134 PATIENTS ET IMAGERIE MÉDICALE : QUELLES RELATIONS POUR QUEL ACCÈS AUX SOINS ? Dr Jean-Christophe DELESALLE Médecin radiologue libéral LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE INTRODUCTION Jacques II de Chabannes de La Palice ne m’aurait pas démenti si je lui avais dit « Il n’y pas de médecine donc d’imagerie médicale et de radiologues, sans patients » (sauf à me répondre, XVIème siècle oblige, « Radiologue, qu’est-ce ? », question que d’aucuns se posent encore de nos jours). Enfoncer cette porte ouverte nous rappelle deux évidences qu’il faut toujours garder à l’esprit : le radiologue est avant tout un médecin à part entière, dont la première préoccupation est la prise en charge optimale du patient dans son intégralité et sa singularité. C’est avant tout à une aventure humaine que nous invite le choix de pratiquer notre métier de médecin radiologue, avec ses humeurs, ses aléas, ses espoirs, ses déceptions, ses anecdotes, et ses joies. Le patient est donc non seulement le fondement de notre profession, mais il en est aussi l’avenir puisque rien ne peut se construire durablement sans lui. L’oublier a peut-être conduit à des errements sur lesquels il a parfois fallu revenir par le biais législatif (Loi Kouchner du 4 mars 2002). Dans la dernière grande réforme de structure de notre système de soins, dite loi HPST du 21 juillet 2009, le « P » de l’acronyme concerne les patients. C’est aussi dire qu’il n’y a pas un patient mais des patients (et des patientes) avec toute leur diversité biologique et socio-culturelle que cela suppose, face à des médecins radiologues : la relation humaine en question est donc riche et enrichissante. Pour simplifier l’exposé, je me limiterai au mode masculin singulier (désolé pour la parité). Nul ne peut se prévaloir de la perfection dans cette relation (c’est aussi sans doute son intérêt originel et dynamisant), nul ne peut l’exposer de manière formelle et elle ne fera donc pas l’objet de cette présentation. Ainsi aborderons-nous les autres dimensions de cette relation, économique et médicotechnique, auxquelles une fois encore il n’est pas question de se restreindre. Le circuit empreinté par le patient chez un radiologue pour réaliser un acte d’imagerie médicale, quel qu’il soit (radiologie diagnostique ou PARCOURS DE SOINS COORDONNÉS, TARIFS DE BASE, SECTEURS CONVENTIONNELS, TICKET MODÉRATEUR, RESTE À CHARGE ET TIERS PAYANT Cette dimension organisationnelle et financière n’étant pas spécifique aux radiologues, devenue au fil du temps d’une extrême complexité surtout depuis les deux dernières conventions médicales (la dernière date du 26 Juillet 2011), nous nous contenterons d’en rappeler les grands principes. Pour être remboursé au taux maximal pris en charge par la sécurité sociale, le patient doit remplir deux conditions : • avoir déclaré auprès d’elle un « médecin traitant » (démarche personnelle volontaire et facultative à laquelle environ 85% des patients ont souscrit à ce jour), et • être adressé pour l’acte radiologique par ce médecin traitant, ou à défaut son remplaçant, un médecin consulté sur un lieu distant de son domicile (en cas de vacances ou de déplacement professionnel par exemple), ou en cas d’urgence. LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE interventionnelle, échographie, doppler, angiographie, mammographie, scanner, IRM, ostéodensitométrie), s’inscrit dans une démarche très majoritairement (plus de 97%) engagée par un tiers (le demandeur, médecin traitant ou un autre spécialiste) : le parcours de soins, duquel découle une prise en charge financière des actes radiologiques commune à d’autres praticiens. Une fois le patient en contact avec la structure d’imagerie médicale, il réalise un autre parcours, propre à la radiologie mettant en jeu une succession de process spécifiques à notre spécialité. Ces deux approches seront donc décrites successivement, puis nous aborderons les actions que la FNMR a engagées de longue date à destinée du patient. Dans ces situations, le patient est considéré comme inscrit dans le parcours de soins coordonnés. Par extension, le parcours de soins coordonnés concerne aussi les patients dans les situations suivantes : - dans le cadre d'un protocole de soins établi pour une affection de longue durée - si le médecin spécialiste vous suit dans le cadre d'une maladie chronique (médecin correspondant) - pour un acte de contrôle - dans le cadre d'une séquence d’actes en concertation avec votre médecin traitant. Dans tous les autres cas, le patient est inscrit comme hors parcours de soins, c'est-à-dire qu’il sera moins remboursé par la sécurité sociale et son ticket modérateur (cf. infra) 135 136 LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE sera majoré. A