à diffusion restreinte Rapport technique RP/1979-80/4/7.6/05 Y • C J U Cl U ^ l _ / \ \ /I E ^ ^ ^ ^ ^ * ^ ^ ^ ^ ^#—m » Ib Secours d'urgence pour le sauvetage de biens culturels Pour la sauvegarde du patrimoine culturel du Monténégro ravagé par un séisme par Pierre Pichard N ° de série : F M R / C C / C H / 7 9 / 3 0 7 F Paris, 1 9 7 9 YOUGOSLAVIE POUR IA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE CULTUREL DU MONTENEGRO RAVAGE PAR UN SEISME par Pierre Pichard Rapport établi à l'intention du Gouvernement de la Yougoslavie par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) U N E S C O Rapport technique RP/I979-8O/4/7.6/05 FMR/CC/CH/79/307F(Picha rd) le 30 novembre 1979 © Unesco 1979 Printed in France 0> — u > a 10 3 TJ « E • a. '3 .S • ^ .££ aa Si 28 - BCÏ .0 • * • ^z" ville h mona; altitude E o p o •ft «p» o o n. • K * metres .2«$ • orique re o£ «1 o uS MONT E 3« ilstrée i (i) POUR LA SAUVEGARDE DU PATRIMOINE CULTUREL DU MONTENEGRO RAVAGE PAR UN SEISME Appel de M. Amadou Mahtar M'Bow Directeur général de 1'Unesco La République socialiste de Monténégro a été récemment ravagée par l'un des plus violents tremblements de terre qui se soient produits ces dernières années. A l'invitation du gouvernement fédéral de la République de Yougoslavie, je me suis personnellement rendu sur les lieux de la catastrophe et j'ai pu constater l'ampleur du désastre provoqué par ces forces aveugles de la nature qui échappent au contrôle de 1'homme. Il est difficile de décrire l'ampleur de la tragédie qui s'est abattue sur les populations. Le séisme n'a pas seulement causé la mort de près d'une centaine d'habitants et fait un millier de blessés ; il a également détruit un grand nombre de bâtiments, d'établissements scolaires et d'institutions de recherche scientifique et technique, rendu inutilisables d'importants complexes industriels, gravement endommagé le prestigieux patrimoine culturel monténégrin, témoignage des multiples présences - romaine, byzantine, slave, turque, vénitienne et autrichienne - qui, au fil des siècles, se sont succédé dans la région. A Budva, Ulcinj, Bar, Hercegnovi, dans les quartiers historiques de nombreuses cités anciennes, des églises, des monastères et des minarets, des forteresses et des ramparts antiques, des musées et des archives ont été partiellement ou totalement détruits. Dans plusieurs cas, les populations ont dû être évacuées et vivent actuellement sous la tente, dans des conditions extrêmement précaires. Une des villes les plus durement touchées est celle de Kotor, qui compte 2000 ans d'histoire et qui renferme 40 % du patrimoine monumental du Monténégro. Plusieurs de ses palais se sont effondrés, mais certains ont gardé des façades intactes, derrière lesquelles l'intérieur s'est écroulé. Ses 4.000 habitants ont dû être évacués. Consciente des responsabilités qui lui incombent en matière de séismologie, 1'Unesco avait réuni à Paris, peu avant la catastrophe du Monténégro, des savants du monde entier qui ont fait le point des recherches conduites dans ce domaine et étudié les possibilités de prévision des séismes, aussi bien sous les angles scientifique et économique que du point de vue des mesures à prendre pour alerter les populations de l'imminence d'un tremblement de terre et les préparer psychologiquement à y faire face. De nombreux spécialistes ont estimé que la prévision constitue désormais un objectif techniquement réalisable et socialement souhaitable. Aussi apparaît-il urgent de créer, dans les Balkans et la région de la Méditerranée, un réseau de stations d'observation sismique. Conformément à une récente décision de son Conseil exécutif, 1'Unesco va s'y employer, en coopération avec les pays concernés. (ü) Il est cependant évident que des efforts de cette nature ne sauraient avoir d'effets qu'à long terme et que d'autres mesures sont nécessaires pour l'immédiat. Je suis pour ma part convaincu qu'il faut agir dans les plus brefs délais afin de sauver de nombreux monuments d'une irrémédiable destruction. C'est pourquoi j'ai déjà envoyé au Monténégro, d'entente avec les autorités gouvernementales, une mission internationale d'experts, qui a été chargée, en coopération avec l'institut séismologique de Skopje, de vérifier l'état des immeubles et monuments endommagés et de contribuer à élaborer, sur la base des constatations faites, un plan global de restauration et de reconstruction. L'ampleur de la tâche à accomplir pour assurer la sauvegarde du patrimoine culturel endommagé et pour reconstruire les établissements scolaires et les instituts de recherche est telle qu'elle dépasse les possibilités de la seule République federative de Yougoslavie et qu'elle requiert un effort international. C'est pourquoi, au nom de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, et avec l'appui unanime de son Conseil exécutif, j'invite les gouvernements, les commissions nationales pour 1'Unesco, les institutions publiques et privées de tous les Etats membres ainsi que les organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales, à apporter généreusement leur concours aux autorités fédérales yougoslaves. J'invite les organisations internationales de spécialistes qui participent avec 1'Unesco à la sauvegarde du patrimoine culturel de l'humanité, à susciter des initiatives propres à sensibiliser l'opinion publique et à mobiliser les ressources de la communauté mondiale. Je les invite aussi à mettre à la disposition des autorités yougoslaves ceux de leurs membres dont les avis techniques pourraient leur être utiles. J'invite les musées, les galeries d'art, les bibliothèques à contribuer, sous les formes qui leur paraîtront les plus appropriées, à la restauration de tel ou tel des monuments endommagés. J'invite les professeurs, les étudiants, les élèves et, en cette Année internationale de l'enfant, tous les enfants du monde à organiser des collectes qui leur permettront, même s'ils ne peuvent apporter qu'une contribution modique, de prendre en charge ou de participer à la sauvegarde ou à la reconstruction d'une université, d'un institut ou d'une école du Monténégro. Je ne doute pas que cet appel à la solidarité internationale ne soit entendu de tous ceux qui savent ou sentent au fond d'eux-mêmes que le patrimoine culturel d'une nation, où qu'elle se trouve, constitute une part irremplaçable de l'héritage commun de l'humanité Amadou-Mahtar M'Bow Paris, le 28 mai 1979 (iü) Sommaire Avant-propos Page 1 Le tremblement de terre 2 Cadre historique 3 Comportement des édifices anciens 4 Principaux sites et monuments sinistrés 5 Kotor 5 Dobrota 6 Perast 7 Risan 7 Hercegnovi 7 Tivat 8 Budva 8 Stari Bar 9 Ulcinj 9 Cetinje 10 Monuments isolés 11 Biens meubles 13 Première mesure de sauvegarde 13 Restauration du patrimoine endommagé 16 Assistance internationale 18 Recommandations 22 ANNEXES : I - Décision 107/EX/4.1.1 (I) adoptée par le Conseil exécutif de 1 ' Unesco II - Assistance internationale demandée III - Formulaires pour 1'évaluation des dommages 24 25 28 (iv) REPORTAGE PHOTOGRAPHIQUE 1. KOTOR. Site de la ville, vue du sud-ouest. 2. KOTOR. Angle ouest de la ville. 3. KOTOR. Palais du Provéditeur de Venise. 4. HERCEGNOVT. 5. HERCEGNOVI. Eglise Sveti Ana, façade. 6. BUDVA. La ville ancienne, vue de l'ouest 7. BUDVA. Maison détruite. 8. STARI BAR. Site de la ville, vue du sud. 9. STARI BAR. Forteresse Tatarovica. 10. ULCINJ. La ville fortifiée, vue de l'est. 11. ULCINJ. Maison ancienne. 12. Monastère GRADISTE. Eglise Sveti Nikola. 13. Monastère GRADISTE. Eglise Sveti Nikola, toiture provisoire. 14. Monastère GRADISTE. Eglise Sveti Sava. 15. Monastère PODLASTVA. Toiture provisoire. 16. Monastère PODLASTVA. Intérieur de l'église. 17. Monastère PODOSTROG. Eglise 18. BRAJICI. Eglise Sveti Dimitri, façade. 19. BRAJICI. Eglise Sveti Dimitri, intérieur. 20. Identification d'un monument. Fortification Mezaluna. Les photographies n° 2, 11 et 12 ont été courtoisement communiquées par les autorités du Monténégro. CARTE - Région sinistrée par le séisme du 15 avril 1979. - 1- AVANT PROPOS La République socialiste du Monténégro est la plus petite et la moins peuplée (529.604 habitants en 1971) des six républiques qui forment la République socialiste federative de Yougoslavie. Un mouvement de solidarité considérable s'est développé dès le lendemain du séisme de la part des autres républiques yougoslaves, de la part des nombreux pays étrangers et des organisations internationales. Mais si ce mouvement a efficacement aidé les autorités locales dans les jours qui ont suivi la catastrophe, pour les opérations de sauvetage et de première urgence, la situation reste grave et il importe maintenant d'organiser l'action nécessaire, à plus long terme, de la solidarité internationale pour la reconstruction de toute la région sinistrée. Le Directeur général de 1'Unesco s'est rendu sur place quelques jours après le séisme, à l'invitation du gouvernement fédéral. Après une mission dans la zone dévastée, trois experts de 1'Unesco ont indiqué les besoins prioritaires et les possibilités de l'aide internationale/1. Conformément à la décision 107 EX/4.1.1(1) du Conseil exécutif/2, ]_e Directeur général a lancé, le 28 mai 1979, un "appel pour la sauvegarde du patrimoine culturel du Monténégro ravagé par un séisme"/^. Pour leur part, le Président et le Secrétaire général de l'iCOMOS avaient offert au Comité national yougoslave de l'icOMOS l'appui et l'aide de leur organisation pour la sauvegarde des monuments et des sites endommagés. Le Directeur général a autorisé l'allocation de 230.000 dollars pour aider à la préservation des biens culturels endommagés du Monténégro, dont 130.000 dollars seront imputés au Compte spécial, le reste étant dans le cadre des activités planifiées et du programme de participation de 1'Unesco. La liste d'équipement de première urgence/^ sera financée par les 130.000 dollars imputés au Compte spécial. Le présent rapport, spécifiquement centré sur les dommages subis par les monuments historiques du Monténégro, est établi après une mission sur place du 20 juin au 5 juillet 1979. L'Institut pour la protection des monuments du Monténégro, situé à Cetinje, a efficacement organisé mon séjour et facilité mon travail, dans des circonstances pourtant difficiles. Que le Directeur et les membres de cet Institut en soient ici très vivement remerciés. 1. 2. 3. 4. The Earthquake of 15 April in Montenegro, by N.N. Ambraseys, A. Ciborowski, J. Despeyroux, Unesco, Paris 1979. Voir Annexe I. Voir texte de l'appel en tête de ce rapport. Annexe II A. - 2 - LE TREMBLEMENT DE TERRE 1. Le séisme du 15 avril 1979 a très sévèrement frappé toute la région côtière du Monténégro sur une distance à vol d'oiseau d'une centaine de kilomètres. Dans l'arrière pays montagneux et moins peuplé, la gravité des dommages diminue progressivement avec l'éloignement de la côte. 2. Les caractéristiques séismologiques de l'événement ont pu être enregistrées avec précision, d'une part par les stations qui forment un réseau assez dense en Yougoslavie et dans les autres pays balkaniques, d'autre part grâce aux appareils d'enregistrement (accéléromètres, etc.), qui avaient été placés dans la région même en particulier par l'Institut de génie sismique de Skopje (IZIIS). L'étude scientifique détaillée du tremblement de terre sera donc publiée par les experts yougoslaves. 3. Le nombre de victimes (91 morts, un millier de blessés) est plus faible que ne le suggérerait l'ampleur des destructions et des ruines. On explique ce fait (voir le rapport de M. Ciborowski) par l'addition de plusieurs facteurs : - le séisme est survenu avant la saison touristique (hôtels généralement vides) ; - et un dimanche (écoles, entreprises, bureaux fermés) ; - enfin, une première secousse, non destructive, a provoqué l'évacuation immédiate des logements : quelques minutes plus tard, le choc principal de 07 h.19 (heure locale) a donc entraîné l'écroulement de bâtiments en général vides. 