Linh Hoang VU

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1ERE JOURNEE DE RECHERCHE RELATIONS ENTRE
INDUSTRIE ET GRANDE DISTRIBUTION ALIMENTAIRE
JEUDI 29 MARS 2007, AVIGNON
GESTION DU CONFLIT ET MANAGEMENT INTERCULTUREL DANS LE CANAL
DE DISTRIBUTION : UNE ANALYSE DES DETERMINANTS ET DES EFFETS DU
CONFLIT SUR LA SATISFACTION DES ACTEURS. APPLICATION AU CAS DE LA
GRANDE DISTRIBUTION AU VIETNAM.
Hoang Linh VU
Doctorante
Université de la Méditerranée
CRET-LOG
[email protected]
Résumé
La forte internationalisation de la grande distribution a multiplié les échanges entre des acteurs
issus de pays et de cultures variés. Dans ce contexte, la question de leur ajustement mutuel
devient essentielle. En effet, leurs différences aux niveaux économique, comportemental et
culturel peuvent constituer un obstacle à la coopération interorganisationnelle.
La recherche se concentre sur l’explication du conflit et les mécanismes d’ajustement entre la
grande distribution et ses fournisseurs du pays d’accueil. Le marché vietnamien constitue le
terrain de cette recherche doctorale en cours.
Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
Contexte de la recherche
La mondialisation des marchés et des échanges, la rapidité des mutations techniques et
technologiques et de l’échange d’information génèrent partout dans le monde des effets
considérables. Face à cet environnement en perpétuel mouvement, les entreprises s’orientent vers
de nouveaux marchés hors des frontières nationales dans une recherche de croissance.
Dans cette tendance, on remarque la forte internationalisation de la grande distribution vers
les pays émergents qui, de par leur croissance rapide en termes économiques ainsi que
démographiques, se transforment en un terrain prometteur sous les yeux des acteurs étrangers.
Le Vietnam en tant que pays ouvert et cherchant inlassablement le développement
économique et social de sa population, devient également une destination attrayante
d’implantation des distributeurs étrangers.
L’apparition des distributeurs étrangers au Vietnam a multiplié les coopérations entre les
acteurs étrangers et les acteurs locaux. La relation industrie-grande distribution devient un enjeu
important quand les distributeurs étrangers favorisent des produits domestiques. La mise en place
de coopération avec des fournisseurs locaux est une source importante d’avantage concurrentiel.
Comme résultat, un grand nombre de fournisseurs vietnamiens joue actuellement un rôle
principal dans le réseau d’approvisionnement de la grande distribution étrangère. Par ailleurs,
dans un futur proche, le besoin de cette coopération internationale pourrait être extensif du fait du
développement rapide des grandes surfaces au Vietnam.
Problématique et questions de recherche
L’importance de la coopération entre les fournisseurs locaux et la grande distribution
étrangère est incontestable. Pourtant, la relation entre eux pose toujours la question de la
compatibilité entre les acteurs venant de différentes cultures et ayant différents niveaux de
développement. Les différences aux plans économique, comportemental et culturel peuvent être
une source des difficultés pour le maintien d’une bonne relation entre les distributeurs étrangers
et leurs fournisseurs dans le pays d’accueil. Autrement dit, il existe une grande potentialité du
conflit qui peut détruire la coopération et donc réduire la satisfaction des deux parties.
C’est dans cette problématique que s’inscrit la recherche en cours. Notre objectif est de
contribuer à la compréhension du conflit et ensuite des mécanismes d’ajustement entre la grande
distribution et ses fournisseurs du pays d’accueil en considérant la culture comme une variable
clé. En fait, l’explication du conflit dans le contexte international est l’ambition de la présente
recherche qui vise à améliorer la coopération dans le canal de distribution. De plus, nous nous
intéressons également à la satisfaction des acteurs qui permet d’évaluer les conséquences du
conflit.
A partir de cet objectif, la recherche tente de répondre à la question suivante : « Quels sont les
causes des conflits, leurs modes de résolution et leurs conséquences sur la grande distribution et
ses fournisseurs du pays d’accueil ? ». Quels sont les déterminants du conflit, ses conséquences
sur la satisfaction des acteurs et comment prévenir et résoudre ce type de conflit ?
Méthodologie de recherche
La recherche en cours adopte une démarche hypothético-déductive avec une approche
quantitative. Suite à une première phase exploratoire avec entretiens et analyse documentaire, une
phase de terrain avec collecte de données quantitatives est prévue.
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Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
Une présence sur le terrain de la grande distribution et de ses fournisseurs au Vietnam nous
permettra de tester le modèle proposé. La recherche sur un marché en développement tel que
celui du Vietnam, dans lequel on observe la croissance des interactions ainsi que les difficultés
dans le maintien de bonnes relations entre les acteurs nous fournit une bonne compréhension des
mécanismes de conflit et de ses conséquences. Particulièrement, avec l’orientation vers des
ajustements mutuels des acteurs, l’échantillon de notre recherche inclut tous les deux parties : les
distributeurs étrangers et les fournisseurs vietnamiens.
Cette communication est organisée en deux parties. La première est consacrée à une
présentation des relations entre la grande distribution et ses fournisseurs au Vietnam. La seconde
partie se concentre sur la revue de littérature à partir de laquelle sera construit le modèle de
recherche.
