L`economie de l`attention - Diuf

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Séminaire e-CRM
Prof. Dr. Andreas Meier
Ass. Nicolas Werro
SE 06
Université Fribourg
L'économie de l'attention
Présenté par :
Anne Gachet et Patrick Schibli
Juin 2006
L’économie de l’attention
i
Table des matières
1.
Introduction........................................................................................................ 1
1.1.
Objectifs .................................................................................................................... 1
1.2.
Structure ................................................................................................................... 1
2.
Rareté de l'attention........................................................................................... 1
2.1.
Facteurs réduisant l’attention disponible ............................................................ 2
2.1.1.
Les consommateurs d’attention .................................................................... 2
2.1.2.
Surproduction d’informations ....................................................................... 2
2.2. Conséquence : La bataille de l’attention............................................................... 3
3.
Le point de vue humain...................................................................................... 4
3.1.
Le processus d’attention ......................................................................................... 4
3.1.1.
Les dimensions et types d’attention ............................................................. 4
3.2. L’importance de l’attention chez l’humain .......................................................... 6
3.2.1.
L’attention comme vecteur de pouvoir ........................................................ 6
3.2.2.
L’attention comme nourriture narcissique .................................................. 6
3.2.3.
L’attention, un acquis sur le long-terme....................................................... 7
4.
Les trois fonctions de l’économie de l’attention dans l’E-CRM ......................... 7
4.1.
La capture d’attention............................................................................................. 8
4.1.1.
La publicité, un vol d’attention ? ................................................................... 8
4.1.2.
Push & pull ....................................................................................................... 9
4.1.3.
La publicité « mine de rien »… ..................................................................... 9
4.1.4.
Exemple concret et réflexion sur le marketing viral : Benetton.............. 10
4.1.5.
Valoriser l’attention ....................................................................................... 12
4.2. La gestion de l’attention : ..................................................................................... 12
4.2.1.
La collecte de données .................................................................................. 13
4.2.2.
La structuration des données....................................................................... 14
4.2.3.
Interface CRM ................................................................................................ 15
4.3. La protection de l’attention :................................................................................ 15
4.3.1.
La concurrence............................................................................................... 15
4.3.2.
La personnalisation ....................................................................................... 16
4.3.3.
L’addictivité .................................................................................................... 16
5.
Conclusion ........................................................................................................ 17
6.
Bibliographie .................................................................................................... 19
L’économie de l’attention
1
1. Introduction
L’économie de l’attention est un concept introduit par le chercheur Herbert Simon dans les
années 70. Ce concept trouve sa source dans l’évolution qu’a subit la société de l’information,
particulièrement dès le 20ème siècle. En effet, si il y a une centaine d’années, il était
relativement aisé d’attirer l’attention des individus, cela est devenu aujourd’hui un véritable
tour de force. La principale cause de cette évolution réside dans l’augmentation considérable
des consommateurs d’attention. L’apparition de la télévision et plus encore celle d’Internet
en constituent deux exemples.
Après H. Simon, le sujet été repris par des chercheurs représentatifs de deux courants
distincts. Le premier, mené par Michael H. Goldhaber y donne une orientation plus
sociologique et cognitive. Parallèlement, Thomas H. Davenport traite ce concept sous l’angle
des stratégies économiques.
1.1.
Objectifs
L’économie de l’attention représente aujourd’hui un vaste sujet toujours en évolution du fait
de l’apparition de nouveaux médias et outils qui y sont relatifs et surtout de plus en plus
d’actualité en raison de la prolifération des consommateurs d’attention. Il est dès lors difficile
d’espérer en couvrir la totalité dans ce travail. L’objectif est donc d’être capable de répondre à
deux questions à la fin de cette recherche. Nous avons dans un premier temps souhaité
comprendre comment fonctionne fondamentalement le phénomène d’attention chez l’être
humain. Ensuite, sachant cela, comment les entreprises sont capables d’y répondre dans le
but d’attirer les clients chez eux et ceci particulièrement dans le domaine électronique.
1.2. Structure
La structure de ce travail suit la réflexion présentée auparavant. Cependant, un premier
chapitre est destiné à la présentation du concept à proprement parler et à l’évolution ayant
conduit à la nécessité d’un tel phénomène. Il est alors possible de répondre aux questions
précitées.
2. Rareté de l'attention
Le cœur de l'économie de l'attention est pour une entreprise de parvenir à attirer l’attention
de ses clients, potentiels ou établis, malgré la grande quantité de sources d’information et de
sollicitations auxquels ils sont confrontés. Or, il s’agit d’une tâche difficile dans la mesure où
l’attention de l’être humain n’est pas élastique et présente des limites. L’individu est alors
saturé et ne peut accorder d’attention supplémentaire. Ce phénomène est appelé rareté de
l’attention.
L’attention ne peut être vu pour l’entreprise comme une commodité, mais comme une
ressource. L’attention n’étant pas élastique, chaque individu ne peut en allouer qu’à certaines
sources. Elle est en effet limitée dans la mesure où chaque individu en possède un stock fini.
Et lorsque la limite est atteinte, toute information supplémentaire ne peut plus être gérée et
passe dès lors inaperçue. De plus, chaque fois qu’un individu alloue de l’attention à une
L’économie de l’attention
2
source, il en prive une autre dans la même mesure. Ces aspects sont primordiaux pour
chaque entreprise fournissant des produits et services. En effet, une telle entreprise ne vit que
par la clientèle qui y est intéressée. L’intérêt des clients n’est cependant pas un acquis. C’est
la raison pour laquelle il faut être tout d’abord capable d’attirer leur attention. Cependant la
masse d’informations auxquelles un individu doit aujourd’hui faire face complique
considérablement la tâche. Toute la difficulté est donc d’être capable de se profiler vis-à-vis
des autres, afin d’être le premier à attirer l’attention encore libre chez un individu. Or, non
seulement la quantité de sources est immense, mais chaque source déverse de plus un flot
considérable d’informations. Un individu est en effet mitraillé à longueur de journée par ce
qui peut être considéré comme des consommateurs d’attention.
Si les entreprises étaient les seules à tenter d’attirer l’attention des individus, leur tâche serait
certainement plus aisée. Elles ne sont cependant non seulement pas les seules, mais surtout
pas les premières en terme de priorité. L’attention d’un individu peut en effet être attirée par
des sources diverses. La première englobe les personnes et aspects liés à sa propre vie. Les
sources qui y sont externes viennent ensuite dans l’ordre des priorités. Tout l’art consiste
donc pour une entreprise à parvenir à se lier aux consommateurs de manière à s’insérer dans
leur propre vie.
2.1. Facteurs réduisant l’attention disponible
L'attention est donc limitée par définition en raison du fonctionnement humain. Cependant,
si la quantité d'informations restait à un niveau raisonnable, les individus seraient capables
d'en gérer la majeure partie, comme c'était le cas durant les siècles derniers. Mais il existe
aujourd'hui des facteurs aggravant le phénomène. Il s'agit d'une part de la prolifération des
sources d'informations consommatrices d'attention et d'autre part de l'explosion
d'informations provenant de ces sources.
2.1.1. Les consommateurs d’attention
Les sources d’informations potentiellement consommatrices d’attention sont aujourd’hui très
nombreuses et très variées. Les principales sont les suivantes : l’humain en lui-même et les
médias.
Comme mentionné auparavant, l’humain en lui-même est un important consommateur
d’attention. Cela comprend en premier lieu l’aspect interne. C'est-à-dire les pensées de
chaque individu. Ces pensées en effet utilisent de l’attention ne pouvant être allouée à
d’autres sources. Ensuite les interactions entre individus en constituent une deuxième sorte.
Parler avec quelqu’un ou ne serait-ce qu’écouter cette personne est un important
consommateur d’attention.
Il existe cependant une autre grande catégorie de consommateurs d’attentions. Il s’agit de
l’ensemble des médias auxquels un individu est confronté. Les médias aujourd’hui recensés
comprennent l’affichage, le cinéma, la presse, la radio, la télévision et l’Internet. Or chaque
année un ou plusieurs de ces médias se développent. La presse par exemple connaît
aujourd'hui la révolution des quotidiens gratuits qui inondent le marché.
