Adhésion au traitement de l’ostéoporose par bisphosphonates oraux parmi les patients en pratique clinique canadienne es t i © d r t te n h i g e i l r ia y c r p e o L C ion comm nt euve nnel p s isée e pdans ersole monde1. ’ostéoporose constitue un enjeu de taille au Canada par Nader Habib, M.D.; utor et ailleurs a g a s e us Heather McDonald-Blumer, M.D.; À mesure que la population vieillit, fractures attribuables à urfragilisation onn lede rsles r e u p o Michele Moss, MBChB, MCFP; 2. Bien que p es les pcoûts l’ostéoporose contribuent e à .hausser liés aux soins de santé e L é ou i et Angèle Turcotte, M.D. b c i h e o certains traitements, tels les bisphosphonates oraux, se soient révélés efficaces n st pr rimer u e e pouroprévenir les fractures dans le cadre d’essais cliniques, l’adhésion au traiteisé mp ut rde l’ostéoporose r et i ament e n s – comme dans le cas d’autres maladies chroniques asympi l o isua – est souvent faible dans un contexte de pratique clinique1. La nonion n ertomatiques v t , a s i l L’uti er, affich adhésion au traitement, quant à elle, est liée à une moindre efficacité du médicaharg ment, à un taux accru de fractures et d’hospitalisations, et à une hausse des coûts téléc t e e t Ven ut b i r t dis liés aux soins de santé1. On estime que près de deux millions de Canadiens sont atteints d’ostéoporose, et que parmi ceux d’entre eux âgés de plus de 50 ans, une femme sur quatre, et au moins un homme sur huit, en souffrent3. Une enquête d’envergure basée sur la population menée auprès de résidents de l’Ontario âgés de 55 ans et plus a permis de constater que 15 % des femmes et 5 % des hommes avaient déjà subi une fracture ostéoporotique4. Dans le même ordre d’idées, une importante étude de cohortes rétrospective réalisée auprès de femmes de 50 ans et plus vivant au Manitoba a révélé qu’au cours d’une période de 3,2 années suivant la mesure initiale de la densité osseuse, 4,6 % des femmes ont subi une fracture ostéoporotique5. Les fractures ostéoporotiques et les hospitalisations qui en découlent ont des répercussions importantes sur les coûts liés aux soins de santé. Une étude avance que dans les années 1995 et 1996, les coûts annuels liés aux soins de santé associés aux fractures de la hanche au Canada se chiffraient à 650 millions de dollars, et que d’ici 2041, ces coûts atteindront 2,4 milliards de dollars2. Ostéoporose Canada estime le coût actuel pour traiter l’ostéoporose et les fractures qui en résultent à 1,9 milliard de dollars chaque année3. La pharmacothérapie peut jouer un rôle important dans la réduction du risque fracturaire, mais les bienfaits y étant associés reposent sur l’adhésion au traitement. Selon les lignes directrices de pratique clinique relatives à l’ostéoporose au Canada récemment mises à jour, des données probantes révèlent que la pharmacothérapie diminue le risque de subir une fracture vertébrale de l’ordre de 30 % à 70 %, selon l’agent employé et le degré d’adhésion au traitement du patient, et que certaines interventions permettent la prévention des fractures non vertébrales et/ou des fractures de la hanche6. Une étude a montré que les sujets qui persistent dans leur traitement par bisphosphonates bénéficiaient d’une diminution du risque de fracture de la hanche pouvant atteindre 60 %1. Une autre étude a révélé que les patients présentant une observance sur le plan du renouvellement de leurs bisphosphonates oraux d’au moins 80 % étaient significativement moins susceptibles de subir une fracture comparativement à ceux affichant des taux inférieurs d’observance sur le plan du renouvellement7. le clinicien mars 2011 43 Adhésion au traitement de l’ostéoporose Le programme d’évaluation de l’ostéoporose actuel se penche sur l’adhésion (observance et persistance) du patient à trois traitements par bisphosphonates oraux qui sont offerts au Canada – l’alendronate, le risédronate et l’étidronate. Selon les lignes directrices canadiennes, l’alendronate et le risédronate comptent parmi les traitements de première intention recommandés pour la prévention des fractures attribuables à l’ostéoporose chez les femmes postménopausées et les hommes, et l’étidronate à titre de traitement de deuxième intention pour les femmes ménopausées qui