CONCOURS EGC LILLE 2015 EPREUVE DE SYNTHESE Session du 14 février 2015 Durée 120 minutes Présentation de l’épreuve L’épreuve de synthèse d’une durée de 120 minutes permet d’apprécier les aptitudes du candidat : à analyser des documents d’un dossier, en sélectionnant les informations essentielles ; à comprendre les problématiques abordées dans les documents et à synthétiser les informations les soutenant ; à exposer d’une façon claire et concise, en un maximum de 450 mots et 70 lignes, les idées-forces du dossier. Le dossier est composé de quatre documents de type textes, tableaux, ou graphiques. Le dossier ne comporte pas d’intitulé. Il appartient au candidat de déterminer lui-même le ou les thèmes communs aux documents proposés en donnant un titre à la note de synthèse globale. Règlement : Précise : Son objet est d’énoncer ce que sont, selon vous, les idées-forces du dossier, et de traiter autour du thème principal, les arguments développés. Structurée : Il convient d’analyser les documents, d’en dégager les éléments essentiels puis de synthétiser ces éléments afin de dégager les points-clés du dossier aux fins de proposer une articulation des idées. Vous devez poser une problématique puis articuler vos idées en deux parties auxquelles vous attribuez un sous-titre. Vous conclurez en exposant votre vision du problème. Attention : Une synthèse ne consiste pas à paraphraser ou à résumer successivement les documents. Vous devez être vigilant quant à la qualité de l’expression écrite (style, grammaire, orthographe). Notation Les points seront répartis de la manière suivante : Pour l’exercice de synthèse partielle noté sur 10 points (2 x 5 points) : Pour cette épreuve, vous devez en 30 minutes, lire et analyser les documents du dossier remis. Au terme de cette lecture de 30 minutes, vous avez : 1. Identifier pour chaque question de synthèse partielle la problématique soulevée : 1 point 2. Lire et exploiter les documents : 2 points Sélectionner dans les documents les idées pertinentes et s’y référer de manière explicite. 3. Formuler les idées avec concision et respecter les règles d’orthographe et de grammaire : 2 points 1. 45 minutes pour répondre aux deux questions de synthèse partielle 2. 45 minutes pour rédiger une note de synthèse globale des documents du dossier. La phase de lecture et de préparation : 30 minutes Il est important durant cette phase de lecture de ne pas privilégier un document au détriment d’un autre. Il s’agit pour le candidat de lire et d’analyser tous les textes. Ce travail d’analyse demande beaucoup d’attention, de vigilance et de rigueur quant à la sélection de l’information. L’analyse des documents doit être précise (ex : sources identifiées, citations exactes). A ce stade, le candidat doit faire un ou plusieurs recoupements entre les documents afin de mettre en évidence les différents aspects du problème abordé dans le dossier. Pour l’exercice de synthèse globale noté sur 10 points : 1. Introduire la problématique : 2 points Formuler un titre correspondant au thème général ; Formuler la problématique. 2. Lire et exploiter les documents : 2 points Sélectionner les idées pertinentes selon la problématique. Se référer de manière explicite aux documents. Il ne s'agit pas de recopier les documents. La paraphrase sera pénalisée. Si une partie d’un document est citée, elle doit l’être entre guillemets « … ». 3. Organiser les idées générales : 2 points Formuler des sous-titres pour mettre en évidence le plan. Confronter les documents et classer les idées dans chaque partie. 4. Rédiger : 2 points Formuler les idées avec concision tout en précisant pour chaque partie les documents utilisés et en respectant les règles d’orthographe et de grammaire 5. Conclure : 2 points Conclure brièvement sur le dossier tout en prenant position personnellement La phase de réponse aux questions de synthèse partielle : 45 minutes, 15 lignes et 100 mots maximum par question Vous devez répondre aux deux questions ouvertes posées. Pour chacune des questions, vous devez préciser le ou les numéros de(s) document(s) qui vous auront permis de répondre. Cet aspect formel est important. La phase de rédaction de l’exercice de synthèse globale : 45 minutes, 