PÉRISCOPE Forum Med Suisse 2006;6:408 408 Périscope Des variantes du virus H5N1 résistant à l’oseltamivir ont pu être isolées chez deux patients sur les huit traités par oseltamivir (Tamiflu®), un inhibiteur de la neuraminidase, et décédés de la grippe aviaire au Vietnam. Il ne fait aucun doute que des résistances apparaissent, surtout si la posologie est insuffisante. Cette observation permet de supposer que même un traitement précoce et à pleine dose peut donner des résistances à l’oseltamivir. Il y a également des arguments voulant que l’administration précoce d’oseltamivir prolonge la période d’incubation et donc potentiellement le moment de la transmission du virus, ce qui pourrait provoquer une évolution fulminante des problèmes pulmonaires. L’accumulation de stocks de Tamiflu® n’est pas la panacée! – de Jong MD, et al. Oseltamivir resistance during treatment of influenza A (H5N1) infection / Moscona A. Oseltamivir resistance – disabling our influenza defenses [editorial]. NEJM 2005;353:2667–72 / 2633–5. 11,5% de la population blanche des Etats-Unis développent à partir de 80 ans une dégénérescence maculaire sénile (DMS), ne reconnaissent plus les gens, ne peuvent plus lire, plus conduire ni se déplacer librement. La progression est estimée à trois millions pour les 20 ans à venir – uniquement pour les Etats-Unis. Une étude a examiné les effets de certains antioxydants – bêtacarotène, vitamines E et C et zinc – sur l’incidence de la dégénérescence maculaire sénile, et voyez le résultat: sur 4170 patients de plus de 50 ans, 560 ont développé après 8 ans en moyenne une dégénérescence maculaire sénile débutante. Sous antioxydants, le risque relatif n’a été que de 0,65. A partir de 50 ans donc, les quatre antioxydants, mais surtout la vitamine E et le zinc, pourraient considérablement réduire la dégénérescence maculaire sénile – et pas nécessairement sous forme de comprimés! – van Leeuwen B, et al. Dietary intake of antioxydants and risk of age related macula degeneration. JAMA 2005;294:3101–7. Trois homosexuels se présentent avec des douleurs périanales et rectales, exacerbées par la position assise, un écoulement rectal muco-sanglant, une incontinence fécale, une émission de selles en cordons, une alternance constipation-diarrhée, et des douleurs dans le bas-ventre. La colonoscopie montre une proctite, des structures fibreuses et ulcérations rectales. La biopsie révèle une colite ulcéreuse active. Les frottis rectaux donnent des chlamydies et la sérologie des titres d’anticorps augmentés contre Chlamydia trachomatis serovar L2. Tout cela parle pour un lymphogranulome vénérien, une maladie normalement endémique sous les tropiques et apparaissant depuis peu dans les cercles homosexuels de Rotterdam, Anvers, Paris, Stockholm, Hambourg et Boston, et qui ne devrait pas tarder à sévir en Suisse. Les frottis rectaux à la recherche de chlamydies résolvent parfois le problème! – Williams D, et al. Ulcerative proctitis in men who have sex with men: an emerging outbreak. BMJ 2006;332:99–100. Médecine des voyageurs: en 2004, 763 millions de personnes sont sorties des frontières de leur pays. 55% pour des vacances, 15% pour affaires et toujours plus de visites à des amis et parents, en majorité dans des pays pauvres. 8% des voyageurs dans des pays en voie de développement ont besoin d’assistance médicale pendant ou après leur voyage. Une étude a analysé 17 353 buts de voyage, la première question concernant l’endroit visité. Un tableau présente la liste des maladies et de leurs causes et incidences dans les secteurs Caraïbes, Amérique Centrale, Amérique du Sud, Afrique subsaharienne, Asie du Sud et Centrale, Asie du Sud-Est et autres pays. Précieuse médecine géographique! – Freedman DO, et al. Spectrum of disease and relation to place of exposure among ill returned travelers. NEJM 2006;354:119–30. Existe-t-il une association? Un Allemand de 56 ans résidant en Thaïlande revient d’un voyage de deux semaines au Sri Lanka. Il a de la fièvre, des frissons et ne peut plus ouvrir son œil droit. L’examen révèle un exanthème discret sur le thorax, une ptose palpébrale droite totale et une légère faiblesse de la main gauche. La fièvre monte à 38,8 °C, il a une leucopénie avec quelques lymphocytes atypiques et ses thrombocytes sont à 1,69x 109/L. VIH, Epstein-Barr, typhus murin, rickettsiose, IRM, angiographie RM, échocardiographie et ECG sont normaux. Sous traitement purement de soutien, les symptômes régressent en grande partie après une semaine, totalement après deux mois et les examens de laboratoire sont tous normalisés. De quoi peut-il bien s’agir? (Pour la solution voir ci-dessous) Les tests ELISA à la phase aiguë et pendant la convalescence ont montré des titres ascendants pour la dengue. Les contrôles par PCR étaient également positifs pour la dengue. La dengue touche environ 50 millions de personnes chaque année. La plus grande partie présente des symptômes de type refroidissement et 500 000 doivent être hospitalisés. Les myalgies sont souvent très douloureuses – et les symptômes neurologiques sont rares – tels la ptose! – Bronnert J, et al. Complete ptosis caused by dengue fever. Lancet 2005;366:1982. Combien de démences d’Alzheimer avons-nous dans le monde entier? 100 ans après la première description d’une démence d’Alzheimer, douze experts internationaux ont tenté d’en estimer la prévalence dans les douze régions de l’OMS pour les années 2001, 2020 et 2040. Ils pensent pour le moment qu’il y a 24,3 millions de cas de démence d’Alzheimer, auxquels viennent s’ajouter 4,6 millions de nouveaux cas chaque année – un nouveau cas toutes les 7 secondes! Tous les 20 ans, leur nombre double et il devrait atteindre 81,1 millions en 2040. 60% de ces patients vivent dans des pays en voie de développement et en 2040, ils seront 71%. Dans la plupart des pays développés, la prévalence augmentera d’environ 100%; aux Indes, en Chine, en Asie du Sud et dans le Pacifique occidental, l’augmentation est évaluée à 300% – C’est du moins ce que prétendent les experts! – Ferri CP, et al. Global prevalence of dementia. Lancet 2005; 366:2112–7.