Sujet synthese EGC 2015 S1

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CONCOURS EGC LILLE 2015
EPREUVE DE SYNTHESE
Session du 14 février 2015
Durée 120 minutes
Présentation de l’épreuve
L’épreuve de synthèse d’une durée de 120 minutes permet
d’apprécier les aptitudes du candidat :
 à analyser des documents d’un dossier, en sélectionnant les
informations essentielles ;
 à comprendre les problématiques abordées dans les
documents et à synthétiser les informations les soutenant ;
 à exposer d’une façon claire et concise, en un maximum de
450 mots et 70 lignes, les idées-forces du dossier.
Le dossier est composé de quatre documents de type textes,
tableaux, ou graphiques. Le dossier ne comporte pas d’intitulé. Il
appartient au candidat de déterminer lui-même le ou les thèmes
communs aux documents proposés en donnant un titre à la note
de synthèse globale.
Règlement :
 Précise : Son objet est d’énoncer ce que sont, selon vous,
les idées-forces du dossier, et de traiter autour du thème
principal, les arguments développés.
 Structurée : Il convient d’analyser les documents, d’en
dégager les éléments essentiels puis de synthétiser ces
éléments afin de dégager les points-clés du dossier aux fins de
proposer une articulation des idées. Vous devez poser une
problématique puis articuler vos idées en deux parties auxquelles
vous attribuez un sous-titre.
Vous conclurez en exposant votre vision du problème.
Attention :
Une synthèse ne consiste pas à paraphraser ou à résumer
successivement les documents.
Vous devez être vigilant quant à la qualité de l’expression
écrite (style, grammaire, orthographe).
Notation
Les points seront répartis de la manière suivante :
Pour l’exercice de synthèse partielle noté sur 10 points (2 x 5
points) :
Pour cette épreuve, vous devez en 30 minutes, lire et analyser les
documents du dossier remis.
Au terme de cette lecture de 30 minutes, vous avez :
1. Identifier pour chaque question de synthèse partielle la
problématique soulevée :
1 point
2. Lire et exploiter les documents :
2 points
Sélectionner dans les documents les idées pertinentes
et s’y référer de manière explicite.
3. Formuler les idées avec concision et respecter les
règles d’orthographe et de grammaire :
2 points
1. 45 minutes pour répondre aux deux questions de synthèse
partielle
2. 45 minutes pour rédiger une note de synthèse globale des
documents du dossier.
La phase de lecture et de préparation : 30 minutes
Il est important durant cette phase de lecture de ne pas privilégier
un document au détriment d’un autre. Il s’agit pour le candidat de
lire et d’analyser tous les textes. Ce travail d’analyse demande
beaucoup d’attention, de vigilance et de rigueur quant à la
sélection de l’information. L’analyse des documents doit être
précise (ex : sources identifiées, citations exactes). A ce stade, le
candidat doit faire un ou plusieurs recoupements entre les
documents afin de mettre en évidence les différents aspects du
problème abordé dans le dossier.
Pour l’exercice de synthèse globale noté sur 10 points :
1. Introduire la problématique :
2 points
Formuler un titre correspondant au thème général ;
Formuler la problématique.
2. Lire et exploiter les documents :
2 points
Sélectionner les idées pertinentes selon la
problématique.
Se référer de manière explicite aux documents. Il ne
s'agit pas de recopier les documents. La paraphrase
sera pénalisée. Si une partie d’un document est citée,
elle doit l’être entre guillemets « … ».
3. Organiser les idées générales :
2 points
Formuler des sous-titres pour mettre en évidence le
plan.
Confronter les documents et classer les idées dans
chaque partie.
4. Rédiger :
2 points
Formuler les idées avec concision tout en précisant pour
chaque partie les documents utilisés et en respectant les
règles d’orthographe et de grammaire
5. Conclure :
2 points
Conclure brièvement sur le dossier tout en prenant position
personnellement
La phase de réponse aux questions de synthèse partielle :
45 minutes, 15 lignes et 100 mots maximum par question
Vous devez répondre aux deux questions ouvertes posées. Pour
chacune des questions, vous devez préciser le ou les numéros
de(s) document(s) qui vous auront permis de répondre. Cet
aspect formel est important.