1. Panorama de la relation fournisseurs locaux-grande distribution étrangère au
Vietnam
La grande distribution au Vietnam est encore jeune bien que depuis des années, une grande
partie des Vietnamiens ait pris l'habitude de faire des courses dans les supermarchés locaux au
lieu des marchés improvisés dans les rues. En effet, des supermarchés vietnamiens apparaissent
depuis dix ans mais à une échelle limitée. Le point commun de ces derniers est leur taille réduite
et leur caractère artisanal. La présence des grands groupes comme Casino ou Metro (depuis 1998)
apporte une dynamique nouvelle à ce secteur à fort potentiel.
Des géants internationaux ont appliqué une politique d’achat direct dans un effort de
recherche d’un avantage sur le prix par rapport aux supermarchés vietnamiens où les produits
ciblent davantage une clientèle aisée. Cette politique entraîne l’installation d’un réseau
d’approvisionnement dans lequel des relations directes avec les producteurs sont essentielles.
Chez des distributeurs comme Casino ou Metro, l’achat direct est le grand principe.
De plus, le choix d’un assortiment large et profond à prix compétitif a conduit à une
multiplication des relations avec les fournisseurs locaux, par exemple : 90% de produits dans les
hypermarchés Big C (une enseigne de Casino) sont actuellement vietnamiens. Pour les
fournisseurs, la coopération avec des distributeurs étrangers est aussi une opportunité de renforcer
leurs ventes. La relation fournisseurs vietnamiens-distributeurs étrangers devient donc centrale
pour le développement de la grande distribution au Vietnam. Pourtant, cette relation implique
également plusieurs défis pour les deux parties.
La grande distribution étrangère avec ses atouts économiques, son expérience, ses techniques
commerciales avancées joue le rôle du leader dans le canal. L’exercice des sources de pouvoir se
manifeste dans la définition des obligations pour les fournisseurs, explicitées dans le contrat en
termes de prix, qualité des produits, de délais de livraison. Les exigences des acteurs étrangers
constituent des défis pour les acteurs locaux.
Depuis longtemps, les fournisseurs vietnamiens ont l’habitude de travailler avec les
partenaires commerciaux locaux qui sont souvent petits et non professionnels. Dans un marché
comme le Vietnam où l’importance de la coopération dans le canal est sous-estimée et les canaux
traditionnels restent les plus répandus, l’association entre eux est généralement faible. De plus, la
rencontre entre deux acteurs qui possèdent le même niveau limité de développement et de
professionnalisme a créé une situation dans laquelle ceux-ci ne s’intéressent pas à leur propre
performance ni à celle de leur partenaire. Ces facteurs ont des influences négatives sur leurs
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Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
comportements, par exemple opportuniste et de même que sur la dynamique d’innovation des
acteurs vietnamiens en général et des fournisseurs en particulier. La coopération avec des
partenaires exige de ces derniers des changements et des adaptations au niveau non seulement
économique mais aussi comportemental.
Similairement, dans la perspective des distributeurs étrangers, l’implantation dans un pays en
développement et le recours aux acteurs locaux qui ont des faiblesses aux plans de la production,
de la logistique ou de la main d’œuvre présentent également des défis. D’ailleurs, la différence en
termes culturels ainsi que les connaissances limitées des acteurs vietnamiens constituent aussi
une partie des difficultés de la coopération dans le canal.
Dans ce sens, à côté des coopérations, la relation fournisseurs vietnamiens- distributeurs
étrangers implique actuellement des conflits dysfonctionnels provenant des incompatibilités entre
eux (et même des limites du cadre juridique). La sortie active de la relation des acteurs
vietnamiens, la suppression du contrat avec des fournisseurs ou des désaccords sous-jacents des
acteurs sont les manifestations du conflit que l’on peut reconnaître dans cette relation.
2. Revue de littérature
Dans la perspective que les déterminants du conflit peuvent concerner les facteurs
économique, comportemental et culturel dans le contexte international, la littérature mobilisée
inclut ces trois cadres théoriques. Il s’agit de recourir aux théories économique et
comportementale dans le canal de distribution et aux modèles issus du management interculturel.
Notamment, au plan culturel, nous nous intéressons aux deux niveaux de culture: culture
nationale et organisationnelle.
2.1 Les théories comportementales dans le canal de distribution
Les théories comportementales occupent une place capitale dans notre recherche. Celles-ci
servent de base à la fois à notre modèle de recherche mais aussi à nos propositions sur des
ajustements mutuels des acteurs. Dans ce sens, à côté du conflit et de la satisfaction, nous
prenons en compte d’autres variables importantes tel que le pouvoir, la dépendance, la
coopération, le leadership, la communication.
2.1.1 Le conflit
Le conflit est la variable centrale dans la recherche en cours. Ce concept a fait l’objet d’un
grand nombre de recherches dans le cadre du canal de distribution, notamment dans la littérature
anglo-saxonne. Sa définition est adaptée du champ de la psychologie sociale et du comportement
interorganisationnel. Selon Stern et Gorman (1969) et Etgar (1979), le conflit est présent quand
un composant (membre du canal) perçoit le comportement d’un autre membre comme
l’empêchant d’atteindre ses propres objectifs ou nuit à la performance effective de ses schémas
de comportement instrumentaux. Stern et El-Ansary (1982) ont défini le conflit comme une
situation dans laquelle un membre du canal perçoit qu’un autre membre a adopté un
comportement qui l’empêche d’atteindre ses propres objectifs.