sont intolérantes aux agents de première intention. Le programme d’évaluation visait à relever les lacunes courantes sur le plan de la prise en charge des patients atteints d’ostéoporose qui sont traités par bisphosphonates oraux par l’entremise d’un sondage en ligne auprès de médecins canadiens. Dans cette étude, l’adhésion était définie comme comprenant aussi bien l’observance que la persistance : l’observance était définie comme le fait de prendre son médicament comme prescrit en ne sautant aucune dose; la persistance était définie comme la poursuite du traitement pour la durée prescrite. Méthodes Des médecins de famille canadiens ont été invités à participer à un sondage en ligne portant sur la prise en charge de l’ostéoporose. Les médecins devaient fournir des renseignements au sujet de 15 patients consécutifs ayant été traités par bisphosphonates oraux pour une période de trois mois à au moins cinq ans et ne présentant aucune comorbidité qui aurait exigé l’interruption du traitement. Les médecins ayant participé au programme d’évaluation ont répondu à un questionnaire en ligne, lequel recueillait de l’information à propos de leur profil de pratique, y compris le type de pratique et le lieu (par exemple, médecine privée, en clinique, en ville), le nombre d’années de pratique, le type de patients (plage d’âges et sexe), le ien que certains traitements, tels les nombre de patients atteints d’ostéoporose vus dans une semaine, et les mesures prises pour la prise en charge des bisphosphonates oraux, se soient atteints d’ostéoporose. Les médecins participants révélés efficaces pour prévenir les fractures patients devaient également indiquer leurs opinions sur une série de 26 dans le cadre d’essais cliniques, l’adhésion énoncés évaluant la prise en charge générale de l’ostéoporose. Les médecins remplissaient aussi un profil pour chaque au traitement de l’ostéoporose – comme patient sur lequel ils devraient inscrire le nom et la posologie dans le cas d’autres maladies chroniques du traitement par bisphosphonate du patient en question, les réponses du patient à 10 questions, et des données pertinentes asymptomatiques – est souvent faible tirées du dossier médical. Dans le cadre de l’entrevue, les dans un contexte de pratique clinique. patients étaient sondés sur les éléments suivants : moment de la prise du bisphosphonate, le liquide ou la nourriture pris avec le médicament, toute prise concomitante de médicaments ou de calcium, le nombre de doses omises au cours des trois derniers mois, et les raisons de ce manque d’adhésion. Parmi les données figurant dans les dossiers de patients entrées dans le questionnaire, on compte l’âge, le sexe et les dates de la première ordonnance de bisphosphonate et de la survenue de toute fracture. Aucune donnée d’identification tels le nom du patient, le code postal ou la date de naissance n’a été collectée, et tous les renseignements recueillis sont regroupés afin d’assurer la confidentialité. Les médecins devaient également préciser s’ils envisageaient de modifier le plan de traitement de l’ostéoporose du patient à la lumière de l’entrevue et des données du dossier. B 44 le clinicien mars 2011 Adhésion au traitement de l’ostéoporose TABLEAU 1 Perceptions des médecins relatives aux mesures prises sur le plan de la prise en charge de l’ostéoporose Mesure prise* Médecins ayant indiqué prendre régulièrement la mesure en question, % (n = 159) Je prodigue des conseils aux patients en matière de modifications appropriées du mode de vie. 99 J’évalue l’adhésion sur le plan de la prise des suppléments de calcium et de vitamine D. 98 Je pose des questions relatives aux effets secondaires. 95 J’évalue l’adhésion sur le plan de la prise des médicaments. 93 Je me renseigne à propos des fractures de fragilisation auprès des femmes postménopausées. 92 Je pose des questions au sujet de la prise concomitante de médicaments avant de prendre des décisions relatives au traitement. 91 Je me renseigne au sujet des préférences du patient avant de prendre des décisions thérapeutiques. 89 Je procède automatiquement à la mesure de la DMO dans le cas des femmes de 65 ans et plus. 85 J’évalue le risque de non-adhésion avant de prendre des décisions relatives au traitement. 