La phase de rédaction de l’exercice de synthèse globale :
45 minutes, 15 lignes et 100 mots maximum par partie
10 lignes et 50 mots maximum pour la conclusion
Enfin, vous devez rédiger, une note de synthèse à laquelle vous
devez donner un titre (ce titre peut être le thème principal des
documents). La structure de la note de synthèse globale devra
être la suivante :
TITRE : 1 ligne
PROBLEMATIQUE : 2 lignes
er
1 Sous-titre 1 : 1 ligne
2e Sous-titre 2 : 1 ligne
• Conclusion : (50 mots)
La note de synthèse globale doit être brève, précise, structurée.
 Brève : elle ne doit pas excéder 250 mots.
ATTENTION : NE COMPOSER SUR LA FICHE DE
REPONSE QU’APRES AVOIR ECRIT LA VERSION
DEFINITIVE AU BROUILLON
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CONCOURS EGC LILLE 2015
PREMIER TEXTE
Pétrole bon marché : qui sont les gagnants et les
perdants en Afrique ?
Par Laurence Caramel - Lemonde.fr - 21.01.2015
De Dakar à Lagos en passant par Rabat ou Lusaka, il y a au moins
une bonne nouvelle que les Africains partagent en se rendant à la
station essence : les prix des carburants baissent. Et s’ils ne
possèdent pas de voitures, ils peuvent espérer que cette baisse se
traduira sur les tickets de transports qu’ils achètent pour se
déplacer, voire sur certaines marchandises.
Si plusieurs gouvernements comme celui du Nigeria ont tardé à
répercuter (en partie) l’effondrement des cours du pétrole, le
mouvement se généralise. Les cours de l’or noir ont été divisés par
deux depuis l’été et flottent depuis plusieurs semaines sous le seuil
des 50 dollars le baril, mettant brutalement un terme à quatre
années de « vaches grasses » pour les pays producteurs. Pour
ceux-là, - au nombre de dix-huit en Afrique - ce retournement est
évidemment une mauvaise nouvelle. Leurs budgets toujours très
dépendants des taxes liées à l’exploitation des hydrocarbures
accusent le coup : gel des investissements, tensions sur les
dépenses « ordinaires » parmi lesquelles le traitement des
fonctionnaires et les subventions accordées aux produits de
première nécessité ne sont pas les moindre.
Le Nigeria va devoir réviser son budget
Mardi 20 janvier, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la
baisse ses prévisions de croissance mondiale. L’Afrique n’échappe
pas à la tendance. Première économie du continent et premier
producteur de pétrole, le Nigeria enregistrerait une croissance du
PIB (produit intérieur brut) de 4,8 % en 2015 selon l’institution
financière internationale, qui a amputé sa prévision de 2,5 points par
rapport aux chiffres publiés en octobre. Au Nigeria, la chute des
cours s’ajoute à la perte du débouché américain où les huiles de
schiste se sont largement substituées aux hydrocarbures importés.
Le gouvernement nigérian qui avait construit son budget sur un baril
à 78 dollars a dû revoir sa copie. Même si l’introduction d’un
nouveau mode de calcul des comptes nationaux en 2014 a fait
apparaître une économie plus diversifiée, le budget de l’État
continue de dépendre pour près des deux tiers des recettes liées au
secteur pétrolier. Le ministère des Finances n’a pas caché qu’il lui
faudrait tailler dans les dépenses. À quelques semaines des
élections et alors que le pays doit faire face à de nouvelles
offensives de Boko Haram dans le nord du pays, le moment est
évidemment délicat.
Angola, République du Congo, Gabon, Guinée Équatoriale : à leur
échelle, l’équation dans ces pays est la même. Le Gabon et le
Congo avaient inscrit dans leurs comptes un baril proche de 100
dollars en 2015. Il faudra faire avec deux fois moins dans un
contexte social tendu et une contestation politique croissante à
l’encontre d’Ali Bongo et de Denis Sassou-Nguesso. Des élections
sont prévues dans ces deux pays en 2016.
Projets pétroliers : il est urgent d’attendre
« On va s’apercevoir que très peu de pays ont profité des bonnes
années pour diversifier leur économie et mettre en place les
investissements structurants dont le secteur privé a besoin pour se
développer » prévient Henri-Bernard Solignac-Lecomte, directeur de
l’unité Afrique, Europe et Moyen Orient de l’OCDE (Organisation de
coopération et de développement économique). Ce qui est vrai des
« vieux » pays pétroliers du continent l’est aussi des nouveaux
venus comme le Ghana où l’économie continue de reposer sur le
cacao, l’or et maintenant le pétrole.