noter que les enfants de moins de 16 ans ne sont pas concernés par cette notion de parcours de soins. Certaines situations (hospitalisation, IVG, expertises) ne sont pas concernées par ce parcours de soins, et certains spécialistes ou autres effecteurs de soins bénéficient du principe d’un accès direct spécifique sans passer par le médecin traitant mais cela ne concerne pas le radiologue qui rentre donc dans ce schéma directeur. Seule exception pour la radiologie, les actes de dépistage organisé (DO) du cancer du sein pour lesquels une patiente peut prendre rendezvous directement chez le radiologue et être remboursée intégralement. Ainsi hors DO, l’accès direct au radiologue par le patient estil exceptionnel (moins de 5%). volume et en pourcentage du montant de base). Ces dépassements ne sont pas remboursés par l'assurance maladie, que le patient soit ou non dans le cadre du parcours de soins. Dans le cadre du parcours de soins coordonnés, le tarif de remboursement de la sécurité sociale est de 70% du tarif conventionnel (moins 1 € au titre de la participation forfaitaire dont sont dispensés les patients bénéficiant de la CMU complémentaire ou de l’aide médicale d’état, les femmes enceintes à partir du 6ème mois de grossesse, et les patients de moins de 18 ans). Hors parcours de soins, il tombe à 30% du tarif conventionnel. La participation forfaitaire de 18 € (actes dont le montant cumulé est supérieur à 120 €) ne concerne pas les actes radiologiques. Les tarifs pratiqués par les médecins et la base de remboursement de l'asssurance maladie varient en fonction de la discipline du médecin (généraliste ou spécialiste) et de son secteur conventionnel. Le médecin conventionné de secteur 1 applique le tarif de base minimal dit conventionnel. Un dépassement d'honoraire n'est autorisé qu'en cas d'une demande particulière du patient, comme par exemple une visite en dehors des heures habituelles d'ouverture du cabinet. Le médecin conventionné de secteur 2 est autorisé à pratiquer des dépassements d'honoraires avec tact et mesure sur tout ou partie de sa clientèle (une option facultative dite de coordination limite la part de ses dépassements en La part qui au final n’est pas prise en charge par la sécurité sociale, s’appelle le ticket modérateur (TM). Ce TM peut faire l’objet d’une prise en charge par un autre organisme, privé à adhésion contractuelle, assurance ou mutuelle (complémentaire santé), 93% des Français étant couvert part une telle cotisation facultative. Il existe donc deux type de reste à charge (RAC) pour le patient, celui résultat du remboursement par l’assurance maladie obligatoire (AMO) et celui de ce deuxième niveau de remboursement facultatif (AC). Les complémentaires santé dans leurs contrats dits responsables, très majoritaires, se sont engagées vis-à-vis des tutelles à ne pas prendre en charge les majorations du TM L’avance des frais et honoraires a longtemps été la règle dans la pratique médicale. Le patient était donc remboursé après renvoi de sa feuille de soins à l’assurance maladie ou aux organismes facultatifs (qui se faisaient rembourser secondairement par la sécurité sociale de la part lui incombant hors TM). Néanmoins, sous l’impulsion d’intervenants non médicaux (pharmaciens en particulier), de plus en plus de professionnels de santé évitent au patient cette avance des frais en pratiquant le tiers payant (TP) et se font rembourser directement par la sécurité sociale et/ou les organismes facultatifs (d’où une double facturation). Si ce TP est un progrès incontestable au regard du patient et de son accessibilité aux soins (le TP intégral est généralisé pour les patients bénéficiant de la CMU complémentaire depuis la dernière convention), il n’en demeure pas moins qu’il créé un transfert massif de charge sur le professionnel de santé (embauche de personnel, de secrétaire de gestion voire comptable interne) et une dépendance visà-vis de ces tiers. La généralisation des feuilles de soins électroniques très largement utilisées par les radiologues dont l’outil informatique est de longue date un centre névralgique, n’a que très partiellement atténué ces effets secondaires en réduisant les délais de remboursement, mais a aussi créé une autre dépendance, celle du tout numérique et des connexions internet (certaines structures radiologiques emploient des informaticiens pour gérer leur parc). Or à ce jour, la reconnaissance financière de ces efforts par les tutelles est très loin d’être à la hauteur des investissements réalisés. LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE pour les patients hors parcours de soins. A noter que des situations particulières ou catégories de patients donnent lieu à des taux de remboursement à 100% et/ou ne