4. L'impact de ce tremblement de terre est donc principalement matériel. La région la plus lourdement touchée, le long de la côte, était aussi la plus développée du Monténégro ; dans les dernières années un effort et des investissements importants avaient permis de créer ou d'améliorer : - la circulation (routes, aéroports, voie ferrée Bar - Titograd) ; - les installations portuaires (Bar surtout) ; - les installations industrielles ; - le logement et les équipements collectifs (hôpitaux, écoles, services et commerces) ; - les équipements touristiques (hôtels, aménagements). Ce développement avait fait l'objet d'un plan d'action à long terme, coordonné avec l'aide du PNUD sous la forme du "Southern Adriatic Project", qui était en cours de réalisation dans les secteurs principaux du tourisme, de l'industrie, de l'agriculture et des communications. Le séisme a brutalement interrompu cet effort, dans tous les secteurs d'action, et c'est toute l'économie de la région qui se trouve frappée. -3 - CADRE HISTORIQUE 5. C'est également sur cette région côtière que se trouvait la majeure partie du patrimoine culturel du Monténégro : cités et monuments historiques, musées, archives... Les dommages qu'il a subis sont énormes, en proportion comme en importance absolue. 6. Chaque épisode d'une histoire complexe et mouvementée a en effet laissé son témoignage sur cette partie de la côte Adriatique située entre l'Italie et la Grèce, entre Venise et Istanbul, qui a toujours été un lieu stratégique encore privilégié par les extraordinaires facilités de mouillage que représentent les bouches de Kotor. Plusieurs fois dans l'histoire, des frontières capitales ont traversé cette région : entre les empires romains d'Occident et d'Orient, entre les possessions de Venise, d'Autriche et de Turquie et les Etats slaves qui se sont succédé depuis le Moyen Age. 7. Plusieurs villes du Monténégro sont construites sur des emplacements peuplés dès la préhistoire, et souvent occupés par la suite par les premiers comptoirs grecs et les tribus illyriennes, dont plusieurs ouvrages fortifiés sont encore visibles (Ulcinj, Risan, Medun). Au second siècle après Jésus—Christ, l'empire romain impose sa domination sur les Etats illyriens (ville romaine de Doclea près de Titograd, sites archéologiques à Risan, Budva, etc.). 8. Partagé entre les empires romains d'Orient et d'Occident à la mort de Théodore 1er (395), le Monténégro est intégré dans l'empire byzantin après les conquêtes de Justinien (540). 9. A partir du 7e siècle, les peuples slaves descendent vers l'Adriatique et fondent des états autonomes : Duklja, puis Zeta dans le Monténégro intérieur (autour de Doclea, d'Obod puis de Cetinje), tandis que sur la côte plusieurs villes se lient aux premiers Etats serbes (Kotor de 1186 à 1367, Budva de 1186 à 1442, par exemple). 10. Le Monténégro (le nom apparaît vers la fin du 13e siècle) se trouve ensuite menacé par l'extension de l'empire turc, dont les armées sont entrées en Europe depuis 1354. Après la chute du royaume serbe en 1389, le suzeraineté turque sera progressivement étendue sur le Monténégro, au moins en droit puisqu'en fait les habitants se retranchent dans leurs montagnes et s'engagent dans une longue lutte de guérilla. 11. A la même époque les villes de la côte résistaient aux armées turques, souvent avec l'aide de Venise (Kotor, Budva), voire de l'Espagne (Hercegnovi). Ces villes devaient finalement devenir possessions vénitiennes, puis passer à l'empire autrichien à la chute de Venise (1797).. Les guerres napoléoniennes entraînent une brève occupation russe (1806-1807) puis française (1807-1813), avant le retour des Habsbourg d'Autriche qui maintiendront leur occupation jusqu'en 1918. 12. Dans les montagnes de l'intérieur, autour de Cetinje, l'Etat du Monténégro accédait à la fin du 17e siècle à une autonomie de fait au prix d'une lutte permanente. La dynastie des évêques-princes Petrovic, dont le plus célèbre reste le poète Petar II Petrovic Njegos (1813-1854), gouverne le pays pendant deux siècles et voit finalement reconnaître son indépendance au Congrès de Berlin (1878). La principauté devient en 1908 le royaume du Monténégro, qui s'intègre en 1918 au royaume des Serbes, Croates et Slovènes. - 4 - Occupé par les Italiens et Allemands pendant la dernière guerre, le pays participe aux luttes de libération et devient la République socialiste du Monténégro (Constitution du 31 décembre 1946), et l'une des six républiques de Yougoslavie. COMPORTEMENT DES EDIFICES ANCIENS 13. Le séisme a provoqué des dommages divers mais souvent très graves aux nombreux monuments et villes historiques dispersés dans toute la région sinistrée. Cependant, à l'exception de rares monuments partiellement ou totalement écroulés, la plupart des édifices anciens sont restés debout et semblent même souvent, vus de l'extérieur, peu touchés. On observe par contraste des destructions plus spectaculaires pour quelques grands bâtiments modernes : par exemple les hôtels Slavija à Budva, Agava à Bar, ou l'hôtel de ville de Budva, où les structures portantes ont entièrement cédé à la suite de désordres dès les fondations, provoquant l'effondrement des planchers les uns sur les autres. 14. L'explication de cette meilleure tenue apparente des bâtiments anciens tient en grande partie à leur échelle : il n'y avait pas de monument de grandes dimensions dans la région sinistrée. Les plus grands palais de Dobrota, la cathédrale de Kotor restent des édifices assez modestes, et la presque totalité du patrimoine immobilier se trouvait composée de petits monuments : maisons urbaines et petits palais des villes anciennes, églises et chapelles des villes et des villages, et même les monastères ne regroupant qu'une ou plusieurs églises de dimensions très restreintes. L'une des plus grandes structures historiques est le palais du Provéditeur de Venise à Kotor (où a été installé le tribunal), et ce n'est pas un hasard si c'est l'un des monuments dont la ruine est la plus apparente (photo 3 ) . 15. Le matériau principal de tous ces monuments est le calcaire local. Le parement des murs de façade est en pierre de taille soigneusement appareillée, tandis que la partie interne de ces murs, comme les refends intérieurs, est en maçonnerie de moellons. Le liant est un mortier de chaux le plus souvent de qualité excellente et très résistant : des pans entiers de murs ont parfois basculé sans se disloquer, et on observe des fissures qui coupent les blocs de pierre alors que les joints ont résisté (photo 17). 16. Les angles des bâtiments ont souvent bien résisté et gardé leur cohésion, grâce aux harpes de l'appareil externe, et les murs se sont alors rompus au-delà, selon les lignes de moindre résistance (crevasses verticales ou obliques à partir des baies). De plus, les structures étaient souvent renforcées par des tirants et des ancres de fer, qui se sont parfois révélés insuffisants pour prévenir des désordres majeurs, mais qui ont pourtant évité la ruine en de nombreux cas. 17. Restent pourtant de nombreuses faiblesses inhérentes à ce type de construction : liaisons insuffisantes, malgré la qualité du mortier, entre les parements de pierre taillée et la masse des murs de maçonnerie, entre les murs et la poutraison de bois des planchers, toitures lourdes (tuiles romaines sur charpente de bois) et posées sans ancrage sur le sommet des murs, etc. 18. C'est donc surtout à l'intérieur que l'intensité des dommages apparaît vraiment. En particulier la coupure fréquente entre les murs de refends et les façades, par des fissures verticales à travers la maçonnerie de moellons plus fragile, la désolidarisation des planchers et charpentes, qui va souvent jusqu'à l'écroulement et surtout la fissuration généralisée des maçonneries. - 5 - 19. Mais on observe bien sûr des comportements très divers, et comme toujours chaque bâtiment est un cas particulier, qui a réagi à la catastrophe selon ses formes propres, sa structure, son emplacement, sa construction, son état d'entretien ou d'aménagement... Plusieurs monuments ont d'autre part déjà éprouvé des séismes (celui de 1667 étant le plus connu dans la même région, mais non le seul) et ont sans aucun doute été réparés ou renforcés à la suite de tels événements : par exemple la mise en oeuvre des tirants et ancres de fer est souvent postérieure à la construction. 20. Cette situation très diversifiée explique la difficulté et la complexité de l'inventaire détaillé des dommages, qui n'était pas terminé lors de ma visite sur place. Chaque bâtiment doit en effet faire l'objet d'une analyse, après plusieurs visites approfondies. L'évaluation quantitative était en cours d'établissement lors de ma mission et l'on ne trouvera ci-dessous qu'une description encore très générale des principaux sites historiques endommagés. PRINCIPAUX SITES ET MONUMENTS SINISTRES 21. KOTOR (photos 1, 2 et 3) : Ville fortifiée (4.800 habitants) à l'extrémité des Bouches de Kotor. Ancienne cité grecque (Akourion) puis romaine (Acruvium), devient au Moyen Age l'agglomération la plus importante de la région, et jouit même d'un statut d'autonomie sous l'Etat serbe des Nemanjic avant de devenir possession vénitienne en 1420. 22. La ville ancienne est clairement définie par son enceinte fortifiée intégrée à un site privilégié ; les remparts forment en plan un quadrilatère approximatif qu'une diagonale divise en deux triangles aux caractères franchement opposés : l'un est construit, et avec une densité forte, sur le terrain sensiblement horizontal en bordure de baie, tandis que l'autre est une falaise rocheuse presque verticale, dominant la ville et couronnée par le fort Sv. Ivan qui forme le sommet supérieur de l'enceinte. Cette diagonale qui est donc en fait le pied de la falaise mesure 460 mètres et la partie triangulaire construite s'étend sur 7 hectares. 23. Kotor était une cité riche, vivant de la mer (fondée en 809, la confrérie des marins de Kotor est l'une des premières d'Europe). Capitaines et armateurs formaient une petite aristocratie, entretenaient un artisanat important, des métiers d'art (écoles de peinture, d'orfèvrerie) et l'architecture de la ville, restée homogène, témoigne de cette aisance. 24. Sur trois ou quatre étages, palais et maisons très soigneusement construits offrent leurs façades en pierre de taille (parfois enduite au 19e siècle), d'une architecture très recherchée (proportions, baies, ornements, modénature). Un réseau de rues étroites relie de petites places où s'ouvrent les principaux palais de Kotor : Palais Pirna (fin 16e siècle), Bisanti (17e siècle), Keskuca (1776), Drago (16e siècle), et le palais Grgurina (18e siècle) où a été aménagé le Musée maritime. 25. Les monuments civils et religieux s'intègrent dans ce tissu urbain sans emphase ni rupture. La cathédrale Sv. Tripun (st-Tryphon), construite en plusieurs étapes (1116, 1440), fut endommagée par les séismes de 1563 et surtout de 1667, après lequel les clochers durent être démolis et la façade reconstruite (nouveau séisme en 1729). Les plus anciennes églises sont romanes (Sv. Luka, 1195 ; Collegiata, 1221 ; Sv. Pavao, 1266), mais plusieurs autres furent construites par la suite jusqu'au 20e siècle (Sv. Klara, 14/17e siècle ; Sv. NjJcola, 1910), tandis que les monuments civils ont été construits à l'époque vénitienne, principalement à proximité du front sud-ouest des remparts : Palais du Provéditeur (16e siècle), hôpital (1769), tour de l'Horloge (1602). - 6 - 26. Kotor constitue aujourd'hui un ensemble urbain exceptionnel. L'harmonie, l'homogénéité et l'authenticité de son architecture et de son urbanisme, leur intégration dans un des sites les plus imposants d'Europe, ont été préservés avec bonheur (l'extension moderne de la ville, hors remparts, s'est faite le long de la baie de manière assez discrète). Les autorités du Monténégro préparaient d'ailleurs, avant le séisme, le dossier d'inscription de Kotor sur la liste du Patrimoine culturel mondial, qui serait parfaitement justifiée. 