2.1.2. Surproduction d’informations
L’apparition d’Internet est sans conteste une des principales sources du problème de
surproduction d’informations auxquels les individus sont confrontés aujourd’hui. Cependant,
le phénomène trouve sa source bien auparavant.
L’économie de l’attention
3
La première étape remonte en effet au 15ème siècle et à l’apparition de l’imprimerie. Le taux de
production d’ouvrages est cependant resté pendant plusieurs siècles bien en dessous de ce
que les individus pouvaient absorber. Ainsi le problème a longtemps été de trouver
suffisamment d’ouvrages à lire plutôt que de trouver assez de temps pour lire les ouvrages
existants (Davenport). Avant le 15ème siècle, la reproduction d’information était donc
entièrement dépendante de l’humain. La copie d’un seul ouvrage pouvait prendre jusqu’à
plusieurs années. Ne se transmettait alors que l’essentiel des connaissances et en grande
majorité oralement. L’imprimerie a ainsi été la première étape dans la reproduction des
informations, celle des informations écrites. Suivirent ensuite l’oral puis l’image.
La situation aujourd’hui est ainsi bien différente que celle que connurent nos ancêtres. A
l’heure actuelle, aucun humain n’est en effet capable de prendre connaissance ne serait-ce
que du millième de toute les informations circulant autour du globe. A titre de comparaison,
la version dominicale du New York Times contient plus d’information que n’en contenait
l’ensemble des écrits accessibles aux lecteurs du 15ème siècle. Ce constat n’est cependant pas
étonnant dans la mesure où sur Internet uniquement, le nombre de site double tous les 100
jours.
C'est la raison pour laquelle chaque individu doit aujourd’hui faire face à une sur -production
et -reproduction d’informations. Grâce ou à cause de ce phénomène, il est des informations
que nul ne peut ignorer, même si certaines ne sont pour l’individu que peu pertinentes.
Cependant, ces informations consomment de l’attention qui ne sera pas allouée à d’autres
sources. Pour une entreprise pour laquelle l’attention des consommateurs est vitale, toute la
difficulté est donc de savoir comment être l’heureux vainqueur dans la bataille de l’attention
qui l’oppose à ses concurrents.
2.2. Conséquence : La bataille de l’attention
Désormais les entreprises ont bien compris la situation dans laquelle elles se trouvent en
matière de gestion de l’attention. Elles ont en effet réalisé que l’attention des consommateurs
était une ressource limitée et qu’ainsi chaque unité d’attention qu’elles parvenaient à
monopoliser privait les concurrents dans la même mesure. Les entreprises se sont alors
lancées dans la course de l’attention en utilisant ce qu’elles ont a disposition pour sortir du
lot. Le marketing et la communication sont ainsi devenus des outils indispensables à tous
pour tenter d’attirer l’attention des clients.
Tous ces outils cependant correspondent à des tendances que chacun s’efforce de suivre afin
d’être meilleur que son voisin. Et pour être meilleur, les entreprises n’hésitent pas à jouer la
carte de la surenchère. Ainsi par exemple, ces dernières années, en matière d’affichage
publicitaire, les individus ont reçu jusqu’à l’indigestion des campagnes publicitaires dites
porno chic. Ces campagnes choquant de moins en moins, les publicitaires ont alors lancé une
nouvelle mode, celle du retour aux valeurs. C’est ainsi que des mannequins sains et propres,
parfois entourés d’un conjoint et des enfants ont fait leur apparition sur les panneaux
publicitaires et dans les magazines de mode. Cependant tous les médias connaissent aussi
leurs modes. Internet par exemple a vécu les années flash. Chaque site se devait d’offrir son
animation ou ses menus clignotants pour attirer l’internaute. L’internaute de son côté
subissait l’attente du chargement de ces animations alors qu’il était venu uniquement pour se
procurer des informations. En réalité chaque média présente des exemples similaires de
mode que tous s’efforcent de suivre jusqu’à la lassitude des individus.
Le problème est que cette situation accentue encore le phénomène de surenchère. En effet,
étant donné que les entreprises suivent les mêmes tendances en matière d’attention, les
L’économie de l’attention
4
individus ciblés s’habituent peu à peu à la façon dont les messages sont transmis et y portent
du fait de moins en moins d’attention. Finalement la sensation de brouhaha n’en est
qu’accentuée et les efforts sont rapidement neutralisés.
3. Le point de vue humain
Pour parvenir à attirer l’attention d’un individu, il est primordial de comprendre comment ce
dernier fonctionne en la matière. L’humain présente un fonctionnement spécifique dans la
manière de gérer les informations qu’il reçoit et l’attention qu’il doit y allouer.
Deux aspects sont particulièrement importants dans cette optique. Le premier concerne
l’attention qu’un individu est capable d’allouer et la manière avec laquelle il le fait. Le second
traite de l’attention dont un individu a besoin pour sa propre existence. Or les deux aspects
sont importants dans la mesure où l’un agit sur l’autre. En effet, accorder de l’attention à un
individu permet d’augmenter les chances que ce dernier en alloue ensuite en retour.
3.1. Le processus d’attention
Voici tout d’abord le fonctionnement de l’attention humaine. Le processus d’attention suit
une structure commune chez tous les individus. Comme il a été mentionné auparavant,
toutes les sollicitations auxquelles l’être humain est confronté ne peuvent être gérées par ce
dernier. Il doit donc être capable de les trier pour pouvoir allouer de l’attention à ce qui est le
plus pertinent pour lui et décider ensuite que faire de ces sollicitations. Ce fonctionnement
est donc contenu dans le processus d’attention. Ce dernier comprend deux phases distinctes.
Celle de tri puis celle de décision.
[Davenport, 2001]
La phase de tri commence dès l’instant ou plusieurs éléments atteignent les sens de
l’individu. Inconsciemment, le cerveau en sélectionne certains. C’est sur ces éléments que
l’attention sera portée. Une fois que l’attention est allouée, l’individu peut ensuite décider de
la suite à donner à ces sollicitations. En d’autres termes va-t-il agir et répondre à la
sollicitation, par exemple en se rendant dans un magasin pour lequel il aura vu une publicité,
ou va-t-il refuser cette sollicitation et ne plus y allouer d’attention.
3.1.1. Les dimensions et types d’attention
Le fonctionnement de l’attention est cependant plus complexe encore. L’être humain
présente en effet plusieurs sortes d’attention et agit directement en fonction du type sollicité.
Dans son ouvrage, Davenport recense 6 types d’attention communs à tous les individus. Ces
6 types d’attention correspondent pour chacun à une orientation de l’esprit humain. Ils
forment ensemble 3 paires de types opposés et chaque paire correspond à une dimension. Les
trois dimensions sont celles du choix, de l’intensité et du moteur de l’attention.
L’économie de l’attention
5
[Davenport, 2001]
La dimension de choix
Les deux types qui y sont associés sont l’attention captive d’une part et celle volontaire de
l’autre. L’attention captive est caractérisée par une absence de choix de la part de l’individu.
Ce dernier alloue en effet de l’attention à un élément car il y est obligé. Ce n’est donc pas
l’intérêt qui le guide. Les publicités diffusées avant un film au cinéma sont ainsi des
consommateurs d’attention captifs, dans la mesure où le spectateur ne peut ni zapper, ni
quitter la salle sans risquer de manquer le début du film. A l’inverse, allouer de l’attention à
des publicités télévisuelles constitue de l’attention volontaire, puisque le téléspectateur peut
changer de chaîne à tout instant. Cela signifie qu’il choisit d’y porter de l’attention.
