Diagnostic des phénomènes délirants

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Diagnostic des délires
chez le traumatisé crânien
FAYOL P, CARRIÈRE H, DUMOND JJ
Centre de Ressources Traumatisme Crânien Limousin
France Traumatisme Crânien, Paris -13 Décembre 2013
Phénomènes délirants chez les Traumatisés Crâniens
Diagnostic des délires
chez les Traumatisés Crâniens
Diagnostic positif
Diagnostic différentiel
Diagnostic étiologique
Diagnostic des délires
chez les Traumatisés Crâniens
Diagnostic positif
Reconnaître les symptômes et signes cliniques
essentiels et si possible pathognomoniques
Diagnostic positif
Définition du Délire :
⇒ Le dictionnaire :
MÉD. Trouble mental manifesté
par un verbalisme incohérent.
En Limousin : déparler
Diagnostic positif
⇒ Les manuels de psychiatrie :
DSM. Idées délirantes :
- croyance erronée
- fondée sur une déduction incorrecte
concernant la réalité extérieure,
- fermement soutenue
- en dépit de l'opinion très généralement
partagée et de tout ce qui constitue une
preuve incontestable et évidente du
contraire
Diagnostic positif
La clinique psychiatrique
Analyse du délire
Mécanisme
Thème
Organisation
Diagnostic positif
chez le traumatisé crânien
Étude de la littérature :
Fujii D, Ahmed I.
Characteristics of psychotic disorder due to traumatic
brain injury: an analysis of case studies in the
literature. J Neuropsychiatry Clin 2002
Fujii D, Fujii DC.
Psychotic disorder due to traumatic brain injury:
analysis of case studies in the literature,
J Neuropsychiatry Clin Neurosci. 2012
Diagnostic positif
Étude de la littérature :
"Psychotic Disorder due to Traumatic Brain Injury"
Fujii, Ahmed 2002 Fujii, Fujii 2012
Nb d’articles
39
30
Nb de cas
69
64
Date de
De 1977 à 1997
De 1989 à 2011
publication
Dans beaucoup de cas
certaines données sont manquantes
TC modérés
ou sévères
Délire
Fujii, Ahmed 2002 Fujii, Fujii 2012
75 %
38 %
78 %
Persécution 38 %
Grandiose 15 %
Somatique 15 %
Hallucinations 47 %
Auditive 74 %
Visuelle 26 %
Symptômes
négatifs
15 %
92%
Persécution 77%
Grandiose 10%
Référence 7%
87 %
Auditive 80 %
Visuelle 15%
Olfactive 4 %
37 %
Diagnostic des délires
chez les Traumatisés Crâniens
Diagnostic positif
Reconnaître les symptômes et signes cliniques
essentiels et si possible pathognomoniques
Diagnostic des délires
chez les Traumatisés Crâniens
Diagnostic différentiel
Éliminer les autres maladies présentant en partie
des symptômes analogues
Diagnostic différentiel
Éliminer les illusions non délirantes :
Falsification de la perception d'un objet réel :
- distorsion, dédoublement, modification de
taille de couleur, du relief des images
- modification de l'intensité, du timbre des sons
Syndrome temporal ou occipital,
Crises comitiales,
État de stress post-traumatique
Svt perçues comme anormales et critiquées
Diagnostic différentiel
Éliminer les hallucinations non délirantes :
- hallucinose pédonculaire (ou protubérantielle)
rare
hallucinations visuelles (ou auditives)
brèves
provoquant inquiétude et parfois terreur
Diagnostic différentiel
Éliminer les hallucinations non délirantes
- Comitialité : h. en général brèves, stéréotypées,
impression d'étrangeté et de déjà-vu
- Aura migraineuse : distorsions perceptives
visuelles ou olfactives, h. autoscopiques
- Médicaments : h. srt visuelles : b-, antiH2,
anticholinergiques (h. microscopiques), antihypertenseurs,
antiparkinsoniens, morphiniques, IRS, BZD et apparentés
Diagnostic différentiel
Éliminer les hallucinations non délirantes
Syndrome de répétition
de l'État de stress post-traumatique
- hallucinations visuelles (une partie ou l’ensemble
de la scène)
- hallucinations auditives (bruit perçu lors du
