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From TraitementSida 171
La multithérapie réduit l’inflammation dans le sang, mais...
Dans la majorité des cas, la multithérapie réduit la production de VIH, ce qui permet au système immunitaire de
commencer à se réparer. Par conséquent, le nombre de cellules CD4+ dans le sang se met à augmenter et ces
dernières – ainsi que d’autres cellules immunitaires – récupèrent leur capacité de détecter et de combattre les
infections. Toutefois, la multithérapie ne guérit pas l’infection au VIH, et la restauration immunitaire qu’elle favorise
n’est que partielle.
Alerte rouge
Il semble que le système immunitaire soit activé peu de temps après que le virus entre dans le corps et qu’il
commence à s’étendre aux différentes parties de l’organisme. Dans le cas de la plupart des pathogènes, cette
activation et l’inflammation qui s’ensuit sont utiles parce qu’elles contribuent à déclencher la réponse immunitaire et
à maîtriser l’infection. Dans le cas du VIH, cependant, cette activation a un effet délétère parce que le virus semble
en tirer profit pour infecter davantage de cellules et pour inciter le système immunitaire à s’attaquer à lui-même.
L’emplacement fait toute la différence
Seulement 2 % des cellules du système immunitaire se trouvent dans le sang. La majorité des autres restent dans
les ganglions et les tissus lymphatiques. La majorité des ganglions et des tissus lymphatiques se trouvent pour leur
part dans les intestins. Puisque le VIH infecte les cellules du système immunitaire, il s’ensuit qu’il se loge
principalement dans les mêmes endroits que ces cellules, c’est-à-dire dans les ganglions et les tissus lymphatiques.
Chaque fois que le système immunitaire se bat contre des agents pathogènes, les ganglions et les tissus
lymphatiques deviennent la scène de beaucoup d’activité. Mentionnons que, historiquement, la majorité des
recherches sur le VIH ont porté principalement sur les cellules immunitaires se trouvant dans le sang.
Le retour des ganglions
À la fin des années 70, période où les premiers patients atteints du sida essayaient de se faire soigner, les
chercheurs qui étudiaient le système immunitaire des patients souffrant de cette maladie mystérieuse ont remarqué
que ces derniers présentaient une enflure chronique des ganglions lymphatiques. Les tests et les biopsies effectués
sur les ganglions à cette époque-là ont révélé la présence d’inflammation et, dans certains cas, de tumeurs.
De nos jours, les chercheurs s’intéressent de nouveau aux ganglions lymphatiques et s’empressent d’élucider les
mystères qu’ils recèlent. Entre autres, des équipes des National Institutes of Health (NIH) des États-Unis et de
l’Institut Karolinska de la Suède collaborent à un projet visant à expliquer de quelle façon le VIH affaiblit le système
immunitaire. Ils examinent en particulier les ganglions lymphatiques de personnes vivant avec le VIH et de singes
infectés par le VIS, un virus qui cause le sida chez ces animaux. Leurs résultats ont révélé la présence d’une
« affection immunologique sous-jacente » qui pourrait empêcher la restauration intégrale du système immunitaire et
ce, même chez les personnes suivant une multithérapie.
Les résultats de l’étude NIH-Karolinska pourraient aider d’autres chercheurs à mieux comprendre comment le VIH
endommage le système immunitaire et à trouver un moyen de prévenir ou de renverser les dommages causés.
Détails de l’étude
L’équipe de recherche a recueilli des échantillons de sang auprès de deux groupes de volontaires :
45 personnes séropositives non traitées dont la charge virale moyenne s’élevait à 160 000 copies et dont le
compte de CD4+ moyen se situait à 340 cellules.
45 personnes séropositives qui suivaient une multithérapie depuis au moins deux ans et dont le compte de
CD4+ et la charge virale moyens se situaient respectivement à 750 cellules et à moins de 50 copies.