La dimension de l’intensité
La dimension de l’intensité comprend quand à elle les types d’attention soutenue (front-ofmind) et routinière (back-of-mind). Ces deux types correspondent plus précisément à la
priorité accordée aux consommateurs d’attention dans l’esprit humain. C’est cette capacité à
accorder de l’attention à plusieurs niveaux qui permet à l’être humain d’effectuer plusieurs
tâches simultanément. C’est justement grâce à cette capacité qu’un individu est capable de
conduire une voiture tout en discutant avec son passager, bien que ces deux activités soient
des consommateurs d’attention. L’attention soutenue est caractérisée par le fait qu’elle est
consciente et ciblée sur un élément. La routinière est plutôt de l’ordre de l’automatique. Elle
correspond à des réflexes acquis par l’individu parce qu’il est habitué à un élément ou à une
tâche. Porter de l’attention aux feux de circulation et savoir quel comportement adopter en
conséquence est un processus se faisant automatiquement et consommant donc de
l’attention routinière. Discuter avec une personne est en revanche typiquement
consommateur d’attention soutenue. Cependant des tâches nécessitant de l’attention
soutenue peuvent devenir avec le temps des consommateurs routiniers. Ainsi, conduire une
voiture pour la première fois est un grand consommateur d’attention soutenue, mais après
plusieurs semaines de pratique, cela ne nécessite plus que de l’attention routinière.
La dimension du moteur de l’attention
Enfin, la dernière dimension est celle du moteur de l’attention ou de la motivation d’allouer
de l’attention à un élément. Dans un premier cas, l’attention est motivée par les aspects
positifs qu’un élément peut apporter à un individu, il s’agit alors d’attention motivée par
l’attirance (attractive attention). Dans le second cas, la motivation trouve sa source dans ce
qui pourrait être évité en répondant à une sollicitation. C’est alors de l’attention motivée par
l’aversion (aversive attention). Jouer sur la peur dans une publicité et montrer ensuite que le
produit vanté est à même d’éviter les situations incriminées est typiquement un exemple où
l’attention motivée par l’aversion est utilisée.
L’économie de l’attention
3.2.
6
L’importance de l’attention chez l’humain
L’attention est en réalité une ressource au cœur de toutes les espèces dans la mesure où elle
est nécessaire à la survie de l’être humain. En effet, attirer l’attention c’est en fait exister. Dès
la naissance, un bébé pleure en premier lieu pour recevoir de l’attention afin d’être nourri,
protégé, cajolé, etc. Plus tard, chaque individu poursuit sa quête d’attention même s’il est
capable de subvenir seul à ses besoins. La raison de cette quête réside dans la valeur
intrinsèque de l’attention. Cette dernière est en effet très précieuse à l’être humain. Elle lui
apporte tout d’abord du pouvoir sur autrui et constitue parallèlement la première ressource
capable de nourrir les besoins narcissiques ancrés en chaque individu. C’est la raison pour
laquelle l’attention est un des piliers de la vie sociale de chacun.
L’attention est cependant également un facteur vital aux entreprises. Si l’entreprise n’a pas
de besoins psychologiques et ne voit pas en l’attention le moyen de flatter son ego, elle en a
cependant spécialement besoin afin de faire connaître ses produits ou services et surtout
pour les vendre.
3.2.1. L’attention comme vecteur de pouvoir
Parvenir à attirer l’attention d’autrui constitue en effet une source importante de pouvoir sur
cette personne. Cela signifie que selon sa propre volonté, un individu est parvenu à en attirer
un autre et à lui prélever de l’attention qui ne sera plus attribué à une autre source. Cela va
cependant plus loin encore. Une fois que l’attention est obtenue et surtout qu’elle parvient à
être maintenue, il est alors possible d’influencer les actions d’un individu. C’est par exemple
le cas lorsqu’une publicité mène à l’achat d’un produit. Dans ce cas, le pouvoir de l’entreprise
sur le client est manifeste. Cependant, un tel exemple met également en évidence l’aspect
négatif lié à ce phénomène de pouvoir par l’attention. Le client en effet ne veut en aucun car
ressentir qu’il a agit en fonction de la volonté de l’entreprise. Ce qu’il désire ressentir, c’est
qu’il a agit en toute liberté parce que lui seul en a décidé ainsi. C’est là toute la ruse que les
entreprises doivent être capable de développer. Elle doivent en effet faire croire au client que
c’est pour lui qu’elles ont développé tel ou tel produit et qu’ainsi c’est lui seul qui a bénéficié
de pouvoir dans la relation. Or cela constitue une des tâches primordiales de la gestion de la
relation avec la clientèle.
3.2.2. L’attention comme nourriture narcissique
En apportant du pouvoir ou tout du moins un sentiment de pouvoir, l’attention permet de
combler un autre besoin fondamental de l’homme. Attirer l’attention d’autrui sur soi-même
est en effet un puissant flatteur d’Ego. Or ce phénomène est particulièrement développé
aujourd’hui. L’homme vit en effet dans une société où chacun glorifie sa propre identité et où
le sujet le plus passionnant est en réalité sa propre personne. C’est la raison pour laquelle
chaque individu présente d’importantes attentes en terme d’attention qui pourrait lui être
accordé. Mais comment dans une situation où chacun est tourné en premier lieu vers soimême espérer recevoir suffisamment d’attention des autres afin de combler ses besoins
narcissiques. Il s’agit là d’une formidable opportunité pour les entreprises dans la gestion de
la relation avec leur clientèle. Elles ont en effet la possibilité de combler ce manque en
donnant l’impression d’accorder une grande attention à leur client, autrement dit en plaçant
l’individu au centre de toutes les préoccupations.
Internet constitue à ce propos un outil non négligeable. Il permet en effet d’augmenter la
transparence et la facilité d’accès du client à l’entreprise par exemple. Grâce à ce média, les
clients peuvent avoir accès à une foule d’informations, idéalement mises à jour très
L’économie de l’attention
7
régulièrement, de chez eux et à tout instant. L’essentiel de ce qu’ils ont besoin leur est
apporté sur place, réduisant d’autant les contraintes de déplacement, de recherche, etc. Ils
peuvent de plus avoir le sentiment d’accéder directement au cœur d’une entreprise dont ils
sont la priorité. De plus, de nombreux sites Internet proposent aux internautes de faire partie
de groupes exclusifs dans lesquels ils reçoivent des attentions particulières. D’une certaine
façon, ils font ainsi désormais partie de l’entreprise. La tendance très répandue des
communautés virtuelles en est un exemple. Cela prouve le but des entreprises aujourd’hui de
montrer qu’elles sont capables d’accorder de l’attention à leurs clients.
Or il s’agit là justement d’une des règles fondamentales dans le fonctionnement de l’attention
humaine. Il est en effet nécessaire d’accorder de l’attention à l’autre pour espérer en recevoir
en retour, même si souvent l’attention n’est accordée que pour la forme. Ainsi quand deux
personnes se rencontrent et posent la rituelle question « comment allez-vous ? », la réponse
n’a que peu d’importance pour elles, seules compte l’attention qu’elles pourront recevoir en
retour. La grande tendance en matière de personnalisation de produits et services que les
entreprises proposent trouve justement sa source dans ce phénomène. Personnaliser, c’est
accorder de l’attention et donc pouvoir en recevoir en retour. Cependant, spécialement avec
Internet, la personnalisation devient hautement automatisée. Toute la question est alors de
savoir si ce type de personnalisation est suffisant à combler les besoins de l’humain.
3.2.3. L’attention, un acquis sur le long-terme
Enfin, la relation d’attention entre deux entités, dans ce cas une entreprise et un client,
présente un dernier avantage non négligeable. En effet, les efforts consentis pour parvenir à
attirer l’attention peuvent non seulement porter leur fruit dans le moment, mais permettent
de gagner un avantage sur le long-terme. En effet, dès lors qu’un client a accordé de
l’attention à une entreprise, une relation est établie pour le futur également. Cela signifie que
par la suite, l’entreprise devra consentir moins d’efforts pour attirer le client qu’elle en a fait
la première fois. Le client enregistre en effet l’information dans son cerveau et peut la raviver
dès qu’il se trouve à nouveau en présence de l’entreprise. Logiquement, plus l’attention
accordée est élevée et plus il sera facile pour l’entreprise de la raviver dans le futur. Tout l’art
consiste donc à attirer puis à protéger cette attention pour en faire un réel avantage
concurrentiel. Les outils pour le faire feront l’objet d’une attention particulière dans le point
suivant.