moment traumatique)
- hallucinations cénesthésiques (en réponse à une
perception corporelle)
Diagnostic des délires
chez les Traumatisés Crâniens
Diagnostic étiologique
Reconnaître la ou les causes de la maladie
Diagnostic étiologique
Relativement facile pour les délires
- avec un contenu particulier
- dans un contexte confusionnel
- dans un contexte de trouble mnésique
Plus délicat dans les autres situations
Diagnostic étiologique
Relativement facile pour les délires
- avec un contenu particulier
Diagnostic étiologique
Délires d'identification : rares
fausse identité attribuée
aux personnes (Sd de Capgras, Sd de Fregoli)
aux places (paramnésie reduplicative)
atteinte hémisphérique droite
et frontale bilatérale
Diagnostic étiologique
Hallucinations de déafférentation : rares
- [visuelle ou auditive : critique complète ou partielle]
- somesthésique :
membres fantômes ou surnuméraires
(lésions hémisphériques droites)
perte d’un membre et non appartenance
d’un membre (lésions pariétales inférieures de
l’hémisphère mineur)
Diagnostic étiologique
Relativement facile
- dans un contexte confusionnel
Diagnostic étiologique
Confusion mentale de la phase d’éveil :
- Prédominance des troubles de l’attention
- Déficit cognitif global : désorientation
temporo-spatiale, tr. de la mémoire, de la pensée,
du langage, des perceptions, des émotions
- Activité psychomotrice augmentée ou réduite
- Cycle veille-sommeil perturbé
Symptomatologie fluctuante au cours des 24 H.
Diagnostic étiologique
Délire de la Confusion mentale de l’éveil :
Fréquence
(Nakase-Richardson R , Yablon SA, Sherer M. JNNP 2007)
Délire chez 26 % des 78 patients confus
chez 1% des 93 patients non confus
Hallucinations et troubles de la perception
chez 28 % des 78 patients confus
chez 1% des 93 patients non confus
Diagnostic étiologique
Confusion mentale de la phase d’éveil :
% 100
Fréquence
90
80
Symptômes psychotiques
(délire ou hallucinations)
en fonction de
la sévérité de la confusion
Sherer
(Arch Phys Med Rehabil 2009)
70
60
50
40
30
20
10
0
Sévère
Modérée
Légère
Diagnostic étiologique
Confusion mentale de la phase d’éveil :
Rechercher d’autres facteurs responsables de
confusion ou de son aggravation :
- hémorragie cérébrale
- infection
- crise comitiale
- médicaments : instauration ou arrêt
- troubles hydro-électrolytiques,
métaboliques ou endocriniens
Diagnostic étiologique
Confusion mentale de la phase d’éveil :
Caractéristiques du délire
- Mécanisme : interprétatif, imaginatif ou
hallucinatoire
- Thème : idées de suspicion ou délire de
persécution, impliquant les soignants, interférant
avec les soins, responsable d’agitation.
- Organisation : souvent pas bien construit,
mal systématisé
Diagnostic étiologique
Confusion mentale de la phase d’éveil :
Évolution du délire
(Sherer M et al. Arch Phys Med Rehabil 2009)
Amélioration d'abord
troubles psychotiques (délire ou hallucinations),
somnolence diurne
troubles du sommeil nocturne
ensuite troubles cognitifs
Diagnostic étiologique
Confusion mentale de la phase d’éveil :
Valeur pronostique du délire
Absence de Productivité
OR
p
à 1 an Sherer (APMR 2008)
Symptômes psychotiques
14.28
.001
Déficit cognitif
4.54
.001
Fluctuation des symptômes
3.33
.003
Désorientation
3.12
.004
Sherer
(Arch
Phys
Med
Rehabil
2008)
Agitation
3.12
.004
Diagnostic étiologique
Relativement facile
- dans un contexte de trouble mnésique
Diagnostic étiologique
Confabulations : Définition
productions de souvenirs d’évènements ou
d’expériences qui ne se sont jamais produits
dans la réalité
Korsakoff, AVC, encéphalites herpétiques,
Sclérose en plaque, démences frontotemporales, maladie d'Alzheimer.