Le conflit dans le canal de distribution est largement adopté comme un processus dynamique.
Pondy (1967) a développé un modèle de conflit interorganisationnel qui considère le conflit
comme un processus constitué d’une série d’épisodes. Chaque épisode comprend cinq étapes: (1)
conflit latent où les conditions sous-jacentes existent dans une relation, (2) conflit perçu dans
lequel les participants sont conscients des conditions du conflit mais pas nécessairement d’être
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Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
gêné par elles, (3) conflit affectif où les participants ont conscience des conditions conflictuelles
et déjà des sentiments d’hostilité, de tension ou d’anxiété, (4) conflit manifeste concernant les
comportements ouverts qui empêchent l’autre membre d’atteindre ses objectifs et (5)
conséquence du conflit concernant la résolution, la suppression d’une épisode de conflit ou la
dissolution de la relation.
En se basant sur le modèle de Pondy (1976), un nombre d’auteurs, par exemple : Rosenberg
et Stern (1970), Rosenberg (1974), Brown (1977) et Cadotte et Stern (1979), ont proposé une
série de modèles descriptifs dans un effort d’analyse du conflit dans le canal. Ces modèles
apportent des contributions majeures au développement de la théorie sur le conflit notamment
quand ils ont plus ou moins suggéré que le processus de conflit concerne trois étapes distinctes:
(1) l’émergence des causes du conflit, (2) des réactions conflictuelles liées aux désaccords avec
des politiques, des procédures réalisées pour atteindre des objectifs des membres individuels et
(3) des conséquences du conflit concernant des résultats en terme de performance des membres.
Généralement, dans la littérature, un consensus sur trois causes de conflit existe:
incompatibilité des objectifs, dissension sur le domaine de décision et différence dans la
perception de la réalité (Perry, 1991). Bowersox et al. (1980) ont proposé cinq causes possibles
du conflit, en convergence avec notre recherche: (1) l’incompatibilité entre objectifs des agents,
(2) l’incongruence de rôle d’un agent, (3) la rupture du processus de communication dans le
canal, (4) la divergence du niveau des perceptions de l’environnement ou des forces et des
faiblesses des agents et (5) la différence de culture entre les membres.
Au niveau des conséquences du conflit, elles se présentent sous la forme de deux tendances
opposées : d’une part, la performance du canal s’accroît du fait que les parties en opposition
décident de coopérer à nouveau dans la clarté. D’autre part, la performance diminue à cause des
dysfonctionnements divers.
Dans les autres recherches, les auteurs ont élargit l’analyse et fait distinguer entre deux états
de conflit hiérarchiques. A partir du travail de Pondy (1967), Firat et al. (1974) ont démontré que
le membre du canal entrent d’abord dans une étape cognitive/affective qui est suivie par une
étape comportementale/manifeste. La première est liée à un état de conflit dans lequel domine
une attitude caractérisée par des sentiments comme la frustration ou l’hostilité du membre du
canal. Quand ce dernier n’est pas satisfait de l’attitude et réalise des activités préjudiciables à son
adversaire, le conflit passe à la deuxième étape liée aux comportements. Il s’agit du passage du
conflit affectif au conflit manifeste. Le manque de coopération, le recours à la légalité, l’adoption
de stratégies afin de nuire au partenaire et l’interruption de la relation sont les formes possibles
du conflit manifeste.
Le conflit manifeste est souvent constitué de désaccords verbaux ou écrits entre les membres
(Lusch, 1976). Ils peuvent être le résultat des problèmes concernant des stratégies de marketing
(Stern et Gorman, 1969) et identifiés par leur fréquence, leur intensité et l’importance du
problème de désaccord (Brown et Day, 1981).
Le conflit, particulièrement le conflit manifeste, prend une place importante dans les travaux
consacrés aux comportements des acteurs dans le canal de distribution. Les auteurs se sont
concentrés principalement sur le développement du cadre conceptuel sur le conflit, analysent le
mécanisme de gestion du conflit, la mesure empirique de ce construit (Etgar, 1979). Les autres
s’intéressent à identifier la relation entre le conflit et d’autres variables dans le canal comme le
pouvoir, le leadership, la performance ou la satisfaction.
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Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
Cependant, peu de recherches analysent les deux types de conflit : affectif et manifeste
conjointement, (Etgar, 1979). Notre recherche en cours, à côté du niveau manifeste, s’intéresse
aussi au niveau affectif du conflit, car la culture concerne étroitement des états cognitifs des
individus et émerge de ce fait comme une variable importante.
