FICHE D’INFORMATION DE L’ACPM ACTION EN POUR DES SOINS PLUS SÉCURITAIRES Le bilan comparatif des médicaments Le bilan comparatif est un processus de collaboration avec les patients, leurs familles et d’autres professionnels de la santé, qui permet de communiquer l’information exacte et complète sur les médicaments du patient, y compris les médicaments en vente libre, à toutes les transitions jalonnant le continuum des soins. Il s’agit d’un nouveau sujet d’intérêt dans le domaine de la sécurité des patients et d’un thème récurrent dans les dossiers médico-légaux de l’ACPM. CONSIDÉREZ CE QUI SUIT... Un patient sous anticoagulothérapie par warfarine à long terme, ayant des antécédents d’accidents thromboemboliques et d’infarctus du myocarde, est hospitalisé pour l’implantation d’un cardiostimulateur-défibrillateur. L’administration de warfarine est interrompue avant l’intervention pour être remplacée par de l’héparine. Trois jours plus tard, un MIBI à l’effort est réalisé. L’examen ne révélant pas d’ischémie, le cardiologue donne son congé au patient mais ne recommence pas le traitement à la warfarine. Par la suite, le patient subit un accident ischémique transitoire associé à une hémiplégie droite et une aphasie permanentes. Une action en justice est intentée. Les experts critiquent le cardiologue qui n’a pas consulté le dossier médical du patient et ne s’est pas assuré qu’il était nécessaire de poursuivre l’anticoagulothérapie chez ce patient. L’ACPM a choisi de régler le dossier au nom du cardiologue en concluant une transaction avec le patient. QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE POUR LES MEMBRES DE L’ACPM? Il est nécessaire de communiquer efficacement les informations sur les médicaments pour prodiguer des soins sécuritaires. Les médecins doivent connaître leurs rôle et responsabilités à l’égard du bilan comparatif des médicaments, lesquels dépendent de l’établissement et de la place du médecin au sein de l’équipe de soins. Le bilan comparatif est tout aussi important dans des contextes de soins de longue durée, tels que les cliniques communautaires, les établissements de soins de longue durée et les soins à domicile. Les médecins doivent faire participer les patients, voire leurs familles, au bilan comparatif. Lorsque les médecins font des modifications à un traitement médicamenteux, ils doivent en discuter avec le patient, s’assurer de sa compréhension et documenter le changement et la discussion qui y est associée au dossier médical. Sur l’ensemble des dossiers médicolégaux sur une période de 5 ans, 18 % concernaient des problèmes liés aux médicaments. Sur l’ensemble des dossiers comportant un bilan comparaf problémaque, 83 % ont eu un résultat médico-légal défavorable pour les médecins. 82 % 18 % 83 % 17 % Problèmes liés aux médicaments Sur l’ensemble des dossiers % comportant un problème médicamenteux, 45 % ont eu un % résultat médico-légal défavorable pour les médecins. 55 45 des paents en cause dans des dossiers liés à un bilan 58 % graves comparaf problémaque sont décédés ou ont subi de préjudices cliniques. Ces stasques s’appuient sur une analyse récente des dossiers médico-légaux de l’ACPM portant sur une période quinquennale. L’expérience et les recherches de l’ACPM permettent d’identifier les facteurs suivants de dossiers médico-légaux liés au bilan comparatif des médicaments : • 62 % des patients concernés avaient 60 ans et plus. • Un grand nombre de patients présentaient de multiples comorbidités (p. ex., hypertension, diabète, antécédent de coronaropathie ou d’infarctus du myocarde, maladie pulmonaire obstructive chronique). • Certains patients étaient atteints de démence ou de la maladie d’Alzheimer. PROBLÈMES À PRENDRE EN CONSIDÉRATION L’ACPM a mis en évidence des problèmes liés au bilan comparatif des médicaments aux trois points de transition des soins, à savoir l’hospitalisation, le transfert intrahospitalier et le congé. Hospitalisation • Antécédents médicaux incomplets ou inexacts • Continuité inappropriée ou inexacte des médicaments • Modification inappropriée du traitement médicamenteux Suite A1300-002-F © ACPM 2013 Suite EN ACTION POUR DES SOINS PLUS SÉCURITAIRES Le bilan comparatif Transfert intrahospitalier • Évaluation