Colette Pétonnet, L`observation flottante

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Gioacchino Peroni
Prof. : François Ruegg
Anthropologie Urbaine
27 avril 2016
Colette Pétonnet, L’observation flottante. L’exemple d’un cimetière parisien. In : L’Homme, 1982, tome 22
n°4. Etudes d’anthropologie urbaine, pp. 33-47
1. Colette Pétonnet (1929-2012)
- Ethnologue, élève de Roger Bastide. Méthode ethnographique basée sur l’écoute patiente et l’observation
attentive : terrains privilégiés en banlieue parisienne (Val-de-Marne).
« Toutes les informations nous sont parvenues directement, sans intermédiaire. Pour éviter d’établir des relations sur une base faussée, nous
nous sommes abstenus de toute intervention, de toute action pouvant prêter à confusion. Nous avons accordé aux faits et aux gestes des gens
autant d’importance qu’à leur parole, acceptant tout ce qui nous était donné de voir et d’entendre, sans forcer les retranchements, sans
questionnement, selon la méthode artisanale, lente, du déchiffrement ethnologique. Car toute leur manière d’être est un langage que ce livre
essaie de restituer ». (Pétonnet C., On est tous dans le brouillard cité par Paquot T., 2013)
2. La ville comme unité sociale, comme entité analytique séparée ? Pour une remise en question de
l’anthropologie urbaine
« C’est l’administration de la recherche qui étiquette « anthropologie urbaine » le laboratoire qu’elle monte avec Jacques Gutwirth
(1926-2012). Pour elle, l’anthropologie ne se divise pas, « elle vise à une compréhension de l’Homme en société, c’est dire si elle échappe à
tout procédé réductionniste… ». » (Paquot T., 2013)
- Limites des études des différents milieux dans la ville? Ville quasi superflue ou interférente
- Ville comme espace de liberté, de manque d’obligations de réciprocité, qui produit tout de même des
rencontres ?
« La méthode utilisée est celle que nous qualifions d’“observation flottante” et à laquelle nous nous essayons depuis quelque temps, au long
des trajets parisiens qu’imposent les activités quotidiennes ou le besoin de mouvement qu’éprouve le sédentaire. Elle consiste à rester en
toute circonstance vacant et disponible, à ne pas mobiliser l’attention sur un objet précis, mais à la laisser “flotter” afin que les informations
la pénètrent sans filtre, sans a priori, jusqu’à ce que des points de repères, des convergences apparaissent et que l’on parvienne alors à
découvrir des règles sous-jacentes ». (Pétonnet, p. 39)
3. Un espace, un terrain sélectionné au hasard ?
- Le cimetière comme parc public ? Lieux de tranquillité et de non consommation, apparemment en contraste et
en opposition à la ville moderne et au nerven-leben
4. Des rencontres aléatoires et hasardeuses aux ébauches d’hypothèses à abandonner rapidement
- Des usages insoupçonnés
- Le petit père et le cimetière comme instruction publique (livre ouvert de savoir et d’imaginaire ou l’on puise à
sa guise). Père-Lachaise comme encyclopédie : poésie, philosophie, histoire retransmises par culture orale
(présence de tout type de savoir vivifié par la voix des acteurs sauf religieux)
- Agrégations spontanées non-institutionnelles autour des soins aux chats du cimetière (secteur partagés,
organisations spatiale et opérationnelle). Connaissance et géographie du cimetière auto-construite et non
nomenclature officielle.
« Le chercheur n’a plus alors qu’une idée : retrouver le petit père. Mais de sa visite suivante, il rentre déprimé, furieux contre lui-même
d’avoir contrevenu à ses propres consignes : il ne s’est pas laissé flotter. Il n’a rien vu ni entendu, perdu parmi les tombes, trahi par sa
mémoire, indisponible parce qu’il cherchait le petit père, qui n’est pas venu. Toutes les rencontres au Père-Lachaise sont d’égale valeur. Si
nous voulons comprendre à quoi sert ce cimetière, il ne faut pas l’attendre d’un informateur privilégié. » (Pétonnet, p. 46)
5. Conclusions et ouvertures
Méthode comme miroir de la société ? Tout change, les objets construits n’existent déjà plus. Les flottements en
question n’iraient-ils pas de paire à une société qui re-propose sans cesse de la nouveauté à des rythmes de plus
en plus frénétiques ? Connaissance anecdotique ou connaissance détaillée ? Absence de critique de la totalité ?
Bibliographie
Paquot T., « Une anthropologue en ville : Colette Pétonnet (1929-2012) », Métropolitiques, 13 mars 2013.
URL : http://www.metropolitiques.eu/Une-anthropologue-en-ville-Colette.html
Pétonnet C., L’observation flottante. L’exemple d’un cimetière parisien. In : L’Homme, 1982, tome 22 n°4.
Etudes d’anthropologie urbaine, pp. 33-47
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