PROTOCOLE D’INTERVENTION Travaux expérimentaux de réouverture sur les dépressions humides du Sémaphore et de Kervégan (Plouhinec – 56) 1- Constat Le site Gâvres – Quiberon recèle une diversité de zones humides (naturelles ou artificielles) qui participent à la richesse écologique du massif dunaire. On y trouve des dépressions humides intradunales le plus souvent d’origine artificielles (anciennes carrières d’extraction de sable, recolonisées par une végétation riche et variée), des zones humides arrières littorales, en limite de dunes grises/ parcelles agricoles, d’origine naturelle, alimentées par un bassin versant continental voire par des ruisseaux s’y déversant… Ces zones humides sont, en général, caractérisées par une mosaïque de milieux avec présence ou non d’espèces végétales patrimoniales (d’intérêt européen, protection nationale…) et une fréquentation d’espèces d’oiseaux également à très forte valeur patrimoniale. La présence de ces espèces végétales et animales remarquables témoignent d’un bon état de conservation des zones humides et donc d’une richesse écologique. C’est parce qu’il y a mosaïque de milieux (strate herbacée, arbustives, eau libre, îlots de végétation, interfaces eau libre/ milieux ouverts/roselières…) donc diversité biologique que l’on parle de grande richesse écologique. On constate cependant sur de nombreuses zones humides une menace principale de fermeture du milieu et donc de perte de la biodiversité. Cette fermeture du milieu se traduit le plus souvent par un fort développement de végétations denses (saulaies majoritairement) provoquant des phénomènes d’atterrissement par dépôt de matière organique entraînant une diminution de la surface en eau libre et de biotopes pionniers favorables au développement de certaines espèces végétales privilégiant les milieux ouverts. Une strate exclusivement arbustive a tendance a coloniser les zones humides, fermant le milieu et diminuant d’autant la diversité des biotopes. A terme ce processus régressif conduit à une banalisation de la végétation et il constitue donc une menace sérieuse en termes d’enjeux écologiques. 2- Objectif L’objectif premier des travaux menés dans le cadre du programme d’actions Life Nature est donc d’expérimenter à petite échelle une ré-ouverture des zones humides afin d’améliorer la circulation de l’eau, de ménager des surfaces en eau libre et de favoriser le maintien de milieux ouverts donc pionniers. Il s’agit de lutter ainsi contre la dynamique naturelle de fermeture sur certains secteurs bien identifiés de manière à conserver la richesse du patrimoine naturel. En effet, si d’ici quelques années, aucune action n’est entreprise pour inverser cette tendance de l’évolution vers un appauvrissement biologique des zones humides, c’est toute la biodiversité qui disparaîtra. Ces milieux rares et spécifiques deviendront des sortes de « friches » à caractère banal. Pour précision, sur chacune des zones humides d’intervention retenues dans le Life Nature, un secteur témoin sera laissé tel quel (sans intervention) de manière à suivre la dynamique naturelle et éventuellement à préciser le stade climacique d’évolution. Le suivi des résultats de ces expérimentations sera réalisé sur une période de 5 ans (toute la durée du Life Nature Gâvres – Quiberon). Les recueils d’expérimentations rédigés permettront d’orienter les futurs travaux de gestion menés à plus large échelle. Le retour d’expériences du life Nature permettra donc ainsi de préciser au mieux ces futurs travaux de gestion et donc d’investir dans l’action avec un recul suffisant et le plus judicieusement possible. SM GSGQ EE – Septembre 2007Life Nature Le référentiel d’expérimentations sera alors le plus complet et le plus pertinent possible. 