Pharmacodependance et prise en charge H Peyriere

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1
Les pharmacodépendances et leurs
prises en charge
Dr H. Peyrière
Pharmacie Clinique – Faculté de Pharmacie
Service de Pharmacologie Médicale - Centre d’Addictovigilance
CHU Montpellier
2016
1
2
Voie dopaminergique mésolimbique et
psychopharmacologie de la récompense
2
3
Nouvelles modalités de consommation
• Polyconsommation
• Toxicomanie « licite »
Substances
psychoactives licites :
médicaments
Substances
psychoactives
illicites
Opioïdes :
héroine
Psychostimulants
: MPH
Opioïdes :
morphine, …
cannabinoïdes
Psychostimulants :
cocaïne,
amphétamines,
MDMA
Anxiolytiques
NPS
Anti-H1
4
Toxicomanies médicamenteuses : différents
aspects
• Toxicomanie médicamenteuse des toxicomanes
• Toxicomanie
de
trafic
(médicaments
codéinés
benzodiazépines...)
• Traitements de substitution
• Toxicomanie médicamenteuse méconnue
• Dérive d'une prescription médicale
détournés,
• => escalade médicamenteuse
• Toxicomanie médicamenteuse avérée
• Tous types de médicaments avec comportement de type addiction
• Patients psychiatriques chroniquement traités par psychotropes
• Toxicomanie médicamenteuse "licite"... sur prescription
5
Installation de l’addiction aux médicaments
• Abus de médicaments => dérive dans la consommation
• Par automédication, sans contrôle médical de produits en vente libre
• Par détournement de l’usage initial de médicaments contenant des
•
•
•
•
principes actifs proches de ceux contenus dans des produits stupéfiants.
Certains médicaments couramment prescrits depuis le début du siècle pour
lutter contre les troubles du sommeil ont été classés stupéfiants car
consommation croissante dans un but toxicomaniaque !
• * Médicaments avec opiacés (très consommés par héroïnomanes en
manque)
• * antidépresseurs utilisés comme stimulants intellectuels
• * benzodiazépines (anxiolytiques et somnifères => très consommés par les
toxicomanes pour atténuer l’état de manque)
=> graves conséquences : effets nocifs et incontrôlés sur la santé
=> accidents de la route et du travail
=> même à faible dose, médicaments + alcool ou stupéfiants = danger !!!
6
• L’addiction résulte de mécanismes complexes et multifactoriels, faisant
intervenir la rencontre d’un individu avec un produit, dans un contexte
déterminé.
Vulnérabilité individuelle
Facteurs biologiques,
psychopathologiques
Risques liés au produit
Propriétés renforçantes,
Caractéristiques
pharmacologiques
Complications
Risques liés à
l’environnement
Facteurs sociaux,
familiaux, culturels
7
Substances psychoactives à potentiel addictif
8
Dangerosité des substances
d’après Nu,
Lancet. 2007
et 2010
9
Une véritable épidémie aux USA !!!
10
Une véritable épidémie aux USA !!!
• En 2012, Aux USA, > 16,7 millions de sujets > 12 ans abusent de médicaments
•
•
•
•
•
•
sur prescriptions
2,6 millions répondent aux critères de troubles de l’usage de substances
Ce qui représente une augmentation de 250% en 20 ans
4,8 millions abusent d’opioïdes prescrits > tranquillisants (6 millions) >
stimulants (3 millions)
Admissions pour usage de médicaments opioïdes a augmenté de 5 fois entre
2000 et 2010
« accidents » liés à ces abus a augmenté de 440% > overdoses liés à l’usage
d’héroine ou de cocaïne
Autres pays touchés : canada (5% population abuse d’opioïdes), nouvelle
Zélande
11
ET EN FRANCE ???
12
Médicaments faisant
l’objet d’un suivi national
d’addictovigilance
13
LES BENZODIAZÉPINES
ET APPARENTÉES
14
15
Tan KR et al, Hooked on benzodiazepines: GABAA receptor subtypes and addiction.