2.1.2
Le pouvoir et la dépendance
Dans la littérature sur le canal de distribution, plusieurs définitions du pouvoir existent, ElAnsary et Stern (1972) ont proposé une définition spécifiquement adaptée à l’analyse des canaux
de distribution et aujourd’hui fréquemment citée par de nombreux chercheurs: “Le pouvoir d’une
institution du canal est sa capacité à contrôler les variables de décision des stratégies marketing
d’une autre institution intervenant à un niveau différent du même canal. Pour que ce contrôle soit
qualifié de pouvoir, il doit être différent du contrôle initial que l’institution dominée avait sur sa
propre stratégie” (pp.47-52). Dans cette définition, les variables de décisions des stratégies
marketing concernent les politiques de prix, de communication, de distribution, et de logistique.
Un des grands apports théoriques sur le pouvoir est le modèle des sources de pouvoir de
French et Raven (1959), les premiers auteurs ayant identifié les cinq sources de pouvoir d’une
organisation : la capacité à attribuer des récompenses, à donner des sanctions, l’expertise, la
valeur de référence et la légitimé (Filser, 1992). Plusieurs adaptations de leur recherche ont
ensuite été développées notamment par Hunt et Nevin (1974) qui ont fait une distinction entre les
sources de pouvoir coercitives et non coercitives. Particulièrement, Lusch et Brown (1982) ont
démontré que la mesure du pouvoir d’une institution conduit seulement à celle de la perception
de ce pouvoir par les individus interrogés. De plus, ils ont proposé un résultat très important: une
institution perçoit le pouvoir d’une autre si elle recourt à des sources économiques. Cependant, si
elle repose sur des sources non économiques qui peuvent engendrer de fait un pouvoir important,
l’institution subordonnée ne le percevra pas comme tel.
Les sources de pouvoir et la dépendance sont conceptuellement inséparables ou autrement dit,
la dépendance est un composant ou une dimension des sources de pouvoir plutôt qu’un
phénomène séparable (Gaski, 1984). Selon Emerson (1962), le pouvoir d’un agent A sur un agent
B est égal à, et basé sur, la dépendance de A par rapport à B.
On peut appréhender traditionnellement la dépendance d’une entreprise envers un partenaire
dans le canal de distribution comme son besoin de maintenir une relation avec le partenaire pour
atteindre ses objectifs (Kumar et al, 1995). Pourtant, la capacité de remplacement du partenaire
est souvent utilisée comme une mesure de la dépendance (Kumar et al, 1995).
La littérature met l’accent sur l’importance de la structure de réciprocité de la dépendance ou
autrement dit, sur la structure de l’interdépendance. Cette dernière inclut: (1) la dépendance de
chaque entreprise, (2) la magnitude de l’interdépendance totale qui est la somme de la
dépendance de toutes les deux entreprises et (3) l’asymétrie de l’interdépendance qui correspond
à la différence entre la dépendance de l’entreprise de son partenaire et la dépendance du
partenaire de l’entreprise (Emerson, 1962 ; Lawler et Bacharach, 1987). Pour notre part, nous
adoptons les propositions des auteurs sur la structure de l’interdépendance dans le but d’analyser
la structure de pouvoir dans le canal, ce qui sert à la formulation du modèle de recherche.
2.1.3
La coopération
A côté des situations de conflit, la relation d’échange entre les membres du canal peut
impliquer la coopération. En effet, le conflit et la coopération sont deux variables dominantes
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Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
réglant la relation d’échange (Stern et Reve, 1980). Celles-ci peuvent coexister dans une même
relation, (Stern et Reve, 1980 ; Anderson et Narus, 1990 ; Bonet, 1999).
Dans la littérature, le concept de coopération s’avère délicat à appréhender. La coopération
concerne plusieurs variables économiques et sociales : coordination, engagement,
interdépendance, confiance, qualité. En conséquence, plusieurs définitions de la coopération
existent.
Généralement, la coopération peut être appréhendée comme la situation dans laquelle les
parties travaillent ensemble vers des objectifs communs (Stern et Reve, 1980 ; Anderson et
Narus, 1990 ; Morgan et Hunt, 1994).
Un principe de la coopération est que tous les membres du canal ont un intérêt commun. La
coopération est considérée comme une variable d’intégration fonctionnelle. Le renforcement de
la coopération peut être intensif avec les réseaux de franchise, ou minimal avec les institutions
indépendantes. L’intégration verticale et la coopération sont perçues comme le moyen de
maîtriser l’incertitude.
Le besoin de coopération dans les canaux a d’ailleurs été reconnu par de nombreux auteurs en
complément de la vision plus conflictuelle vue précédemment (Jallais, 1992). En effet, la
coopération est indispensable dans le canal, car le tout le système de distribution ne peut exister
que si tous les membres servent le même marché cible et réalisent le même marketing des
produits qu’elles distribuent (Jallais, 1992). De plus, des travaux empiriques ont démontré une
relation négative entre les deux variables (Skinner et al, 1992 ; Balabanis, 1998). Donc, la
coopération joue un rôle important dans la réduction du conflit dans le canal.
2.1.4
Le leadership
Le leadership d’un membre est traditionnellement défini comme « l’ensemble des activités
menées par un membre du canal dans le but d’influencer les politiques et stratégies marketing des
autres membres du canal et de contrôler différents aspects des opérations dans le canal de
distribution » (Schul et al., 1983). On peut comprendre facilement que celui qui détient le
leadership est considéré comme “commandant du canal, pour organiser le canal dans le sens
d’une meilleure intégration interne des activités marketing et donc d’économies substantielles”
(Jallais, 1992, p.266).
