Epreuve N° 1 Analyse de textes contemporains Durée de l’épreuve : 2h Le sujet est à rendre obligatoirement à la fin de l’épreuve AMIENS.BORDEAUX.GRENOBLE.LILLE.LYON.MONTPELLIER.NANTES.NICE.PARIS.TOULOUSE CORK (IRLANDE).SANTANDER (ESPAGNE).BRNO (REPUBLIQUE TCHEQUE) 1 SYNTHESE DE DOCUMENTS : LA LIBERTE Vous ferez des six documents suivants une synthèse concise et ordonnée et donnerez brièvement votre avis dans une conclusion personnelle. Document 1- La liberté In Dictionnaire Larousse Document 2- La liberté en philosophie In La philosophie.com Document 3- Qu’est-ce que la liberté ? Entretien avec J. Krishnamurti in Site Francophone Association KRISHNAMURTI Document 4 – Les limites de la liberté In Vie Publique.fr Document 5 - A quelles restrictions le droit à la liberté d’expression peut-il être soumis ? In ARTICLE 19 Document 6- Liberté Intérieure Mathieu Ricard Moine Bouddhiste in Blog 25 juillet 2010 Document 1- La liberté In Dictionnaire Larousse État de quelqu'un qui n'est pas soumis à un maître : Donner sa liberté à un esclave. Condition d'un peuple qui se gouverne en pleine souveraineté : Liberté politique. Droit reconnu par la loi dans certains domaines, état de ce qui n'est pas soumis au pouvoir politique, qui ne fait pas l'objet de pressions : La liberté de la presse. Situation de quelqu'un qui se détermine en dehors de toute pression extérieure ou de tout préjugé : Avoir sa liberté de pensée. Possibilité d'agir selon ses propres choix, sans avoir à en référer à une autorité quelconque : On lui laisse trop peu de liberté. État de quelqu'un qui n'est pas lié par un engagement d'ordre contractuel, conjugal ou sentimental : Il a quitté sa femme et repris sa liberté. Temps libre, dont on peut disposer à son gré : Ne pas avoir un instant de liberté. État de quelqu'un ou d'un animal qui n'est pas retenu prisonnier : Un parc national où les animaux vivent en liberté. Situation psychologique de quelqu'un qui ne se sent pas contraint, gêné dans sa relation avec quelqu'un d'autre : S'expliquer en toute liberté avec quelqu'un. Manière d'agir de quelqu'un qui ne s'encombre pas de scrupules : Être blâmé pour la liberté de sa conduite. Écart d'une interprétation, d'une adaptation, etc., par rapport aux faits réels ou au texte original : Une trop grande liberté dans la traduction. État de ce qui n'est pas étroitement contrôlé, soumis à une réglementation sévère : Instaurer la liberté des prix industriels. Caractère de ce qui relève de l'initiative privée : Liberté d'entreprise. Document 2- La liberté en philosophie In La philosophie.com La liberté est une notion clé en philosophie. Elle se définit, négativement, comme l’absence de contrainte; positivement comme l’état de celui qui fait ce qu’il veut. La liberté est étonnamment un concept assez moderne, puisque les Grecs en parlait peu, considérant que l’homme devait plutôt refléter le cosmos plutôt que d’obéir à ses propres aspirations. Ce sont les Modernes, à partir de Kierkegaard et Sartre, qui ont fait de la liberté un sujet majeur de réflexion … Document 3- Qu’est-ce que la liberté ? Entretien avec J. Krishnamurti in Site Francophone Assoication KRISHNAMURTI K : De nombreux philosophes ont écrit sur la liberté. Nous parlons de la liberté - celle de faire ce qui nous plaît -, d’avoir le travail qui nous plaît, la liberté de choisir un homme ou une femme, la liberté de lire n’importe quel livre ou bien celle de ne pas lire du tout. Nous sommes libres, et que faisonsnous de cette liberté ? Nous nous en servons pour nous exprimer, pour faire tout ce qui nous plaît. La vie devient de plus en plus laxiste : vous pouvez avoir des rapports sexuels dans un parc ou un jardin publics. Nous jouissons de toutes sortes de libertés, et qu’en avons-nous fait ? On pense que là où il y a choix, il y a liberté. Je peux me rendre en Italie ou en France, c’est un choix. Mais celui-ci donne-t-il la liberté ? Pourquoi devons-nous choisir ? Si vous êtes très lucide, que votre perception est pure, il n’y a pas de choix. C’est de là que dérive l’action juste. Ce n’est que dans le doute et l’incertitude que nous commençons à choisir. Donc, si vous me permettez de le dire, le choix empêche la liberté. Les états totalitaires n’accordent aucune liberté parce qu’à leur idée, la liberté amène la dégénérescence de l’homme. En conséquence, ils contrôlent, répriment, vous savez ce qui se passe. Donc, qu’est-ce que la liberté ? Se fonde-t-elle sur le choix ? Est-ce de faire exactement ce qui nous plaît ? Certains psychologues disent : si vous ressentez quelque chose, ne le réprimez pas, ne l’entravez pas, ne le maîtrisez pas, mais exprimez-le immédiatement. Nous faisons cela très bien, trop bien. Cela s’appelle aussi la liberté. Est-ce que lancer une bombe est une forme de liberté ? Voyez à quoi nous l’avons réduite ! La liberté se trouve-t-elle là-bas, ou ici ? Où commencez-vous à la chercher ? Dans le monde extérieur, où vous exprimez tout ce qui vous plaît - la prétendue liberté individuelle ? Ou bien la liberté débute-t-elle intérieurement pour s’exprimer par la suite intelligemment au-dehors ? Comprenez-vous ma question ? La liberté n’existe que s’il n’y a pas de confusion en moi, si du point de vue psychologique et religieux je ne peux être pris à aucun piège vous comprenez ? Et si je suis dans un état de confusion et de désordre, ne dois-je pas commencer par me libérer de ce désordre avant de parler de liberté ? Si je n’ai pas de relation avec ma femme, mon mari ou quelqu’un d’autre - parce que nos rapports se fondent sur des images - il y a conflit, ce qui est inévitable là où il y a division. Donc, ne dois-je pas commencer ici, à l’intérieur de moi-même, dans mon esprit, dans mon cœur, afin de m’affranchir totalement de toute crainte, angoisse, désespoir, ainsi que des souffrances et blessures dues à quelque désordre psychique ? Observez tout cela vous-même et libérez-vous en ! Il semble, toutefois, que nous n’en ayons pas l’énergie. Nous allons la chercher chez autrui. Nous nous sentons soulagés en parlant à un psychiatre, en nous confessant, et tout ce qui s’ensuit. Toujours être tributaire de quelqu’un ! Inévitablement, cette dépendance amène le conflit et le désordre. On doit donc commencer à comprendre la profondeur et la grandeur de la liberté, on doit commencer par ce qui est le plus près de nous, nous-mêmes. La grandeur de la liberté, de la véritable liberté, sa dignité, sa beauté, résident en soi dès que règne un ordre absolu. Et cet ordre ne s’établit que si nous devenons notre propre lumière. Document 4 – Les limites de la liberté In Vie Publique.fr La première raison de cette obligation réside dans son affirmation solennelle par un texte de valeur constitutionnelle. L’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 dispose en effet : "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits". Mais, cette obligation s’explique plus simplement encore par un argument logique. En effet, une liberté sans bornes ne peut aboutir qu’à l’anarchie et à la loi du plus fort. Si la liberté de chacun est sans limite, une personne ne tardera pas, au nom de sa propre liberté, à empiéter sur celle des autres. Pour chaque liberté fondamentale, le législateur précise quelles en sont les limites, de manière à ménager les droits des autres citoyens. La liberté d’expression peut constituer un exemple. Chacun, en démocratie, est libre d’exprimer sa pensée. Néanmoins, si son expression prend, par exemple, la forme de propos à caractère diffamatoire et raciste, la liberté de l’auteur de ces insultes trouve sa limite dans le respect de la dignité d’autrui et le droit pénal vient sanctionner ces excès. La loi du 30 décembre 2004 a d’ailleurs créé une autorité administrative indépendante, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE). Depuis le 31 mars 2011, c’est le Défenseur des droits qui a repris les missions de la HALDE. Il est compétent pour traiter de toutes les discriminations interdites par la loi française ou un engagement international auquel la France était liée. Toute personne qui s’estime victime de discrimination peut saisir le Défenseur des droits. Document 5 - A quelles restrictions le droit à la liberté d’expression peut-il être soumis ? In ARTICLE 19 La plupart des expressions sont totalement inoffensives et protégées contre toute entrave de l'Etat en vertu du droit à la liberte d'expression. Cependant, le droit de « rechercher, recevoir et répandre des informations ou des idées » comprend aussi des expressions que peu de sociétes peuvent tolérer, telle l'incitation au meurtre ou la vente de matériels pornographiques à des enfants. De ce fait, le droit à la liberte d'expression n'est pas absolu et peut être restreint lorsqu'il rentre en conflit avec l'exercice d'autres droits. Le droit international stipule que la liberte d'expression doit être la règle. Les restrictions sont une exception et ne sont autorisées que dans le but de protéger : • les droits ou la réputation d'autrui • la sécurite