Les médecins ont enlevé les amygdales des volontaires suivants :
5 personnes séronégatives en bonne santé
6 personnes séropositives non traitées
4 personnes séropositives en multithérapie
Des échantillons de sang et de tissu lymphatique ont été prélevés chez cinq singes infectés par le VIS avant et après
l’amorce d’un traitement anti-VIH.
Résultats—dans le sang
Les personnes séropositives qui ne prenaient pas de médicaments présentaient des taux élevés de deux protéines
appelées TRAIL et FasL. Ces protéines peuvent pousser les cellules du système immunitaire à se suicider dans le
cadre d’un processus appelé apoptose. Les personnes qui suivaient une multithérapie présentaient des taux
quasiment normaux de TRAIL et de FasL.
Les amis de la mort
Pour être capables de faire leur travail, c’est-à-dire provoquer l’apoptose cellulaire, les protéines TRAIL et FasL
doivent repérer sur la surface des cellules les récepteurs qui leur correspondent et s’y attacher. Les récepteurs en
question sont, respectivement, le DR5 (death receptor 5 en anglais) et le Fas.
De façon générale, les cellules CD4+ dans le sang des personnes qui ne suivaient pas de multithérapie présentaient
beaucoup de ces récepteurs à leur surface.
Résultats—dans le tissu lymphatique (amygdales)
Les taux de TRAIL et de FasL étaient élevés dans le tissu lymphatique des personnes séropositives qui ne recevaient
pas de médicaments anti-VIH. Il en était de même pour le nombre de récepteurs DR5 et Fas présents à la surface de
leurs cellules.
Les chercheurs se sont toutefois étonnés de constater que le nombre de récepteurs DR5 et Fas dans les tissus et
les ganglions lymphatiques était deux fois plus élevé chez les personnes en multithérapie, comparativement aux
personnes séronégatives en bonne santé. Ce résultat est surprenant parce que le nombre de récepteurs présents
dans le sang des patients en multithérapie était presque normal.
Stupéfaits, les chercheurs ont répété leurs expériences sur des singes porteurs du VIS et ont obtenu les mêmes
résultats.
Un mot au sujet du VIH
Lorsque le VIH pénètre dans le corps humain, il s’achemine vers les ganglions et les tissus lymphatiques et se met à
infecter et à détruire directement des cellules du système immunitaire. La destruction immunologique causée par le
VIH peut se produire indirectement aussi, cependant. Le virus induit en effet une hyperactivation du système
immunitaire qui rend celui-ci plus vulnérable aux dommages. Cette hyperactivation a également pour effet d’inciter le
système immunitaire à s’attaquer à lui-même, notamment par le biais de l’apoptose (suicide) des cellules T et autres.
Malgré le recours à une multithérapie antirétrovirale, un système immunitaire hyperactif dans lequel on trouve un
nombre excessivement élevé de récepteurs DR5 et Fas risque de subir des dommages importants s’il est ciblé par
d’autres pathogènes envahissants. Par exemple, la co-infection par un virus de la famille des herpès (VHS-1, VHS-2,
CMV, EBV, HHV-8, etc.), le virus de l’hépatite C ou la bactérie responsable de la syphilis pourrait augmenter les taux
des protéines destructrices TRAIL et FasL. Puisque les cellules d’un système immunitaire hyperactif manifestent déjà
une tendance suicidaire en présentant des récepteurs DR5 et Fas à leur surface, toute co-infection qui accroîtrait
l’exposition des cellules aux protéines TRAIL et FasL pourrait affaiblir davantage le système immunitaire.
Les résultats obtenus par cette équipe américo-suédoise contribuent à expliquer pourquoi plusieurs années de
multithérapie ne parviennent que partiellement à réparer le système immunitaire.
D’autres recherches sont nécessaires pour expliquer pourquoi les cellules CD4+ sont tellement disposées à mourir
et ce, malgré l’utilisation d’une multithérapie.
RÉFÉRENCES :
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