Au cours des cinq dernières années, un tiers des nouvelles
découvertes d’hydrocarbures ont été réalisées en Afrique
subsaharienne, apportant de nouvelles promesses d’investissement
étranger à l’Angola, au Sénégal, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Liberia,
Sierra Leone. Mais dans un contexte mondial marqué par le
tassement de la demande, l’urgence est désormais… d’attendre.
« Combien de temps va durer cet épisode de pétrole bon marché ?
Dix-huit mois, deux ans, trois ans. Nous ne le savons pas »
reconnaît Guy Maurice, directeur Afrique de Total. Le premier
opérateur du continent assure « que les projets déjà lancés au
Nigeria, au Gabon, au Congo et en Angola ne seront pas arrêtés ».
Pour le reste, les intentions sont plus floues. La chasse aux
économies a, en tout cas, commencé. « Les coûts dans le secteur
se sont envolés ces dernières années. Nous avons alerté sur cette
situation dès 2013 en demandant à nos partenaires de faire des
efforts. Nous allons continuer car dans le contexte actuel, il est
indispensable que tout le monde soit autour de la table », poursuit
M. Maurice. Le message d’Aidan Heavey, le directeur exécutif de
l’entreprise britannique Tullow Oil, est identique. « L’augmentation
des taxes décidée par plusieurs gouvernements combinée à la
chute des cours menace la capacité à poursuivre l’exploration »,
déclarait-il récemment au Financial Times en citant le Kenya et la
Tanzanie.
Les tracas des rentiers du pétrole font en tout cas le bonheur de
ceux dont la facture énergétique s’était envolée. « En 2008, le pic
des prix des matières premières alimentaires et énergétiques avait
généré des tensions sociales très élevées », rappelle M. SolignacLecomte en s’appuyant sur l’indicateur de « tension civile » mesuré
par l’OCDE. Cet indicateur recense pays par pays le nombre de
grèves et de conflits sociaux relatés par les médias. Les données
pour 2014 ne seront disponibles que dans quelques semaines mais
fin 2013, « il se situait à un niveau deux fois plus élevé qu’en
2008 », précise l’expert de l’OCDE en se gardant de tirer des
conclusions.
L’exemple éthiopien
Pour la majorité des pays du continent, l’effondrement des prix du
brut apporte donc une bouffée d’air. Après les carburants… l’étape
suivante est attendue plus largement sur les produits de
consommation importés dont les prix sont en partie fixés par celui
des transports. De leur côté, les gouvernements peuvent saisir
l’aubaine de cette nouvelle donne pour alléger le poids des
subventions dont les budgets sont lourdement grevés. Le FMI
estime qu’en moyenne, elles représentent 3 % du PIB, autant chez
certains que les dépenses consacrées à la santé ou à l’éducation.
Le Maroc a fait un premier pas dans ce sens fin décembre. De son
côté, l’Éthiopie n’avait pas attendu ce retournement de la
conjoncture pour remettre en cause sa politique de soutien aux
énergies fossiles. Fin septembre, en même temps qu’elle annonçait
vouloir atteindre la neutralité carbone d’ici 2025 pour prendre sa part
à la lutte contre le changement climatique, elle supprimait toutes les
subventions. Ce choix radical n’est pas irréfléchi : en Afrique, les
énergies renouvelables et en particulier le solaire sont devenues des
alternatives compétitives. Et souvent bien mieux adaptées pour
donner accès à l’électricité à des populations dispersées sur de
vastes territoires.
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CONCOURS EGC LILLE 2015
DEUXIEME TEXTE
Pétrole et euro en baisse : une bonne nouvelle pour
l’Europe
Lejdd.fr – 06 janvier 2015
DÉCRYPTAGE – La baisse du prix du pétrole, conjuguée à celle
de l’euro devrait doper la compétitivité des entreprises
européennes. Tandis que les ménages de l’UE profiteraient
d’une augmentation de leur pouvoir d’achat.
Oubliez pacte de responsabilité et investissements d’avenirs... De
nombreuses prévisions l’indiquent : c’est l’évolution de la
conjoncture mondiale qui pourrait favoriser le retour de la croissance
en Europe et en France. Et en particulier, deux éléments décisifs : la
baisse du prix de l’euro et celle du prix du pétrole. La monnaie
unique atteint désormais le seuil de 1,20 dollar, soit un niveau inédit
depuis près de neuf ans. Et proche de son introduction contre le
dollar en 1999. Alors que les cours de l’or noir ont connu en 2014
leur année la plus basse depuis 2008.
