Eczéma •Les eczéma constituent un motif fréquent de consultation: 2% de la population •Chez l’enfant ils sont de 2 types: 1. La dermatite atopique (DA) ou eczéma contitutionnel 2. L’eczéma de contact, beaucoup plus rare atopique ou aczéma Comment reconnaître un eczéma ? Le diagnostic est clinique. Lésions élémentaires : identiques dans l’éczéma constitutionnel ou (DA). ►dermatose érythémato-vésiculeuse et prurigineuse phases successives, le plus souvent intriquées : évoluant en 4 1. phase érythémateuse : placard érythémateux 2. phase vésiculeuse : vésicules remplies de liquide clair, confluant parfois en bulles 3. phase suintante : rupture des vésicules, spontanément ou après grattage 4. phase desquamative, suivie d’une guérison sans cicatrice. Les lésions sont très prurigineuses +++. Elles réalisent des placards à contours émiettés. Comment confirmer un eczéma ? L’image histologique est caractéristique, mais la biopsie cutanée est très rarement pratiquée. (image histo à mettre avec commentaire) Ne pas le confondre avec : Une dermite d’irritation : Elle est secondaire à des agressions physiques ou chimiques directes, qui ne nécessitent pas l’intervention de mécanismes immunologiques. Eléments de diagnostic différentiel entre eczéma de contact et dermite d’irritation. Eczéma de contact Dermite d’irritation Lésions cutanées Bords émiettés Bords nets Topographie Peut déborder la zone de Limitée à la zone de contact contact avec l’allergène Symptomatologie Prurit Epidémiologie Atteint quelques sujets en Atteint la majorité des sujets contact avec le produit en contact avec le produit Histologie exocytose Spongiose, Nécrose épidermique Tests épicutanés Positifs (lésion d'eczéma) Négatifs ou lésion d'irritation Brûlure Eczéma de contact Rare chez l’enfant •Augmente avec l’âge: Nickel surtout •Batterie standard non adaptée à l’enfant •Association à la DA dans 45 à 50% des cas •Récemment rapportés: eczéma de contact aux tatouages labiles et aux Harkous Dermatite Atopique . Une des manifestations précoces de l’atopie (avant l’asthme, la rhinite atopique, conjonctivite allergique…) •Dermatose inflammatoire chronique •Spontanément résolutive dans 80% des cas •Très fréquente dans les pays développés où elle constitue un problème de santé publique. •En Tunisie: moins fréquente moins sévère. Comment reconnaître la DA ? Affection inflammatoire prurigineuse (le prurit est le symptôme-clé de la DA : il en entretient les lésions) chronique fréquente chez l’enfant et l’adulte jeune, •Age de début: moyen 7,9 mois, 60 à 70% avant 6 mois, rare après 5 ans. DA du nourrisson et jeune enfant<2ans: •Début vers 3mois, parfois dès le premier mois •Prurit souvent marqué et responsable de troubles du sommeil dès les premiers mois. Le grattage manuel est souvent précédé de mouvements équivalents dès le deuxième mois (frottement des joues contre les draps et les vêtements, agitation et trémoussement). Topographie Atteinte symétrique des convexités des membres visage particulier la pointe du nez. , du avec un respect de la région médiofaciale, en Sur le tronc, les lésions s’arrêtent généralement à la zone protégée par les couches. L’atteinte des plis est parfois présente dès cet âge. Sur le cuir chevelu, certains enfants ont une atteinte initialement « séborrhéique», comportant des squames jaunâtres, grasses. DA de l’enfant>2ans: Atteinte des plis (cou, coudes, genoux) Zones « bastion » : mains et poignets, chevilles, mamelon, fissures sous auriculaires parfois isolées. ;qui subsistent de façon chronique et Des poussées saisonnières sont notées le plus souvent en automne et en hiver. La lichénification prédomine → eczéma chronique lichénifié. Les signes mineurs plus nets à cet âge : •La pigmentation infraorbitaire •Les plis sous palpébraux •La sécheresse cutanée (xérose) est quasi-constante et pose souvent le problème d’une ichtyose vulgaire associée. Elle s’améliore en été et nécessite des soins émollients en hiver., •des « dartres » achromiantes (pityriasis alba) au visage, parfois de façon plus diffuse constituent un motif de consultation, en particulier après l’été. Formes sévères de l’enfant>2ans: rares - lésions généralisées - prurigo des membres - atteinte inversée pour l’âge touchant les faces d’extension des membres DA de l’adolescent La DA peut avoir une recrudescence à l’adolescence (conflits psychoaffectifs ,stress) → même aspect que chez l’enfant de plus de 2 ans. Un début tardif à l’âge adulte est rare → pensez alors à autre dermatose prurigineuse ? (gale, dermite de contact, dermatite herpétiforme,...). Ne pas la confondre avec : Nourrisson et enfant <2ans Diagnostic differentiel séborrhéique, un psoriasis, avec une gale , une dermatite Ne pas porter par excès le diagnostic de DA devant toute dermatose «eczématiforme » ! → examen attentif → rechercher la notion de chronicité et d’évolution à rechute, le prurit++, les ATCD familiaux d’atopie et la xérose cutanée. → Si existence de points d’appel supplémentaires : infections cutanées et/ou profondes répétées, anomalie de la croissance, purpura, fièvre inexpliquée → examens complémentaires immunologiques (recherche d’un syndrome génétique impliquant un déficit immunitair DA de l’enfant>2ans Éliminer une dermite de contact et un psoriasis → les tests allergologiques peuvent alors être utiles. Quelle évolution? La DA du nourrisson comporte des formes étendues, mais son évolution est spontanément bonne, avec une rémission complète dans 60 à 80% des cas, vers l’âge de 4-5 ans. Les formes persistant dans l’enfance sont plus localisées. La résurgence à l’adolescence ou chez l’adulte jeune est possible. La survenue de manifestations respiratoires (asthme, vers 2 à 3 ans, puis rhinite) est d’autant plus fréquente qu’il y a des antécédents familiaux atopiques au premier degré. Les épisodes cutanés peuvent coexister avec l’atteinte respiratoire ou alterner. L’asthme ou ses équivalents (toux sèche nocturne, gêne respiratoire avec sifflement expiratoire - wheezing) deviennent souvent plus gênants pour l’enfant que l’eczéma. DA pathogénie? Non encore parfaitement élucidée •Terrain génétique (parent du 1er degré atopique dans 2/3 des cas avec une certaine spécificité d’organe cible dans la transmission) •Perturbations immunologiques Facteurs environnementaux Comment confirmer la DA? Le diagnostic de DA est clinique et anamnestique. complémentaire n’est nécessaire au diagnostic positif. Aucun examen Une éosinophilie et une augmentation des IgE sériques sont fréquemment observées. Leur recherche n’est pas indispensable. DA QUEL BILAN PRATIQUER ? AUCUN EXAMEN COMPLEMENTAIRE N’EST NECESSAIRE •NFS: hyperéosinophilie fréquente mais non spécifiques 60 à 70% •IgE: - élevé chez 40 à 80% des sujets atteints de DA - non spécifique (parasitoses) - taux non corrélé à la sévérité de la DA - taux plus élevé quand asthme associé •IgE spécifiques: micro-acariens, poils de chats ou de chiens, allergènes alimentaires… Ú Incriminer l’allergène en cause peut aider à réaliser l’éviction de l’allergène •Tests cutanés * Patch tests: pour éliminer surtout un eczéma de contact (40à 50% des DA modérées) * Prick tests: pneumallergènes et trophallergènes: interprétation prudente (règles de pertinence). Quelles associations? . Déficit immunitaire: association classique à évoquer devant: une DA incomplète, des infections chroniques et récidivantes, des signes de connectivites •Syndrome de Buckley (autosomique dominant): - eczéma constitutionnel sévère. - taux d’IgE > 2000, hyperéosinophilie. - infections graves cutanées ou profondes récidivantes. •Syndrome de Wiskott-Aldrich: - transmission récessive liée à l’X (garçon) - eczéma constitutionnel sévère. - syndrome hémorragique (purpura thrombopénique) - infections à répétition - diminution des IgE, des IgG. - adénopathie, hépatosplénomégalie, parfois lymphomes Autres: vitiligo, pelade, psoriasis, urticaire de contact Quelles complications possibles ? 