Pour la sauvegarde du patrimoine culturel du - UNESDOC

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à diffusion restreinte
Rapport technique
RP/1979-80/4/7.6/05
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Secours d'urgence pour
le sauvetage de biens culturels
Pour la sauvegarde du
patrimoine culturel du Monténégro
ravagé par un séisme
par Pierre Pichard
N ° de série : F M R / C C / C H / 7 9 / 3 0 7 F
Paris, 1 9 7 9
YOUGOSLAVIE
POUR IA SAUVEGARDE DU
PATRIMOINE CULTUREL DU
MONTENEGRO RAVAGE PAR
UN SEISME
par Pierre Pichard
Rapport établi à l'intention du
Gouvernement de la Yougoslavie
par l'Organisation des Nations
Unies pour l'éducation, la science
et la culture (Unesco)
U N E S C O
Rapport technique
RP/I979-8O/4/7.6/05
FMR/CC/CH/79/307F(Picha rd)
le 30 novembre 1979
© Unesco 1979
Printed in France
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(i)
POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE
CULTUREL DU MONTENEGRO RAVAGE PAR UN SEISME
Appel
de M. Amadou Mahtar M'Bow
Directeur général de 1'Unesco
La République socialiste de Monténégro a été récemment ravagée par l'un des
plus violents tremblements de terre qui se soient produits ces dernières années. A
l'invitation du gouvernement fédéral de la République de Yougoslavie, je me suis
personnellement rendu sur les lieux de la catastrophe et j'ai pu constater l'ampleur
du désastre provoqué par ces forces aveugles de la nature qui échappent au contrôle
de 1'homme.
Il est difficile de décrire l'ampleur de la tragédie qui s'est abattue sur les
populations. Le séisme n'a pas seulement causé la mort de près d'une centaine
d'habitants et fait un millier de blessés ; il a également détruit un grand nombre
de bâtiments, d'établissements scolaires et d'institutions de recherche scientifique
et technique, rendu inutilisables d'importants complexes industriels, gravement
endommagé le prestigieux patrimoine culturel monténégrin, témoignage des multiples
présences - romaine, byzantine, slave, turque, vénitienne et autrichienne - qui, au
fil des siècles, se sont succédé dans la région.
A Budva, Ulcinj, Bar, Hercegnovi, dans les quartiers historiques de nombreuses
cités anciennes, des églises, des monastères et des minarets, des forteresses et
des ramparts antiques, des musées et des archives ont été partiellement ou totalement détruits. Dans plusieurs cas, les populations ont dû être évacuées et
vivent actuellement sous la tente, dans des conditions extrêmement précaires.
Une des villes les plus durement touchées est celle de Kotor, qui compte
2000 ans d'histoire et qui renferme 40 % du patrimoine monumental du Monténégro.
Plusieurs de ses palais se sont effondrés, mais certains ont gardé des façades
intactes, derrière lesquelles l'intérieur s'est écroulé. Ses 4.000 habitants ont
dû être évacués.
Consciente des responsabilités qui lui incombent en matière de séismologie,
1'Unesco avait réuni à Paris, peu avant la catastrophe du Monténégro, des savants
du monde entier qui ont fait le point des recherches conduites dans ce domaine et
étudié les possibilités de prévision des séismes, aussi bien sous les angles scientifique et économique que du point de vue des mesures à prendre pour alerter les populations de l'imminence d'un tremblement de terre et les préparer psychologiquement
à y faire face.
De nombreux spécialistes ont estimé que la prévision constitue désormais un
objectif techniquement réalisable et socialement souhaitable. Aussi apparaît-il
urgent de créer, dans les Balkans et la région de la Méditerranée, un réseau de
stations d'observation sismique. Conformément à une récente décision de son Conseil
exécutif, 1'Unesco va s'y employer, en coopération avec les pays concernés.
(ü)
Il est cependant évident que des efforts de cette nature ne sauraient avoir
d'effets qu'à long terme et que d'autres mesures sont nécessaires pour l'immédiat.
Je suis pour ma part convaincu qu'il faut agir dans les plus brefs délais afin de
sauver de nombreux monuments d'une irrémédiable destruction. C'est pourquoi j'ai
déjà envoyé au Monténégro, d'entente avec les autorités gouvernementales, une
mission internationale d'experts, qui a été chargée, en coopération avec l'institut
séismologique de Skopje, de vérifier l'état des immeubles et monuments endommagés
et de contribuer à élaborer, sur la base des constatations faites, un plan global de
restauration et de reconstruction.
L'ampleur de la tâche à accomplir pour assurer la sauvegarde du patrimoine
culturel endommagé et pour reconstruire les établissements scolaires et les instituts
de recherche est telle qu'elle dépasse les possibilités de la seule République
federative de Yougoslavie et qu'elle requiert un effort international.
C'est pourquoi, au nom de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation,
la science et la culture, et avec l'appui unanime de son Conseil exécutif, j'invite
les gouvernements, les commissions nationales pour 1'Unesco, les institutions
publiques et privées de tous les Etats membres ainsi que les organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales, à apporter généreusement leur
concours aux autorités fédérales yougoslaves.
J'invite les organisations internationales de spécialistes qui participent avec
1'Unesco à la sauvegarde du patrimoine culturel de l'humanité, à susciter des initiatives propres à sensibiliser l'opinion publique et à mobiliser les ressources de
la communauté mondiale. Je les invite aussi à mettre à la disposition des autorités
yougoslaves ceux de leurs membres dont les avis techniques pourraient leur être
utiles.
J'invite les musées, les galeries d'art, les bibliothèques à contribuer, sous
les formes qui leur paraîtront les plus appropriées, à la restauration de tel ou
tel des monuments endommagés.
J'invite les professeurs, les étudiants, les élèves et, en cette Année internationale de l'enfant, tous les enfants du monde à organiser des collectes qui
leur permettront, même s'ils ne peuvent apporter qu'une contribution modique, de
prendre en charge ou de participer à la sauvegarde ou à la reconstruction d'une
université, d'un institut ou d'une école du Monténégro.
Je ne doute pas que cet appel à la solidarité internationale ne soit entendu
de tous ceux qui savent ou sentent au fond d'eux-mêmes que le patrimoine culturel
d'une nation, où qu'elle se trouve, constitute une part irremplaçable de l'héritage
commun de l'humanité
Amadou-Mahtar M'Bow
Paris, le 28 mai 1979
(iü)
Sommaire
Avant-propos
Page
1
Le tremblement de terre
2
Cadre historique
3
Comportement des édifices anciens
4
Principaux sites et monuments sinistrés
5
Kotor
5
Dobrota
6
Perast
7
Risan
7
Hercegnovi
7
Tivat
8
Budva
8
Stari Bar
9
Ulcinj
9
Cetinje
10
Monuments isolés
11
Biens meubles
13
Première mesure de sauvegarde
13
Restauration du patrimoine endommagé
16
Assistance internationale
18
Recommandations
22
ANNEXES :
I
- Décision 107/EX/4.1.1 (I) adoptée par le Conseil exécutif
de 1 ' Unesco
II
- Assistance internationale demandée
III - Formulaires pour 1'évaluation des dommages
24
25
28
(iv)
REPORTAGE PHOTOGRAPHIQUE
1.
KOTOR. Site de la ville, vue du sud-ouest.
2.
KOTOR. Angle ouest de la ville.
3.
KOTOR. Palais du Provéditeur de Venise.
4.
HERCEGNOVT.
5.
HERCEGNOVI. Eglise Sveti Ana, façade.
6.
BUDVA. La ville ancienne, vue de l'ouest
7.
BUDVA. Maison détruite.
8.
STARI BAR. Site de la ville, vue du sud.
9.
STARI BAR. Forteresse Tatarovica.
10.
ULCINJ. La ville fortifiée, vue de l'est.
11.
ULCINJ. Maison ancienne.
12.
Monastère GRADISTE. Eglise Sveti Nikola.
13.
Monastère GRADISTE. Eglise Sveti Nikola, toiture provisoire.
14.
Monastère GRADISTE. Eglise Sveti Sava.
15.
Monastère PODLASTVA. Toiture provisoire.
16.
Monastère PODLASTVA. Intérieur de l'église.
17.
Monastère PODOSTROG. Eglise
18.
BRAJICI. Eglise Sveti Dimitri, façade.
19.
BRAJICI. Eglise Sveti Dimitri, intérieur.
20.
Identification d'un monument.
Fortification Mezaluna.
Les photographies n° 2, 11 et 12 ont été courtoisement communiquées par les
autorités du Monténégro.
CARTE - Région sinistrée par le séisme du 15 avril 1979.
- 1-
AVANT PROPOS
La République socialiste du Monténégro est la plus petite et la moins peuplée
(529.604 habitants en 1971) des six républiques qui forment la République socialiste
federative de Yougoslavie.
Un mouvement de solidarité considérable s'est développé dès le lendemain du
séisme de la part des autres républiques yougoslaves, de la part des nombreux pays
étrangers et des organisations internationales. Mais si ce mouvement a efficacement
aidé les autorités locales dans les jours qui ont suivi la catastrophe, pour les
opérations de sauvetage et de première urgence, la situation reste grave et il
importe maintenant d'organiser l'action nécessaire, à plus long terme, de la solidarité internationale pour la reconstruction de toute la région sinistrée.
Le Directeur général de 1'Unesco s'est rendu sur place quelques jours après le
séisme, à l'invitation du gouvernement fédéral. Après une mission dans la zone
dévastée, trois experts de 1'Unesco ont indiqué les besoins prioritaires et les
possibilités de l'aide internationale/1.
Conformément à la décision 107 EX/4.1.1(1) du Conseil exécutif/2, ]_e Directeur
général a lancé, le 28 mai 1979, un "appel pour la sauvegarde du patrimoine culturel
du Monténégro ravagé par un séisme"/^. Pour leur part, le Président et le Secrétaire
général de l'iCOMOS avaient offert au Comité national yougoslave de l'icOMOS l'appui
et l'aide de leur organisation pour la sauvegarde des monuments et des sites
endommagés.
Le Directeur général a autorisé l'allocation de 230.000 dollars pour aider à
la préservation des biens culturels endommagés du Monténégro, dont 130.000 dollars
seront imputés au Compte spécial, le reste étant dans le cadre des activités
planifiées et du programme de participation de 1'Unesco. La liste d'équipement de
première urgence/^ sera financée par les 130.000 dollars imputés au Compte spécial.
Le présent rapport, spécifiquement centré sur les dommages subis par les
monuments historiques du Monténégro, est établi après une mission sur place
du 20 juin au 5 juillet 1979. L'Institut pour la protection des monuments du
Monténégro, situé à Cetinje, a efficacement organisé mon séjour et facilité mon
travail, dans des circonstances pourtant difficiles.
Que le Directeur et les membres de cet Institut en soient ici très vivement
remerciés.
1.
2.
3.
4.
The Earthquake of 15 April in Montenegro, by N.N. Ambraseys,
A. Ciborowski, J. Despeyroux, Unesco, Paris 1979.
Voir Annexe I.
Voir texte de l'appel en tête de ce rapport.
Annexe II A.
- 2 -
LE TREMBLEMENT DE TERRE
1.
Le séisme du 15 avril 1979 a très sévèrement frappé toute la région côtière du
Monténégro sur une distance à vol d'oiseau d'une centaine de kilomètres. Dans
l'arrière pays montagneux et moins peuplé, la gravité des dommages diminue progressivement avec l'éloignement de la côte.
2.
Les caractéristiques séismologiques de l'événement ont pu être enregistrées
avec précision, d'une part par les stations qui forment un réseau assez dense
en Yougoslavie et dans les autres pays balkaniques, d'autre part grâce aux appareils
d'enregistrement (accéléromètres, etc.), qui avaient été placés dans la région même
en particulier par l'Institut de génie sismique de Skopje (IZIIS). L'étude scientifique détaillée du tremblement de terre sera donc publiée par les experts yougoslaves.
3.
Le nombre de victimes (91 morts, un millier de blessés) est plus faible que
ne le suggérerait l'ampleur des destructions et des ruines. On explique ce
fait (voir le rapport de M. Ciborowski) par l'addition de plusieurs facteurs :
- le séisme est survenu avant la saison touristique (hôtels généralement vides) ;
- et un dimanche (écoles, entreprises, bureaux fermés) ;
- enfin, une première secousse, non destructive, a provoqué l'évacuation immédiate des logements : quelques minutes plus tard, le choc principal
de 07 h.19 (heure locale) a donc entraîné l'écroulement de bâtiments en
général vides.
