membre réseau ASTREDHOR Ennemies naturelles des aleurodes, des pucerons, des tétranyques des noctuelles, etc. : les punaises Macrolophus Naturellement implantée dans des régions méditerranéennes, du sud de la France et de la Corse, Macrolophus sp. l’insecte vert à l’allure élancée se cache sur une de ses plantes hôtes (Photo 1). Classé dans l’ordre des punaises (ou hémiptères) il appartient à une branche de la grande famille des mirides qui compte 800 espèces d’intérêt agronomique dans les genres Deraeocoris, Dicyphus, Nesidiocoris, Malacocoris, Macrolophus. - d’un corps avec la tête, le thorax et l’abdomen bien séparés. Cependant, un caractère morphologique précis la distingue des autres punaises : la partie basale des ailes antérieures est coriace ; elle est formée de la corie qui présente un sillon bien visible dans sa partie apicale et délimite ainsi une zone triangulaire appelée cunéus (Dessin ci-dessous). Les punaises mirides sont des insectes polyphages si bien que certaines peuvent être à la fois prédatrices et phytophages ce qui ne remet pas en question l’utilisation en lutte biologique de quelques unes d’entre elles sur les plantes cultivées. Leur qualité de prédateur montre leur attrait particulier pour les aleurodes mais aussi les acariens, les cicadelles, les noctuelles, les pucerons et les psylles. Macrolophus caliginosus (ou M. melanotoma) a été observé spontanément dans des parcelles de production d’Hélianthus et de Gerbera. Dessin d’une aile antérieure avec cunéus (source : www. aramel.free.fr) La partie apicale de l’aile est membraneuse, plus ou moins nervurée avec ou sans cellule. L’adulte a un corps élancé vert de 3 à 6 mm chez la femelle et de 2,9 à 3,1 mm chez le mâle. Ses yeux rouges ont un trait noir derrière. Il a de longues pattes et des antennes de quatre articles. Ces dernières sont jaunâtres sauf le premier article qui est noir, ce qui aide pour la reconnaissance des Macrolophus. La femelle mature possède un abdomen arrondi avec un ovipositeur. Le bord antérieur du thorax est muni d’un anneau apical. La tête n’a pas d’ocelles. L’aile membraneuse est d’un vert pâle transparent et grisâtre (Photo 1 et dessin). L’œuf invisible est profondément inséré dans le tissu de la feuille ne laissant apparaître que l’opercule surmonté d’une petite aigrette. Photo 1 : Macrolophus caliginosus (source www.biopol.nl) DESCRIPTION Comme toutes les punaises (du sous ordre des hétéroptères), le genre Macrolophus est doté : - de quatre ailes disposées à plat au repos, les antérieures sont modifiées en hémélytres (ailes durcies dans la partie basale et membraneuses dans la partie apicale). La larve au début jaune-vert puis totalement verte, a des caractères externes semblables à l’adulte dépourvue d’ailes et d’élytres qui se développent graduellement avec les stades. Elle se distingue des autres espèces par les antennes entièrement jaunes sans aucune marque foncée. De l’œuf à l’adulte, elle passe par cinq stades larvaires (Photos 2 et 3). - d’un rostre (appareil buccal des insectes) situé à l’avant de la tête (tête prognathe), afin de transpercer et de vider les proies de leur contenu. Source : Financement : Action pilotée par le ministère en charge de l’agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto 2018. les stades) par le biais de rameaux hôtes (inule visqueuse sur gerbera et de tomates sur rosier). Dans les conditions des essais, elle ne s’est pas installée tant sur rose que sur gerbera. Cependant, à la fin du printemps, on note régulièrement la présence naturelle de Macrolophus sp. dans les parcelles expérimentales d’Hélianthus et de Gerbera au Scradh (sans pour autant observer de malformations des fleurs). UNE ALLIEE A FAVORISER Photos 2 et 3 : larves jeune et âgée (Source www.Biotop.fr) BIOLOGIE ET INTERET AGRONOMIQUE Le cycle biologique (de l’oeuf à l’adulte) de Macrolophus caliginosus est en moyenne de 30 jours à 25°C ou 45 jours à 20°C ou 58 jours à 15°C, dans des conditions contrôlées de laboratoire, sur des aleurodes. La longévité des adultes est d’environ 25 jours à 20°C et peut durer plus de trois mois à faible température. Elle