Diagnostic étiologique
Confabulations : Fréquence chez le TC
Sabhesan S et al. 1991 :
174 TC suivi pendant 18 mois
falsification de souvenirs : 12 cas (7%)
durant l'APT
ou dans le cadre d'un syndrome amnésique
Diagnostic étiologique
Confabulations : Classifications
Confabulations
Berlyne (1972)
Kopelman (1987)
momentanées
provoquées
sémantiquement
Dalla Barba (1993)
appropriées
intrusions
momentanées
Schnider (2008)
comportementalt
spontanées
fantastiques
spontanées
sémantiquement
anormales
fantastiques
Diagnostic étiologique
Confabulations : Classifications - Caractéristiques
Dalla Barba
Confabulations selon leur
(2010)
contenu
souvenirs généraux, habitudes, déplacements
fabrication de souvenir
confusion de souvenir
contamination autoréférentielle
sémantiquement inappropriée
Diagnostic étiologique
Confabulations : Caractéristiques chez le TC
Falsification de souvenirs
Contexte de trouble mnésique
Souvent associée à
- une mauvaise identification des lieux et des
personnes (soignants pris pour des familiers)
- des troubles exécutifs (impulsivité, défaut
de contrôle, défaut d'inhibition)
Diagnostic étiologique
Confabulations : Caractéristiques chez le TC
Modalité d’adaptation à l'anosognosie
(Prigatano GP, Principles of neuropsychological rehabilitation, 1999)
Coping non défensif : Utilisation de croyances
préexistantes ou de comportements préexistants pour
faire face à des problèmes partiellement reconnus.
Évolution le plus souvent favorable, parfois persistent
dans des comportements ou attitudes émotionnelles
Diagnostic étiologique
Confabulations : Caractéristiques chez le TC
Confabulations verbales fantastiques, spontanées
ou sémantiquement anormales : rares
contexte de tr mnésique et de tr exécutif
Confabulations fantastiques ou délire ?
Peskine A, Bruguière P, Picq C, Pradat-Diehl P.
Ann Readpt Med Phys 2008
Confabulations spontanées et syndrome dysexécutif
comportemental et cognitif
Thomas-Antérion C, Truche A, Sciessere K, Extier C.
Ann Readpt Med Phys 2012
Diagnostic étiologique
Plus délicat dans les autres situations
Diagnostic étiologique
La démarche psychiatrique
Délire
oui
Troubles thymiques ?
Dépression
Manie
non
Dissociation ?
non
Délire chronique
oui
Schizophrénie
Diagnostic étiologique
Reste une question
Diagnostic étiologique
TBI or not TBI ? That is the question
Diagnostic étiologique
Traumatisme crânien ?
Un peu
beaucoup
pas du tout
passionnément
à la folie
Diagnostic étiologique
Rechercher des éléments en faveur d'une
psychose antérieure déclenchée ou non :
- ATCD familiaux de pathologie psychiatrique
- ATCD personnels de pathologie psychiatrique
(Bouffée délirante aiguë, Syndrome dissociatif,
Trouble bipolaire délirant ou non)
- Traits de personnalité
(schizoïde, paranoïaque, limite, anakistique)
- Adaptation familiale et socio-professionnelle
Diagnostic étiologique
Existe-t-il des éléments cliniques qui
orienteraient vers une psychose secondaire
à une pathologie organique ?