15 lignes et 100 mots maximum par partie 10 lignes et 50 mots maximum pour la conclusion Enfin, vous devez rédiger, une note de synthèse à laquelle vous devez donner un titre (ce titre peut être le thème principal des documents). La structure de la note de synthèse globale devra être la suivante : TITRE : 1 ligne PROBLEMATIQUE : 2 lignes er 1 Sous-titre 1 : 1 ligne 2e Sous-titre 2 : 1 ligne • Conclusion : (50 mots) La note de synthèse globale doit être brève, précise, structurée. Brève : elle ne doit pas excéder 250 mots. ATTENTION : NE COMPOSER SUR LA FICHE DE REPONSE QU’APRES AVOIR ECRIT LA VERSION DEFINITIVE AU BROUILLON Page 1 sur 4 CONCOURS EGC LILLE 2015 PREMIER TEXTE Pétrole bon marché : qui sont les gagnants et les perdants en Afrique ? Par Laurence Caramel - Lemonde.fr - 21.01.2015 De Dakar à Lagos en passant par Rabat ou Lusaka, il y a au moins une bonne nouvelle que les Africains partagent en se rendant à la station essence : les prix des carburants baissent. Et s’ils ne possèdent pas de voitures, ils peuvent espérer que cette baisse se traduira sur les tickets de transports qu’ils achètent pour se déplacer, voire sur certaines marchandises. Si plusieurs gouvernements comme celui du Nigeria ont tardé à répercuter (en partie) l’effondrement des cours du pétrole, le mouvement se généralise. Les cours de l’or noir ont été divisés par deux depuis l’été et flottent depuis plusieurs semaines sous le seuil des 50 dollars le baril, mettant brutalement un terme à quatre années de « vaches grasses » pour les pays producteurs. Pour ceux-là, - au nombre de dix-huit en Afrique - ce retournement est évidemment une mauvaise nouvelle. Leurs budgets toujours très dépendants des taxes liées à l’exploitation des hydrocarbures accusent le coup : gel des investissements, tensions sur les dépenses « ordinaires » parmi lesquelles le traitement des fonctionnaires et les subventions accordées aux produits de première nécessité ne sont pas les moindre. Le Nigeria va devoir réviser son budget Mardi 20 janvier, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale. L’Afrique n’échappe pas à la tendance. Première économie du continent et premier producteur de pétrole, le Nigeria enregistrerait une croissance du PIB (produit intérieur brut) de 4,8 % en 2015 selon l’institution financière internationale, qui a amputé sa prévision de 2,5 points par rapport aux chiffres publiés en octobre. Au Nigeria, la chute des cours s’ajoute à la perte du débouché américain où les huiles de schiste se sont largement substituées aux hydrocarbures importés. Le gouvernement nigérian qui avait construit son budget sur un baril à 78 dollars a dû revoir sa copie. Même si l’introduction d’un nouveau mode de calcul des comptes nationaux en 2014 a fait apparaître une économie plus diversifiée, le budget de l’État continue de dépendre pour près des deux tiers des recettes liées au secteur pétrolier. Le ministère des Finances n’a pas caché qu’il lui faudrait tailler dans les dépenses. À quelques semaines des élections et alors que le pays doit faire face à de nouvelles offensives de Boko Haram dans le nord du pays, le moment est évidemment délicat. Angola, République du Congo, Gabon, Guinée Équatoriale : à leur échelle, l’équation dans ces pays est la même. Le Gabon et le Congo avaient inscrit dans leurs comptes un baril proche de 100 dollars en 2015. Il faudra faire avec deux fois moins dans un contexte social tendu et une contestation politique croissante à l’encontre d’Ali Bongo et de Denis Sassou-Nguesso. Des élections sont prévues dans ces deux pays en 2016. Projets pétroliers : il est urgent d’attendre « On va s’apercevoir que très peu de pays ont profité des bonnes années pour diversifier leur économie et mettre en place les investissements structurants dont le secteur privé a besoin pour se développer » prévient Henri-Bernard Solignac-Lecomte, directeur de l’unité Afrique, Europe et Moyen Orient de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique). Ce qui est vrai des « vieux » pays pétroliers du continent l’est aussi des nouveaux venus comme le Ghana où l’économie continue de reposer sur le cacao, l’or et maintenant le pétrole. Au cours des cinq dernières