ECE 2 Camille Vernet
N.Danglade 2016-2017
1
Module 3 La mondialisation économique et financière
Partie 3. L’intégration européenne
Chapitre 1. La dynamique de la construction européenne
1. Du plan Marshall à l’eurosclérose des années 1980
1.1 La période de l’après seconde guerre mondiale
1.1.1 Une Europe fragmentée économiquement et politiquement
Document 1 : trois obstacles économiques
Ensuite, les économies de l’Europe occidentale sont beaucoup plus fermées au commerce international intra-
régional européen, suite aux conséquences de la guerre.
A la fin des années 1940, le premier obstacle à l’intégration européenne est constitué par l’état des infrastructures
de transport et de communication en Europe qui ont subi un niveau élevé de destruction à la fin de la Seconde
Guerre mondiale. Il n’y a plus de ligne téléphonique et de système national de chemins de fer en Allemagne, plus
de cent gares et 70% des locomotives sont hors d’usage en France comme un tiers des capacités ferroviaires
italiennes. Leur reconstruction sera rapide, mais la faiblesse des infrastructures européennes de transports constitue
encore un obstacle physique au commerce intra-européen (…).
Le deuxième obstacle est d’ordre commercial. Les tarifs douaniers restent extrêmement élevés et supérieurs à 40%
en moyenne au sein des grandes économies européennes. Il existe de nombreux systèmes de quotas (…). Les
industries nationalisées, plus nombreuses qu’avant-guerre, se retrouvent dans des situations de monopoles ou
d’oligopoles nationaux, complètement protégées de la concurrence étrangère. Dans certains secteurs clefs comme
l’énergie, l’Etat met en place des systèmes de subventions et de contrôle des prix qui rendent impossible la
concurrence étrangère. Derrière ces barrières protectionnistes, on assiste à la recréation des cartels d’avant-guerre
dans une série de secteurs de l’industrie lourde comme l’acier ou la chimie.
Le troisième obstacle est d’ordre monétaire. Les économies européennes ne disposent plus de réserves de devises
étrangères en suffisance et sont obligées de contingenter leurs importations en se concentrant sur les produits
indispensables à leur reconstruction. Les gouvernements adoptent alors ce que Milward nomme des politiques néo-
mercantiliste où l’on encourage la substitution des importations par le recours à la production nationale pour éviter
les sorties de devises étrangères. Ainsi les firmes allemandes situées dans la Ruhr remplacent leurs fournisseurs
néerlandais par des entreprises de Hambourg.
Source : J.C.Defraigne « Introduction à l’économie européenne », De Boeck, 2014, p.66
Document 2 : un obstacle politique, le rideau de fer (discours de Churchill, 5 mars 1946)
L’Europe de la fin des années 1940 (…) est divisée en deux zones d’influence selon les découpages négociés à
Yalta entre Churchill, Roosevelt et Staline. Le « bloc soviétique » s’oriente progressivement vers une plus grande
autarcie économique avec des économies étatisées ne participant plus que marginalement au commerce
international avec les économies capitalistes. (…)
Source : J.C.Defraigne « Introduction à l’économie européenne », De Boeck, 2014, p.66
Document 3 : un second obstacle politique, la question de la place de l’Allemagne en Europe
Un obstacle majeur à l’intégration économique en Europe est d’ordre politique. Depuis son intégration et son
industrialisation à la fin du 19ième siècle, l’économie allemande est devenue le pivot de l’économie continentale
européenne. (…) Dès l’après-guerre, les dirigeants politiques et économiques du Bénélux et des pays scandinaves
sont conscients de l’importance de leur partenariat commercial avec l’Allemagne en matière de débouchés
commerciaux et d’importations de certains produits technologiques allemands. (…) Cependant l’occupation
militaire de l’Allemagne (…) remet en question l’insertion de l’économie allemande en Europe occidentale (…).
Au sein de l’administration Roosevelt, certains sont convaincus qu’il faut durablement affaiblir l’Allemagne pour
empêcher définitivement la réémergence d’un projet d’hégémonie allemande sur l’Europe. (…) A l’instar de la
stratégie française établie à Versailles en 1919, le gouvernement français envisage de remplacer l’Allemagne
comme première puissance économique de l’Europe continentale *. (…)
ECE 2 Camille Vernet
N.Danglade 2016-2017
2
Aucune avancée significative en matière d’intégration européenne n’émerge dans le chaos économique de
l’immédiat après-guerre, chaos renforcé par les rivalités des politiques économiques nationalistes des grandes
économies européennes et par les intérêts protectionnistes de certaines industries nationales. en 1947, l’Allemagne
continue d’être isolée politiquement et économiquement alors que l’Europe occidentale est encore morcelée par le
protectionnisme et reste très fragile sur le plan économique.