D’après Mallen (1967), trois types de leadership existent :
- Leadership autocratique : La proposition des politiques ainsi que la distribution des tâches
sont réalisées par le leader sans discussion avec d’autres membres. Il impose ses vues à
ces derniers et les obligent à exécuter.
- Leadership démocratique: Le leader soutient à titre actif les autres membres du canal et
tient en compte des options de chacun pour parvenir à une décision collégiale.
- Leadership anarchique : il n’y a aucune directive du leader et chaque membre a la liberté
d’agir à sa guise. Selon Mallen (1964), dans ce cas, le canal de distribution s’autodétruit.
Craccro (1987) a démontré trois cas correspondant aux trois membres du canal qui exercent
ce pouvoir particulier :
- Si un fabricant utilise un canal par les revendeurs exclusifs ou franchisés et propose un
vaste assortiment et un programme étendu de services, celui-ci pourra tout à fait devenir
le leader.
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Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
-
Si les détaillants ont les avantages sur les méthodes de vente, le prix, la couverture
géographique, ils seront capables de régir le marketing amont du fabricant et de s’imposer
sur le marché.
- Les grossistes pourront détenir le leadership s’ils possèdent une gamme de produits très
bien équilibrée pour certains segments de marché avec les petits détaillants.
La planification et la coopération des activités du canal reposent sur la délégation à
l’intermédiaire approprié et sont l’essentiel pour le rôle du leader (Jallais, 1992). Il est nécessaire
d’adopter et de persuader les membres du canal d’adopter une approche partenariale au lieu de les
considérer comme des opposants
2.1.5
La communication
La communication est considérée comme l’un des facteurs essentiels au fonctionnement du
canal (Filser, 2000). Généralement la communication peut être appréhendée comme le partage
formel ainsi qu’informel des informations significatives et ponctuelles entre des entreprises
(Anderson et Narus, 1990).
La communication joue un rôle important dans la transmission des informations persuasives,
la prise de décision, la coordination des programmes d’action, l’exercice du pouvoir et
l’encouragement de l’engagement et de la loyauté dans le canal de distribution.
Malgré grande importance de la communication dans le canal, le nombre de travaux
empiriques sur ce concept reste très limité (Mohr et Nevin, 1990). La fonction modératrice de la
communication entre des conditions structurelles/comportementales et des conséquences a été
ignorée par les chercheurs (Mohr et Nevin, 1990).
Mohr et Nevin (1990) ont proposé un modèle distinguant quatre dimensions de la
communication :
(1)
la
fréquence
du
nombre
de
contacts,
(2)
la
direction : unidirectionnelle/bidirectionnelle, (3) la modalité: formelle/informelle et (4) le
contenu incluant des stratégies d’influence directe/indirecte.
Les membres du canal peuvent augmenter la coordination par le partage des informations
dans un processus de communication informelle, fréquente et bidirectionnelle (Mohr et Nevin,
1990 ; Mohr et al, 1995; Hunt, 1995). La communication effective peut détecter et prévenir le
conflit (Mohr et Nevin, 1990) ainsi que minimiser ses conséquences dysfonctionnelles (Anderson
et Narus, 1990).
La communication constitue un facteur important dans notre modèle dans la mesure où elle
peut permettre d’expliquer certaines difficultés dans la relation entre des acteurs venant de
différentes cultures.
2.1.6
La satisfaction
La satisfaction est un état affectif positif résultant de l’appréciation de tous les aspects d’une
relation d’une entreprise avec son partenaire (Anderson et Narus, 1990). Le niveau de satisfaction
est considéré comme la conséquence d’une relation interorganisationnelle (Frazier, 1983 ;
Anderson et Narus, 1990).
Geyskens et Steenkamp (2000) distinguent la satisfaction économique et la satisfaction
sociale. Selon ces auteurs, la compréhension de cette distinction est importante, car des activités
d’un membre du canal peuvent produire à la fois les deux types de satisfaction tandis qu’il peut
miner la satisfaction sociale ou l’inverse.
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Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
La satisfaction économique est définie comme « l’évaluation d’un membre du canal des
résultats économiques obtenus de la relation avec son partenaire tels que le chiffre d’affaire, les
marges ou les remises» (Geyskens et Steenkamp, 2000). C’est à dire que membre est satisfait de
l’efficience et de la productivité générale de la relation avec son partenaire, ainsi que des résultats
financiers.
La satisfaction sociale est définie comme “ l’évaluation d’un membre du canal sur des aspects
psychosociaux de sa relation dans laquelle des interactions avec le partenaire sont accomplies,
satisfaisantes et aisées» (Geyskens et Steenkamp, 2000). Un membre socialement satisfait
apprécie des contacts avec son partenaire et au niveau personnel, aime travailler avec lui parce
qu’il croit que son partenaire est respectable et prêt à échanger des idées (Geyskens et al., 1999).
Deux types de satisfaction peuvent avoir des effets distincts et des interactions entre elles
(Geyskens et Steenkamp, 2000). Particulièrement, lorsque la satisfaction économique est faible,
la satisfaction sociale joue un rôle important dans le découragement des comportements négatifs
du partenaire tels que la négligence ou la dissolution de la relation et à l’inverse (Geyskens et
Steenkamp, 2000).