supportent pas les majorations du TM (patients bénéficiant de la CMU complémentaire, d’une affection de longue durée exonérante, les femmes enceintes à partir du 6ème mois de grossesse, les titulaires d’une pension-invalidité, les patients victimes d’un accident de travail ou d’une maladie professionnelle). Pour clore ce chapitre, il faut savoir que la très grande majorité (86%) des médecins radiologues exerce en secteur 1, sans dépassements. Les rares radiologues exerçant en secteur 2 sont concentrés dans les très grandes métropoles et la part de ces dépassements est limitée à 4% des honoraires totaux perçus France entière. Les différentes mesures tarifaires imposées par nos tutelles depuis 5 ans qui ont dévalorisé un grand nombre d’actes d’imagerie médicale pour un total de 600 millions d’euros en incluant la LFSS 2012, ont considérablement déstabilisé les structures radiologiques avec deux conséquences néfastes pour la bonne prise en charge du patient : - la réduction de leur capacité d’investissement pour le renouvellement de leurs équipements. 137 138 - la fermeture de plusieurs cabinets de proximité et la fragilisation du maillage territorial, le tout dans un contexte démographique radiologique déficitaire qui ne fera que s’aggraver à court et moyen terme. LE « PARCOURS DE SOINS RADIOLOGIQUE » LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE Le médecin radiologue participe à toutes les étapes de la prise en charge d’un patient : • Diagnostic, soit dans un parcours de soins programmé, soit en urgence (y compris en assurant la permanence des soins 24/24h et 7/7j en établissement). • Dépistage, notamment dans son implication dans le dépistage organisé du cancer du sein. • Traitement, dans le cadre de la radiologie interventionnelle. Une fois la demande d’examen d’imagerie médicale exprimée par le médecin généraliste ou spécialiste, le patient va suivre un parcours proprement radiologique, de la prise de rendez-vous au rendu des résultats. Cette voie spécifique passe par plusieurs étapes qui mettent en jeu divers processus interdépendants où interviennent plusieurs acteurs. En effet le radiologue gère une structure de type entreprise qui fait intervenir du personnel de secrétariat et des manipulateurs diplômés également au service du patient. Les étapes interconnectées en question sont : • La prise de rendez-vous : sur place au cabinet de radiologie ou par téléphone auprès du secrétariat. L’usage d’Internet dans ce domaine n’est pas très répandu vu la complexité des paramètres mis en œuvre pour chaque type d’examen et l’absolue nécessité de garder une interface humaine dès cette première et cruciale étape, ne serait-ce qu’en matière d’information du patient. • La venue du patient et la réalisation de son examen : après accueil du patient par le secrétariat et mise à jour de ses données administratives via sa carte Vitale, il est pris en charge par l’équipe de manipulateurs qui informe le médecin radiologue du contenu de la demande écrite faite par le médecin correspondant, généraliste ou spécialiste. Cette demande (il ne s’agit pas d’une prescription, l’acte radiologique étant encore moins une prestation mais bien un acte médical) est supposée préciser non seulement la nature de l’acte d’imagerie médicale, mais aussi les données cliniques, biologiques ou autres du patient qui justifient cet acte. La jurisprudence a clairement défini la co-responsabilité de la justification de l’acte entre le demandeur et l’effecteur. Si le radiologue juge que la demande est conforme à la situation médicale du • La production et l’édition des images : cet acte produit un certain nombre d’images médicales, de quelques unes (radiologie et échographie) à plusieurs centaines (IRM) voire milliers (scanners), qui seront éditées soit sur un support film (lecture sur des négatoscopes), soit qui resteront sous forme numérique à fin de lecture sur écran informatique (console). Dans tous les cas, la source radiologique ne produisant de nos jours presque qu’exclusivement des données numériques, ces données pourront être stockées et archivées sur des systèmes informatiques de sauvegarde appelés PACS, utilisables aussi pour la diffusion des images aux correspondants demandeurs. • L’interprétation : cette étape est exclusive au médecin radiologue. A partir des renseignements transmis par le demandeur, complétés si besoin est par son propre interrogatoire voire l’examen clinique du patient, le médecin radiologue analyse les images produites, puis en tire des résultats dont il informera le patient et qu’il colligera dans un rapport écrit, le compte-rendu radiologique. • Le rendu des résultats édité par le secrétariat : qu’ils soient différés ou immédiats (en situation d’urgence), tout acte