Trends Neurosci. 2011;34:188–197
16
Benzodiazépines et Dépendance
Dépendance :
Psychique
Physique
Tolérance
Réunion des 3 critères
17
Les dépendances et mésusages aux
benzodiazépines
• Aux doses thérapeutiques
• fortes doses
• durée de prescriptions trop longue
• syndromes de sevrage à l'arrêt (dépendance physique)
• Aux doses toxicomanogènes
• doses extrêmement élevées
• Impossibilité de s'arrêter
• polytoxicomanies
Soumission chimique : benzodiazépines +++ > GHB
• Benzodiazépines et sportifs
Gérer les stress de la compétition : manque sommeil
Contexte festif entre 2 étapes (cyclisme)
•
17
18
EPIDÉMIOLOGIE DE
L’ABUS ET DE LA
DÉPENDANCE
19
OPPIDUM = Observation des Produits
Psychotropes Illicites ou détournés de
leur Utilisation Médicamenteuse
•
•
•
Résultats de l'enquête 26
Auprès des structures de prise en charge des
toxicomanies et structures pénitentiaires
1er au 30 octobre 2015
Part des principales benzodiazépines et app.
Consommateurs de benzodiazépines et
apparentés
40,0%
La part des consommateurs de BZD est
relativement stable (20% en 2015)
30,0%
20,0%
10,0%
1990
1991
1992
1993
1994
1995(1)
1995(2)
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
0,0%
70,0%
60,0%
Augmentation de la
consommation de diazépam
Alprazolam
Bromazépam
50,0%
40,0%
30,0%
20,0%
Clonazépam
Clorazépate dipotassique
Diazépam
Flunitrazépam
Lorazépam
Lormétazépam
Oxazépam
10,0%
Prazépam
Zolpidem
0,0%
Zopiclone
les benzodiazépines et app.
2013
2014
N médicaments
7295
BZD + app : n (%)
1522 (21%)
2015
N médicaments
6654
N médicaments
6591
BZD + app : n (%)
1297
(13%)
BZD + app : n
(%)
1199
2013
2014
2015
Molécule
n
%
Molécule
n
%
Molécule
n
%
Oxazépam
373
25%
Oxazépam
313
24%
Diazépam
317
26%
Diazépam
297
20%
Diazépam
284
22%
Oxazépam
291
24%
Zopiclone
175
12%
Zopiclone
161
12%
Zopiclone
122
10%
Bromazépam
144
9%
Zolpidem
117
9%
Bromazépam
110
9%
Zolpidem
131
9%
Bromazépam
114
9%
Alprazolam
95
8%
Alprazolam
125
8%
Alprazolam
104
8%
Zolpidem
87
7%
Lormétazépam
61
4%
Lormétazépam
48
4%
Lormétazépam
44
4%
Clonazépam
48
3%
40
3%
Prazépam
35
3%
Prazépam
Clorazépate
dipotassique
42
3%
Clorazépate
dipotassique
Prazépam
34
3%
23
2%
27
2%
Clonazépam
23
2%
Lorazépam
Clorazépate
dipotassique
22
2%
Diazépam et Oxazépam représentent la moitié des BZD
Clonazépam : 11ème position (n=17 dont 10 de la Réunion)
les benzodiazépines et app. :
indicateurs de détournement
N
Diazépam
Oxazépam
Zopiclone
Bromazépam
Alprazolam
Zolpidem
Lormetazépam
Lorazépam
Prazépam
Clorazépate
dipotassique
Clonazépam
les 3 BZD ayant le % le plus élevé
1er
2eme
3eme
dose >
souff.