3- Localisation de l’intervention et description du milieu Les deux dépressions humides concernées sont localisées sur la commune de Plouhinec (Morbihan). Elles sont situées à l’extrémité Sud-Est du littoral de Plouhinec, au niveau du Sémaphore qui garde l’entrée de la Ria d’Etel. L’accès se fait, par la route qui mène à la Barre d’Etel jusqu’au parking en contrebas du Sémaphore. Accès ensuite à pieds jusqu’aux dépressions humides. • • Description : dépression humide d’environ 15 ha qui a succédé à une ancienne carrière d’extraction de sable et qui est devenue au fil des ans, une dépression humide intradunale. Conditions stationnelles très variées : implantation de milieux très différents • Statut réglementaire : zone NDs au POS, Site classé, Servitude militaire, ZNIEFF de type II, Réserve de chasse et faune sauvage • Propriétaire : CEL • Usages : promenade (accompagnée parfois de chiens), activités naturalistes, chasse ???. Milieux : Mosaïques d’habitats présents sur le site : - bas marais calcaire à saule rampant - roselière à cladium et roselière à typhas - fourrés mixtes (ajonc, ronces, prunelliers) - dunes grises • Espèces végétales emblématiques présentes : Liparis loeselii (Liparis de loesel) : annexe II Directive habitats et de Spiranthes aestivalis (Spiranthe d’été) : annexe IV Directive Habitats sur Kervégan. Présence sur Kervégan de nombreuses plantes à valeur patrimoniale, telles que Pedicularis palustris, Equisetum ramossissimum, Ranunuclus lingua, Rhinanthus major etc… • Espèces animales emblématiques présentes : Busard des roseaux, Gorgebleue à miroir, Locustelle luscinoïde, Phragmite des joncs… SM GSGQ EE – Septembre 2007Life Nature SM GSGQ EE – Septembre 2007Life Nature SM GSGQ EE – Septembre 2007Life Nature 4- Enjeux du site Stations de Liparis loeselii et de Spiranthes aestivalis (sur Kervégan) Mosaïque d’habitat d’intérêt communautaire : dépression humide intradunale, dune grise fixée. • • 5- Menaces et/ou dégradations ♦ ♦ ♦ Fermeture par le saule roux (Salix atrocinerea), le saule hybride (salix repens x atrocinerea) et le saule rampant desdunes (Salix repens arenaria). Envahissement potentiel des biotopes favorables au Liparis et à la Spiranthe par un trop fort développement d’une végétation dense (saules et grands hélophytes) : disparition de milieux ouverts favorables au développement de ces 2 orchidées Diminution de la diversité floristique et faunistique et de la qualité paysagère du site 6- Mesures conservatoires envisagées • • • • Favoriser la conservation des habitats de la directive Habitat et notamment les « Bas marais calcaires », « formation à saule rampant ». Favoriser la conservation de la mosaïque d’habitats pour améliorer la diversité biologique et la valeur paysagère du site. Réouverture des secteurs colonisés par une végétation dense (grands hélophytes) pour observer les effets du rajeunissement Ouverture de la zone humide pour favoriser le développement de Liparis loeselli et de Spiranthes aestivalis. 7 - Caractéristiques de l’intervention Phase préalable aux travaux : • Accord du propriétaire pour la réalisation des travaux • Validation scientifique des travaux (CBN Brest, botanistes et ornithologue) • Relevés botaniques pour établir un état initial avant travaux (réalisés le 8 août 2007) – Annexe I à ce document Phase de travaux : • Des expérimentations seront menées sur 4 placettes au niveau de la dépression humide. Chacune d’elles présente une série de 3 carrés de 2m x 2m. Localisation des zones expérimentales : - une zone de saule très dense (Salix atrocinerea) - une zone où le saule rampant Salix repens arenaria) et saule roux (Salix atrocinerea) sont en mélange, - une zone de saule rampant, - le talus de la zone humide, pente Nord de la dépression humide, pour observer une éventuelle remontée du Liparis sur les pentes de la cuvette. Deux techniques seront testées sur chaque série de carrés expérimentaux : - 1 carré sur lequel la végétation sera fauchée, - 1 carré sur lequel la végétation sera arrachée. 