4.
L'impact de ce tremblement de terre est donc principalement matériel. La
région la plus lourdement touchée, le long de la côte, était aussi la plus
développée du Monténégro ; dans les dernières années un effort et des investissements importants avaient permis de créer ou d'améliorer :
- la circulation (routes, aéroports, voie ferrée Bar - Titograd) ;
- les installations portuaires (Bar surtout) ;
- les installations industrielles ;
- le logement et les équipements collectifs (hôpitaux, écoles, services et
commerces) ;
- les équipements touristiques (hôtels, aménagements).
Ce développement avait fait l'objet d'un plan d'action à long terme, coordonné
avec l'aide du PNUD sous la forme du "Southern Adriatic Project", qui était en cours
de réalisation dans les secteurs principaux du tourisme, de l'industrie, de l'agriculture et des communications.
Le séisme a brutalement interrompu cet effort, dans tous les secteurs d'action,
et c'est toute l'économie de la région qui se trouve frappée.
-3 -
CADRE HISTORIQUE
5.
C'est également sur cette région côtière que se trouvait la majeure partie du
patrimoine culturel du Monténégro : cités et monuments historiques, musées,
archives... Les dommages qu'il a subis sont énormes, en proportion comme en importance absolue.
6.
Chaque épisode d'une histoire complexe et mouvementée a en effet laissé son
témoignage sur cette partie de la côte Adriatique située entre l'Italie et la
Grèce, entre Venise et Istanbul, qui a toujours été un lieu stratégique encore
privilégié par les extraordinaires facilités de mouillage que représentent les
bouches de Kotor. Plusieurs fois dans l'histoire, des frontières capitales ont
traversé cette région : entre les empires romains d'Occident et d'Orient, entre les
possessions de Venise, d'Autriche et de Turquie et les Etats slaves qui se sont
succédé depuis le Moyen Age.
7.
Plusieurs villes du Monténégro sont construites sur des emplacements peuplés
dès la préhistoire, et souvent occupés par la suite par les premiers comptoirs
grecs et les tribus illyriennes, dont plusieurs ouvrages fortifiés sont encore
visibles (Ulcinj, Risan, Medun). Au second siècle après Jésus—Christ, l'empire
romain impose sa domination sur les Etats illyriens (ville romaine de Doclea près
de Titograd, sites archéologiques à Risan, Budva, etc.).
8.
Partagé entre les empires romains d'Orient et d'Occident à la mort de
Théodore 1er (395), le Monténégro est intégré dans l'empire byzantin après
les conquêtes de Justinien (540).
9.
A partir du 7e siècle, les peuples slaves descendent vers l'Adriatique et
fondent des états autonomes : Duklja, puis Zeta dans le Monténégro intérieur
(autour de Doclea, d'Obod puis de Cetinje), tandis que sur la côte plusieurs villes
se lient aux premiers Etats serbes (Kotor de 1186 à 1367, Budva de 1186 à 1442,
par exemple).
10.
Le Monténégro (le nom apparaît vers la fin du 13e siècle) se trouve ensuite
menacé par l'extension de l'empire turc, dont les armées sont entrées en
Europe depuis 1354. Après la chute du royaume serbe en 1389, le suzeraineté turque
sera progressivement étendue sur le Monténégro, au moins en droit puisqu'en fait
les habitants se retranchent dans leurs montagnes et s'engagent dans une longue
lutte de guérilla.
11.
A la même époque les villes de la côte résistaient aux armées turques, souvent
avec l'aide de Venise (Kotor, Budva), voire de l'Espagne (Hercegnovi). Ces
villes devaient finalement devenir possessions vénitiennes, puis passer à l'empire
autrichien à la chute de Venise (1797).. Les guerres napoléoniennes entraînent une
brève occupation russe (1806-1807) puis française (1807-1813), avant le retour
des Habsbourg d'Autriche qui maintiendront leur occupation jusqu'en 1918.
12.
Dans les montagnes de l'intérieur, autour de Cetinje, l'Etat du Monténégro
accédait à la fin du 17e siècle à une autonomie de fait au prix d'une lutte
permanente. La dynastie des évêques-princes Petrovic, dont le plus célèbre reste le
poète Petar II Petrovic Njegos (1813-1854), gouverne le pays pendant deux siècles
et voit finalement reconnaître son indépendance au Congrès de Berlin (1878). La
principauté devient en 1908 le royaume du Monténégro, qui s'intègre en 1918 au
royaume des Serbes, Croates et Slovènes.
- 4 -
Occupé par les Italiens et Allemands pendant la dernière guerre, le pays participe aux luttes de libération et devient la République socialiste du Monténégro
(Constitution du 31 décembre 1946), et l'une des six républiques de Yougoslavie.
COMPORTEMENT DES EDIFICES ANCIENS
13.
Le séisme a provoqué des dommages divers mais souvent très graves aux nombreux
monuments et villes historiques dispersés dans toute la région sinistrée.
Cependant, à l'exception de rares monuments partiellement ou totalement écroulés,
la plupart des édifices anciens sont restés debout et semblent même souvent, vus de
l'extérieur, peu touchés. On observe par contraste des destructions plus spectaculaires pour quelques grands bâtiments modernes : par exemple les hôtels Slavija à
Budva, Agava à Bar, ou l'hôtel de ville de Budva, où les structures portantes ont
entièrement cédé à la suite de désordres dès les fondations, provoquant l'effondrement des planchers les uns sur les autres.
14.
L'explication de cette meilleure tenue apparente des bâtiments anciens tient
en grande partie à leur échelle : il n'y avait pas de monument de grandes
dimensions dans la région sinistrée. Les plus grands palais de Dobrota, la cathédrale de Kotor restent des édifices assez modestes, et la presque totalité du patrimoine immobilier se trouvait composée de petits monuments : maisons urbaines et
petits palais des villes anciennes, églises et chapelles des villes et des villages,
et même les monastères ne regroupant qu'une ou plusieurs églises de dimensions très
restreintes. L'une des plus grandes structures historiques est le palais du Provéditeur de Venise à Kotor (où a été installé le tribunal), et ce n'est pas un
hasard si c'est l'un des monuments dont la ruine est la plus apparente (photo 3 ) .
15.
Le matériau principal de tous ces monuments est le calcaire local. Le parement
des murs de façade est en pierre de taille soigneusement appareillée, tandis
que la partie interne de ces murs, comme les refends intérieurs, est en maçonnerie
de moellons. Le liant est un mortier de chaux le plus souvent de qualité excellente
et très résistant : des pans entiers de murs ont parfois basculé sans se disloquer,
et on observe des fissures qui coupent les blocs de pierre alors que les joints
ont résisté (photo 17).
16.
Les angles des bâtiments ont souvent bien résisté et gardé leur cohésion,
grâce aux harpes de l'appareil externe, et les murs se sont alors rompus
au-delà, selon les lignes de moindre résistance (crevasses verticales ou obliques
à partir des baies). De plus, les structures étaient souvent renforcées par des
tirants et des ancres de fer, qui se sont parfois révélés insuffisants pour prévenir
des désordres majeurs, mais qui ont pourtant évité la ruine en de nombreux cas.
17.
Restent pourtant de nombreuses faiblesses inhérentes à ce type de construction :
liaisons insuffisantes, malgré la qualité du mortier, entre les parements de
pierre taillée et la masse des murs de maçonnerie, entre les murs et la poutraison
de bois des planchers, toitures lourdes (tuiles romaines sur charpente de bois)
et posées sans ancrage sur le sommet des murs, etc.
18.
C'est donc surtout à l'intérieur que l'intensité des dommages apparaît vraiment.
En particulier la coupure fréquente entre les murs de refends et les façades,
par des fissures verticales à travers la maçonnerie de moellons plus fragile, la
désolidarisation des planchers et charpentes, qui va souvent jusqu'à l'écroulement
et surtout la fissuration généralisée des maçonneries.
- 5 -
19.
Mais on observe bien sûr des comportements très divers, et comme toujours
chaque bâtiment est un cas particulier, qui a réagi à la catastrophe selon
ses formes propres, sa structure, son emplacement, sa construction, son état
d'entretien ou d'aménagement... Plusieurs monuments ont d'autre part déjà
éprouvé des séismes (celui de 1667 étant le plus connu dans la même région, mais
non le seul) et ont sans aucun doute été réparés ou renforcés à la suite de tels
événements : par exemple la mise en oeuvre des tirants et ancres de fer est souvent
postérieure à la construction.
20.
Cette situation très diversifiée explique la difficulté et la complexité de
l'inventaire détaillé des dommages, qui n'était pas terminé lors de ma visite
sur place. Chaque bâtiment doit en effet faire l'objet d'une analyse, après plusieurs
visites approfondies. L'évaluation quantitative était en cours d'établissement lors
de ma mission et l'on ne trouvera ci-dessous qu'une description encore très générale
des principaux sites historiques endommagés.
PRINCIPAUX SITES ET MONUMENTS SINISTRES
21.
KOTOR (photos 1, 2 et 3) : Ville fortifiée (4.800 habitants) à l'extrémité des
Bouches de Kotor. Ancienne cité grecque (Akourion) puis romaine (Acruvium),
devient au Moyen Age l'agglomération la plus importante de la région, et jouit
même d'un statut d'autonomie sous l'Etat serbe des Nemanjic avant de devenir
possession vénitienne en 1420.
22.
La ville ancienne est clairement définie par son enceinte fortifiée intégrée
à un site privilégié ; les remparts forment en plan un quadrilatère approximatif qu'une diagonale divise en deux triangles aux caractères franchement opposés :
l'un est construit, et avec une densité forte, sur le terrain sensiblement horizontal en bordure de baie, tandis que l'autre est une falaise rocheuse presque
verticale, dominant la ville et couronnée par le fort Sv. Ivan qui forme le sommet
supérieur de l'enceinte. Cette diagonale qui est donc en fait le pied de la falaise
mesure 460 mètres et la partie triangulaire construite s'étend sur 7 hectares.
23.
Kotor était une cité riche, vivant de la mer (fondée en 809, la confrérie des
marins de Kotor est l'une des premières d'Europe). Capitaines et armateurs
formaient une petite aristocratie, entretenaient un artisanat important, des métiers
d'art (écoles de peinture, d'orfèvrerie) et l'architecture de la ville, restée
homogène, témoigne de cette aisance.
24.
Sur trois ou quatre étages, palais et maisons très soigneusement construits
offrent leurs façades en pierre de taille (parfois enduite au 19e siècle),
d'une architecture très recherchée (proportions, baies, ornements, modénature).
Un réseau de rues étroites relie de petites places où s'ouvrent les principaux
palais de Kotor : Palais Pirna (fin 16e siècle), Bisanti (17e siècle), Keskuca (1776),
Drago (16e siècle), et le palais Grgurina (18e siècle) où a été aménagé le Musée
maritime.
25.
Les monuments civils et religieux s'intègrent dans ce tissu urbain sans emphase
ni rupture. La cathédrale Sv. Tripun
(st-Tryphon), construite en plusieurs
étapes (1116, 1440), fut endommagée par les séismes de 1563 et surtout de 1667, après
lequel les clochers durent être démolis et la façade reconstruite (nouveau séisme
en 1729). Les plus anciennes églises sont romanes (Sv. Luka, 1195 ; Collegiata, 1221 ;
Sv. Pavao, 1266), mais plusieurs autres furent construites par la suite jusqu'au
20e siècle (Sv. Klara, 14/17e siècle ; Sv. NjJcola, 1910), tandis que les monuments
civils ont été construits à l'époque vénitienne, principalement à proximité du front
sud-ouest des remparts : Palais du Provéditeur (16e siècle), hôpital (1769), tour de
l'Horloge (1602).
- 6 -
26.
Kotor constitue aujourd'hui un ensemble urbain exceptionnel. L'harmonie,
l'homogénéité et l'authenticité de son architecture et de son urbanisme,
leur intégration dans un des sites les plus imposants d'Europe, ont été préservés
avec bonheur (l'extension moderne de la ville, hors remparts, s'est faite le long
de la baie de manière assez discrète). Les autorités du Monténégro préparaient
d'ailleurs, avant le séisme, le dossier d'inscription de Kotor sur la liste du
Patrimoine culturel mondial, qui serait parfaitement justifiée.
