Les marqueurs cardiaques

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Les marqueurs biologiques de
souffrance cardiaque
DCEM 1
2007-2008
Les maladies cardiovasculaires
∙ Une des premières causes de mortalité dans les pays
industrialisés
∙ Source de recrutement importante pour les services des urgences
∙ Deux pathologies différentes :
- Cardiopathies ischémiques qui regroupent
- angor stable
- angor instable
- infarctus du myocarde
- Insuffisance cardiaque
A - Les cardiopathies ischémiques
∙ Evolution lente
∙ Alternances de phases de stabilité et d’instabilité
∙ A partir de la rupture de la plaque d’athérome :
- activation de la coagulation
- diminution des apports en oxygène et en substrats au
niveau du myocarde
∙ Le dosage des marqueurs de nécrose en urgence permet :
- d’affirmer le diagnostic
- d’évaluer le risque
- de le stratifier
- réaliser une prise en charge ciblée
1 - Continuum physiopathologique
Rupture de la plaque
Thrombus intracoronaire
Asymptomatique
Diminution du débit coronaire
Angor stable
Ischémie myocardique
Angor instable
Nécrose myocardique
Infarctus du myocarde
2 - La plaque d’athérome
∙ Début de la formation de la plaque , avec un dépôt de graisse et de
cholestérol
∙ Des cellules musculaires entourent ce dépôt
➥ épaississement de la plaque et rétrécissement ou « sténose »
Si la thrombose est non occlusive
angor instable
Si la thrombose devient totalement occlusive
IDM
3 - Définition OMS de l’IDM
Selon l’OMS, le diagnostic d’IDM est défini par au moins 2 critères
parmi les suivants :
- Douleur rétrosternale angoissante, constrictive, irradiant
dans les mâchoires et le membre supérieur gauche, durant
plus de 20 minutes et ne cédant pas à la trinitrine
- Electrocardiogramme (ECG) : sus-décalage du segment ST et
une onde Q
- Signes biologiques (marqueurs)
4 – La syndrome biochimique
Déficit d’apport en
oxygène
∙ Protéines cytoplasmiques
∙ Enzymes : ASAT, ALAT, LDH, CK
Altérations membranaires et ∙ Myoglobine
cellulaires du myocyte
∙ Protéines de l’appareil contractile
Métabolisme anaérobie
Troponines
Lésions irréversibles
Mort cellulaire
Libération des composants
intracellulaires dans la circulation
B – Marqueurs biologiques et IDM
∙ Marqueurs anciens : ASAT, ALAT, CPK tot, LDH …
∙ Marqueurs récents :
- myoglobine
- troponines (I ou T), marqueur spécifique et sensible
qui peut rester élevé durant 7 à10 jours après l’IDM
∙ Enzymes :
- isoenzymes CK-MB
∙ Dans la plupart des situations, on étudie la cinétique de
plusieurs marqueurs (myoglobine, CK MB, troponines), sur
plusieurs échantillons successifs de sang, pour affirmer le
diagnostic d’IDM
1 – Myoglobine
∙ Hétéroprotéine, groupement prosthétique hémique
∙ Protéine PM = 17 800, localisée dans les cellules musculaires
- aucune spécificité cardiaque
- élimination exclusivement urinaire
- sujets sains : 6-80 ng/l
∙ Intérêt :
- marqueur le plus précoce +++ (2 à 3h)
- demi vie courte : 1 à 3 heures
- 2 seuils : 90 ng/ml : diagnostic de l’IDM
130 ng/ml : indication de thrombolyse
∙ Inconvénients
- absence de spécificité
- résultats augmentés également dans certaines
maladies musculaires dégénératives et inflammatoires
Myoglobine : diagnostic précoce de l’IDM
∙ Marqueur précoce
∙ Sensibilité très supérieure à celle de la CK-MB ou des
troponines dès la 2 ou 3° heure après le début des
symptômes
∙ Valeur prédicitive négative ++ : une absence
d’augmentation peut permettre un diagnostic d’exclusion de
l’IDM (répéter les tests)
∙ Permet :
- le suivi de reperfusion (pic sérique 1 heure environ
après désobstruction par angioplastie)
- le diagnostic d’une récidive précoce