78 Je me renseigne à propos des fractures de fragilisation auprès des hommes âgés de plus de 50 ans. 40 Je procède automatiquement à la mesure de la DMO dans le cas des hommes âgés de 65 ans et plus. 32 *Les mesures correspondent à certains des énoncés que les médecins pouvaient choisir afin de décrire les stratégies thérapeutiques employées auprès de leurs patients atteints d’ostéoporose. Résultats Les 159 médecins ayant participé au sondage étaient principalement du Québec (49 %) et de l’Ontario (31 %), mais aussi de l’Alberta (7 %) et de la ColombieBritannique (13 %). La plupart (74 %) d’entre eux exerçaient leur pratique depuis plus de 20 ans et plus de la moitié (59 %) exerçaient une médecine de groupe. La majorité des médecins (87 %) travaillaient dans un bureau ou une clinique privé, bien que 18 % œuvraient au sein d’un hôpital et 9 % dans un centre d’hébergement et de soins de longue durée, et la plupart (85 %) pratiquaient dans un contexte urbain ou de banlieue. Les profils des patients ont été obtenus à partir de 1947 patients qui sont actuellement traités par des bisphosphonates oraux. La plupart des patients à l’étude étaient des personnes âgées avec un âge moyen de 70 ans, et 86 % étaient des femmes. En moyenne, 61 % des patients dans les pratiques des participants étaient des femmes et environ la moitié étaient âgés de 50 ans et plus. En moyenne, chaque semaine, plus de 40 % des médecins ont vu environ 11 à 15 patients atteints d’ostéoporose le clinicien mars 2011 45 Adhésion au traitement de l’ostéoporose TABLEAU 2 Type et posologie des bisphosphonates oraux Médicament Posologie Nombre de patients (n [%]) (n = 1947) Alendronate (de marque) 10 mg/jour 70 mg/semaine 3 (0,2 %) 261 (13,4 %) Alendronate (générique) 5 mg/jour 10 mg/jour 70 mg/semaine 3 (0,2 %) 5 (0,3 %) 317 (16,3 %) Alendronate/cholécalciférol 70 mg/2800 UI/semaine 70 mg/5600 UI/semaine 47 (2,4 %) 150 (7,7 %) Étidronate 400 mg/jour pour 14 jours, ensuite calcium pour 10 jours 97 (5,0 %) 5 mg/jour 35 mg/semaine 150 mg/mois 11 (0,6 %) 820 (42,1 %) 233 (12,0 %) Risédronate Note : Les pourcentages pourraient ne pas totaliser 100 % en raison de l’arrondissement. Presque tous les médecins (93 %) ont déclaré procéder régulièrement à l’évaluation de l’adhésion au traitement médicamenteux de l’ostéoporose, quoique moins de médecins (78 %) ont allégué avoir évalué ce risque avant de prendre des décisions thérapeutiques (tableau 1). Bien que la majorité des médecins aient indiqué qu’ils vérifiaient auprès des femmes postménopausées la survenue de toute fracture de fragilisation et mesuraient automatiquement la DMO des femmes âgées de 65 ans et plus, moins de la moitié des médecins ont mentionné qu’ils évoquaient la question des fractures de fragilisation auprès des hommes de plus de 50 ans ou qu’ils mesuraient automatiquement la eulement 79 % des patients prenant le DMO chez les hommes de 65 ans et plus (tableau 1). Les types et les doses de bisphosphonates pris par les risédronate ou l’alendronate prenaient patients sont résumés dans le tableau 2. Un peu plus de la moitié des patients (55 %) prenaient le risédronate, et moins leurs doses au moment approprié (...) de la moitié (40 %) ont été traités par l’alendronate, tandis que Un nombre encore moins important de le reste des patients (5 %) prenaient de l’étidronate. La plupart patients suivant le traitement par des patients (82 %) suivaient le traitement selon un schéma l’étidronate prenaient leur médicament au posologique hebdomadaire, tandis que quelques-uns (12 %) recevaient l’administration mensuelle de risédronate, et très moment approprié. peu (1 %) recevaient une dose quotidienne de l’un ou l’autre de ces médicaments. Le schéma posologique de l’étidronate consistait à prendre le médicament pendant 14 jours, puis du calcium pendant 10 jours. Environ la moitié des patients recevaient leur traitement par bisphosphonates oraux depuis deux à cinq ans, mais environ un tiers des patients suivaient le traitement depuis plus longtemps; 6 % des patients recevaient le traitement depuis moins d’un an. Environ 1 à 6 patients ont signalé des effets indésirables dans le cadre de leur traitement par bisphosphonates. Parmi ces patients, les effets indésirables ont été S 