RESERVE AUX PROFESSIONNELS DE SANTE OCTOBRE – NOVEMBRE – DECEMBRE 2012 - JANVIER 2013 NUMERO 91 VOUS SOUHAITEZ NOUS POSER UNE QUESTION SUR LE MEDICAMENT VOUS VOULEZ SIGNALER UNE OBSERVATION, UN EFFET INDESIRABLE N’HESITEZ PAS A NOUS CONTACTER PAR TELEPHONE PAR FAX PAR COURRIER PAR E-MAIL LE CENTRE DE PHARMACOVIGILANCE GARANTIT LA CONFIDENTIALITE DES INFORMATIONS ET OBSERVATIONS TRANSMISES Centre Régional de Pharmacovigilance et de Renseignements sur les Médicaments René LE BLAYE Nord – Entrée 6 – 2, rue de la Milétrie – BP 577 – Poitiers cedex : 05.49.44.44.53 – FAX : 05.49.44.38.45 E-mail : [email protected] F. CHAVANT, B. FAUCONNEAU, S. FAVRELIERE, C. LAFAY, A. MAGNOU, S. PAIN-BARC, M.C. PERAULT, C. PLAZANET. RESERVE AUX PROFESSIONNELS DE SANTE OCTOBRE – NOVEMBRE – DECEMBRE 2012 - JANVIER 2013 NUMERO 91 A PROPOS DES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS (DABIGATRAN, RIVAROXABAN) CE QU’IL FAUT SAVOIR (1) Les nouveaux anticoagulants oraux, dabigatran PRADAXA® et rivaroxaban XARELTO®, sont une alternative aux anti-vitamines K (AVK), particulièrement en cas de fluctuations de l’INR (International Normalized Ratio) en dehors de la zone thérapeutique. Le dabigatran est un inhibiteur direct de la thrombine (IIa), il se caractérise par une activité anticoagulante dose-dépendante prédictible, une demi-vie environ 4 fois plus courte que la warfarine et une absence d’interaction avec le système enzymatique du CYP450. Le rivaroxaban est un inhibiteur hautement sélectif du facteur Xa, il n’inhibe pas la thrombine. A ce jour, il n’y a pas de surveillance biologique de routine proposée, le contrôle du niveau d’anticoagulation n’est indiqué qu’en cas de risque élevé d’hémorragie ou de thrombose. Les risques majeurs des nouveaux anticoagulants oraux sont similaires à ceux des AVK : risque d’hémorragie en cas de surdosage, risque de thrombose en cas de sous-dosage. Les facteurs de risque de surdosage et d’accident hémorragique sont notamment : sujet âgé (> 75 ans), insuffisance rénale, faible poids corporel, certaines comorbidités associées à un risque hémorragique élevé, certaines interactions médicamenteuses Aucun test spécifique de coagulation de routine n’est validé à ce jour. Des tests disponibles dans les laboratoires spécialisés peuvent être utilisés ponctuellement dans les situations à risque. L’absence de surveillance biologique de routine ne doit pas amener à banaliser le traitement anticoagulant. Interprétation des tests de coagulation et réversibilité de l’action anticoagulante du dabigatran (2) L’aPTT (temps partiel de thromboplastine activée) et le TT (temps de thrombine) sont les méthodes les plus faciles à utiliser pour déterminer l’absence ou la présence de l’effet anticoagulant. Il n’existe pas d’antidote spécifique mais la durée d’action courte de la molécule fait que l’interruption du traitement peut être suffisant. En cas de suspicion de surdosage, les possibilités d’administration de charbon activé suivie d’épuration sur une colonne de charbon sont en cours d’évaluation. Chez l’insuffisant rénal, il peut aussi être éliminé par dialyse dans le cas du dabigatran. En cas d’hémorragie engageant le pronostic vital, il est possible d’envisager le recours à des produits prohémostatiques non spécifiques, comme le facteur VII recombinant activé et les concentrés de complexe prothrombinique. Comment prendre en charge des patients avec saignements majeurs ou menaçant le