Fiche lecture 2 Vaquez Broc Manon

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Cuche D., La notion de culture dans les sciences sociales, La decouverte, Grands repères, 1996
Vaquez-Broc Manon
Intro :
L’ouvrage La notion de culture dans les sciences sociales a été écrit par Denys Cuche et édité pour la
première fois en 1996. Denis Cuche est professeur de sociologie et d’anthropologie à la Sorbonne ainsi
que chercheur au CEPED. Dans ce livre, l'auteur va tenter de présenter la notion de culture telle
qu'elle est définie et utilisée dans les sciences sociales en privilégiant la sociologie et l'anthropologie.
L’auteur est d'avis que l'analyse de la culture de l'homme est nécessaire afin de bien pouvoir saisir
l'humanité dans sa diversité et que l'analyse biologique ne suffit pas. Si aujourd'hui la notion de culture
est assez largement admise, il n'en fut pas toujours ainsi : la notion de culture a suscité de nombreux
débats et de nombreuses questions. Rien n'est naturel chez l'homme : il est influencé par la culture de
sa société.
L'auteur a découpé le livre en 8 temps, qui vont lui permettre de retracer le chemin de l'acceptation de
la culture dans les sciences sociales ainsi que son utilité.
Chapitre 1 : Genèse sociale du mot et de l'idée de culture
L'importance des mots ; comment ils se forment mais aussi pourquoi ils se forment, c'est ce que se
demande l'auteur. Connaître la genèse du mot est essentiel si l'on veut réellement pouvoir le
comprendre dans sa totalité. Ici l'auteur va tenter de montrer l'histoire du mot « culture » et de cette
idée de culture. Il va donc suivre l'itinéraire du mot culture, en se concentrant sur la façon dont cet
itinéraire est en lien avec les sciences sociale
Ø Evolution du mot dans la langue française du Moyen âge au XIXe siècle.
Issu du latin « cultura », le mot français « culture » faisait tout d'abord référence (XIIIe) à une
parcelle de terre cultivée. Au XVIe, ce mot finit par designer une action : le fait de cultiver la terre. Ce
n'est qu'au milieu du XVIe siècle qu'apparait le sens figuré c'est à dire le fait de travailler et de
développer une faculté. Au XVIIIe ce sens figuré commence à s'imposer : il désigne alors une chose
cultivé : culture + complément d'objet. Cela montre que cette notion de culture a du mal à s'imposer en
tant que culture a part entière. L'évolution sémantique du mot est décisive dans la langue française du
siècle des lumières, même s'il n'est pas très utilisé par les philosophes. Finalement la culture finie par
s'employer seule et désigne alors la formation, l'éducation. Les lumières considèrent la culture comme
un signe distinctif entre les hommes. Cependant le fait que culture soit employée au singulier montre
bien l'humanisme des philosophes. La culture est ensuite associée au progrès, lui même né de
l'instruction, ce qui ramène la notion de culture a la civilisation. Alors que la culture évoque davantage
l'idée de l'indique, la civilisation se rapporte plus au collectif. La civilisation est un processus
d'amélioration des institutions et de la connaissance : elle doit s'étendre à tous les peuples. Ainsi la
culture et la civilisation place l'homme au centre de l'univers : il apparaît alors une « science de
l'homme »(Diderot) et en 1787 : création de l'ethnologie définie comme la discipline qui étudie
l'histoire des peuples vers la civilisation.
Ø Le débat franco allemand sur la culture
Au XVIIIe apparaît le mot Kultur en Allemagne, emprunté à la langue française. Mais cette
« Kultur » va rapidement se différencier de la notion de la culture en France. En effet certains
intellectuels allemands vont opposer deux systèmes de valeurs : les valeurs dites spirituelles, c'est à
dire des valeurs authentiques et les valeurs courtoises de l'aristocratie. Ces intellectuels, que l'auteur
qualifie d’intelligentsia, reprochent au système d'allemand de trop essayer de calquer les manières
« civilisées » de la cour française. Les valeurs authentiques qui contribuent à l'enrichissement
intellectuel et spirituel seront considéré comme relevant de la culture. La noblesse de cour, civilisée
manque de culture. Apres la révolution française, le terme de civilisation ne désigne plus que, la
France pour faire ainsi de la culture la marque distinctive de la nation allemande toute entiere. Selon
N.Elias cette idée de culture devait remédier à un sentiment d'infériorité de l'Allemagne. L’Allemagne
cherche à s'affirmer en montrant sa culture. C'est une vision particulariste de la culture qui va
s'opposer à la notion française qui est universaliste.