46 le clinicien mars 2011 Adhésion au traitement de l’ostéoporose TABLEAU 3 Pourcentage de patients prenant des bisphosphonates au moment approprié Moment de la journée auquel le médicament doit être pris % de patients prenant le médicament au moment approprié (n = 1947) Alendronate (40 % des patients) Au lever, au moins 30 minutes avant de manger (défini aux fins de l’analyse comme « > 30 minutes avant le déjeuner ») 79 Risédronate (55 % des patients) Au lever, au moins 30 minutes avant de manger (défini aux fins de l’analyse comme « > 30 minutes avant le déjeuner ») 78 Étidronate (5 % des patients) Au milieu de la matinée, au milieu de l’après-midi ou en soirée, au moins 2 heures avant ou après avoir mangé (défini pour les fins de l’analyse comme « en soirée » ou « autre ») 19 Médicament TABLEAU 4 Pourcentage de doses de bisphosphonates manquées Population à l’étude % de doses de bisphosphonates manquées* (moyenne [ÉT]) Schéma posologique Quotidien (n = 22) Hebdomadaire (n = 1595) Mensuel (n = 233) 14 jours en 3 mois (n = 97) 2,1 (3,8) 8,0 (16,8) 5,2 (17,9) 16,3 (24,1) Dans l’ensemble (n = 1947) 7,6 (17,0) Pratiques de prise du médicament Pris au moment approprié (n = 1408) Non pris au moment approprié (n = 462) Pris avec un verre d’eau (n = 1636) Pris avec de la nourriture, un autre liquide, une gorgée d’eau ou seul (n = 311) Pris avec du calcium (n = 365) Pris avec un autre médicament (n = 289) 6,2 (15,1) 11,6 (20,7) 6,5 (15,4) 13,5 (23,8) 10,9 (18,9) 11,1 (19,4) Fracture survenue après l’instauration du traitement par bisphosphonates Oui (n = 186) Non (n = 1761) 10,0 (18,5) 7,4 (16,8) * dans les 3 derniers mois principalement occasionnels (52 % des patients) ou rares (21 %), bien que certains patients (27 %) aient manifesté des effets indésirables à chaque dose. Résultats relatifs à l’adhésion Seulement 79 % des patients prenant le risédronate ou l’alendronate prenaient leurs doses au moment approprié – au lever, au moins une demi-heure avant de manger (tableau 3). Un nombre encore moins important de patients suivant le traitement par l’étidronate prenaient leur médicament au moment approprié – au le clinicien mars 2011 47 Adhésion au traitement de l’ostéoporose milieu de la matinée, au milieu de l’après-midi ou le soir, au moins 2 heures avant ou après avoir mangé (défini aux fins de l’analyse comme « le soir » ou « autre »). Les erreurs sur le plan du moment de la prise des bisphosphonates des patients incluaient : juste avant le déjeuner (13 %), alors qu’ils étaient encore au lit (4 %), avec le petit déjeuner (2 %), ou quand ils se souvenaient de prendre leur médicament (1 %). Environ 16 % des patients ne prenaient pas leurs bisphosphonates correctement avec un verre d’eau, mais plutôt avec une gorgée d’eau, un autre liquide, ou de la nourriture. Un nombre similaire de patients prenaient de façon inadéquate le médicament avec du calcium ou avec d’autres médicaments. Plus de la moitié des patients (57 %) ont déclaré avoir omis de prendre des doses au cours des 3 derniers mois, en raison d’un oubli (51 %), d’effets secondaires (9 %), ou d’autres raisons non précisées (40 %). Toutefois, la persistance globale (l’une des deux composantes de l’adhésion) a semblé être élevée, les patients ayant manqué une moyenne de 7,6 % des ême si plus de 90 % des doses au cours des 3 derniers mois. Le tableau 4 résume le pourcentage de doses omises par type de patient. médecins ont déclaré évaluer Les patients étaient qualifiés de non observants (l’autre régulièrement l’adhésion des patients composante de l’adhésion) s’ils avaient omis de prendre 80 % aux bisphosphonates oraux, près de la ou plus de leurs doses dans les 3 derniers mois, pris leur bismoitié (49 %) des patients ne suivaient phosphonate avec autre chose qu’un verre d’eau, et/ou pris leur bisphosphonate à un moment inapproprié. Selon ces pas rigoureusement le traitement, critères, 49 % des patients ont été jugés non observants. En revanche, les médecins ont signalé une faible observance puisqu’ils ont pris le médicament de chez seulement 12 % des patients, et une faible persistance façon inappropriée, au mauvais dans le traitement chez 3 % des patients. Les médecins ont moment, ou ont omis des doses. indiqué que, par