est de 19 jours à 25°C sur ses proies favorites (jeunes stades d’aleurodes). La vitesse de développement larvaire dépend à la fois de la température et de l'alimentation fournie. L'évolution des larves est encore possible quoique très lente à 10°C et le zéro de développement est de 7,7°C. La température de 40°C est létale. Peu exigeante quant à l’hygrométrie ambiante, elle est sensible à la température et notamment aux réductions thermiques pratiquées sous serre. Vulnérable aux substances chimiques abamectine, chlorpyriphos-éthyl, formétanate, imidaclopride et pymétrosine (source www. e-phy.gouv.fr), il faut également raisonner l’effeuillage des plantes au risque d’éliminer les pontes et les larves jeunes. Il convient de favoriser les plantes hôtes indigènes aux abords des serres telles que l’inule visqueuse (Dittrichia viscosa photos 4 et 5) et le souci officinal (Calendula officinalis) car Macrolophus sp. s’y maintient en l’absence de proies. Sous serre, elle a été observée sur Angelonia gardneri… une plante subtropicale. La larve prospecte le plus souvent sous les feuilles, alors que l’adulte parcourt activement tous les organes aériens des plantes à la recherche de ses proies. De par sa mobilité plus réduite que celle de l’adulte, la larve est particulièrement adaptée à l’installation sur foyers où elle est très efficace. Les études sur son comportement en conditions contrôlées ont démontré que M. caliginosus supporte une baisse de 50% de ration alimentaire habituelle puisque développement et ponte sont possibles. En cas d'absence totale de proies, elle peut devenir phytophage par prélèvement de sève et provoquer des dégâts en culture d’aubergine, gerbera (risque de piqûres déjà observé au Scradh), tomate et des cucurbitacées. Difficile à observer jusqu’en juin sous serre, elle s’installe lentement. Pendant l’été après une introduction précoce en un à deux lâchers, il est courant de comptabiliser sous serre de tomate une cinquante d’individus par plante. Macrolophus sp. a une préférence alimentaire pour les stades immatures des aleurodes des serres et des pucerons, où elle s’agrège sur les foyers. Elle peut également se nourrir d’acariens tétranyques, de thrips d’œufs de lépidoptères (noctuelles), et de larves de mineuses. Un adulte peut consommer environ 40 œufs ou 20 larves d'aleurodes par jour. Photos 4 et 5 : Inule visqueuse, plante (gauche) et fleur (droite). Remerciements à : François BERTAUX (SPV) et Gilles RIDRAY (INRA). Sources bibliographiques : BONATO O., RIDRAY G., 2007 : Effect of tomato deleafing on mirids, the natural predators of whiteflies. Agron. Sustain. Dev 27, pages 167-170. FAUVEL G., MALAUSA JC, KASPAR B., 1987 : Etude en laboratoire des principales caractéristiques biologiques de Macrolophus caliginosus [Heteroptera: Miridae]. In BioControl, Volume 32, n° 5, pages 529 à 543. LAMBION J., AMOUR C., 2009. Biodiversité fonctionnelle : bénéficier des prédateurs naturels d’aleurodes et tétranyques. PHM, n° 510, pages 15-18. LHOSTE-DROUINEAU A., RONCO L., 2009 : Valorisation des espèces utiles dans le cadre d’une protection biologique intégrée de l’horticulture méditerranéenne. In Atout-Fleurs n° 73, pages 37 à 46. PIERRE P., 2001 : Les insectes d’importance agronomique, « Pratique de l’identification au laboratoire » session de formation du 12 au 16 mars de l’INRAENSA de Montpellier. RIDRAY G., 2007 : Adaptation de la protection biologique intégrée au climat des serres en culture de tomate : étude des principales règles d’action. 12p +annexes. INRA. La population se compose d’autant de mâles que de femelles, qui cohabitent très bien avec les insectes et acariens utiles utilisés dans le cadre de la PBI. Au Scradh, des lâchers de Macrolophus caliginosus (commercialisée) ont été pratiqués sur Gerbera et rose pour les fleurs coupées. Différentes stratégies ont été mises en oeuvre : lâchers de femelles prêtes à pondre avec complément alimentaire, apports de la punaise auxiliaire de culture (à tous Source : Financement : Action pilotée par le ministère en charge de l’agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto 2018.