27. En outre, un très grand nombre d'objets d'art étaient conservés dans plusieurs monuments : peintures, icones et trésor de la cathédrale et des églises, collections du Musée maritime, des archives de Kotor, collections privées, etc. Dommages : 28. Les dommages les plus graves ont affecté le Tribunal installé dans le Paleis du Provéditeur de Venise (16e siècle), la Tour de l'horloge, un grand nombre de palais et maisons de la ville ancienne et plusieurs églises. Selon une première estimation, 70 % des bâtiments auraient été endommagés gravement, mais une évaluation plus précise, immeuble par immeuble, est en cours d'établissement. 29. Les dommages sont plus graves et nombreux dans les parties ouest et nord-ouest de la ville, c'est-à-dire sur la zone la plus basse qui fait immédiatement face à la baie, qu'au pied du rocher, et deviennent presque nuls dans l'angle sud. Il faut sans doute voir ici l'influence de sols différents sous les fondations, les terrains alluvionnaires (et peut-être des remblais artificiels) coïncidant avec les zones de plus grand dommage, comme cela a été observé dans le monde entier en cas de séisme. Sur le front de mer, le mur d'enceinte s'est par endroits incliné, sans s'écrouler mais en provoquant de graves dommages aux palais qui s'appuyaient sur lui. 30 La cathédrale Sv. Tripun n'a été que très légèrement endommagée, et a dans l'ensemble remarquablement supporté les secousses. Il est probable que la partie antérieure reconstruite après le séisme de 1667 avait fait l'objet de soins particuliers et qu'on y avait introduit des dispositifs de liaisonnement qui se sont révélés efficaces. L'étude statique et dynamique de ce monument serait utile pour expliquer cette résistance. 31. Les structures construites sur la falaise (enceinte, fort Sv. Ivan, église Gospa od Zdravlja) seraient pratiquement intactes. Mais le rocher lui-même, qui surplombe immédiatement la ville, devra faire l'objet d'un examen attentif car il représente un danger potentiel important. 32. Devant l'ampleur des dégâts, l'état dangereux de très nombreux immeubles, toute la ville ancienne à l'intérieur des remparts a été évacuée après le 15 avril. 33. DOBROTA : Agglomération linéaire de plusieurs villages sur 7 kilomètres le long de la côte, au nord de Kotor. Outre quelques églises anciennes, les principaux monuments de Dobrota sont les palais construits par les familles d'armateurs et de capitaines aux 18e et 19e siècles : grandes maisons plutôt que véritables palais, construits en pierre sur trois ou quatre étages, et dont la façade principale se tourne vers la mer. Les plus importants (palais Tripkovic - baroque du 18e siècle - palais Dabinovic, Kokota, Milosevic, Kamenarovic, Dabcevic, Ivanovic...) abritent de riches collections de peinture, de mobilier et de souvenirs historiques, et sont en général restés la propriété des familles qui les ont fait construire. - 7- Dommages : 34. Variables mais souvent très graves. La très grande majorité des palais sont inhabitables et souvent dangereux (murs crevassés et partiellement détruits, planchers et toitures désorganisés) et nécessiteront avant tout nouvel usage d'importants travaux de restauration et de consolidation. Dans toute la mesure du possible, les collections et objets d'arts ont été évacués. 35. PERAST : Petite ville sur la côte de la baie de Kotor, face au détroit de Verige. Les bâtiments sont construits directement en front de mer, sur le quai, puis s'étagent sur les premières pentes de la montagne toute proche. Eglises du 17e siècle, nombreuses maisons et palais des 17e et 18e siècles (palais Bujovic où se trouve maintenant le Musée historique local, palais Balovic, Mazarovic, Basic, Zmajevic, Viskovic), forteresse (1600) sur la hauteur. 36. A peu de distance au large de Perast, une abbaye bénédictine a été construite à partir de 1166 sur le petit îlot Sv. Djordje (endommagée par le séisme de 1667), et une église était édifiée aux 17e et 18e siècles sur l'îlot artificiel voisin de Skrpjela. Dommages : 37. Proportionnellement moins importants qu'à Kotor. Plusieurs palais et maisons sont cependant fortement fissurés, y compris le Musée installé dans le palais Bujovic, construit sur les alluvions en fordure de mer - mais son état a été jugé non dangereux et les collections n'ont pas été évacuées. Les églises sont pratiquement intactes, les clochers peu ébranlés, et les îlots Sv. Djordje et Skrpjela n'ont pas été endommagés. 38. RISAN : Petite ville (1227 habitants) à l'extrémité nord des bouches de Kotor. Site archéologique (ville illyrienne puis romaine). Aurait eu jusqu'à 10.000 habitants à l'époque romaine et aurait été détruite vers la fin du 6e siècle après Jésus-Christ par un séisme qui aurait provoqué un affaissement de terrain, et donc la disparition sous les eaux de la baie d'une grande partie de la ville. Quelques palais et maisons anciennes, église St-Pierre et Paul (1601). Dommages : 39. Située en limite de la zone la plus lourdement sinistrée, Risan a été moins endommagée que les autres villes du littoral monténégrin. Mais plusieurs structures ne pourront être conservées qu'au prix d'une restauration et consolidation. 40. HERCEGNOVI : ville et port à l'entrée des bouches de Kotor, autrefois fortifiée (3500 habitants). L'enceinte déterminait une aire sensiblement rectangulaire, perpendiculaire au littoral, d'environ 400 mètres par 150. La ville moderne s'est agrandie hors des remparts qui ne sont que partiellement conservés. 41. Sur le front de mer, deux ouvrages fortifiés renforcent les remparts : le Forte Mare et la Mezaluna, construits par les Vénitiens. A l'opposé, sur la hauteur, la forteresse turque de Kanli Kula marque l'extrémité de l'enceinte du côté terrestre. L'intérieur de l'enceinte ancienne n'est pas construit en totalité. S'y trouvent aujourd'hui deux églises (Sv. Jerolim et Sv. Arhandjeo Mihailo) du 19e siècle, les - 8 - édifices historiques qui abritent le tribunal et les archives municipales, et quelques maisons anciennes. Un monastère et plusieurs églises sont situés a proximité de la ville (paragraphes 67-68). Dommages : 42. Les bâtiments de la ville ancienne ont été tous évacués en raison d'un état dangereux (nombreuses fissures, murs désolidarisés). Le tribunal et les archives ont été provisoirement étayés. Plusieurs pans de murs de la forteresse Mezaluna sont écroulés pour partie dans la mer (photo 4) ; les autres ouvrages fortifiés sont intacts ou très légèrement endommagés. 43. TIVAT : Petite ville côtière sur la première baie des bouches de Kotor (3.400 habitants). Le caractère ancien de la ville n'a été que très partiellement conservé, à l'exception de quelques églises et chapelles et de la tour du palais Buca. Dommages : 44. Monuments gravement fissurés. Ecroulement partiel de la coupole de l'église St-Basile (début 20e siècle). 45. BUDVA (photos 6 et 7) •. Ville et port fortifiés (1.350 habitants), ancien site gréco-illyrien (Buthoë) puis romain (Butua). La ville médiévale a conservé une authenticité remarquable, et forme un ensemble exceptionnel. Construite sur une presqu'île, ses remparts dominent la mer sur trois côtés. Ils ont été construits à la fin du 15e siècle et remaniés après le séisme de 1667. La surface approximative de la ville fortifiée est de 3 hectares (200 mètres sur 150 environ). 46. Cette surface est entièrement construite, avec une densité forte ; maisons de deux ou trois étages en maçonnerie de pierre, desservies par des rues étroites qui s'élargissent en petite places autour des quatre églises groupées dans l'angle sud-est de la ville : cathédrale Sv. Ivan (fondée au 7e siècle mais plusieurs fois remaniée), Sta Maria in Punta (12e siècle), Ste-Trinité (1804), chapelle Sv. Sava (15e siècle). Sur un rocher un peu surélevé, face à la mer, le Kastei Sv. Marije marque l'angle sud des remparts. 47. Budva forme un ensemble aussi cohérent et authentique que Kotor. En contraste avec l'architecture aristocratique de Kotor, on trouve ici le cadre d'une petite cité médiévale, précieux témoignage d'architecture populaire. De part et d'autre de la ville, de belles plages ont favorisé un développement touristique intense. Plusieurs hôtels et équipements touristiques ont été judicieusement implantés, les plus récents étant à quelque distance de la ville ancienne et séparés des plages par une ceinture d'arbres. - 9 - Dommages : 48. Extrêmement graves. Plusieurs maisons sont totalement détruites, et la plupart endommagées à un point tel qu'elles ne pourront être utilisées avant de coûteux travaux de consolidation. Sur 184 maisons que groupait la ville fortifiée, quatre seulement ont résisté sans dommage au séisme, et bien entendu la ville entière a été évacuée dès les premiers jours. A la date du 22 juin 1979, l'évaluation des dommages pour les maisons de la ville ancienne indiquait les surfaces de plancher suivantes : - dommages superficiels : 4.210 m2 (11 %) - dommages graves : 7.098 m2 (19 %) - ruinés dangereusement : 26.446 m2 (70 %) Le beau clocher de Sv. Ivan est ébranlé, et l'église Ste-Trinité fortement fissurée. Enfin, une partie des remparts (front sud-ouest) s'est totalement écroulée dans la mer tandis que sur le front nord, une partie du rempart se renversait sur le quai du port. Les tours du front terrestre (ouest) sont coupées par des lézardes sérieuses. 49. Il faut enfin noter, pour mémoire, les destructions très lourdes de la ville moderne et des complexes touristiques, à l'est de la ville ancienne (écroulement de l'hôtel Slavija). 50. STARI BAR (photos 8 et 9) : A 5 kilomètres de la côte (et du port moderne de Bar), sur un plateau rocheux aux bords abrupts, la ville fortifiée de Stari Bar (appelée aussi Antibari) a été abandonnée à partir de 1878 (fin de l'occupation turque), et demeure aujourd'hui en ruines et inhabitée. Sans toitures, les maçonneries encore debout permettent pourtant d'identifier les circulations et les structures majeures de la ville ancienne : remparts et citadelle Tatarovica, cathédrale, églises, palais, magasins, citernes, aqueduc... L'ensemble s'étend sur près de 4 hectares (250 mètres sur 150). Dommages : 51. Sur une ville déjà abandonnée et ruinée, les dommages sont évidemment moins spectaculaires que sur les lieux habités. Plusieurs structures se sont écroulées, y compris un vaste pan de mur dans la citadelle, qui s'est déplacé d'un seul bloc. De nombreux détails des maçonneries ont été endommagés (arcs, cadres de baies, etc.). 52. ULCINJ (photos 10 et 11) : Ville et port (7.000 habitants) dont le caractère architectural est marqué par une longue occupation turque (de 1571 à 1878). C'est la dernière agglomération sur la côte avant la frontière albanaise. Ancien site illyrien, puis romain (en partie détruit par un séisme en 444 après Jésus-Christ). La ville ancienne était construite sur une presqu'île rocheuse élevée, transformée en acropole par de vastes fortifications, de 300 mètres de long et 150 mètres de plus grande largeur (environ 3 hectares). L'agglomération s'est plus récemment étendue le long de la côte, et en profondeur, de part et d'autre du noyau ancien. - 10 - 53. L'enceinte byzantine de l'acropole, largement remaniée par les Turcs, est en partie implantée sur les murailles illyriennes dont plusieurs assises sont encore visibles. Au sommet, du côté de l'entrée terrestre, la tour Balsic marque le point fort de la citadelle, proche d'une église du 16e siècle ultérieurement transformée en mosquée. L'intérieur de la surface fortifiée est encore construit : petites maisons anciennes desservies par des rues étroites et sinueuses. 