4. Les trois fonctions de l’économie de l’attention dans l’E-CRM
L’attention à toujours fait implicitement partie de toute stratégie de CRM. Cependant le lien
entre les deux n’est pas si évident à comprendre et à mettre en place. Les chiffres parlent
d’eux même ; voici les résultats de succès d’implantation d’E-CRM dans les entreprises.
Started, but failed to go live
12%
Went live, succeeded in the technology
47%
aspects, but business change and adoption
failed
Succeeded in both adoption and systems, but 25%
Adopted
could not quantify a business benefit
Reached the promised land — it measurably 16%
Improved Performance
improved business performance
Source : http://www.cfo.com/article.cfm/3008646/3/c_3036028?f=insidecfo
Failure
Implemented
L’économie de l’attention
8
Cette étude montre la complexité de l’intégration d’un tel outil. Il faut bien le connaître pour
n’en oublier aucune facette. Les trois grands axes qu’il faut comprendre et intégrer pour se
donner un maximum de chances de réussite son la capture de l’attention, sa gestion et sa
protection.
4.1. La capture d’attention
Une grande partie du domaine de la capture de l’attention concerne la publicité sous toutes
ses formes. On a beau avoir le meilleur produit qui existe, il ne vaut rien si personne ne le
sait. La publicité est une branche qui doit suivre de très près les tendances du marché. C’est
un étrange équilibre à trouver car il faut être à la pointe de l’innovation sans pour autant être
trop en avance sur son temps car la publicité est un message entre un émetteur et un
récepteur. Le but de la communication peut être raté si le message n’est pas approprié au
récepteur. Ceci peut venir de différents éléments. On retiendra particulièrement les
problèmes pouvant survenir du vecteur choisi pour véhiculer le message ainsi que sa
visibilité, de la nature du message et son codage et, pour finir, de la prédisposition du
récepteur à recevoir le message.
4.1.1. La publicité, un vol d’attention ?
La publicité existe depuis presque toujours. Elle a commencé de manière orale et informelle,
puis a évolué avec l’imprimerie (le mot « publication » est à l’origine de « publicité »),
ensuite elle a envahi les mass media que nous connaissons tous. Les publicitaires on dû, au fil
du temps, rivaliser de créativité pour attirer l’attention des gens. La publicité est un bon
baromètre de l’évolution de l’économie car elle suit toutes les tendances. Elle est devenue
globale en même temps que les produits standardisés envahissaient la planète, elle s’est faite
impertinente quand il le fallait, etc.... Elle s’invite absolument partout de manière plus ou
moins explicite dès qu’il y a un de l’attention qui se concentre. Elle est devenue de plus en
plus incontournable et efficace. Avec le temps, le simple slogan basique à été très vide
remplacé par des tournures plus raffinées aux buts et effets très précis. Certaines se basent
sur les émotions comme la peur, d’autres sur une représentation rationnelle de l’achat, etc…
Ces différents styles de publicité peuvent se décliner sur presque tous les canaux. La publicité
peut se faire sur internet ou par les mass média habituels que sont les journaux, la télévision,
les journaux, etc…. La télévision est un vecteur intéressant pour notre sujet car c’est celui qui
se rapproche le plus de l’E-CRM, il est très documenté et connu de tous. C’est ce média là qui
à eu en premier l’accès aux publicités mêlant images animées et son. Les publicités
télévisuelles ont une certaine efficacité grâce au fait qu’il y a un mélange entre la vérité des
moments consacrés à l’information (télé journal) et les moments de publicité ainsi qu’un taux
de pénétration très élevé. Cette efficacité record vient de la nature des stimulis générés ;
notre instinct de survie animal donnera toujours la priorité dans l’affectation de l’attention
aux choses qui bougent et qui font du bruit car, en général, les choses dangereuses
n’échappent pas à ces deux critères. Ensuite, la captivité de l’attention se fait par la qualité
des émissions. Une émission de qualité drainera un bassin de téléspectateurs important. Ces
téléspectateurs seront attentif à l’émission qu’ils regardent et se feront surprendre par la
publicité au milieu de leur programme favori. Comme ils n’auront pas envie de rater le
moment ou le programme qu’ils suivaient recommence, ils resteront devant leur poste à
regarder les publicités. Il y a donc une corrélation forte entre le succès d’un programme et la
publicité qui l’entoure. Ce lien se traduit par le prix. Les prix d’une publicité de 20 secondes
sur tsr1 varient de 200.- à 7300.-. Comme une publicité perdue toute seule n’a que peu
d’impact, il faudra opter pour la stratégie de la campagne ce qui multiplie les frais. Pour
rentabiliser aux mieux ces montants qui peuvent atteindre de sommes astronomiques, les
publicitaires essayent de s’arroger le plus d’attention possible. Il ont même développé des
L’économie de l’attention
9
astuces pour voler l’attention des gens qui ne sont plus devant leur poste de télévision mais
devant leur frigo par exemple le slogan entêtant d’une publicité aura un volume de diffusion
bien plus haut que les dialogues des films qu’ils entrecoupent pour être sûr qu’on l’entende
jusqu'à la cuisine…
Ce schéma s’est retranscrit en tous points sur internet. Les publicités présentes on-line
comportent très souvent des éléments mobiles, émettent des sons, bougent sur l’écran ou
peuvent même prendre l’apparence d’une alerte windows. Ce vol d’attention se fait souvent
au détriment du contenu que l’internaute est venu chercher. Il y a donc un équilibre fin à
trouver entre les éléments multimédia parfois interactifs et l’envie de l’internaute d’y être
confronté. Cela s’applique à tous les styles de publicités sur des pages internet, du simple
bouton qui clignote à l’énorme popup qui obstrue tout l’écran. Ces encarts, malgré qu’ils
parasitent toujours un peu l’attention de l’internaute peuvent être plus ou moins bien tolérés.
Il y a une différence très importante à faire entre deux styles de communication ; le push et le
pull.
4.1.2. Push & pull
La publicité push est la publicité envoyée vers le récepteur alors qu’il ne l’a pas sollicité. Elle
s’oppose à la publicité pull où c’est le client lui-même qui va s’y confronter car le contenu
l’intéresse. La publicité push, après avoir fait apparition dans les boîtes aux lettres de nos
maisons en quantité toujours de plus en plus grande, a suivi exactement le même schéma sur
internet. Sa version la plus évidente est le spam (ou pourriel en français), ensuite viennent les
popups. Les messages de spam sont devenus un réel problème pour la gestion de son temps.
Ils arrivent en grandes quantités et se mêlent aux messages légitimes. Faire le tri demande
donc un temps précieux qui est pris sur d’autres tâches. Les tentatives d’automatisation de ce
tri ont été faites avec plus ou moins de succès. Malheureusement, ces fameux filtres antispam bloquent parfois des messages légitimes importants. La technologie push présente de
nombreux inconvénients, on a pu constater que n’importe quelle information délivrée en
push était systématiquement traitée avec moins d’attention qu’une information cherchée par
l’internaute donc délivrée en pull. De plus il faut garder à l’esprit que le push, qui est sentit
comme intrusif, est de plus en plus inacceptable socialement. Attention au fait qu’un
abonnement (newsletter, rss, podcast) se situe entre les deux. Même si le client à fait un
« opt-in », la sensation qui en résulte s’approche plus d’un push que d’un pull mais cela
dépendra principalement du contenu et du ton du message. Rien ne vaut un pull; l’internaute
devant faire un effort au moment ou il obtient l’information, il y accordera le maximum
d’attention.
4.1.3. La publicité « mine de rien »…
Pour s’éviter les effets négatifs du « push », la publicité à tendance à se déguiser ; les
entreprises ont trouvé le moyen d’être présentes dans nos esprits insidieusement. Le moyen
le plus utilisé est le sponsoring sportif ou culturel. Cela dure depuis des décennies mais n’a
rien perdu de son efficacité. On accorde sans s’en rendre compte les valeurs de santé,
compétition ou d’ouverture culturelle aux entreprises associées à ces évènements. Elles
auront aussi une proximité sans pareil avec le public présent.
