Docteur Pascal RONSIN Ancien Interne des Hôpitaux de Paris Ancien Chef de Clinique Assistant des Hôpitaux Membre associé de la Société Française de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique Membre associé de la Société Française d’Arthroscopie 80 102488 6 FICHE D’INFORMATION REPARATION SOUS ARTHROSCOPIE DE LA COIFFE DES ROTATEURS Ce document a pour objectif de compléter l’information qui vous a été donné lors de la consultation au cours de laquelle l’indication du traitement sous arthroscopie des lésions de votre épaule à été retenue. Il est impératif que vous le lisiez attentivement afin d’aborder l’intervention qui vous est proposée dans les meilleurs conditions, votre participation ACTIVE à toutes les étapes de la démarche thérapeutique est nécessaire pour que vos espérances d’amélioration soient corrélées au résultat post opératoire final. Le complexe articulaire de l’épaule est formé de: • • • 3 os : humérus, clavicule,omoplate 3 articulations : sterno claviculaire, acromio claviculaire, glenohumeral, 2 plans de glissement : sous acromial et omo thoracique • 19 muscles assurant un rôle de stabilisation, de recentrage et la mobilité • Parmi ces 19 muscles 5 sont individualisés sous le nom de coiffe des rotateurs de l’épaule , DANS VOTRE CAS un ou plusieurs tendons des muscles de la coiffe s’est rompu entrainant une anomalie de fonctionnement de l’épaule responsable de douleurs et de difficultés a mobiliser le membre supérieur dans certains mouvements • L’objectif de l’intervention proposée est de réparer le ou les tendons lésés afin d’améliorer le fonctionnement de l’épaule et de supprimer les douleurs. Pourquoi opérer ? Le bilan clinique et d’imagerie a montré l’existence d’une rupture de la coiffe de votre épaule accessible à une réparation directe sous arthroscopie. Le traitement médical et fonctionnel (rééducation) n’ont pas permis d’améliorer les douleurs et la fonction de votre épaule. Votre chirurgien a évalué les multiples paramètres intervenant dans la décision thérapeutique les plus importants étant votre âge, votre demande fonctionnelle, l’existence de pathologies associées, le nombre de tendons rompus ,leur rétraction ,l’atrophie et la dégénérescence musculaire et enfin votre capacité à participer à un programme de rééducation post opératoire soutenu. Vous êtes informés et vous avez conscience de la nécessité d’une rééducation prolongée en post opératoire (4 à 6 mois ),vous avez également compris les aléas de la cicatrisation tendineuse et de la récupération musculaire fonctionnelle (le chirurgien suture le tendon il ne remplace pas les fibres musculaires qui tirent sur le tendon),vous avez également conscience , qu’en l’absence de réparation,les lésions tendineuses et musculaires risquent de s’aggraver et de devenir inaccessibles à un traitement réparateur. L’intervention : Le principe est de suturer les tendons rompus en les refixant sur l’humérus au moyen de fils et d’ancres intra osseuse on y associe le plus souvent un élargissement de l’espace dans lequel glisse le tendon en rabotant de l’os au dessus du tendon (acromioplastie).Parfois est réalisée l’ablation de la portion intra articulaire du biceps lorsqu’il est de mauvaise qualité ce qui n’a pas de conséquence fonctionnelle mais peut entrainer une rétraction au bras du muscle avec un aspect à la « Popeye » inesthétique. L’intervention est menée sous arthroscopie, il s’agit d’une fibre optique reliée à une caméra de télévision qui permet de réaliser l’intervention par des petits orifices cutanés autorisant le passage des instruments tout autour de l’articulation. L’intérêt de la chirurgie arthroscopique de l’épaule n’est plus à démontrer compte tenu de la diminution de l’agression musculaire par rapport à une chirurgie ouverte et de la qualité des résultats obtenus en réduisant de façon importante les risques chirurgicaux. Il s’agit cependant d’une technique exigeante et délicate nécessitant une pratique régulière et assidue, raison pour laquelle elle n’est