Source : J.C.Defraigne « Introduction à l’économie européenne », De Boeck, 2014, p.66
* certains hommes politiques défendent l’idée d’une pastoralisation de l’économie allemande, c’est-à-dire la
suppression de l’industrie et le développement d’une économie agricole.
1.1.2 Le changement de politique des Etats-Unis et la doctrine Truman
Document 5 : la sécurité des Etats-Unis passe par le redressement économique de l’Europe
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les initiatives américaines à l’égard de l’Europe en général et de
l’Allemagne en particulier furent relativement décousues et confuses. Balançant entre la volonté de « punir » la
puissance vaincue tout en souhaitant faciliter le relèvement économique des pays européens pour mieux se dégager,
l’administration américaine manquait d’un « Grand dessein ». C’est seulement au cours de l’hiver 1946-1947,
parallèlement à la victoire électorale de l’opposition républicaine au Congrès, que le président démocrate Harry
Truman précisera ses options. Jugeant avoir sous-estimé l’état de désorganisation économique de l’Europe, les
risques de déstabilisation politique et l’extrême faiblesse de la Grande Bretagne, son administration définira ce qui
est res sous le nom de « doctrine Truman ». L’essentiel tient dans la (…) priorité accordée à l’Europe
occidentale et à son redressement économique comme condition de la sécuriaméricaine. L’instrument privilégié
en est un vaste programme d’aide économique annoncé officiellement le 7 juin 1947 par le secrétaire d’Etat
G.Marshall. Source : Guillaume Courty et Guillaume Devin « La construction européenne », La découverte, 2010, p.10
Document 6 : amélioration du niveau de vie et endiguement du communisme
A partir de la fin de 1946, certains officiels américains se rendent compte de la détérioration du niveau de vie en
Allemagne de l’Ouest et de ses effets déstabilisateurs sur le plan social et politique, situation qui pourrait favoriser
le renforcement de l’influence communiste. Le général Clay, le gouverneur militaire qui dirige les troupes
américaines d’occupation résume ce dilemme :
« On ne choisit pas entre devenir communiste à 1500 calories et devenir démocrate convaincu à 1000 calories. Je
crois sincèrement que notre niveau de rationnement en Allemagne anéantira non seulement nos objectifs en Europe
centrale, mais pavera le chemin vers une Europe communiste ». C’est en réponse à ces évènements que la majorité
des cercles dirigeants aux Etats-Unis optent en faveur d’une stratégie pour contrer activement le communisme et
l’influence de l’URSS. (…) Le gouvernement américain adopte au milieu de l’année 1947 la doctrine Truman et la
politique dite « d’endiguement » du communisme. (…) La doctrine Truman considère explicitement la politique
économique comme primordiale dans la stratégie d’endiguement :
« Je crois que notre aide doit être essentiellement économique et financière, essentielle à la stabilité économique et
à l’ordre politique ». Effectivement, l’aide économique constituera l’outil principal des Etats-Unis pour contrer
l’influence de l’URSS en Europe occidentale.
Source : J.C.Defraigne « Introduction à l’économie européenne », De Boeck, 2014, p.70
Document 7 : le plan Marshall
Les transferts financiers effectués dans le cadre du plan Marshall sont considérables puisqu’ils s’élèvent à 13
milliards de dollars en cinq ans. A cette somme, il convient d’ajouter 9,5 milliards supplémentaires qui seront
déboursés dans le cadre d’autres programmes de coopération transatlantique entre 1947 et 1952. (…) Cela constitue
sur cinq ans 8,5% du PIB américain et 13,2% du PIB des pays bénéficiaires. (…)
Sur le plan de la conjoncture économique, le plan Marshall constitue une politique de relance keynésienne pour
faciliter la transition d’une croissance de l’économie tirée par la demande de guerre de l’Etat à une croissance
moins soutenue. (…)
Dans la stratégie de Truman, l’aide financière américaine destinée à l’Europe vise trois objectifs.