Le product placement est un autre très bon exemple de publicité douce. Cette technique
consiste à faire apparaître son produit dans un contexte non publicitaire comme s’il avait été
choisi par les protagonistes pour ses qualités intresèques. Les films mettent parfois un objet
ou une marque au centre de l’intrigue de manière évidente sans que ça n’apporte quoique ce
soit à l’histoire. Avant, un soda était un soda, une montre une montre mais maintenant tout
est nommé et ce privilège vendu. Si le fameux taxi blanc de Marseille du film « Taxi » était
L’économie de l’attention
10
une Renault plutôt qu’une Peugeot, personne ne s’en plaindrait. Parfois, cela peut même
atteindre des extrêmes. Le film américain « evolution » mettant en scène des scientifiques se
battant contre des extra-terrestres devient, en milieu de film, une longue publicité pour la
marque de shampoing Head&Shoulders dont la présence devient harcelante.
La presse écrite n’est pas à l’abri de ces techniques de publicité cachée, nous avons vu
apparaître dans les journaux des « publireportages » qui sont des publicités ayant le même
look qu’un article du même journal censé être objectif.
Dans les techniques de publicité moins évidente, nous pouvons aussi nous attarder sur le
marketing viral. Cette technique repose sur le fait que les premiers clients deviennent des
relais d’information et convainquent leur entourage de consommer les mêmes produits
qu’eux. Cela peut se faire de manière involontaire quand un message publicitaire
accompagne ses communications normales comme par exemple la phrase rajoutée à la fin
des e-mails envoyés depuis Hotmail. Ou alors cela peut se faire de manière volontaire, la
motivation étant un besoin de se sentir intéressant pour son interlocuteur en lui prodiguant
de bons conseils de consommation. L’explosion des blogs est donc du pain béni pour cette
stratégie de communication.
Ce vecteur est intéressant pour les entreprises car d’abord il ne coûte quasi rien et ensuite le
message publicitaire est extrêmement bien reçu quand il émane d’une connaissance à qui
l’on fait confiance. La facilité avec laquelle il est possible d’envoyer ou de forwarder un e-mail
donne une ampleur énorme à ce phénomène et les gens ne réfléchissent plus. Par exemple
qui peut vraisemblablement croire après réflexion que pour recevoir un portables Nokia
dernier cri, il suffit juste de forwarder un mail avec copie à [email protected]. C’est totalement
aberrant et pourtant ça marche du tonnerre.
Parfois le but d’un e-mail envoyé à une connaissance est tout autre et on cherche simplement
à lui faire passer un bon moment en regardant une publicité étonnante. Tout le monde se
souvient de la pub Budweiser détournée d’un court métrage indépendant. Personne n’a
entendu parler du cinéaste qui avait eu cette idée de scénario hors du commun mais dans le
mon entier à retenti le mythique « Wahzaaaaaa » qu’il avait imaginé. Et c’est exactement cela
que recherchent les entreprises actuellement. Elles développent des publicités créatives et
surprenantes pour ensuite essayer de les diffuser sur internet au maximum et à moindre
frais ; le fin du fin étant de se débrouiller pour que les internautes s’échangent gaiement juste
un url pointant vers un site. C’est dans cette optique là que beaucoup d’entreprises créent des
« sites viraux ». Ils créent un nouveau site qui se concentre sur les « goodies », ces petits
bonus qui sont censés nous faire plaisir comme un superbe fond d’écran, des jeux en lignes,
des petites vidéos drôles, etc… Malheureusement pour eux, le marketing viral est à deux
vitesses. Il y a les gens qui ne réfléchissent pas et qui transmettent volontiers des pétitions ou
des concours entre deux message promettant bonne fortune, mais ils ne perdront tout de
même pas de temps à aller explorer des sites pour y trouver de pseudos gadgets. Cette
catégorie-là est très passive et il y a peu de choses à en attendre. La deuxième catégorie étant
les gens qui ont envie de rire et ne transmettent que les vidéos qu’ils seront fiers de montrer
à leurs amis. Dans ce cas là, il y a un très gros potentiel pour les entreprises. C’est très
intéressant pour elles car leur publicité est regardée avec beaucoup d’attention par un public
large et il n’y a pas de possibilité d’altération du message au fil du temps (problème du
« téléphone arabe »). Ce genre de marketing viral fait sur un ton plus léger, est plus enclin à
générer du trafic vers un site prédéfini.
4.1.4. Exemple concret et réflexion sur le marketing viral : Benetton
Benetton est une marque globale à grand succès. Cette entreprise repose sur le système de la
franchise et vend les mêmes produits partout dans le monde. Malgré que leurs produits
L’économie de l’attention
11
soient du haut de gamme, ils n’ont pas du tout choisi de positionner l’image de leur
entreprise comme les autres du segment de luxe. Ils ont depuis longtemps misé que sur
l’affichage comme moyen de communication et se sont concentrés sur la communication
institutionnelle. Au travers de leurs affiches, ils veulent transmettre les valeurs de
l’entreprise. Cette stratégie de communication pourrait sembler normale et ne rien avoir de
particulier mais c’est sans compter sur le fait qu’ils ont laissé carte blanche à un photographe
qui veut inciter le public à réfléchir sur des thèmes de société graves. Les affiches Benetton ne
se constituent que d’une photo et du logo relativement petit de la firme. Ce lay-out pourrait
déjà attirer l’attention car ils ont été les premiers à minimiser les éléments sur un support
affiché, les autres compagnies profitaient de la place disponible pour écrire des slogans, mais
Benetton a vraiment innové en basant son marketing sur le scandale et ses retombées. En fait
Benetton ne communique pas en soi: cette société sponsorise des photographes qui
s’intéressent aux mêmes valeurs. Une des méthodes d’évaluation de l’efficacité d’une
campagne de sponsoring est de compter le nombre d’apparition dans les médias qui ont
couvert l’évènement. C’est sur cet effet là que tout repose. Benetton en affichant des photos
créant des polémiques se met en avant. En ne mettant aucune limite à son photographe, elle
était toujours sur le devant de la scène avec des images toujours plus fortes. Benetton avec
ces publicités ne vendait rien, elle voulait juste l’attention des gens et a excellé dans ce
domaine. Cette entreprise est devenue mondialement connue et surtout reconnue grâce à
cette stratégie basée à 100% sur le « attention getting ».
Grâce au succès de ses campagne et à son taux de pénétration record pourrait-on imaginer
que cette stratégie d’« attention getting » par les scandales s’appliquent à d’autres
entreprises ? Oui et non…
En fait cette stratégie de communication que Benetton utilisé porte maintenant un nom : le
« marketing viral ». Tactique très largement utilisée par la plupart des entreprises
actuellement. Cette surexploitation de ce filon en est justement sa perte. De nos jours tout le
monde essaye de créer l’évènement avec des communiqués de presse mystérieux, des
révélations par bribes, des sites avec des jeux ou vidéos en espérant qu’une première
génération de passionnés le communique plus loin. Forcément, l’effet ayant perdu de son
exclusivité et étant devenu commun, l’impact est bien moins grand. Ceci n’est qu’une des six
limites du marketing viral qui sont :
•
•
•
•
•
•
Le produit doit être bon. Si le produit n’est pas intéressant ou de mauvaise qualité, le
marketing viral se fera quand même mais le message relayé sera négatif et aura un effet
dévastateur.
Le produit doit s’adresser à un groupe homogène dont les membres communiquent
beaucoup entre eux pour que le message passe bien et ne se déforme pas trop.
Les retombées réelles sont très difficiles à mesurer.
L’entreprise doit inscrire cette stratégie dans un plan de communication global
L’entreprise doit pouvoir assumer logistiquement l’accroissement d’attention gagné si
ça marche.
L’entreprise doit avoir un avantage concurrentiel important pour se distinguer des
autres car il y a constamment trop de pseudos évènements.