En quoi cela aide les entreprises ?
Une baisse de la monnaie européenne représente un avantage
significatif pour toutes les entreprises qui produisent leurs biens ou
services dans la zone euro, et les exportent en dehors de celle-ci.
Elle leur permet de vendre plus facilement leurs produits, ou
d’augmenter leurs marges. Car ces produits deviennent moins chers
que ceux libellés en dollars. En résumé, une baisse de l’euro
favorise la "compétitivité prix" des entreprises européennes. Parmi
les secteurs concernés on cite le plus souvent l'automobile, le luxe,
le vin ou encore l'aéronautique. D’après une note publiée par le
Cepii (Centre de recherche français dans le domaine de l'économie
internationale), une baisse de 10% de l’euro par rapport à un pays
partenaire fait grimper la valeur des exportations d’une firme
exportatrice vers ce pays d’environ 6% en moyenne. Cette
augmentation est variable selon les secteurs. Elle serait par
exemple plus forte dans le secteur automobile (+8,4%) que dans
l’agroalimentaire (4,6%).
Autre bonne nouvelle pour les entreprises européennes : la baisse
des prix du pétrole leur permet de produire à moindre coût. Pour
2014, les économistes de Coe-Rexecode ont calculé que la chute
du prix du brut entraîne une baisse de la facture énergétique en
France de 5 milliards d’euros. Ce qui augmentera l’excédent
d’exploitation des entreprises de 1,2%. Les transports et l’industrie
seront les grands bénéficiaires de cette baisse. Pour l’industrie, la
baisse du prix du pétrole représente un impact positif de 2,9 % sur
les bénéfices du secteur dans son ensemble. Soit l’équivalent de 2
milliards d’euros. Bilan global : l'Insee a calculé que pour la France
une baisse de 10 dollars le baril de pétrole induit un surplus de
croissance de 0,1 % du PIB au bout d'un an. Alors que le recul
moyen de 5 % de l'euro (par rapport aux autres devises) entraîne un
surplus de 0,2 % du PIB et de 0,3 % de l'investissement.
Pourquoi les ménages y gagneront
Les ménages profiteront également de la baisse du pétrole, en
gagnant en pouvoir d’achat. Ils paieront moins cher le prix de leur
chauffage, et tous les produits dont la composition comprend du
pétrole. Le ministère de l’économie a ainsi estimé qu’une baisse de
20 dollars du baril entraînait un recul de l’inflation de 0,5 point la
première année, 0,7 point la deuxième puis 1,2 point l’année
suivante. "Comme de plus les impôts pèseraient moins fortement, le
pouvoir d’achat du revenu des ménages accélérerait de nouveau, ce
qui assurerait un certain regain de consommation au cours des
prochains trimestres", prévoit l’Insee dans sa note de conjoncture de
décembre 2014. La baisse du pétrole pourrait donc compenser les
effets sur les ménages de la baisse de l’euro. La chute de la valeur
de la monnaie a elle, en revanche, plutôt pour conséquence de
pénaliser les ménages, en faisant grimper les prix des produits
importés.
TROISIEME TEXTE
Pétrole : les fermetures de puits s'accélèrent aux ÉtatsUnis
Lefigaro.fr - Hayat Gazzane - 04/02/2015 Par Hayat Gazzane
INFOGRAPHIE - Plus de 90 puits ont cessé leurs activités en
l'espace d'une semaine, pénalisées par la récente dégringolade
des prix du pétrole. La production de schiste est
particulièrement touchée.
Les forages pétroliers américains ont de plus en plus de mal à
résister à la dégringolade des prix du baril. Selon le groupe
parapétrolier américain Baker Hughes, qui tient un décompte
hebdomadaire, 94 sites de forage pétroliers ont cessé leurs activités
au 30 janvier, soit une baisse de 7% en l'espace d'une semaine.
C'est la plus forte chute hebdomadaire jamais enregistrée depuis le
début de ces statistiques en 1987, comme l'ont signalé les experts
de Commerzbank.
Cette baisse historique amène le nombre total de sites encore actifs
aux États-Unis à 1223, 14% de moins qu'à fin janvier 2014. « Ce
nombre reste élevé. En revanche, on constate une chute très brutale
en l'espace de quelques mois », explique-t-on chez IFP Energies
nouvelles. En effet, les arrêts se sont brutalement accrus à partir
d'octobre. En quatre mois, les États-Unis ont stoppé près d'un quart
de leurs sites de pompage de brut.