années, un tiers des nouvelles découvertes d’hydrocarbures ont été réalisées en Afrique subsaharienne, apportant de nouvelles promesses d’investissement étranger à l’Angola, au Sénégal, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone. Mais dans un contexte mondial marqué par le tassement de la demande, l’urgence est désormais… d’attendre. « Combien de temps va durer cet épisode de pétrole bon marché ? Dix-huit mois, deux ans, trois ans. Nous ne le savons pas » reconnaît Guy Maurice, directeur Afrique de Total. Le premier opérateur du continent assure « que les projets déjà lancés au Nigeria, au Gabon, au Congo et en Angola ne seront pas arrêtés ». Pour le reste, les intentions sont plus floues. La chasse aux économies a, en tout cas, commencé. « Les coûts dans le secteur se sont envolés ces dernières années. Nous avons alerté sur cette situation dès 2013 en demandant à nos partenaires de faire des efforts. Nous allons continuer car dans le contexte actuel, il est indispensable que tout le monde soit autour de la table », poursuit M. Maurice. Le message d’Aidan Heavey, le directeur exécutif de l’entreprise britannique Tullow Oil, est identique. « L’augmentation des taxes décidée par plusieurs gouvernements combinée à la chute des cours menace la capacité à poursuivre l’exploration », déclarait-il récemment au Financial Times en citant le Kenya et la Tanzanie. Les tracas des rentiers du pétrole font en tout cas le bonheur de ceux dont la facture énergétique s’était envolée. « En 2008, le pic des prix des matières premières alimentaires et énergétiques avait généré des tensions sociales très élevées », rappelle M. SolignacLecomte en s’appuyant sur l’indicateur de « tension civile » mesuré par l’OCDE. Cet indicateur recense pays par pays le nombre de grèves et de conflits sociaux relatés par les médias. Les données pour 2014 ne seront disponibles que dans quelques semaines mais fin 2013, « il se situait à un niveau deux fois plus élevé qu’en 2008 », précise l’expert de l’OCDE en se gardant de tirer des conclusions. L’exemple éthiopien Pour la majorité des pays du continent, l’effondrement des prix du brut apporte donc une bouffée d’air. Après les carburants… l’étape suivante est attendue plus largement sur les produits de consommation importés dont les prix sont en partie fixés par celui des transports. De leur côté, les gouvernements peuvent saisir l’aubaine de cette nouvelle donne pour alléger le poids des subventions dont les budgets sont lourdement grevés. Le FMI estime qu’en moyenne, elles représentent 3 % du PIB, autant chez certains que les dépenses consacrées à la santé ou à l’éducation. Le Maroc a fait un premier pas dans ce sens fin décembre. De son côté, l’Éthiopie n’avait pas attendu ce retournement de la conjoncture pour remettre en cause sa politique de soutien aux énergies fossiles. Fin septembre, en même temps qu’elle annonçait vouloir atteindre la neutralité carbone d’ici 2025 pour prendre sa part à la lutte contre le changement climatique, elle supprimait toutes les subventions. Ce choix radical n’est pas irréfléchi : en Afrique, les énergies renouvelables et en particulier le solaire sont devenues des alternatives compétitives. Et souvent bien mieux adaptées pour donner accès à l’électricité à des populations dispersées sur de vastes territoires. Page 2 sur 4 CONCOURS EGC LILLE 2015 DEUXIEME TEXTE Pétrole et euro en baisse : une bonne nouvelle pour l’Europe Lejdd.fr – 06 janvier 2015 DÉCRYPTAGE – La baisse du prix du pétrole, conjuguée à celle de l’euro devrait doper la compétitivité des entreprises européennes. Tandis que les ménages de l’UE profiteraient d’une augmentation de leur pouvoir d’achat. Oubliez pacte de responsabilité et investissements d’avenirs... De nombreuses prévisions l’indiquent : c’est l’évolution de la conjoncture mondiale qui pourrait favoriser le retour de la croissance en Europe et en France. Et en particulier, deux éléments décisifs : la baisse du prix de l’euro et celle du prix du pétrole. La monnaie unique atteint désormais le seuil de 1,20 dollar, soit un niveau inédit depuis près de neuf ans. Et proche de son introduction contre le dollar en 1999. Alors que les cours de l’or noir ont connu