Benetton a réussi car elle a surtout été la première firme à la faire. Cet avantage
concurrentiel de pionnier lui a permis d’éviter la plupart des pièges ci-dessus. L’autre élément
important est que la compagnie avait déjà une certaine crédibilité quand sa publicité a
commencé à faire scandale.
Le web est une nouvelle donne, est-ce qu’une autre entreprise peut être la pionnière du web
et retenter la même stratégie de choc ?
La réponse est non, elle peut le tenter mais cela ne suffirait pas à assurer la visibilité à long
L’économie de l’attention
12
terme de l’entreprise. Sur le web tout va trop vite et cette firme serait vite copiée et sa
communication égalée. De plus les internautes choisissent exactement les sites ou ils vont.
S’ils trouvent que le contenu des publicités sur un site est trop déplacé, ils trouveront un site
similaire ailleurs mais sans ces désagréments. La grande différence est que Benetton faisait
de la publicité dans le monde réel et que si une affiche dans la rue offensait quelqu’un mais,
malheureusement, cette affiche était droit devant son bureau, il n’y avait rien à faire pour y
échapper. Alors que sur le net, il est facile de se déplacer très rapidement vers des horizons
plus calmes. Le net permet encore quelques coups d’éclat mais rien de stable sur quoi fonder
une stratégie de communication.
4.1.5. Valoriser l’attention
Un autre élément d’internet d’une importance capitale pour la fonction de capture
d’attention mais ne demandant pas trop de budget, est un référencement efficace sur les
différents moteurs de recherche et avoir des lien sur d’autres sites. Ces deux choses sont des
armes très efficaces pour l’entreprise et, pour l’instant, peuvent lui coûter un minimum.
Reste à se poser la question de savoir encore combien de temps. Google propose des
annonces payantes très bien placées et goto.com met aux enchères les premières places dans
les résultats de son moteur de recherche. Ceci amène à la question de la valorisation de
l’attention. Avec les médias offline, on ne sait pas exactement quel est le taux de pénétration
ou le nombre de contact. Ce ne sont que des approximations. Par exemple, l’audimat ne sait
que si une télévision est allumée et sur quelle chaîne mais rien de plus. Rien ne peut dire si
quelqu’un est devant ou si la personne n’est pas au téléphone. Pour tous les médias, c’est la
même chose sauf pour internet. Il est possible de savoir au click près combien de personnes
ont vu l’annonce mais surtout combien ont cliqué dessus. Ce qui change, c’est que l’on ne
paye que pour les gens qui sont intéressés. Avec internet et ce système de click, il est enfin
possible de ne payer que pour de l’attention effective et non pas seulement hypothétique. Il y
a des entreprises qui sont prêtes à sponsoriser le surf des gens avec des publicités. Ils
proposent la présence d’une barre sur l’écran avec des publicités qui défilent. Sans avoir
besoin de cliquer dessus, chaque annonce affichée rapporte de l’argent à l’internaute. La
plupart des spécialistes imaginent que ce système ne peut pas perdurer car il n’est pas assez
intéressant vu qu’il ne traite pas de l’identité des gens. Mieux vaut investir du temps et de
l’argent pour convaincre 10 personnes intéressées par vos produits à en acheter que de juste
dire à 100 que vous existez. Ceci est relatif à la deuxième fonction du E-CRM qu’est la gestion
de l’attention.
4.2. La gestion de l’attention :
Nous avons vu que d’après beaucoup d’experts le concept de communication actuel (diffuser
de l’info en espérant toucher les bonnes personnes) n’a aucun futur sur internet. Tout vient
du fait de la possibilité de cibler très précisément sa clientèle. Chose impossible dans les
médias offline. Il est évidemment possible de mettre des affiches dans les lieux fréquentés par
son public cible ou de mettre des annonces dans des journaux spécialisés mais ceci
n’atteindra jamais le niveau d’efficacité possible sur le net. Pour être efficace il faut surtout
être rentable donc faire des ventes. Pour arriver à ce but, il faut un portefeuille de gens
intéressés par votre produit. De plus, il faut que la stratégie de publicité soit rationalisée. Il
faut commencer par communiquer aux gens sur le point de réaliser un achat et leur dire de
prendre votre produit au lieu de celui du concurrent. Quand cette tranche d’acheteurs est
épuisée, on peut aller démarcher des clients potentiels plus hésitants et les pousser à l’achat.
Pour ces personnes, il faudra d’abord leur expliquer pourquoi ils ont besoin de ce produit
maintenant avant de leur dire « achetez le mien ». Ils vont donc coûter plus cher à
convaincre. Pour maîtriser ses coûts de publicité et être sûr de commencer à communiquer
L’économie de l’attention
13
aux clients demandant le moins d’effort, il faut récolter de l’information sur eux. Cette récolte
d’information commence par étudier le comportement des internautes sur son propre site.
4.2.1. La collecte de données
Le site d’une entreprise influence énormément sur l’image que l’on s’en fait, c’est le premier
outil de communication. Un site efficace doit respecter certaines règles au niveau de la
technologie, du graphisme et de la navigation. S’il ne respecte pas certains critères les gens
retourneront bien vite sur google chercher le site de la concurrence. Il faut éviter beaucoup
de pièges différents. Parfois, un webmaster veut bien faire et mettre en évidence des titres
par des couleurs ou des gif animés qui, au final, distraient et agacent plus le visiteur qu’autre
chose. Le site doit avoir une charpente claire et compréhensible en tout temps. Les
informations permettant de déterminer si un site est efficace se trouvent déjà en possession
de l’entreprise. Il faut aller les chercher dans le logs du serveur hébergeant le site. Tous les
mouvements des internautes dans le domaine de l’entreprise y sont référencés. On peut donc
y voir par où il sont entrés (homepage ou par un hyperlink pointant vers une page précise) et
après quel cheminement ils sont partis. On peut aussi voir par quel biais ils ont atteint le
site (moteur de recherche, site ami ou affilié, url direct, etc…). Cette information permettra
de comprendre certaines lacunes. Par exemple si la majorité des internautes viennent par
une annonce placée dans un annuaire online, cela démontrera que cette annonce est efficace
et qu’il vaut la peine de la maintenir. Cependant, cela démontre aussi une vraie lacune quant
au référencement sur les sites des moteurs de recherche. Il serait bon de se renseigner sur les
critères qu’ils utilisent et adapter le site en fonction.
Quant le client est sur le site de l’entreprise, c’est là qu’il faut lui poser de bonnes question et
connaître les informations stratégiques utiles à son suivi. Il faut pouvoir mettre un nom et
une adresse sur chaque visite faite. Cela permettra de voir qui est le plus proche de l’achat et
donc le plus rentable en communication. Il faut aussi éditer un profil historique du client :
savoir à quoi il s’intéresse le plus et comment cela évolue, avoir un historique des ses achats,
etc…
Il serait encore plus formidable de savoir comment se positionne ce client par rapport au
marché de la branche et non seulement à son entreprise. A ce moment cela sort du cadre des
informations facilement accessible. Toutes ces informations peuvent venir de 6 endroits :
•
•
•
•
•
•
le serveur sur lequel est hébergé le site de mon entreprise
l’ordinateur du client grâce aux cookies notamment
le log d’un proxy utilisé
des informations données lors d’une commande précédente ou d’un login
d’une entreprise tierce (questionnaire rémunéré ou login)
d’un profil en ligne que le client a rempli volontairement (root markets)
Bien sûr, il existe des sources supplémentaire mais moins conventionnelles et/ou légales.
Nous pourrons citer les très répandus spywares qui espionnent le comportement des
internautes pour le compte d’entreprises privées qui revendront ces informations. Nous
pouvons aussi faire un clin d’oeil au marketing viral présenté précédemment. Les premiers emails en chaîne (chainmail) qui prétendaient faire participer à un concours tout ceux qui
transféreraient le mail en question à 10 personnes avec copie à une personne de l’entreprise,
étaient des faux. Ils avaient comme seul but de pourrir la boîte postale d’une personne visée
(celle qui doit à chaque fois être en copie). Cependant, la chose qui avait été imaginée pour
nuire a un bon côté pour l’entreprise. Personnellement, si je prends le risque de me faire
railler par mes amis par ce que je leur ai forwardé une bêtise, il faut que j’y trouve un intérêt.