500 habitants environ vivaient dans les limites de l'enceinte. Dommages : 54. Très lourds. L'epicentre du séisme se situait sous la mer, à une vingtaine de kilomètres au large d'Ulcinj. La tour Balsic, récemment restaurée, est désorganisée par de larges fissures, la toiture et une partie des maçonneries se sont en outre effondrées sur les collections historiques qui s'y trouvaient exposées. Toutes les maisons de la ville fortifiée sont inhabitables, et, pour une large proportion, partiellement écroulées. 55. Hors de l'acropole les dégâts sont encore largement disséminés. Plusieurs des maisons turques de la ville sont fortement fissurées ou en partie écroulées, et les mosquées endommagées bien que les minarets aient en général relativement bien supporté le choc. 56. CETINJE : Ancienne capitale du Monténégro depuis la construction du premier palais d'Ivan Crnojeviè (1482) et du monastère (1484), plusieurs fois brûlés ou détruits par les attaques turques ; en majorité les monuments actuels de Cetinje datent du 19e siècle : Palais Biljarda (1838), puis les palais princiers, les écoles, etc. Après l'indépendance reconnue au Congrès de Berlin (1878), le Foyer de Zeta (aujourd'hui théâtre), les ambassades de plusieurs nations européennes et l'hôpital furent construits. 57. Dans une petite plaine entourée de hautes montagnes, Cetinje est pourtant restée une petite ville (aujourd'hui 14.000 habitants) aux rues tranquilles bordées de maisons basses et modestes, et son intérêt tient pour une bonne part dans le contraste entre cet aspect presque villageois et les monuments qui témoignent de son rang ancien. En outre, depuis que la capitale de la République du Monténégro a été transférée à Titograd, Cetinje est restée le pôle culturel du pays : musées, archives et bibliothèque historique y sont concentrés, et c'est ici que l'Institut pour la protection des monuments du Monténégro a fixé son siège. Dommages : 58. Cetinje se trouve à une vingtaine de kilomètres de la côte, à vol d'oiseau, et déjà les dégâts sont moins lourds. Pourtant la plupart des monuments ont été touchés, en particulier le Palais Biljarda, le théâtre Zetski Dom et le Palais de Nikola 1er (où se trouvait aménagé le musée d'Etat). En revanche la Maison du souverain (1910) qui abritait un riche musée de peinture et la galerie d'art est restée intacte, et la plupart des biens culturels meubles (peintures, icônes, tissus et vêtements, collections archéologiques, etc.), évacués des monuments de la zone sinistrée y ont été rassemblés et sont actuellement inventoriés et analysés avant conservation. - 11 59. MONUMENTS ISOLES : Outre ces centres urbains historiques, un grand nombre de monuments isolés ont été endommagés, en particulier les monastères orthodoxes qui étaient nombreux dans le Monténégro, tant sur la côte qu'à l'intérieur. Ils se composent principalement d'une ou plusieurs églises, qui sont des structures simples (nef voûtée en berceau portant directement une toiture de tuiles, surmontée d'un campanile "a vela" ou d'un clocher), et parfois de bâtiments annexes (logements, école). Le parement intérieur des murs et de la voûte était en général peint à fresque. 60 Monastère de GRADISTE (photos 12, 13 et 14): Près de la côte, à 4 kilomètres à l'est de Petrovac, entre Budva et Bar. Trois églises : - Eglise Sv. Nikola, dont la construction est attribuée au 12e siècle, fresques peintes en 1620 par Strahinja Budimljamin, iconostase de 1796. - Chapelle Uspenje Bogorodice, sur un sommet rocheux au-dessus du monastère, fresques du même auteur (1620). - Eglise Sv. Sava construite en 1863 (fresques). - Bâtiment d'un étage (dortoir), et partie conservée de l'enceinte fortifiée. Dommages : 61. Une partie de la voûte de l'église Sv. Nikola s'est écroulée à l'intérieur, et ses murs sont coupés de larges crevasses. Une toiture provisoire a été mise en place pour protéger les fresques conservées. Le campanile de cette église est resté debout. La presque totalité de la voûte et du mur sud de l'Eglise Sv. Sava se sont écroulés. L'Eglise Uspenje Bogorodice est pratiquement intacte. Les biens meubles (icônes, iconostase) qui n'étaient pas enfouis sous les décombres ont été évacués. Il est peu probable que l'on puisse sauver les fresques tombées avec la voûte, même si quelques fragments pourront être recueillis. 62. Monastère de PRASKVTCA : Sur la côte à l'est de Budva, au-dessus du villagehôtel de Sveti Stefan. Deux églises : - Sv. Trojica, du 12e siècle avec fresques du 16e siècle ; - Sv. Nikola, construite en 1847. - Bâtiment de l'école (16e siècle). Dommages : 63. Voûte partiellement écroulée dans l'église Sv. Trojica, fissures profondes dans les murs des deux églises. Icônes et biens meubles ont été évacués. 64et Monastère REZEVICI : Sur la côte, à 2 kilomètres à l'ouest de Petrovac. Deux 65 églises des 13e et 14e siècles, clocher construit en 1770. Partiellement détruit à plusieurs reprises par faits de guerre (Turcs, 1785 ; Français, 1812 ; Italiens, 1941). - 12 - Dommages : 66. Restauré après quelques dommages dus au séisme du 20 août 1966, le monastère a bien supporté le dernier séisme. Le clocher a cependant été légèrement ébranlé par la réplique du 24 mai 1979. 67. Monastère SAVINA : Aux environs immédiats d'Hercegnovi, dans un grand parc. Trois églises des 17e et 18e siècles, dont l'église de l'Assomption de la Vierge, avec coupole et clocher. Nombreux objets d'arts : peintures, icônes, iconostases, bibliothèque aux collections importantes de manuscrits et incunables, trésors (orfèvrerie). Dommages : 68. Voûtes et murs sont en place, mais coupés de fissures. Proche du monastère, sur une colline dominant Hercegnovi , la chappelle Sv. Ana (photo 5) construite sur le modèle typique des petites églises de village du Monténégro est très lourdement endommagée : voûte écroulée en totalité à l'intérieur, murs désorganisés par des lézardes traversantes, qui ne sont restés debout que grâce aux chaînages et ancres métalliques (ajoutés postérieurement à la construction, de même que les contreforts de pierre). 69. Monastère PODLASTVA (photos 15 et 16) : A flanc de montagne, à 4 kilomètres au nord-ouest de Budva. Une petite église (fresques du 17e siècle recouvrant en partie des fresques du 15e siècle), campanile "a vela", et un bâtiment d'habitation à étage. Dommages : 70. La voûte de l'église est partiellement écroulée sur l'intérieur (environ un tiers de la surface, côté de l'abside), ainsi qu'une partie du campanile. Les murs de l'église et du bâtiment d'habitation sont désorganisés par de nombreuses lézardes. - Une toiture provisoire a été mise en place sur la partie écroulée de la voûte pour protéger les fresques restées en place. 71. EGLISES (photos 5, 18 et 19) : De très nombreuses églises de villages (plusieurs centaines), tant dans la région côtière que dans l'arrière-pays, ont été détruites ou endommagées : voûtes souvent écroulées, murs lézardés ou détruits, campaniles tombés. A titre d'exemple, on peut indiquer les dégâts suivants parmi ceux qui ont affecté les églises des villages de la seule presqu'île de Lustica (commune de Tivat) qui ferme 1'entrée des bouches de Kotor : - BRGULI, Eglise St-Pierre (18e siècle) : mur et voûte de la nef écroulés. - RADOVANICI, Eglise St-Nicolas (18e siècle) : murs fissurés. - MRKOVI, Eglise Ste-Petka (17e et 18e siècles) : campanile tombé, murs fissurés. - BOGESICI, Eglise Sv„ Ivan (19e siècle) : murs et voûte écroulés (mais le campanile est resté en place). - 13 - - DJURASEVICI, église des Sts-Archanges (18e siècle) : murs fissurés. - RADOVICI, Eglise de la Ste-Vierge (19e siècle) : murs fissurés - GOSICI, église Sv. Luka (19e siècle) : voûte écroulée, murs lézardés (mais le clocher est resté debout). 72. ARCHITECTURE VERNACULAIRE : C'est également une forte proportion des habitations rurales et des bâtiments de fermes qui a été détruite ou gravement endommagée, directement par le séisme mais aussi par les chutes de rochers qu'il a déclenchées ende nombreux endroits. Les murs de soutènement en pierre sèche, caractéristiques du paysage rural monténégrin entre les champs en terrasse de ce pays accidenté, ont également subi de fréquents dégâts. 73. BIENS MEUBLES : Nombreux étaient les monastères et les églises à abriter des peintures, des icônes anciennes ainsi que des iconostases de bois sculpté et peint. Des collections extrêmement riches d'objets d'art et d'archives, de livres et de manuscrits, de documents historiques se trouvaient rassemblées dans les musées et bibliothèques des villes anciennes (Kotor, Cetinje, Hercegnovi , Ulcinj), ainsi que dans les trésors et bibliothèques des établissements religieux, et dans les palais privés de Kotor, Perast et Dobrota. 74. Une proportion considérable de ces biens meubles a donc été endommagée, soit par la ruine des immeubles (chutes de plâtre des murs et plafonds, écroulement de maçonneries), soit par leur propre chute ou par le renversement des meubles ou des vitrines(collections archéologiques, poteries en particulier), soit encore par les très fortes pluies qui ont succédé au séisme. 75. Chaque fois que c'était possible, ces biens meubles ont été évacués, tant pour assurer leur conservation que dans la crainte d'écroulement ultérieur des bâtiments sous l'effet de répliques possibles du séisme, voire en fonction de l'état dangereux où les avait laissés le choc initial. Cette évacuation s'est faite en priorité vers les immeubles préservés de Cetinje, et surtout dans l'ancienne maison du souverain où se trouvait déjà le musée de peinture, ainsi que, dans une moindre proportion., vers les villes de l'intérieur et hors du Monténégro. 76. Lors de la rédaction de ce rapport, un travail d'inventaire et de classification était en cours pour tous les objets rassemblés à Cetinje, et il apparaît qu'un pourcentage considérable de ces collections devra faire l'objet de mesures de restauration et de conservation : tous les biens endommagés par le séisme et les fortes pluies qui ont suivi, de toute évidence, mais aussi nombre d'objets dont l'état de conservation était déjà très critique. PREMIERES MESURES DE SAUVEGARDE 77. Dans chacune des six républiques et des deux provinces autonomes qui forment la République federative de yougoslavie, un institut spécialisé est chargé de la conservation des monuments. Celui du Monténégro a fixé à Cetinje ses installations (bureaux, laboratoires, archives, dépôt de matériel). 78. Le jour même du séisme, une première équipe (un directeur, un architecte, un historien et un photographe) commençait la reconnaissance de la zone sinistrée et des rapports étaient par la suite envoyés quotidiennement au gouvernement de la République. - 14 - 79. Dans les jours suivants, plusieurs équipes (460 personnes au total) procédaient à l'évacuation et à la mise à l'abri des biens culturels meubles, à l'aide des véhicules de l'Institut, de voitures personnelles et de camions réquisitionnés à cet effet. Simultanément, la provenance de chaque pièce était notée sur une fiche et une documentation photographique commençait à être réunie. 80. C'est aussi dès les premiers jours que des équipes de l'Institut identifiaient de façon claire et évidente tous les bâtiments classés comme monuments historiques : le sigle bleu de la Convention de La Haye/1 était peint au pochoir sur la façade principale de tous les édifices à protéger (photo 5). Manifestant la qualité de monument historique classé, ce sigle interdit toute démolition intempestive, même en cas d'urgence (l'accord formel de l'Institut étant obligatoire). 81. Il faut noter que cette mesure s'est révélée efficace : on sait combien fréquemment il arrive, dans les heures qui suivent une telle catastrophe, que des structures (qui peuvent en effet être dangereuses : pans de murs instables, etc.), soient rasées par les autorités civiles ou militaires, que des décombres soient déblayés trop brutalement, sans que les services culturels puissent intervenir et prendre des mesures provisoires moins destructives. Ceci a été évité au Monténégro, ce qui est à mettre à l'actif d'une bonne coordination dès les premiers jours. 