Professeur Isabelle Fourasté Faculté des Sciences Pharmaceutiques de Toulouse Le Myrte Myrtus communis L. Myrtaceae Pierre Fabre Pierre Fabre - Le Myrte Myrtus communis L. (Myrtaceae) L e Myrte est un arbuste toujours vert, de 2 à 3 mètres de haut, répandu sur tout le littoral méditerranéen, dans les maquis et les garrigues. • Les tiges du Myrte sont recouvertes d’une écorce rousse. Ses feuilles ovales, opposées deux à deux, sont coriaces et persistantes. Les fleurs blanches, fortement odorantes, sont disposées à l’aisselle des feuilles. Le fruit, noir bleuâtre à maturité, est ovoïde et charnu. C • Toutes les parties de la plante contiennent des poches schizogènes à huile essentielle, responsables de son odeur suave.(6, 8) ette senteur embaumait l’air des peuples méditerranéens de l’Antiquité. Le Myrte tenait à cette époque une place aussi importante que le laurier et l’olivier. Dans la Grèce Antique, le Myrte était consacré à Aphrodite, déesse de l’amour, et l’on avait coutume de parer les jeunes mariées d’une couronne de feuilles de Myrte. • De même, chez les Romains, il était consacré à Vénus. Le Myrte était symbole de victoire ; que ce soit au stade ou au sénat, le vainqueur apparaissait coiffé d’une couronne de Myrte (et non de Laurier). (5, 6, 8). • Dès le 1er siècle, Dioscoride, médecin grec, indiquait de nombreuses applications médicales et avait qualifié le Myrte d’ami de l’estomac (6). Aujourd’hui, les feuilles et l’huile essentielle sont utilisées notamment en cas d’affection respiratoire (2, 3). - composition chimique - ■ PRINCIPAUX CONSTITUANTS CHIMIQUES RETROUVES DANS LES FEUILLES DE Myrtus communis L. (2, 3, 5, 8,9) 1 - des polyphénols A - des tanins B - des flavonoïdes Ce sont des dérivés hétérosidiques du kampférol, du myricétol et du quercétol Kaempférol Quercétol Myricétol C - des phloroglucinols : des myrtucommulones A et B myrtucommulone A myrtucommulone B 2 - Une huile essentielle dont les principaux constituants sont : (-)-α-pinène eucalyptol (1,8-cinéole) α-terpinéol linalol (+)-myrténol acétate de myrtényle - Données pharmacologiques - ■ PROPRIETES ASTRINGENTES (3, 8) Le Myrte est riche en tanins; il leur doit ses propriétés astringentes. Ce type d’extrait est utilisé dans le traitement de diverses affections cutanées, notamment le psoriasis. ■ ACTIVITE ANTISEPTIQUE (2, 4, 8, 10) L’huile essentielle, par l’intermédiaire de l’eucalyptol et du myrténol, a une action spécifique sur les voies respiratoires. Les tanins participent également à cette action antiseptique. ■ ACTIVITE ANTIBIOTIQUE (2, 8, 10) Les terpènes de l’huile essentielle que sont l’eucalyptol et le myrténol ainsi que les myrtucommulones A et B ont une action antibiotique sur les bactéries Gram + et Gram -. La myrtucommulone A est active à de très faibles doses (1 μg/ml). Elle a une action sur les germes Gram + aussi efficace que la pénicilline et la streptomycine. Les tanins dérivés des acides gallique et ellagique joueraient un rôle dans l’activité antibactérienne. ■ ACTIVITE PARASITICIDE (5, 7, 8) L’huile essentielle de Myrte est active sur le pou de tête (Pediculus humanus capitis) et sur sa larve (lente). L’effet toxique est principalement dû au cinéole, à l’a-pinène et au linalol. ■ ACTIVITE FONGICIDE (8) Les flavonoïdes et autres polyphénols présents dans la plante sont actifs contre la levure responsable des états pelliculaires : Pityrosporum ovale. - USAGES TRADITIONNELS ET COURANTS - ■ USAGES TRADITIONNELS (5, 6, 8, 9) Dès le 1er siècle, Dioscoride et Pline l’Ancien décrivaient de nombreuses applications médicinales basées sur l’action antiseptique du Myrte. - En usage interne : Le Myrte, par ses qualités d’expectorant, était indiqué