2 - Troponines
Complexe = 3 protéines non enzymatiques
Régulent contraction musculaire (interaction actine-myosine)
Localisation : muscle cardiaque et squelettique
-Troponine T
Lie le complexe actine-myosine
à la myosine
-Troponine I
Inhibition de l’activité ATPasique du complexe actine-myosine
Empêche la contraction musculaire en l’absence de calcium
Inhibe l’interaction actine-myosine
-Troponine C
Fixe le Ca ++
Induit la rupture de la liaison entre TnI et actine
Permet le contact entre actine et myosine
a - Formes circulantes et métabolismes des troponines
∙ Plusieurs formes circulantes
- Troponine T et I : forme libre puis complexée
- Troponine I circulante complexée +++ (IC)
- Complexe TIC
∙ 3 Isoformes des troponines I et T
- Muscle cardiaque
- Muscle strié contraction lente
- Muscle strié contraction rapide
➔ Distinction par dosage ++
1 seule isoforme de troponine C (non cardospécifique)
b – Troponines et IDM
∙ Très grande spécificité +++
∙ Concentration élevée (13 fois plus que la CPK-MB)
∙ Non retrouvée dans le sang des sujets sains
∙ Cinétique d’apparition rapide (dès 3-6° heure)
∙ Reste élevée pendant 10 (21) jours
∙ Durée de taux élevés proportionnelle à la taille de la nécrose
∙ Evaluation de la reperfusion
➔ Parmi les différentes troponines, la TnIc est un des
meilleurs marqueurs cardiaques
3 – Autres indications de dosage de troponine Ic
∙ Toutes les atteintes cardiaques avec ischémie et souffrance
myocardique (péricardite, myocardique, …)
∙
∙
∙
∙
∙
∙
∙
Diagnostic rétrospectif des IDM
Tout type de chirurgie
Marqueur de rejet transplantation
Toxicité cardiaque des drogues
Atteinte myocardique au cours des péricardites
Contusion mécanique
Pronostic des angors instables
Troponine I spécifique du myocarde mais pas de l’IDM !
➔ Corrélation avec la clinique
Dommages
myocardiques
0.6 ng/ml
IDM*
1.5 ng/ml
0 ng/ml Intervalle
de
référence
0.1 ng/ml
Troponines Ic : seuils décisionnels
* Diagnostic IDM si exclusion de
toute autre cause d’élévation de la
TnI
En résumé …
∙ Marqueur le plus cardiospécifique (100%)
➥ Pas de faux positifs en cas de traumatisme des
muscles squelettiques
∙ Diagnostic précoce et rétrospectif d’une nécrose myocardique
- se positive 3 à 6 heures après le début des douleurs
- reste élevée jusqu’à 10 jours après l’infarctus du
myocarde
∙ Indications
- diagnostic de l’IDM, angor instable et micro-infarctus
- infarctus péri-opératoires après chirurgie vasculaire ou non
- suivis de reperfusion
∙ Dosage pratique et facile
- 5 ml de plasma
- résultats réalisés en urgence 24h/24h
- délai : 1 heure après réception de l’échantillon
3 - Créatine Kinase : CK MB et isoformes
- Structure : Dimère - 2 SU
∙ 3 isoenzymes  CK MM, MB, BB
- Distribution :
Muscle
99 % CK MM
1 % CK MB
Myocarde
60-85 % CK MM
15-40 % CK MB
CK BB
Cerveau +++, Colon, Vessie
Plasma
CK MM > 95 %
CK MB < 5 %
CK BB indétectable (marqueur tumoral)
- CPK MB et IDM :
Augmentation : 4-6 h
Nle : 60-72 h
Non spécifique (causes musculaires)
Cinétique raccourcie si thrombolyse efficace
➔ Intérêt dans suivi de reperfusion
4 - CRP
Reflet de l’état inflammatoire
Synthétisée par l’hépatocyte
Demi-vie = 8-12 h
➔ Marqueur pronostic (risque de récidive)
Les marqueurs biologiques
de la nécrose myocardique
➔ Approche actuelle pour une meilleure efficacité
diagnostique
Avant
Transaminases
LDH
CK tot
Maintenant
Myoglobine
Troponines
(CK-MB)
Cinétique des marqueurs cardiaques au cours de l’IDM
Montée Pic Retour normale
Myoglobine 2-3 h 8-21h
24-36h
Troponines 3-6 h 12-24 h 10-21j
CK-MB
4-6 h 18-22h
60-72 h
Quels marqueurs cardiaques utiliser et quand ?
