Une étude canado-américaine examine l`âge auquel le cancer se

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Nouvelles-CATIE
Des bulletins de nouvelles concis en matière de VIH et d’hépatite C de CATIE.
Une étude canado-américaine examine l’âge auquel le cancer se
déclare chez les séropositifs
18 janvier 2017
Comme le VIH affaiblit le système immunitaire, les personnes atteintes de ce virus sont plus à risque de présenter
plusieurs cancers, notamment les suivants :
sarcome de Kaposi (SK)
lymphome non hodgkinien
cancer invasif du col utérin
Ces trois cancers sont associés au sida. Cependant, depuis l’introduction à grande échelle des combinaisons de
médicaments anti-VIH puissants (TAR), ils sont devenus moins courants au Canada et dans les autres pays à revenu
élevé, au moins parmi les personnes qui connaissent leur statut VIH et qui suivent un TAR. De plus, grâce au TAR,
même si l’un de ces cancers se déclare, les personnes séropositives sont maintenant beaucoup plus susceptibles de
répondre à un traitement anticancéreux et de survivre, comparativement à l’époque d’avant l’arrivée du TAR.
Malgré ce progrès, des cancers non liés au sida sont en train d’apparaître chez certaines personnes séropositives
en raison de leur longévité accrue. Les cancers en question incluent les suivants :
cancer anal
cancer du poumon
cancer du foie
lymphome de Hodgkin
Les études ont fourni des données contradictoires quant à savoir si ces cancers non liés au sida se déclarent à un
âge plus jeune chez les personnes séropositives, par rapport aux personnes séronégatives. Pour éclairer cette
question, des chercheurs au Canada et aux États-Unis ont collaboré à l’analyse d’une immense quantité de données
de santé recueillies auprès de 90 000 personnes dans le cadre d’un projet appelé NA-ACCORD (North American
AIDS Cohort Collaboration on Research and Design).
Lors de leur plus récente analyse, les chercheurs affiliés à la NA-ACCORD ont constaté que les personnes
séropositives étaient plus susceptibles de recevoir un diagnostic de « cancer du poumon, de l’anus, [de la
bouche/gorge], du rein ou de myélome à un âge modestement plus jeune » que les personnes séronégatives
atteintes de ces mêmes cancers. Dans l’ensemble, au moment où les cancers se déclaraient, la différence d’âge
entre les personnes séropositives et les personnes séronégatives était de deux à quatre ans. L’équipe de recherche
a avancé plusieurs explications possibles de cette différence. Or, quelles que soient les raisons, ces résultats et ceux
d’études antérieures soulignent la nécessité d’interventions visant la prévention et le dépistage du cancer chez les
personnes séropositives.
Détails de l’étude
Au moment de faire cette analyse du cancer, l’équipe de la NA-ACCORD disposait de données de santé recueillies
auprès de 88 018 personnes séropositives dans des cliniques situées aux États-Unis et dans les provinces
suivantes du Canada :
Colombie-Britannique
Alberta
Ontario
Québec
Les chercheurs se sont concentrés sur les participants dont les données avaient été recueillies entre 1998 et 2008.
La vaste majorité (86 %) des participants étaient des hommes, et leur âge allait de 20 à 79 ans. Vingt-huit pour cent
(28 %) de tous les participants avaient déjà fait l’objet d’un diagnostic de sida.
Afin de pouvoir évaluer les taux de cancer chez les personnes séronégatives, les chercheurs avaient accès à la base
de données du National Cancer Institute (NCI) des États-Unis. Voici une liste de cancers au sujet desquels les
chercheurs ont trié des données (ils sont énumérés dans l’ordre décroissant de la prévalence chez les personnes
séropositives figurant dans l’étude) :
poumon
prostate
anus
foie
bouche et/ou gorge
lymphome de Hodgkin
côlon
rein
larynx
peau
sein
pancréas
myélome
Résultats
Les chercheurs ont annoncé une bonne nouvelle : « Il n’y a pas d’accélération générale de l’apparition du cancer
chez les [personnes séropositives] à un âge plus jeune [selon les différents types de cancer] ».
Cependant, à la suite d’une analyse détaillée des données triées en fonction de l’âge, de la race et de périodes de
temps spécifiques (1996 à 1999, 2000 à 2003, 2004 à 2008), les chercheurs ont observé que le diagnostic des
cancers suivants se posait dès un âge légèrement plus jeune chez les personnes séropositives, mais la différence
par rapport aux personnes séronégatives était significative du point de vue statistique :
Cancer anal
personnes séropositives : 47 ans
personnes séronégatives : 51 ans
Cancer du rein
personnes séropositives : 52 ans
personnes séronégatives : 54 ans
Cancer du poumon
personnes séropositives : 54 ans
personnes séronégatives : 58 ans
Cancer de la bouche et/ou de la gorge
personnes séropositives : 51 ans
personnes séronégatives : 53 ans
Myélome
personnes séropositives : 49 ans
personnes séronégatives : 54 ans
On voit ci-dessus que les cancers se déclaraient généralement de deux à quatre ans plus tôt chez les personnes
séropositives que chez les personnes séronégatives.