réalisée que par un nombre limité de chirurgiens. Déroulement de l’hospitalisation : Vous serez hospitalisé la veille de l’intervention, l’hospitalisation dure habituellement 3 jours. Il est indispensable de vous munir de tous vos documents médicaux : radios, arthroscanner ou IRM, ordonnance de traitement en cours, carnet de santé… Le jour de l’hospitalisation, la visite de l’anesthésiste et du chirurgien permettra de vérifier qu’il n’y a pas eu d’événement médical particulier depuis la consultation pré anesthésique et la consultation chirurgicale pré opératoire. Il sera une nouvel fois précisé le côté opéré. Vous devrez réaliser la PREPARATION CUTANEE avec l’aide du personnel du service qui vous guidera : Dépilation de la zone opérée à la tondeuse ou à la crème dépilatoire Douche antiseptique, cheveux compris, la veille et le matin de l’intervention Préparation cutanée de la zone opérée par l’infirmière avant de descendre au bloc en tenue de bloc non tissée. Au BLOC on vous demandera de décliner à nouveau vos nom, prénom, date de naissance, type d’intervention, côté opéré, nom du chirurgien, allergies éventuelles… vous devrez confirmer que vous êtes à jeun, que vous n’avez pas bu ni fumé de cigarette. L’anesthésiste ou l’infirmière anesthésiste vous piquera avec une petite aiguille au niveau d’une veine du membre contro- latéral pour poser une perfusion qui permettra de vous endormir. L’intervention se déroule sous ANESHESIE GENERALE. Une fois endormi vous serez installé sur le coté opposé à l’épaule opérée. le membre supérieur du côté opéré est mis en traction légère (<3kg) pou décoapter l’épaule et faciliter le passage des instruments arthroscopique. Il est alors réalisé une nouvelle préparation cutanée : détersion antiseptique, rinçage à l’eau stérile, séchage puis désinfection large du site opératoire. L’intervention commence après une nouvelle désinfection et dure entre 1 et 2 heures en fonction essentiellement de l’étendue des lésions, de la rétraction tendineuse et de la qualité des tissus. Il est réalisé plusieurs voies d’abord autour de l’articulation par de petites incisions d’environ 1 cm, leur nombre dépend du type de réparation à effectuer ( en général entre 3 et 5 incisions sont nécessaires). Sous contrôle arthroscopique vont se dérouler les temps d’exploration de la totalité de l’articulation, d’évaluation des lésions, de libération des tendons rétractés, de section de la portion intra articulaire du tendon du biceps si nécessaire , d’élargissement de l’espace de glissement au dessus des tendons (acromioplastie) et enfin de suture du ou des tendons rompus. Les incisions sont refermées par un point de suture cutané. En fin d’intervention est mis en place l’écharpe ou le coussin d’immobilisation. Après la phase de réveil au bloc opératoire vous serez transféré en salle de réveil pour y passer 2 à 4 heures en surveillance continue afin de s’assurer de la qualité du réveil, de la normalisation de vos constantes cardiaques, pulmonaires, tensionnelles…et de l’efficacité du traitement antalgique post opératoire. Enfin ce sera le retour dans votre chambre avec prise en charge par le personnel soignant. Vous pourrez boire après accord de l’infirmière et diner le soir de l’intervention, reprendre votre traitement habituel le soir ou le lendemain de l’intervention selon les consignes de l’anesthésiste. La gestion de la douleur est un point essentiel de la phase post opératoire immédiate, l’un des multiples intérêts de la technique arthroscopique et de réduire cette douleur et d’en faciliter sa prise en charge. Quoiqu’il en soit les traitements antalgiques prescrits sont régulièrement réévaluées avec votre concours (mesure de l’intensité douloureuse de 0 =pas de douleur à 10 = douleur insupportable) et adaptés .La douleur n’est pas une fatalité elle peut et doit être contrôlée. Habituellement la prise d’antalgiques en comprimés est suffisante des le lendemain de l’intervention et la perfusion est retirée. Vous pourrez vous lever le lendemain de l’intervention (J+1). A J+1 une radio de contrôle est réalisée pour vérifier notamment la qualité des gestes osseux réalisés (acromioplastie) .