Les investissements directs étrangers en Gambie Résumé La résilience face à la crise internationale et des politiques incitatives ont favorisé l’investissement étranger en Gambie : le stock d’IDE représente plus de 90% du PIB. Cependant, si les turbulences internationales ne semblent pas avoir brisé la dynamique d’investissement jusqu’en 2012 (derniers chiffres disponibles), les derniers mois ont fait ressurgir certaines craintes sur une dégradation accélérée du climat des affaires en lien avec la multiplication de décisions politiques erratiques. Malgré ces tensions, les capitaux étrangers – notamment libanais – demeurent présents dans de nombreux secteurs de l’économie : banques, TIC, eau et électricité, tourisme, commerce. Une ouverture forte aux capitaux étrangers, menacée par une détérioration récente du climat des affaires Hormis un exercice 2011 miné par une forte sécheresse (recul du PIB de -4,3%), la Gambie a fait preuve d’une forte résilience face à la crise économique mondiale, enregistrant depuis 2008 des taux de croissance compris entre 5,5% et 6,5%. Le FMI estime que cette dynamique de croissance devrait se renforcer en 2013 (estimation de 6,4%) et 2014 (prévision de 8,5%). Parallèlement à cette bonne tenue des indicateurs macro-économiques, la Gambie a mené depuis le début des années 2000 une politique visant à attirer les capitaux étrangers : création de zones franches, renforcement de l’agence de promotion des investissements, incitations fiscales et réglementaires, ouverture aux investisseurs étrangers lors des privatisations d’entreprises publiques, etc. En matière d’environnement des affaires, la Gambie a été classée 150 Business, devant les pays francophones d’Afrique de l’Ouest. ème sur 189 lors du rapport Doing Grâce à cette résilience et à ces mesures d’incitations, le stock d’IDE en Gambie est passé de 216 MUSD en 2000 à 782 MUSD en 2012. La crise n’a pas rompu cette dynamique : les flux d’IDE entrants se sont élevés à 79 MUSD en 2012 dépassant le niveau de 2008 (70 MUSD). Signe de l’ouverture de l’économie gambienne, le ratio stock d’IDE sur PIB atteint près de 92% en 2012, l’un des plus élevés en Afrique de l’Ouest. Toutefois, de nombreux acteurs du secteur privé – national et étranger - dénoncent une aggravation récente et accélérée du climat des affaires. Les chiffres d’IDE, disponibles jusqu’en 2012, ne permettent pas encore de confirmer ou d’infirmer ces craintes. Cette détérioration, qui pourrait fortement peser sur les investissements étrangers en Gambie, est liée à la multiplication d’interventions erratiques des pouvoirs publics dans la sphère économique au cours des derniers mois : (i) isolement international – retrait du Commonwealth, abandon de l’anglais comme langue officielle, rupture des relations diplomatiques avec Taïwan, une des premiers partenaires du pays - ; (ii) tensions sur le dalasi liées à des interventions des autorités sur le marché des changes ; (iii) dérapage budgétaire qui créé un effet d’éviction sur le marché financier au détriment du secteur privé ; (iv) soupçons de prédation économique de certains officiels. Juin 2014 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE AU SENEGAL SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL 1 Le maintien d’une dynamique d’investissement privé, essentielle pour le financement du pays, apparaît étroitement lié à l’arrêt de ces modifications brutales du cadre économique national. Les investisseurs étrangers sont présents massivement dans de nombreux secteurs de l’économie gambienne Malgré les tensions récentes, l’ouverture de l’économie gambienne depuis plus de dix ans a conduit à une présence importante des capitaux étrangers dans de nombreux secteurs de l’économie. Sur les 13 banques commerciales opérant en Gambie, une seule est détenue majoritairement par des capitaux gambiens contre 7 nigérianes, 2 panafricaines, 1 britannique, 1 malaisienne et 1 libanaise. Les investisseurs étrangers ont également profité de la privatisation d’entreprises publiques dans des secteurs clés. Dans les TIC, une compagnie libanaise, Spectrum, avait acquis en 2007 la moitié des parts de l’entreprise nationale de télécommunications GAMTEL mais le contrat avait été rompu par le gouvernement fin 2008. Toutefois, sur les quatre entreprises de téléphone cellulaire, deux sont toujours majoritairement détenues par des capitaux libanais. Dans le secteur de l’énergie et de l’eau, une entreprise libanaise, Global Electrical Group, a pris le contrôle en 2007 de la compagnie nationale NAWEC. Ce groupe a également investi plusieurs millions de dollars dans la construction d’un dépôt de produits pétroliers pour alimenter le marché national. Le secteur touristique est dominé par les acteurs européens (scandinaves, britanniques, allemands, néerlandais, etc.) et libanais. Un groupe koweïti, M.A. Kharafi & Sons, a récemment racheté plusieurs complexes hôteliers et construit le premier établissement Sheraton de Gambie. Ce groupe koweïti a également investi dans l’agriculture et les infrastructures routières Le secteur du commerce regroupe de nombreuses sociétés libanaises, indiennes et africaines (Sénégal, Mauritanie et Nigéria). Les entreprises françaises sont peu actives en Gambie. Total dispose d’un réseau de stations-services. Castel a repris en 2009 une unité de production de bière et de boissons non alcoolisées. CFAO conserve une concession automobile en dépit d’une faible activité. DELMAS et AGS sont également présents. Clause de non-responsabilité - Le service économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Juin 2014 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE AU SENEGAL SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL 2