contre les affections du système respiratoire telles que l’emphysème ou la bronchite. Diverses décoctions de Myrte étaient prescrites dans le traitement d’ulcères et de douleurs gastriques. Les diarrhées étaient aussi traitées par l’utilisation de décoctions de fleurs de Myrte. Le Myrte est indiqué en tant qu’antiseptique urinaire. La médecine populaire l’emploie aussi contre la leucorrhée, les troubles du système nerveux, l’épilepsie et les maladies du foie. - En usage externe : Les propriétés astringentes du Myrte sont utilisées contre diverses affections cutanées et notamment le psiorasis. ■ INDICATIONS THERAPEUTIQUES (8) L’huile essentielle est utilisée comme antiseptique en cas d’affections respiratoires et expectorantes. Un shampooing à base d’extrait de Myrte est utilisé dans le traitement des pellicules. ■ EFFETS INDESIRABLES, CONTRE INDICATIONS (9) Les doses thérapeutiques de feuilles de Myrte ne provoquent aucun effet secondaire toxique. Des doses élevées d’essence peuvent causer des nausées, céphalées et dépressions. L’urine prend alors une odeur de violette. - identification (8) - L a fleur et la feuille de Myrte ont été inscrites aux 1ère et 2ème Editions de la Pharmacopée Française. • Actuellement, le Myrte est inscrit sur la Liste Alphabétique Révisée des Drogues Végétales (9 et 10ème Editons de la Pharmacopée Française). Enfin, le Myrte pour Préparations Homéopathiques fait l’objet d’une monographie au 10ème supplément de la 10ème Edition de la Pharmacopée Française. DESCRIPTION DE LA FEUILLE DE Myrtus communis L. • Les feuilles de Myrtus communis L. sont persistantes, opposées 2 à 2, très rarement verticillées par trois, oblongues-aiguës, sans dents ni poils, coriaces, luisantes, brièvement pétiolées. • Elles sont vert-foncé, aromatiques et l’on peut remarquer des poches sécrétrices, visibles par transparence. • Elles mesurent généralement 1 à 3 cm de long pour environ 0,5 cm de large. • L’examen microscopique de la section transversale de la feuille permet d’identifier différents éléments caractéristiques : - des macles d’oxalate de calcium localisées dans tous les parenchymes, - des poches sécrétrices reparties dans tout le mésophylle avec une préférence pour les zones sous-épidermiques. Il faut noter que les jeunes feuilles sont velues, qu’il y a des poils tecteurs unicellulaires localisés sur la marge du limbe et surtout sur la nervure principale. Ces poils disparaissent chez la feuille adulte. Myrtus communis L. Feuilles. - bibliographie - 1 -BELAICHE P. Traité de phytothérapie et d’aromathérapie. Ed. Maloine, 1979, tome I, p.163. 2 - BEZANGER L., BEAUQUESNE L., et al. Les plantes dans la thérapeutique moderne. Ed. Maloine, 1986, p. 297. 3 - BEZANGER L., BEAUQUESNE L., et al. Plantes médicinales des Régions Tempérées. Ed. Maloine, 1990, p. 191. 4 - CORNILLOT P., ANTOINE P., BALANSARD G., et al. Encyclopédie des Médecines Naturelles. Editions Techniques, 1991, Section C1 p.17. 5 - DELAVEAU P. Les Actualités Pharmaceutiques. Décembre 1994, n° 326. 6 - FOURNIER P. Le livre des plantes médicinales et vénéneuses de France. Encyclopédie Biologique, Ed. Lechevalier, 1948, tome III, p.64. 7 - GAUTHIER R., AGOUMI A., GOURAI M. Activité d’extraits de Myrtus communis contre Pediculus humanus capitis. Plantes médicinales et phytothérapie, 1989, tome XXIII, n°2, p.95. 8 - MONTASTIER F. Le Myrte - Myrtus communis L. (Myrtaceae). Thèse de doctorat en Pharmacie, 1997, UPS Toulouse III, n° 2018. 9 - VAN HELLEMONT J. Compendium de phytothérapie. Ed. Service scientifique de l’APB, 1986, p.260. 10 - VIGNEAU C. Plantes médicinales, Thérapeutique, Toxicité. Ed. Masson, 1985, p.150, 154. Pierre Fabre Code : 187192 F Pierre Fabre