pronostic vital ? L’expérience clinique est limitée. La demi-vie d’élimination est courte mais pas suffisamment pour éviter des effets graves en cas d’hémorragie majeure et il n’existe pas d’antidote. De ce fait, il est proposé : - d’arrêter le traitement par anticoagulant oral - d’orienter rapidement le patient vers un service spécialisé Centre Régional de Pharmacovigilance et de Renseignements sur les Médicaments René LE BLAYE Nord – Entrée 6 – 2, rue de la Milétrie – BP 577 – Poitiers cedex : 05.49.44.44.53 – FAX : 05.49.44.38.45 E-mail : [email protected] F. CHAVANT, B. FAUCONNEAU, S. FAVRELIERE, C. LAFAY, A. MAGNOU, S. PAIN-BARC, M.C. PERAULT, C. PLAZANET. RESERVE AUX PROFESSIONNELS DE SANTE OCTOBRE – NOVEMBRE – DECEMBRE 2012 - JANVIER 2013 - de réaliser une dialyse en cas de traitement par dabigatran NUMERO 91 A PROPOS DES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS (DABIGATRAN, RIVAROXABAN) CE QU’IL FAUT SAVOIR (1) L’utilisation de dabigatran est désormais contre-indiquée depuis janvier 2013 chez les porteurs de prothèses valvulaires cardiaques (3) Cette mise à jour se base sur les données d’une étude clinique de phase II étudiant le dabigatran et la warfarine chez 252 patients ayant bénéficié d’une chirurgie pour prothèse valvulaire cardiaque mécanique. Un nombre plus important d’accidents thromboemboliques et d’accidents hémorragiques avaient été observés avec le dabigatran par rapport à la warfarine. En pratique Il n’y a pas d’argument pour changer le traitement d’un patient stabilisé sous AVK . Des accidents hémorragiques graves ayant été rapportés, il convient : d’évaluer le risque hémorragique avant toute décision de prescription : fonction rénale, âge, situation clinique, poids corporel, comorbidités et interactions médicamenteuses, notamment l'interaction vérapamil/ dabigatran d’être attentif à la survenue d’événements indésirables, particulièrement dans certaines situations : relais d’un traitement par AVK, association à un agent antiplaquettaire, comorbidités, polymédication ; d’évaluer la fonction rénale au moins 1 fois par an ou plus fréquemment dans certaines situations à risque (sujet âgé, interaction médicamenteuse…). (1) Avis de la Commission de Transparence du 29/02/2012 pour PRADAXA et du 14/03/2012 pour XARELTO et du point d’information de l’ANSM d’avril 2012. (2) « Dabigatran : interprétation des tests de coagulation et réversibilité de l’action anticoagulante » par le groupe GITA (Groupe Interdisciplinaire Trousseau Antithrombotiques) extrait de l’article de Van Ryn J et al. 2010 (3) Information du laboratoire Boeringer Ingelheim en accord avec l’ANSM du 07/01/2013 Centre Régional de Pharmacovigilance et de Renseignements sur les Médicaments René LE BLAYE Nord – Entrée 6 – 2, rue de la Milétrie – BP 577 – Poitiers cedex : 05.49.44.44.53 – FAX : 05.49.44.38.45 E-mail : [email protected] F. CHAVANT, B. FAUCONNEAU, S. FAVRELIERE, C. LAFAY, A. MAGNOU, S. PAIN-BARC, M.C. PERAULT, C. PLAZANET. RESERVE AUX PROFESSIONNELS DE SANTE OCTOBRE – NOVEMBRE – DECEMBRE 2012 - JANVIER 2013 NUMERO 91 LEVURE DE RIZ ROUGE UTILISE POUR BAISSER LE TAUX DE CHOLESTEROL QUE CONNAIT-ON DE SA TOLERANCE ? Chez les patients intolérants aux statines, les myalgies réapparaissent souvent à la prise d’une autre statine. Devant l’absence d’alternative médicamenteuse, beaucoup de ces patients utilisent alors des compléments alimentaires réputés pour traiter leur dyslipidémie. Un