27.
En outre, un très grand nombre d'objets d'art étaient conservés dans plusieurs
monuments : peintures, icones et trésor de la cathédrale et des églises,
collections du Musée maritime, des archives de Kotor, collections privées, etc.
Dommages :
28.
Les dommages les plus graves ont affecté le Tribunal installé dans le Paleis
du Provéditeur de Venise (16e siècle), la Tour de l'horloge, un grand nombre
de palais et maisons de la ville ancienne et plusieurs églises. Selon une première
estimation, 70 % des bâtiments auraient été endommagés gravement, mais une évaluation
plus précise, immeuble par immeuble, est en cours d'établissement.
29.
Les dommages sont plus graves et nombreux dans les parties ouest et nord-ouest
de la ville, c'est-à-dire sur la zone la plus basse qui fait immédiatement face
à la baie, qu'au pied du rocher, et deviennent presque nuls dans l'angle sud. Il
faut sans doute voir ici l'influence de sols différents sous les fondations, les
terrains alluvionnaires (et peut-être des remblais artificiels) coïncidant avec les
zones de plus grand dommage, comme cela a été observé dans le monde entier en cas
de séisme. Sur le front de mer, le mur d'enceinte s'est par endroits incliné, sans
s'écrouler mais en provoquant de graves dommages aux palais qui s'appuyaient sur lui.
30
La cathédrale Sv. Tripun n'a été que très légèrement endommagée, et a dans
l'ensemble remarquablement supporté les secousses. Il est probable que la
partie antérieure reconstruite après le séisme de 1667 avait fait l'objet de soins
particuliers et qu'on y avait introduit des dispositifs de liaisonnement qui se
sont révélés efficaces. L'étude statique et dynamique de ce monument serait utile
pour expliquer cette résistance.
31.
Les structures construites sur la falaise (enceinte, fort Sv. Ivan, église
Gospa od Zdravlja) seraient pratiquement intactes. Mais le rocher lui-même,
qui surplombe immédiatement la ville, devra faire l'objet d'un examen attentif car
il représente un danger potentiel important.
32.
Devant l'ampleur des dégâts, l'état dangereux de très nombreux immeubles,
toute la ville ancienne à l'intérieur des remparts a été évacuée après
le 15 avril.
33.
DOBROTA : Agglomération linéaire de plusieurs villages sur 7 kilomètres le
long de la côte, au nord de Kotor. Outre quelques églises anciennes, les
principaux monuments de Dobrota sont les palais construits par les familles
d'armateurs et de capitaines aux 18e et 19e siècles : grandes maisons plutôt que
véritables palais, construits en pierre sur trois ou quatre étages, et dont la
façade principale se tourne vers la mer. Les plus importants (palais Tripkovic
- baroque du 18e siècle - palais Dabinovic, Kokota, Milosevic, Kamenarovic, Dabcevic,
Ivanovic...) abritent de riches collections de peinture, de mobilier et de souvenirs
historiques, et sont en général restés la propriété des familles qui les ont fait
construire.
- 7-
Dommages :
34.
Variables mais souvent très graves. La très grande majorité des palais sont
inhabitables et souvent dangereux (murs crevassés et partiellement détruits,
planchers et toitures désorganisés) et nécessiteront avant tout nouvel usage
d'importants travaux de restauration et de consolidation.
Dans toute la mesure du possible, les collections et objets d'arts ont été
évacués.
35.
PERAST : Petite ville sur la côte de la baie de Kotor, face au détroit de
Verige. Les bâtiments sont construits directement en front de mer, sur le
quai, puis s'étagent sur les premières pentes de la montagne toute proche. Eglises
du 17e siècle, nombreuses maisons et palais des 17e et 18e siècles (palais Bujovic
où se trouve maintenant le Musée historique local, palais Balovic, Mazarovic,
Basic, Zmajevic, Viskovic), forteresse (1600) sur la hauteur.
36.
A peu de distance au large de Perast, une abbaye bénédictine a été construite
à partir de 1166 sur le petit îlot Sv. Djordje (endommagée par le séisme
de 1667), et une église était édifiée aux 17e et 18e siècles sur l'îlot artificiel
voisin de Skrpjela.
Dommages :
37.
Proportionnellement moins importants qu'à Kotor. Plusieurs palais et maisons
sont cependant fortement fissurés, y compris le Musée installé dans le
palais Bujovic, construit sur les alluvions en fordure de mer - mais son état a
été jugé non dangereux et les collections n'ont pas été évacuées.
Les églises sont pratiquement intactes, les clochers peu ébranlés, et les
îlots Sv. Djordje et Skrpjela n'ont pas été endommagés.
38.
RISAN : Petite ville (1227 habitants) à l'extrémité nord des bouches de Kotor.
Site archéologique (ville illyrienne puis romaine). Aurait eu jusqu'à
10.000 habitants à l'époque romaine et aurait été détruite vers la fin du 6e siècle
après Jésus-Christ par un séisme qui aurait provoqué un affaissement de terrain, et
donc la disparition sous les eaux de la baie d'une grande partie de la ville.
Quelques palais et maisons anciennes, église St-Pierre et Paul (1601).
Dommages :
39.
Située en limite de la zone la plus lourdement sinistrée, Risan a été moins
endommagée que les autres villes du littoral monténégrin. Mais plusieurs
structures ne pourront être conservées qu'au prix d'une restauration et consolidation.
40.
HERCEGNOVI : ville et port à l'entrée des bouches de Kotor, autrefois
fortifiée (3500 habitants). L'enceinte déterminait une aire sensiblement
rectangulaire, perpendiculaire au littoral, d'environ 400 mètres par 150. La ville
moderne s'est agrandie hors des remparts qui ne sont que partiellement conservés.
41.
Sur le front de mer, deux ouvrages fortifiés renforcent les remparts : le Forte
Mare et la Mezaluna, construits par les Vénitiens. A l'opposé, sur la hauteur,
la forteresse turque de Kanli Kula marque l'extrémité de l'enceinte du côté terrestre.
L'intérieur de l'enceinte ancienne n'est pas construit en totalité. S'y trouvent
aujourd'hui deux églises (Sv. Jerolim et Sv. Arhandjeo Mihailo) du 19e siècle, les
- 8 -
édifices historiques qui abritent le tribunal et les archives municipales, et
quelques maisons anciennes. Un monastère et plusieurs églises sont situés a proximité de la ville (paragraphes 67-68).
Dommages :
42.
Les bâtiments de la ville ancienne ont été tous évacués en raison d'un état
dangereux (nombreuses fissures, murs désolidarisés). Le tribunal et les
archives ont été provisoirement étayés. Plusieurs pans de murs de la forteresse
Mezaluna
sont écroulés pour partie dans la mer (photo 4) ; les autres ouvrages
fortifiés sont intacts ou très légèrement endommagés.
43.
TIVAT : Petite ville côtière sur la première baie des bouches de Kotor
(3.400 habitants). Le caractère ancien de la ville n'a été que très partiellement conservé, à l'exception de quelques églises et chapelles et de la tour du
palais Buca.
Dommages :
44.
Monuments gravement fissurés. Ecroulement partiel de la coupole de l'église
St-Basile
(début 20e siècle).
45.
BUDVA (photos 6 et 7) •. Ville et port fortifiés (1.350 habitants), ancien site
gréco-illyrien (Buthoë) puis romain (Butua).
La ville médiévale a conservé une authenticité remarquable, et forme un
ensemble exceptionnel. Construite sur une presqu'île, ses remparts dominent la mer
sur trois côtés. Ils ont été construits à la fin du 15e siècle et remaniés après
le séisme de 1667. La surface approximative de la ville fortifiée est de 3 hectares
(200 mètres sur 150 environ).
46.
Cette surface est entièrement construite, avec une densité forte ; maisons de
deux ou trois étages en maçonnerie de pierre, desservies par des rues étroites
qui s'élargissent en petite places autour des quatre églises groupées dans l'angle
sud-est de la ville : cathédrale Sv. Ivan (fondée au 7e siècle mais plusieurs fois
remaniée), Sta Maria in Punta (12e siècle), Ste-Trinité (1804), chapelle Sv.
Sava (15e siècle). Sur un rocher un peu surélevé, face à la mer, le Kastei Sv.
Marije marque l'angle sud des remparts.
47.
Budva forme un ensemble aussi cohérent et authentique que Kotor. En contraste
avec l'architecture aristocratique de Kotor, on trouve ici le cadre d'une
petite cité médiévale, précieux témoignage d'architecture populaire.
De part et d'autre de la ville, de belles plages ont favorisé un développement
touristique intense. Plusieurs hôtels et équipements touristiques ont été judicieusement implantés, les plus récents étant à quelque distance de la ville
ancienne et séparés des plages par une ceinture d'arbres.
- 9 -
Dommages :
48.
Extrêmement graves. Plusieurs maisons sont totalement détruites, et la plupart
endommagées à un point tel qu'elles ne pourront être utilisées avant de
coûteux travaux de consolidation. Sur 184 maisons que groupait la ville fortifiée,
quatre seulement ont résisté sans dommage au séisme, et bien entendu la ville
entière a été évacuée dès les premiers jours.
A la date du 22 juin 1979, l'évaluation des dommages pour les maisons de la
ville ancienne indiquait les surfaces de plancher suivantes :
- dommages superficiels :
4.210 m2 (11 %)
- dommages graves :
7.098 m2 (19 %)
- ruinés dangereusement :
26.446 m2 (70 %)
Le beau clocher de Sv. Ivan est ébranlé, et l'église Ste-Trinité fortement
fissurée. Enfin, une partie des remparts (front sud-ouest) s'est totalement
écroulée dans la mer tandis que sur le front nord, une partie du rempart se
renversait sur le quai du port. Les tours du front terrestre (ouest) sont coupées
par des lézardes sérieuses.
49.
Il faut enfin noter, pour mémoire, les destructions très lourdes de la ville
moderne et des complexes touristiques, à l'est de la ville ancienne (écroulement de l'hôtel Slavija).
50.
STARI BAR (photos 8 et 9) : A 5 kilomètres de la côte (et du port moderne
de Bar), sur un plateau rocheux aux bords abrupts, la ville fortifiée de
Stari Bar (appelée aussi Antibari) a été abandonnée à partir de 1878 (fin de
l'occupation turque), et demeure aujourd'hui en ruines et inhabitée. Sans toitures,
les maçonneries encore debout permettent pourtant d'identifier les circulations
et les structures majeures de la ville ancienne : remparts et citadelle Tatarovica,
cathédrale, églises, palais, magasins, citernes, aqueduc...
L'ensemble s'étend sur près de 4 hectares (250 mètres sur 150).
Dommages :
51.
Sur une ville déjà abandonnée et ruinée, les dommages sont évidemment moins
spectaculaires que sur les lieux habités. Plusieurs structures se sont
écroulées, y compris un vaste pan de mur dans la citadelle, qui s'est déplacé
d'un seul bloc. De nombreux détails des maçonneries ont été endommagés (arcs,
cadres de baies, etc.).
52.
ULCINJ (photos 10 et 11) : Ville et port (7.000 habitants) dont le caractère
architectural est marqué par une longue occupation turque (de 1571 à 1878).
C'est la dernière agglomération sur la côte avant la frontière albanaise.
Ancien site illyrien, puis romain (en partie détruit par un séisme en 444
après Jésus-Christ). La ville ancienne était construite sur une presqu'île rocheuse
élevée, transformée en acropole par de vastes fortifications, de 300 mètres de long
et 150 mètres de plus grande largeur (environ 3 hectares). L'agglomération s'est
plus récemment étendue le long de la côte, et en profondeur, de part et d'autre du
noyau ancien.
- 10 -
53.
L'enceinte byzantine de l'acropole, largement remaniée par les Turcs, est en
partie implantée sur les murailles illyriennes dont plusieurs assises sont
encore visibles. Au sommet, du côté de l'entrée terrestre, la tour Balsic marque
le point fort de la citadelle, proche d'une église du 16e siècle ultérieurement
transformée en mosquée. L'intérieur de la surface fortifiée est encore construit :
petites maisons anciennes desservies par des rues étroites et sinueuses. 500 habitants environ vivaient dans les limites de l'enceinte.