82. Il est exact que l'aménagement récent du territoire facilitait une telle coordination : par exemple, le tracé des routes de liaison nouvelles évitait toute traversée de centres historiques urbains. Sans doute, la situation même de ces centres s'y prêtait-elle souvent, en particulier lorsqu'ils occupaient des presqu'îles (Budva, Ulcinj), mais on peut concrètement ici voir l'importance d'un principe qui reste trop souvent théorique : en zone séismique plus encore qu'ailleurs le tracé des voies de circulation doit être suffisamment écarté des monuments pour qu'il ne soit pas interrompu en cas de ruine ou d'écroulement (tours, clochers, etc.), et doit contourner sans y pénétrer les noyaux urbains anciens (a fortiori s'ils sont fortifiés) à grande densité de construction et aux rues étroites/ . 83. Des mesures de conservation provisoires ont été prises dans les cas les plus urgents dès les premières semaines : en particulier, la mise en oeuvre de toitures temporaires pour protéger les fresques lorsque la voûte d'une église était effondrée (paragraphes 61, 70), étalement des structures très ébranlées ou dangereuses. 84. A partir du 21 avril, une Commission pour l'évaluation des dommages, formée d'équipes de techniciens, visitait systématiquement tous les immeubles de la zone sinistrée (anciens et modernes) et marquait chacun d'eux : l'inscription de chiffres de grandes dimensions sur la façade principale indique le numéro du dossier de l'immeuble, tandis qu'un code de couleurs signifie publiquement la gravité des dommages : - chiffres verts pour les bâtiments peu touchés, utilisables après réparations mineures éventuelles. - chiffres jaunes pour les bâtiments temporairement inutilisables, qui devront faire l'objet de réparations structurelles importantes. 12. - Cf. "Actes de la Conférence intergouvernementale sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé", La Haye, 1954, Unesco. - Cf : "Principes directeurs pour la prévention des catastrophes", Volume 1, "Aménagement préalable des établissements humains", page 80 et ss. , UNDRO, Nations Unies, Genève, 1976. - 15 - chiffres rouges pour les bâtiments définitivement inutilisables, considérés comme irréparables. Ce code était nuancé par l'introduction de plusieurs degrés dans chaque couleur (indiqués en soulignant les chiffres par un, deux ou trois traits), permettant finalement de diviser les bâtiments endommagés en 6 catégories' *. 85. Il est bien entendu que les critères utilisés par cette Comisssion ont été purement techniques et économiques, et donc totalement indépendants de la valeur artistique, architecturale ou historique des bâtiments. Ainsi, lorsqu'un monument porte simultanément - et le cas est fréquent - un numéro rouge et le sigle de la Convention de La Haye, ceci signifie que, d'un point de vue strictement économique, il serait normal de le détruire et de le remplacer par un bâtiment neuf, mais qu'il s'agit en l*occurrence d'un monument historique classé qui ne peut être démoli sans une décision gouvernementale, et qu'en fait il sera vraissemblablement restauré mais au prix de travaux importants (photo 20) . 86. Le 21 mai se tenait au Monténégro une conférence groupant des représentants de tous les Instituts de protection des monuments historiques de Yougoslavie. La situation des monuments de la zone sinistrée y était exposée, et l'assistance de tous les Etats yougoslaves très concrètement organisée : chaque Etat a pris en charge, par l'intermédiaire de son Institut, l'un des sites principaux du Monténégro en envoyant sur place une équipe mobile (architectes, ingénieurs, photogrammètres, historiens d'art, etc.), qui a commencé immédiatement l'inventaire détaillé des dommages et à rassembler une documentation sur chaque monument. 87. A la différence de la classification de la Commission technique, cet inventaire repose sur des critères spécifiques au patrimoine culturel. Avec l'aide de l'Institut de génie séismique de Skopje (IZIIS), les instituts pour la protection des monuments ont élaboré des formulaires d'évaluation (voir annexe III) que chaque équipe utilise pour tous les monuments. 88. L'activité des instituts a été distribuée par communes : - Commune de Kotor : R.S. de SLOVENIE (Prof. Ribnikar, ingénieur civil). - Autres communes des bouches de Kotor (Risan, Perast) : R.S. de BOSNIE-HERZEGOVINE (M. Ninkovi£, architecte). - Commune de Tivat : Prov. Autonomes de VOÏVODINE et KOSOVO (M. Strasmester, architecte). - Commune de Hercegnovi ; R.S. de MACEDOINE (M. Prendzov, architecte). - Commune de Budva : R.S. de CROATIE (Prof. Jelovac, architecte). - Communes de Bar et Ulcinj : R.S. de SERBIE (Prof. Dimitrievic et Karacevici, architectes). 1. Annexe III. - 16 - - Commune de Cetinje : Institut de BELGRADE (M. Jakovljevic, architecte). En outre, des spécialistes du Musée national (Belgrade) ont participé aux opérations de sauvetage et de conservation d'urgence des biens culturels meubles (sous la direction de Mme Gabricevic", conservateur), en collaboration avec les spécialistes de l'Institut du Monténégro qui ont rassemblé une grande partie de ces objets à Cetinje. 89. La poursuite de cette assistance dépendra évidemment des ressources de chaque république, ainsi que des résultats de l'évaluation des dommages, des travaux nécessaires, des méthodes et des objectifs qui seront retenus, et doit enfin s'inscrire dans la planification générale de la reconstruction de la zone sinistrée. RESTAURATION DU PATRIMOINE ENDOMMAGE 90. Lorsque l'inventaire précis des dommages sera établi, il sera possible de définir exactement l'ampleur des restaurations. Comme chaque fois qu'un séisme frappe une région riche en monuments historiques, une partie du patrimoine culturel est définitivement perdue : les fresques par exemple lorsque 1'enduit qui les supportait a été brisé par l'écroulement des voûtes et des murs, les biens meubles pulvérisés par la chute des maçonneries, les édifices ruinés à un point tel que leur reconstruction ne pourrait conserver la moindre authenticité. 91. Mais ces pertes absolues ne représentent ici qu'un pourcentage faible du patrimoine, puisque la majorité des structures est réparable, certes au prix d'un effort long et coûteux. Il semble acquis que les principales villes d'art seront restaurées, en tous cas Kotor,- Budva et Ulcinj, de même que les monuments majeurs d' Hercegnovi, des bouches de Kotor (Dobrota, Perast, Risan) et de Cetinje, et les monastères et églises majeurs. 92. Dans les villages-en revanche (surtout dans l'arrière pays) on peut craindre que le patrimoine architectural ne soit que très peu restauré. La justification économique en serait d'ailleurs difficile car un exode rural important sévit depuis longtemps dans la montagne, et risque d'être encore accéléré par une telle catastrophe. Les habitations et bâtiments peu endommagés seront vraisemblablement réparés, mais il est probable que la majorité des structures plus gravement atteintes seront démolies ou abandonnées et remplacées lorsque besoin sera par des bâtiments modernes. Au mieux peut-on suggérer que quelques villages particulièrement remarquables par leur architecture, leur situation ou leur homogénéité soient restaurés à titre d'exemple, mais il ne pourrait s'agir que de cas exceptionnels. Seules les églises de ces villages, souvent anciennes (17e et 18e siècles) et toujours bien situées pourraient être assez systématiquement restaurées. 93. Lorsque les monuments endommagés seront provisoirement hors de danger (toitures provisoires, étalements, ceinturages) la priorité de restauration devrait être donnée aux bâtiments anciens qui, outre leur valeur architecturale ou historique, remplissent encore pour la population une fonction nécessaire. Et en premier lieu le logement : les noyaux historiques de Kotor, Budva et Ulcinj étaient habités par plus de 5.000 personnes qui ont toutes été évacuées. 94. Il est possible qu'une partie des habitants anciens choisisse de ne pas revenir et préfère demeurer dans les immeubles modernes qui vont être construits dans la région. Quelques bâtiments des villes anciennes pourront donc changer d'affectation, mais la fonction de logement doit rester principale pour que ces quartiers anciens ne deviennent pas des villes-musées. Vu l'ampleur des destructions, la - 17 - désorganisation des planchers et des charpentes, toute la structure intérieure des maisons devra souvent être reconstruite, et restructurée pour inclure les équipements modernes (sanitaires, distribution d'eau, etc.), en conservant en façades les parements de pierre de taille qui ont en général mieux résisté au choc. Il s'agit donc en fait pour chaque ville historique d'une opération complexe, de réhabilitation en même temps que de restauration, qui fera appel aux techniques et matériaux contemporains (voiles et planchers de béton armé, chaînages, etc.). 95. La possibilité d'affecter quelques immeubles de ces villes à des services collectifs pour la population ou à l'accueil d'équipements touristiques (restaurants, hôtels, etc.), doit être sérieusement étudiée, et pourrait permettre une meilleure rentabilité de la reconstruction. Elle impliquera une structure législative nouvelle (la presque totalité de ces immeubles anciens est en propriété privée), et s'appliquera plus aisément aux édifices relativement importants (palais de Kotor ou de Dobrota) qu'aux petites maisons de Budva et d'Ulcinj. Cette utilisation de monuments pour des fonctions nouvelles doit être choisie dans le cadre de la planification régionale de la zone sinistrée. C'est pourquoi il serait utile qu'un expert (urbaniste ou architecte) spécialisé dans la conservation du patrimoine ancien puisse participer à l'élaboration du plan d'aménagement dans le cadre d'un éventuel projet financé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). 96. Les monuments isolés (églises, monastères, fortifications, etc.), devront être restaurés en seconde étape (sauf cas d'urgence). Et parallèlement, l'importante tâche de la restauration des biens meubles (peintures, archives, manuscrits, textiles...), doit être poursuivie, et menée à bien avant que ces objets ne retrouvent leur place. 97. Il est évidemeent nécessaire que les monuments dont la restauration aura été décidée soient non seulement rétablis dans leur forme et leur apparence, mais encore que leur résistance aux séismes futurs soit renforcée. Plusieurs techniques peuvent être employées, sélectivement ou concurremment selon la structure, les dommages, les dimensions et les détails de chaque monument : ancrages et tirants, broches, injections, chaînages, ossatures, etc. Après plusieurs séismes récents (Banja Luka 1969, Skopje 1973) les spécialistes yougoslaves ont déjà réalisé de telles restaurations, mis au point des techniques originales et acquis une expérience précieuse. En particulier l'Institut de génie séismique de Skopje, fondé avec l'aide de 1'Unesco, a développé des techniques d'analyse des structures anciennes qui permettent d'établir les projets de consolidation et de contrôler leur efficacité ; car on sait que c'est une question difficile et controversée : les dispositifs de renforcement et les matériaux modernes que 1'on introduit dans les maçonneries anciennes peuvent en effet présenter des différences de rigidité et de comportement telles que le résultat, en cas de nouveau séisme, est souvent très différent de ce qu'on attendait. La liaison entre les parties anciennes conservées et les matériaux nouveaux est toujours très délicate et rend encore plus complexe le calcul des réactions aux efforts séismiques du monument restauré dont la structure est devenue plus hétérogène. C'est pourquoi l'intervention systématique de l'Institut de génie séismique de Skopje serait extrêmement souhaitable à toutes les étapes de la restauration (inventaire et évaluation des dommages, sélection des méthodes et établissement des projets des restauration, contrôle de l'exécution) - voir paragraphe 109. 