nationale • l'ordre public • la santé publique • les bonnes mœurs Les restrictions sont légitimes à condition de satisfaire aux critères stricts définis dans le triple test de l'Article 19(3) du PIDCP : « FIXE PAR LA LOI » La restriction de la liberté d'expression ne peut être le fait d’un caprice des représentants publics. Ces derniers doivent appliquer une législation ou une réglementation officiellement reconnue par des personnes habilitées à la promulguer. Une législation ou une réglementation doit respecter des critères de clarté et de précision afin que les individus puissent anticiper les conséquences de leurs actes. Les décrets imprécis, dont la portée n'est pas précisément définie, ne satisfont pas à ce critère et sont par conséquent illégitimes. Par exemple, l'interdiction de « semer la discorde dans la société » ou de « dépeindre une fausse image de l'Etat » ne répondra pas aux critères requis par le test (…) « OBJECTIF LEGITIME » Toute restriction de la liberté d’expression doit poursuivre un objectif légitime. La liste des objectifs légitimes n'est pas illimitée. Ils sont énoncés dans l'Article 19(3) du PIDCP : « le respect des droits et de la réputation d'autrui, et la sauvegarde de la sécurité nationale, de l'ordre public, de la santé et la moralité publiques ». Ils sont exclusifs et ne peuvent s'additionner.(…) « NECESSAIRE » Toute restriction du droit à la liberté d’expression doit être réellement nécessaire. Une restriction peut être conforme à une loi claire et poursuivre un objectif légitime mais ne satisfaira au test qu’à condition d’être réellement nécessaire à la protection de cet objectif légitime. Si une restriction n’est pas nécessaire, pourquoi l’imposer ? Dans la grande majorité des cas où des cours internationales ont statué que des législations domestiques étaient des restrictions illégitimes de la liberté d’expression, ces législations n’étaient pas jugées « nécessaires » (…) Document 6- Liberté Intérieure Mathieu Ricard Moine Bouddhiste in Blog 25 juillet 2010 Être libre, c’est être maître de soi-même. Pour beaucoup de gens, une telle maîtrise concerne la liberté d’action, de mouvement et d’opinion, l’occasion de réaliser les buts qu’on s’est fixés. Ce faisant, on situe principalement la liberté à l’extérieur de soi, sans prendre conscience de la tyrannie des pensées. De fait, une conception répandue en Occident consiste à penser qu’être libre revient à pouvoir faire tout ce qui nous passe par la tête et traduire en actes le moindre de nos caprices. Étrange conception, puisque nous devenons ainsi le jouet des pensées qui agitent notre esprit, comme les vents courbent dans toutes les directions les herbes au sommet d’un col. « Pour moi, le bonheur serait de faire tout ce que je veux sans que personne m’interdise quoi que ce soit », déclarait une jeune Anglaise interrogée par la BBC. La liberté anarchique, qui a pour seul but l’accomplissement immédiat des désirs, apportera-t-elle le bonheur ? On peut en douter. La spontanéité est une qualité précieuse à condition de ne pas la confondre avec l’agitation mentale. Si nous lâchons dans notre esprit la meute du désir, de la jalousie, de l’orgueil ou du ressentiment, elle aura tôt fait de s’approprier les lieux et de nous imposer un univers carcéral en expansion continue. Les prisons s’additionnent et se juxtaposent, oblitérant toute joie de vivre. En revanche, un seul espace de liberté intérieure suffit pour embrasser la dimension tout entière de l’esprit. Un espace vaste, lucide et serein, qui dissout tout tourment et nourrit toute paix. La liberté intérieure, c’est d’abord l’affranchissement de la dictature du « moi » et du « mien », de l’« être » asservi et de l’« avoir » envahissant, de cet ego qui entre en conflit avec ce qui lui déplaît et tente désespérément de s’approprier ce qu’il convoite. Savoir trouver l’essentiel et ne plus s’inquiéter de l’accessoire entraîne un profond sentiment de contentement sur lequel les fantaisies du moi n’ont aucune prise. « Celui qui éprouve un tel contentement, dit le proverbe tibétain, tient un trésor au creux de sa main. » Être libre revient donc à s’émanciper de la contrainte des afflictions qui dominent l’esprit et l’obscurcissent. C’est prendre sa vie en main, au lieu de l’abandonner aux tendances forgées par l’habitude et à la confusion mentale. Ce n’est pas lâcher la barre, laisser les voiles flotter au vent et le bateau partir à la dérive, mais barrer en mettant le cap vers la destination choisie.