d’imagerie médicale se solde par la remise au patient : LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE patient, l’acte sera pratiqué, mais en dernier ressort, s’il juge que cette demande n’est pas appropriée, il est libre - et même tenu au regard de son obligation de moyens - de réorienter (substitution) le patient vers un acte d’imagerie plus conforme aux bonnes pratiques. L’acte lui-même réalisé in fine, même s’il est tout ou partie pratiqué par un manipulateur, reste sous la responsabilité du radiologue. - Du compte-rendu radiologique qui reprend l’indication, c'est-à-dire la justification de l’acte, la technique utilisée, l’analyse des images produites dans le contexte de la demande et une conclusion qui propose un ou plusieurs diagnostics ainsi qu’une conduite à tenir. Il est aussi du devoir du radiologue de préciser si d’autres examens sont nécessaires, d’imagerie médicale ou autres, à l’établissement du diagnostic définitif. Pour les examens utilisant des radiations ionisantes (radiologie, mammographie et scanner), l’indication des doses est obligatoire (dosimétrie). La transmission informatique au médecin demandeur du compte-rendu radiologique par messagerie internet cryptée se développe à grand pas afin de raccourcir la transmission des résultats et d’améliorer la prise en charge rapide du patient. - D’un support des images : films, papier et/ou CD/DVD. 139 140 Pendant toutes ces étapes, un maître mot, l’information du patient, et son corollaire, son consentement libre et éclairé. Inscrite dans le code de déontologie, cette obligation non seulement morale mais aussi réglementaire a été maintes fois reprise dans la jurisprudence et les textes législatifs notamment la loi Kouchner du 4 mars 2002. Cette information doit porter sur la nature des actes et investigations proposés, leur utilité, leur nécessité ou leur urgence éventuelle, leurs conséquences directes et celles en cas de refus, leurs risques fréquents ou graves normalement prévisibles, et l'existence d'alternatives. LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE Rien ne remplace et ne remplacera la communication orale de cette information par chaque intervenant du cabinet radiologique, mais des supports propres sont développés en parallèle par certaines structures radiologiques : site internet, affichage mural, fiches d’informations sur la base des modèles édités par la Société Française de Radiologie (SFR). LA FNMR ET LE PATIENT La Fédération National des Médecins Radiologues (FNMR) est engagée de longue date aux côtés du patient afin d’améliorer sa prise en charge : La FNMR à la rencontre des patients : Dès le printemps 2002, la FNMR a organisé des réunions dans une vingtaine de villes, intitulées « Les médecins radiologues à la rencontre de leurs patients : un véritable partenariat entre patients et médecins radiologues ». Ces rencontres ont réuni les médecins radiologues libéraux de la ville concernée et ses environs, des patients invités directement dans leurs cabinets et des représentants d'associations de patients. Animées par un professionnel chargé de faciliter les échanges et d'organiser les informations émanant des participants, les patients étaient appelés à s'exprimer notamment autour de trois thèmes : - La relation au médecin radiologue. - L'environnement des soins. - La qualité des soins. Chaque réunion a fait l'objet d'un compterendu, chaque compte-rendu étant communiqué à la FNMR afin de réaliser une synthèse des échanges destinée à l'élaboration de la "charte du patient chez le médecin radiologue" (cf. infra). Par ailleurs, des séances de travail sont organisées entre la FNMR et des associations de patients, notamment avec le Collectif Inter Associatif sur la Santé (CISS) et France AVC (séminaire de Toulouse en juin 2011). Les radiologues libéraux participent aussi nombreux aux réunions organisées annuellement dans le cadre d’Octobre Rose afin de promouvoir le dépistage organisé du cancer du sein. 1. Réserver un accueil convivial ; 2. Informer avant l’examen ; 3. Donner une explication en cas d’attente ; 4. Respecter la confidentialité et la pudeur ; 5. Avoir une attention particulière pour les personnes fragilisées ou dépendantes ; 6. Donner une explication personnalisée des résultats ; 7. Utiliser un langage simple et non technique ; 8. Remettre les résultats ; 9. S’intégrer dans une équipe de partenaires médicaux ; 10. Rester à l’écoute pour la qualité du service. Site Internet « monradiologue.fr » : Le patient fait face à l’extrême diversité des examens d’imagerie médicale dans un contexte de progrès technologique incessant voire exponentiel, et s’interroge légitimement sur leur utilité et leur LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE La charte