conséquent, ils auraient à prodiguer des conseils sur l’importance de la prise des médicaments et des suppléments à 36 % des patients. M Discussion Ce sondage en ligne auprès de cliniciens canadiens a permis de révéler une différence frappante entre l’observance du traitement par bisphosphonates oraux rapportée par les médecins et celle indiquée par les patients. Même si plus de 90 % des médecins ont déclaré évaluer régulièrement l’adhésion des patients aux bisphosphonates oraux, près de la moitié (49 %) des patients ne suivaient pas rigoureusement le traitement, puisqu’ils ont pris le médicament de façon inappropriée, au mauvais moment, ou ont omis des doses. Un tel manque d’observance est semblable à celui rapporté dans une étude d’observation d’envergure récemment menée aux États-Unis, laquelle a utilisé les bases de données de réclamation d’assurances afin d’examiner l’observance du traitement par un bisphosphonate chez environ 35 000 femmes âgées de 45 ans et plus ayant reçu un diagnostic d’ostéoporose postménopausique. Dans le cadre de cette étude, seulement 43 % des femmes ont été identifiées comme suivant rigoureusement leur traitement pendant la période d’étude de deux ans selon la mesure objective du MPR (medication possession ratio/indice de possession de médicaments, soit le nombre de comprimés délivrés divisé par le temps)7. De même, dans une étude française fondée sur les réponses de médecins et de patients à un questionnaire sur le traitement de l’ostéoporose, seulement les deux tiers des patients ont précisé qu’ils estimaient suivre rigoureusement leur traitement, alors 48 le clinicien mars 2011 Adhésion au traitement de l’ostéoporose que les médecins ont évalué que l’observance du traitement était adéquate pour plus de 95 % de leurs patients8. Ce programme d’évaluation comporte certaines limites, notamment sa nature observationnelle, et le fait que le programme reposait sur l’observance autodéclarée plutôt que sur des mesures objectives comme le dénombrement des médicaments; de plus, le programme n’a pas été conçu en vue de recueillir des renseignements détaillés sur les raisons pour lesquelles les patients pourraient avoir omis des doses. On a demandé aux patients si la principale raison pour manquer des doses était « l’oubli », « les effets secondaires » ou une « autre raison ». Il est possible que l’« autre » raison pour manquer une dose (citée par 42 % des patients ayant omis des doses) comprenait le défi de suivre un schéma posologique rigoureux de bisphosphonates, ou le fait de ne pas comprendre l’importance de prendre le médicament. Ces raisons expliquant l’observance sous-optimale du traitement par bisphosphonates ont été relevées dans le cadre d’une étude canadienne récente qui était fondée sur des groupes ien que les différences entre les échantillons de 37 femmes postménopausées suivant des traitements pour l’ostéoporose. Cette étude suggère que la volonté sexes sur le plan du diagnostic des fournisseurs de soins de santé à consacrer du temps à expliet du traitement de la maladie n’ont quer le traitement médicamenteux et à fournir un suivi régulier pourrait motiver les patients à poursuivre leur traitement9. Une pas été abordées dans ce programme analyse récente d’autres études a permis d’identifier de nomd’évaluation, il importe que les breuses raisons à la non-observance du traitement par bisphosmédecins soient conscients du fait phonates1. Le coût n’a pas semblé jouer un rôle important, et les raisons les plus fréquemment évoquées pour justifier la nonque les hommes sont parfois laissés observance dans les études antérieures ont été les effets seconde côté en matière de dépistage de daires (lesquels ont été cités comme une raison d’avoir manqué l’ostéoporose. des doses par 8 % des patients ayant omis des doses dans le cadre du programme d’évaluation actuel) ainsi que les perceptions des patients à propos de l’efficacité et de l’innocuité1. Le programme d’évaluation actuel ne fait pas de distinction entre l’observance chez les patients pour qui le traitement par bisphosphonates était nouveau par rapport à l’observance chez les patients qui prenaient ces médicaments depuis plus longtemps. Une autre étude a révélé que plus de 50 % des femmes prenant des