Il y a tout d’abord un but de propagande idéologique à court terme. (…) Ensuite, le gouvernement américain
considère qu’il est absolument indispensable de renforcer les capacités industrielles des économies de l’Europe
occidentale pour que ces pays soient capables de produire suffisamment de matériels militaires en cas
d’affrontement avec l’URSS. (…) Mais l’aide américaine est également conçue comme un moyen de créer un
ECE 2 Camille Vernet
N.Danglade 2016-2017
3
modèle de croissance économique qui constituerait un facteur de stabilisation politique à moyen terme pour toute
l’Europe occidentale et qui garantirait le maintien d’un fort lien transatlantique. Les Etats-Unis sont convaincus de
la nécessité d’éviter le protectionnisme et l’instabilité monétaire de l’entre-deux-guerres qui sont perçus comme des
causes majeures de la Seconde guerre mondiale.
Source : J.C.Defraigne « Introduction à l’économie européenne », De Boeck, 2014, p.70
Document 8 : la création de l’OECE pour gérer les fonds du plan Marshall
L’idée du Plan Marshall accélère le rythme de la reprise en Europe de l’Ouest. Pendant sept ans, de 1947 à 1954, le
programme va allouer treize milliards de dollars aux 16 pays qui y participent, soit 29 dollars par habitants en
Allemagne de l’Ouest, 33 en Italie, 72 en France, 77 en Angleterre, 104 en Autriche. Les Américains ont insisté
pour que cette aide soit gérée par une agence internationale, l’Organisation pour la coopération économique
européenne (OECE), qui vise à encourager une planification rationnelle à l’échelle du continent, dans le cadre de ce
marché mondial ouvert que les responsables américains appellent de leurs vœux. Leur objectif immédiat est de
faire redémarrer rapidement la croissance économique, car ils sont convaincus que la pauvreté fait le lit de la
révolution et du communisme. (…) Soucieux d’efficacité et désireux d’empêcher un retour aux frileux
nationalismes économiques des années 1930, les Etats-Unis exigent que les fonds de l’aide Marshall ne soient pas
directement versés aux différents pays bénéficiaires mais soient répartis par une organisation multinationale
intégrée, l’OECE. L’OECE a toutefois un rôle purement consultatif et elle n’est pas habilitée à intervenir dans la
politique des pays membres. Source : R.Paxton « L’Europe au 20ième siècle », Taillandier, 2011, p.448
Document 9 : les enjeux de la création de l’OECE (stimuler l’intégration économique européenne)
L'organisation européenne qui a ainsi été créée était une structure permanente de coopération économique qui
devait fonctionner selon les principes suivants :
- promouvoir la coopération entre les pays participants et les programmes nationaux de production pour
hâter la reconstruction de l'Europe ;
- intensifier les échanges intra-européens en abaissant les droits de douane et autres obstacles au
développement des échanges ;
- étudier la possibilité de créer une union douanière ou une zone de libre-échange
- étudier la possibilité d'une multilatéralisation des paiements ;
- instaurer les conditions propres à permettre une meilleure utilisation de la main-d'œuvre ;
Initialement, l'OECE comptait 18 participants : Autriche, Belgique, Danemark, France, Grèce, Irlande, Islande,
Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suède, Suisse, Turquie, Allemagne occidentale
(initialement représentée par les zones d'occupation anglaise et américaine réunies -- la Bizone -- et la zone
d'occupation française). La zone anglo-américaine du Territoire libre de Trieste a également participé à l'OECE
jusqu'à ce qu'elle passe de nouveau sous la souveraineté de l'Italie. Source : site de l’OCDE
Document 10
En rassemblant initialement les pays démocratiques européens dotés d'une économie de marché, l'OECE constitue
une première étape importante sur la voie de l'unification européenne. Elle demeure toutefois un organe de
coopération intergouvernementale. Source : http://www.cvce.eu/education/unit-content/
1.1.3 Influence des mouvements politiques pro-européens et premiers échecs
1.1.3.1 L’idée européenne dans l’histoire
Document 11 : l’idée européenne au cours de l’histoire
Le sentiment d’une identité européenne continentale remonte à la chrétienté latine. Après la naissance des Etats-
nations européens modernes et les guerres à répétition qui les ont opposés, l’idée d’une entente européenne
commence à voir le jour au 18ième siècle. A la fin du règne de Louis XIV, l’abbé Saint Pierre propose la création
d’une fédération européenne et d’un conseil d’arbitrage ; en 1815, le Tsar Alexandre 1ier plaide pour une alliance
sacrée, et en 1930, les français Herriot et Briand proposent de constituer les Etats-Unis d’Europe. A la fin de la
première guerre mondiale, des hommes d’affaires suggèrent d’organiser l’économie européenne de telle sorte
qu’elle puisse résister à la concurrence américaine. Des utopistes comme Saint Simon, aux internationalistes, la
ECE 2 Camille Vernet
N.Danglade 2016-2017
4
gauche européenne compte sur la révolution pour remplacer les dynasties guerrières et les monopoles par un monde
de travailleurs unis. En réalité, l’union se fera plutôt par la conquête militaire. Les guerres révolutionnaires,
prolongées par Napoléon créent un premier ensemble européen sous le contrôle des conquérants. Au siècle suivant,
Hitler reprendra ce thème de l’Europe unie contre le bolchévisme et celui de la sphère économique européenne
pour contrer l’URSS et les anglo-américains.