du patient chez le médecin radiologue : Cette charte formalise dix engagements du médecin radiologue libéral et de ses collaborateurs envers le patient. Son application est un des critères pour l’obtention du label qualité des cabinets de radiologie Labelix (cf. infra). Ces engagements sont orientés sur la qualité de l’accueil pour tous, l’information et le respect du patient, et l’implication du médecin radiologue dans la coordination des soins : déroulement. C’est pourquoi la FNMR a décidé de mettre à disposition des patients mais aussi des familles et de l’entourage, ce site internet qui leur offre la possibilité d’avoir des repères sur les examens et de se familiariser avec les différentes techniques d’imagerie médicale, de trouver les réponses à la plupart de leurs questions, de mieux connaître les médecins radiologues et leur rôle dans la chaîne des soins coordonnés. Cet outil n’a pas vocation bien sûr à remplacer le contact direct entre le patient 141 142 et son médecin radiologue, mais il permet d’inciter à ouvrir le dialogue avec un patient mieux informé en amont, le cas de chaque patient restant unique et devant faire l’objet d’une prise en charge spécifique. LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE La lettre aux patients : Autre outil d’information et de communication, cette lettre a aussi pour vocation de présenter notre profession, plus orientée sur le fil de l’actualité radiologique, édité depuis octobre 2010 à raison de deux publications par an. Diffusée à l’ensemble des radiologues adhérents à la FNMR, elle est destinée à être laissé à disposition des patients en plusieurs exemplaires en salles d’attente de leurs cabinets. Formation du personnel ; évaluation des pratiques professionnelles : L’association FORCOMED, créée en 1994, est une émanation de la FNMR, chargée de la formation continue des médecins radiologues et de leur personnel. A ce titre, elle organise régulièrement des sessions de perfectionnement qui visent à améliorer la prise en charge des patients et la pratique radiologique, dans un esprit d’anticipation pour préparer l’avenir et s’adapter à une évolution technologique et réglementaire permanente, avec notamment : • Un module destiné aux secrétaires : « Accueil et information des patients - Gestion des dossiers patients au secrétariat : Optimisation de l'outil informatique », • Des modules destinés aux radiologues et/ou aux manipulateurs : « Radioprotection des patients » ; « Dépistage organisé du cancer du sein ; première et deuxième lecture » ; « Mammographie numérique » ; « Échographie de grossesse », • Des modules mixtes : « Gestes d’urgence » ; « l’hygiène et la prévention des risques infectieux » ; « Label qualité en imagerie (cf. infra) ». L’association CEPPIM (Collège d’Evaluation des Pratiques Professionnelles en Imagerie Médicale), créée par la FNMR en partenariat avec d’autres composantes de la radiologie française, a reçu en 2006 l’agrément par la HAS pour l’évaluation des pratiques radiologiques. Elle vise à favoriser la mise en oeuvre des recommandations de bonnes Labelix : Les médecins radiologues, à l’initiative de la FNMR, se sont lancés dans une démarche qualité innovante des cabinets libéraux d’imagerie médicale. L’obtention de ce label intitulé “Labelix” suppose un travail de fond associant tous les acteurs du cabinet, médecins, manipulateurs et secrétaires. Après une phase d’évaluation, un plan d’amélioration est mis en œuvre et un audit final est réalisé avant de pouvoir prétendre au label. Il s’agit d’un parcours long qui implique des investissements lourds pour satisfaire aux exigences de qualité dans huit domaines : • L’accueil, l’information et le consentement du patient. • La maîtrise des sécurités. • La maîtrise de l’hygiène. • La maîtrise des vigilances sanitaires. • La maîtrise de la radioprotection. • La maîtrise des accidents médicaux. • L’organisation de la démarche qualité. • La mesure et l’amélioration (définition et suivi d’indicateurs de qualité). • La téléradiologie. La prise en charge optimale du patient est l’épine dorsale de cette démarche, de la prise du rendez-vous à la remise du résultat des examens, en passant par la constitution et la tenue du dossier radiologique. La priorité est donnée à l’information qui doit être complète, adaptée à l’âge, à la pathologie, à l’état et aux éventuelles difficultés de compréhension de chaque patient. Les critères rigoureux inscrits dans chaque thématique de Labelix vont bien audelà de ce qu’exige la réglementation actuelle. Ce label est attribué de façon impartiale par une commission de labellisation composée des représentants de la FNMR, de la SFR, de patients et de l’assurance maladie. Délivré pour une période de quatre ans, ce label