abus/
obtent°
à l'arrêt dépdance illégale
prise
conc
alcool
fiches
2 AMM
317
1%
2%
3%
1%
2%
13%
3%
3%
0%
51%
61%
37%
60%
62%
43%
50%
50%
38%
55%
62%
31%
55%
60%
38%
26%
26%
29%
20%
21%
4%
26%
18%
16%
7%
7%
14%
24%
34%
11%
21%
17%
21%
7%
7%
6%
22
0%
40%
52%
10%
19%
17
0%
29%
76%
76%
53%
291
122
110
95
87
44
36
35
Pour chaque indicateur :
la BZD ayant le % le plus faible
dernier
Distinction entre les BZD moins marquée en 2015 : clonazepam
en 1er (mais faible effectif), à surveiller Oxazépam, Zolpidem…
23
OPEMA : Observation des
Pharmacodépendances en Médecine
Ambulatoire
• Résultat enquête 2014
• 1135 patients inclus
• 1985 fiches produits remplies
• 29% femmes
• Moyenne âge : 40,9 ± 12,6 ans
• Consommateurs de BDZ et apparentés : 291 (26%)
24
BDZ et apparentés les plus consommées
Rang
Molécule
%
1
Oxazepam
19%
2
Bromazépam
14%
3
Alprazolam
13%
4
Diazépam
12%
5
Zolpidem
11%
6
Zopiclone
11%
7
Lormétazépam
6%
8
Lorazepam
5%
9
Clorazépate
4%
10
Prazépam
3%
25
OSIAP (Ordonnances Suspectes, Indicateur d’Abus
Possible)
• RAPPELS
• Première ligne = Pharmacies et pharmaciens d’officine
• Enquête OSIAP systématique depuis 2001
• OBJECTIFS
• Identifier les médicaments détournés (système d'alerte)
• Comparer les tendances observées au sein de chaque région
• Meilleure connaissance du potentiel addictif des médicaments en condition réelle
d'utilisation, en complément des autres outils des CEIP-A
• METHODES
• Réseaux de pharmacies des CEIP-Addictovigilance régionaux
• 2 périodes d’enquête : Mai et novembre
• + Recueil en dehors des périodes d’enquête résultats globalisés
26
Caractéristiques des ordonnances suspectes
41,0% d’ordonnances simples
(2013 : 29,6%)
11,4% d’ordonnances sécurisées
(2013 : 12,6%)
8,0% d’ordonnances bizones
10,9% d’ordonnances hospitalières
(2013: 10,1%)
(2013: 4,7%)
27
TOP 10 des médicaments (2014) et évolution
Des nouveautés apparaissent !
Tropicamide (8)
Baclofène (2)
Des produits disparaissent !
Encore une demande de flunitrazepam! (19 en 2013)
Moins de methylphenidate (7/13)
Moins de prégabaline (11/16)
28
Evaluation du potentiel de pharmacodependance du
zolpidem
• Index de mésusage :
• OSIAP : zolpidem = palmarès des 10 premiers médicaments depuis 1998
• Nots : % en augmentation depuis 1993
• OPPIDUM : existence d’une utilisation détournée : 50% d’effets positifs
recherchés, 40% souffrance à l’arrêt, 30% pharmacodépendance (marché
parallèle)
• Système national de pharmacovigilance
• 67 notifications de pharmacodépendance et mésusage
• 377 dossiers notifiant un autre effet contiennent zolpidem à une
posologie non conforme à l’AMM
• Littérature
• 97 case report : tolérance 50%, dépendance rapportée 63%, effets
psychiques recherchés: 44%
• Doses importantes : max 600 mg
• Recherche effet psychique positif
29
Zolpidem
• Évaluation / ANSM
• Deux populations distinctes
• Finalité hypnotique
• Effet psychique positif recherché
• Modification RCP
• Outils CEIP
• Doses consommées / jour très importante (800 mg)
• Femmes +++
• Environ 40 ans
• Modes d’obtention non conforme : nomadisme médical, pharmaceutique
• Ordonnances falsifiées
• Voie d’utilisation injectable (effet apaisant, risque infectieux, abcès)
30
Ischémie digitale après injection d’un comprimé
pilé de zolpidem
Boucher A et al, Thérapie 2008; 63 (6): 463–467
31
Zolpidem : Janvier 2013 : alerte FDA / doses
• Effets résiduels le matin
• Concentrations plasmatiques résiduelles importantes le matin
• Provoquer troubles de la vigilance et conséquences néfastes sur
activités (conduite de véhicules)
• FDA : notification de 700 accidents de la route ou difficultés à conduire
/ zolpidem
• Femmes +++
• Personnes âgées ?