Source : R.Paxton « L’Europe au 20ième siècle », Taillandier, 2011, p.509
Document 12 : l’idée européenne après 1945
Le démantèlement des empires européens semble annoncer le déclin des principales puissances d’Europe de
l’Ouest. Pourtant cette impression est contredite au même moment par un mouvement en faveur de l’unité
européenne qui offre aux nations du continent une nouvelle opportunité de puissance indépendante. Ce mouvement
a deux motivations. La première est la hantise de nouvelles rivalités nationales menant droit à la guerre. La
deuxième est la conscience de leur faiblesse relative dans un monde dominé par les deux grands. La solution est la
création d’une entité plus large, l’Europe unie, capable de rivaliser avec les superpuissances. Les deux voies vont
être suivies en parallèle. Source : R.Paxton « L’Europe au 20ième siècle », Taillandier, 2011, p.509
Document 13 : les architectes de la nouvelle Europe
En 1945, l’unification européenne est à nouveau d’actualité et paraît soudain réalisable. L’ampleur des destructions
est telle que tout devient possible. Les mouvements de résistance issus de la gauche mettent leur espoir dans une
« fédération européenne, démocratique ouverte à tous les peuples européens, y compris l’Angleterre et l’URSS ».
En Allemagne, les conservateurs antihitlériens (…) préconisent plutôt une « Europe unifiée fondée sur la chrétienté
et la suprématie allemande et qui vise à barrer la route au bolchevisme ». Une troisième voie, que préconisent des
fonctionnaires et des hommes d’affaires éclairés comme Jean Monnet est celle d’un marché européen unifié.
Monnet est convaincu que les pays européens n’ont plus à eux seuls la capacité d’engendrer du progrès
économique, technologique et social. Dès lors, son objectif est de mettre sur pied une économie européenne unifiée
à l’échelle des Etats-Unis.
Parmi les architectes de la nouvelle Europe, beaucoup viennent de la Rhénanie catholique, cette région frontalière
qui a vue les Français et les Allemands s’entretuer pendant des siècles. Du té français, Robert Schuman ministre
des affaires étrangères de tous les gouvernements entre 1948 et 1953 est précisément issu de l’une de ces familles
frontalières qui n’ont que trop souvent connu les horreurs de la guerre. Pendant la première guerre mondiale, il a
été mobilisé dans l’armée allemande. (…) En 1945, il participe à la création du MRP, le parti chrétien démocrate
français. Du côté allemand, la figure la plus marquante est celle de Konrad Adenauer, le maire catholique de
Cologne dans les années 1920. (…) Sous le régime nazi, il est destitué de ses fonctions et interné à plusieurs
reprises. A la tête du parti social-démocrate, il devient en 1949 le premier chancelier de la République fédérale
d’Allemagne. Il est alors prêt à écouter les propositions de R.Schuman, tout comme son homologue italien,
chrétien-démocrate lui aussi, Alcide De Gasperi.
Ces architectes chrétiens-démocrates de l’unification européenne sont bientôt rejoints par quelques socialistes
anticommunistes baignés de tradition internationaliste et qui redoutent une expansion soviétique, comme le belge
Paul-Henri Spaak, élu premier ministre en 1947. (…) Spaak sera le premier président de l’OECE.
Source : R.Paxton « L’Europe au 20ième siècle », Taillandier, 2011, p.509
Document 14 : à propos de l’émergence du mouvement pro-européen après guerre
http://www.cvce.eu/education/unit-content/-/unit/7b137b71-6010-4621-83b4-b0ca06a6b2cb
W.Chruchill « Europe can only be united » (attention, Churchill n’est pas un fédéraliste mais un unioniste !)
1.1.3.2 Un Conseil de l’Europe sans pouvoir
Document 15 : le Conseil de l’Europe
Il existe bien des velléités en faveur d’une intégration européenne et même d’une Europe fédérale. Le congrès de
l’Europe à La Haye en 1948 réunit 750 personnalités politiques en faveur d’une plus grande Union européenne,
certains envisagent une solution fédérale, d’autres une intégration européenne ou unioniste (intergouvernementale).