Le mot Kultur est alors devenu pour les allemands l’expression de l’âme profonde d’un
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peuple alors que la civilisation ne signifiait que le progrès technique. En France la notion de
culture a évolué différemment, elle est désormais signe d’un enrichissement collectif et non
plus individuel. La culture devient au XVIIIe et XIXe siècle une « culture de l’humanité » et
définit les caractères propres d’une communauté. Il y donc, malgré l’influence allemande, une
continuité de la pensée universaliste. Il va y avoir alors un conflit de mot entre l’Allemagne et
la France, chacun voulant se démarquer de l’autre. Cependant, cela va augmenter le conflit
entre les deux conceptions de la culture : universaliste et particulariste dans le but de définir
cette culture dans les sciences sociales.
Chapitre 2 : L’intervention du concept scientifique de culture
La volonté de définir cette culture mais aussi l’humanité va aboutir au XIXème siècle à l’adoption
d’une démarche positive dans la réflexion sur l’homme et la société mais aussi à la création de
disciplines telles que la sociologie ou l’ethnologie en tant que discipline scientifique. Les ethnologues
une unité de l’homme qu’il ne faut pas tenter de définir à l’aide de la biologie. Les ethnologues vont
cesser de penser à la culture dans un sens normatif, ils vont décrire la culture telle qu’elle apparait
dans les sociétés humaines. Il faut se débarrasser de tous jugements de valeurs.
Ø Tylor et la conception universaliste de la culture
« Culture ou civilisation, pris dans son sens ethnologique le plus étendu, est ce
tout complexe qui comprend la connaissance, les croyances, l’art (…) et les
autres capacités ou aptitude acquises par l’homme en tant que membre de la
société » P.18
Ainsi, culture est pour lui un mot neutre qui permet de penser toute l’humanité : dans des
conditions identiques, l’être humain agit partout de façon semblable. Tylor avait pour but de pouvoir
expliquer la culture et son universalité en un seul raisonnement. Il cherche aussi à montrer en
analysant beaucoup de culture, que l’évolution de la culture se fait sous la contrainte des survivances.
Il note ainsi des points communs entre les sociétés primitives et la culture de peuples dits civilisés. Il
note qu’il n’y a entre les deux qu’une simple différence de degré d’avancement dans la voie de la
culture, non pas une différence de nature. Pour lui tous les humains sont des « être de culture ».
Edward Tylor est considéré comme le fondateur de l’anthropologie britannique
Ø Boas et la conception particulariste de la culture
Boas, allemand, choisit de mener des enquêtes in situ par une observation directe sur les cultures
primitives cela fait de lui l’inventeur de l’ethnographie. Il cherche notamment à montrer que les
différences entre les êtres humains devait être non pas expliquer par la différence des races mais par
la différence de culture. Il rejette ainsi la « notion de race », concept central à l’époque car il n’y a pas
pour lui de « caractères raciaux immuables ». Il adopte donc le concept de culture qui lui permettra de
rendre compte au mieux de la diversité humaine. A l’inverse de Tylor, Boas choisit d’étudier des
cultures et non pas une culture commune à tous les êtres humains. On ne peut pas pour lui découvrir
des lois universelles du fonctionnement d’une société. Il rejette toutes théories qui prétendent pouvoir
tout expliquer. L’ethnologie était pour lui une science d’observation directe, il est ainsi le créateur de
la méthode inductive de terrain mais aussi du relativisme culturel, nécessaire a l’examen méthodique
d’un système culturel. Ce relativisme culturel entrainait nécessairement une conception relativiste de
la culture. Ainsi pour Boas, chaque culture est unique, doté d’un style particulier qu'il a défini et c’est
ce style qui détermine le comportement des individus dans chaque culture.
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Ø L’idée de culture chez les fondateurs de l’ethnologie française.
La sociologie était tout d’abord considérée en France comme le meilleur moyen de faire des
recherches sur les sociétés humaines, reléguant ainsi l’ethnologie a une branche annexe de la
sociologie.
