Correction du devoir n°3 Dans quelle mesure la croissance

Correction du devoir n°3
Dans quelle mesure la croissance économique peut-elle être soutenable ?
Quelques erreurs communes
Le devoir est réussi. Il y a donc peu d'erreurs récurrentes. On peut toutefois noter :
-Vous utilisez trop souvent les pronoms personnels « il » et « elle » sans que l'on sache précisément à
qui ils renvoient. Le lecteur ne doit pas devoir deviner ce que vous écrivez.
-La courbe environnementale de Kuznets n'est... pas de Kuznets. Elle est inspirée par une courbe que
Kuznets a créée, qui est appelé la courbe de Kuznets (que nous verrons au chapitre 4). Mais Kuznets
n'est pas du tout le créateur de la courbe environnementale de Kuznets !
-Vous ne respectez trop souvent pas la méthode d'utilisation d'un document statistique. Il faut énoncer
la ou les idées qu'il met en évidence. Puis, prouver la véracité de ces idées en donnant des exemples
probants. Par exemple : «Plus les habitants d'un pays ont un PIB/hab élevé, plus leurs émissions de
CO2 sont fortes. Par exemple, les Qataris, qui ont un PIB/hab de 70 000$, émettent, en moyenne, par
personne, 50 tonnes de C02 par an, alors que les Indiens, dont le PIB/hab est plus de 10 fois plus
faible (4 000$ par an), ont des émissions de CO2 par personne qui sont également plus de 10 fois plus
faibles (environ 2 tonnes par personne). »
-La théorie de la soutenabilité faible n'est pas, en tant que telle, un « moyen » ou une « solution » que
l'on puisse appliquer pour résoudre les problèmes environnementaux de la croissance. C'est une théorie
qui affirme qu'il existe des solutions, parce que cette théorie fait l'hypothèse que le capital naturel est
remplaçable par d'autres capitaux. Par conséquent, une phrase comme celle-ci n'a pas de sens : « pour
résoudre les problèmes environnementaux, il faut appliquer la théorie de la soutenabilité faible ». Il
faut, au contraire, écrire : « pour la théorie de la soutenabilité faible, la croissance est durable parce
qu'ils existent des solutions fondées sur le fait que les capitaux sont substituables entre eux, notamment
grâce au progrès technique ».
-Tous les documents n'ont pas été pleinement utilisés. C'est une exigence de l'épreuve. Vous êtes
évalués dessus.
Correction du plan
Il n'y avait qu'une vraie difficulté dans le devoir : trouver un plan efficace. En particulier, deux
maladresses de plan étaient présentes dans beaucoup de copies.
1. Première maladresse : beaucoup de copie ont eu une difficulté à placer au bon endroit les
développements sur la courbe de Kuznets. Certaines copies l'ont placé dans une partie descriptive (à
côté du document 2). Ce n'était pas un bon choix : la courbe environnementale de Kuznets est en fait
une théorie qui n'est que partiellement vérifiée dans les faits. C'est une théorie très proche de la théorie
de la soutenabilité faible. Cette dernière affirme qu'il est possible de subsituter d'autres capitaux aux
capital naturel. La courbe environnementale de Kuznets affirme qu'en outre les habitants d'un pays, au
fur et à mesure qu'ils s'enrichissent, vont adopter une vision de long terme, qui les poussera à
développer le progrès technique et à préserver l'environnement.
2. Beaucoup de copies ont débuté le devoir par une présentation de la théorie de la soutenabilité
faible, en consacrant un I) à la soutenabilité faible. C'était l'erreur de plan la plus grave.
En effet, cela revient à présenter un thèse théorique qui explique qu'il y a une solution à un problème
(l'épuisement du capital naturel) qui n'a pas été présenté auparavant. C'est d'autant plus maladroit que,
dans beaucoup de copies, ce problème est longuement présenté dans le II. Autrement dit, le I explique
qu'il y a une solution à un problème, qui n'est présenté que dans le II.