Dans l’ensemble, les chercheurs ont constaté que l’un des cancers, soit le myélome, avait tendance à se déclarer
quatre ans plus tôt chez les personnes séropositives qui avaient fait l’objet d’un diagnostic de sida,
comparativement aux personnes séropositives qui n’avaient jamais reçu de diagnostic de sida. Ils ont également
trouvé que le cancer du poumon avait tendance à apparaître quatre ans plus tôt chez les personnes séropositives
ayant un faible compte de CD4+ (moins de 200 cellules/mm3) que chez les personnes séropositives ayant un
compte de CD4+ plus élevé.
Les chercheurs ne sont pas certains pourquoi certains cancers survenaient quelques années plus tôt chez les
personnes séropositives et d’autres non. Ils ont offert quelques explications possibles, mais d’autres recherches
devront être menées pour mieux comprendre le fondement biologique de leurs résultats.
Prévention du cancer
Quelle que soit la raison de l’apparition de certains cancers chez les personnes séropositives dès un âge
modestement plus jeune, les causes sous-jacentes de certains de ces cancers sont connues, et il existe des options
à envisager pour réduire le risque de cancer, y compris les suivantes :
L’amorce précoce du TAR afin de préserver le système immunitaire. La recherche a révélé que le fait de
commencer le TAR dès un stade précoce de l’infection au VIH aidait à réduire considérablement le risque de
cancer. Les principales lignes directrices internationales sur le traitement du VIH recommandent maintenant
que les médecins proposent l’amorce du TAR dès que possible après le diagnostic de l’infection au VIH.
Le tabagisme est associé à de nombreux méfaits et peut causer plusieurs des cancers mentionnés dans cet
article, y compris les cancers du poumon, du col utérin, du rein, du foie et de la bouche/gorge. Il est donc
important d’amener les fumeurs à reconnaître la nécessité d’arrêter de fumer et de leur offrir du soutien
lorsqu’ils tentent d’écraser pour de bon.
Le dépistage de la co-infection au virus de l’hépatite B ou C (ces deux infections peuvent causer le cancer du
foie). S’ils détectent une infection active à l’un de ces virus, les médecins peuvent offrir un traitement. Dans les
cas où aucune infection active à l’hépatite B n’est détectée et que la personne n’a pas d’immunité contre ce
virus, la vaccination pourrait être une option.
Discuter avec un médecin de la pertinence de la vaccination anti-VPH (virus du papillome humain) est une
première étape importante car ce virus peut causer le cancer de l’anus, du col utérin, de la bouche/gorge, du
pénis ou de la vulve. Les médecins et pharmaciens seront aussi au courant de subventions éventuelles
disponibles dans leur région pour payer la vaccination anti-VPH.
Selon l’équipe NA-ACCORD, « d’autres recherches sont nécessaires sur le dépistage du cancer du poumon et
de l’anus » chez les personnes séropositives. Si un tel dépistage n’est pas offert dans le cadre des soins de
routine donnés dans la région du patient, il existe des programmes de recherche qui offrent le dépistage du
cancer anal aux personnes séropositives dans certaines villes d’Amérique du Nord. Les patients peuvent se
renseigner sur cette possibilité auprès de leur médecin ou infirmière. Discuter avec un médecin de la
disponibilité du dépistage du cancer anal dans votre région est une bonne première étape.
Même si les lignes directrices américaines recommandent l’usage d’examens tomodensitométriques de faible
dose pour détecter le cancer du poumon chez certains fumeurs actuels et anciens, les chercheurs croient que
« d’autres données sont nécessaires » pour déterminer l’utilité de cette méthode chez les personnes
séropositives.
Vers l’avenir
À mesure que les gens vieillissent, leur système immunitaire s’affaiblit graduellement. Pour cette raison, l’équipe NAACCORD a laissé entendre que « le fardeau du cancer continuera à s’alourdir à mesure que la population
[séropositive] prendra de l’âge ». Les chercheurs ont ajouté que cet effet du vieillissement sur le système
immunitaire souligne la « nécessité [de mesures visant] la prévention et la détection précoce du cancer ».
Ressources
Cancer
La dysfonction immunologique et la pneumonie bactérienne feraient augmenter le risque de cancer du poumon
– Nouvelles CATIE
Une étude révèle un changement dans les taux de cancers à mesure que les personnes séropositives
vieillissent – Nouvelles CATIE
Une étude euro-canadienne examine les tendances du cancer du foie chez les personnes co-infectées –
Nouvelles CATIE
Société canadienne du cancer
Cessation du tabagisme
Comment dire « j’écrase » et être sérieux – Vision positive
Comprendre la dépendance au tabac – Nouvelles CATIE
La varénicline : une étude ontarienne en évalue l’innocuité chez les personnes vivant avec le VIH – Nouvelles
CATIE
La cessation du tabagisme : une approche novatrice fondée sur les groupes de soutien doublerait le taux
d’abandon du tabac – Nouvelles CATIE
Une étude danoise souligne le lien entre la crise cardiaque et le tabagisme – Nouvelles CATIE
Tabagisme et tabac – Société canadienne du cancer
Comment cesser de fumer – Association pulmonaire
Cessez de fumer – Santé Canada
Hépatite C
Site sur l’hépatite C de CATIE
Vivre avec la co-infection VIH/hépatite C – Brochure de CATIE
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCE :
Shiels MS, Althoff KN, Pfeiffer RM, et al. HIV infection, immune suppression and age at diagnosis of non-AIDSdefining cancers. Clinical Infectious Diseases . 2017; in press .
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