en 2014 leur année la plus basse depuis 2008. En quoi cela aide les entreprises ? Une baisse de la monnaie européenne représente un avantage significatif pour toutes les entreprises qui produisent leurs biens ou services dans la zone euro, et les exportent en dehors de celle-ci. Elle leur permet de vendre plus facilement leurs produits, ou d’augmenter leurs marges. Car ces produits deviennent moins chers que ceux libellés en dollars. En résumé, une baisse de l’euro favorise la "compétitivité prix" des entreprises européennes. Parmi les secteurs concernés on cite le plus souvent l'automobile, le luxe, le vin ou encore l'aéronautique. D’après une note publiée par le Cepii (Centre de recherche français dans le domaine de l'économie internationale), une baisse de 10% de l’euro par rapport à un pays partenaire fait grimper la valeur des exportations d’une firme exportatrice vers ce pays d’environ 6% en moyenne. Cette augmentation est variable selon les secteurs. Elle serait par exemple plus forte dans le secteur automobile (+8,4%) que dans l’agroalimentaire (4,6%). Autre bonne nouvelle pour les entreprises européennes : la baisse des prix du pétrole leur permet de produire à moindre coût. Pour 2014, les économistes de Coe-Rexecode ont calculé que la chute du prix du brut entraîne une baisse de la facture énergétique en France de 5 milliards d’euros. Ce qui augmentera l’excédent d’exploitation des entreprises de 1,2%. Les transports et l’industrie seront les grands bénéficiaires de cette baisse. Pour l’industrie, la baisse du prix du pétrole représente un impact positif de 2,9 % sur les bénéfices du secteur dans son ensemble. Soit l’équivalent de 2 milliards d’euros. Bilan global : l'Insee a calculé que pour la France une baisse de 10 dollars le baril de pétrole induit un surplus de croissance de 0,1 % du PIB au bout d'un an. Alors que le recul moyen de 5 % de l'euro (par rapport aux autres devises) entraîne un surplus de 0,2 % du PIB et de 0,3 % de l'investissement. Pourquoi les ménages y gagneront Les ménages profiteront également de la baisse du pétrole, en gagnant en pouvoir d’achat. Ils paieront moins cher le prix de leur chauffage, et tous les produits dont la composition comprend du pétrole. Le ministère de l’économie a ainsi estimé qu’une baisse de 20 dollars du baril entraînait un recul de l’inflation de 0,5 point la première année, 0,7 point la deuxième puis 1,2 point l’année suivante. "Comme de plus les impôts pèseraient moins fortement, le pouvoir d’achat du revenu des ménages accélérerait de nouveau, ce qui assurerait un certain regain de consommation au cours des prochains trimestres", prévoit l’Insee dans sa note de conjoncture de décembre 2014. La baisse du pétrole pourrait donc compenser les effets sur les ménages de la baisse de l’euro. La chute de la valeur de la monnaie a elle, en revanche, plutôt pour conséquence de pénaliser les ménages, en faisant grimper les prix des produits importés. TROISIEME TEXTE Pétrole : les fermetures de puits s'accélèrent aux ÉtatsUnis Lefigaro.fr - Hayat Gazzane - 04/02/2015 Par Hayat Gazzane INFOGRAPHIE - Plus de 90 puits ont cessé leurs activités en l'espace d'une semaine, pénalisées par la récente dégringolade des prix du pétrole. La production de schiste est particulièrement touchée. Les forages pétroliers américains ont de plus en plus de mal à résister à la dégringolade des prix du baril. Selon le groupe parapétrolier américain Baker Hughes, qui tient un décompte hebdomadaire, 94 sites de forage pétroliers ont cessé leurs activités au 30 janvier, soit une baisse de 7% en l'espace d'une semaine. C'est la plus forte chute hebdomadaire jamais enregistrée depuis le début de ces statistiques en 1987, comme l'ont signalé les experts de Commerzbank. Cette baisse historique amène le nombre total de sites encore actifs aux États-Unis à 1223, 14% de moins qu'à fin janvier 2014. « Ce nombre reste élevé. En revanche, on constate une chute très brutale en l'espace de quelques mois », explique-t-on chez IFP Energies nouvelles. En effet, les arrêts se sont brutalement accrus à partir d'octobre. En quatre mois, les États-Unis ont stoppé près d'un quart de leurs sites de pompage de brut. Les données