Tuer au nom de Dieu - Journal

publicité
Journal-essentiel > Cahiers > Charlie, le Prophète et la liberté > Tuer au nom de Dieu
Tuer au nom de Dieu
Marie-Luce Scieur
mercredi 25 février 2015, par Thierry Verhoeven
Le judaïsme, le christianisme et l’islam se basent sur des textes sacrés. Ces textes sont pour la
paix, la tolérance et l’amour des autres. Alors, pourquoi tant de guerres et de violences au nom
de Dieu ?
(Photo : massacre de la Saint Barthélémy)
Les valeurs que l’on retrouve dans les textes sacrés sont généreuses et tolérantes. Mais souvent des
Eglises, des responsables religieux interprètent ces textes. Ces interprétations trahissent parfois les
messages de départ. Elles font des courants religieux des instruments de pouvoir. Chaque courant
religieux considère qu’il a LA vérité.
Le christianisme et l’islam étaient des religions très prosélytes. Etre prosélyte c’est vouloir convertir un
maximum de personnes à ses croyances. Ces deux religions se sont aussi répandues sur de grands
territoires suite à leurs conquêtes. Au cours de l’Histoire, les religions ont souvent servi de prétexte pour
justifier des guerres et des conquêtes politiques.
Entre le judaïsme et l’islam…
Les juifs, eux, n’ont pas essayé de convertir les autres à leur religion. Pour la Torah, ils sont le peuple élu,
l’agent de Dieu sur Terre qui doit révéler le Dieu unique à toute l’Humanité. La Torah leur attribue même
un territoire : le pays de Canaan. Leur but n’est donc pas de conquérir d’autres territoires mais de
récupérer et de garder ce territoire sacré.
A l’origine, les juifs étaient un peuple nomade. Ils ont souvent été chassés. Ils se sont dispersés à travers
le monde. C’est ce qu’on appelle la diaspora. Ils ont protégé leur religion et leurs croyances en vivant en
communauté fermée et en évitant de se mélanger à d’autres religions par le mariage. Peu à peu, les juifs
réclament un Etat à eux, pour pouvoir y vivre.
Pendant la seconde guerre mondiale, six millions de juifs ont été tués dans les camps nazis. Après la
guerre, on ne pouvait plus refuser aux juifs un Etat. En 1948, les Nations Unies décident de donner un
territoire au juifs : l’Etat d’Israël. Cependant, sur ce territoire vivaient des Palestiniens. Jérusalem était
leur capitale. Elle est aujourd’hui la capitale des deux peuples. De plus, le pays de Canaan décrit dans la
Bible est plus grand que l’Etat d’Israël. Israël a alors expulsé des Palestiniens et occupe encore
aujourd’hui des territoires qui sont des territoires palestiniens. Donc, depuis la création de l’Etat d’Israël,
il y a des guerres violentes dans la région. Et on ne voit pas encore comment arriver à une paix véritable.
Entre le christianisme et l’islam…
Au Moyen Age, les chrétiens ont fait croisade « pour aller délivrer le tombeau du Christ et tuer les
infidèles ». Ils voulaient récupérer Jérusalem, alors occupée par les musulmans. A cette époque, la culture
musulmane était très étendue, très prospère et très tolérante dans cette région. Au cours des croisades,
les chrétiens ont pillé et massacré, au nom de leur religion.
Aujourd’hui, certains courants extrémistes extrémistes personnes qui ont des positions extrêmes, très
dures, sans tolérance qui se réclament de l’islam ont décidé de mener une guerre contre les pays de
tradition chrétienne. Et on assiste partout dans le monde à des attentats sanglants. Comme ceux de Paris
et de Copenhague.
Entre le judaïsme et le christianisme
Au fil du temps, les juifs se sont souvent opposés aux chrétiens. Les chrétiens considéraient que les juifs
étaient responsables de la mort de Jésus et les pourchassaient, les emprisonnaient ou les exterminaient.
Lors de la seconde guerre mondiale, Hitler s’est aussi servi de la religion comme prétexte pour justifier le
massacre des juifs.
Des divisions chez les juifs
Chacune de ces religions s’est divisée en plusieurs courants au cours de l’Histoire. Vers l’an 70 après
Jésus-Christ, les juifs, ont été chassés de Judée par les soldats de l’Empire romain. Il se sont alors séparés
en deux groupes. Les juifs ashkénazes sont partis vers l’Europe centrale et l’Europe de l’est. Les juifs
séfarades sont partis vers l’Europe du sud. Et ils ont rejoint plus tard l’Afrique du Nord. La langue des
juifs, l’hébreu, s’est mélangée aux langues des régions où ils se sont installés. Du coup, il y a des
différences dans la prononciation des mots. On trouve aussi des différences culturelles : la cuisine, les
traditions, les fêtes.