L’auteur note alors l’absence de concept scientifique de culture ans la recherche française à ses
débuts. En effet, les français avaient tendance à se contentés du terme culture en vigueur, auquel il
préférait civilisation, culture ne désignant qu’une personne cultivée. Les français sont trop imprégnés
dans l’universalisme pour pouvoir penser aux sociétés en tant qu’unités. Les notions de Kultur et
civilisation n’étaient en ce temps que des armes de propagandes. C’est avec l’affirmation de
l’ethnologie que le concept de culture s’affirme progressivement en France même si le terme de
civilisation sera parfois toujours employé.
Durkheim, quant à lui, développa en France une sociologie à orientation anthropologique. Il va
chercher à comprendre le social sous tous ses aspects à travers toutes les formes de sociétés. Les
phénomènes sociaux avaient pour lui nécessairement une dimension culturelle. Toutes les civilisations
particulières contribuent à la civilisation mais chacune de ces civilisations est uniques. Durkheim
soutenait ainsi la relativité culturelle. Cependant, il n’avait pas de réelle réflexion sur la notion de
culture, mais plus sur le lien social. Sa conception de la société comme totalité organique faisait des
civilisations un système complexe e solidaire.
« Ce qu’on peut observer et étudier, ce sont différentes civilisations. Et il faut
entendre par civilisation un ensemble de phénomènes sociaux qui ne sont pas
attachés à un organisme social particulier »P.29
Il a ainsi développé une théorie de la conscience collective qui est une théorie culturelle. C’est cette
conscience collective qui réalise l’unité et la cohésion d’une société. Cette théorie a eu beaucoup
d’influence sur la théorie de la culture comme super organisme d’A. Kroeber. Durkheim, s’il ne
faisait pas de réelle analyse de la culture, avait tout de même une approche unitaire des faits de culture.
Cela l’oppose à Lévy-Bruhl qui a lui, une approche différentielle. Il s’intéressera ainsi aux mentalités
(terme que l’on peut rapprocher de culture) entre les peuples. Il rejette l’idée des « primitifs » ainsi que
la théorie de l'évolutionnisme unitaire. Il rejette aussi un mode de fonctionnement unique de l’esprit
humain. Cela montre bien le débat scientifique de l’époque. D.Merllié va montrer que Lévy-Bruhl dit
que ce qui diffère réellement entre les groupes, ce sont les modes d’exercices de la pensée et non
l’esprit de l’homme en tant que tel. Pour lui, le concept de mentalité, s’il ne détermine pas les modes
de raisonnement au sein d’une même culture ; il permet cependant d’expliquer la diversité des cultures
en indiquant l’orientation générale d’une culture donnée. Cependant cette notion de mentalité n’aura
pas beaucoup de succès.
Chapitre 3 : Le triomphe du concept de culture :
C’est aux Etats-Unis que le concept scientifique de culture reçoit le meilleur accueil, ou le terme de
culture est adopté rapidement dans son sens anthropologique.
Ø Les raisons du succès
Aux Etats-Unis, c’est l’immigration qui fonde la nation : nation pluriethnique. En effet il se forme
alors un fédéralisme culturel, par lequel les cultures particulières peuvent s’expriment, mais adapter en
fonction de leur nouvel environnement social. La France quant à elle, ne se voyant pas comme un pays
d’immigration, et étant attachée a une représentation unitaire de la nation n’a pas la possibilité de
développer une réflexion sur la diversité culturelle dans les sciences sociales. Tout cela a favorisé aux
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Etats-Unis une interrogation sur les différences culturelles. L’anthropologie américaine sera ainsi
qualifiée de culturaliste, ce qui est réducteurs puisqu’il n’existe pas un culturalisme mais des
culturalismes qui représentent des approches théoriques différentes que l’on peut regrouper en trois
grands courants :
• Ainsi, le premier courant se fait sous l’héritage de Boas, qui envisageait la culture sous l’angle
de l’histoire culturelle. Les successeurs de Boas (notamment A. Kroeber et C. Wissler), en
s’appuyant sur les notions d’aires et de traits culturels, vont chercher à définir les plus petits
composants d’une culture. ils étudient la répartition spatiale d’un ou de plusieurs traits
culturels, leur répartition dans des cultures proches et analysent le processus de leur
diffusion. S’il y a convergence de traits semblables, on parle alors d’aire culturelle et c’est
en son centre que se trouvent les caractéristiques fondamentales d’une culture.