Les données récoltées par Baker Hughes indiquent que les zones
les plus touchées sont celles qui extraient des hydrocarbures non
conventionnels. Le bassin Permien, qui s'étend sur l'ouest du Texas
et le sud-est du Nouveau-Mexique, a ainsi dû arrêter 27 de ses
forages en l'espace d'une semaine. Depuis fin janvier, les sites
emblématiques de la ruée vers l'or noir américain, Eagle Ford (sud
du Texas) et Williston (Dakota du Nord), comptent 36 et 31 platesformes de moins qu'il y a un an.
Les demandes de permis de forages chutent au Texas tandis que
les investissements s'affichent en baisse de 10 à 50% selon les
compagnies. Continental Resources, l'un des plus gros exploitants
du bassin de Bakken (Dakota du Nord), a déjà prévu de réduire le
nombre de puits de 30% d'ici à la fin du premier trimestre et de 40%
sur l'ensemble de l'année. Selon les analystes, si toute l'industrie du
schiste suit cet exemple, le nombre total de plates-formes aux ÉtatsUnis pourrait reculer sous les 1100 d'ici fin mars pour atteindre à
peine 950 à la fin de l'année.
Cette perspective de réduction de l'offre américaine, objectif
directement visé par l'Arabie Saoudite, a provoqué un sursaut sur
les marchés pétroliers. Mardi, le cours du baril de « light sweet
crude » (WTI) s'affichait à 51,14 dollars sur le New York Mercantile
Exchange (Nymex).
Mais selon les observateurs, il ne s'agit bien que d'un sursaut.
« L'ajustement de la production ne se fera pas immédiatement, on y
verra plus clair dans le courant de l'année », confirme Olivier Appert,
président de l'IFP Energies nouvelles. Par ailleurs, si certains
forages s'arrêtent, d'autre se poursuivent avec autant d'intensité
qu'avant la chute du baril. « Certaines compagnies ont couvert leur
production donc elles ne subissent pas encore l'effet de la baisse
des prix du baril. D'autres restent rentables, même avec un baril à
25 dollars ! Enfin, certains opérateurs offshores choisissent de
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CONCOURS EGC LILLE 2015
continuer de produire tant que le prix du baril couvre leurs dépenses
d'exploitation », précise Olivier Appert.
Résultat : la production de pétrole américaine ne devrait pas fléchir
avant 2016, selon l'agence américaine d'information sur l'Énergie
(EIA). En attendant, elle atteint encore des records à plus de 9,2
millions de barils par jour (mbj), du jamais vu depuis 1983. A cela
s'ajoute la production des pays de l'Opep, le cartel se refusant à
fermer ses robinets. Cette surabondance de l'offre et la faiblesse de
la demande mondiale ne permettent pas un retournement durable
de la situation à court terme, selon les analystes. Tout juste ces
derniers prévoient-ils une remontée des cours dans une fourchette
de 50 à 70 dollars cette année.
QUATRIEME TEXTE
L’étonnante révolution de 2014 : ce que la chute des
cours du pétrole peut changer
Slate.fr - Moisés Naím Traduit par Micha Cziffra EconomieMonde 13.12.2014
Peu de choses qui se passent dans le monde ont des
conséquences aussi importantes, diverses et internationales
que la chute des cours du pétrole.
Une dynamique révolutionnaire de redistribution mondiale des
revenus est en marche. Rien que ces six derniers mois, les cours du
pétrole ont chuté de 40%. Cela représente un transfert annuel
équivalent à 2% du PIB mondial qui va des producteurs aux
consommateurs. C’est un manque à gagner de 316 milliards de
dollars pour les pays membres de l’Organisation des pays
exportateurs de pétrole. Et l’Opep ne compte aujourd’hui que pour
35% du marché mondial (contre 50% en 1974). Les Etats de cette
organisation ainsi que d’autres pétro-Etats comme la Russie
subiront une considérable réduction de leurs revenus pétroliers, ce
qui les obligera à opérer de douloureux ajustements économiques.
Des économies pour les consommateurs
Du point de vue des consommateurs, les prix à la baisse du brut
dans le monde entier représentent une économie de plus de mille
milliards de dollars. Pour les Américains, cela équivaut à une
réduction d’impôts de 110 milliards de dollars. Pour la Chine,
chaque dollar de moins sur le prix du baril implique une économie
annuelle de 2,1 milliards de dollars. L’agriculture mondiale
bénéficiera aussi de cette tendance baissière. Un dollar de
production agricole consomme cinq fois plus d’énergie qu’un dollar
de production manufacturière.
