I. Mosnier* n° 19 fiche technique Sous la responsabilité de son auteur Otospongiose et sport Plongée Aéronautique L’otospongiose opérée est, en France, une contre-indication définitive à la pratique de la plongée en immersion, du fait de l’importance des variations de pression pouvant provoquer un enfoncement brutal du piston transplatinaire à l’origine de lésions du labyrinthe membraneux (1). L’otospongiose non opérée reste sujet à controverse. Pour certains, il s’agit d’une contre-indication du fait de la fragilité de l’oreille interne et du risque du “coup de piston platinaire”, qui correspond à un enfoncement brutal de la platine dans la fosse ovale lorsque la pression augmente lors de la descente après une période de résistance initiale liée à l’ankylose stapédovestibulaire. D’autres autorisent la plongée après évaluation de la perméabilité tubaire et de la “bonne compréhension des manœuvres tubaires”. Les seuils audiométriques sont cependant à prendre en compte. Si l’otospongiose non opérée s’accompagne d’une surdité moyenne à sévère bilatérale, ou d’une surdité totale unilatérale, un accident barotraumatique peut entraîner une perte de l’audition résiduelle. En cas de surdité totale bilatérale, la pratique de la plongée ne risque pas d’aggraver les choses, et elle peut être autorisée à condition que les consignes données par le moniteur soient bien comprises par le plongeur. Le rapport de la Société française d’ORL (SFORL) sur la pathologie pressionnelle en ORL (2) précise qu’il n’existe pas d’article de consensus dans la littérature sur les recommandations après chirurgie de l’oreille moyenne ou otospongiose, mais qu’il “apparaît licite de suspendre toute exposition à des variations pressionnelles pendant 2 mois minimum”. La reprise des vols en tant que passager est possible ensuite, “chez un patient informé des précautions à prendre pour prévenir la survenue d’un accident barotraumatique”. Pour le pilotage non professionnel, une dérogation peut être accordée par le Conseil médical de l’aéronautique civile, en fonction de la perméabilité tubaire, de la fonction vestibulaire, de la technique opératoire (une platinotomie calibrée est préférable), du seuil auditif (encadré) et de l’oreille controlatérale. L’otospongiose non opérée n’est pas une contre-indication au pilotage, si les seuils auditifs restent compatibles avec la sécurité. C A T É D À ➤➤Examens révisionnels : •• maximum d’intelligibilité de 100 % à 50 dB (listes de Fournier) ; •• déficit au seuil à 50 % n’excédant pas 40 dB. Le règlement médical de la Fédération française de parachutisme ne parle pas spécifiquement de l’otospongiose, opérée ou non. Il stipule que la voix chuchotée doit être entendue à une distance d’au moins 2 mètres, et que “les surdités unilatérales ou bilatérales entraînent l’inaptitude” sans spécification de degré. Il est précisé qu’il ne doit exister “aucune affection en évolution aiguë ou chronique de l’oreille moyenne, aucune obstruction permanente de la trompe d’Eustache et aucun trouble permanent de la fonction vestibulaire”. Il n’existe pas de consensus sur la date de reprise des activités sportives après une chirurgie de l’otospongiose, mais il est habituel de recommander le repos pendant au moins 3 semaines après une platinotomie calibrée. ■ Références bibliographiques 1. Fédération française d’études et de sports sous-marins. Manuel du médecin fédéral. Marseille : FFESSM, 2013. 2. Kossowski M, Le Page P, Raynal M. Barotraumatisme otologiques. In Kossowski M, Le Page P, Raynal M. Pathologie pressionnelle en ORL. Rapport de la SFORL 2007:187-207. * Département d’ORL, UF d’otologie, implants auditifs et chirurgie de la base du crâne, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris. L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. F I C H E ➤➤Examen d’admission : •• seuil ≤ 30 dB sur les fréquences 0,5, 1 et 2 kHz ; •• seuil ≤ 50 dB sur les fréquences 3 et 4 kHz. Autres activités sportives Parachutisme H E R L’otospongiose non opérée ou opérée (après cicatrisation) ne contre-indique pas les activités de surface. Encadré. Audiométrie au casque pour chaque oreille (arrêté du 19 mai 2008). La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 336 - janvier-février-mars 2014 | 27