Dommages :
54.
Très lourds. L'epicentre du séisme se situait sous la mer, à une vingtaine de
kilomètres au large d'Ulcinj. La tour Balsic, récemment restaurée, est désorganisée par de larges fissures, la toiture et une partie des maçonneries se sont
en outre effondrées sur les collections historiques qui s'y trouvaient exposées.
Toutes les maisons de la ville fortifiée sont inhabitables, et, pour une large
proportion, partiellement écroulées.
55.
Hors de l'acropole les dégâts sont encore largement disséminés. Plusieurs des
maisons turques de la ville sont fortement fissurées ou en partie écroulées,
et les mosquées endommagées bien que les minarets aient en général relativement
bien supporté le choc.
56.
CETINJE : Ancienne capitale du Monténégro depuis la construction du premier
palais d'Ivan Crnojeviè (1482) et du monastère (1484), plusieurs fois brûlés
ou détruits par les attaques turques ; en majorité les monuments actuels de
Cetinje datent du 19e siècle : Palais Biljarda (1838), puis les palais princiers,
les écoles, etc. Après l'indépendance reconnue au Congrès de Berlin (1878), le
Foyer de Zeta (aujourd'hui théâtre), les ambassades de plusieurs nations européennes
et l'hôpital furent construits.
57.
Dans une petite plaine entourée de hautes montagnes, Cetinje est pourtant
restée une petite ville (aujourd'hui 14.000 habitants) aux rues tranquilles
bordées de maisons basses et modestes, et son intérêt tient pour une bonne part
dans le contraste entre cet aspect presque villageois et les monuments qui
témoignent de son rang ancien. En outre, depuis que la capitale de la République
du Monténégro a été transférée à Titograd, Cetinje est restée le pôle culturel
du pays : musées, archives et bibliothèque historique y sont concentrés, et c'est
ici que l'Institut pour la protection des monuments du Monténégro a fixé son siège.
Dommages :
58.
Cetinje se trouve à une vingtaine de kilomètres de la côte, à vol d'oiseau,
et déjà les dégâts sont moins lourds. Pourtant la plupart des monuments ont
été touchés, en particulier le Palais Biljarda, le théâtre Zetski Dom et le Palais
de Nikola 1er (où se trouvait aménagé le musée d'Etat).
En revanche la Maison du souverain (1910) qui abritait un riche musée de
peinture et la galerie d'art est restée intacte, et la plupart des biens culturels
meubles (peintures, icônes, tissus et vêtements, collections archéologiques, etc.),
évacués des monuments de la zone sinistrée y ont été rassemblés et sont actuellement inventoriés et analysés avant conservation.
- 11 59.
MONUMENTS ISOLES : Outre ces centres urbains historiques, un grand nombre de
monuments isolés ont été endommagés, en particulier les monastères orthodoxes
qui étaient nombreux dans le Monténégro, tant sur la côte qu'à l'intérieur. Ils se
composent principalement d'une ou plusieurs églises, qui sont des structures simples
(nef voûtée en berceau portant directement une toiture de tuiles, surmontée d'un
campanile "a vela" ou d'un clocher), et parfois de bâtiments annexes (logements,
école). Le parement intérieur des murs et de la voûte était en général peint à
fresque.
60
Monastère de GRADISTE (photos 12, 13 et 14): Près de la côte, à 4 kilomètres
à l'est de Petrovac, entre Budva et Bar. Trois églises :
- Eglise Sv. Nikola, dont la construction est attribuée au 12e siècle, fresques
peintes en 1620 par Strahinja Budimljamin, iconostase de 1796.
- Chapelle Uspenje Bogorodice, sur un sommet rocheux au-dessus du monastère,
fresques du même auteur (1620).
- Eglise Sv. Sava construite en 1863 (fresques).
- Bâtiment d'un étage (dortoir), et partie conservée de l'enceinte fortifiée.
Dommages :
61.
Une partie de la voûte de l'église Sv. Nikola s'est écroulée à l'intérieur,
et ses murs sont coupés de larges crevasses. Une toiture provisoire a été
mise en place pour protéger les fresques conservées. Le campanile de cette église
est resté debout.
La presque totalité de la voûte et du mur sud de l'Eglise Sv. Sava se sont
écroulés.
L'Eglise Uspenje Bogorodice est pratiquement intacte. Les biens meubles
(icônes, iconostase) qui n'étaient pas enfouis sous les décombres ont été évacués.
Il est peu probable que l'on puisse sauver les fresques tombées avec la voûte, même
si quelques fragments pourront être recueillis.
62.
Monastère de PRASKVTCA : Sur la côte à l'est de Budva, au-dessus du villagehôtel de Sveti Stefan. Deux églises :
- Sv. Trojica, du 12e siècle avec fresques du 16e siècle ;
- Sv. Nikola, construite en 1847.
- Bâtiment de l'école (16e siècle).
Dommages :
63.
Voûte partiellement écroulée dans l'église Sv. Trojica, fissures profondes dans
les murs des deux églises. Icônes et biens meubles ont été évacués.
64et Monastère REZEVICI : Sur la côte, à 2 kilomètres à l'ouest de Petrovac. Deux
65
églises des 13e et 14e siècles, clocher construit en 1770. Partiellement
détruit à plusieurs reprises par faits de guerre (Turcs, 1785 ; Français, 1812 ;
Italiens, 1941).
- 12 -
Dommages :
66.
Restauré après quelques dommages dus au séisme du 20 août 1966, le monastère
a bien supporté le dernier séisme. Le clocher a cependant été légèrement
ébranlé par la réplique du 24 mai 1979.
67.
Monastère SAVINA : Aux environs immédiats d'Hercegnovi, dans un grand parc.
Trois églises des 17e et 18e siècles, dont l'église de l'Assomption de la
Vierge, avec coupole et clocher. Nombreux objets d'arts : peintures, icônes,
iconostases, bibliothèque aux collections importantes de manuscrits et incunables,
trésors (orfèvrerie).
Dommages :
68.
Voûtes et murs sont en place, mais coupés de fissures. Proche du monastère,
sur une colline dominant Hercegnovi , la chappelle Sv. Ana (photo 5)
construite sur le modèle typique des petites églises de village du Monténégro est
très lourdement endommagée : voûte écroulée en totalité à l'intérieur, murs désorganisés par des lézardes traversantes, qui ne sont restés debout que grâce aux
chaînages et ancres métalliques (ajoutés postérieurement à la construction, de
même que les contreforts de pierre).
69.
Monastère PODLASTVA (photos 15 et 16) : A flanc de montagne, à 4 kilomètres au
nord-ouest de Budva. Une petite église (fresques du 17e siècle recouvrant en
partie des fresques du 15e siècle), campanile "a vela", et un bâtiment d'habitation
à étage.
Dommages :
70.
La voûte de l'église est partiellement écroulée sur l'intérieur (environ un
tiers de la surface, côté de l'abside), ainsi qu'une partie du campanile. Les
murs de l'église et du bâtiment d'habitation sont désorganisés par de nombreuses
lézardes.
- Une toiture provisoire a été mise en place sur la partie écroulée de la
voûte pour protéger les fresques restées en place.
71.
EGLISES (photos 5, 18 et 19) : De très nombreuses églises de villages
(plusieurs centaines), tant dans la région côtière que dans l'arrière-pays,
ont été détruites ou endommagées : voûtes souvent écroulées, murs lézardés ou
détruits, campaniles tombés.
A titre d'exemple, on peut indiquer les dégâts suivants parmi ceux qui ont
affecté les églises des villages de la seule presqu'île de Lustica (commune de
Tivat) qui ferme 1'entrée des bouches de Kotor :
- BRGULI, Eglise St-Pierre (18e siècle) : mur et voûte de la nef écroulés.
- RADOVANICI, Eglise St-Nicolas (18e siècle) : murs fissurés.
- MRKOVI, Eglise Ste-Petka (17e et 18e siècles) : campanile tombé, murs
fissurés.
- BOGESICI, Eglise Sv„ Ivan (19e siècle) : murs et voûte écroulés (mais le
campanile est resté en place).
- 13 -
- DJURASEVICI, église des Sts-Archanges (18e siècle) : murs fissurés.
- RADOVICI, Eglise de la Ste-Vierge (19e siècle) : murs fissurés
- GOSICI, église Sv. Luka (19e siècle) : voûte écroulée, murs lézardés
(mais le clocher est resté debout).
72.
ARCHITECTURE VERNACULAIRE : C'est également une forte proportion des habitations rurales et des bâtiments de fermes qui a été détruite ou gravement
endommagée, directement par le séisme mais aussi par les chutes de rochers qu'il
a déclenchées ende nombreux endroits. Les murs de soutènement en pierre sèche,
caractéristiques du paysage rural monténégrin entre les champs en terrasse de ce
pays accidenté, ont également subi de fréquents dégâts.
73.
BIENS MEUBLES : Nombreux étaient les monastères et les églises à abriter des
peintures, des icônes anciennes ainsi que des iconostases de bois sculpté
et peint. Des collections extrêmement riches d'objets d'art et d'archives, de
livres et de manuscrits, de documents historiques se trouvaient rassemblées dans
les musées et bibliothèques des villes anciennes (Kotor, Cetinje, Hercegnovi ,
Ulcinj), ainsi que dans les trésors et bibliothèques des établissements religieux,
et dans les palais privés de Kotor, Perast et Dobrota.
74.
Une proportion considérable de ces biens meubles a donc été endommagée, soit
par la ruine des immeubles (chutes de plâtre des murs et plafonds, écroulement
de maçonneries), soit par leur propre chute ou par le renversement des meubles ou
des vitrines(collections archéologiques, poteries en particulier), soit encore
par les très fortes pluies qui ont succédé au séisme.
75.
Chaque fois que c'était possible, ces biens meubles ont été évacués, tant
pour assurer leur conservation que dans la crainte d'écroulement ultérieur
des bâtiments sous l'effet de répliques possibles du séisme, voire en fonction de
l'état dangereux où les avait laissés le choc initial. Cette évacuation s'est
faite en priorité vers les immeubles préservés de Cetinje, et surtout dans
l'ancienne maison du souverain où se trouvait déjà le musée de peinture, ainsi que,
dans une moindre proportion., vers les villes de l'intérieur et hors du Monténégro.
76.
Lors de la rédaction de ce rapport, un travail d'inventaire et de classification était en cours pour tous les objets rassemblés à Cetinje, et il
apparaît qu'un pourcentage considérable de ces collections devra faire l'objet de
mesures de restauration et de conservation : tous les biens endommagés par le
séisme et les fortes pluies qui ont suivi, de toute évidence, mais aussi nombre
d'objets dont l'état de conservation était déjà très critique.
PREMIERES MESURES DE SAUVEGARDE
77.
Dans chacune des six républiques et des deux provinces autonomes qui forment
la République federative de yougoslavie, un institut spécialisé est chargé
de la conservation des monuments. Celui du Monténégro a fixé à Cetinje ses installations (bureaux, laboratoires, archives, dépôt de matériel).
78.
Le jour même du séisme, une première équipe (un directeur, un architecte, un
historien et un photographe) commençait la reconnaissance de la zone sinistrée
et des rapports étaient par la suite envoyés quotidiennement au gouvernement de la
République.
- 14 -
79.
Dans les jours suivants, plusieurs équipes (460 personnes au total) procédaient
à l'évacuation et à la mise à l'abri des biens culturels meubles, à l'aide des
véhicules de l'Institut, de voitures personnelles et de camions réquisitionnés à cet
effet. Simultanément, la provenance de chaque pièce était notée sur une fiche et une
documentation photographique commençait à être réunie.
80.
C'est aussi dès les premiers jours que des équipes de l'Institut identifiaient
de façon claire et évidente tous les bâtiments classés comme monuments historiques : le sigle bleu de la Convention de La Haye/1 était peint au pochoir sur
la façade principale de tous les édifices à protéger (photo 5). Manifestant la
qualité de monument historique classé, ce sigle interdit toute démolition intempestive, même en cas d'urgence (l'accord formel de l'Institut étant obligatoire).
81.
