OTOSPONGIOSE : PLACE DE LA TDM DANS LE BILAN PRE

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M . B r a d a i 1, A . A i s s a 1, N . M a l l a t 1, H . E l M h a b r a c h 1, K . G n a b a 2,
M . A l l a n i 1, R . A l o u i n i 1
1) Service d’imagerie médicale
2) Service d’ORL
H Ô P I TA L I B N J A Z Z A R , K A I R O U A N
T h è m e e t n ° d ’ o r d r e : O T O R H I N O L A RY N G O L O G I E :
ORL N°7
INTRODUCTION
 L’otospongiose est une ostéodystrophie primitive de




de la capsule otique trouvant son origine dans des
restes cartilagineux labyrinthiques.
Maladie génétique de transmission autosomique
dominante à pénétrance variable.
0,5 % de la population.
Prédominance féminine d’environ 60 % plutôt entre
20 et 40 ans, dans un contexte souvent familial.
L’étiologie la plus fréquente des surdités de
transmission à tympan normal d’installation
progressive chez l’adulte.
OBJECTIF
 Le but de notre travail est d’étayer l’apport de la
TDM dans le diagnostic des otospongioses au cours
des surdités de transmissionn tout en précisant la
classification scanographique de l’otospongiose ainsi
que les éléments importants à décrire dans le compte
rendu du scanner.
CLINIQUE
 L’expression
majeure
est
une
surdité
de
transmission avec réflexe stapédien aboli.
 Elle peut se manifester par des surdités mixtes ou
à prédominance de perception.
 Des acouphènes peuvent faire partie du syndrome
clinique d’appel.
MATÉRIELS ET MÉTHODES
 Etude rétrospective de 25 patients colligés des services




d’ORL et d’imagerie médicale de l’hôpital Ibn El Jazzar de
Kairouan sur une période de 4 ans (2007-2010).
Age : 11 - 66 ans
Sexe : 16 femmes et 9 hommes
Motif de consultation : une hypoacousie avec des
acouphènes
Une exploration fonctionelle (otoscopie, audiométrie tonale
et impédancemétrie avec étude du reflexe stapédien) et un
examen TDM des rochers ont été pratiqués dans tous les cas.
RÉSULTATS
 L’otoscopie a montré dans tous les cas un tympan




complet et normal.
L’audiométrie tonale : surdité de transmission isolée
(n= 23), surdité mixte (n=2).
Le reflexe stapédien était aboli dans 15 cas.
La TDM a trouvé : une otospongiose (n=17), aucune
anomalie
(n=6),
autres
anomalies
(n=2)
(tympanosclérose et otite moyenne chronique).
Dans le cas de l’otospongiose, l’atteinte était
bilatérale dans 15 cas et unilatérale dans 2 cas.
RÉSULTATS
 Sur les 34 oreilles explorées, le diagnostic d’otospongiose a
été retenu devant les constatations suivantes :
 épaississement platinaire (n= 31)
 hypodensité pré stapédienne (n=20)
 foyer péri cochléaire (n=2)
 foyer péri vestibulaire ou autour des canaux semicirculaires (n=3).
 L’otospongiose a été classée en 4 stades TDM :
stade Ia (n=9), stade Ib ( n=5)
 stade II (n=13),
 stade III (n=1)
 stade IVa (n=1), stade IVb (n=3).

DISCUSSION
 Le diagnostic d’otospongiose repose sur :
 Des
arguments cliniques : surdité de transmission à
 Des
arguments audiométriques :
tympan normal, acquise, d'évolution progressive uni
ou bilatérale .
 surdité
de transmission pure ou mixte à
prédominance transmissionnelle ,
 la tympanométrie montre une courbe centrale
ou abaissée associée à un réflexe stapédien
absent .
TDM DES ROCHERS : TECHNIQUES
 Haute résolution, sans injection IV de PDC
 Plan horizontal parallèle au plan orbitoméatal au
dessous de l’orbite .
 Plans : axial et coronal ± reconstructions obliques