Troponine Ic
Spécifique
Sensible
Large fenêtre
diagnostique
- IDM
- Angor instable :
stratification de risque
- Tout type de chirurgie
Myoglobine
CK MB
Précoce
Excellente VPN
Non spécifique
Moins spécifique
que TnIc
- Début d’IDM
- Exclusion d’IDM
- Suivi de thrombolyse
- Récidive IDM
De plus en plus
Remplacée
par la TnIc
Recommandations du ESC et ACC
∙ Utiliser un marqueur précoce (myoglobine) et un marqueur
plus tardif
∙ La troponine est le marqueur préféré pour le diagnostic des
dommages myocardiques
∙ ASAT, LDH et ses isoenzymes ne devraient plus être utilisés
dans le diagnostic des atteintes myocardiques
∙ Les prélèvements sanguins devraient être réalisés à l’admission,
entre 6 et 9h puis entre 12 et 24h
ESC : European Society of Cardiology
ACC : American College of Cardiology
Insuffisance cardiaque
Pathologie du sujet âgé +++
IC = incapacité de la pompe cardiaque à assurer un débit
sanguin adapté aux besoins métaboliques de l’organisme
Physiopathologie
Lésion muscle cardiaque
∙ diminution de la capacité d’éjection de la
pompe ventriculaire gauche
∙ mécanismes compensateurs mécaniques et
neuro-hormonaux
Réponse hémodynamique : hypertrophie myocardique
Réponse périphérique : vasoconstriction, rétention hydro-sodée
Simultanément
Contre-régulation vasodilatatrice
Augmentation de l’excrétion hydrosodée
➔ Activation de peptides natriurétiques ANP, BNP
Principales étiologies
- Pathologies coronaires
- HTA
- Cardiomyopathies
- Causes toxiques : OH, chimio, virales
- Hémochromatose, Amylose
Classification internationale de l’insuffisance cardiaque
NYHA
Classe 1
- aucune limitation des activités physiques
- ni dyspnée ni fatigue lors des activités de la vie courante
Classe 2
- limitation modérée des activités physiques
- gêne lors des activités physiques importantes
- pas de gêne au repos
Classe 3
- Limitation franche des activités physiques
- gêne lors des activités, même modérées, de la vie courante
- pas de gêne au repos
Classe 4
- incapacité d’effectuer la plupart des activités de la vie
courante sans une gêne importante
- gêne au repos
Le BNP
Brain Natriuretic Peptide
∙ Hormone polypeptidique
∙ Produite par les ventricules cardiaques
∙ Sa concentration augmente dans l’insuffisance cardiaque
∙ Corrélation des taux plasmatiques de BNP avec la sévérité
de l’insuffisance cardiaque (classification NYHA)
1 - Libération de BNP à partir des myocytes
Cardiomyocyte
Pré pro BNP (134 AA)
Peptide signal (26 aa)
Pro BNP (108 aa)
Sanguin
NT pro BNP (1-76 aa)
BNP (32 aa)
Fragment terminal
biologiquement actif
2 – Rôle physiologique du BNP
∙ Peptide natriurétique à action diurétique et vasodilatatrice,
sécrété par le myocyte suite à :
- une augmentation de l’étirement ventriculaire
- une pression intracardiaque trop forte (hypervolémie)
- une hypertension artérielle
∙ Action inhibitrice sur le système rénine-angiotensinealdostérone :
- réduction de la libération de rénine
- suppression de l’activité de l’enzyme ACE
- blocage de la libération d’aldostérone
∙ Compensation de la surcharge hydrique et de l’hypertension
induites par l’insuffisance cardiaque
3 – Intérêt diagnostique du BNP
∙ Diagnostic des dyspnées d’étiologie difficile
- dyspnée d’origine cardiaque ou d’origine pulmonaire
- forte valeur prédictive négative
∙ Diagnostic des dysfonctions ventriculaires diastoliques
∙ Evaluation du pronostic
- sévérité de l’IC
- stratification de risque des syndromes coronariens
aigus :
suivi post-infarctus (pronostic)
angor instable
∙ Suivi d’efficacité thérapeutique
- marqueur de choix pour évaluer l’efficacité du
traitement de l’IC
4 – Doit-on doser le BNP ou le NT-ProBNP ?
∙ Le BNP est la molécule active
∙ Le NT-ProBNP est la molécule inactive résultant du clivage du Pro
BNP
∙ La demie vie de NT-ProBNP est de 60 à 120 min contre 20 min pour
le BNP
∙ La clearance du NT-ProBNP est dépendante de la fonction rénale
∙ Le BNP est dégradé par fixation sur des récepteurs et par une
endopeptidase
∙ Le NT-ProBNP est plus stable in vitro
∙ Le NT-ProBNP est un bon reflet de la concentration de BNP
➔ Bonne valeur prédictive positive et négative pour le
diagnostic d’insuffisance cardiaque
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