récoltées par Baker Hughes indiquent que les zones les plus touchées sont celles qui extraient des hydrocarbures non conventionnels. Le bassin Permien, qui s'étend sur l'ouest du Texas et le sud-est du Nouveau-Mexique, a ainsi dû arrêter 27 de ses forages en l'espace d'une semaine. Depuis fin janvier, les sites emblématiques de la ruée vers l'or noir américain, Eagle Ford (sud du Texas) et Williston (Dakota du Nord), comptent 36 et 31 platesformes de moins qu'il y a un an. Les demandes de permis de forages chutent au Texas tandis que les investissements s'affichent en baisse de 10 à 50% selon les compagnies. Continental Resources, l'un des plus gros exploitants du bassin de Bakken (Dakota du Nord), a déjà prévu de réduire le nombre de puits de 30% d'ici à la fin du premier trimestre et de 40% sur l'ensemble de l'année. Selon les analystes, si toute l'industrie du schiste suit cet exemple, le nombre total de plates-formes aux ÉtatsUnis pourrait reculer sous les 1100 d'ici fin mars pour atteindre à peine 950 à la fin de l'année. Cette perspective de réduction de l'offre américaine, objectif directement visé par l'Arabie Saoudite, a provoqué un sursaut sur les marchés pétroliers. Mardi, le cours du baril de « light sweet crude » (WTI) s'affichait à 51,14 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Mais selon les observateurs, il ne s'agit bien que d'un sursaut. « L'ajustement de la production ne se fera pas immédiatement, on y verra plus clair dans le courant de l'année », confirme Olivier Appert, président de l'IFP Energies nouvelles. Par ailleurs, si certains forages s'arrêtent, d'autre se poursuivent avec autant d'intensité qu'avant la chute du baril. « Certaines compagnies ont couvert leur production donc elles ne subissent pas encore l'effet de la baisse des prix du baril. D'autres restent rentables, même avec un baril à 25 dollars ! Enfin, certains opérateurs offshores choisissent de Page 3 sur 4 CONCOURS EGC LILLE 2015 continuer de produire tant que le prix du baril couvre leurs dépenses d'exploitation », précise Olivier Appert. Résultat : la production de pétrole américaine ne devrait pas fléchir avant 2016, selon l'agence américaine d'information sur l'Énergie (EIA). En attendant, elle atteint encore des records à plus de 9,2 millions de barils par jour (mbj), du jamais vu depuis 1983. A cela s'ajoute la production des pays de l'Opep, le cartel se refusant à fermer ses robinets. Cette surabondance de l'offre et la faiblesse de la demande mondiale ne permettent pas un retournement durable de la situation à court terme, selon les analystes. Tout juste ces derniers prévoient-ils une remontée des cours dans une fourchette de 50 à 70 dollars cette année. QUATRIEME TEXTE L’étonnante révolution de 2014 : ce que la chute des cours du pétrole peut changer Slate.fr - Moisés Naím Traduit par Micha Cziffra EconomieMonde 13.12.2014 Peu de choses qui se passent dans le monde ont des conséquences aussi importantes, diverses et internationales que la chute des cours du pétrole. Une dynamique révolutionnaire de redistribution mondiale des revenus est en marche. Rien que ces six derniers mois, les cours du pétrole ont chuté de 40%. Cela représente un transfert annuel équivalent à 2% du PIB mondial qui va des producteurs aux consommateurs. C’est un manque à gagner de 316 milliards de dollars pour les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole. Et l’Opep ne compte aujourd’hui que pour 35% du marché mondial (contre 50% en 1974). Les Etats de cette organisation ainsi que d’autres pétro-Etats comme la Russie subiront une considérable réduction de leurs revenus pétroliers, ce qui les obligera à opérer de douloureux ajustements économiques. Des économies pour les consommateurs Du point de vue des consommateurs, les prix à la baisse du brut dans le monde entier représentent une économie de plus de mille milliards de dollars. Pour les Américains, cela équivaut à une réduction d’impôts de 110 milliards de dollars. Pour la Chine, chaque dollar de moins sur le prix du baril implique une économie annuelle de 2,1 milliards de dollars. L’agriculture mondiale bénéficiera aussi de cette tendance baissière. Un dollar de production agricole consomme