commentaire

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COMMENTAIRE
Services économiques TD
8 avril 2013
STIMULER LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE DES ÉTATSUNIS GRÂCE AUX EFFETS DE RICHESSE
Faits saillants
• La semaine dernière, l’indice S&P500 a dépassé son niveau record avant de se replier encore une
fois. Cette situation a soulevé des questions au sujet de l’incidence des effets de richesse sur la
croissance économique.
• On estime généralement que l’effet de richesse découlant de la hausse des prix des logements
est plus important que celui résultant de l’appréciation des marchés boursiers. En conséquence, la
richesse financière n’a pas une portée aussi large.
• Les effets de richesse ne sont toutefois pas linéaires. En effet, les ménages réagissent différemment
aux gains de richesse qui représentent seulement un rattrapage par rapport aux pertes antérieures
et aux gains qui portent la richesse à de nouveaux sommets.
• Nous estimons que la richesse immobilière ajoutera environ 0,2 point de pourcentage à la croissance
du PIB cette année, contre 0,3 point de pourcentage découlant des gains boursiers plus considérables
et durables.
• Les effets de richesse apportent une contribution significative, mais se laissent néanmoins distancer par les avantages directs d’un marché immobilier en plein essor au chapitre de la relance de
l’investissement et de l’emploi.
Les investisseurs étaient très enthousiastes quand l’indice composé S&P 500 a commencé à s’approcher
de son niveau record. Dans la même veine, les clients ont commencé à se demander ce que cela signifiait
sur le plan des perspectives économiques. Cette question repose sur la notion de l’« effet de richesse »,
en vertu de laquelle une hausse soutenue des prix des actifs éveille
chez les investisseurs un sentiment de sécurité à l’égard de leur
VALEUR NETTE DES MÉNAGES AMÉRICAINS
patrimoine et les pousse à dépenser davantage.
Variationdelavaleurnette,enbillionsdedollarsUS
Benjamin Franklin avait bien raison d’affirmer ce qui suit : «
15
11.6
10.9
En ce monde rien n’est certain, à part la mort et les impôts. » Les
10
gains boursiers ne figuraient pas dans cette liste, et avec raison.
7.7
10.7
Vendredi, les marchés boursiers ont d’ailleurs trébuché en réac5
4.2
tion à l’annonce de statistiques économiques décevantes, ce qui
0.4
0
a temporairement freiné l’euphorie des investisseurs. La question
-6.3
Actifsfinanciers
-5
de l’incidence économique demeure néanmoins pertinente. D’un
Actifscorporels
point de vue économique, le voyage est plus important que la
-10
-11.2
Valeurnettetotale
destination. Les effets de richesse se manifestent généralement
-15
avec un certain retard, en particulier lorsqu’ils découlent des gains
-16.0
-20
boursiers attribuables à la volatilité inhérente.
Sommet-creux
2009-2012
2012-2014
Au cours de la dernière année, l’indice S&P 500 s’est apprécié
Source:Réservefédérale.PrévisionsdesServiceséconomiquesTD.
de 12 %. Fait encore plus impressionnant, il a plus que doublé
Beata Caranci, vice-président et économiste en chef adjointe, 416-982-8067
Services économiques TD | www.td.com/economics
ACTIFS DÉTENUS SELON LE REVENU FAMILIAL
Pourcentagedefamillesdétenantdesactifs
100
90
80
70
60
Fondsengestioncommune
Actions
Comptesderetraite
Résidenceprincipale
50
40
30
20
10
0
Moinsde
20
20–39,9
40–59,9
60–79,9
80–89,9
90–100
Percentiledurevenu
Source:Réservefédérale.Statistiquesde2010.
depuis son creux de la récession de mars 2009. Parallèlement, l’actif total des ménages a bondi de 16 billions de dollars, neutralisant ainsi la quasi-totalité des pertes essuyées
durant la récession. Cependant, si vous ne vous sentez pas
riche comme Crésus, c’est parce que la plus grande partie de
la reprise s’est produite du côté des actifs financiers et qu’il
est moins probable que votre ménage détienne cette catégorie d’actif. En effet, l’actif le plus répandu est l’immobilier,
dont la valeur demeure inférieure d’environ 5 billions de
dollars à son sommet du début de 2006.
La richesse immobilière a une plus forte incidence
que la richesse boursière
L’analyse des effets de richesse révèle que l’incidence
économique de la hausse des prix des logements est toujours plus marquée que les retombées de l’appréciation
des marchés boursiers. La richesse financière se concentre
surtout dans les mains des gens fortunés et, par conséquent,
n’a pas une portée aussi large que la richesse immobilière.
Des statistiques publiées par la Réserve fédérale révèlent
que près de la moitié des familles dont le revenu est compris
dans la tranche supérieure de 10 % détiennent directement
des actions, et que 90 % d’entre elles ont des comptes de
retraite qui sont susceptibles de profiter d’une augmentation des cours boursiers. Dans le cas des familles dont le
revenu se situe dans les 40e à 60e percentiles, ces chiffres
chutent respectivement à 12 % et 53 % seulement. Plus on
descend dans l’échelle des revenus, plus cette représentation
diminue, jusqu’à atteindre des niveaux négligeables dans le
groupe des familles à plus faible revenu.
