Piotr Iliytch Tchaïkovski (1840-1893) Suite de Casse-Noisette op.71a En Russie, avant Tchaïkovski, le ballet était considéré comme un art mineur. Grâce à ses trois partitions - Le Lac des Cygnes (1876), La Belle au bois dormant (1889) et Casse-Noisette (1892), il impose dans son pays un genre qui ne connaissait alors que les modèles allemands et italiens. La musique et les arts russes, en général, étaient influencés par les cultures et l’art de vivre européens. On parlait plus volontiers le français à la cour impériale de Russie que le russe, langue réservée au peuple. De fait, on retrouve fortement l'inspiration mélodique française dans les trois ballets de Tchaïkovski qui, rappelons-le, voyageait régulièrement en France, entre Paris et Nice et parlait notre langue avec aisance. Dans ses trois ballets, il s’inspire de contes féeriques aussi bien européens que russes. La genèse de la composition du dernier ballet, Casse-Noisette, est étonnante car la suite orchestrale fut composée avant la chorégraphie. Créé en 1893, soit l'année de la mort de Tchaïkovski, le ballet repose sur le conte d'Hoffmann. La musique s'adresse autant aux enfants qu'aux adultes. Les danses y sont réputées pour leur aspect pittoresque, mais aussi leur humour à peine déguisé. Toutes les couleurs sont stylisées, mais n'ont guère de rapport avec leur pseudo origine arabe ou asiatique. Casse-Noisette synthétise le travail du musicien sur ses deux ballets antérieurs. L’orchestration souvent complexe est mise en valeur dans la suite pour orchestre. Celle-ci fut créée à Saint-Pétersbourg, le 7 mars 1892 sous la direction du compositeur. Elle comprend huit numéros extraits des différents actes : Ouverture miniature, la Marche, puis la Danse de la Fée Dragée, Trépak, la Danse arabe, la Danse chinoise, la Danse des mirlitons et enfin, la Valse des fleurs. Notons par ailleurs, que le célesta découvert par Tchaïkovski lors d'un voyage à Paris, est utilisé pour la première fois par un orchestre symphonique. Stéphane Friédérich A LIRE André Lischke, Piotr Ilitch Tchaïkovski (éditions Fayard, 1993)