• Le second courant cherche à analyser les rapports entre culture (collective) et personnalité
(individuelle) en suivant l’analyse fonctionnaliste de la culture que fait Malinowski. Le
fonctionnalisme, centré sur le présent, permet de montrer que chaque culture constitue un
tout cohérent, que tous les éléments d’un système culturels s’harmonisent les uns aux autres
et que ainsi, tout système est équilibré et chaque culture se conserve , identique à elle-même.
• Enfin le troisième courant considère la culture comme un système de communication entre les
individus. Les anthropologues vont chercher à comprendre comment les êtres humains
incorporent et vivent leur culture. Par exemple, R. Benedict va tacher de décrire les types
culturels, M. Mead la transmission culturelle et Linton et Kardiner la personnalité de base.
Ø Les leçons de l’anthropologie culturelle
L’auteur critique ici la présentation réductrice, de la France notamment, des thèses culturalistes.
En effet, le culturalisme serait ainsi représenté comme un système théorique unifié alors que les
propositions théorique du culturalisme ont été avancées progressivement et souvent corrigées. Ainsi
plusieurs critiques sont faites au culturalisme :
• L’essentialisme, qui consiste à concevoir la culture comme une réalité en soi, ce à quoi
D.Cuche objecte que si ce peut être le cas pour Kroeber, la plupart des anthropologues ne
sont pas d’accord, notamment M. Mead qui conçoit la culture comme une abstraction.
• Une conception statique, figée de la culture alors que les culturalistes ne croient pas à la
stabilité des cultures et font attention aux évolutions culturelles.
• Les culturalistes ne parviennent pas à déterminer si l’approche relativiste des cultures,
c’est-à-dire l’unité des cultures, est une méthode ou une théorie.
Cependant si les culturalistes sont beaucoup critiqués, ils ont tout de même beaucoup apporté. Ils
défendent l’idée que si chaque culture est particulière elles fondent ensemble une culture de
l’humanité. De plus, ils ont déterminé ce qui relevait réellement de l’homme et ce qui relevait de la
nature. Enfin, ils ont relevés l’importance de l’éducation Ils font parties de l’école « culture et
personnalité ». Grace au culturalisme, la culture apparait désormais comme un ensemble organisé
d’éléments interdépendants.
Ø Levi Strauss et l’analyse structurale de la culture
« Toute culture peut être considérée comme un ensemble de système
symboliques au premier rang desquels se placent le langage, les règles
matrimoniales, les rapports économiques, l’art, la science, la religion. Tous ces
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systèmes visent à exprimer certains aspects de la réalité physique et de la réalité
sociale, et plus encore les relations que ces deux types de réalité entretiennent
entre eux et que les systèmes symboliques eux même entretiennent les uns avec
les autres » P.48
Lévi-Strauss cherche à dépasser l’approche particulariste et à s’intéresser à l’invariabilité des
cultures. C’est-à-dire qu’il va chercher à répertorier les invariants, c’est-à-dire les « matériaux
culturel » toujours identiques d’une culture à une autre. L’anthropologie structurale a pour but de
remonter aux fondements universels de la culture, au moment de la rupture avec la nature.
Ø Culturalisme et sociologie : « sous culture » et « socialisation »
Avec un rapprochement entre sociologie et anthropologie aux Etats Unis se produit aussi la
formation des « études de communautés ». Ainsi apparait la notion de concept de sous culture, qui
s’attache à étudier la diversité culturelle américaine plutôt que l’unité de la culture Américaine. La
socialisation désigne le processus d’intégration d’un individu à une société donnée par l’intériorisation
des modes de penser, de sentir et d’agir, c’est-à-dire des modèles culturels propres à cette société.
Ø L’approche interactionniste de la culture
Les interactionnistes considèrent la culture comme un système de communication interindividuel,
un ensemble de significations que les individus se communiquent à travers des interactions
individuelles.
Chapitre 4 :L’étude des relations entre les cultures et le renouvellement du concept de culture.
L’auteur s’interroge ici sur le retard des recherches sur l’entrecroisement des cultures. Et sur comment
ils y ont remédié.