A côté de cela, d’autres courants existent dans la religion juive. Certains plus pratiquants ou plus à cheval
sur la tradition que d’autres. Les juifs « orthodoxes » par exemple, vivent dans des communautés très
fermées. Ils respectent les traditions des origines à la lettre. Ils sont très conservateurs. Ils considèrent
que leur interprétation est la seule valable. On trouve ces communautés aux Etats-Unis, en Europe. Ils
sont aussi très présents en Israël où ils jouent un grand rôle politique et refusent de négocier avec les
Palestiniens pour vivre en paix.
Des divisions chez les chrétiens
Les chrétiens se sont séparés en trois grands courants au cours de l’Histoire. La première séparation a eu
lieu au 11ème siècle après Jésus-Christ. Le christianisme s’était répandu sur les restes de l’Empire romain.
Il était divisé en deux grandes zones géographiques : l’Orient dont la capitale était Constantinople
(actuellement Istanbul) et l’Occident Occident les pays à l’Ouest dont la capitale était Rome. Au 11ème
siècle, Les chrétiens d’Orient et d’Occident se séparent officiellement. Les chrétiens d’Orient deviennent
les orthodoxes. Ils ne reconnaissent pas le Pape comme chef de l’Eglise. Les chrétiens d’Occident
deviennent les catholiques. Ils reconnaissent le Pape comme chef de l’Eglise.
Cinq cents ans plus tard, au 16ème siècle, il y a une nouvelle séparation. Martin Luther dénonce l’Eglise.
L’Eglise accumule les richesses, n’aide pas les pauvres et demande de l’argent pour pardonner les péchés.
C’est à ce moment que se crée un nouveau courant qui va se séparer des catholiques. Ce nouveau courant
s’appellera le protestantisme. On le retrouvera en Allemagne, en Angleterre et dans le sud-ouest de la
France.
Des divisions chez les musulmans
Chez les musulmans, à la mort du prophète Mahomet en 632, il a fallu désigner un successeur. Deux
grands clans s’opposent. Les sunnites d’un côté qui désignent Abou Bakr, un homme ordinaire,
compagnon de toujours de Mahomet. Il prône le retour aux traditions des tribus. Les chiites, de l’autre
côté, désignent Ali, fils spirituel et gendre de Mahomet, au nom des liens du sang.
Ces deux courants ont une approche différente de la religion et du pouvoir politique. Les sunnites,
majoritaires, acceptent que les autorités religieuses et politiques soient fondues dans la même personne.
Les chiites, minoritaires, sont pour une séparation claire de la religion et du pouvoir politique.
Tuer pour le pouvoir
Toutes ces divisions internes ont aussi provoqué des massacres et des guerres. Mais très souvent, la
religion a surtout été un prétexte utilisé par les dirigeants des différents courants pour envoyer les
hommes se battre et servir les intérêts politiques ou financiers d’un groupe.
Ainsi, les catholiques et les protestants se sont fait la guerre en France entre le 16ème siècle et le 18ème
siècle. L’épisode le plus sanglant est le massacre de la Saint Barthélémy. En 1572 à Paris, les catholiques
ont massacré plusieurs dizaines de milliers de protestants. En réalité, il s’agissait surtout de servir les
intérêts les pouvoirs des rois de France et du Pape contre la petite noblesse et la bourgeoisie qui
souhaitait partager les richesses.
Les terroristes
Au Moyen-Orient, les sunnites et les chiites se font la guerre depuis près de 1400 ans. Les sunnites sont
beaucoup plus nombreux que les chiites. Dans certains pays comme l’Irak ou l’Iran, ce sont les chiites qui
dominent. Ils ont tendance à humilier les sunnites et à utiliser la violence pour gouverner.
Mais c’est parmi les sunnites qu’il y a des groupes extrémistes les plus violents, ce sont des organisations
comme Al Qaïda et Daech, l’Etat islamique. Ces djihadistes djihadistes mot pour désigner les islamistes
violents et terroristes sont très peu nombreux mais ils tuent et terrorisent les musulmans pour qui l’islam
est une religion de paix. Ces djihadistes sont aussi en guerre contre les chrétiens, les juifs et ce qu’ils
appellent l’Occident.
Téléchargement