(On ne voit pas les tendons sur une radiographie standard et les ancres utilisées pour refixer le tendon sur l’os sont radio transparentes et se résorbent progressivement en 12 à 18 mois) . Vous verrez le kinésithérapeute qui vérifiera le positionnement de votre immobilisation et vous expliquera comment réaliser VOUS MEME l’auto rééducation de l’épaule par des mouvements pendulaires sans risquer de solliciter les sutures tendineuses. A J+2 le pansement est changé et la sortie autorisée par le chirurgien si les douleurs sont bien contrôlées par les antalgiques habituels. La sortie se fait vers 13 heures . A LA SORTIE Il vous sera remis : une ordonnance pour l’infirmière à domicile pour les pansements tous les 2 jours et l’ablation des fils au huitième jour, une ordonnance pour aller chercher en pharmacie le matériel pour les pansements et le traitement antalgique, une ordonnance pour le kinésithérapeute afin de débuter la rééducation en mobilisation passive et l’auto rééducation pendulaire 3 fois par semaine pendant les 6 semaines que dure l’immobilisation en écharpe pour permettre la cicatrisation tendineuse. Un arrêt de travail si nécessaire Un courrier pour votre médecin traitant que vous devez consulter dans les jours suivants votre retour à domicile pour qu’il s’assure de l’absence d’anomalie de cicatrisation cutanée et de problème post opératoire précoce un compte rendu opératoire pour votre kinésithérapeute . Un rendez vous de contrôle avec votre chirurgien à le 6ème semaine pour autoriser la suppression de l’immobilisation et vérifier la récupération des mobilités passives avant de débuter la rééducation active. A DOMICILE : Il ne faut pas mouiller le pansement tant que les fils ne sont pas enlevés L’immobilisation doit être portée jour et nuit mais vous pouvez l’ôter pour la toilette et vous habiller en commençant par enfiler la manche du coté opéré et en décollant le membre supérieur du tronc par le seul effet du poids du membre en vous penchant vers l’avant comme en rééducation pendulaire. La main et le coude peuvent être utilisés en conservant le bras collé au corps ou légèrement décollé pour la toilette et vous alimenter. Vous devez réaliser vous-même l’auto rééducation pendulaire et passive en flexion 2 à 3 fois par jour en gardant comme principe de ne pas dépasser le seuil de la douleur. L’utilisation du membre supérieur dans les gestes simples de la vie quotidienne ne pourra pas être débutée avant la 6éme semaine. (comme vous ne pourrez pas mettre la main dans le dos penser à la douche pour la toilette intime). Vous serez contraints de solliciter votre entourage, pensez à les préparer à cette participation transitoire nécessaire à votre récupération. La conduite automobile et le retour complet à l’autonomie sont habituellement obtenus au 2 éme mois post opératoire. Une activité professionnelle sédentaire peut souvent être reprise entre le 2éme et le 3éme mois. Pour les travaux plus contraignants ou de force, il faut prévoir 4 à 6 mois. Dans certains cas (atteinte bilatérale des épaules chez un maçon par exemple) la possibilité d’ un reclassement professionnel doit être envisagé. La rééducation est poursuivie 4 à 6 mois et la récupération de la force de l’épaule se poursuit sur 12 à 18 mois. RISQUES ET COMPLICATIONS « On appelle complication tout phénomène survenant pendant ou dans les suites de l’arthroscopie et considéré comme anormal autant par le patient que par le chirurgien », ceci incluant les échecs de l’intervention et comprend des phénomènes transitoires et /ou bénins qui sont plus des incidents que de véritables complications. o Selon cette définition, le taux global de complications atteint 15% La liste suivante constitue une énumération des risques possibles et correspond à des généralités ne tenant pas compte de la spécificité de chaque cas, et en particulier de l’état