Ø La superstition du primitif
L’orientation de l’ethnologie vers les cultures primitives serait pour R. Bastide les raisons de ce
retard. En effet, pour eux étudier les cultures primitives leur aurait permis de déterminer comment les
sociétés actuelles allaient se développer.
Ø L’invention du concept d’acculturation
Ce concept d’acculturation a pour but l’observation des faits de contact entre les cultures mais
sans jugement de valeurs, comme il était fait le plus souvent. Les anthropologues donnent à cette
acculturation un contenu purement descriptif qui n’implique pas une position de principe sur un
phénomène. L’anthropologie va chercher à montrer la complexité des phénomènes d’acculturation
puisqu’il faudrait connaitre de quel type d’acculturation il s’agit, comment elle s’est produite …
Ainsi le conseil de la recherche en sciences sociales crée un comité chargé de faire des recherches sur
l’acculturation. Ce comité, composé de R. Redfield, R. Linton, M. Herskovits, écrit dans son
Mémorandum pour l’étude de l’acculturation (1936) :
« L’acculturation est l’ensemble des phénomènes qui résultent d’un contact
continu et direct entre les groupes d’individus de cultures différentes et qui
entrainent des changements dans les modèles culturels initiaux de l’un ou des
deux groupes » P.59
Cette théorie de l’acculturation serait née de du certaines interrogation u culturalisme américain. Ainsi,
on peut retrouver dans cette acculturation les mêmes limites que pour le culturalisme.
Cuche D., La notion de culture dans les sciences sociales, La decouverte, Grands repères, 1996
Ø R. Bastide et les cadres sociaux de l’acculturation
Il a fait reconnaitre le concept d’acculturation comme nécessaire à l’anthropologie. Il va ainsi
mettre en avant que le culturel ne peut pas s’étudier indépendamment du social, ce qui permettrait de
favoriser certaines relations telles que les relations d’intégrations. Il remarque que les faits
d’acculturation forment un phénomène social total. Il va ainsi établir une typologie des situations de
contacts culturels à partir de critères généraux, culturels, et sociaux ce qui lui permet de classifier les
phénomènes d’acculturations. Il cherche ensuite à les expliquer en analysant différents facteurs
déterminants dans le processus d’acculturation tels que les facteurs démographiques, écologiques et
ethniques.
Ainsi, le développement des études sur les faits d’acculturation a conduit à un renouvellement du
concept de culture qui est dorénavant comprise comme un ensemble dynamique, plus ou moins
cohérent et homogène. Ainsi les cultures particulières ne sont pas étrangères les unes aux autres,
puisqu'elles sont en communication les unes avec les autres.
Ø Le renouveau des études sur les contacts de cultures
Si aujourd’hui le terme d’acculturation ne désigne plus qu’un phénomène d’imposition d’un
modèle culturel sur un autre, certains auteurs cherchent à renouveler la réflexion sur les relations
interculturelles telles que des réflexions sur la notion de métissage et de créolisation.
Chapitre 5 : Hiérarchies sociales et hiérarchies culturelles.
Les cultures n’existent pas indépendamment des rapports sociaux. Il y a une hiérarchie de faits entre
les cultures qui résultent de la hiérarchie sociale.
Ø Culture dominante et culture dominée
Dans un espace social donné, il existe toujours une hiérarchie culturelle. En effet, Marx et Weber, par
exemple, ont remarqués que la culture de la classe dominante est toujours la culture dominante. Les
classes dominantes ont une force de diffusion qui fait qu’elles dominent naturellement tandis que les
cultures dominés ne peuvent que résister à la culture dominante. Mais la domination culturelle n’est
jamais totalement assurée, elle doit s’accompagner d’un travail d’inculcation. Il faut étudier les
cultures dominées comme des cultures à part entière, sans quoi elles ne seraient plus qualifiables de
culture.
Ø Les cultures populaires
-
Définition minimaliste : les cultures populaires n’ont aucun dynamisme propre, elles ne sont
que des dérivés de la culture dominante qui est la seule légitime.
Thèse maximaliste : Les cultures populaires sont égales voire supérieures à la culture
dominante.
Mais la réalité est plus complexe, les cultures populaires ne sont que des cultures de groupes sociaux
subalternes, elles se construisent dans une situation de domination. Mais insister sur cette situation de
domination pourrait réduire leur autonomie. En effet, c'est l’oubli de la domination, et non pas la
résistance, qui va rendre possible pour cette culture des activités culturelles autonomes.
