• Les malades demandent que soit pris en
considération leur entourage familial et qu’une
aide lui soit apportée
(États généraux des malades atteints de cancer)
Le cancer du parent représente pour
l ’enfant un expérience ...
• Souvent inédite et inconnue (idées de la maladie grave
et de la mort imprécises).
• Menaçante (contagiosité).
• Culpabilisante (pensée magique, omnipotence).
• Toujours associée à un sentiment d’abandon.
• Source de colère, de tristesse (risque dépressif).
• Venant retentir sur la vie quotidienne de l ’enfant ou
de l ’adolescent.
Et du côté du parent malade...
• Le parent malade a bien souvent des difficultés à
continuer à exercer son « métier de parent » durant la
maladie (fatigue, inquiétudes, contraintes variées).
• D ’où tristesse, culpabilité et sentiment d ’échec par
rapport à sa mission de parent, impression d ’être un
mauvais parent
• La question du retentissement actuel et futur de leur
maladie sur les enfants et adolescents est très
fréquemment évoquée.
La communication avec l’enfant au
sujet du cancer
• La tentation est grande parfois de vouloir protéger
l’enfant en ne lui disant pas la vérité…
• Mais qui ou que protège-t-on en définitive ?
• Car l’enfant ne manque pas de percevoir qu’il se
passe quelque chose de grave dans la famille…
• Auquel on le soustrait délibérément.
Quelques réflexions VIH/Cancer
• Les termes Secret et Dévoilement ne sont
pas utilisés aussi fréquemment en oncologie
• Qu’est-ce qui définit le secret ? Par rapport
à l’intime ou au non-dit
• Serait-ce l’idée d’une culpabilité, voire
d’une responsabilité ?
Quelques réflexions VIH/Cancer
• Par rapport à la survenue du cancer, l’absence
apparente de « responsabilité » du parent n’exclue
pas la culpabilité, loin s’en faut
• N’oublions pas le poids de certains comportements à
risque : alcool, tabac,…
• Et les développements actuels de l’oncogénétique :
hérédité, transmission, responsabilité, faute,…
Spécificités du cancer
pour le parent malade
• La collusion entre l’annonce diagnostique et
la question de l’annonce à l’enfant
• Pas de temps pour y penser un peu plus
sereinement
• Poids de l’état émotionnel et des
mécanismes de défenses du parent
Spécificités du cancer
pour le parent malade
• L’angoisse de mort qui pèse lourdement,
psychiquement et dans la réalité
• Parler du cancer = Parler de sa mort
possible
Spécificités du cancer
pour le parent malade
• Le cancer et les effets secondaires des
traitements se voient
• Alopécie, fatigue, nausées et vomissements,
séquelles chirurgicales
• Impossible à cacher ?
Du point de vue de l’enfant :
quelques réflexions
• Le risque existe que les adultes (parents et soignants)
en fonction de leurs propres représentations décident
à priori de ce qui est bon pour l’enfant
• Ne confondons pas information, connaissance et
représentation
• Ce n’est pas parce qu’une chose est verbalisée,
qu’elle est connue et intégrée (et inversement)
• Ne négligeons pas l’importance de la communication
infra-verbale
• Un parent qui a en tête un « secret » en transmet
inévitablement quelque chose à son enfant
Du point de vue de l’enfant :
quelques réflexions
• Les enfants sont sensibles à l’état psychique et
émotionnel de leur parent
• Ils en perçoivent les changements
• Réfléchir donc à ce que l’enfant peut savoir,
percevoir et imaginer alors même que rien ne lui a
été dit
• Se poser la question des besoins et de l’intérêt de
l’enfant = réduire les effets délétères de l’écart entre
perception et connaissance
Pour continuer à réfléchir …
« Being honest does not mean telling
everything, it means telling the truth »
McCUE K. 1994
How to help children through a parent’s serious
illness. St martin’s Press, New York
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