de ces traitements est la levure de riz rouge. Mais quelle est sa tolérance ? La levure de riz rouge est considerée en Asie comme un produit alimentaire, le produit de la fermentation du riz par la levure rouge est séché et réduit en poudre. Celle-ci est utilisée comme colorant ou bien comme réhausseur de goût dans différents mets asiatiques (sauces, mousses de poisson, vin de riz, etc…). Les compléments alimentaires de levure de riz rouge commercialisés sont conçus à partir d’une souche spécifique (Monascus purpureus Went). Ils contiennent de faibles taux de métabolites « statin-like » incluant la monacoline K, identique à la lovastatine. Dans une étude versus placebo parue en 2009, 31 patients ont reçu 1800 mg de levure de riz rouge et 31 autres ont reçu le placebo et ceci 2 fois par jour pendant 24 semaines. La baisse du LDL cholesterol a été significativement plus importante dans le groupe levure de riz rouge que dans le groupe placebo (p<0,011) à 24 semaines. Les taux de HDL cholestérol, TG, CPK enzymes hépatiques ont été similaires dans les deux groupes (1). Une étude américaine comparant 2 groupes de 21 patients intolérants aux statines, l’un traité par la levure de riz rouge 2,4 g deux fois par jour et l’autre traité par la pravastatine 20 mg 2 fois par jour n’a montré aucune différence quant à la tolérance et l’efficacité du produit sur la réduction du LDL cholestérol (2). Ces préparations à base de riz rouge sont commercialisées pour leur capacité à réduire la cholestérolémie en raison de la présence de 5 à 10 mg de lovastatine, ce qui signifie une efficacité et une tolérance similaire à celle des statines. Il faut signaler que bien que rares, des cas de rhabdomyolyse ont été décrits avec la levure de riz rouge (3) ce qui alerte sur le risque associé avec ces compléments alimentaires dont le statut ne procure aucune garantie sur leur composition et leur qualité. (1) Becker DJ et al. Red yeast rice dyslipidemia in statin-intolerant patients : a randomized trial. Ann Intern Med. 2009 ; 150: 830-9. (2) Halbert S. et al. Tolerability of red yeast rice (2,4 mg twice daily) versus pravastatin (20 mg twice daily) in patients with previous statin intolerance. Am J Cardiol 2010 ; 105:198-204. (3) Prasad GV et al. Rhabdomyolysis due to red yeast rice (Monascus purpureus) in a renal transplant recipient. Transplantation 2002 ; 27:1200-1. Allopurinol et risque de survenues de toxidermies graves L’allopurinol est un inhibiteur de la xanthine oxidase commercialisée depuis plus de 40 ans sous le nom de ZYLORIC®. Il peut provoquer des réactions cutanées graves (syndrome de Lyell ou de Stevens Johnson et des syndromes de DRESS), Une analyse des observations rapportées entre 2008 et 2010 a mis en évidence que 60% des cas signalés étaient jugés évitables en raison d’une indication non justifiée. Ce traitement ne doit pas être instauré en cas d’hyperuricémie asymptomatique, les posologies devront être augmentées progressivement, l’uricémie devra être dosée régulièrement. Le médecin devra informer le patient de ce risque. Ces toxidermies surviennent le plus souvent dans les deux mois suivant l’instauration du traitement et l’arrêt immédiat du traitement dès l’apparition d’une éruption cutanée ou muqueuse est de meilleur pronostic. Ref : Lettre aux professionnels de santé de l’ANSM de février 2013 Centre Régional de Pharmacovigilance et de Renseignements sur les Médicaments René LE BLAYE