Il faut noter que cette mesure s'est révélée efficace : on sait combien
fréquemment il arrive, dans les heures qui suivent une telle catastrophe, que
des structures (qui peuvent en effet être dangereuses : pans de murs instables, etc.),
soient rasées par les autorités civiles ou militaires, que des décombres soient
déblayés trop brutalement, sans que les services culturels puissent intervenir et
prendre des mesures provisoires moins destructives. Ceci a été évité au Monténégro,
ce qui est à mettre à l'actif d'une bonne coordination dès les premiers jours.
82.
Il est exact que l'aménagement récent du territoire facilitait une telle
coordination : par exemple, le tracé des routes de liaison nouvelles évitait
toute traversée de centres historiques urbains. Sans doute, la situation même de
ces centres s'y prêtait-elle souvent, en particulier lorsqu'ils occupaient des
presqu'îles (Budva, Ulcinj), mais on peut concrètement ici voir l'importance d'un
principe qui reste trop souvent théorique : en zone séismique plus encore qu'ailleurs
le tracé des voies de circulation doit être suffisamment écarté des monuments pour
qu'il ne soit pas interrompu en cas de ruine ou d'écroulement (tours, clochers, etc.),
et doit contourner sans y pénétrer les noyaux urbains anciens (a fortiori s'ils
sont fortifiés) à grande densité de construction et aux rues étroites/ .
83.
Des mesures de conservation provisoires ont été prises dans les cas les plus
urgents dès les premières semaines : en particulier, la mise en oeuvre de
toitures temporaires pour protéger les fresques lorsque la voûte d'une église
était effondrée (paragraphes 61, 70), étalement des structures très ébranlées ou
dangereuses.
84.
A partir du 21 avril, une Commission pour l'évaluation des dommages, formée
d'équipes de techniciens, visitait systématiquement tous les immeubles de
la zone sinistrée (anciens et modernes) et marquait chacun d'eux : l'inscription
de chiffres de grandes dimensions sur la façade principale indique le numéro du
dossier de l'immeuble, tandis qu'un code de couleurs signifie publiquement la
gravité des dommages :
- chiffres verts pour les bâtiments peu touchés, utilisables après réparations
mineures éventuelles.
- chiffres jaunes pour les bâtiments temporairement inutilisables, qui devront
faire l'objet de réparations structurelles importantes.
12.
- Cf. "Actes de la Conférence intergouvernementale sur la protection des biens
culturels en cas de conflit armé", La Haye, 1954, Unesco.
- Cf : "Principes directeurs pour la prévention des catastrophes", Volume 1,
"Aménagement préalable des établissements humains", page 80 et ss. , UNDRO,
Nations Unies, Genève, 1976.
- 15 - chiffres rouges pour les bâtiments définitivement inutilisables, considérés
comme irréparables.
Ce code était nuancé par l'introduction de plusieurs degrés dans chaque couleur
(indiqués en soulignant les chiffres par un, deux ou trois traits), permettant
finalement de diviser les bâtiments endommagés en 6 catégories' *.
85.
Il est bien entendu que les critères utilisés par cette Comisssion ont été
purement techniques et économiques, et donc totalement indépendants de la
valeur artistique, architecturale ou historique des bâtiments. Ainsi, lorsqu'un
monument porte simultanément - et le cas est fréquent - un numéro rouge et le
sigle de la Convention de La Haye, ceci signifie que, d'un point de vue strictement
économique, il serait normal de le détruire et de le remplacer par un bâtiment neuf,
mais qu'il s'agit en l*occurrence d'un monument historique classé qui ne peut être
démoli sans une décision gouvernementale, et qu'en fait il sera vraissemblablement
restauré mais au prix de travaux importants (photo 20) .
86.
Le 21 mai se tenait au Monténégro une conférence groupant des représentants de
tous les Instituts de protection des monuments historiques de Yougoslavie.
La situation des monuments de la zone sinistrée y était exposée, et l'assistance
de tous les Etats yougoslaves très concrètement organisée : chaque Etat a pris en
charge, par l'intermédiaire de son Institut, l'un des sites principaux du Monténégro
en envoyant sur place une équipe mobile (architectes, ingénieurs, photogrammètres,
historiens d'art, etc.), qui a commencé immédiatement l'inventaire détaillé des
dommages et à rassembler une documentation sur chaque monument.
87.
A la différence de la classification de la Commission technique, cet inventaire
repose sur des critères spécifiques au patrimoine culturel. Avec l'aide de
l'Institut de génie séismique de Skopje (IZIIS), les instituts pour la protection
des monuments ont élaboré des formulaires d'évaluation (voir annexe III) que chaque
équipe utilise pour tous les monuments.
88.
L'activité des instituts a été distribuée par communes :
- Commune de Kotor :
R.S. de SLOVENIE (Prof. Ribnikar, ingénieur civil).
- Autres communes des bouches de Kotor (Risan, Perast) :
R.S. de BOSNIE-HERZEGOVINE (M. Ninkovi£, architecte).
- Commune de Tivat :
Prov. Autonomes de VOÏVODINE et KOSOVO (M. Strasmester, architecte).
- Commune de Hercegnovi ;
R.S. de MACEDOINE (M. Prendzov, architecte).
- Commune de Budva :
R.S. de CROATIE (Prof. Jelovac, architecte).
- Communes de Bar et Ulcinj :
R.S. de SERBIE (Prof. Dimitrievic et Karacevici, architectes).
1.
Annexe III.
- 16 -
- Commune de Cetinje :
Institut de BELGRADE (M. Jakovljevic, architecte).
En outre, des spécialistes du Musée national (Belgrade) ont participé aux opérations de sauvetage et de conservation d'urgence des biens culturels meubles (sous
la direction de Mme Gabricevic", conservateur), en collaboration avec les spécialistes de l'Institut du Monténégro qui ont rassemblé une grande partie de ces
objets à Cetinje.
89.
La poursuite de cette assistance dépendra évidemment des ressources de chaque
république, ainsi que des résultats de l'évaluation des dommages, des travaux
nécessaires, des méthodes et des objectifs qui seront retenus, et doit enfin
s'inscrire dans la planification générale de la reconstruction de la zone sinistrée.
RESTAURATION DU PATRIMOINE ENDOMMAGE
90.
Lorsque l'inventaire précis des dommages sera établi, il sera possible de
définir exactement l'ampleur des restaurations. Comme chaque fois qu'un séisme
frappe une région riche en monuments historiques, une partie du patrimoine culturel
est définitivement perdue : les fresques par exemple lorsque 1'enduit qui les
supportait a été brisé par l'écroulement des voûtes et des murs, les biens meubles
pulvérisés par la chute des maçonneries, les édifices ruinés à un point tel que
leur reconstruction ne pourrait conserver la moindre authenticité.
91.
Mais ces pertes absolues ne représentent ici qu'un pourcentage faible du
patrimoine, puisque la majorité des structures est réparable, certes au prix
d'un effort long et coûteux. Il semble acquis que les principales villes d'art
seront restaurées, en tous cas Kotor,- Budva et Ulcinj, de même que les monuments
majeurs d' Hercegnovi, des bouches de Kotor (Dobrota, Perast, Risan) et de Cetinje,
et les monastères et églises majeurs.
92.
Dans les villages-en revanche (surtout dans l'arrière pays) on peut craindre
que le patrimoine architectural ne soit que très peu restauré. La justification économique en serait d'ailleurs difficile car un exode rural important sévit
depuis longtemps dans la montagne, et risque d'être encore accéléré par une telle
catastrophe. Les habitations et bâtiments peu endommagés seront vraisemblablement
réparés, mais il est probable que la majorité des structures plus gravement
atteintes seront démolies ou abandonnées et remplacées lorsque besoin sera par des
bâtiments modernes. Au mieux peut-on suggérer que quelques villages particulièrement
remarquables par leur architecture, leur situation ou leur homogénéité soient
restaurés à titre d'exemple, mais il ne pourrait s'agir que de cas exceptionnels.
Seules les églises de ces villages, souvent anciennes (17e et 18e siècles) et
toujours bien situées pourraient être assez systématiquement restaurées.
93.
Lorsque les monuments endommagés seront provisoirement hors de danger
(toitures provisoires, étalements, ceinturages) la priorité de restauration
devrait être donnée aux bâtiments anciens qui, outre leur valeur architecturale
ou historique, remplissent encore pour la population une fonction nécessaire. Et en
premier lieu le logement : les noyaux historiques de Kotor, Budva et Ulcinj étaient
habités par plus de 5.000 personnes qui ont toutes été évacuées.
94.
Il est possible qu'une partie des habitants anciens choisisse de ne pas revenir
et préfère demeurer dans les immeubles modernes qui vont être construits dans
la région. Quelques bâtiments des villes anciennes pourront donc changer d'affectation, mais la fonction de logement doit rester principale pour que ces quartiers
anciens ne deviennent pas des villes-musées. Vu l'ampleur des destructions, la
- 17 -
désorganisation des planchers et des charpentes, toute la structure intérieure des
maisons devra souvent être reconstruite, et restructurée pour inclure les équipements modernes (sanitaires, distribution d'eau, etc.), en conservant en façades
les parements de pierre de taille qui ont en général mieux résisté au choc. Il
s'agit donc en fait pour chaque ville historique d'une opération complexe, de
réhabilitation en même temps que de restauration, qui fera appel aux techniques
et matériaux contemporains (voiles et planchers de béton armé, chaînages, etc.).
95.
La possibilité d'affecter quelques immeubles de ces villes à des services
collectifs pour la population ou à l'accueil d'équipements touristiques
(restaurants, hôtels, etc.), doit être sérieusement étudiée, et pourrait permettre
une meilleure rentabilité de la reconstruction. Elle impliquera une structure législative nouvelle (la presque totalité de ces immeubles anciens est en propriété
privée), et s'appliquera plus aisément aux édifices relativement importants
(palais de Kotor ou de Dobrota) qu'aux petites maisons de Budva et d'Ulcinj. Cette
utilisation de monuments pour des fonctions nouvelles doit être choisie dans le
cadre de la planification régionale de la zone sinistrée. C'est pourquoi il serait
utile qu'un expert (urbaniste ou architecte) spécialisé dans la conservation du
patrimoine ancien puisse participer à l'élaboration du plan d'aménagement dans le
cadre d'un éventuel projet financé par le Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD).
96.
Les monuments isolés (églises, monastères, fortifications, etc.), devront être
restaurés en seconde étape (sauf cas d'urgence). Et parallèlement, l'importante
tâche de la restauration des biens meubles (peintures, archives, manuscrits,
textiles...), doit être poursuivie, et menée à bien avant que ces objets ne
retrouvent leur place.
97.
Il est évidemeent nécessaire que les monuments dont la restauration aura été
décidée soient non seulement rétablis dans leur forme et leur apparence, mais
encore que leur résistance aux séismes futurs soit renforcée. Plusieurs techniques
peuvent être employées, sélectivement ou concurremment selon la structure, les
dommages, les dimensions et les détails de chaque monument : ancrages et tirants,
broches, injections, chaînages, ossatures, etc. Après plusieurs séismes récents
(Banja Luka 1969, Skopje 1973) les spécialistes yougoslaves ont déjà réalisé de
telles restaurations, mis au point des techniques originales et acquis une expérience précieuse. En particulier l'Institut de génie séismique de Skopje, fondé
avec l'aide de 1'Unesco, a développé des techniques d'analyse des structures
anciennes qui permettent d'établir les projets de consolidation et de contrôler
leur efficacité ; car on sait que c'est une question difficile et controversée :
les dispositifs de renforcement et les matériaux modernes que 1'on introduit
dans les maçonneries anciennes peuvent en effet présenter des différences de
rigidité et de comportement telles que le résultat, en cas de nouveau séisme, est
souvent très différent de ce qu'on attendait. La liaison entre les parties anciennes
conservées et les matériaux nouveaux est toujours très délicate et rend encore
plus complexe le calcul des réactions aux efforts séismiques du monument restauré
dont la structure est devenue plus hétérogène. C'est pourquoi l'intervention systématique de l'Institut de génie séismique de Skopje serait extrêmement souhaitable
à toutes les étapes de la restauration (inventaire et évaluation des dommages,
sélection des méthodes et établissement des projets des restauration, contrôle de
l'exécution) - voir paragraphe 109.
98.
L'inventaire des monuments endommagés montrera que de nombreux édifices
présentent une morphologie, une structure et des dimensions voisines,
permettant de les regrouper en catégories relativement homogènes :
- maisons urbaines, 2-3 niveaux, surface au sol jusqu'à 100 m2 environ
(Budva, Ulcinj).