98. L'inventaire des monuments endommagés montrera que de nombreux édifices présentent une morphologie, une structure et des dimensions voisines, permettant de les regrouper en catégories relativement homogènes : - maisons urbaines, 2-3 niveaux, surface au sol jusqu'à 100 m2 environ (Budva, Ulcinj). - 18 - palais urbains, 3-4 niveaux, surface au sol supérieure à 100 m2 (Kotor) ; - palais isolés, 3-4 niveaux, éventuellement plusieurs corps de bâtiment (Dobrota, Perast) ; - petites églises, une nef voûtée en berceau, campanile "a vela", abside (monastères, églises de villages) ; - églises plus importantes, avec coupole et clocher (Kotor, monastère Savina, N. Dame à Prcanj) ; - monuments complexes (Cetinje, tribunal de Kotor) ; - fortifications, murs d'enceinte (Budva, Ulcinj, Hercegnovi). 99. Des équipes groupant des spécialistes des Instituts pour la protection des monuments historiques des républiques (architectes, ingénieurs) et de l'Institut de génie séismique de Skopje pourraient donc mettre au point des dossiers de recommandations et un projet type de restauration pour chaque catégorie de monument. Bien entendu, ces dispositions devraient être adaptées aux conditions spécifiques de chaque monument : fondations, mitoyennetés, détails de construction. Mais il reste que l'homogénéité de leur construction (mêmes matériaux et techniques échelles très voisines, composition identique) permet un tel travail qui faciliterait la réalisation simultanée de nombreux chantiers dans des conditions acceptables de rigueur et de contrôle. ASSISTANCE INTERNATIONALE 100. Devant l'ampleur des dommages subis par le patrimoine culturel, il apparaît nécessaire que l'assistance internationale vienne appuyer l'effort du Monténégro dans la longue tâche des restaurations. L'appel lancé dès le 28 mai 1979 par le Directeur général de l'Unesco, conformément à la décision 107 EX/4.1.1 (I) du Conseil exécutif a déjà alerté les pays membres sur cette urgence et sur l'ampleur des besoins. L'importance et la durée des travaux nécessaires justifieraient pleinement la nomination d'un responsable permanent pendant au moins une année. Résidant sur place, il prendrait en charge, dans le domaine spécifique de la conservation du patrimoine culturel : - la liaison entre les autorités fédérales et locales d'une part et les organisations internationales d'autre part (Unesco, PNUD, organisations internationales non gouvernementales), en coopération avec le Secrétariat de l'Unesco ; - la promotion des initiatives et propositions d'assistance auprès des états donateurs, des institutions et organisations susceptibles d'apporter une aide technique ou financière ; - la transmission et la diffusion des besoins définis sur place ; - la définition en temps utile des missions techniques ponctuelles nécessaires ; - la coordination générale de l'assistance internationale sur place. 1. Annexe I. - 19 - L'Unesco serait prête à considérer avec les autorités yougoslaves une contribution à l'établissement de ce poste. 101. L'assistance internationale doit être coordonnée avec deux programmes en cours - l'assistance fédérale. Déjà activement organisée (voir paragraphes86 à 89) pour la sauvegarde du patrimoine culturel, en particulier par la prise en charge par chaque république ou province autonome de Yougoslavie d'un site monumental. - la planification régionale. Le patrimoine culturel n'est qu'un des secteurs sinistrés parle séisme du 15 avril, et la restauration des monuments historiques doit être intégrée dans les options et les priorités de la reconstruction générale de toute la région. Plus particulièrement, le PNUD doit très prochainement engager une révision de la planification régionale, qui sera une remise à jour du projet "Southern Adriatic", tenant compte des destructions et des enseignements du tremblement de terre. Cette révision devra évidemment prendre en considération la restauration du patrimoine culturel, et surtout des villes historiques, et il serait souhaitable qu'un expert en conservation des monuments historiques (architecte ou urbaniste) fasse partie de l'équipe de planification. Il devra en particulier conseiller les autorités sur les points suivants : - localisations des équipements collectifs ; - implantations touristiques, leur rapport avec les villes et monuments historiques, possibilités de réutilisation de monuments historiques pour des usages nouveaux ; - mise en valeur des sites culturels et naturels ; - définition des zones-tampons entre les villes historiques et les quartiers nouveaux. 102. Dès que cette révision du projet PNUD sera approuvée et que les dates de travail seront connues, 1'Unesco pourrait envoyer cet expert pour une mission d'environ trois semaines financée sur les fonds mis à la disposition de la Campagne au titre du Compte spécial. 103. Plus spécifiquement, la restauration et la conservation du patrimoine culturel devraient bénéficier d'une aide directe de la communauté internationale sur plusieurs plans. - financier ; - matériel : équipements et produits, voir Annexe II ; - technique : assistance d'experts, voir paragraphes 109 à 113 ; - formation de spécialistes, voir paragraphe 114. 104. Cette assistance internationale peut prendre des formes et des échelles très diverses (voir frontispice - l'appel du Directeur général de l'Unesco) : une nation, une ville ou une université peut décider de prendre en charge la restauration d'un palais ou d'une chapelle, ou encore de fournir au Monténégro tel article d'équipement ou une équipe de spécialistes. L'important est qu'elle soit organisée pour éviter le gaspillage ou le double emploi, et l'Unesco serait sans doute le mieux à même de réaliser cette coordination. - 20 - 105. Plusieurs mois après le séisme, alors que les mesures de première urgence ont été prises par l'Institut du Monténégro, que l'aide fédérale réalise l'inventaire détaillé des dommages et s'apprête à mettre au point le programme des restaurations, se pose en premier lieu le besoin d'équipement (produits et matériel) pour la restauration des biens culturels meubles et pour la sauvegarde des édifices en danger. 106. Le très grand nombre des objets en état critique (peintures, tissus, archives...) impose que le travail de conservation commence au plus tôt. Ceci est possible puisque les locaux existent à Cetinje et que le personnel de l'Institut comprend des experts déjà formés, et peut en outre être rapidement renforcé, selon les besoins, par des spécialistes des autres Instituts de Yougoslavie (Musée national de Belgrade en particulier). 107. Le matériel et les produits demandés en priorité/1 par l'Institut de Cetinje pourront donc être utilisés dès leur arrivée au Monténégro. Ils seront achetés et expédiés sur place très prochainement par 1'Unesco grâce au budget exceptionnel dégagé pour la circonstance. 108. D'autres listes ont été établies par l'Institut de Cetinje, qui concernent les équipements de seconde urgence' ^ et qui devront encore être complétés par les équipements ou matériaux plus spécialisés qui se révéleront nécessaires, en particulier pour la restauration des bâtiments, lorsque les méthodes d'intervention et l'extension des restaurations, seront définitivement sélectionnées et que le calendrier aura été établi. 109. L'assistance technique est tout aussi urgente et nécessaire. La participation de l'Institut de génie séismique de Skopje (IZIIS) a été évoquée au paragraphe 97, et il serait extrêmement souhaitable qu'elle soit effective aussi bien dans la phase préparatoire (étude des projets et méthodes de restauration) que pendant l'exécution des travaux. Il est pourtant à craindre que cette participation de l'IZIIS ne soit pas retenue, en tous cas pour la restauration du patrimoine culturel, lorsque la République du Monténégro et les communes sinistrées vont fixer leurs priorités dans la charge financière énorme qu'entraîne la reconstruction du pays. C'est pourquoi cette participation devra sans doute être prise en charge par le gouvernement fédéral yougoslave. Une contribution de 1'Unesco pour cette assistance technique (qui serait au total de 24 mois d'expert) pourrait être étudiée. 110- Dans les prochaines années, le personnel de l'Institut de Cetinje doit être fortement augmenté pour faire face aux travaux prolonges de restauration et de conservation des biens meubles et immeubles : il est prévu qu'il passe de 21 à 82 permanents. Mais les conditions locales rendent un tel accroissement difficile, même si des postes budgétaires permettent effectivement de le financer. Le recrutement se heurte en effet à la répugnance des spécialistes qualifiés (architectes, ingénieurs, chimistes, conservateurs, etc.), à quitter les grandes villes yougoslaves (Belgrade, Zagreb, Ljubljana), et le Monténégro est considéré comme une région isolée où la vie est difficile. Qui plus est, les salaires des instituts de protection des monuments sont inférieurs à ceux que l'on peut obtenir dans les bureaux d'architecture ou les grandes firmes de la capitale. 111. Certes, ces difficultés sont partiellement surmontées par le détachement au Monténégro de personnel des autres instituts (assistance fédérale) mais le besoin de personnel permanent sur place ne sera sans doute pas couvert avant longtemps. D'autre part, l'accroissement du personnel se fera surtout par de jeunes 1. 2. Annexe II, A. Annexe II, B. - 21 - diplomes des universités yougoslaves, et une formation pratique devra compléter sur place leur savoir théorique. Des travaux déjà importants ont été réalisés par l'Institut, par exemple le déplacement sur plusieurs kilomètres de la grande église du monastère de Piva dont le site, au fond des gorges de la Piva, était condamné par la construction d'un barrage (dépose des fresques, démontage de la construction avec identification de chaque pierre, anastylose sur le nouveau site et repose des fresques). Mais l'échelle des travaux de conservation a totalement changé avec les destructions du séisme, et leur nature avec les techniques nécessaires de consolidation séismique. L'IZIIS a prévu à Skopje des stages de formation pour initier les ingénieurs et architectes monténégrins aux méthodes du génie séismique, et les spécialistes de l'Institut de Cetinje pourront en profiter. 112. L'aide de consultants internationaux' l devrait compléter cette assistance fédérale par des missions de conseil et de formation de courte durée (2 à 4 semaines) auprès de l'Institut de Cetinje, répétées deux ou trois fois par an dans les domaines très spécialisés : restauration des maçonneries, consolidation des fondations, restructuration des bâtiments, conservation des textiles, des manuscrits, des archives, des peintures, dépose et repose des fresques, etc. Par la similitude des conditions climatiques et des techniques anciennes, les experts italiens (Istituto di Restauro, Musée du Vatican) seraient sans doute les mieux à même de communiquer leur expérience pratique. La proximité de leur résidence et le fait que l'italien est la langue étrangère la plus largement parlée au Monténégro renforcent cette appréciation. 113. Il serait de même très utile que le personnel de l'Institut de Cetinje soit assisté par des spécialistes nationaux ou internationaux envoyés sur place pour une durée assez longue (deux ans par exemple), et dès que possible, puisque la pénurie de personnel est immédiate. Leur salaire et leurs frais de séjour devraient évidemment être supportés par les pays ou organismes donateurs. Dans un premier temps, deux architectes et un ingénieur seraient souhaitables : ils devraient posséder une formation au moins théorique aux techniques de conservation des monuments anciens mais on pourrait parfaitement choisir de jeunes diplômés qui trouveraient ainsi l'occasion d'acquérir une bonne formation pratique au sein de l'équipe pluridisciplinaire de l'Institut tout en effectuant déjà un travail utile et nécessaire. 