• Recommandations
• Diminuer les doses
32
Suivi addictovigilance zolpidem
33
34
35
Opioïdes
• Médicaments
• Dérivés codéinés : Néocodion®, Codoliprane®
• Tramadol : Topalgic®, Ixprim®
• Sulfate de morphine : Skénan®, Moscontin®
• Autres : oxycodone, hydromorphone
• Traitements de substitution aux opiacés : méthadone,
buprénorphine
les analgésiques opioïdes
5,0%
Evolution du nb consommateurs
4,0%
3,0%
2,0%
1,0%
n
2015
2014
2013
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
consommateurs d'antalgiques opioides
Evolution des antalgiques opiacés
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
2005
2004
0,0%
n=139
2004
2005
2006
n=20
n=3
2007
n=4
n=6
n=7
n=
24
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Diminution de la consommation de morphine
37
38
Oxycodone
39
Tramadol
• Femme de 28 ans
• 2008 : douleurs coliques néphrétiques : prescription Ixprim®
(paracétamol + tramadol)
• Contexte familial difficile : posologie 10/j
• Grossesse : poursuite abus non mentionné au cours du suivi
• Après accouchement : syndrome de manque, avec convulsions
• Traitement par Séresta®, doliprane, tramadol, doses dégressives
• Commentaires
• Signal de dépendance et abus avec tramadol : cas rares
• Patient toxicomane / voie administration détournée, polyconsommation
• Patient tout venant / posologie thérapeutique / rapidement : anxiolyse
• Difficultés de sevrage :
• Anxiété, dépression, tr digestifs
• Diminution progressive posologie
40
Bilan du suivi national d’addictovigilance des
spécialités à base de fentanyl
• Spécialités concernées : Abstral®, Actiq®, Effentora®, Instanyl®
• Recherche de cas de mésusage :
• utilisation hors-AMM douleur non cancéreuse, absence de
traitement de fond opioïde), non respect des règles de titration
• Usage abusif et détourné, usage criminel (soumission chimique)
• Recherche de cas de pharmacodépendance
41
Formes galéniques du fentanyl transmuqueux à libération immédiate
V Gibaja, courrier des addictions, 2015;3: 18-20
42
V Gibaja, courrier des addictions, 2015;3: 18-20
43
V Gibaja, courrier des addictions, 2015;3: 18-20
44
45
Amphétamines et dérivés
45
46
Methylphénydate (Ritaline®)
Indication : Trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité chez
l'enfant de plus de 6 ans, sans limite supérieure d'âge.
Narcolepsie avec ou sans cataplexie, en cas d'inefficacité du modafinil chez
l'adulte et chez l'enfant de plus de 6 ans.
47
Méthylphénidate : Spécialités disponibles en
France
• Commercialisations en France
• RITALINE® 10 mg
• CONCERTA® LP 54 mg
: 19/09/1996
: 25/06/2004
: 17/05/2004
: 11/02/2013
: 04/09/2006
• QUASYM® LP 10 mg/ 20 mg/ 30 mg
: 14/02/2011
• MEDIKINET® 5 mg/10 mg/20 mg/30 mg/40 mg
: 13/05/2015
• RITALINE® LP 20 mg / 30 mg / 40 mg
• CONCERTA® LP 18 mg / LP 36 mg
• RITALINE® LP 10 mg
48
Aspects pharmacologiques et réglementaires
• Structure chimique dérivée des pipéridines et proche des amphétamines
• Le MPH est un stimulant du système nerveux central, inhibiteur de la
recapture des catécholamines, et particulièrement de la dopamine dont il
augmente la concentration ainsi que celle de la noradrénaline dans la fente
synaptique
• Stupéfiants
• Prescription
initiale annuelle hospitalière / psychiatres, pédiatres,
neurologues
• Renouvellement / médecin généraliste
49
Généralités
• L’usage du méthylphénidate a augmenté chez les enfants
• Mais également chez les adultes dans de nombreux pays : USA, Australie,
Canada, Europe (Islande, Danemark, Suède, France…)
• Augmentation de la dispensation du MPH entre 2002 et 2010
• + 425% au Danemark
• + 122% aux pays-Bas
• + 116% en Allemagne
• + 67% en France
• La disponibilité des médicaments ayant un effet psychoactif a été décrit
comme l’un des déterminants de l’abus
• Depuis quelques années, une augmentation de l’abus de médicaments est
également observée
• Danemark : 22% de mésusage de MPH chez adultes, avec comorbidités
psychiatriques +++
50
Usage de Ritaline® chez les usagers de l’espace
urbain
Données dispositif TREND 2008, Marseille
nombre d’utilisateurs de Ritaline® depuis 2006.