Plan principal: axial en reconstruction parallèle au canal semicirculaire latéral repéré à partir des coupes sagittales et
coronales.
Le plan coronal est utile pour évaluer l’importance des foyers
et pour analyser les relations entre la deuxième portion du
canal facial et la fenêtre ovale sous jacente.
 Fenêtres larges à 4000UH et le niveau à 700UH.
 Epaisseur de coupe: varie de 0,5 à 0,6 mm.
 Intervalle de coupes: 0,2 mm.
TDM DES ROCHERS : INTÉRÊTS
 La tomodensitométrie confirme le diagnostic clinique en
montrant les foyers dysplasiques périlabyrinthiques de l’os
temporal.
 Réalise un bilan anatomique préchirurgical.
 Constitue un argument supplémentaire pour le diagnostic
positif en mettant en évidence d’autres causes qui peuvent
aboutir à un syndrome clinique de surdité de transmission
avec abolition du réflexe stapédien :



la fixation de la tête du marteau à la paroi latérale de la
cavité tympanique
l’absence de longue apophyse de l’enclume ou de l’étrier
l’oreille geyser
RESULTATS NORMAUX
Platine normale:
 Régularité: régulière.
 Couleur: aspect légèrement
moins
dense
que
l’os
labyrinthique environnant.
 Épaisseur: ne dépasse en
général pas 0,6 mm.
 Une valeur de 0,7 mm ou
plus doit être considérée
comme anormalement élevée
DIAGNOSTIC POSITIF
 Platine du stapés:



Dense
Épaisse ( à partir de 0,7mm)
Irrégulière
 Os labyrinthique
: présence d’une hypodensité qui est localisée le
plus souvent devant la fenêtre ovale au contact de l’implantation de
la branche antérieure du stapés en avant et en dehors du vestibule.
 D’autres topographies sont possibles :




Dans la couche labyrinthique moyenne antérieure.
Autour de la cochlée
En avant du méat acoustique interne
Au niveau de la capsule labyrinthique postérieure (fissula ante
fenestrum).
CLASSIFICATION
TOMODENSITOMETRIQUE
 Type
1A: atteinte isolée de la platine
hypodensité préstapédienne associée.
sans
Type 1B: hypodensité préstapédienne inférieure ou
égale à 1 mm
Absence d’extension à la couche labyrinthique
moyenne antérieure
.
Type II : Hypodensité préstapédienne supérieure à 1
mm sans contact avec la périphérie de la lumière
cochléaire
Une bande d’os dense reste ainsi visible entre la
lumière cochléaire et le foyer otospongieux.
.
Type III: hypodensité préstapédienne supérieure à 1
mm au contact de la périphérie de la lumière
cochléaire
.
Type 4A: hypodensité située en avant, au dessous et en
dedans de la lumière cochléaire. C’est à partir de cette
forme que l’on peut être certain qu’il y a une atteinte
labyrinthique.
Type 4B: hypodensité labyrinthique postérieure
située autour des canaux semi circulaires ou au
contact de la partie médiale du vestibule.
AUTRES ELEMENTS A PRECISER
 Ils sont importants pour l’intervention et ou le
pronostic
1) Approche anatomique de l’environnement des
foyers otospongieux : le canal facial
 C’est un critère préopératoire en vue du geste chirurgical
éventuel.
 La position du canal facial tympanique par rapport à la
fenêtre ovale doit toujours être précisée.
 Une tangente passant par le bord inférieur du canal facial
tympanique au-dessus de la fenêtre ovale ne doit pas se
situer dans la moitié inférieure du récessus ovalaire.
 On va ainsi séparer:
 Les
projections
(normales) du canal
facial tympanique dans
la moitié supérieure du
récessus de la fenêtre
ovale .
 Une
procidence
du
canal facial, déjeté dans
la moitié inférieure de ce
récessus.
2) L’environnement du marteau
 Cet osselet est important à
considérer. Il doit être
normalement entouré d’air.
La présence d’un pont
calcifié le reliant à la paroi
latérale de l’attique doit
être précisée au chirurgien.
 L’association d’un foyer
hypodense préstapédien et
d’un pont calcifié reliant la
tête du marteau à la paroi
latérale
de
l’oreille
moyenne est fréquente.
 L’état de ventilation de
l’oreille moyenne doit
également être précisé.
3) L’évaluation de l’intégrité de la LAE (longue apophyse de
l’enclume)
 Elle doit toujours être précisée car c’est le plus souvent là
que se fixera le futur piston si une chirurgie est décidée.
Longue apophyse (processus) de
l’uncus normal
Longue apophyse (processus) de
l’uncus lysée par un cholestéatome
4) Taille du récessus de la fenêtre ovale
 Atteinte de la fenêtre ronde: moins bon pronostic.
 L’étroitesse de la fosse ovale est facilement étudiée grâce
aux reconstructions multiplanaires et notamment
coronales.
 La fosse ovale peut être rétrécie par la présence d’un
volumineux foyer hypertrophique préstapédien, d’une
procidence du promontoire ou d’une procidence du nerf
facial dans sa portion tympanique .
 En cas de procidence du nerf facial, la dénudation du nerf
est parfois difficile à affirmer sur l’exploration
scanographique , elle sera constatée au cours de la
chirurgie.
5) Les malformations
 Les malformations représentent un facteur d’association à
ne pas méconnaître.
 Les modifications les plus fréquentes sont constituées par
des déformations du vestibule et du canal semi-circulaire
latéral témoignant d’une fragilité du labyrinthe.
 Une malformation platinaire voire du ligament annulaire
peut aussi être associée à un foyer otospongieux.
 La fragilité du labyrinthe sous jacent doit comme en cas
de pathologie inflammatoire être précisée au patient dans
l’entretien préchirurgical.
 En
définitive, la méthode d’interprétation d’une
otospongiose doit comprendre les éléments du diagnostic en
précisant le type d’atteinte platinaire et/ou préstapédienne
avec les types d’extension.
 Six points doivent être ensuite bien évalués :