114. Parallèlement, des bourses d'études à l'étranger'^ permettraient de compléter la formation universitaire des nouveaux spécialistes engagés par l'Institut. Cinq bourses seraient à cet égard les plus utiles : - 2 architectes (ICCROM (Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels, Rome) et Collège d'Europe) ; - 1 chimiste (Bruxelles) ; - 1 historien d'art (Italie) ; - 1 conservateur de peintures (Rome ou Bruxelles). 1. 2. Annexe II, C. Annexe II, D. - 22 - 115. Envoi d'experts pour de courtes missions de conseil et de formation pratique, stages de longue durée de jeunes spécialistes et bourses de formation postuniversitaire, ces trois formes d'assistance technique internationale, correctement coordonnées, devraient aider efficacement la République du Monténégro à mener à bien la restauration du patrimoine culturel. Mais il est certain que cet effort devra être maintenu pendant plusieurs années, et que des besoins spécifiques nouveaux apparaîtront au cours du travail. 116. Quelques pays ont déjà proposé la participation de leurs étudiants aux chantiers de restauration. Cette solution ne peut s'envisager que pour des cas assez particuliers et, surtout, que si l'ensemble des frais de séjour (hébergement, nourriture, etc.), n'est pas à la charge du pays d'accueil, comme cela a été le cas dans plusieurs expériences analogues. Les mouvements de la jeunesse yougoslave ont d'ailleurs déjà envoyé des équipes de volontaires au Monténégro, et une participation étrangère pourrait donc être réalisée en liaison avec ces organisations. Elle se justifierait éventuellement sur les chantiers de caractère plus particulièrement archéologique, par exemple les monuments ou sites abandonnés où il s'agit surtout de déblaiement, nettoyage, débroussaillage, plutôt que de travaux très spécialisés de restauration ou de conservation. L'ancienne ville de Stari Bar (paragraphes 50 et 51), et les sites de Ratac ou de Svac pourraient convenir. RECOMMANDATIONS 117. (a) Il est recommandé que la priorité soit accordée à la restauration des bâtiments anciens et noyaux historiques qui, outre leur valeur architecturale ou historique, remplissent encore pour la population une fonction nécessaire (les noyaux historiques de Kotor, Budva et Ulcinj), tandis que les monuments isolés (églises, monastères, fortifications, etc.), devront être restaurés en second lieu (sauf cas d'urgence) (paragraphes 93-95). Quelques bâtiments dans les villes anciennes pourront changer d'affectation, mais la fonction de logement doit rester la principale pour que ces quartiers anciens ne deviennent pas des villes-musées. Pour chaque ville historique, une opération complexe doit être entreprise qui fera appel aux techniques et aux matériaux contemporains ; (b) il est recommandé au gouvernement yougoslave qu'un responsable permanent soit nommé et pourvu des moyens nécessaires pour mobiliser en coopération étroite avec le Secrétariat de 1'Unesco, la solidarité internationale, promouvoir et coordonner les initiatives et les accords d'assistance technique et financière (paragraphe 100) ; (c) il est recommandé au gouvernement yougoslave et aux autorités du Monténégro que l'Institut de Génie séismique de Skopje (IZIIS) participe aux études à la définition et au contrôle technique des travaux de restauration et de consolidation des monuments historiques endommagés, avec la participation financière éventuelle de 1'Unesco (paragraphes 97 et 109) ; (d) il est recommandé qu'un expert de 1'Unesco en conservation des sites et monuments historiques participe à la révision du plan d'aménagement régional dans le cadre du PNUD (Southern Adriatic Project, paragraphe 101) ; (e) outre le matériel et l'équipement demandés en première urgence par l'Institut pour la protection des monuments du Monténégro, qui seront fournis par 1'Unesco sur les crédits d'exception dégagés à cet effet, il est recommandé que la fourniture des autres biens d'équipement nécessaires à la restauration du patrimoine culturel endommagé (annexe II. B) soit assurée par l'assistance internationale. - 23 - (f) il est recommandé que des consultants internationaux assistent l'Institut pour la protection des monuments du Monténégro par de brèves missions de formation et de conseil, dans des domaines très spécialisés (paragraphe 112 et Annexe II. C). (g) il est recommandé que des spécialistes en conservation de monuments (un ingénieur et deux architectes) soient mis à la disposition de l'Institut pour la protection des monuments du Monténégro pour une durée de deux ans (paragraphe 113). (h) il est recommandé que des bourses d'études à l'étranger permettent de compléter la formation universitaire de cinq spécialistes yougoslaves (2 architectes, 1 chimiste, 1 historien d'art, 1 conservateur de peintures) ; (paragraphe 114 et Annexe II. D). - 24 - ANNEXE I Décision 107 EX/4.1.1 (I) adoptée par le Conseil exécutif de 1'Unesco lors de sa 107e session (3-18 mai 1979) Le Conseil exécutif, 1. Ayant été informé par le Directeur général des conséquences tragiques du terrible tremblement de terre qui a ravagé la Yougoslavie (République du Monténégro), 2. Conscient de la responsabilité qui incombe à 1'Unesco de prendre des mesures urgentes et efficaces afin de contribuer, dans les domaines de sa compétence, à combattre les effets désastreux des catastrophes naturelles, 3. Renouvelant sa conviction que les monuments et les sites culturels et historiques constituent des valeurs appartenant au patrimoine culturel mondial qu'il convient de préserver et de restaurer également par l'action de la communauté internationale, 4. Félicite le Directeur général des mesures qu'il a déjà prises et 1'invite à poursuivre cette action ; 5. Appuie la proposition du Directeur général visant à lancer un appel aux Etats membres, aux organisations intergouvernementales et non gouvernementales et à l'opinion publique internationale pour la sauvegarde et la préservation des monuments culturels et historiques, ainsi que pour la reconstruction des institutions scientifiques et éducatives en République du Monténégro ; 6. Invite le Directeur général à examiner, en consultation avec les Etats membres intéressés et les organisations intergouvernementales compétentes, la possibilité de créer pour les Balkans et la région de la Méditerranée un réseau de stations d'observation sismique et le prie de faire rapport sur la question à l'une de ses prochaines sessions. - 25 - ANNEXE II ASSISTANCE INTERNATIONALE DEMANDEE A. Equipement et produits demandés en première urgence par l'Institut pour la protection des monuments du Monténégro, qui seraient fournis par 1'Unesco sur un budget d'exception. - Produits pour la restauration des papiers, textiles et métaux papier japon caoutchouc silicone tissus soie et nylon, fil de soie couleurs produits de traitement des bois - Equipement pour la restauration des peintures unité de radiographie des oeuvres d'art microscopes et accessoires de photographie microscopique lampes spéciales gouges à bois échafaudage roulant démontable - Equipement pour la restauration des objets métalliques microscope et accessoires polisseuse et micro-outillage balance de laboratoire - Equipement pour les travaux d'urgence sur les monuments étais métalliques télescopiques échafaudage tubulaire voiture de liaison Il s'agit ici, surtout pour l'analyse des objets d'art, d'un équipement de haute technicité : appareil de radiographie, microscopes et dispositifs de photographies sous diverses radiations, etc. Ainsi équipés, les laboratoires de Cetinje seraient les plus modernes de Yougoslavie. Certes, le patrimoine culturel endommagé doit être restauré avec toutes les garanties scientifiques, et il est vrai que le grand nombre et la diversité des objets à traiter d'urgence ne permettent pas leur déplacement vers les laboratoires des autres Instituts yougoslaves, à supposer que ceux-ci aient les capacités techniques nécessaires. Mais il faut s'assurer que l'on trouvera au Monténégro le personnel qualifié pour utiliser pleinement cet équipement : il arrive souvent, et dans tous les pays, qu'un équipement coûteux de haut niveau technique ne puisse être utilisé faute de spécialistes. Cette question doit être discutée avec les autorités de Belgrade et du Monténégro, et il faut se demander si un tel équipement ne serait pas plus efficacement utilisé au niveau fédéral, sous la forme d'un laboratoire mobile, propriété commune de tous les Instituts yougoslaves pour la protection des monuments. Bien entendu, la première affectation - 26 - de ce camion-laboratoire serait au Monténégro, mais il pourrait par la suite circuler dans toute la Yougoslavie selon les besoins et les urgences. Le personnel scientifique pourrait donc être recruté parmi toutes les républiques de Yougoslavie. Un tel équipement existe par exemple en France, où le "labobus" de la Direction des musées de France met à la disposition des musées de province le personnel et le matériel scientifique nécessaires à la radiologie, la photographie sous lumière normale et sous les radiations spéciales, les examens microchimiques, les prélèvements d'échantillons, etc. Ce camionlaboratoire a coûté environ 120.000 dollars, dont 50 % pour le camion et son aménagement et 50 % pour l'équipement scientifique transporté (qui correspond sensiblement au matériel demandé par le Monténégro). Grâce au budget d'exception que peut dégager 1'Unesco, l'assistance internationale peut donc rapidement prendre en charge, en première étape : - la fourniture des produits indispensables pour entreprendre la restauration des objets d'art ; - la fourniture de l'équipement de base pour 'l'analyse scientifique du patrimoine culturel, soit sous la forme d'un laboratoire mobile, soit directement à l'Institut de Cetinje. Equipement de seconde urgence A plus long terme, l'équipement nécessaire pour mener à bien les travaux de restauration devra être fourni au Monténégro en fonction des possibilités de la solidarité internationale. Cet équipement ne pourra être précisément défini que lorsque les méthodes et les modalités d'intervention auront été sélectionnées, et en particulier, pour les monuments, la proportion des travaux réalisés directement par l'Institut de Cetinje et de ceux qui seront confiés à des entreprises locales ou étrangères. De même pour les biens culturels meubles, l'équipement ne sera exactement déterminé qu'à l'occasion des premières missions d'experts spécialisés prévues au paragraphe 110 et ci-dessous. Il faut cependant déjà prévoir pour cette seconde étape le renforcement de l'équipement des laboratoires de l'Institut de Cetinje sur les points suivants : - photographie banc de reproduction, statifs, systèmes d'éclairage agrandisseurs et accessoires laboratoire (développement, lavage, tirage) conservation des clichés - traitement des papiers vasque de lavage presse chauffante automatique - 27 - - restauration des peintures chariot élévateur table chauffante à vide élément de climatisation C. Missions d'experts spécialisés _ Un expert en conservation des livres et papiers. - Un chimiste spécialisé dans la conservation des objets d'art. - Deux restaurateurs en objets d'art : métal et pierre peintures et fresques. Ces experts devraient venir deux semaines pour la première évaluation des besoins et la définition d'un plan d'action, puis quatre semaines par an pendant les trois années suivantes pour la formation du personnel et le contrôle des travaux. D. Programme de formation Cinq bourses d'études à l'étranger sont