bisphosphonates de façon quotidienne ou hebdomadaire avaient abandonné leur traitement après 1 an1. Notons que le programme d’évaluation n’a pas été conçu pour examiner les taux de reprise du traitement parmi les patients ayant interrompu leur traitement par bisphosphonates puis l’ayant repris par la suite; il a été estimé que ces taux pouvaient atteindre 30 % dans les 6 mois et 50 % dans les 2 ans1. Même si l’identification de nouvelles façons d’améliorer l’adhésion au traitement ostéoporotique n’était pas l’un des objectifs du sondage, quatre essais à répartition aléatoire récents ont relevé diverses stratégies. Le fait de simplement remettre des dépliants au patient n’a pas semblé améliorer l’adhésion au traitement. Les stratégies mettant en jeu une interaction entre le patient et le médecin semblaient plus efficaces. Par exemple, la persistance dans le traitement était supérieure chez les patients avec lesquels on avait discuté de leurs résultats aux tests de densité minérale osseuse (DMO). Certains patients ont indiqué qu’ils souhaiteraient recevoir des rappels par courriel sur l’importance de prendre leur traitement par bisphosphonate1. Les hommes comptaient pour 14 % de cet échantillon, pourcentage compatible avec l’estimation selon laquelle 1 homme sur 8 au Canada est atteint d’ostéo- B le clinicien mars 2011 49 Adhésion au traitement de l’ostéoporose porose. Bien que les différences entre les sexes sur le plan du diagnostic et du traitement de la maladie n’ont pas été abordées dans ce programme d’évaluation, il importe que les médecins soient conscients du fait que les hommes sont parfois laissés de côté en matière de dépistage de l’ostéoporose10. Selon l’expérience clinique des auteurs, et à la lumière des discussions menées au sein de la communauté des médecins de famille au Canada, il appert que seulement le tiers des hommes nécessitant un test de DMO s’en font offrir un, et que la question des fractures de fragilisation n’est abordée qu’auprès de 14 % des hommes. De plus, bien que la détection d’une perte de taille constitue un moyen efficace et peu coûteux de déceler les fractures vertébrales, il semblerait que l’on procède à une mesure annuelle de la taille chez moins des deux tiers des aînés canadiens11. En résumé, ce programme a permis de constater qu’il y a un écart entre la perception des médecins et la perception des patients en ce qui concerne l’observance des patients recevant un traitement par bisphosphonates oraux dans la pratique clinique canadienne. Une telle constatation souligne le besoin constant pour les médecins d’évaluer et d’améliorer l’observance du traitement par bisphosphonates oraux, et par le fait même l’adhésion des patients, afin de réduire le risque fracturaire. C Énoncé de divulgation Le programme d’évaluation de l’ostéoporose a été commandité par Novartis Pharma Canada inc. Références 1. Warriner AH, Curtis JR. Adherence to osteoporosis treatments: room for improvement. Curr Opin Rheumatol 2009; 21(4):356-62. 2. Wiktorowicz ME, Goeree R, Papaioannou A, et coll. Economic implications of hip fracture: health service use, institutional care and cost in Canada. Osteoporos Int 2001; 12:271-78. 3. Les faits et les chiffres. Tiré de « Briser les obstacles sans briser les os » Bulletin national 2008 d’Ostéoporose Canada. Disponible au http://www.osteoporosis.ca/index.php/ci_id/8867/la_id/1.htm= Consulté le 22 novembre 2010. 4. Cadarette SM, Jaglal SB, Hawker, GA. Fracture prevalence and treatment with bone-sparing agents: are there urban-rural differences? A population based study in Ontario, Canada. J Rheumatol 2005; 32:550-58. 5. Cranney A, Jamal SA, Tsang JF, et coll. Low bone mineral density and fracture burden in postmenopausal women. CMAJ 2007; 177(6):575-80. 6. Papaioannou A, Morin S, Cheung AM, et coll. Lignes directrices de pratique clinique 2010 pour le diagnostic et le traitement de l’ostéoporose au Canada : sommaire. CMAJ 2010. Publié en ligne au www.cmaj.ca le 12 octobre 2010. 7. Siris ES, Harris ST, Rosen CJ, et coll. Adherence to bisphosphonate therapy and fracture rates in osteoporotic women: relationship to vertebral and nonvertebral fractures from 2 US claims databases. 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