- 18 - palais urbains, 3-4 niveaux, surface au sol supérieure à 100 m2 (Kotor) ;
- palais isolés, 3-4 niveaux, éventuellement plusieurs corps de bâtiment
(Dobrota, Perast) ;
- petites églises, une nef voûtée en berceau, campanile "a vela", abside
(monastères, églises de villages) ;
- églises plus importantes, avec coupole et clocher (Kotor, monastère Savina,
N. Dame à Prcanj) ;
- monuments complexes (Cetinje, tribunal de Kotor) ;
- fortifications, murs d'enceinte (Budva, Ulcinj,
Hercegnovi).
99.
Des équipes groupant des spécialistes des Instituts pour la protection des
monuments historiques des républiques (architectes, ingénieurs) et de
l'Institut de génie séismique de Skopje pourraient donc mettre au point des dossiers
de recommandations et un projet type de restauration pour chaque catégorie de
monument. Bien entendu, ces dispositions devraient être adaptées aux conditions
spécifiques de chaque monument : fondations, mitoyennetés, détails de construction.
Mais il reste que l'homogénéité de leur construction (mêmes matériaux et techniques
échelles très voisines, composition identique) permet un tel travail qui faciliterait la réalisation simultanée de nombreux chantiers dans des conditions acceptables de rigueur et de contrôle.
ASSISTANCE INTERNATIONALE
100. Devant l'ampleur des dommages subis par le patrimoine culturel, il apparaît
nécessaire que l'assistance internationale vienne appuyer l'effort du Monténégro dans la longue tâche des restaurations. L'appel lancé dès le 28 mai 1979 par
le Directeur général de l'Unesco, conformément à la décision 107 EX/4.1.1 (I) du
Conseil exécutif
a déjà alerté les pays membres sur cette urgence et sur l'ampleur
des besoins. L'importance et la durée des travaux nécessaires justifieraient
pleinement la nomination d'un responsable permanent pendant au moins une année.
Résidant sur place, il prendrait en charge, dans le domaine spécifique de la conservation du patrimoine culturel :
- la liaison entre les autorités fédérales et locales d'une part et les
organisations internationales d'autre part (Unesco, PNUD, organisations
internationales non gouvernementales), en coopération avec le Secrétariat
de l'Unesco ;
- la promotion des initiatives et propositions d'assistance auprès des états
donateurs, des institutions et organisations susceptibles d'apporter une
aide technique ou financière ;
- la transmission et la diffusion des besoins définis sur place ;
- la définition en temps utile des missions techniques ponctuelles nécessaires ;
- la coordination générale de l'assistance internationale sur place.
1.
Annexe I.
- 19 -
L'Unesco serait prête à considérer avec les autorités yougoslaves une contribution à l'établissement de ce poste.
101. L'assistance internationale doit être coordonnée avec deux programmes en cours
- l'assistance fédérale. Déjà activement organisée (voir paragraphes86 à 89)
pour la sauvegarde du patrimoine culturel, en particulier par la prise en charge
par chaque république ou province autonome de Yougoslavie d'un site monumental.
- la planification régionale. Le patrimoine culturel n'est qu'un des secteurs
sinistrés parle séisme du 15 avril, et la restauration des monuments historiques
doit être intégrée dans les options et les priorités de la reconstruction générale
de toute la région. Plus particulièrement, le PNUD doit très prochainement engager
une révision de la planification régionale, qui sera une remise à jour du projet
"Southern Adriatic", tenant compte des destructions et des enseignements du
tremblement de terre. Cette révision devra évidemment prendre en considération la
restauration du patrimoine culturel, et surtout des villes historiques, et il
serait souhaitable qu'un expert en conservation des monuments historiques (architecte ou urbaniste) fasse partie de l'équipe de planification. Il devra en particulier conseiller les autorités sur les points suivants :
- localisations des équipements collectifs ;
- implantations touristiques, leur rapport avec les villes et monuments historiques, possibilités de réutilisation de monuments historiques pour des
usages nouveaux ;
- mise en valeur des sites culturels et naturels ;
- définition des zones-tampons entre les villes historiques et les quartiers
nouveaux.
102. Dès que cette révision du projet PNUD sera approuvée et que les dates de
travail seront connues, 1'Unesco pourrait envoyer cet expert pour une mission
d'environ trois semaines financée sur les fonds mis à la disposition de la Campagne
au titre du Compte spécial.
103. Plus spécifiquement, la restauration et la conservation du patrimoine culturel
devraient bénéficier d'une aide directe de la communauté internationale sur
plusieurs plans.
- financier ;
- matériel : équipements et produits, voir Annexe II ;
- technique : assistance d'experts, voir paragraphes 109 à 113 ;
- formation de spécialistes, voir paragraphe 114.
104. Cette assistance internationale peut prendre des formes et des échelles très
diverses (voir frontispice - l'appel du Directeur général de l'Unesco) :
une nation, une ville ou une université peut décider de prendre en charge la
restauration d'un palais ou d'une chapelle, ou encore de fournir au Monténégro tel
article d'équipement ou une équipe de spécialistes. L'important est qu'elle soit
organisée pour éviter le gaspillage ou le double emploi, et l'Unesco serait sans
doute le mieux à même de réaliser cette coordination.
- 20 -
105. Plusieurs mois après le séisme, alors que les mesures de première urgence ont
été prises par l'Institut du Monténégro, que l'aide fédérale réalise l'inventaire détaillé des dommages et s'apprête à mettre au point le programme des restaurations, se pose en premier lieu le besoin d'équipement (produits et matériel) pour
la restauration des biens culturels meubles et pour la sauvegarde des édifices en
danger.
106. Le très grand nombre des objets en état critique (peintures, tissus, archives...)
impose que le travail de conservation commence au plus tôt. Ceci est possible
puisque les locaux existent à Cetinje et que le personnel de l'Institut comprend
des experts déjà formés, et peut en outre être rapidement renforcé, selon les
besoins, par des spécialistes des autres Instituts de Yougoslavie (Musée national
de Belgrade en particulier).
107. Le matériel et les produits demandés en priorité/1 par l'Institut de Cetinje
pourront donc être utilisés dès leur arrivée au Monténégro. Ils seront achetés
et expédiés sur place très prochainement par 1'Unesco grâce au budget exceptionnel
dégagé pour la circonstance.
108. D'autres listes ont été établies par l'Institut de Cetinje, qui concernent les
équipements de seconde urgence' ^ et qui devront encore être complétés par les
équipements ou matériaux plus spécialisés qui se révéleront nécessaires, en particulier pour la restauration des bâtiments, lorsque les méthodes d'intervention et
l'extension des restaurations, seront définitivement sélectionnées et que le
calendrier aura été établi.
109. L'assistance technique est tout aussi urgente et nécessaire. La participation
de l'Institut de génie séismique de Skopje (IZIIS) a été évoquée au paragraphe 97, et il serait extrêmement souhaitable qu'elle soit effective aussi bien
dans la phase préparatoire (étude des projets et méthodes de restauration) que
pendant l'exécution des travaux. Il est pourtant à craindre que cette participation
de l'IZIIS ne soit pas retenue, en tous cas pour la restauration du patrimoine
culturel, lorsque la République du Monténégro et les communes sinistrées vont fixer
leurs priorités dans la charge financière énorme qu'entraîne la reconstruction du
pays. C'est pourquoi cette participation devra sans doute être prise en charge par
le gouvernement fédéral yougoslave. Une contribution de 1'Unesco pour cette assistance technique (qui serait au total de 24 mois d'expert) pourrait être étudiée.
110- Dans les prochaines années, le personnel de l'Institut de Cetinje doit être
fortement augmenté pour faire face aux travaux prolonges de restauration et
de conservation des biens meubles et immeubles : il est prévu qu'il passe de 21
à 82 permanents. Mais les conditions locales rendent un tel accroissement difficile,
même si des postes budgétaires permettent effectivement de le financer. Le recrutement se heurte en effet à la répugnance des spécialistes qualifiés (architectes,
ingénieurs, chimistes, conservateurs, etc.), à quitter les grandes villes yougoslaves (Belgrade, Zagreb, Ljubljana), et le Monténégro est considéré comme une région
isolée où la vie est difficile. Qui plus est, les salaires des instituts de
protection des monuments sont inférieurs à ceux que l'on peut obtenir dans les
bureaux d'architecture ou les grandes firmes de la capitale.
111. Certes, ces difficultés sont partiellement surmontées par le détachement au
Monténégro de personnel des autres instituts (assistance fédérale) mais le
besoin de personnel permanent sur place ne sera sans doute pas couvert avant longtemps. D'autre part, l'accroissement du personnel se fera surtout par de jeunes
1.
2.
Annexe II, A.
Annexe II, B.
- 21 -
diplomes des universités yougoslaves, et une formation pratique devra compléter sur
place leur savoir théorique.
Des travaux déjà importants ont été réalisés par l'Institut, par exemple le
déplacement sur plusieurs kilomètres de la grande église du monastère de Piva dont
le site, au fond des gorges de la Piva, était condamné par la construction d'un
barrage (dépose des fresques, démontage de la construction avec identification de
chaque pierre, anastylose sur le nouveau site et repose des fresques). Mais
l'échelle des travaux de conservation a totalement changé avec les destructions du
séisme, et leur nature avec les techniques nécessaires de consolidation séismique.
L'IZIIS a prévu à Skopje des stages de formation pour initier les ingénieurs et
architectes monténégrins aux méthodes du génie séismique, et les spécialistes de
l'Institut de Cetinje pourront en profiter.
112. L'aide de consultants internationaux' l devrait compléter cette assistance
fédérale par des missions de conseil et de formation de courte durée
(2 à 4 semaines) auprès de l'Institut de Cetinje, répétées deux ou trois fois par
an dans les domaines très spécialisés : restauration des maçonneries, consolidation
des fondations, restructuration des bâtiments, conservation des textiles, des
manuscrits, des archives, des peintures, dépose et repose des fresques, etc. Par
la similitude des conditions climatiques et des techniques anciennes, les experts
italiens (Istituto di Restauro, Musée du Vatican) seraient sans doute les mieux
à même de communiquer leur expérience pratique. La proximité de leur résidence et
le fait que l'italien est la langue étrangère la plus largement parlée au Monténégro renforcent cette appréciation.
113. Il serait de même très utile que le personnel de l'Institut de Cetinje soit
assisté par des spécialistes nationaux ou internationaux envoyés sur place
pour une durée assez longue (deux ans par exemple), et dès que possible, puisque
la pénurie de personnel est immédiate. Leur salaire et leurs frais de séjour
devraient évidemment être supportés par les pays ou organismes donateurs. Dans un
premier temps, deux architectes et un ingénieur seraient souhaitables : ils
devraient posséder une formation au moins théorique aux techniques de conservation
des monuments anciens mais on pourrait parfaitement choisir de jeunes diplômés qui
trouveraient ainsi l'occasion d'acquérir une bonne formation pratique au sein de
l'équipe pluridisciplinaire de l'Institut tout en effectuant déjà un travail utile
et nécessaire.
114. Parallèlement, des bourses d'études à l'étranger'^ permettraient de compléter
la formation universitaire des nouveaux spécialistes engagés par l'Institut.
Cinq bourses seraient à cet égard les plus utiles :
- 2 architectes (ICCROM (Centre international d'études pour la conservation
et la restauration des biens culturels, Rome) et Collège d'Europe) ;
- 1 chimiste (Bruxelles) ;
- 1 historien d'art (Italie) ;
- 1 conservateur de peintures (Rome ou Bruxelles).
1.
2.
Annexe II, C.
Annexe II, D.
- 22 -
115. Envoi d'experts pour de courtes missions de conseil et de formation pratique,
stages de longue durée de jeunes spécialistes et bourses de formation postuniversitaire, ces trois formes d'assistance technique internationale, correctement
coordonnées, devraient aider efficacement la République du Monténégro à mener à
bien la restauration du patrimoine culturel. Mais il est certain que cet effort
devra être maintenu pendant plusieurs années, et que des besoins spécifiques
nouveaux apparaîtront au cours du travail.