recommandées parmi les plus utiles pour : - 2 architectes - une bourse de six mois pour un cours de conservation architecturale à l'ICCROM (Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels) à Rome ; - une bourse de huit mois pour un cours sur la conservation du patrimoine architectural et urbain au Collège d'Europe à Bruges ; - 1 chimiste : bourse d'une année à l'Institut royal du patrimoine artistique à Bruxelles ; - 1 historien d'art : bourse d'un à deux ans en Italie ; - 1 conservateur de peintures ; bourse d'un à deux ans à Rome ou à Bruxelles. - 28 F o r m u l a i r e p o u r l ' é v a l u a t i o n des BIENS CULTURELS IMMEUBLES dommages INVENTAIRE DES DOMMAGES 1 N O M DU MONUMENT N° D E 9 REFERENCE \0> -p •H SITE ARCHEOLOGIQUE O ENSEMBLE URBAIN O ENSEMBLE URBAIN FORTIFIE—O MONASTERE (S) O ENSEMBLE RURAL O MONUMENT ISOLE Q o1 •H -P CO siècle 12 13 14 15 16 17 19 20 monument religieux habitation b â t i m e n t public bâtiment économique a r c h , m i l i t a i r e %( f o r t i f . ) structure ethnologique bâtiment technique m o n u m e n t de la L u t t e de l i b é r a t i o n n a t i o n a l e commune . lieu EH < ville ¡=> EH adresse H CO enregistrement au cadastre, propriétaire. ETAT AVANT LE SEISME Q bon Q m o y e n Q mauvais o H CATEGORIE DU MONUMENT REGIME DE PROTECTION • D O M M A G E S P R O V O Q U E S PAR L E W o < W fc EH m2 m2 m2 3 4 m2 m2 CO pa TOTAL CO CD -p •H SEISME m2 m2 m2 sous-sol re 2-de-ch. 1 2 bû CO cd 0> !H -P \<D o t5 > cd SH h0 o M cd e o -p o cd •p C •H cheminée (s) couverture — charpente coupole ( s ) — voûte (s) plafond (s) structure de plancher (s) sol (s) mur (s) porteur (s) mur (s) non porteur (s) ar c ( s ) colonnes escalier(s) fondations clocher(s) minaret(s) décor architectural iconostase peinture(s) murale(s) DEGRE DU RISQUE O réparation possible O réparation impossible STATUT DU MONUMENT O inchangé O modifié Q non retenu INTERVENTION D'URGENCE O - 27 - - restauration des peintures chariot élévateur table chauffante à vide élément de climatisation C. Missions d'experts spécialisés _ Un expert en conservation des livres et papiers. - Un chimiste spécialisé dans la conservation des objets d'art. - Deux restaurateurs en objets d'art : métal et pierre peintures et fresques. Ces experts devraient venir deux semaines pour la première évaluation des besoins et la définition d'un plan d'action, puis quatre semaines par an pendant les trois années suivantes pour la formation du personnel et le contrôle des travaux. D. Programme de formation Cinq bourses d'études à l'étranger sont recommandées parmi les plus utiles pour : - 2 architectes - une bourse de six mois pour un cours de conservation architecturale à l'ICCROM (Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels) à Rome ; - une bourse de huit mois pour un cours sur la conservation du patrimoine architectural et urbain au Collège d'Europe à Bruges ; - 1 chimiste : bourse d'une année à l'Institut royal du patrimoine artistique à Bruxelles ; - 1 historien d'art : bourse d'un à deux ans en Italie ; - 1 conservateur de peintures ; bourse d'un à deux ans à Rome ou à Bruxelles. - 28 - Formulaire pour l'évaluation des dommages BIENS CULTURELS IMMEUBLES INVENTAIRE DES DOMMAGES 1 NOM DU MONUMENT 9 N° DE REFERENCE SITE ARCHEOLOGIQUE' ENSEMBLE URBAIN ENSEMBLE URBAIN F O R T I F I E — O MONASTERE (S) O ENSEMBLE RURAL O MONUMENT ISOLE Q monument religieux habitation bâtiment public bâtiment économique arch, militaire (fortif.) structure ethnologique bâtiment technique monument de la Lutte de libération nationale -o \(L> -P •H a1 •H -P G a siècle 12 13 14 15 16 17 19 20 ?, commune . lieu EH ville : EH adresse H CO enregistrement au cadastre, propriétaire ... ETAT AVANT LE SEISME Q bon Qmoyen Q mauvais o H o < w EH B^ K tD ¡=5 VC sous-sol re z-de-ch. 1 2 m2 m2 m2 m2 m2 m2 3 4 m2 m2 TOTAL co PQ CATEGORIE DU MONUMENT REGIME DE PROTECTION -p •H DOMMAGES PROVOQUES PAR LE SEISME u -p \(U Tí I cheminée (s) couverture — charpente — coupole ( s ) — voûte (s ) plafond (s) K! CD hû K) Cti CL) K! CO 0 M cd S > s cu bû m cd ¡H S <D S M E cd o u Ti M S o Ti -p o cd -p G •H O \CD TS rH structure de plancher (s) sol (s) mur (s) porteur (s) mur (s) non porteur (s) ar c ( s ) — colonnes escalier(s) fondations clocher(s ) minaret(s ) décor architectural iconostase peinture(s) murale(s) DEGRE DU RISQUE O réparation possible O réparation impossible STATUT DU MONUMENT O inchangé O modifié Q non retenu INTERVENTION D'URGENCE O - 29 PLAN SCHEMATIQUE (AU SOL) DU MONUMENT ET DIMENSIONS PRINCIPALES DOCUMENTATION PHOTOGRAPHIQUE ET INDICATION DES DOMMAGES (sur toute la deuxième page) 7 CARACTERISTIQUES CONSTRUCTIVES / type et qualité des matériaux de construction et des éléments de liaison, 8 DESCRIPTION DES DEFORMATIONS ET DES DOMMAGES STRUCTURELS PROPOSITION D'INTERVENTION D'URGENCE démolition totale démolition partielle couverture provisoire étalement échafaudage extérieur échafaudage intérieur — protection de peintures murales — protection du décor architectural 10 PROPOSITION DU PROGRAMME DE REPARATIONS démolition(s) cheminée(s)— couverture charpente coupole(s ) voûte(s) plafond(s ) plancher(s ) — mur(s) sol(s) porteur(s) mur(s) non porteur(s) arc(s), arche(s) colonnes chaînage poutre(s) escalier(s) prospection géomécanique fondations minaret(s) clocher(s), enduit extérieur enduit intérieur conservation restauration -O- •o o -o -o o o -soll CLASSEMENT DES DOMMAGES ET ETAT D'UTILISATION DU BATIMENT A/ UTILISABLE (catégorie verte) I - classe 1 ^mm^ Q intact, sauf dommages de surface. II - classe 2 ^ — O sans dommages de structure III- classe 3 £ 3 O légers dommages de structure B/ TEMPORAIREMENT INUTILISABLE (catégorie jaune) IV - classe 1 • O dommages structurels V - classe 2 SSS5 O dommages structurels graves C/ INUTILISABLE (catégorie rouge) VI - classe 1 • > O dommages structurels très graves classe 2 . — • O destruction partielle classe 3 S S S O destruction totale (le classement des dommages et l'état d'utilisation des bâtiments ont été établis selon les critères de la Commission technique pour l'évaluation des dommages dans la République Socialiste du Montenegro). 12 EVALUATION DES FRAIS DE REPARATION 1. valeur du bâtiment avant le séisme : m2 x Dinars = Dinars. 2. frais de remise en état du bâtiment, tel qu'il se trouvait avant le séisme (réparation structurelle) : . m2 x Dinars = m Dinars. 3. frais de réparation intégrale (consolidation) m2 x Dinars = Dinars. 13 NOTES 14 Les membres de la Commission Documentation photographique : lieu et date : N° des négatifs auteur propriétaire copyright B. - 31 Formulaire pour l'évaluation des dommages BIENS CULTURELS MEUBLES 1 2 antiquité INVENTAIRE DES DOMMAGES NOM DE L'OBJET NATURE DE L'OBJET N° DE REFERENCE ' ^ ^ siècl e 12 13 14 15 16 17 lö 19 20 religieux profane ethnologique archéologique litteraire/archives technique objet de la Lutte de Libération nationale * * 3 MAT ERIAU III L. b cl J_ " -\J -* Uo ^^ - corne — _ — " {J yj • •"• r\ vj adresse propriétaire 6 DEGRE DU RISQUE O réparation possible O réparation impossible STATUT DE L'OBJET O inchangé Q modifié O non retenu Q—intact DOMMAGES PROVOQUES PAR LE SEISME X. dommages ylégers 5 mauvais Q—dommages Q .1 dommages y~graves ETAT AVANT LE SEISME Q bon Q moyen CATEGORIE DE CLASSEMENT REG TME DF. PROTECTION « * VI 1 1 P Q-détruit 4 SITUATION u commune 1 i PU INTERVENTION D'URGENCE O 32 7 DESSIN DE L'OBJET ET DIMENSIONS PRINCIPALES DOCUMENTATION PHOTOGRAPHIQUE ET INDICATION DES DOMMAGES (sur toute la deuxième page) 3 PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE L'OBJET DESCRIPTION DES DEFORMATIONS ET DES DOMMAGES 10 PROPOSITION D'INTERVENTION D'URGENCE nettoyage démontage emballage transport desinfection mise en dépôt séchage inventaire photographie 11 PROPOSITION DU PROGRAMME DE REPARATION conservation totale conservation avec reconstitution conservation avec restauration • QQ-OQQ- Qo- - 33- ]2 CLASSEMENT DES DOMMAGES ET ETAT D'UTILISATION DE L'OBJET O Q O 13 utilisable temporairement inutilisable inutilisable EVALUATION DES FRAIS DE REPARATION frais de remise en état de l'objet Dinars, 14 NOTES 15 Les membres de la Commission Documentation photographique lieu et date N° des négatifs auteur propriétaire copyright. 34 1. K O T O R . Site de la ville, vue du Sud-Ouest. A l'extrémité des bouches de Kotor, la ville ancienne dans ses remparts, qui escaladent la montagne jusqu'au fort Sv. Ivan, à mi-pente. 2. K O T O R . Angle Ouest de la ville. Partie de la ville ancienne, très endommagée, autour de la Place de la Révolution d'Octobre (Palais du Provediteur de Venise et Tour de l'Horloge). 3. K O T O R . Palais du Provéditeur de Venise. Les murs sont coupés de larges brèches autour des anciennes baies. Les maçonneries restées debout sont désorganisées par des crevasses. 35 4. H E R C E G - N O V I . Fortification Mezaluna. Les murailles sectionnées en larges blocs sont en partie tombées dans la mer. 5. H E R C E G - N O V I . Eglise Sveti A n a , façade. Pignon largement crevassé, bien que l'église ait été consolidée par des tirants de fer et des contreforts extérieurs. Le campanile "a vela" est détruit, et la voûte s'est totalement écroulée sur l'intérieur de l'église. Noter sur la façade le sigle de la Convention de La Haye. 6. B U D V A . La ville ancienne, vue de l'Ouest, s'avance dans la mer sur une presqu'île étroite. A u centre, clocher de Sv. Ivan (ébranlé par le séisme). Les remparts du front Sud, à gauche, qui se trouvaient en parement du rocher, sont partiellement écroulés dans la mer. 36 7. B U D V A . Maison détruite. Construction typique du vieux Budva : petite maison en maçonnerie de moellons, sur trois niveaux. 8. S T A R I B A R . Site de la Ville, vue du Sud. Murailles de la vieille ville fortifiée abandonnée il y a un siècle. 9. S T A R I B A R . Forteresse Tatarovica. Murs basculés par larges pans. 10. U L C I N J . La ville fortifiée, vue de l'Est. Les remparts ont peu souffert de ce côté mais toutes les maisons construites sur ce promontoire sont très lourdement endommagées. 11. U L C I N J . Maison ancienne, d'architecture turque. Etat représentatif de l'ensemble des destructions. 12. Monastère G R A D I S T E . Eglise Sveti Nikola. Voûte partiellement écroulée sur l'intérieur de l'église, qui était décorée de fresques de 1620. 38 ï>?, -t »r- 13. Monastère G R A D I S T E . Eglise Sveti Nikola, toiture provisoire mise en place pour la protection des fresques. 14. Monastère G R A D I S T E . Eglise Sveti Sava, m u r Sud et voûte écroulés totalement. 15. Monastère P O D L A S T V A . Toiture provisoire après écroulement de la voûte peinte à fresque. 16. Monastère P O D L A S T V A . Intérieur de l'église, fresques du m u r d'abside encore en place et protégées par la couverture temporaire. 17. Monastère P O D O S T R O G . Eglise, Désorganisation du m u r , côté abside, par une crevasse qui sectionne plusieurs blocs de pierre. Plus haut, la coupole est gravement endommagée. 18. B R A J I C I . Eglise Sveti Dimitri, façade. Exemple courant d'une église de village : façade très fissurée, campanile "a vela" partiellement détruit. 19. BRAJICI. Eglise Sveti Dimitri, intérieur. Toute la voûte s'est écroulée. 20. Identification d'un m o n u m e n t . Deux marquages, par des organismes différents : - A gauche le sigle bleu de la Convention de La Haye identifie le bâtiment c o m m e m o n u m e n t historique protégé. - A droite les grands chiffres indiquent le numéro du dossier de la Commission Technique d'évaluation des d o m m a g e s . Chiffres jaunes soulignés deux fois (en haut), qui marquent un classement en catégorie V (voir annexe I) temporairement inutilisable, d o m m a g e s structurels graves. Puis (en bas), chiffres rouges soulignés une fols qui marquent l'aggravation après la réplique du 2 4 mai : catégorie VI, bâtiment inutilisable, démolition envisagée.