1 carré témoin sera systématiquement préservé sans aucune intervention, il sera localisé à une extrémité SM GSGQ EE – Septembre 2007Life Nature Une bande de 50 cm autour des carrés bénéficiant de mesures de gestion sera conservée comme zone tampon (secteur pouvant être piétiné lors des suivis et sans impact donc sur le carré expérimental en tant que tel). Carré expérimental 2m 2m 50cm Zone tampon 8- organisation du chantier L’intervention sera menée par les 3 gardes côtiers du Syndicat Mixte Grand Site Gâvres – Quiberon et par des élèves du lycée agricole de Kerlebost (dans le cadre de la convention entre le lycée et SM Grand site Gâvres-Quiberon) encadrés par leur enseignant Pierrick Loison. Les chantiers nature et patrimoine de la communauté de communes Blavet Bellevue Océan pourront également être mobilisés pour ces travaux Accès Sémaphore : par la route menant au parking du Sémaphore, emprunter le chemin d’accès à la dépression humide, le même chemin sera utilisé pour aller et venir dans la zone humide. Kervégan : par la route menant au parking du Sémaphore, longer ensuite la zone humide du Sémaphore pour atteindre celle de Kervégan Période des travaux : elle a été fixée de manière à limiter tout dérangement de l’avifaune. Devenir des déchets verts : ils seront exportés vers le parking du Sémaphore sur lequel ils seront brûlés (transport par quad avec pneus basse pression depuis la zone humide de Kervégan) Les élèves du lycée Kerlebost se répartiront sur les séries de carrés et seront encadré par un des gardes du syndicat mixte Gâvres – Quiberon. Pour des raisons pratiques et afin de limiter le piétinement sur le site, 2 élèves maximum seront déployés par carré pour réaliser les travaux. Chaque série de carrés sera délimitée par du rubalise. Matériel nécessaire : sécateur de force, tronçonneuse, cisaille, pioche, pelle, bêche, gants, pantalon de sécurité, bottes ier Date d’intervention : elle est fixée au lundi 1 SM GSGQ EE – Septembre 2007Life Nature octobre 2007. ier Point presse : un point presse sera organisé au cours de la journée du 1 présenter les travaux réalisés. octobre 2007 afin de Personnes extérieures présentes : le maire de Plouhinec sera convié ainsi qu’un représentant du Conservatoire du littoral et du Conservatoire botanique national de Brest ainsi qu’Yvon Guillevic de Bretagne Vivante/SEPNB. 10- Suivis après travaux Trois types de suivis seront instaurés sur chacun des carrés. ⇒ Un suivi photographique qui permettra d’évaluer l’occupation de l’espace et la dynamique spatiale des espèces végétales par comparaison diachronique des clichés photographiques (Quéré, 2005). Les piquets servent de repères pour la prise de vue et le cadrage des photos. Durée de suivi : 4 ans Période de suivi : chaque année, prises de vue avant la reprise de la végétation (hiver - début de printemps), en juillet (au moment des relevés phytosociologiques). Une prise de vue en novembre pourrait permettre d’apprécier le niveau d’inondation du site. Périodicité de suivi : 2 à 3 « missions » photographiques par an ⇒ Suivi populationnel du Liparis de loesel par cartographie fine du Liparis de loesel au sein des carrés permanents de manière à suivre l’évolution des effectifs à partir des différentes interventions. Autant que possible, subdivision des carrés de2mx2m en mailles de 50cmx50cm et localisation des pieds de Liparis au sein de ces mailles. Durée de suivi : 4 ans Période de suivi : de juillet à septembre (plusieurs passages peuvent être effectués de manière à observer tous les stades de développement du Liparis. Périodicité de suivi : annuelle ⇒ Relevés phytosociologiques afin de suivre les impacts des mesures de gestion sur les populations d’espèces. Le principe des relevés phytosociologiques repose sur le fait que les espèces végétales se regroupent selon les conditions écologiques. Ils forment ainsi des « groupements végétaux » caractéristiques d’un milieu particulier. La réalisation de relevés phytosociologiques au sein de ces zones homogènes constituera une valeur indicatrice des changements de la composition floristique (Quéré, 2005) et produira une source d’information sur l’évolution des conditions qui environnent le Liparis. Durée de suivi : 4 ans Période de suivi : juillet-août Périodicité de suivi : annuelle. En août 2007, 1 relevé phytosociologique a été réalisé avant les travaux de manière à caractériser l’état initial. SM GSGQ EE – Septembre 2007Life Nature ANNEXE I Secteur à saules rampants Dates des relevés Recouvrement par la végétation active Hauteur max végétation (cm) Hauteur moyenne de la végétation (cm) Salix cf atrocinerea Salix repens arenaria Phragmites australis Cladium mariscus Typha angustifolia