116. Quelques pays ont déjà proposé la participation de leurs étudiants aux
chantiers de restauration. Cette solution ne peut s'envisager que pour des
cas assez particuliers et, surtout, que si l'ensemble des frais de séjour (hébergement, nourriture, etc.), n'est pas à la charge du pays d'accueil, comme cela a
été le cas dans plusieurs expériences analogues. Les mouvements de la jeunesse
yougoslave ont d'ailleurs déjà envoyé des équipes de volontaires au Monténégro, et
une participation étrangère pourrait donc être réalisée en liaison avec ces organisations. Elle se justifierait éventuellement sur les chantiers de caractère plus
particulièrement archéologique, par exemple les monuments ou sites abandonnés où
il s'agit surtout de déblaiement, nettoyage, débroussaillage, plutôt que de travaux très
spécialisés de restauration ou de conservation. L'ancienne ville de Stari Bar
(paragraphes 50 et 51), et les sites de Ratac ou de Svac pourraient convenir.
RECOMMANDATIONS
117.
(a) Il est recommandé que la priorité soit accordée à la restauration des
bâtiments anciens et noyaux historiques qui, outre leur valeur architecturale
ou historique, remplissent encore pour la population une fonction nécessaire
(les noyaux historiques de Kotor, Budva et Ulcinj), tandis que les monuments
isolés (églises, monastères, fortifications, etc.), devront être restaurés en
second lieu (sauf cas d'urgence) (paragraphes 93-95). Quelques bâtiments dans
les villes anciennes pourront changer d'affectation, mais la fonction de
logement doit rester la principale pour que ces quartiers anciens ne deviennent
pas des villes-musées. Pour chaque ville historique, une opération complexe
doit être entreprise qui fera appel aux techniques et aux matériaux
contemporains ;
(b) il est recommandé au gouvernement yougoslave qu'un responsable permanent
soit nommé et pourvu des moyens nécessaires pour mobiliser en coopération
étroite avec le Secrétariat de 1'Unesco, la solidarité internationale,
promouvoir et coordonner les initiatives et les accords d'assistance technique
et financière (paragraphe 100) ;
(c) il est recommandé au gouvernement yougoslave et aux autorités du Monténégro que l'Institut de Génie séismique de Skopje (IZIIS) participe aux études
à la définition et au contrôle technique des travaux de restauration et de
consolidation des monuments historiques endommagés, avec la participation financière éventuelle de 1'Unesco (paragraphes 97 et 109) ;
(d) il est recommandé qu'un expert de 1'Unesco en conservation des sites et
monuments historiques participe à la révision du plan d'aménagement régional
dans le cadre du PNUD (Southern Adriatic Project, paragraphe 101) ;
(e) outre le matériel et l'équipement demandés en première urgence par
l'Institut pour la protection des monuments du Monténégro, qui seront fournis
par 1'Unesco sur les crédits d'exception dégagés à cet effet, il est recommandé
que la fourniture des autres biens d'équipement nécessaires à la restauration
du patrimoine culturel endommagé (annexe II. B) soit assurée par l'assistance
internationale.
- 23 -
(f) il est recommandé que des consultants internationaux assistent l'Institut
pour la protection des monuments du Monténégro par de brèves missions de
formation et de conseil, dans des domaines très spécialisés (paragraphe 112
et Annexe II. C).
(g) il est recommandé que des spécialistes en conservation de monuments (un
ingénieur et deux architectes) soient mis à la disposition de l'Institut pour
la protection des monuments du Monténégro pour une durée de deux ans
(paragraphe 113).
(h) il est recommandé que des bourses d'études à l'étranger permettent de
compléter la formation universitaire de cinq spécialistes yougoslaves
(2 architectes, 1 chimiste, 1 historien d'art, 1 conservateur de peintures) ;
(paragraphe 114 et Annexe II. D).
- 24 -
ANNEXE I
Décision 107 EX/4.1.1 (I)
adoptée par le Conseil exécutif de 1'Unesco
lors de sa 107e session (3-18 mai 1979)
Le Conseil exécutif,
1.
Ayant été informé par le Directeur général des conséquences tragiques du
terrible tremblement de terre qui a ravagé la Yougoslavie (République du
Monténégro),
2.
Conscient de la responsabilité qui incombe à 1'Unesco de prendre des mesures
urgentes et efficaces afin de contribuer, dans les domaines de sa compétence,
à combattre les effets désastreux des catastrophes naturelles,
3.
Renouvelant sa conviction que les monuments et les sites culturels et historiques constituent des valeurs appartenant au patrimoine culturel mondial
qu'il convient de préserver et de restaurer également par l'action de la
communauté internationale,
4.
Félicite le Directeur général des mesures qu'il a déjà prises et 1'invite
à poursuivre cette action ;
5.
Appuie la proposition du Directeur général visant à lancer un appel aux Etats
membres, aux organisations intergouvernementales et non gouvernementales et à
l'opinion publique internationale pour la sauvegarde et la préservation des
monuments culturels et historiques, ainsi que pour la reconstruction des
institutions scientifiques et éducatives en République du Monténégro ;
6.
Invite le Directeur général à examiner, en consultation avec les Etats membres
intéressés et les organisations intergouvernementales compétentes, la possibilité de créer pour les Balkans et la région de la Méditerranée un réseau
de stations d'observation sismique et le prie de faire rapport sur la question
à l'une de ses prochaines sessions.
- 25 -
ANNEXE II
ASSISTANCE INTERNATIONALE DEMANDEE
A.
Equipement et produits demandés en première urgence par l'Institut pour la
protection des monuments du Monténégro, qui seraient fournis par 1'Unesco
sur un budget d'exception.
- Produits pour la restauration des papiers, textiles et métaux
papier japon
caoutchouc silicone
tissus soie et nylon, fil de soie
couleurs
produits de traitement des bois
- Equipement pour la restauration des peintures
unité de radiographie des oeuvres d'art
microscopes et accessoires de photographie microscopique
lampes spéciales
gouges à bois
échafaudage roulant démontable
- Equipement pour la restauration des objets métalliques
microscope et accessoires
polisseuse et micro-outillage
balance de laboratoire
- Equipement pour les travaux d'urgence sur les monuments
étais métalliques télescopiques
échafaudage tubulaire
voiture de liaison
Il s'agit ici, surtout pour l'analyse des objets d'art, d'un équipement
de haute technicité : appareil de radiographie, microscopes et dispositifs
de photographies sous diverses radiations, etc. Ainsi équipés, les laboratoires
de Cetinje seraient les plus modernes de Yougoslavie. Certes, le patrimoine
culturel endommagé doit être restauré avec toutes les garanties scientifiques,
et il est vrai que le grand nombre et la diversité des objets à traiter
d'urgence ne permettent pas leur déplacement vers les laboratoires des autres
Instituts yougoslaves, à supposer que ceux-ci aient les capacités techniques
nécessaires.
Mais il faut s'assurer que l'on trouvera au Monténégro le personnel
qualifié pour utiliser pleinement cet équipement : il arrive souvent, et dans
tous les pays, qu'un équipement coûteux de haut niveau technique ne puisse être
utilisé faute de spécialistes. Cette question doit être discutée avec les
autorités de Belgrade et du Monténégro, et il faut se demander si un tel équipement ne serait pas plus efficacement utilisé au niveau fédéral, sous la
forme d'un laboratoire mobile, propriété commune de tous les Instituts yougoslaves pour la protection des monuments. Bien entendu, la première affectation
- 26 -
de ce camion-laboratoire serait au Monténégro, mais il pourrait par la suite
circuler dans toute la Yougoslavie selon les besoins et les urgences. Le
personnel scientifique pourrait donc être recruté parmi toutes les républiques
de Yougoslavie.
Un tel équipement existe par exemple en France, où le "labobus" de la
Direction des musées de France met à la disposition des musées de province
le personnel et le matériel scientifique nécessaires à la radiologie, la
photographie sous lumière normale et sous les radiations spéciales, les
examens microchimiques, les prélèvements d'échantillons, etc. Ce camionlaboratoire a coûté environ 120.000 dollars, dont 50 % pour le camion et
son aménagement et 50 % pour l'équipement scientifique transporté (qui
correspond sensiblement au matériel demandé par le Monténégro).
Grâce au budget d'exception que peut dégager 1'Unesco, l'assistance internationale peut donc rapidement prendre en charge, en première étape :
- la fourniture des produits indispensables pour entreprendre la restauration des objets d'art ;
- la fourniture de l'équipement de base pour 'l'analyse scientifique du
patrimoine culturel, soit sous la forme d'un laboratoire mobile, soit
directement à l'Institut de Cetinje.
Equipement de seconde urgence
A plus long terme, l'équipement nécessaire pour mener à bien les travaux
de restauration devra être fourni au Monténégro en fonction des possibilités
de la solidarité internationale.
Cet équipement ne pourra être précisément défini que lorsque les méthodes
et les modalités d'intervention auront été sélectionnées, et en particulier,
pour les monuments, la proportion des travaux réalisés directement par
l'Institut de Cetinje et de ceux qui seront confiés à des entreprises locales
ou étrangères. De même pour les biens culturels meubles, l'équipement ne sera
exactement déterminé qu'à l'occasion des premières missions d'experts spécialisés prévues au paragraphe 110 et ci-dessous.
Il faut cependant déjà prévoir pour cette seconde étape le renforcement
de l'équipement des laboratoires de l'Institut de Cetinje sur les points
suivants :
- photographie
banc de reproduction, statifs, systèmes d'éclairage
agrandisseurs et accessoires
laboratoire (développement, lavage, tirage)
conservation des clichés
- traitement des papiers
vasque de lavage
presse chauffante automatique
- 27 -
- restauration des peintures
chariot élévateur
table chauffante à vide
élément de climatisation
C.
Missions d'experts spécialisés
_ Un expert en conservation des livres et papiers.
- Un chimiste spécialisé dans la conservation des objets d'art.
- Deux restaurateurs en objets d'art : métal et pierre
peintures et fresques.
Ces experts devraient venir deux semaines pour la première évaluation des
besoins et la définition d'un plan d'action, puis quatre semaines par an
pendant les trois années suivantes pour la formation du personnel et le
contrôle des travaux.
D.
Programme de formation
Cinq bourses d'études à l'étranger sont recommandées parmi les plus
utiles pour :
- 2 architectes
- une bourse de six mois pour un cours de conservation architecturale à
l'ICCROM (Centre international d'études pour la conservation et la
restauration des biens culturels) à Rome ;
- une bourse de huit mois pour un cours sur la conservation du patrimoine
architectural et urbain au Collège d'Europe à Bruges ;
- 1 chimiste : bourse d'une année à l'Institut royal du patrimoine artistique
à Bruxelles ;
- 1 historien d'art : bourse d'un à deux ans en Italie ;
- 1 conservateur de peintures ; bourse d'un à deux ans à Rome ou à Bruxelles.
- 28 F o r m u l a i r e p o u r l ' é v a l u a t i o n des
BIENS CULTURELS IMMEUBLES
dommages
INVENTAIRE DES DOMMAGES
1
N O M DU
MONUMENT
N° D E
9
REFERENCE
\0>
-p
•H
SITE ARCHEOLOGIQUE
O
ENSEMBLE URBAIN
O
ENSEMBLE URBAIN FORTIFIE—O
MONASTERE (S)
O
ENSEMBLE RURAL
O
MONUMENT ISOLE
Q
o1
•H
-P
CO
siècle
12 13 14 15 16 17
19 20
monument religieux
habitation
b â t i m e n t public
bâtiment économique
a r c h , m i l i t a i r e %( f o r t i f . )
structure ethnologique
bâtiment technique
m o n u m e n t de la L u t t e
de l i b é r a t i o n n a t i o n a l e
commune .
lieu
EH
<
ville
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adresse
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enregistrement au cadastre,
propriétaire.
ETAT AVANT LE SEISME
Q bon Q m o y e n Q mauvais
o
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CATEGORIE DU MONUMENT
REGIME DE PROTECTION •
D O M M A G E S P R O V O Q U E S PAR L E
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o
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m2
m2
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3
4
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TOTAL
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C
•H
cheminée (s)
couverture —
charpente
coupole ( s ) —
voûte (s)
plafond (s)
structure de plancher (s)
sol (s)
mur (s) porteur (s)
mur (s) non porteur (s)
ar c ( s )
colonnes
escalier(s)
fondations clocher(s) minaret(s) décor architectural
iconostase
peinture(s) murale(s)
DEGRE DU RISQUE
O réparation possible
O réparation impossible
STATUT DU MONUMENT
O inchangé
O modifié
Q non retenu
INTERVENTION
D'URGENCE
O
- 27 -
- restauration des peintures
chariot élévateur
table chauffante à vide
élément de climatisation
C.