Nord – Entrée 6 – 2, rue de la Milétrie – BP 577 – Poitiers cedex : 05.49.44.44.53 – FAX : 05.49.44.38.45 E-mail : [email protected] F. CHAVANT, B. FAUCONNEAU, S. FAVRELIERE, C. LAFAY, A. MAGNOU, S. PAIN-BARC, M.C. PERAULT, C. PLAZANET. RESERVE AUX PROFESSIONNELS DE SANTE OCTOBRE – NOVEMBRE – DECEMBRE 2012 - JANVIER 2013 NUMERO 91 A PROPOS D’UN CAS ELEVATION DE L’INR ASSOCIEE A LA PRISE CONCOMITANTE DE WARFARINE ET DE CEFTRIAXONE Il s’agit d’une patiente de 67 ans avec de multiples comorbidités recevant de la warfarine depuis 8 ans. Elle a reçu une injection de ceftriaxone en intra-musculaire 1g dans le cadre d’une infection urinaire. Quatre jours après, alors que le traitement par warfarine était bien équilibré l’INR est passé de 3 à 10,74. Le traitement par warfarine a été arrêté, elle a reçu 5 mg de vitamine K et L’INR est revenu à 3,4. Quelques semaines plus tard, la patiente a reçu une nouvelle dose de ceftriaxone 1g. A nouveau, 4 jours plus tard, l’INR était à 16,99. La warfarine a été arrêté, elle a reçu 5 mg de vitamine K, et le lendemain, l’INR a diminué à 4,6. Réf : Clark TR and Burns S. Elevated international normalized ratio values associated with concomitant use of warfarin and ceftriaxone. Am J Health Syst Pharm 2011 sep 1 ; 68 : 1603-5 : 10.2146-1006810. er LEVOCABASTINE EN COLLYRE : 1 CAS DE CHOC ANAPHYLACTIQUE CHEZ UNE PERSONNE AGEE Une patiente de 70 ans a développé un choc anaphylactique alors qu’elle recevait de la lévocabastine une fois par jour [dose non définie] dans les deux yeux pour une conjonctivite allergique. Elle a rapidement présenté un gonflement des paupières suivi d’une dyspnée. La lévocabastine a été arrêtée et elle a reçu de l’adrénaline, de la prednisolone et de la dexchlorpheniramine. Le lendemain, ses paupières étaient dégonflées et la dyspnée résolue. On retrouve de la lévocabastine dans 3 spécialités : LEVOFREE®, LEVOPHTA®, ALLERGIFLASH® 0.05% collyre. Réf : Pharmaceutical and Food Safety Bureau. Important Safety Information – Levocabastine Hydrochloride. Pharmaceuticals and Medical Devices Safety Information 2012 oct ; 295 : 14-16. OXCARBAZEPINE (TRILEPTAL®) : premier cas d’éjaculation rétrograde Un homme de 35 ans a commencé à avoir des crises convulsives hebdomadaires environ 1 an après un traumatisme crânien. Il a été traité par l’oxcarbazépine jusqu’à 1800mg/jour. Pendant l’augmentation de posologie, il fait mention de difficulté à éjaculer, puis il présente une impossibilité à éjaculer quelques jours après avoir atteint la dose maximale du traitement. Son histoire sexuelle était sans particularité, sa libido et ses érections n’étaient en aucun cas altérées. Il fait état d’urines post orgasme mousseuses, et une analyse d’urine a révelé la présence de sperme. Une rétroéjaculation iatrogène est alors suspectée. Le traitement par l’oxcarbazepine est arrêté progressivement et une semaine après l’arrêt, il présente une éjaculation normale et aucun sperme n’est retrouvé dans les urines lors d’un suivi à 30 jours. Ref : Calabro RS et al. Oxcarbazepine-related retrograde ejaculation. Epilepsy and behavior 2012 ; 25 :174-5. Centre Régional de Pharmacovigilance et de Renseignements sur les Médicaments René LE BLAYE Nord – Entrée 6 – 2, rue de la Milétrie – BP 577 – Poitiers cedex : 05.49.44.44.53 – FAX : 05.49.44.38.45 E-mail : [email protected] F. CHAVANT, B. FAUCONNEAU, S. FAVRELIERE, C. LAFAY, A. MAGNOU, S. PAIN-BARC, M.C. PERAULT, C. PLAZANET.