Liparis loeselii Epipactis palustris Agrostis cf. stolonifera Molinia caerulea Carex arenaria Carex nigra Carex viridula Carex flacca Eleocharis palustris Juncus articulatus Juncus maritimus Juncus inflexus Juncus sp. Galium palustre Hydrocotyle vulgaris Lycopus europeaus Mentha aquatica Samolus valerandi Scirpus maritimus Anagallis tenella Trifolium fragiferum Leontodon taraxacoides Pulicaria vulgaris Ranunculus bulbosus Epilobium parviflorum Prunella vulgaris Potentilla anserina Potentilla reptans Calystegia sepium Asparagus sp. Cardamine pratensis Populus tremula Bryophytes Secteur à saules hybrides 08/08/07 08/08/07 08/08/07 08/08/07 08/08/07 08/08/07 08/08/07 08/08/07 08/08/07 Carré 1 Carré 2 Carré 3 Carré 1 Carré 2 Carré 3 Carré 1 Carré 3 100 % 170 90 5 100 % 200 110 5 100 % 200 120 5 1 1 i 1 95 % 60 30 + 5 95 % 70 35 + 5 2 1 100% 50 + 5 1 + + + + 1 2 + + + 4 1 + + 2 2 4 4 2 + + + 1 + 2 2 + + 1 3 1 2 + 1 3 + 2 + + + i i + i (j) + + + 1 3 1 1 + 1 4 + 3 1 4 + 2 100 % 160 130 5 Carré 2 100 % 230 150 5 100 % 300 250 5 Pente de la dépression humide 08/08/07 Carré 1 90 % 130 50 3 3 2 08/08/07 08/08/07 Carré 2 Carré 3 100 % 150 100 5 + 100 % 170 120 5 + + + 2 + + i 1 + 4 2 i + 1 i + + 3 1 4 1 4 i 1 i (r) 1 + + + (4) + (r) 2 + + 2 4 (+) + + 2 + + + 4 + + + 1 + 2 1 3 1 1 + 3 1 + + + 1 + 3 1 i 3 1 + + + i + + i + + i + (r) + + + 3 (+) 4 + i i + i 1 i 1 5 5 5 Tab.1 : Relevés phytosociologiques sur les carrés expérimentaux sur Sémaphore SM GSGQ EE – Septembre 2007Life Nature Secteur à saules hauts 5 + + 5 + 5 5 + i (+) 4 5 Personnes ayant effectué les relevés : 08/08/2007 : Yvon Guillevic, Gaëlle Jaffré, David Staskewitsch, Emmanuelle Elouard Secteur à Cladium Dates des relevés Recouvrement par la végétation active Hauteur max végétation (cm) Hauteur moyenne de la végétation (cm) Salix cf atrocinerea Salix repens arenaria Phragmites australis Cladium mariscus Liparis loeselii Epipactis palustris Spiranthes aestivalis Agrostis cf. stolonifera Carex arenaria Carex viridula Carex flacca Eleocharis palustris Juncus articulatus Juncus inflexus Galium palustre Hydrocotyle vulgaris Lycopus europeaus Mentha aquatica Samolus valerandi Scirpus maritimus Anagallis tenella Trifolium fragiferum Leontodon taraxacoides Pulicaria vulgaris Epilobium parviflorum Prunella vulgaris Potentilla reptans Calystegia sepium Populus tremula Equisetum arvense Equisetum palustre Equisetum ramosissimum Oenanthe lachenalii Conyza floribunda Pedicularis palustris Eupatorium cannabinum Lythrum salicaria Alisma plantago aquatica Lotus corniculatus Plantago lanceolata Euphrasia tetraquetra Blackstonia perfoliata Rhinantus minor Holcus lanatus Scutellaria galericulata Linum catharticum Centaurium pulchellum Medicago lupulina Centaurium erythraea Senecio jabobaea Picris echioides Sancus oleraceus Dactylorhiza incarnata Cirsium angustifolium Daucus carotta Schoenus nigricans Epilobium hirsutum Cirsium palustre Betula pendula Festuca rubra Epilobium hirsutum Characées Bryophytes Secteur à saule rampant Secteur à choins Secteur pente zone humide 09/08/07 09/08/07 09/08/07 09/08/07 09/08/07 09/08/07 09/08/07 09/08/07 09/08/07 Carré 1 Carré 2 Carré 3 Carré 1 Carré 2 Carré 3 Carré 1 Carré 2 Carré 3 100 % 100 35 100 % 110 45 100 % 100 35 100 % 50 40 100 % 60 50 4 4 4 4 4 + (3) + 1j 1 5 3 100 % 130 40 2 3 1 2 ij + + 1 100 % 100 40 3 100 % 60 50 + 5 + (+) + + 2 1 100 % 100 30 4 + 2 i + 1 1 3 1 2 + + 1 + + 1 2 2 1 + 09/08/07 Carré 1 100 % 100 70 3 1 09/08/07 Carré 3 100 % 140 100 5 ij 100 % 150 100 5 + + 1 + 1 + 1 1 + + + + + + + 1 + + 1 1 + + + 1 1 + (+) 1 1 + 1 + + + + + + + + + 2 + + 2 1 + + 1 1 1 + + + ? 2 + + 1 + + i + + + + + 2 +j 1 + 1 + 3 2 1 + + + + + + 1 1 + 2 1 i + 1 + + + + + + (i) + i i + 2 + + 1 + 2 + + 1 2 2 + + + + + + + 1 + i (i) + (+) ij + + + + +j 3 3 + + 3 3 + + + 1 + + + + + + + ij 1 2 (i) + 1 2 + + i + + + 1 + + + + 2 + + + + i + + + + + + 1 1 i i + 4 2 + 2 4 3 4 4 4 5 3 Tab.2 : Relevés phytosociologiques sur les carrés expérimentaux de Kervégan Personnes ayant effectué les relevés : 09/08/2007 : Yvon Guillevic, Gaëlle Jaffré, Emmanuelle Elouard SM GSGQ EE – Septembre 2007Life Nature 09/08/07 Carré 2 + + 5 5