Cela débouche sur la création du Conseil de l’Europe en 1949, mais ce dernier n’est qu’un lieu de discussion sans
décision liante qui ne dispose pas des outils nécessaires pour résoudre le problème de la fragmentation économique
de l’Europe occidentale. Source : J.C.Defraigne « Introduction à l’économie européenne », De Boeck, 2014, p.66
ECE 2 Camille Vernet
N.Danglade 2016-2017
5
Document 16 : le fonctionnement du Conseil de l’Europe
Le traité de Strasbourg du 5 mai 1949, définissant le statut du Conseil de l’Europe, a été signé par dix pays :
Belgique, Danemark, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède. Il précise,
dans son article Ier, que le but du Conseil est de :
« Réaliser une union plus étroite entre ses membres afin de sauvegarder et de promouvoir les idées et les principes
qui sont leur patrimoine commun et de favoriser leur progrès économique et social ».
L’« union plus étroite » n’est donc pas l’objectif final du statut, mais le moyen de préserver et développer un
patrimoine commun au coeur duquel se situent les principes auxquels les Etats membres doivent souscrire : liberté
individuelle, liberté politique et prééminence du droit. (…)
La Convention européenne des droits de l’homme de 1950 est une des clés de voûte du système. Les nombreux
arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme ont permis de faire évoluer les législations nationales. (…) Aux
droits civils et politiques garantis par la Convention, la Charte sociale européenne (1961) apporte un complément
avec la garantie des droits économiques et sociaux.
L’organe exécutif du Conseil, le Comité des ministres, est un organe intergouvernemental de type classique, dans
lequel les décisions sur les questions de fond se prennent à l’unanimité.
L’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe (dont la dénomination actuelle - Assemblée parlementaire du
Conseil de l’Europe - a été adoptée le 3 juillet 1974) fut le premier forum international réunissant des
parlementaires nationaux et non pas des représentants des gouvernements. Elle comprend, pour la France, des
députés et sénateurs. Les membres de l’Assemblée parlementaire peuvent émettre des avis, à la demande du
Comité des ministres, ou des recommandations à son intention qui n’ont pas de valeur contraignante.
Source : https://www.monde-diplomatique.fr/cahier/europe/conseileurope
Document 17 : Un Conseil de l’Europe sans pouvoir
La création du Conseil de l’Europe à Strasbourg en mai 1949 représente la première tentative de mise en place
d’institutions politiques communes. Dans les cercles qui militent pour l’intégration, le Conseil de l’Europe est
considéré comme le futur bras législatif des Etats-Unis d’Europe. Mais tout au long des années 1950 et 1960, les
gouvernements britanniques s’opposeront à ce que les organisations auxquelles ils appartiennent acquièrent des
compétences supranationales indépendantes. Le gouvernement travailliste, qui dirige la Grande-Bretagne de 1945 à
1951, tout comme les gouvernements socialistes scandinaves se méfient d’un mouvement d’intégration dominé par
les catholiques et les technocrates. (…) Contrairement à ce qu’avait espéré le belge Spaak, le Conseil de l’Europe
ne sera pas le fer de lance de l’intégration politique. (…) L’élaboration de la Convention européenne des droits de
l’homme et la mise sur pied de la Cour européenne des droits de l’homme en 1950 constitue sa principale réussite.
Source : R.Paxton « L’Europe au 20ième siècle », Taillandier, 2011, p.509
Document 18 : deux organismes « européens » de coopération
OECE
Conseil de l’Europe
Intégration intergouvernementale ou
fédérale ?
Domaines concernés
1.1.3.3 L’échec de l’OECE
Document 19 : l’OECE, un outil à visée fédéraliste promu par les américains
L’espoir de l’administration Truman fut en effet d’utiliser le plan Marshall comme moyen de faciliter un processus
d’intégration entre les pays d’Europe occidentale. L’OECE (qui regroupe 16 Etats), chargée de répartir l’aide
américaine, mais installée également comme organisation permanente de coordination des politiques économiques
nationales, devait servir d’embryon.
Or, si cet organisme s’acquitta de sa tâche ponctuelle, il ne fit guère plus : la Grande-Bretagne, hostile à la
libéralisation des échanges parce que soucieuse de défendre « la préférence impériale », refusa de le doter de
pouvoir réel. Contrairement aux souhaits américains, les britanniques bloquèrent donc toute tentative de
transformation du plan Marshall en instrument d’une quelconque « fédéralisation » européenne.
Source : Guillaume Courty et Guillaume Devin « La construction européenne », La découverte, 2010, p.10
1 / 52 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !