VU DE FRANCE REMY NELSON/ÉGLISE 54 À Nancy, les catholiques se forment pour évangéliser leur quartier Trente-sept paroissiens ont accepté de «partir en mission» dans leur quartier, jusqu’à Noël. Ojectif : oser aller rencontrer les habitants pour leur proposer la foi chrétienne. d Dans la capitale de la Lorraine, des paroissiens ont suivi une « école de la mission » avant de partir à la rencontre des habitants et travailleurs du quartier Rives-de-Meurthe, en pleine restructuration. NANCY De notre correspondante régionale La perspective les effraie, pourtant ils ont dit oui, bien plus nombreux qu’espéré. Trente-sept paroissiens de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, au centre-ville de Nancy, partent ces jours-ci en mission, dans leur propre quartier, celui des Rives-deMeurthe. Objectif : écouter les habitants et leur proposer la foi chrétienne. Jusqu’à Noël, par deux, ils vont les interpeller dans les espaces publics, leur proposer des rencontres en petits groupes, autour d’un café ou d’un repas, la découverte de la crèche installée dans l’église centrale de leur quartier, un concert ou encore la célébration de Noël. « Nous allons commencer doucement, comme toutes les choses que l’on n’aime pas fai re. Nous sommes tous un peu timides. En tant que médecin, j’ai l’habitude de communiquer mais là, le cadre est très différent. Heureusement, la formation nous aide », confie Éric, 55 ans. Il vient de suivre quatre cours du soir et un week-end de préparation. Cette « école de la mission », obligatoire pour les participants, était capitale pour les initiateurs du projet, le P. Guy Lescanne et le P. Yves Habert deux des trois prêtres de la paroisse. « Le but est qu’ils se sentent confortés, sinon ils vont se se faire rembarrer et ensuiteil n’y aura plus personne », explique le P. Yves, religieux dominicain. À chaque séance, ils ont réfléchi, texte d’Évangile à l’appui, à une dimension de Jésus : celui qui écoute, celui qui prie, celui qui enseigne, et celui qui soigne. « Si les personnes vous parlent de leurs maladies, priez pour eux. Si un malade demande une visite, il faut absolument y aller. Là vous ferez le métier de Jésus », encourage le P. Yves, tout en mettant en garde : « Vous allez rencontrer des gens qui ont été choqués par la dimension très doloriste de l’Église. Rappelez alors, par exemple, le sens profond du sacrement des malades ». Ils partiront notamment avec des dépliants thématiques ou encore l’Évangile de Mathieu à distribuer. Pour faciliter le dialogue avec leurs interlocuteurs, ils pourront aussi leur demander, questionnaires en main, ce qui les réjouit, les inquiète, ce en quoi ils croient, ou encore les questions qu’ils voudraient poser aux chrétiens. « C’est important qu’ils vous voient noter leurs mots, pas juste l’idée générale. N’interprétez pas, enjoint le P. Guy Lescanne. Si quelqu’un exprime un cri de colère sur l’Église, écrivez-le. Nous accueillons tout ce qui est dit. » Pêle-mêle, il conseille aussi de se présenter clairement, comme venant de l’Église catholique, d’adopter un ton paisible, de sourire. Le week-end dernier, les missionnaires se sont réparti les rues, ont testé la méthode, en ont tiré les leçons, mais aussi prié. S’ils ont appris des astuces, c’est l’état d’esprit de la démarche qui leur a surtout été rappelé. Quand Pascale confie vouloir avant tout « convertir, laisser un message », le P. Lescanne rappelle : « Nous y allons aussi pour entendre une bonne nouvelle. Nous n’allons pas apporter le Christ, mais le reconnaître. » ÉLISE DESCAMPS