Je me dis que si par hasard le concours en question est vrai et qu’il y a une chance que je
L’économie de l’attention
14
gagne, il faut tout de même que le prix m’intéresse. Moralité, les gens qui perpétuent ces
mails en chaîne sont des gens intéressés par le produit mis en jeu. Cela permettra donc à
l’entreprise qui fabrique ce bien de récolter des adresses mail de gens qui sont de potentiels
clients. C’est sûrement pour cette raison que Nokia ne fait pas de démenti public sur son site
concernant le mail présentant un concours organisé par leur entreprise. Si on leur demande,
ils répondent qu’ils ont engagé des poursuites contre inconnu et que ce concours n’existe pas,
mais ils ne font rien pour enrayer le flot d’adresses qui leur parvient gratuitement…
Le dernier point, celui où l’entreprise root markets est citée, mérite que l’on y accorde de
l’attention. Root markets est une entreprise très jeune et qui n’a pas encore vraiment
commencé son activité commerciale et pourtant, des investisseurs auraient déjà prévu
d’allouer 10 millions de dollars à cette entreprise pour la développer. Cette entreprise propose
de créer un marché de l’attention. Comme dans tous les marchés, il y aurait un vendeur et un
acheteur. L’acheteur est connu, c’est l’entreprise qui propose les produits finaux. Le vendeur
est directement l’internaute. Cette entreprise propose de créer un lien direct entre ces deux
acteurs du marché pour que cela soit plus rationnel et win-win. Le client remplirait un
questionnaire pour fournir au marché l’information la plus précise qui existe, celle que seul
lui sur terre connaît. Actuellement, toute l’information venant de logs et d’observations ne
donne pas d’indications claires quant aux intentions du client. L’idée est d’aller demander
une bonne fois pour toute l’information à celui qui la détient. Le but serait d’éviter que des
entreprises ne l’espionnent et se fassent des bénéfices à son insu et que le client redevienne
le propriétaire de son attention. L’argent découlant de la vente de ses informations lui
reviendrait directement et il ne recevrait de la publicité que pour des choses qui l’intéressent.
Pour l’entreprise, l’information est enfin claire et le choix pour définir quel client passe en
priorité est plus rationnel car plus précis. Les entreprises pourraient savoir quel produit il
faut proposer à telle personne sans devoir auparavant lui présenter toute la gamme. Le ratio
vente/ frais de marketing devrait s’améliorer soit par des frais marketing en baisse soit par
une augmentation des ventes.
Ce marché qui serait le cœur de l’attention economy reste pour l’instant un projet. Mais une
chose est cependant sûre, c’est que plus d’information circule, plus le marché est censé se
diriger vers un optimum. Quelle que soit sa provenance, il faudra traiter cette information et
même l’information obtenue gratuitement va coûter cher à gérer. Il est important de bien
cibler l’information pertinente et s’y tenir. A force de vouloir récolter trop d’information,
l’entreprise risquent fortement de ne plus pouvoir la gérer.
4.2.2. La structuration des données
Le stade suivant consiste à classer, structurer et analyser toute l’information récoltée. C’est
un domaine clé de l’E-CRM. Cela passe par la mise en place de bases de données relatives
complète permettant un « data mining » performant. Ces bases de données permettront de
catégoriser les clients et de définir lesquels passent en priorité. C’est donc une des pièces
maîtresse dans l’économie de l’attention ; c’est elle qui permettrait la rationalisation des
échanges d’attention. Seule une technologie avancée de data warehouse permettra de
communiquer à chacun selon ses spécificités et de tirer profits de tous les canaux de
communication à disposition. Plus la technologie envahit les foyers, plus la communication
sera personnalisable. Il y a de très grands espoirs à placer dans la « tv on demand ». Avec
cette technologie, le film serait streamé depuis un serveur après payement. Il n’y aurait
absolument aucun problème pour réduire les coûts du téléspectateur avec des publicités qui
l’intéressent. Actuellement, ce genre de personnalisation est déjà en place sur le web sans
que nous nous rendions forcément compte. Quand nous nous rendons sur un site web, nous
ne voyons pas tous les mêmes publicités. Le système unique de bannière fixe et payée par
abonnement est en train de changer. Maintenant certaines publicités sont choisies
L’économie de l’attention
15
dynamiquement et rémunérées au click. Un bon exemple de ceci est le site amazon qui
propose ce système de « cross selling » :
« Le choix des produits qui sont mis en avant sur les sites partenaires d'amazon.fr est fondé
sur l'historique des ventes de ces sites ainsi que sur leur contenu, alors que lorsque vous
visitez amazon.fr, le choix des produits que nous vous proposons est fondé sur votre propre
historique d'achat ».
4.2.3. Interface CRM
Ces bases de données vont aussi servir à toute l’interface de gestion de clientèle de
l’entreprise. Pour pouvoir fournir à ses clients un service efficace et stable, il faut le
centraliser. Il est très bon que le client ait toujours contact avec la même personne pour qu’il
y ait des liens de confiance qui se tissent. Cependant, si cette personne de référence devait
être indisponible ou quitter l’entreprise, n’importe qui devrait pouvoir en tout temps accéder
au fichier complet et pouvoir prendre le relais. Ceci passe par une interface de CRM
modifiée pour convenir aux besoins et à la manière de travailler de l’entreprise. Cette
interface servirait à structurer le travail de l’employé avec un rappel de ses tâches à effectuer
pour la journée, ses rendez-vous, etc… et cela servirait aussi à afficher de manière claire et
rapide toutes les informations dont il y besoin pour le suivi des clients : contact complet,
statut de leur commande avec un historique, etc... L’employé doit avoir accès rapidement à
toutes ses informations ainsi qu’à celle de ses collègues pour que client aie le plus possible un
service de qualité et garde l’image d’une entreprise unie et solide. Ce système offre aussi une
certaine flexibilité à l’entreprise et à ses employés. Un représentant ou un « key accounter »
loin de son bureau pourra garder toute sa productivité en tout temps grâce à un accès à
distance et une possibilité de travail à domicile devient aussi envisageable. Au niveau
stratégique, l’entreprise pourra offrir un service après vente à des clients éloignés voir même
dans des pays où il n’y a aucune filiale.
Toute la structure du traitement de l’attention doit être dimensionnée aux besoins de
l’entreprise et s’inscrire dans une politique de gestion de client généralisée à toute
l’entreprise. Il faut absolument avoir cette vision d’ensemble pour fournir un service de
qualité et stable. N’oublions pas, par exemple, que l’une des limites du marketing viral est la
capacité à assumer le pic soudain d’attention dirigé vers l’entreprise.
4.3.
La protection de l’attention :
Quand l’entreprise a eu du succès avec les deux premières fonctions de l’attention, il faut
encore se battre avec la troisième. C’est une compétition constante car les concurrents vont
toujours mettre de l’énergie à attirer l’attention de vos clients. Il faut donc être performant
sur ce point pour que les efforts déployés jusque là puissent être utiles. Il faut rentabiliser
l’argent investi dans chaque client ; il faut le garder et apprendre à le connaître au mieux
pour que chaque achat qu’il fera demande moins de marketing que le précédent.
4.3.1. La concurrence
La protection de l’attention passe en partie par la première fonction qu’est la recherche
d’attention. Si un client à régulièrement le sentiment en voyant vos publicités qu’il
s’adresserait à nouveau à votre entreprise s’il devait refaire ce choix, il y a une confiance de
long terme de moins en moins objective, voir presque aveugle, qui s’installe. Donc si le
produit est bon, l’attention des clients est relativement protégée mais cela ne suffit pas à
assurer l’attention dont l’entreprise à besoin sur le long terme.