inadéquate avant l’hospitalisation ou le transfert ou lors de l’administration de nouveaux médicaments • Médicaments non prescrits au moment du transfert à un autre niveau de soins (p. ex., en soins postopératoires) • Médicaments intentionnellement non prescrits, mais la raison n’est pas documentée • Ordonnance verbale non retranscrite Congé • Médicament pris avant l’hospitalisation, nouveaux traitements médicamenteux amorcés à l’hôpital ou au moment du congé, ou encore médicaments « en suspens » non évalués et non prescrits • Suivi inadéquat des médicaments nécessitant une surveillance (p. ex., antibiothérapie intraveineuse, anticoagulothérapie) • Éducation inappropriée du patient à l’égard des médicaments. L’ACPM a également identifié des facteurs liés aux systèmes et aux communications qui ont un impact sur le bilan comparatif des médicaments. Les problèmes liés aux systèmes comprennent des politiques hospitalières inadéquates de gestion des médicaments lors des transferts et l’absence de systèmes permettant de vérifier que les médicaments sont correctement documentés, prescrits ou transcrits. Les problèmes de communication comportent les échanges de mauvaise qualité (verbaux ou écrits) entre les médecins au sujet de changements d’ordonnances ou à l’égard de divergences; une communication médiocre entre les médecins et d’autres membres de l’équipe; ou encore des patients ou des membres de leur famille qui ne participent pas à la collecte des données de l’histoire pharmacothérapeutique. AIDE-MÉMOIRE POUR RÉDUIRE LES RISQUES Le bilan comparatif des médicaments est un processus formel visant à s’assurer que des informations précises et complètes sont communiquées à toutes les transitions jalonnant le continuum des soins. Un bilan comparatif des médicaments efficace permet de diminuer le risque d’événements indésirables (accidents) liés aux médicaments. Les éléments suivants peuvent aider les médecins à gérer les risques : 1. Les médicaments et doses pris par le patient doivent être confirmés avec le patient ou, le cas échéant, un membre de sa famille. Les médicaments et les produits en vente libre doivent être inclus. 2. Le bilan comparatif des médicaments doit faire l’objet d’un processus structuré au moment de l’admission, du transfert et du congé. 3. Lors du congé, les changements faits au plan de traitement médicamenteux doivent être communiqués au patient, à sa famille le cas échéant, et au principal soignant du patient dans la communauté. 4. Il convient de communiquer avec le médecin prescripteur en cas de questions sur les médicaments prescrits. 5. Le bilan comparatif des médicaments est important quel que soit le contexte des soins et non uniquement aux soins de courte durée. APPRENEZ-EN DAVANTAGE EN ACCÉDANT AUX RESSOURCES SUIVANTES Articles de l’ACPM Les soins concertés et la surveillance de la médication : à qui incombe la responsabilité? La gestion des médicaments va de pair avec des soins de qualité Guide des bonnes pratiques de l’ACPM Bilan comparatif Voir également : Agrément Canada, l’Institut canadien d’information sur la santé, l’Institut canadien pour la sécurité des patients et l’Institut pour l’utilisation sécuritaire des médicaments du Canada. (2012) Bilan comparatif des médicaments au Canada : hausser la barre – Progrès à ce jour et chemin à parcourir. Ottawa, ON : Agrément Canada. Consulté à l’adresse : http://www.accreditation.ca/uploadedFiles/ Medication%20reconciliation%2010%2031%202012%20french.pdf Des soins de santé plus sécuritaires maintenant! Bilan comparatif des médicaments. Consulté à l’adresse : http://www. saferhealthcarenow.ca/fr/interventions/medrec/pages/default.aspx Tél. : 613-725-2000, 1-800-267-6522 cmpa-acpm.ca 3R1300-001-E © CMPA 2013 AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ : Les renseignements publiés dans le présent document sont destinés uniquement à des fins éducatives. Ils ne constituent pas des conseils professionnels spécifiques de nature médicale ou juridique et n’ont pas pour objet d’établir une « norme de pratique » à l’intention des professionnels des soins de santé canadiens. L’emploi des ressources éducatives de l’ACPM est sujet à ce qui précède et à la totalité du Contrat d’utilisation de l’ACPM.