Missions d'experts spécialisés
_ Un expert en conservation des livres et papiers.
- Un chimiste spécialisé dans la conservation des objets d'art.
- Deux restaurateurs en objets d'art : métal et pierre
peintures et fresques.
Ces experts devraient venir deux semaines pour la première évaluation des
besoins et la définition d'un plan d'action, puis quatre semaines par an
pendant les trois années suivantes pour la formation du personnel et le
contrôle des travaux.
D.
Programme de formation
Cinq bourses d'études à l'étranger sont recommandées parmi les plus
utiles pour :
- 2 architectes
- une bourse de six mois pour un cours de conservation architecturale à
l'ICCROM (Centre international d'études pour la conservation et la
restauration des biens culturels) à Rome ;
- une bourse de huit mois pour un cours sur la conservation du patrimoine
architectural et urbain au Collège d'Europe à Bruges ;
- 1 chimiste : bourse d'une année à l'Institut royal du patrimoine artistique
à Bruxelles ;
- 1 historien d'art : bourse d'un à deux ans en Italie ;
- 1 conservateur de peintures ; bourse d'un à deux ans à Rome ou à Bruxelles.
- 28 -
Formulaire pour l'évaluation des dommages
BIENS CULTURELS IMMEUBLES
INVENTAIRE DES DOMMAGES
1
NOM DU MONUMENT
9
N° DE REFERENCE
SITE ARCHEOLOGIQUE'
ENSEMBLE URBAIN
ENSEMBLE URBAIN F O R T I F I E — O
MONASTERE (S)
O
ENSEMBLE RURAL
O
MONUMENT ISOLE
Q
monument religieux
habitation
bâtiment public
bâtiment économique
arch, militaire (fortif.)
structure ethnologique
bâtiment technique
monument de la Lutte
de libération nationale
-o
\(L>
-P
•H
a1
•H
-P
G
a
siècle
12 13 14 15 16 17
19 20
?,
commune .
lieu
EH
ville
:
EH
adresse
H
CO
enregistrement au cadastre,
propriétaire ...
ETAT AVANT LE SEISME
Q bon
Qmoyen
Q mauvais
o
H
o
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EH B^
K tD
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sous-sol
re z-de-ch.
1
2
m2
m2
m2
m2
m2
m2
3
4
m2
m2
TOTAL
co PQ
CATEGORIE DU MONUMENT
REGIME DE PROTECTION
-p
•H
DOMMAGES PROVOQUES PAR LE SEISME
u
-p
\(U
Tí
I
cheminée (s)
couverture —
charpente
—
coupole ( s ) —
voûte (s )
plafond (s)
K!
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G
•H
O \CD
TS rH
structure de plancher (s)
sol (s)
mur (s) porteur (s)
mur (s) non porteur (s)
ar c ( s )
—
colonnes
escalier(s)
fondations clocher(s ) minaret(s ) décor architectural
iconostase
peinture(s) murale(s)
DEGRE DU RISQUE
O réparation possible
O réparation impossible
STATUT DU MONUMENT
O inchangé
O modifié
Q non retenu
INTERVENTION
D'URGENCE
O
- 29 PLAN SCHEMATIQUE (AU SOL) DU MONUMENT ET DIMENSIONS PRINCIPALES
DOCUMENTATION PHOTOGRAPHIQUE ET INDICATION DES DOMMAGES
(sur toute la deuxième page)
7
CARACTERISTIQUES CONSTRUCTIVES / type et qualité des matériaux
de construction et des éléments de liaison,
8
DESCRIPTION DES DEFORMATIONS ET DES DOMMAGES STRUCTURELS
PROPOSITION D'INTERVENTION D'URGENCE
démolition totale
démolition partielle couverture provisoire
étalement
échafaudage extérieur
échafaudage intérieur
—
protection de peintures murales —
protection du décor architectural
10
PROPOSITION DU PROGRAMME DE REPARATIONS
démolition(s)
cheminée(s)—
couverture
charpente
coupole(s )
voûte(s)
plafond(s )
plancher(s ) —
mur(s)
sol(s) porteur(s)
mur(s) non porteur(s)
arc(s), arche(s)
colonnes
chaînage
poutre(s)
escalier(s)
prospection géomécanique
fondations minaret(s)
clocher(s),
enduit extérieur
enduit intérieur
conservation
restauration
-O-
•o
o
-o
-o
o
o
-soll
CLASSEMENT DES DOMMAGES ET ETAT D'UTILISATION DU
BATIMENT
A/ UTILISABLE
(catégorie verte)
I - classe 1 ^mm^ Q intact, sauf dommages de surface.
II - classe 2 ^ — O sans dommages de structure
III- classe 3 £ 3 O légers dommages de structure
B/ TEMPORAIREMENT INUTILISABLE
(catégorie jaune)
IV - classe 1 •
O dommages structurels
V - classe 2 SSS5 O dommages structurels graves
C/ INUTILISABLE
(catégorie rouge)
VI - classe 1 •
> O dommages structurels très graves
classe 2 . — • O destruction partielle
classe 3 S S S O destruction totale
(le classement des dommages et l'état d'utilisation des bâtiments
ont été établis selon les critères de la Commission technique
pour l'évaluation des dommages dans la République Socialiste du
Montenegro).
12
EVALUATION DES FRAIS DE REPARATION
1.
valeur du bâtiment avant le séisme :
m2 x
Dinars =
Dinars.
2.
frais de remise en état du bâtiment, tel qu'il se trouvait
avant le séisme (réparation structurelle) :
.
m2 x
Dinars =
m Dinars.
3.
frais de réparation intégrale (consolidation)
m2 x
Dinars =
Dinars.
13
NOTES
14
Les membres de la Commission
Documentation photographique :
lieu et date :
N° des négatifs
auteur
propriétaire copyright
B.
- 31 Formulaire pour l'évaluation des dommages
BIENS CULTURELS MEUBLES
1
2
antiquité
INVENTAIRE DES DOMMAGES
NOM DE L'OBJET
NATURE DE L'OBJET
N° DE REFERENCE ' ^ ^
siècl e
12 13 14 15 16 17 lö 19 20
religieux
profane
ethnologique
archéologique
litteraire/archives
technique
objet de la Lutte
de Libération nationale
*
*
3
MAT ERIAU
III L. b cl J_ "
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corne — _ — "
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vj
adresse
propriétaire
6
DEGRE DU RISQUE
O réparation possible
O réparation impossible
STATUT DE L'OBJET
O inchangé
Q modifié
O non retenu
Q—intact
DOMMAGES PROVOQUES PAR LE SEISME
X. dommages
ylégers
5
mauvais
Q—dommages
Q
.1 dommages
y~graves
ETAT AVANT LE SEISME
Q bon
Q moyen
CATEGORIE DE CLASSEMENT
REG TME DF. PROTECTION
«
*
VI 1 1 P
Q-détruit
4
SITUATION
u
commune
1 i PU
INTERVENTION
D'URGENCE
O
32
7
DESSIN DE L'OBJET ET DIMENSIONS PRINCIPALES
DOCUMENTATION PHOTOGRAPHIQUE ET INDICATION DES DOMMAGES
(sur toute la deuxième page)
3
PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE L'OBJET
DESCRIPTION DES DEFORMATIONS ET DES DOMMAGES
10
PROPOSITION D'INTERVENTION D'URGENCE
nettoyage
démontage
emballage
transport
desinfection
mise en dépôt
séchage
inventaire
photographie
11
PROPOSITION DU PROGRAMME DE REPARATION
conservation totale
conservation avec reconstitution
conservation avec restauration •
QQ-OQQ-
Qo-
- 33-
]2
CLASSEMENT DES DOMMAGES ET ETAT D'UTILISATION DE L'OBJET
O
Q
O
13
utilisable
temporairement inutilisable
inutilisable
EVALUATION DES FRAIS DE REPARATION
frais de remise en état de l'objet
Dinars,
14
NOTES
15
Les membres de la Commission
Documentation photographique
lieu et date
N° des négatifs
auteur
propriétaire copyright.
34
1. K O T O R . Site de la ville, vue du Sud-Ouest.
A l'extrémité des bouches de Kotor, la ville
ancienne dans ses remparts, qui escaladent la
montagne jusqu'au fort Sv. Ivan, à mi-pente.
2. K O T O R . Angle Ouest de la ville. Partie de la
ville ancienne, très endommagée, autour de la
Place de la Révolution d'Octobre (Palais du
Provediteur de Venise et Tour de l'Horloge).
3. K O T O R . Palais du Provéditeur de Venise. Les
murs sont coupés de larges brèches autour des
anciennes baies. Les maçonneries restées debout
sont désorganisées par des crevasses.
35
4. H E R C E G - N O V I . Fortification Mezaluna. Les
murailles sectionnées en larges blocs sont en partie tombées dans la mer.
5. H E R C E G - N O V I . Eglise Sveti A n a , façade.
Pignon largement crevassé, bien que l'église ait
été consolidée par des tirants de fer et des contreforts extérieurs. Le campanile "a vela" est détruit,
et la voûte s'est totalement écroulée sur l'intérieur de l'église. Noter sur la façade le sigle de la
Convention de La Haye.
6. B U D V A . La ville ancienne, vue de l'Ouest,
s'avance dans la mer sur une presqu'île étroite.
A u centre, clocher de Sv. Ivan (ébranlé par le
séisme). Les remparts du front Sud, à gauche, qui
se trouvaient en parement du rocher, sont partiellement écroulés dans la mer.
36
7. B U D V A . Maison détruite. Construction typique du vieux Budva : petite maison en maçonnerie
de moellons, sur trois niveaux.
8. S T A R I B A R . Site de la Ville, vue du Sud.
Murailles de la vieille ville fortifiée abandonnée
il y a un siècle.
9. S T A R I B A R . Forteresse Tatarovica. Murs
basculés par larges pans.
10. U L C I N J . La ville fortifiée, vue de l'Est. Les
remparts ont peu souffert de ce côté mais toutes
les maisons construites sur ce promontoire sont
très lourdement endommagées.
11. U L C I N J . Maison ancienne, d'architecture
turque. Etat représentatif de l'ensemble des
destructions.
12. Monastère G R A D I S T E . Eglise Sveti Nikola.
Voûte partiellement écroulée sur l'intérieur de
l'église, qui était décorée de fresques de 1620.
38
ï>?, -t »r-
13. Monastère G R A D I S T E . Eglise Sveti Nikola,
toiture provisoire mise en place pour la protection
des fresques.
14. Monastère G R A D I S T E . Eglise Sveti Sava,
m u r Sud et voûte écroulés totalement.
15. Monastère P O D L A S T V A . Toiture provisoire
après écroulement de la voûte peinte à fresque.
16. Monastère P O D L A S T V A . Intérieur de
l'église, fresques du m u r d'abside encore en place
et protégées par la couverture temporaire.
17. Monastère P O D O S T R O G . Eglise, Désorganisation du m u r , côté abside, par une crevasse qui
sectionne plusieurs blocs de pierre. Plus haut, la
coupole est gravement endommagée.
18. B R A J I C I . Eglise Sveti Dimitri, façade.
Exemple courant d'une église de village : façade
très fissurée, campanile "a vela" partiellement
détruit.
19. BRAJICI. Eglise Sveti Dimitri, intérieur.
Toute la voûte s'est écroulée.
20. Identification d'un m o n u m e n t . Deux marquages, par des organismes différents :
- A gauche le sigle bleu de la Convention de
La Haye identifie le bâtiment c o m m e m o n u m e n t
historique protégé.
- A droite les grands chiffres indiquent le numéro
du dossier de la Commission Technique d'évaluation des d o m m a g e s . Chiffres jaunes soulignés
deux fois (en haut), qui marquent un classement
en catégorie V (voir annexe I) temporairement
inutilisable, d o m m a g e s structurels graves. Puis
(en bas), chiffres rouges soulignés une fols qui
marquent l'aggravation après la réplique du
2 4 mai : catégorie VI, bâtiment inutilisable,
démolition envisagée.
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