La satisfaction a fait l’objet d’un nombre considérable de travaux de recherche en marketing.
La littérature a aussi démontré une relation négative entre le conflit et ce concept (Rosenberg et
Stern, 1971 ; Skinner et al., 1992 ; Lee, 2001). Pourtant, les auteurs ne considèrent que la
satisfaction comme un construit unidimensionnel (Geyskens et al, 1999). La recherche en cours
prend en compte les deux dimensions de la satisfaction, dans la mesure où, dans un contexte
interculturel, la distinction entre des éléments économiques et sociaux devient importante.
2.2 Les théories économiques dans le canal de distribution
Notre cadre théorique s’appuie sur deux théories économiques du canal. D’une part, la théorie
des coûts de transaction constitue le cœur des analyses économiques de notre recherche. D’autre
part, la théorie contractuelle fournit des éléments sur des normes relationnelles qui servent à nos
propositions sur des mécanismes d’ajustement entre des acteurs.
2.2.1
La théorie des coûts de transaction
La théorie des coûts de transaction est présente dans différents courants de recherche. Les
travaux sur les coûts de transaction, notamment ceux de Williamson (1975, 1985) attirent
l’attention d’un nombre considérable de chercheurs dans plusieurs disciplines et se révèle d’une
grande opérabilité dans le contexte du canal de distribution.
En l’occurrence dans le canal, les coûts de transaction sont définis comme des “coûts
supportés pour faire fonctionner le système” (Arrow, 1969). On distingue trois catégories de
coûts de transaction (Filser, 2000) : (1) coûts de sauvegarde engendrés des activités de protection
des actifs spécifiques dans la transaction, (2) coûts d’adaptation liés aux ajustements nécessaires
dans le processus d’échange en vue de s’adapter aux situations imprévisibles et (3) coûts
d’évaluation créés par la mise en place des procédures de contrôle destinées à évaluer la
performance des agents.
Selon Williamson (1975, 1985), le comportement des agents et les caractéristiques de la
transaction sont à l’origine des coûts de transaction. Trois caractéristiques comportementales
peuvent aboutir à des coûts de transaction: (1) la rationalité limitée des agents qui concerne les
limites à la capacité de communication et de traitement des informations (Simon, 1957), (2)
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Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
l’opportunisme lié à la recherche de l’intérêt personnel (3) la neutralité des risques. Les
caractéristiques de la transaction comprennent: (1) la spécificité des actifs concernant la
transmissibilité des actifs qui servent à une transaction donnée, (2) l’incertitude et (3) la
fréquence de la transaction (unique, occasionnelle, récurrente).
Le principe de la théorie des coûts de transaction est que l’organisation du canal doit viser à
minimiser le coût de la transaction et non le coût de chaque fonction (Filser, 1992). La
transaction d’un agent économique peut être réalisée par le recours à ses partenaires ou par
l’intégration de la fonction. C’est à dire l’agent fait un choix entre l’externalisation et
l’intégration sur la base du coût de transaction. Le cadre théorique fourni par la théorie des coûts
de transaction est particulièrement bien adapté à l’explication des différents modes d’organisation
des canaux de distribution (Filser, 1992). Les caractéristiques de l’environnement ainsi que le
niveau des coûts de transaction expliquent la progression du canal traditionnel vers le canal
intégré qui correspond au passage du marché à la hiérarchie.
Tableau 1 : Formes d’organisation des canaux et coûts de transaction
Formes d’organisation
du canal
Canal
traditionnel
Modèle de Williamson
Marché
Etat de l’environnement
Marché de
grand nombre
Niveau des coûts de
transaction
Faible
Canal
administré
Canal
contractuel
Canal intégré
Hiérarchie
Marché de
petit nombre
Elevé
Source : M. Filser (1992)
2.2.2
La théorie contractuelle
Dans le courant contractuel, nous nous intéressons principalement aux normes relationnelles
qui fournissent des éléments importants en matière de mécanisme d’ajustements entre les acteurs.
Heide et John (1992) ont défini les normes relationnelles comme les attentes en termes de
comportement, qui sont au moins partiellement partagées par un groupe de dirigeants. Les
normes sont considérées comme un dispositif protecteur contre des comportements déviants
(Heide et John, 1992).
Heide et John (1992) ont effectué un choix parmi les normes proposées par Macneil (1978,
1980). Selon les auteurs, trois normes : solidarité, flexibilité et échange d’information sont
importantes dans le canal de distribution :
- La solidarité reflète une attente bilatérale principalement placée sur la relation avec le
partenaire. Cette norme prescrit des comportements vers le maintien de la relation. Elle
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Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
concerne la mesure dans laquelle les parties croient que le succès vient du travail collectif
dans un esprit coopératif (Canon et al, 2000).
- La flexibilité présente une attente bilatérale des parties concernant leur adaptation lorsque
les circonstances changent.
- L’échange d’information indique une attente bilatérale de partage d’informations utiles au
partenaire.
Balabanis (1998) a indiqué que l’existence de ces normes relationnelles réduit la possibilité
de présence du conflit et renforce la coopération dans le canal.