1. SURINFECTIONS CUTANÉES BACTÉRIENNES OU VIRALES : complications les plus communes, à tous les stades ( toute aggravation brutale des lésions cutanées de DA doit faire évoquer une infection ) : * à staphylocoque aureus: fréquentes Colonisation habituelle de la peau de l’atopique par le staph auréus : apparition de pustules et croûtes, suintement et ADP. L’impétiginisation est difficile à apprécier dans les formes aiguës exsudatives. La présence de lésions vésiculo-bulleuses inhabituelles fera évoquer le diagnostic Les infections profondes sont rares (cellulite, abcès, furoncles)Ú rechercher un déficit immunitaire * à herpes virus (HSV1 essentiellement): pustulose varioliforme de Kaposi- Juliusberg - complication la plus redoutée chez l’atopique - risque de dissémination virale et d’encéphalite - hospitalisation en urgence Une modification rapide de l’aspect des lésions et/ou la présence de vésiculopustules, en association avec de la fièvre doivent suggérer cette complication et faire mettre en œuvre un traitement antiviral. 2. COMPLICATIONS OCULAIRES: rares cataracte, blépharite, kératoconjonctivite, kératocône 3. RETARD DE CROISSANCE: DA sévère+ asthme (perte de sommeil, restrictions alimentaires, corticoides systémiques) RETARD DE CROISSANCE Un retard de croissance peut être associé aux DA graves et se corrige souvent de façon spectaculaire quand la DA est traitée efficacement. Le rôle des dermocorticoïdes dans le retard de croissance n’est pas établi. 4. DERMITE DE CONTACT Compte tenu de l’importance et de la durée des soins locaux : risque important de sensibilisation de contact au long cours à des composants des produits topiques appliqués sur la peau(à évoquer chez les patients qui répondent mal aux traitements habituels) Ú attitude préventive limitant l’utilisation des topiques potentiellement à risque (contenant des conservateurs très sensibilisants, des parfums, de la néomycine ...), et le contact des métaux, nickel en particulier (percement d’oreilles, bijoux fantaisie). Comment prévenir la DA? Des recommandations générales sur l’habitat, l’alimentation infantile et les facteurs adjuvants comme le tabagisme passif font l’objet d’un consensus. PRÉVENTION ET DIÉTÉTIQUE La diversification alimentaire précoce semble augmenter la fréquence de la DA, et secondairement les sensibilisations aux aéroallergènes. Chez l’enfant de moins d’un an, la diversification alimentaire doit être lente. L’introduction d’aliments contenant de l’huile d’arachide, de l’œuf, du poisson ou des fruits exotiques sera retardée après l’âge d’un an. PRÉVENTION AÉROALLERGÉNIQUE La cible essentielle de la prévention primaire et secondaire est représentée par les aéroallergènes de l’habitat. Les aéroallergènes domestiques (acariens, jouets en peluche, « pièges à poussière », animaux à fourrure) sont surtout des cibles pour la prévention de l’asthme, mais il doivent être intégrés dans un schéma de prévention global de l’atopie. Ils peuvent contribuer aux symptômes cutanés en tant qu’allergènes de contact. L’utilisation préventive de housses d’oreiller et de matelas en polyuréthane est recommandée, dépoussiérage régulier. DA PLACE DE L’allergie ALIMENTAIRE ? Sujet très controversé : contradictoires Plusieurs études réalisées avec résultats •Fréquente au cours des DA sévères: dans 60% des cas •A rechercher si: * eczéma péri-buccal, œdème labial, rashs urticariens, manifestations anaphylactiques * signes digestifs (diarrhée) * DA étendue sévère, rebelle à un traitement bien conduit * aggravation brutale lors de l’introduction de nouveaux aliments * dégoût ou refus alimentaire chez l’enfant Comment traiter la DA? Ecoute et éducation des malades ou de leurs parents : adhésion au projet thérapeutiqueÚ observance - DA= affection chronique= traitement prolongé Ú la « guérison» n’est pas l’objectif immédiat ! - soins locaux indispensables : permettent de restaurer la barrière cutanée ! - information sur les facteurs aggravants RECOMMANDATIONS GENERALES •Bain pas trop chaud (33°, 34°), pas trop long •Savons doux surgras ou pain: Oleatum, Avène, Lipikar •Maintenir une temprature fraiche dans la chambre à coucher,ne pas trop couvrir la nuit •Éviter le port des textiles irritant (laine, synthétiques à grosses fibres) Úcoton, lin… •Eviter le contact avec les personnes porteuses d’herpes •Eviter l’exposition au tabac •Vaccination faite normalement •TRAITEMENT: 3 élèments * lutte contre l’inflammation * lutte contre l’infection * lutte contre la sécheresse de la peau LUTTE CONTRE L’INFLAMMATION •DERMOCORTICOIDES: Traitement de la poussée : une application par jour x10 à 15 j - seul traitement anti-inflammatoire actif commercialisé en Tunisie - montrer aux parents les lésions à traiter et comment appliquer le dermocorticoide - demander aux parents de compter le nombre de tubes utilisés entre deux consultations - utiliser en général un niveau III au début :Locapred* - parfois niveau II (pas sur visage et fesses): Locatop*, dermosone*… - CI: ne pas appliquer sur siège chez le nourrisson et sur les paupières (risque de glaucome) Traitement d’entretien : si nécessaire certains préconisent une application intermittentes sur les zones inflammatoires 1j/2 après(1 à 3 fois par semaine). •Immunosupresseurs locaux: Elidel* (pimecrolimus) et (tacrolimus). LUTTE CONTRE L’INFECTION Elèment fondamental: le staph est constamment présent dans les lésions évolutives • • • • • Bains quotidiens Antiseptiques/antibiotiques : nettoyage soigneux de la peau → éliminer les croûtes+désinfection de surface : sur peau encore humide, une solution antiseptique (par exemple, chlohexidine) pendant quelques jours (un usage prolongé serait irritant). Antibiothérapie locale (Fusidine,bactroban), biquotidien (8 à 10j), associée aux dermocorticoïdes améliore nettement le score lésionnel au stade aigu. Elle ne doit pas être poursuivi indéfiniment pour éviter l’émergence de souches staphylococciques résistantes. Antibiothérapie générale si impétiginisation importante durée minimum de 15j. Antihistaminiques : donnés seuls, ils sont insuffisants pour traiter une poussée de DA. A titre d’appoint, ils peuvent être indiqués pendant quelques jours, surtout pour diminuer le prurit. LUTTE CONTRE LA XEROSE CUTANEE Etape essentielle, surtout pendant les périodes de rémission Utilisation répétée des émollients (produits utilisés pour lutter contre la xérose) : quotidiennement, d’autant plus que la xérose cutanée est plus marquée (à éviter lors de la poussée aiguë, car leur tolérance est alors médiocre). Les syndets surgraissés seront préférés aux savons classiques -Ne pas hésiter à changer car grande variation individuelle: Atoderm*, Aderma*, Atopicalm*, Exoméga*… -Eviction des facteurs de dessèchement cutanée - Augmenter l’application d’émollients par temps chaud et sec TRAITEMENT DES FORMES COMPLIQUEES •Impétiginisation: antibiothérapie •Syndrome de Kaposi-Juliusberg: - hospitalisation - aciclovir en perfusion lente 500 mg/m2x3/j x5 à 10j - antibiothérapie générale Pour en savoir avoir: Ann Dermatol Venereol 2003;130:87-98. ↑ Haut ↑