cinq fois plus d’énergie qu’un dollar de production manufacturière. On connaît les raisons de cette chute des prix de l’or noir. La consommation d’énergie a diminué parce que la croissance de l’économie mondiale est faible et que l’offre a augmenté de façon spectaculaire grâce aux nouvelles technologies principalement exploitées aux Etats-Unis. De 2008 à aujourd’hui, la production pétrolière des Etats-Unis a cru de 80%. Cette croissance dépasse à elle seule la production cumulée de chacun des pays de l’Opep, moins l’Arabie saoudite. Nul ne sait combien de temps durera cet épisode, mais il est évident que les prix finiront par remonter si la consommation augmente ou si la production baisse en raison de conflits internationaux, de troubles sociaux, d’accidents climatiques ou d’événements d’une autre nature. L’un des indicateurs des prix est le marché des contrats à terme. La commande d’un baril de pétrole pour 2020 coûte autour de 85 dollars. Or, le prix actuel est inférieur à 70 dollars le baril. Les opérateurs internationaux les plus pessimistes proposent des contrats de livraison pour décembre 2015 à un montant de 40 dollars le baril. D’énormes répercussions si les prix restent bas En tout état de cause, les experts s’accordent à dire que les prix du pétrole resteront en dessous de la moyenne des trois dernières années. Si tel est vraiment le cas, les conséquences seront d’une ampleur considérable. Le prix du pétrole pourrait avoir davantage d'impact en Iran que les sanctions internationales qui le frappent déjà Parmi les pays producteurs de pétrole, les plus sévèrement touchés par la crise des prix bas seront le Venezuela et l’Iran. Dans la mesure où le gouvernement vénézuélien n’a pas su gérer l’économie alors que le prix du baril dépassait les 100 dollars, on voit mal comment il pourrait mieux se débrouiller avec un baril à 62 dollars (le pétrole du Venezuela est le moins cher par rapport à la moyenne mondiale). Pour couvrir ses dépenses publiques, Caracas doit bénéficier d’un prix supérieur à 120 dollars par baril. Cette crise pourrait contraindre le gouvernement du Venezuela à limiter ces livraisons de pétrole à prix subventionné à ses voisins, créant alors une grave crise économique à Cuba et en Jamaïque entre autres. En Iran, la chute des revenus issus de ses exportations de pétrole s’ajoute à des sanctions internationales qui handicapent déjà sévèrement son économie. De fait, il est probable que ces faibles cours du pétrole aient un plus fort impact que ces sanctions compte tenu de l’importante part du pétrole dans les recettes de l’Etat. Reste à voir si la crise économique poussera l’Iran à chercher un accord nucléaire avec la communauté internationale pour tenter d’obtenir un allègement ou une levée totale des sanctions. Mais le Guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei, est capable de faire fi de l’état de l’économie qui pénalise ses concitoyens et de se fonder uniquement sur des calculs politiques pour prendre ses décisions. La Russie connaît une situation du même ordre. Son économie souffrait déjà de circonstances défavorables aux investissements, d’une fuite massive des capitaux et des sanctions imposées par l’Europe et les Etats-Unis. Sa monnaie s’est dévaluée, son marché boursier s’est effondré, l’inflation est en hausse; le pays est entré en récession. Autant dire que 2015 sera une rude année pour Vladimir Poutine et encore plus pour le peuple russe. Ce ne sont là que quelques-unes des conséquences de la chute des prix du pétrole. Il y en a beaucoup d’autres, la plus importante étant peut-être que de nombreuses sources d’énergie moins polluantes (solaire, éolienne, etc.) deviendront plus chères et peu compétitives. Cette situation n’encourage par ailleurs ni l’épargne, ni l’efficacité énergétique. L’ironie de cette situation, c'est que même lorsque le pétrole était cher, il n’y a pas eu de grande impulsion pour favoriser les énergies renouvelables. On a imaginé au contraire de nouvelles formes de production pétrolière. Finalement, bien peu de choses qui se passent dans le monde ont des conséquences d’une telle portée, aussi diverse et internationale, que la chute des cours du baril de pétrole. Page 4 sur 4