On connaît les raisons de cette chute des prix de l’or noir. La
consommation d’énergie a diminué parce que la croissance de
l’économie mondiale est faible et que l’offre a augmenté de façon
spectaculaire grâce aux nouvelles technologies principalement
exploitées aux Etats-Unis. De 2008 à aujourd’hui, la production
pétrolière des Etats-Unis a cru de 80%. Cette croissance dépasse à
elle seule la production cumulée de chacun des pays de l’Opep,
moins l’Arabie saoudite.
Nul ne sait combien de temps durera cet épisode, mais il est évident
que les prix finiront par remonter si la consommation augmente ou si
la production baisse en raison de conflits internationaux, de troubles
sociaux, d’accidents climatiques ou d’événements d’une autre
nature.
L’un des indicateurs des prix est le marché des contrats à terme. La
commande d’un baril de pétrole pour 2020 coûte autour de 85
dollars. Or, le prix actuel est inférieur à 70 dollars le baril. Les
opérateurs internationaux les plus pessimistes proposent des
contrats de livraison pour décembre 2015 à un montant de 40
dollars le baril.
D’énormes répercussions si les prix restent bas
En tout état de cause, les experts s’accordent à dire que les prix du
pétrole resteront en dessous de la moyenne des trois dernières
années. Si tel est vraiment le cas, les conséquences seront d’une
ampleur considérable.
Le prix du pétrole pourrait avoir davantage d'impact en Iran que
les sanctions internationales qui le frappent déjà
Parmi les pays producteurs de pétrole, les plus sévèrement touchés
par la crise des prix bas seront le Venezuela et l’Iran. Dans la
mesure où le gouvernement vénézuélien n’a pas su gérer
l’économie alors que le prix du baril dépassait les 100 dollars, on
voit mal comment il pourrait mieux se débrouiller avec un baril à 62
dollars (le pétrole du Venezuela est le moins cher par rapport à la
moyenne mondiale). Pour couvrir ses dépenses publiques, Caracas
doit bénéficier d’un prix supérieur à 120 dollars par baril. Cette crise
pourrait contraindre le gouvernement du Venezuela à limiter ces
livraisons de pétrole à prix subventionné à ses voisins, créant alors
une grave crise économique à Cuba et en Jamaïque entre autres.
En Iran, la chute des revenus issus de ses exportations de pétrole
s’ajoute à des sanctions internationales qui handicapent déjà
sévèrement son économie. De fait, il est probable que ces faibles
cours du pétrole aient un plus fort impact que ces sanctions compte
tenu de l’importante part du pétrole dans les recettes de l’Etat.
Reste à voir si la crise économique poussera l’Iran à chercher un
accord nucléaire avec la communauté internationale pour tenter
d’obtenir un allègement ou une levée totale des sanctions. Mais le
Guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei, est capable de faire fi
de l’état de l’économie qui pénalise ses concitoyens et de se fonder
uniquement sur des calculs politiques pour prendre ses décisions.
La Russie connaît une situation du même ordre. Son économie
souffrait déjà de circonstances défavorables aux investissements,
d’une fuite massive des capitaux et des sanctions imposées par
l’Europe et les Etats-Unis. Sa monnaie s’est dévaluée, son marché
boursier s’est effondré, l’inflation est en hausse; le pays est entré en
récession. Autant dire que 2015 sera une rude année pour Vladimir
Poutine et encore plus pour le peuple russe.
Ce ne sont là que quelques-unes des conséquences de la chute des
prix du pétrole. Il y en a beaucoup d’autres, la plus importante étant
peut-être que de nombreuses sources d’énergie moins polluantes
(solaire, éolienne, etc.) deviendront plus chères et peu compétitives.
Cette situation n’encourage par ailleurs ni l’épargne, ni l’efficacité
énergétique. L’ironie de cette situation, c'est que même lorsque le
pétrole était cher, il n’y a pas eu de grande impulsion pour favoriser
les énergies renouvelables. On a imaginé au contraire de nouvelles
formes de production pétrolière.
Finalement, bien peu de choses qui se passent dans le monde ont
des conséquences d’une telle portée, aussi diverse et internationale,
que la chute des cours du baril de pétrole.
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