Feinstein A, Ron M. J Neuropsychiatry Clin Neurosci. 1998
Pas de traits de personnalité schizoïde ou paranoïaque
Pas de parents au premier degré atteint de schizophrénie
Age de survenue plus tardif
Durée brève de la psychose
Réponse rapide à de faible dose de neuroleptique
Durée plus brève du traitement
Bon devenir avec niveau de travail pré-morbide
Diagnostic étiologique
Existe-t-il des éléments cliniques qui
orienteraient vers une psychose secondaire
à une pathologie organique ?
Keshavan MS, Kaneko Y. World Psychiatry, 2013.
La psychose a-t-elle une présentation atypique ?
L’affection médicale est-elle lié chronologiquement
avec la psychose ?
La psychose est-elle mieux expliquée par un trouble
psychotique primaire ou un autre trouble mental ?
La psychose est-elle une conséquence physiologique
de l’affection médicale ?
Diagnostic étiologique
Existe-t-il des éléments cliniques qui
orienteraient vers une causalité traumatique ?
Psychose due au TC Schizophrénie
Symptômes
négatifs
Présents : 37% (15 %)
(64% Émousst affectif
45 % Retrait social)
Présents : 50-90% (25-84%)
(33% Émousst affectif
46 % Retrait social)
Fujii D, Ahmed I. J Neuropsychiatry Clin 2002
Fujii D, Fujii DC. J Neuropsychiatry Clin Neurosci. 2012
Existe-t-il des examens complémentaires qui
orienteraient vers une causalité traumatique ?
Fujii, Fujii 2012
(Fujii, Ahmed 2002)
Psychose due au TC
IRM/TDM
Atrophie
Ano focales
Anomalies
les plus
fréquentes
70 % (65 %)
0 % (60 %)
100 % (62 %)
74 % (42 %) frontal
47 % (27 %) temporal
21 % (20 %) ventricules
élargis
46 % temporal
38 % frontal
77 % (70 %) Pointes ou
ralentissement temporaux
12-35 % (idem)
12-35 % (idem)
6-9 % (idem)
Atrophie globale
Atrophie hippocampe
Ventricules élargis (22-
(ralentissement temporal)
(Ralentissement frontal)
SPECT
/PET
EEG
Schizophrénie
35%)
Hypofrontalité
(20-60%)
Ralentissement (Delta)
Diagnostic étiologique
DSM 5 (2013)
Psychotic disorder
due to another medical condition
"il n'existe pas de guidelines infaillibles
pour établir une relation étiologique entre
le trouble psychotique et l'affection
médicale"
En pratique
À l'éveil
penser à la confusion et aux confabulations
À distance du TC
penser avant tout aux psychoses
Dans tous les cas
rechercher des éléments en faveur
d'un trouble de l'humeur
d'une psychose antérieure
éliminer une aggravation somatique
En pratique
Souvent la question de la causalité
cérébrale ou psychique reste entière
Pourtant un point commun
"the motivated (or 'whishful') content"
dans les syndromes de Capgras,
de déafférentation, les confabulations
Freud : "tentative de guérison"
Lacan : "solution élégante"
En pratique
Au-delà de la question
de la causalité cérébrale ou psychique
Délire de compensation
neuropsychologique et psychique
structure
psychotique
structure
névrotique


psychose
post-traumatique
délire
post-traumatique
Conclusion
Le psychiatre est le dernier des cliniciens.
Privé de tout examen de laboratoire fiable
et utile pour sa pratique, il doit se
contenter d'un bilan purement clinique et
d'un entretien minutieux pour établir son
diagnostic.
Bourgeois M. et Rechoulet D.
In L'approche clinique en psychiatrie, 1993
Diagnostic des délires
chez le traumatisé crânien
FAYOL P, CARRIÈRE H, DUMOND JJ
Centre de Ressources Traumatisme Crânien Limousin
France Traumatisme Crânien, Paris -13 Décembre 2013
Phénomènes délirants chez les Traumatisés Crâniens
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