L’économie de l’attention
16
Comme dit précédemment, le site est un des outils clé du E-CRM, c’est donc très intéressant
pour l’entreprise si les internautes y reviennent souvent. Pour ce faire, leur ego doit être
flatté et l’entreprise utilisera principalement leur besoin d’attention par les stratégies de
personnalisation et de « stickiness » (que nous traduirons par addictivité).
4.3.2. La personnalisation
L’être humain aime avoir ses habitudes, c’est rassurant. Quand il se rend sur un site internet,
qu’il est accueilli par un message personnalisé et que l’environnement se plie selon ses
préférences qu’il n’a du exprimer qu’une seule fois, le client se sent valorisé et aura tendance
à revenir sur ce site. Et plus il reviendra, plus il l’explorera en profondeur. La personnalisation
des produits amplifie l’effet de la personnalisation de la communication. La personnalisation
qui nous intéresse va plutôt se faire par le biais de la customisation de masse. Le vrai
marketing personnel sortirait du cadre du E-CRM car le plus souvent fait de manière
personnelle par un représentant.
4.3.3. L’addictivité
Le concept d’addictivité concerne la vie du site et son contenu. L’addictivité se mesure par
des éléments comme le temps passé sur le site, le nombre de visites, leur régularité et le
nombre de pages vues par session. La motivation du visiteur à revenir viendra de 4 facteurs :
- la pertinence du contenu
- l’interactivité qu’offre le site
- la présence d’une communauté vivante
- la qualité technique du site (design, ping, structure, …)
La pertinence dépend avant tout de la qualité intresèque de l’information donnée. Ensuite
vient le fait de savoir quelle est la périodicité des mises à jour. Sans mise à jour régulière, il
n’y a aucune raison de retourner sur un site connu. Le fait de posséder un site en plusieurs
langues est un atout de poids pour beaucoup d’internautes qui refusent catégoriquement les
autres langues. Finalement, on peut citer le fait d’avoir une exclusivité, un avantage
concurrentiel que les autres n’ont pas. Tout ceci doit se faire dans une bonne connaissance
de son public cible, sinon la sanction sera immédiate…
L’interactivité est de plus en plus répandue grâce aux technologies simples et faciles à
maîtriser. Les sites qui ne proposent pas de contenu interactif le font par choix stratégique et
non plus par difficulté. Les concours sont une vieille technique mais toujours aussi efficace
pour capter de l’attention et avoir les coordonnées des gens ainsi que l’assurance qu’ils
reviendront sur le site. Une spécialité réservée au web est le jeu qui, grâce au système flash
de macromédia, a connu un essor remarquable ces dernières années.
La communauté qui gravite autour d’un site peut devenir un moteur d’attention énorme, voir
même une ressource vive de l’entreprise. L’aspect communautaire peut être une interactivité
réduite comme la possibilité de poster un article ou un avis sur l’article de quelqu’un d’autre.
Ou elle peut se situer à l’autre extrême avec un forum nourri sans cesse par ses membres qui
ont aussi un « chat » pour converser en direct ainsi qu’un système d’échange de fichiers. Les
membres qui passent du temps dans ce genre de contexte ont un besoin d’attention assez
développé. Tous les aspects bénéfiques qu’ils peuvent retirer de l’appartenance à un groupe
vont rejaillir sur l’image que le client se fait de l’entreprise qui met la structure à disposition.
L’économie de l’attention
17
5. Conclusion
Ces points sont très importants par ce qu’ils sont la raison d’une mutation profonde de
l’économie qui a déjà commencé. Nous sommes actuellement dans une phase transitoire car
nous sommes encore aux débuts de l’intégration d’Internet dans la vie de monsieur tout-lemonde. Internet devient une chose incontournable et peu d’industries pourront encore
survivre en l’ignorant. Il n’y a pas si longtemps, beaucoup de gens trouvaient grotesque le
concept d’économie pure et parfaite à cause de ses hypothèses de départ qui semblaient
invraisemblables. Mais nous nous dirigeons de plus en plus vers ce fameux modèle où il y a,
entre autres, un marché unique sans barrières géographiques et où l’information circule
librement. Les gens se renseignent de plus en plus sur le net et se dirigent vers les sites les
plus attractifs. Le but pour les vendeurs de services est d’intégrer aux mieux une logique
d’entreprise tournée vers le client et de se doter d’une interface CRM complète qui s’intègre
dans une politique interne globale. De plus, il faudra que l’entreprise analyse au mieux sont
portefeuille de produits car pour rester au top et profiter de l’attention accordée aux leaders,
il faut faire des concessions. Il faut parfois abandonner une partie de ses bénéfices dans un
segment pour préserver la pérennité d’une autre branche de l’entreprise. Ceci c’est très bien
vu avec Netscape. Actuellement, on entend plus vraiment parler d’eux et peu de gens se
souviennent de leur navigateur mais il fut un temps (il y a 10 ans environ) où Netscape était
synonyme d’internet. Ce programme était extrêmement populaire mais ils ont dû le rendre
gratuit pour essayer de préserver leur part de marché et leur renommée dans le but de
protéger leur marché de serveurs web. (En fait, en plus de le rendre gratuit, ils l’ont rendu
open source pour en assurer le développement dans le cadre du projet Mozilla.) Ils ont dû
prendre cette décision difficile pour eux à cause d’internet explorer de Microsoft qui était
gratuit depuis deux ans déjà. La stratégie de Microsoft de rendre leur navigateur gratuit n’est
pas venue par hasard. C’était leur seul moyen de lutter contre netscape. Internet explorer est
devenu gratuit à sa version 3.0 seulement, donc le produit n’avait pas été pensé dans cette
optique à la base. Il y a d’ailleurs une rumeur qui prétend que lorsqu’un des cadres de
Microsoft à présenté le premier plan stratégique impliquant d’offrir gratuitement internet
explorer aux internautes pour s’allouer des parts de marché face à Netscape, Bill Gates se
serait fâché et l’aurait traité de communiste. Mais au final, ils ont même laissé de côté leur
projet MSN initial au profit de leur alliance avec AOL pour imposer leur navigateur. Nous
pouvons imaginer que ce trend de gratuité de certains services va continuer dans le but
d’attirer les gens et de les habituer à utiliser vos programmes (stickiness). N’oublions pas non
plus qu’en général les gens n’aiment pas le changement donc si on sait innover et fournir des
services intéressants et gratuits avant les autres, nos pourrons attirer beaucoup d’utilisateurs
qui resterons fidèles tant qu’ils sont content. Actuellement, beaucoup de services gratuits
sont submergés de publicité. Si on part de l’idée qu’un internaute ira là où il aura les
meilleurs services avec une publicité minimum. Nous pouvons imaginer que c’est ce que
nous aurons. Aux vues de la concurrence actuelle, dès qu’un site ira dans cette direction, les
autres le suivront pour ne pas lui laisser d’avantage concurrentiel. A terme, on pourrait
imaginer que cette surabondance de publicité s’amenuise et devienne moins oppressante et
sera remplacée par un minimum d’annonce mais parfaitement ciblées selon le concept de la
valorisation de l’attention vu précédemment. Aujourd’hui, ceux qui ont le plus grand
potentiel dans l’économie de l’attention sont les dirigeants de google qui ont bien compris
tout ceci et alignent les succès les uns après les autres. Chaque année, ils offrent de nouveaux
services très intéressants tout en devenant une des plus grosse base de données sur la vie
privée de chaque internaute. Pour l’instant, ils n’ont pas encore utilisé leurs atouts mais
personne ne sait quel sera leur comportement dans le futur. On constate en tous cas qu’ils
ont très bien compris l’importance d’être performants dans les trois fonctions de la gestion
de l’attention. Les entreprises dont internet a une part importante dans leur activité et qui ne
s’alignent pas à cette tendance auront beaucoup de peine à perdurer. Cette approche est
L’économie de l’attention
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radicalement nouvelle pour beaucoup de monde et ceci est le vrai changement de l’économie
de l’attention.
L’économie de l’attention
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6. Bibliographie
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11. Erick Schonfeld, Spy on yourself online,
http://money.cnn.com/2006/01/19/technology/futureboy/index.htm, 2006
12. www.wikipedia.org
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