6.5. Relance ou pas relance ? Le choix nous appartient ! C’est l'heure de vérité pour les négociations budgétaires au sein du gouvernement fédéral. L'année prochaine, le déficit budgétaire doit être ramené à 2,15% du PIB. Il s'agit d'un engagement que nous avons pris à l'égard de l'Europe. Concrète ment, ceci signifie qu'il faudra trouver des mesures pour quelque 3,5 milliards EUR. Nous n'avons d'autre choix que de respecter cet engagement. D'une part, notre taux d'endettement flirte avec la barre symbolique des 100% du PIB. D'autre part, le coût du vieillissement, qui s'annonce toujours aussi élevé, fera sentir très prochainement ses effets. Notre crédibilité, y compris aux yeux des marchés financiers, dépend du respect de notre trajectoire budgétaire. Toute mesure est-elle dès lors bonne à prendre? Non, bien entendu ! Un assainissement intelligent est plus que jamais de rigueur. Les indicateurs économiques parlent d'eux-mêmes. Notre prospérité se trouve aujourd'hui toujours au niveau d'il y a quatre ans. Par tête d'habitant, elle a même baissé de 2%. La valeur ajoutée de l'industrie se trouve toujours 8% sous le niveau d'avant la crise. Les fermetures d'usines et les nombreuses restructurations qui se sont déjà produites mettent l'emploi sous pression et sapent la confiance des ménages et des entreprises. Nous devons sortir de l'ornière. Redonner espoir à nos entrepreneurs et à la population. Que faut-il pour cela ? Premièrement, il faut miser pleinement sur des pouvoirs publics plus efficaces. Avec un ratio de dépenses (soit la part des dépenses publiques, hors charges d'intérêt, dans le PIB) de près de 47,6%, il est difficile de nier qu'il n'existe plus de grandes opportunités à ce niveau. Ceci ne vaut d'ailleurs pas uniquement pour les frais de fonctionnement des autorités fédérales mais aussi pour ceux des autres niveaux de pouvoir (les régions et les pouvoirs locaux) ainsi que pour la sécurité sociale. L'alternative, à savoir une forte hausse des impôts (songeons aux récentes pistes en matière de TVA), va en effet étouffer toute chance de relance. Sur ce point aussi, les chiffres sont éloquents: notre pays connaît la pression fiscale la plus élevée de la zone euro et celle-ci pèse lourdement non seulement sur le travail (tout le monde le reconnaît), mais aussi sur la consommation et le capital. Par ailleurs, il convient de jouer pleinement la carte du renforcement de notre compétitivité. Nous devons être bien conscients du fait que le monde qui nous entoure change rapidement. Des pays comme l'Espagne, l'Irlande et la Grèce sont en train de redresser de manière accélérée leur position concurrentielle qui s'était détériorée durant la période 2000-2007. L'Allemagne, elle, profite toujours des réformes qu'elle a menées depuis 2003. Quant à la France, elle semble aussi avoir compris qu'il faut faire quelque chose. S'il ne suivra pas à la lettre toutes les recommandations formulées dans le rapport Gallois, le gouvernement français va quand même donner un ballon d'oxygène aux entreprises françaises à hauteur de quelque 20 milliards EUR. Et comme si tout cela ne suffisait pas, les véritables opportunités de croissance se situent de plus en plus en dehors de la zone euro: selon le FMI, l'économie indienne va dépasser cette année celle du Japon, et en 2017, la Chine sera devenue la première puissance économique au monde, damant ainsi le pion aux USA ! En Belgique, nous ne pouvons plus éluder la question de l'index. Quelle que soit la piste choisie, si nous voulons sauvegarder de manière structurelle la compétitivité de nos entreprises, une réforme du système d'indexation sera inévitable, comme ce fut le cas en 1982, 1985 et 1993 ! Des pouvoirs publics plus efficaces et le renforcement de notre compétitivité doivent constituer les deux piliers centraux des discussions du gouvernement fédéral sur le budget et la relance. Il n'y a pas de temps à perdre. Il faut entrer dans le vif du sujet et lever les tabous qui subsistent. Relance ou pas relance ? Le choix nous appartient! INFOR-FEB N° 35 - Pieter Timmermans administrateur délégué IHK-Infos 11-12/2012 Seite 24