2.3 Les théories de la culture nationale et de la culture organisationnelle
Avant d’aborder la culture à deux niveaux: national et organisationnel, une présentation de sa
définition est importante. En effet, la culture est considérée comme un construit difficile à définir
(Triandis et al., 1986) et il existe un nombre considérable de définitions sur la culture. Dans le
cadre de cette recherche, nous adoptons la définition de Schein (1985) qui comprend les
principaux défis pour les dirigeants dans une organisation : « un groupe d’hypothèses
fondamentales ou solutions communes à des problèmes universels d’adaptation externe
(comment survie) et d’intégration interne (comment rester unis), qui ont évolué au fil du temps et
se transmettent d’une génération à l’autre »*
2.3.1
La culture nationale
Parmi différents travaux consacrés à l’impact de la culture nationale sur le management, ceux
de Hofstede ont été choisis pour notre recherche comme base théorique des analyses culturelles
au niveau national. En effet, Hofstede a été l’auteur de l’une des principales études sur l’influence
des différences culturelles en matière de management (Schneider et Barsoux, 2003). Les travaux
de Hofstede fournissent un apport essentiel dans la constitution d’un cadre théorique
généralisable et quantifiable qui sert à la recherche de l’impact de la culture (Kale et McIntyre,
1991). Particulièrement, l’applicabilité des résultats de Hofstede au contexte de la relation
internationale dans le canal de distribution ont été défendue par des auteurs (par exemple : Kale
et McIntyre, 1991 ; William et al., 1998).
A partir d’enquêtes dans plusieurs pays, Hofstede (1980, 1983, 1988, 1991) a identifié cinq
dimensions de la culture nationale: distance hiérarchique, aversion pour l’incertitude,
individualisme/collectivisme, masculinité/féminité et orientation sur le long terme (cette dernière
dimension a été proposée plus tard):
- La distance hiérarchique indique dans quelle mesure une société accepte la répartition
inégale du pouvoir dans les institutions et les organisations.
- L’aversion pour l’incertitude concerne la mesure dans laquelle une société se sent
menacées par des situations ambiguës ou incertaines.
- L’individualisme/collectivisme reflètent deux tendances opposées: l’individualisme
indique dans quelle mesure les personnes préfèrent s’occuper seulement d’elles-mêmes
et de leur proches tandis que le collectivisme révèle dans quelle mesure les personnes
perçoivent leur devoir ainsi que la loyauté envers leurs groupes, organisations et
collectivités.
*
Cité dans Schneider, S. et Barsoux, J. (2003), « Management interculturel », Pearson, Paris, p. 26.
10
Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
-
La masculinité/féminité indique la mesure selon laquelle les valeurs dominantes d’une
société sont masculines (assurance, compétitivité, matérialisme) ou féminines
(enrichissement personnel, qualité de vie, relations)
- L’orientation sur le long terme reflète les valeurs des personnes tournées vers le futur.
Hofstede (1984) a avancé des propositions sur les conséquences des dimensions en matière de
management. D’après lui, dans les pays où la distance hiérarchique est élevée, les entreprises
exercent généralement une plus grande centralisation dans la prise de décisions et fonctionnent
avec un personnel important de contrôle. Le statut et le pouvoir créent de grands privilèges pour
les dirigeants très respectés.
Les entreprises dans les pays où l’aversion pour l’incertitude est importante ont tendance à
renforcer la formalisation des règles et des procédures. Les dirigeants ne sont pas prêts à prendre
des risques, ce qui conduit à un plus grand niveau de planification et de contrôle. Par ailleurs, le
niveau de spécialisation est lui aussi supérieur, car les employés sont répartis aux postes en
fonction de leurs compétences.
Dans les pays à orientation collectiviste, les entreprises favorisent la prise de décisions en
groupe, et non individuellement. Les dirigeants ont pour rôle de créer une ambiance motivante
ainsi que de faciliter le travail d’équipe, l’intégration des membres. Les résultats collectifs et la
coopération entre des membres du groupe ou de l’organisation sont mieux appréciés que les
efforts individuels.
Dans les pays où la masculinité est forte, l’accomplissement des taches est placé avant les
relations sociales. On suit le matérialisme et on s’intéresse à la réussite matérielle plutôt qu’à la
qualité de vie. Dans ce type de culture, les dirigeants se concentrent sur la recherche de bénéfices
par la fixation d’objectifs ambitieux. Au contraire, dans une culture féminine, ceux-ci ont la
responsabilité d’assurer la qualité de vie des employés de même que l’intérêt pour la société.
A partir du classement par pays, Hofstede a établit une série de cartes culturelles en
combinant deux dimensions. Il a identifié les groupes culturels anglophone, latin, nordique et
asiatique. Chaque groupe correspond à un statut culturel ayant un impact certain sur les
organisations.
2.3.2
La culture organisationnelle
La culture organisationnelle est un phénomène largement accepté et très différemment
interprété dans la littérature (Allaire et Firsirotu, 1984 ; Cameron et Quinn, 1999). Le concept de
culture organisationnelle est défini de différentes manières et dans les différentes perspectives.