la position du canal facial à l’aplomb de la fenêtre ovale
la possibilité d’un pont calcifié pouvant fixer la tête malléaire à la
paroi de l’attique
la lyse de la longue apophyse incudale
la taille du récessus de la fenêtre ovale
le degré de ventilation de l’oreille moyenne
une localisation éventuelle à la fenêtre ronde.
 Les associations à des phénomènes inflammatoires chroniques
et à des malformations doivent être recherchées.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
1. la tympanosclérose
 La tympanosclérose de l’étrier est une importante
cause de surdité de transmission.
 Le scanner fournit des éléments importants montrant
une platine hyperdense, des branches de l’étrier plus
ou moins blanches, parfois ponctuées de nodules
calcifiés. Un étrier de tympanosclérose est plus
difficile à opérer qu’en cas d’otospongiose.
 Les vibrations se transmettent de manière plus forte
au labyrinthe qui est plus fragile que dans
l’otospongiose.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
2. Les malformations des osselets
 Les fixations malformatives du bloc incudo-malléaire,
des ostéomes du marteau, les absences de tout ou
partie de l’enclume ou de l’étrier peuvent simuler une
otospongiose.
 Le scanner fera aisément le bilan des modifications de
forme des osselets et de leurs éventuelles absences
congénitales partielles ou totales.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
3) La maladie de Lobstein: l’aspect au scanner se superpose
à celui l’otospongiose type 4B.
4) Îlots cartilagineux physiologique:
 C’est une petite zone nodulaire ou curviligne hypodense
résiduelle dont les contours sont nets en avant du
vestibule dans le tringle cartilagineux endochondral.
CONCLUSION
 La TDM est l’examen a réaliser systématiquement
devant toute surdité de transmission avant la
chirurgie pour éviter les surprises opératoires.
 Elle est utile au diagnostic positif et au bilan
d’extension.
 Elle autorise par ailleurs une excellente approche
anatomique des relations du canal facial et de la
platine et permet de préciser certains éléments
importants pour l’intervention et le pronostic.
BIBLIOGRAPHIE
 I. Granier, B. Escude, V. Poirrier, D. Hoa, A. Bonafe. Imagerie
de l’otospongiose. Encyc Méd Chir (Editions Scientifiques et
Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés) 20-047-A-60,
2009.
 F Veillon, JL Stierle, J Dussaix, L Ramos-Taboada et S Riehm.
Imagerie de l’otospongiose : confrontation clinique et
imagerie J Radiol 2006; Vol 87:1756-64 © 2006.
 Classification scanographique des otospongioses JFR 2009.
 Rôle du scanner dans le diagnostic de l’otospongiose JFR
2010.
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