Disponible dans la vente de rue depuis le début de l’année 2008.
Utilisateurs : ceux en situation de grande précarité, mais aussi des
utilisateurs en situation sociale plus stable qui ont connu les amphétamines,
Femmes +++
Voie d’administration : injection
Caractéristiques : compulsion des prises dont la répétitivité >>> cocaïne.
Les risques et conséquences psychologiques : décrits comme plus marqués
qu’avec la cocaïne : mal être / agressivité en descente, apparition et/ou
augmentation d’effets paranoïaques voire de psychoses, états dépressifs.
Syndrome de sevrage caractérisé par la souffrance physique et un état
dépressif.
Depuis élargissement à d’autres régions
50
51
Trends in methylphenidate dispensing from 2005 to 2011
C Ehrhardt et al, CEIP Marseille (CO-093)
• Objectifs : décrire motifs de prescription
• Méthode : données CPAM PACA-Corse
• Tout patient ayant au moins 1 dispensation méthylphénidate entre 2005-2011
• Recensement psychotropes associés
• Résultats
• Entre 2005-2011 : 166% nbre de patients
• Substances associées :
BDZ 53,3%, antidépresseurs 33,6%, antipsychotiques 27%, modafinil 2,6%
• Morphine 11,8%, TSO 28,1%
•
Item
2005
2011
p
% hommes
80%
73,3%
< 0,001
Age moyen (ans)
15,4 ± 12,5
17,5 ± 13,5
< 0,001
% adultes
14,8
24,7
55% hommes
Age moyen 37,9
< 0,05
52
53
En France
• Evaluation
du potentiel d’bus et de dépendance du
méthylphénidate / ANSM et le réseau des Centres
d’addictovigilance depuis 2004
• Suivi d’addictovigilance national depuis 2014 pour :
• Suivre l’évolution des usages détourné variés
• Etudier le profils des sujets consommateurs
• Détection de signaux en lien avec le MPH
• Dernière mise au point : juin 2016
54
Résultats juin 2016/ Evolution des notifications spontanées
NOTS :
N=88 hors
cas hors
AMM
Patients : N = 88
70 H / 18 F , sex-ratio : 3,88
Age moy : 35,3 ans (13-66)
ATCD : 48 TUS (17 coc, 9 amph)
SPA : 60 cas : dont 18 mentions de stimulants, 50 d’opiacés (32
TSO, 14 Skenan, 1 Acti-S, 2 Oxycodone, 1 Néocod) //OH (10)
Motifs déclarés ou suspectés
Nombre de cas
NR
Effet stimulant / speed
Sevrage / substitution de la cocaïne
Sédation
Effet agréable
Dopage intellectuel
Excitation sexuelle
66
10
5
2
1
1
1
Correction du syndrome de sevrage de méthadone
1
Contrôle du corps et de l’esprit
1
56
Modes d’obtention
Prescrip. médicale
Prescrip. multiples
Deal
Ordo falsifiées
Internet
Don
Vol
NR
2013
2014
2015
Total
%
41
12
18
30
50
6
1
5
1
10
2
15
3
25
2
4
1
1
13
3
1
2*
5
5
3
1
30
8
8
4
1
1
11
17
Voies de consommation : connues dans 69 cas (78%)
- IV : 46 mentions (67%) vs 13 en 2013 /// (19 cas : Skenan (10), BDH
(5), méthadone (2), zolpidem, MDMA, coc, héro)
- PO : 23 mentions dont 3 en parachute (NPS)
- Voie nasale : 5 mentions (7%)
- Inhalation : 1 mention / - sublinguale : 1 mention
Complications
Présentes chez 44 patients (13 cas NR)
Complications cardiovasculaires : tachycardie (5), IDM (1 / coc), malaise avec
douleurs thoraciques (1), ICD sur HTAP et polySPA (1), bradycardie + contracture
musculaire (1)
Troubles neuropsychiatriques :
22 cas : agitation, agressivité (8), états délirants confusionnels ou
psychotiques (6) dont 1 sevrage, convulsion (3), trismus ((1), excitation (1).