En revanche, sur le plan des actifs immobiliers, la répartition est plus uniforme entre les familles, quel que soit
8 avril 2013
leur niveau de revenu. Dans le groupe des familles dont le
revenu est le plus élevé, 90 % des ménages détiennent des
biens immobiliers. Or, cette proportion passe à 71 % dans
le groupe des ménages à revenu moyen. Et même dans la
tranche inférieure de l’échelle des revenus, près de 40 %
des familles détiennent des actifs immobiliers.
Les estimations relatives aux effets de richesse varient
selon la catégorie d’actif. En général, toutefois, une hausse
d’un dollar de la valeur des actifs immobiliers entraîne, en fin
de compte, une augmentation de 3 à 7 cents des dépenses de
consommation, contre une hausse de 1 à 3 cents seulement
par dollar de gain boursier. On peut donc affirmer que les
variations de la richesse immobilière ont une plus grande
incidence sur l’économie que l’appréciation des marchés
boursiers. Cela n’est pas attribuable au seul fait que l’actif
est détenu par une proportion plus importante de la population. L’innovation financière a aussi donné aux ménages
la capacité de tirer profit de l’augmentation de la valeur de
leur maison grâce à l’extraction hypothécaire (Mortgage
Equity Withdrawal). Pensons notamment aux lignes de
crédit sur valeur domiciliaire. Or, l’extraction hypothécaire
affiche actuellement un solde négatif, ce qui signifie que les
ménages évitent de puiser dans leur patrimoine immobilier
pour financer leurs achats. À cet égard, ils comptent plutôt
sur leurs revenus. Ce n’est pas surprenant, étant donné que
malgré la récente poussée des prix des logements, 20 %
des titulaires de prêts hypothécaires se situent encore en
territoire négatif, c’est-à-dire que la valeur de leur maison
est inférieure au montant de leur prêt hypothécaire.
Voilà qui illustre bien le lien non linéaire qui existe entre
les estimations relatives à l’effet de richesse. On comprend
IMMOBILIER RÉSIDENTIEL
2.0
ContributionàlacroissanceduPIBréel
Prévisions
1.5
1.0
0.5
0.0
-0.5
-1.0
-1.5
Constructionrésidentielle
-2.0
Richesseimmobilière
-2.5
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
Sources:BEA,RéservefédéraleetServiceséconomiquesTD.
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de mieux en mieux que les ménages réagissent différemment aux gains de richesse qui représentent seulement un
rattrapage par rapport aux pertes antérieures et aux gains qui
portent la richesse à de nouveaux sommets. Les premiers
donnent lieu à des effets de richesse plus discrets, ce qui
suggère que les estimations ci-dessus se situent vraisemblablement à l’extrémité inférieure de la fourchette. Cela
s’applique autant aux gains immobiliers qu’aux gains boursiers, car ces derniers n’ont réussi qu’à rattraper le chemin
perdu depuis les sommets d’avant la récession.
Stimuler la croissance économique
Pour cette raison, nous estimons que le gain de 7,3 %
enregistré par les prix des logements au cours des 12 derniers
mois équivaudra à l’ajout d’environ 0,3 point de pourcentage aux dépenses de consommation réelles cette année, ou
de 0,2 point de pourcentage à la croissance du PIB réel.
Dans le même ordre d’idées, nous prévoyons que les gains
boursiers, plus considérables, ajouteront au plus 0,3 point
de pourcentage à la croissance du PIB réel.
Même si les effets de richesse apportent une contribution significative, ils se laissent distancer par les avantages
directs d’un marché immobilier en plein essor au chapitre
de la relance de l’investissement et de l’emploi. Sur ce plan,
l’investissement dans le secteur de la construction résidentielle devrait croître de 17 % au cours des 12 prochains mois,
contribuant directement pour 0,4 point de pourcentage à
la croissance économique. Or, ce n’est que la pointe de
l’iceberg, car on s’attend aussi à ce qu’il génère 400 000
nouveaux emplois supplémentaires, soit environ 20 % du
nombre total d’emplois créés en 2013.
Bien que les effets de richesse ne constituent pas le
principal catalyseur d’une reprise, ils en sont des conséquences bénéfiques. Chose certaine, la Réserve fédérale
(la Fed) a reconnu, dans divers discours et commentaires,
leur importance pour l’actuel cycle économique. Comme
M. Bernanke l’a souligné en 2010, « …la diminution des
taux hypothécaires rendra l’immobilier plus abordable et
permettra à davantage de propriétaires de refinancer leur
prêt hypothécaire. Par ailleurs, le recul des taux des obligations de sociétés encouragera l’investissement. De plus,
l’ascension des cours boursiers accentuera la richesse des
consommateurs et contribuera à accroître la confiance,
qui peut quant à elle soutenir les dépenses. La hausse des
dépenses entraînera une augmentation des revenus et des
bénéfices qui, à leur tour, soutiendront encore davantage
l’expansion économique. » Ces sages paroles du président
de la Fed concluent à merveille le présent commentaire.
Beata Caranci
Vice-président et
économiste en chef adjointe
416-982-8067
Notes
1.http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/11/03/AR2010110307372.html?hpid=topnews
Le présent rapport est fourni par les Services économiques TD. Il est produit à titre informatif seulement et peut ne pas convenir à d’autres
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contient des analyses et des opinions portant sur l’économie, notamment au sujet du rendement économique et financier à venir. Par
ailleurs, ces analyses et opinions reposent sur certaines hypothèses et d’autres facteurs et sont sujettes à des risques inhérents et à une
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