Les sentiers de l`ethnologie urbaine avec Colette

publicité
Les sentiers de l’ethnologie urbaine
avec Colette Pétonnet
Séminaire d’hommage
des 3 et 4 Octobre 2013
Muséum national d'histoire naturelle
Laboratoire de Géologie, salle de conférences
43 rue Buffon - 75005 Paris
Programme
Jeudi 3 Octobre 2013
• 14 h : Ouverture du séminaire : Remerciements.
Introduction : Bernadette Lizet, Ethnologue, Directrice de
recherches au CNRS, UMR Eco-Anthropologie et Ethnobiologie/
MNHN.
• 14 h 30 : « Le corps des prolétaires »
Michelle Perrot, Historienne, Professeure émérite de l’Université
Paris 7.
Résumé : Colette Pétonnet accorde une importance centrale à
l'intimité, au corps des prolétaires : corps souffrant, au travail, au
repos, aimant, procréant, lieu d'expression des émotions et cible
des normes. On s'interrogera sur sa démarche, sur sa valeur
descriptive et prédictive et sur sa validité aujourd'hui.
Discutante : Martine Ségalen, Professeure émérite, Directrice d’ « Ethnologie française », Université Paris Ouest NanterreLa Défense.
• 15 h 45 : « Parmi les enseignements de Colette Pétonnet :
Observer la culture matérielle à travers un partage du
quotidien pour comprendre les constructions culturelles »
Marie-Pierre Julien, MC Université de Lorraine, Membre du 2L2S.
Résumé : Colette Pétonnet mettait l'observation du quotidien au
cœur de l'analyse ethnologique. Elle insistait particulièrement sur
l'importance du partage par le chercheur et les membres du
groupe observé des matérialités, gestes, objets, déplacements
dans les espaces, etc., pour comprendre les constructions
culturelles dans leurs aspects tant symboliques que matériels. Ce
partage est bien sûr une nécessité méthodologique pour analyser
les modes de pensée et d'action de « ces gens-là ». En outre, en
permettant de saisir les différentes formes de transmissions,
d'appropriations, d'abandons, de créations, de transformations
des pratiques culturelles à l’œuvre dans un groupe, ce partage
du quotidien par le chercheur engage une analyse dynamique au
fondement de l'anthropologie urbaine prônée par Colette
Pétonnet.
Discutante : Liliane Kuczynski, Chargée de recherche au CNRS,
LAU-CNRS/IIAC-EHESS.
• 17 h : « À la périphérie de l’anthropologie » (Vidéo)
Michelangelo Giampaoli , Dipartemento Uomo et Territorio,
Università degli Studi di Perugia.
Résumé : Aborder un sujet tel que l’espace habité par les morts –
même si cet espace est souvent plus fréquenté par les vivants
que ce que l’on pourrait s’imaginer – nous mène presque
nécessairement à situer le chercheur dans une position
périphérique par rapport aux grands thèmes de l’anthropologie
contemporaine.
La même position périphérique où, normalement, les cimetières
mêmes ont été conçus et construits. Cependant les périphéries,
aujourd’hui plus que jamais, sont des lieux vitaux, des espaces
de création qui évoluent sans cesse, où l’on peut faire des
rencontres inespérées et productives. C’est ici, à la périphérie de
l’anthropologie contemporaine, que, d’abord à travers son œuvre
et ensuite personnellement, j’ai rencontré Colette Pétonnet et sa
capacité d’explorer les espaces marginaux de notre société avec
passion et méthode.
• 17 h 15 : « Colette Pétonnet au Brésil : les effets
pédagogiques d’un exercice ethnographique » (Texte ou
Vidéo)
• 10 h 45 : « La route à l'envers ? Des eaux urbaines aux
habitations de fortune »
Claudia Fonseca, Programa de Pós-Graduação em Antropologia
Social, Universidade Federal do Rio Grande do Sul.
Agnès Jeanjean, M.C Ethnologie, Université de Nice Sophia
Antipolis, LAPCOS.
Claudia Turra Magni, Departamento de Antropologia,
Universidade Federal do Pelotas.
Résumé : Parcourir la ville par en dessous, penser aux restes,
aux traces, aux débris, sera ici un prétexte pour dire la force que
procurent les écrits de Colette Pétonnet pour tenir une position :
celle qui consiste, selon ses mots, à « faire la route à l'envers ».
Discutante : Olga Muro, Ethnologue, membre associé LAUCNRS/IIAC-EHESS.
Résumé : Dans cette petite narration, deux ethnologues
brésiliennes évoquent l’impact de Colette Pétonnet sur certains
ethnologues au Brésil. L’histoire commence à la fin des années
80, où, lors d’un séjour de Colette à l’Université Fédérale de Rio
Grande do Sul, elle a réalisé un entraînement à l'observation
ethnographique avec des étudiants brésiliens sur un petit cirque
local…
• 15 h 15 : « De la construction d’un objet au développement
d’un regard : dans les allées du jardin avec Colette Pétonnet »
Sylvie Nail, Professeure de civilisation britannique, Faculté des
langues et cultures étrangères, Université de Nantes, CRINI.
Résumé : Cette présentation propose un retour sur l’élaboration,
accompagnée par Colette, d’une manière d’appréhender les
jardins à l’occasion de ma thèse, ainsi qu’une évocation des
ricochets de cette méthode dans mes travaux plus récents sur
les rapports à la nature en milieu urbain en Angleterre.
Discutant : Philippe Bonnin, Directeur de Recherches CNRS,
Professeur à l'Université de Niigata (Japon), Directeur du Réseau
Thématique JAPARCHI, Directeur du laboratoire AUS-UMR 7218
LAVUE.