En association avec des NPS : 1 décès, céphalées (1), agitation (1)
Complications infectieuses : 10 cas : abcès cutanés (7) dont 1 nécrose digitale,
septicémie (1), inflammation Mbres (2)
58
AUTRES EXEMPLES
59
Trihexyphénidyle : Artane®
• Antiparkinsonien, anticholinergique
• Début 2000 : abus par patients schizophrène pour effets hallucinogènes
• Plusieurs populations d’abuseurs
• Patient traité à posologie correcte puis augmentent
• Patient toxicomane polyconsommateur (BDZ, alcool, psychostimulant)
• Patient schizophrène, abus
• Retrouvé comme produit de coupe de cocaine
• Population toxicomane : effet recherché
•
Euphorie, effet psychostimulant ou dopant, hallucinations, effet
entactogène
• Nomadisme médical, ordonnances falsifiées
• Abus retrouvé avec autres antiparkinsoniens anticholinergiques mais
moins fréquemment
60
Un exemple récent de signal d’usage détourné : le collyre à base de
tropicamide
• Le
•
•
•
•
tropicamide est un collyre mydriatique atropinique indiqué en
ophtalmologie.
Liste I
Publications de cas isolés d’utilisation détournée par voie intraveineuse ont
été rapportés chez des usagers d’opioïdes dès 2013 (Spagnolo, 2013;
Bozkurt, 2015).
Effets recherchés variés : atténuation des symptômes de sevrage opiacés,
prolongation des effets de l’héroïne, euphorie, apaisement, et, à forte dose
hallucinations auditives et visuelles.
En France, des ordonnances falsifiées mentionnant du tropicamide
(Mydriaticum®) ont été signalées, notamment dans la région Midi-Pyrénées
61
Suite
• Fin 2014 : premières observations de détournement de tropicamide en Midi-Pyrénées
notifiées / pharmaciens d’officine.
• En Juillet 2015 : intensification des notifications de demandes suspectes, l’ARS MidiPyrénées, en collaboration avec le centre d’Addictovigilance (CEIP-A) de Toulouse
diffuse un message d’alerte à destination de l’ensemble des officines de la région.
• Depuis Décembre 2014, 64 demandes de collyre à base de tropicamide ont été
signalées au CEIP-A de Toulouse.
• Parmi ces notifications, 22 (34%) impliquaient une ordonnance mentionnant entre 1 et 6 flacons de 10
mL.
• Lors des demandes spontanées, les sujets prétextaient régulièrement une rupture de stock dans leur
pays d’origine (Europe de l’Est) ou réclamaient un « dépannage ».
• Des demandes similaires ont été signalées en Normandie et Ile-de-France.
• D’après les données de
l’assurance maladie, quelques patients ont obtenu des
quantités importantes de collyre, sans preuve évidente d’indication ophtalmique.
62
Risques d’abus, de mésusage et de pharmacodépendance liés à
l’utilisation de la prégabaline (Lyrica et génériques)
• La prégabaline (Lyrica et génériques) est indiquée dans le traitement de
l’épilepsie partielle et des troubles anxieux généralisés. La spécialité Lyrica
est également autorisée dans la prise en charge des douleurs
neuropathiques.
• Ces médicaments font l’objet d’une utilisation abusive à des fins récréatives.
Les premiers signalements d’abus ont été notifiés en Europe en 2010, et au
réseau d’addictovigilance en France en 2011.
• En raison de l’utilisation croissante de ces médicaments et des signalements
de cas d’abus, de dépendance et de mésusage au réseau des CEIP, un suivi
national d’addictovigilance est effectif depuis 2013.
• Une surveillance particulière a également été mise en place par l’Agence
Européenne des Médicaments (EMA) dans le cadre du Plan de Gestion des
Risques accompagnant la commercialisation des médicaments contenant de
la prégabaline.