de santé propre à chaque individu. Les risques liés à l’anesthésie vous ont été précisés lors de la consultation pré anesthésique et dans la fiche de consentement à l’anesthésie. Les complications liées à l’environnement : o La conversion en chirurgie ouverte : très rarement, les difficultés techniques per opératoire peuvent conduire à abandonner la technique initialement prévue sous arthroscopie et à réaliser l’intervention en chirurgie ouverte. o Les ruptures des pinces et instruments motorisés sont exceptionnelles. o Des lésions d’étirement ou de compression des nerfs liées à l’installation ont été décrites et sont habituellement réversibles sans intervention chirurgicale supplémentaire mais perturbent les suites et en particulier le programme de rééducation. o Le gonflement, l’œdème lié à la suffusion du sérum physiologique utilisé pour pratiquer l’arthroscopie donne un aspect d’ « épaule pseudo athlétique » qui peut inquiéter le patient mais régresse spontanément en quelques heures. Les complications liés à la technique : o L’infection (0.4%) est tout à fait exceptionnelle et se traduit par l’apparition de fièvre et de douleurs anormales .Ces signes doivent vous conduire à consulter en urgence. Le traitement nécessite une ou plusieurs réinterventions pour lavage articulaire et une antibiothérapie prolongée. Des séquelles à type de raideur voir d’infection osseuse chronique sont possibles. En tout état de cause le taux d’arthrite septique post opératoire est inférieur après technique arthroscopique qu’avec la technique chirurgicale classique « ouverte ». o Des plaies des vaisseaux artère ou veine sont décrites dans la littérature et peuvent nécessiter un geste chirurgical spécifique et des transfusions sanguines. o Des lésions des nerfs ont également été décrites et peuvent malgré un traitement adapté rester définitives entrainant des séquelles paralytiques. o Les complications cutanées (1 à 2% des complications) sont en général bénignes : nécrose cutanée limitée, cicatrice disgracieuse, abcès superficiel. o La migration des ancres de réinsertion qui s’arrachent de l’os en raison d’une traction excessive ou d’une mauvaise tenue osseuse peut nécessiter une réintervention. o La capsulite rétractile ou algodystrophie ou syndrome douloureux régional complexe de type I est la complication la plus fréquente de la chirurgie arthroscopique de l’épaule .Ce syndrome de survenue le plus souvent imprévisible, est responsable de douleurs inflammatoires et d’une raideur de l’épaule notamment en rotation externe. Il nécessite une prise en charge médicale parfois longue mais évolue habituellement favorablement avec le temps. Les échecs de la réparation de la coiffe des rotateurs o Une rétraction majeure des tendons peut rendre impossible leur réparation anatomique et obliger à un traitement dit « palliatif » qui permet de soulager les douleurs mais ne peut prétendre rendre une fonction normale. o Non cicatrisation de la réparation : le lâchage des sutures peut survenir en raison d’une utilisation trop précoce ou trop intensive du membre supérieur ou par absence de cicatrisation tendineuse. Le taux de non cicatrisation est corrélé à l’age, l’étendue de la rupture et la rétraction tendineuse. Le tabagisme est également un facteur péjoratif. Cette non cicatrisation partielle ou complète n’est pas synonyme d’échec fonctionnel mais laisse persister une diminution de force et une fatigabilité de l’épaule. Dans de rare cas, il peut être nécessaire d’envisager une réintervention. RESULTATS : Cette énumération de complications ne doit pas vous faire perdre de vue o o o Que compte tenu de la technicité exigée par cette intervention , le taux de complications est très faible Que la réparation de la coiffe des rotateurs sous arthroscopie améliore significativement les douleurs et la fonction de l’épaule dans la très grande majorité des cas. Entre 80 et 90% des patients opérés d’une rupture de coiffe sous arthroscopie se disent satisfaits ou très satisfaits du résultat.