Ø La notion de « culture de pauvreté »
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Cette notion a été inventée par O. Lewis dans ses recherches sur les populations pauvres marginales.
Cette culture de pauvreté joue un rôle dynamique et exerce une fonction adaptatrice, comme toute
société. Elle est une culture car elle est structurante. Lewis cherchait ici à dépasser la conception
misérabiliste des pauvres en montrant qu'ils sont des acteurs sociaux.
Ø La notion de « culture de masse »
Cette culture de masse, même diffusée à l’échelle de la planète, ne peut pas aboutir à une culture
mondiale. Ainsi, la mondialisation de la culture ne peut pas avoir lieu puisque les hommes seront
toujours séparés par des diversités culturelles. Cependant, cette notion à une faible valeur heuristique.
Ø Les cultures de classe
Les chercheurs ont, d’âpres l’imprécision de ces notions de cultures, décidés d reconsidérés le concept
de culture en se basant sur des enquêtes empiriques. Ainsi, des études ont montré que les modèles de
comportements, et les principes d’éducations varient d’une classe à une autre. Par exemple, la façon de
s’alimenter varie selon la classe sociale. Weber, lui a remarqué dans L’Ethique protestante et l’esprit
du capitalisme qu’on ne peut comprendre les comportements économiques des entrepreneurs
capitalistes que si l’on tient compte de leur conception du monde et de leur système de valeur. Il
observe ainsi une « affinité élective entre l’éthique puritaine et l’esprit du capitalisme » ce qui lui
permet de montrer plus généralement que les problèmes symboliques et idéologiques ont une
influence sur l’évolution des phénomènes sociaux et économiques. Les recherches sur les cultures de
classes ont surtout eu lieu en France sur la culture ouvrière, notamment à travers les travaux de M.
Halbwachs selon lesquels les besoins des individus, qui orientent leur pratique culturelle, sont
déterminés par les rapports de production. Il remarque aussi une spécificité de la culture ouvrière.
Ø Bourdieu et la notion d’habitus
Les habitus sont ce qui caractérise une classe ou un groupe social par rapport aux autres qui ne
partagent pas les mêmes conditions sociales. C’est ce qui permet aux individus de s’orienter dans leur
espace social. C’est également l’incorporation de la mémoire collective et de dispositions corporelles,
l’hexis corporel, qui confère un style particulier à chaque groupe.
Chapitre 6 : Culture et identité
Le terme « identité » est souvent associé à la culture. Mais les notions de cultures et d’identités
culturelles ne peuvent pas être confondues, la culture relevant de processus inconscient alors que
l’identité est nécessairement consciente. La question de l’identité culturelle revoit à la question de
l’identité sociale.
Ø Les conceptions objectivistes et subjectivistes de l’identité culturelles
L’identité culturelle renverrait au groupe originel d’appartenance de l’individu. L’identité apparait
ainsi comme incapable d’évoluer et sur laquelle l’individu n’a aucune prise. D’autres considèrent
l’identité ethnoculturelle primordiale puisque l’appartenance au groupe ethnique est l’appartenance
sociale dans laquelle se nouent les liens les plus déterminants. Toutes les théories sont reliées par une
même conception objective de l’identité culturelle, c’est-à-dire la définition de l’identité culturelle à
partir d’un certain nombre de critères déterminants. Mais pour les subjectivistes, l’identité ne peut pas
être considérée de façon statique, immuable, ce n’est pas une identité reçue une fois pour toute.
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Ø La conception relationnelle et situationnelle
Mais qu’elles soient subjectives ou objectives, les théories font abstraction du contexte relationnel qui
lui seul peut expliquer pourquoi une identité est affirmée ou refoulée. Il faut, selon Barth, repérer
parmi certains traits culturels ceux qui sont utilisés parmi les membres du groupe pour affirmer une
distinction culturelle. Les membres d’un groupe ne sont pas perçus comme déterminés par leur
appartenance ethno culturelle car c’est justement les membres qui attribuent une signification à celle-ci
en fonction de la situation relationnelle dans laquelle ils se trouvent. C’est une conception dynamique
de l’identité. Il faut alors mieux utiliser le concept de l’identification qui dépend de la position de
chacun dans le système de relation qui lie les groupes entre eux. L’identité est « l’enjeu de luttes
sociales », elle en devient donc problématique et il ne faut pas attendre des sciences sociales qu’elles
parviennent à donner une définition irréfutable de l’identité.
Ø L’identité multidimensionnelle
C'est l’identité résultant d’une construction sociale, elle participe à la complexité du social. Il n’y a pas
d’identité unidimensionnelle, l’identité variant d’un individu à l’autre. Cette conception d’une seule
identité empêche de comprendre les phénomènes d’identités mixtes des jeunes issus de l’immigration,
appelés « double identités ».
L’identité culturelle est variable et multidimensionnelle et chaque individu a conscience de cette
variabilité qui suit les dimensions du groupe selon les situations relationnelles.
C’est justement son caractère multidimensionnel qui rend l’identité difficile à définir. Ainsi, certains
auteurs vont utiliser le concept de « stratégie identitaire » ou l’identité apparait comme un but, comme
une identité non pas absolue mais relative. Les stratégies impliquent que l’individu en tant qu’acteur
social a une grande marge de manœuvre mais il n’est pas pour autant libre de définir son identité.Le
caractère stratégique de l’identité permet de rendre compte par exemple de phénomènes identitaires
mais aussi expliquer les variations identitaires, la façon dont laquelle l’identité se construit.
Ø Les frontières de l’identité
Toute identification est aussi une différenciation. Ce qui créer la frontière, c’est la volonté de se
différencier et l’utilisation de certains traits culturels comme marqueurs de son identité spécifique. Ce
n’est pas parce qu’on participe a une culture particulière que cela nous donne une telle identité
particulière. Il n’existe pas d’identité culturelle en soi. Il ne faut pas chercher à trouver l’identité mais
à trouver ce que cela signifie de recourir à l’identité de quelque chose.
Chapitre 7 : Culture d’entreprises et culture professionnelles
La notion anthropologique de la culture a fini par s’étendre à d’autres domaines de la vie sociale tel
que les milieux professionnels.
Ø La notion de culture d’entreprise
Ce n’est pas une création des sciences sociales mais bien un produit du monde de l’entreprise. Cette
notion semblait être une réponse à la critique que suscitaient les entreprises en France au début de
1980, en pleine période de crise de l’emploi. L’usage de la culture était une stratégie de la part des
dirigeants d’entreprises afin d’obtenir l’adhésion des travailleurs aux objectifs qu’ils avaient définis et
de faire paraitre leur entreprise comme une institution forte afin de garder la loyauté des ouvriers. La
culture d’entreprise n’a retenu de la culture que ce qui pouvait servir ses intérêts : c’est une
manipulation idéologique qui doit légitimer l’organisation du travail.
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Pour les sociologues, la culture d’entreprise désigne le résultat des confrontations culturelles entre les
différents groupes sociaux qui composent l’entreprise. Cette culture d’entreprise ne peut alors exister
sans les individus qui composent l’entreprise. Ainsi, R. Sainsaulieu a définit quatre modèles culturels
principaux en fonction des catégories socio professionnelles au sein de l’entreprise, qui coexistent et
s’entrecroisent. P. Bernoux a analysé les pratiques d’appropriations de l’univers du travail par les
travailleurs les plus démunis sur le plan de la qualification et du travail. La culture d’entreprise se situe
à l’intersection des différentes micros cultures au sein de l’entreprise, elle se forme par un « jeu »
complexe d’interactions entre les groupes qui composent l’entreprise.
La culture d’entreprise est donc à la fois le reflet de la culture environnante et une production nouvelle
qui s’élabore au sein de l’entreprise à travers les interactions entre les groupes sociaux.
Ø Les grandes écoles et la culture
L’influence de la culture s’est propagée jusqu’aux grandes écoles françaises qui, à leur discours sur
l’esprit, très abstrait, ont préféré un discours culturel. Chaque grande école a alors choisie d’affirmer
sa culture propre, prétendue unique et irremplaçable ce qui est un moyen d’affirmer sa différence avec
les autres écoles avec lesquelles elles sont en concurrence.
Ø Un exemple de culture professionnelle : la culture militaire
Cette culture militaire a fait l’objet de beaucoup de recherches sociologiques et anthropologiques.