63
Risques d’abus, de mésusage et de pharmacodépendance liés à
l’utilisation de la prégabaline (Lyrica et génériques)
• Deux types de signaux mis en évidence
• Le premier est un détournement des prescriptions avec des falsifications
d’ordonnance et des cas de nomadisme médical et/ou pharmaceutique.
• Le second est une augmentation de l’utilisation de la prégabaline au sein de
populations à risque (sujets traités par des médicaments de substitution
aux opiacés ou présentant des antécédents d’abus), pouvant évoluer vers
une consommation à finalité non thérapeutique liée à une obtention
illégale.
• Dans ce contexte, l’ANSM souhaite rappeler aux prescripteurs les
précautions devant être prises chez les patients qui présentent des
antécédents de toxicomanie.
• Les signes de mésusage, d’abus ou de dépendance à la prégabaline, tels que
le développement d’une tolérance, l’augmentation des doses et un
comportement de recherche du médicament doivent être surveillés chez
ces patients.
Obtention illégale des médicaments
approche « sujet »
15% des sujets ont obtenu un (ou +) médicament de façon illégale (vs 18% en
2014)
approche « produit » : 791 médicaments obtenus illégalement
(12% des médicaments vs 14% en 2014)
Les 10 médicaments ayant la plus grande part d’obtention illégale 1
Nb fiches
totales2
Nb Obtenus
illégalement
Part d’obtention illégale
(%)
Ketamine
21
21
100%
Clonazépam
17
13
77%
Morphine
136
98
72%
Méthylphénidate
29
16
55%
Trihexyphénidyle
20
10
50%
Bromazépam
107
28
26%
Oxazépam
276
59
21%
Diazépam
309
61
20%
Alprazolam
94
17
18%
23
4
17%
Tramadol
1Médicaments
ayant un nombre total de fiches > à 10 et ayant au moins 2 signalements d’obtention
illégale; 2nombre total de fiches avec le mode d’obtention renseigné; 3 si augmentation >10% si
diminution > 10%
autres cas
4NA : non applicable car nombre de fiches totales =4
65
Un phénomène émergent et
problématique : l’abus de
médicaments de prescription médicale
facultative
66
Un cas clinique
• Homme de 18 ans en 2012
• Pas ATCD psychiatrique
• ATCD consommation cannabis depuis 2009 arrêté depuis 2-3 mois au
•
•
•
•
•
moment des faits
Prise en soirée d’un flacon de Tussidane®
Environ 2 h après : sensations d’isolement, d’être dans un autre monde
Depuis, syndrome de dissociation (déréalisation, dépersonnalisation)
Hospitalisé en psychiatrie pendant 15 jours
Traitement / Déroxat®, Xanax®, Stilnox®, Théralène®
67
Historique de l’évaluations du potentiel d’abus et de dépendance
par l’ANSM
Méphénésine
Dextrométhorphane
(Décontractyl®)
> 2006 : notification /
pharmaciens de
comportements à risque
d’abus (89%)
(Femmes, 39 ans, ATCD
abus)
2003-2008 : 12 cas / 2009-2013 : 39 cas
Jeunes adolescents +++
Alertes / pharmaciens
Informations auprès des PDS + plan de
minimization des risques
Point info/ANSM
Doxylamine
(Donormyl®
Codéine
1990
2012
2014
Nautamine®- Mercalm®
« Purple Drank » : mélange de
2003-2014 : 59 cas
Cas de soumission chimique
Retrait de ces médicaments en
accès libre
Point info / ANSM
sirops à base de prométhazine et
codéine (70,5% en 2014)
Jeunes adolescents
Alertes/ pharmaciens
Point info / ANSM
2014
2015-2016
2016
Dernière évaluation par le comité technique des CEIP-A / ANSM
68
Évaluation pharmacologique
Anti-histaminiques H1
Libération de dopamine
dans le noyau accumbens
Effet de renforcement positif
Dextromethorphane
Agoniste opioïde
Métabolite : dextrorphan :
effet dissociatif cf PCP ou
kétamine
Propriétés
pharmacologiques
pouvant expliquer l’abus
tropicamide
anticholinergique
Codéine
Agoniste opioïde
Méphénésine
Dérivé du propanediol
Forme un métabolite actif, le
méprobamate
69
Dextromethorphane
Plan de minimisation des risques / ANSM
• Dépliant/Flyer (Quotidien du Pharmacien, Quotidien du Médecin, Pédiatrie
pratique, ds bacs des grossistes);
• Courriers de "mise en garde" aux professionnels de santé concernés afin de
les alerter sur les risques;
• pop-up (logiciel en officine)
• + modification RCP et notices
70
Plan de minimisation des risques / ANSM
71
72
Mercalm, Nausicalm (diménhydrinate), Nautamine
(diphénhydramine) : Risque d’abus et d’usage détourné • La
diphénhydramine (Nautamine) et le diménhydrinate (Mercalm,
Nausicalm) sont des antihistaminiques H1 de première génération indiqués
dans « la prévention et le traitement du mal des transports ».
