Apport de la biologie dans le traitement et le suivi des cancers thyroïdiens différenciés (C.D.T.)
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Revue de l'ACOMEN, 1998, vol.4, n°3
moins bien différenciée qui a perdu sa capacité à capter
liode avant de perdre sa capacité à sécréter la Tg,
· une contamination par liode secondaire à ladministration
de produits de contraste.
· Une interférence des AaTg qui cause une sur-estimation
du taux de Tg (système RIA à séparation non spécifique)
(5).
- Scintigraphie I131 positive - Tg indétectable
Cest la discordance la moins fréquemment rencontrée, elle
est liée aux causes analytiques suivantes :
· Une Tg faussement négative peut être due à une tumeur
qui secrète une Tg de conformation anormale qui nest
pas reconnue par les anticorps utilisés dans la trousse en
raison des différences de standardisation entre les fabri-
cants (6). Par conséquent, le suivi du patient devra être
réalisé avec la même trousse.
· Une sensibilité sous optimale du dosage. La levée de la
freination permet de rehausser la sensibilité clinique du
dosage de Tg.
· Un manque de précision inter-essai. Afin de diminuer la
variabilité inter-essai, il est conseillé de reprendre le der-
nier tube du patient.
· Une interférence des AaTg qui causent une sous-estima-
tion du taux de Tg (système RIA à séparation spécifique
ou système IRMA) (5). Pour trouver une solution à cette
dernière cause analytique, létude du dosage des AATg
versus test de recouvrement doit être envisagée.
5. Relation Anticorps anti thyroglobu-
line vs test de recouvrement
Linterférence des autoanticorps anti-Tg est le plus sé-
rieux problème rencontré lors du dosage de la Tg. Les in-
terférences des AaTg dans le dosage immunoradiométrique
de la Tg chez des patients AaTg positif suggèrent que les
AaTg devraient être dosés chez tous les patients traités
pour CDT de façon à valider le dosage de Tg.
Deux approches indirectes pour rendre compte ou pallier à
ces interférences ont été proposées:
· Utilisation danticorps monoclonaux qui ne croisent pas
avec les AaTg. Ce concept réduit mais nélimine pas les
interférences des AaTg lors des dosages de Tg par des
techniques IRMA (7 ).
· Réalisation dun test de recouvrement basé sur lajout
dune quantité connue de Tg exogène (8,9 ).
Une étude réalisée en collaboration avec le Service de
Radioimmunologie et le Service dEndocrinologie du CHU
Toulouse Rangueil a été entreprise sur 45 sérums pour
lesquels les tests de récupération réalisés en routine ont
été inférieurs à 70 %.
Sur les tubes sélectionnés, le dosage de la Tg associée au
test de récupération a été effectué par trois autres trous-
ses IRMA.
Les résultats sont portés dans le Tableau I.
- TABLEAU I -
IRMA 1: Dynotest Tg, Lab Brahms, Berlin, Allemagne
IRMA 2: Thyroglobulin ERIA, Lab Pasteur, Marnes la Coquette
IRMA 3: HTGK, Lab Sorin, Sallugia, Italie
IRMA 4: ELSA HTG, Lab Cis Bio International, Gif s/Yvette
IRMA 1 IRMA 2 IRMA 3 I RMA 4
% of
recovery
<70 >70 <70 >70 <70 >70 <70 >70
TgAbs + n19 - 6 13 15 4 14 5
mean ± sem 52±3 - 62±3 82±3 37±4 95±9 53±3 82±4
TgAbs - n26- 2 2411151511
mean ± sem 53±3 - 64±6 93±3 54±3 90±3 41±6 84±3
trousse utilisée
en routine
Etude réalisée en collaboration avec le Laboratoire de Radioanalyse et le Service dEndocrinologie. CHU Toulouse Rangueil.
Cette étude confirme que les pourcentages du test de ré-
cupération ne sont pas corrélés avec la présence ou lab-
sence danticorps anti-thyroglobuline. De faibles tests de
recouvrement sont observés chez plusieurs patients ne
présentant pas de AaTg. Ceci suggère que des concentra-
tions de AaTg, inférieures à la limite de détection puissent
interférer. Cette hypothèse induit que laspect qualitatif
des AaTg serait aussi important que laspect quantitatif
pour produire des interférences.
Dautre part, cette étude démontre une très grande varia-
bilité des pourcentages de récupération entre les quatre
méthodes IRMA. Les anticorps utilisés pour le dosage,
les origines de Tg exogène (circulante, tissulaire), les quan-
tités variables de Tg exogène ajoutées au sérum en fonc-
tion du fabricant peuvent expliquer cette variabilité.
Le problème majeur dans linterprétation des taux de Tg
lors de la surveillance biologique se pose chez des pa-
tients AaTg négatif qui ont des résidus thyroïdiens et pour
lesquels la Tg nest pas toujours détectée.
Comme il ny a pas dautres signes biologiques de reprise
tumorale, des tests de validation in vitro réalisés chez des
patients AaTg négatifs doivent être réalisés de façon à
prévenir le risque de sous-estimation du taux de Tg.
Dans le cas de patients AaTg positifs, ce risque de sous
estimation existe et est fort heureusement connu.
La pertinence clinique dun dosage de Tg ne doit pas être
seulement basée sur une valeur de Tg mais également sur