• Midi : Déjeuner
• 17 h 30 : « De l’observation flottante au flottement de
l’observateur »
• 16 h 30 : « Ecritures »
• 14 h : « La nature hospitalière : l’art et la manière »
Gilles Teissonnières, Maître assistant associé à l’Ecole
Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, chercheur
associé au AM : HAUS.
Thierry Paquot, philosophe de l’urbain, Professeur des
universités, IUP/UPEC.
Anne Monjaret, Directrice de recherches - CNRS en ethnologie
et sociologie, IIAC-LAHIC (EHESS-CNRS).
Résumé : En 1982, Colette Pétonnet met en œuvre l’observation
flottante. Elle sera suivie par de nombreux ethnographes qui
appliqueront à leur tour cette méthode sur leur propre terrain.
De 1982 à aujourd’hui, quelle est l’actualité de cette technique ?
Peut-elle se concevoir de la même manière au regard d’un
monde qui a évolué ? Les conditions de l’observation auraientelles changé ? Ces questions seront traitées à partir de l’exposé
d’un terrain réalisé auprès des visiteurs de la Tour Eiffel.
Discutante : Françoise Zonabend, Directrice d’études à l’EHESS.
• 18 h 45 : Fin des débats.
Vendredi 4 Octobre 2013
• 9 h : Accueil – Café
• 9 h 30 : « Des “prolétaires” aux “sacrifiés”, l’ethnologie
comme subversion nécessaire des idées reçues à propos
des pauvres »
Daniel Terrolle, M.C. Anthropologie, Université Paris 8, AUS UMR 7218 LAVUE.
Résumé : Inclassable dans les courants théoriques habituels,
atypique car sans concession, l’ethnologie développée par
Colette Pétonnet à propos des populations pauvres qu’elle a
étudiées a subverti la compréhension habituelle de ces dernières.
Entre les « prolétaires » qu’elle désigne comme tels et les
« sacrifiables » dont elle démontre la signification sociale,
comment situer sa pensée singulière à ce propos ?
Discutant : Cédric Frétigné, Professeur des Universités,
Université Paris Est-Créteil Val de Marne, REV-CIRCEFT.
Résumé : Les jardins font et, plus encore, sont « l’âme de Paris »,
aurait pu dire Colette Pétonnet. Comme les cimetières, ils invitent
les citadins à la balade ou au recueillement. Certains se cachent
derrière les murs de nos institutions. Les jardins des hôpitaux
sont de ceux-là. C’est à ces « espaces habités » et à leur
végétation (réelle, artificielle et imagée) que nous nous
attacherons. C’est à l’art et la manière de faire et d’être bien dans
ces lieux de soin, à l’intérieur comme à l’extérieur, que nous nous
intéresserons. L’art est aussi ici à prendre au sens premier du
terme.
Lors de nos flâneries ethnographiques, de nos « observations
flottantes », dans quatre établissements parisiens dont
aujourd’hui trois ont fermé leurs portes, plusieurs questions se
sont imposées : quelle relation existe-t-il entre nature, art et lieu
de soin ? Comment cette relation se concrétise-t-elle ? Quelle
forme prend-elle ? Quels en sont les acteurs ? Quelle fonction
sociale et symbolique permet-elle d’interroger ?
Installations, art mural, art floral, art du jardin et du jardinage sont
autant d’actes créatifs ou plus modestement décoratifs, réalisés
par des jardiniers (artisans-ouvriers) ou des artistes mais aussi
par des infirmières ou des patient(e)s. Ils montrent les façons de
rendre la nature hospitalière au sein des hôpitaux. La nature
esthétisée humaniserait-elle ces lieux de souffrance ?
Discutante : Bernadette Lizet, Ethnologue, Directrice de
recherches au CNRS, UMR Eco-Anthropologie et Ethnobiologie/
MNHN.
LAU
Résumé : Quels rapports Colette entretenait-elle avec la lecture
et avec l’écriture, les deux allant souvent ensemble ? Sur ses
lectures nous ne disposons que des rares références en notes, il
est certain qu’elle lisait beaucoup plus et aussi des romans et de
la poésie. Elle appréciait les textes bien écrits et s’insurgeait
contre le jargon des uns et les formulations prétentieuses des
autres. Écrire « bien », pour elle, relevait de la politesse et d’une
possible rencontre. Le compliment de Bastide sera le point de
départ de mon intervention, suivi de la lecture de trois très courts
passages, qui donneront le « ton » de l’écriture méticuleuse,
soignée, choisie de Colette, et ce dans des registres différents.
Quelles sont les écritures des anthropologues ? J’en dresserai un
rapide et incomplet tableau limité au cas français avant d’y
positionner Colette. Puis je reviendrai sur ses lectures :
ethnologue de terrain, elle laisse à d’autres l’érudition,
l’élaboration de bibliographie impressionnante, pour se
concentrer sur ce qu’elle souhaite relater de son observation in
situ, sans nécessairement s’appuyer sur d’autres auteurs. Il est
alors envisageable de dresser sa bibliothèque, de repérer ses
goûts et de souligner, dans ses textes, les phrases dont elle était
fière... Restituer la parole juste de ces « gens-là » revient à porter
à l’écriture une attention toute particulière, car on « habite » aussi
sa langue tout autant qu’elle nous habite. Discutante : Françoise Dubost, Directrice de recherches
honoraire au CNRS.
• 17 h 45 : Conclusions : Patrick Williams, Directeur de
recherches CNRS, LAU-CNRS/IIAC-EHESS.
• 18 h : Apéritif de clôture
Téléchargement