octobre 2013 Comment font les bactéries du sol pour communiquer ? Microbiologie Justine Mauer-Galet est une jeune chercheuse en microbiologie dans l’unité « Dynamique des génomes et Adaptation microbienne » de l’Université de Lorraine à Vandœuvre-les-Nancy. Elle travaille en collaboration avec l’unité « Interactions Arbres/Micro-organismes » de l’INRA* de Nancy. La première unité étudie le rôle des métabolites secondaires* produits par des bactéries du sol nommées Streptomyces. La seconde s’intéresse aux interactions entre organismes vivants —bactéries, champignons et racines des plantes—, dans les sols forestiers. Dans ses recherches, Justine essaie de comprendre comment les Streptomyces communiquent avec d’autres bactéries du sol et le rôle de certains métabolites secondaires dans ces interactions. * INRA : Institut National de la Recherche Agronomique * métabolites secondaires : molécules produites par des organismes vivants, qui ne sont pas indispensables à leur croissance mais qui peuvent leur donner un avantage. «Un gramme de sol contient 1000 milliards de bactéries… Le corps humain est composé de 1 000 000 milliards de cellules bactériennes c’est-à-dire 10 fois plus que de cellules humaines… C’est quand j’ai découvert tout cela que j’ai eu envie de faire de la recherche en Microbiologie ! » Ecoles doctorales de Lorraine Le sol est un milieu vivant qui héberge de très nombreux organismes, parmi lesquels les micro-organismes, tels que les bactéries, sont les plus divers. Comme leur nom l’indique, les micro-organismes sont des êtres microscopiques, invisibles à l’œil nu. Un seul gramme de sol peut héberger jusqu’à un billion de bactéries. Dans une aussi grande communauté, il est important de savoir vivre les uns avec les autres, d’interagir ensemble. Ces bactéries vont donc établir entre elles des comportements de compétition ou de collaboration pour survivre dans le sol où la nourriture est généralement limitée. Parmi les bactéries du sol, les Streptomyces sont connues pour produire beaucoup de métabolites secondaires comme les antibiotiques, par exemple. Justine cherche à savoir si ces métabolites secondaires sont utilisés par les Streptomyces pour interagir avec d’autres bactéries du sol. Ils pourraient par exemple servir de molécules d’attaque pour défendre le territoire et les nutriments face aux envahisseurs ou à l’opposé, servir de molécules de communication. Pour étudier cette question, Justine réalise des expériences qui consistent à faire pousser ensemble des Streptomyces avec d’autres bactéries du sol. Ensuite, elle regarde l’influence des métabolites secondaires produits par Streptomyces sur la croissance, la couleur ou la forme de ces bactéries. Parallèlement, Justine regarde aussi l’effet des bactéries du sol sur la quantité de métabolites secondaires produits par Streptomyces et sur l’identité de ces métabolites. De nouveaux métabolites sont-ils produits lors de l’interaction ? Lorsqu’un résultat se révèle intéressant, Justine analyse l’ADN des bactéries pour mieux comprendre comment fonctionne l’interaction entre Streptomyces et ces bactéries, et ainsi découvrir quelles sont les molécules impliquées. Objectifs et applications Mieux connaître les interactions qui ont lieu entre les bactéries dans les sols pour mieux comprendre le fonctionnement biologique du sol. Découvrir les rôles des métabolites secondaires dans la construction des communautés de bactéries du sol. Découvrir de nouveaux métabolites secondaires, comme par exemple de nouveaux antibiotiques. D’après l’Experimentarium de Bourgogne