Selon E. Leronturier, la culture militaire s’est développée à partir de l’axe qui oppose les optiques
internalistes et externalistes et de l’axe qui oppose la culture et le métier. L’observation des
comportements quotidiens va permettre de passer au-delà de ces oppositions et de montrer que la
culture militaire s’acquiert et se construit dans les expériences et les pratiques quotidiennes
d’apprentissage du métier.
L’attachement de l ‘armée à sa culture est pour elle une force car sa culture lui donne une identité
forte. Mais le sacrifice de soi, nécessaire dans l’armée n’est pas réellement compatible avec le souci de
soi, ce qui fait que les normes culturelles de l’armée nécessitent une compensation.
Chapitre 8 : Enjeux et usages sociaux de la notion de culture
Si la notion de culture s’est rapidement propagée, il faut désormais faire la différence entre l’usage
sociale de la culture et son usage scientifique.
Ø La notion de culture politique
Cette culture politique a sans doute pour but conférer aux hommes politiques une certaine
légitimité. Ainsi, c’est la dimension culturelle de la politique que les hommes traduisent par culture
politique. Tout système politique est donc lié à un système de valeur et de représentation, à une
culture. G. Almond et S. Verbont réalise une typologie des cultures et des structures politique de cinq
pays différent. Les sociologues sont aussi intéressé aux sous culture politique c qui les a amené au fait
qu’il n’y a pas de structure politique universelle.
Ø Culture, développement et sous développement
Les facteurs sociaux sont importants pour le développement. Le développement est une question
culturelle et il n’y a pas de développement harmonieux possible sans de liberté culturelle. Le
développement est la cause de changements sociaux t culturels.
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Ø Culture des immigrés et culture d’origine
Ici, l’auteur s’interroge sur la façon dont les immigrés s’intègrent dans leur pays d’accueil mais
aussi sur leur diversité culturelle. La culture d’origine est contestable puisqu’elle donne une fausse
conception de la culture particulière. On ne peut pas transporter une culture comme on transporte un
bagage, ce sont les individus qui se déplacent et qui vont créer des contacts. La culture d’origine
néglige ce contact mais aussi sous estime le changement culturel lors du changement de société.
Aucune culture n’est plus évolutive qu’une culture confrontée à une forte émigration. La culture
d’origine ne peut designer que la culture d’appartenance au moment du départ. La culture d’origine ne
permet pas de reconnaitre la diversité sociale des migrants u=issus d’une même société. Ce sont les
structures sociales et familiales du groupe d’origine des migrants qui vont permettre d’expliquer les
différences dans les modes d’intégration et d’acculturation. Les cultures des migrants sont des cultures
mixtes
Ø La question du multiculturalisme
Le multiculturalisme revendique une reconnaissance politique officielle de la pluralité des
cultures, plus qu’un simple constat de l’existence d’une société multiculturelle. La politique
multiculturaliste doit assurer l’égalité des traitements entre les différents groupes culturels qui
composent une société. Le multiculturalisme prend en compte les différences ethniques, religieuses et
culturelles pour organiser leur coexistence dans le respect des règles communes à tous qui
transcendant les appartenances particulières. Ainsi le multiculturalisme a pour but d concilir vision
particulariste et unitaires de la culture.
Conclusion :
D. Cuche nous présente ici une conclusion sous forme de paradoxe : alors que le concept de culture est
réexaminé de façon critique dans les sciences sociales, le concept se diffuse dans les milieux sociaux
et professionnels les plus divers. Cependant il y a eu beaucoup de confusion sur cette notion de
culture, dues généralement à la mauvaise compréhension de sa définition scientifique.
Aujourd’hui le concept de culture est tout aussi utile aux sciences sociales, puisque cela met en
évidence la dimension relationnelle des cultures.
C’est le relativisme culturel qui est mal utilisé : il faut le considérer comme un principe
méthodologique, ce qui le rend alors recevable scientifiquement. Ainsi, recourir au relativisme
culturel, c’est dire que tout ensemble culturel tend vers la cohérence et l’autonomie, ce qui confère à la
culture son caractère singulier. Il faut étudier toute culture sans a priori, sans la comparer à d’autres
cultures.
Enfin, D. Cuche nous dit que le moyen d’appréhender la culture et les cultures, c’est d’utiliser de
façon complémentaire le relativisme culturel et l’ethnocentrisme.
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