est évolutif et les sites labellisés entretiennent la démarche en continu, les critères d’évaluation étant élaborés sur des référentiels métiers régulièrement étoffés et mis à jour. La procédure est complexe, très énergivore et consommatrice de temps, longue et coûteuse. C’est au prix de ces multiples exigences que Labelix représente un gage de qualité auprès non seulement des patients, mais aussi de l’assurance maladie, des complémentaires santé, et des autorités sanitaires notamment la Haute Autorité de la Santé (HAS) pour laquelle ce label pourrait constituer un premier pas vers une certification. LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE pratiques et leur intégration dans l'exercice radiologique habituel afin d’améliorer la prise en charge du patient. Guide de prescriptions des examens d’imagerie : Dans un esprit de radioprotection des patients, la FNMR en lien avec la SFR, a élaboré ce guide destiné aux médecins traitants et correspondants qui vise à proposer en fonction des troubles présentés 143 144 par le patient, l’examen le plus approprié et, si possible, à l’orienter vers une échographie ou une IRM avant d’avoir recours à un examen exposant aux radiations ionisantes. LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE Informatisation et archivage : La conservation des images numériques produites lors de actes radiologiques sur des serveurs informatiques (PACS) est un élément majeur d’amélioration de la qualité des soins pour le suivi des patients (comparaison d’examens successifs, appréciation de l’évolutivité d’une anomalie, efficacité des traitements notamment en cancérologie), tout en évitant la répétition inutile des examens. Porte d’entrée indispensable pour l’intégration des images dans le Dossier Médical Personnel (DMP), il peut être accessible aux médecins que le patient désigne, et ouvre la voie vers la téléimagerie et la télé-expertise dont le développement doit résolument rester axé sur l’amélioration du service rendu au patient. Malheureusement, alors que cet archivage a nécessité de très lourds investissements (initiaux et en maintenance) de la part des cabinets de radiologie libéraux, l’assurance maladie a décidé malgré ses engagements de 2007, de réduire - après une phase unilatéralement imposée de suspension pure et simple - la prise en charge financière de cet archivage. Cancérologie et équipements : Les médecins radiologues se battent au quotidien, tant localement qu’à la FNMR, pour garantir l’accès des patients à des équipements modernes et performants, afin d’améliorer la qualité du diagnostic initial, du dépistage dans son organisation pour • Le dépistage organisé du cancer du sein : son organisation nationale (Comité de suivi, commissions techniques etc.), et locale (Structures de gestion départementales), les formations Forcomed des radiologues et manipulateurs, le contrôle qualité des appareillages, les premières et deuxièmes lectures. • L’IRM : le sous-équipement chronique de la France (lanterne rouge en Europe) en équipements lourds, scanners et plus encore IRM, pèse lourdement sur l’accessibilité du patient à des techniques performantes. Le radiologue, confronté à cette situation depuis 20 ans, ne peut se contenter de gérer cette pénurie. La FNMR, en lien avec le G4, s’est mobilisée auprès des pouvoirs publics pour qu’un plan d’équipement puisse combler ce retard insupportable. • Le PPC (Projet Professionnel Commun) et le POSIM (Pôle Sectoriel d’Imagerie Médicale) : dans ce contexte de souséquipement, de démographie médicale déclinante, tant que la télé-imagerie n’aura pas acquis ses lettres de noblesse et une vitesse de croisière suffisante, la mutualisation des équipements et des organisations LES MÉTIERS DE L’IMAGERIE MÉDICALE une prise en charge précoce notamment des cancers, et du suivi des pathologies, en privilégiant les techniques les plus efficaces qui limitent l’exposition du patient aux rayonnements ionisants. C’est ainsi qu’ils se sont massivement investis dans : entre acteurs des secteurs public et privé est devenue un enjeu important pour l’accessibilité du patient aux techniques modernes. Ainsi la FNMR, en lien avec le G4, a-t-elle obtenue l’inscription du principe de ces structures mutualisées dans un texte législatif en août 2011 (loi dite « Fourcade ») attenant à la loi HPST. CONCLUSION La FNMR, au côté de ses partenaires de la radiologie française, s’est toujours efforcée de maintenir le patient au centre de ses préoccupations dans un monde relationnel, technologique, organisationnel et réglementaire mouvant. Au risque de plagier et je m’en excuse Aragon (« la femme est l’avenir de l’homme »), j’ose avancer que « le patient est l’avenir du radiologue » … mais c’est une lapalissade ! n 145