→ Une difficulté du sujet est qu'aucun des deux documents analytiques ne présentait des arguments
théoriques en faveur de la théorie de la soutenabilité forte, même si le document 2 offrait des éléments
empiriques supportant celle-ci. Par conséquent, il n'était pas nécessaire de mettre en débat les deux
grandes théories de la soutenabilité. C'est le choix du premier plan. En effet, dans un raisonnement, on
peut s'en tenir aux éléments qu'évoquent les documents. Toutefois, je vous conseille vivement d'aller
au-delà des documents, car cela sera fortement valorisé. (Dans une dissertation, il est, par contre,
obligatoire d'aller plus loin et de traiter tout le sujet). Il était donc possible de mettre ensemble les 2 et
3ème parties du premier plan, et de faire une 3ème partie sur la théorie de la soutenabilité forte. C'est le
plan du corrigé détaillé. J'ai valorisé les plans de ce type à la correction.
Premier plan
I) La première partie présente le problème (la croissance rencontre des limites environnementales)
II) La deuxième partie souligne que, selon certains, ce problème est soluble (soutenabilité faible).
III) La troisième partie explique que, en outre, il est en train d'être résolu, selon la logique que résume
la courbe environnementale de Kuznets.
Deuxième plan
I) La croissance actuelle détruit le capital naturel
=> croissance se fonde sur le capital naturel qu'elle détruit
A) Une destruction des ressources naturelles
1) Non renouvelables
2) Renouvelables (exemple du document 1 sur la biodiversité et les espèces vivantes dans les pays
du tiers monde)
B) Une destruction de l'environnement
1) Constat : globalement corrélation entre PIB/Hab et émissions de CO2 (doc 2)
2) Conséquence : réchauffement climatique par augmentation de l'effet de serre. Coût économique
et humain de ce réchauffement.
II) Toutefois, le progrès technique permettra de les rendre compatible
=> La croissance utilise 4 autres types de capitaux : or il est possible de les substituer au capital naturel.
A) Le capital naturel est substituable (doc 2)
1) Le capital naturel est substituable par les 4 autres types de capitaux, en particulier le capital
technologique. Le PT permet en effet a) de moins utiliser de ressources et de moins polluer b) et de
substituer le capital humain et technologique au capital naturel.
2) Par conséquent, tout ce qui est nécessaire est de transmettre aux générations futures une quantité
globale constante de l'ensemble des capitaux, et pas du seul capital naturel.
=> il n'y a donc pas de limites absolues à la croissance économique.
B) La croissance économique peut même être favorable au capital naturel (doc 1)
→ C'est d'autant plus vrai que les populations deviennent plus sensibles à la préservation du capital
naturel quand elles s'enrichissent grâce à la croissance.
1) La hausse du niveau de vie donne les moyens et l'envie d'agir sur les conséquences
environnementales de la croissance. Les individus adoptent une perspective de long terme, sont plus
informés sur l'importance de la préservation du capital naturel, et plus sensibles à celui-ci comme
élément de leur bien-être, dès lors qu'ils ont atteint un niveau de richesse matérielle satisfaisant. Le
lien entre production économique et destruction du capital naturel a donc la forme d'une cloche : la
croissance détruit l'environnement quand le niveau de vie est faible, puis passé un certain niveau de
vie, c'est l'inverse. C'est la courbe environnementale de Kuznets. (théorie)
2) Constat :
→ Mobiliser les meilleurs exemples du document 1 : accroissement biodiversité dans les pays du
Nord (riches) alors qu'elle diminue dans les pays du Sud (pauvres). Chine qui replante ses forêts.
→ Par ailleurs, le document 2 montrent également que certains pays semblent vérifier la courbe de
Kuznets (pays scandinaves, Suisse). Dans ces pays, il existe, en effet, une forte conscience
écologique. Les habitants, au fort niveau de vie, souhaitent préserver leur environnement et
parviennent, dans une certaine mesure, à concilier capital naturel et croissance économique (si cet
élément était présent dans les copies, il était fortement valorisé).
III) Une conciliation qui risque de n'être que très partielle
=> Toutefois, cette substitution n'est qu'incomplète.
A) L'effet rebond annule une grand de l'effet du progrès technique
B) Des ressources qui ne sont pas entièrement substituables (valeur intrinsèque + entropie).