Dans le cadre de cette recherche, nous adoptons la définition de Van Muijen et al. (1992) dans
une considération de la conformité avec le modèle de culture organisationnelle mobilisé.
Selon Van Muijen et al. (1992), la culture organisationnelle est définie comme un ensemble
de valeurs centrales, de normes comportementales, d’artefacts et de schémas comportementaux
qui gouvernent la manière des personnes d’agir sur autrui et d’investir leur énergie dans leurs
travaux et dans l’organisation en général. Dans cette définition, on peut distinguer deux aspects
de la culture: (1) les aspects descriptifs (comportementaux) correspondent au climat de
l’organisation (comportements, attitudes, sentiments) et (2) les aspects évaluatifs liés aux normes
et valeurs (Van Muijen et Koopman, 1994). Les aspects comportementaux sont gouvernés par les
aspects évaluatifs ou autrement dit, par les normes et les valeurs.
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Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
Dans la littérature organisationnelle, le cadre théorique qui a été largement utilisé comme
base importante dans la recherche sur la culture au niveau organisationnelle est le cadre des
valeurs compétitives développé par Quinn et Rohrbaugh (1983). Ce dernier a été adopté par
plusieurs auteurs dans la modélisation de la culture organisationnelle (par exemple : Cameron et
Ettington, 1988 ; Cameron et Freeman, 1991 ; Howard, 1998).
Figure n°1 : Modèle de culture organisationnelle
Flexibilité
Culture
concentrée sur le
clan/les employés
Culture
entrepreneuriale/adhocracie
Orientation
interne
Orientation
externe
Culture
hiérarchique
Culture orientée vers le
marché/les résultats
Contrôle et
Stabilité
Source : Adaptation de Cameron et Quinn (1999)
Ce modèle se fonde sur quatre concepts d’efficience organisationnelle en relation étroite entre
eux. L’axe vertical distingue entre la flexibilité et le contrôle et la stabilité. L’axe horizontal
comprend l’orientation interne et l’orientation externe. L’orientation interne et externe reflète
successivement la concentration sur l’organisation elle-même et sur la relation entre
l’organisation et son environnement (Van Muijen et Koopman, 1994). La combinaison entre ces
dimensions crée quatre quadrants. Chaque quadrant présente un ensemble distinct de valeurs
centrales et correspond à un type de culture.
Chaque quadrant (culture) est directement opposé à celui sur la diagonal. La culture
concentrée sur les employés /le clan est contraire à l’ensemble de valeurs de la culture orientée
vers le marché/les résultats. Tandis que la première souligne la flexibilité, le travail d’équipe, la
participation, la cohésion, la deuxième souligne le contrôle, la stabilité, les objectifs financiers et
de part de marché ainsi que la compétitivité. Une opposition similaire existe aussi entre deux
autres types de culture. La culture hiérarchique s’appuie sur l’entrepreneuriat, la créativité,
l’adaptabilité de même que la flexibilité et elle rivalise avec la culture
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Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
entrepreneuriale/l’adhocracie qui s’appuie sur la maintenance interne, le contrôle, la règle, la
stabilité.
Le modèle des valeurs compétitives révèle les difficultés auxquelles les dirigeants doivent
faire face. Quatre ensembles de valeurs reflètent les demandes opposées de l’organisation.
L’organisation doit être adaptable et flexible mais elle doit être aussi stable et contrôlée. Par
ailleurs, l’organisation recherche la compétitivité, les nouvelles ressources, les supports externes
mais elle recherche aussi la maintenance interne, le contrôle des informations ainsi que de la
communication.
Pour prendre en synthèse les éléments principaux mobilisés de la littérature, nous présentons
le modèle de recherche en cours de construction, qui inclut quelques variables clés des trois
cadres théoriques adoptés.
Figure n°2 : Modèle de recherche
Théorie économique
- Coût de transaction
+ Incertitude
+ Investissement spécifique
Théories comportementales
- Pouvoir
- Communication
- Leadership
Conflit
affectif
Conflit
manifeste
Satisfaction
- économique
- sociale
Théories de la culture
- Culture nationale
- Culture organisationnelle
Conclusion
L’étude du développement de la grande distribution et de son adaptation aux contraintes et
aux opportunités des pays d’accueil est une question importante. Elle recouvre des enjeux
capitaux et pose à la fois des questions d’ordre économique, humain et technique parmi lesquelles
celle de la qualité de la relation entre les acteurs semble fondamentale.
La revue de littérature mobilisée afin de répondre à ces préoccupations s’appuie sur les cadres
théoriques économiques et comportementaux d’analyse du canal de distribution. L’originalité du
modèle que nous proposons est d’intégrer la variable culturelle à la fois au sens de la culture
nationale mais aussi de la culture organisationnelle.
Dans ce sens, l’ambition de notre recherche doctorale en cours est double. Il s’agit d’une part
de proposer un ensemble de recommandations aux distributeurs étrangers et aux partenaires
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Actes de la 1ère Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
vietnamiens dans la perspective de constituer un canal de distribution performant sans conflit
dysfonctionnel. Il s’agit aussi de fournir aux pouvoirs publics un ensemble de préconisations
permettant d’accompagner les acteurs dans cette dynamique d’évolution de la distribution.
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