• Notification de cas d’abus, pharmacodépendance chez des adolescents et
jeunes adultes
• En conséquence, les spécialités Mercalm et Nausicalm ont été radiées de la
liste des médicaments de médication officinale et ne doivent donc plus être
en accès libre à l’officine, au même titre que la spécialité Nautamine qui
n’était pas inscrite sur cette liste.
73
PURPLE DRANK
Ces ados qui transforment le
sirop contre la toux en drogue /
le figaro 27 mai 2015
• « purple drank » USA fin 1990
• Popularisé par DJ, rapeur
• Composition : sirop de prométhazine + codéine + soda (sprite) ±
bonbons/jus de fruit/alcool
• Prométhazine : antihistaminique H1/1ière génération (phénothiazines) =
sédation, effets atropiniques, effet vasculaire
• Spécialités: Phenergan/Fluisedal/Tussidal/rhinathiol
• Codéine: agoniste morphinique faible = euphorie, dysphorie, sédation
• Information de l’ANSM en 2016
74
75
Nouvelle typologie d’usagers
• Pas uniquement le patient toxicomane, SDF…
• Adolescent ou adulte jeune (dextrométorphane)
• « ménagère de moins de 50 ans » : tianeptine, tramadol
• Tout le monde peut être concerné
• Pas de stigmatisation
76
Exemples de modifications apportées aux
médicaments pour limiter l’abus / FRANCE
• Benzodiazépines
• Flunitrazépam, clonazépam : ajout d’un colorant bleu pour limiter
les risques de soumission chimiques
• Réglementation des stupéfiants et Prescription sur ordonnances
sécurisées
• Opioïdes
• Méthadone gélule : PGR, blister sécurisé pour enfants, gélifiant
dans gélules
• Suboxone® : buprénorphine + naloxone
• Restriction conditions de prescriptions et de dispensation
77
Exemples de modifications apportées aux
médicaments pour limiter l’abus / USA
• EMBEDA® : morphine à libération retardée + naltrexone
• Si usage normal, intégrité de la gélule, pas ou peu d’effets de la
naltrexone, séquestrée dans la gélule
• Si ouverture de la gélule et écrasement des microgranules puis usage
nasal ou IV, libération de naltrexone : limitation des effets opioïdes
• Buprénorphine / implant sous-cutanée
• Avis favorable FDA
78
Prise en Charge des
pharmacodépendances
78
79
Les acteurs
• Professionnels de santé
• Médecins
• Pharmaciens
• Personnel paramédical
• psychologues
• Travailleurs sociaux
• Éducateurs
• Assistantes sociales
80
Les structures proposées
• CAARUD : Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction de
risques pour Usagers de Drogues
• Issus loi 9 août 2004 : regrouper les dispositifs de réduction des risques au
sein de structures uniques.
• Pour qui ?
•
Personnes qui ne sont pas encore engagées dans une démarche de soins ou
à celles dont les modes de consommation ou les drogues consommées
exposent à des risques majeurs (infections, notamment hépatite C, VIH,
accidents, etc.)
• Qui intervient ?
• Infirmières, assistantes sociales, éducateurs…
81
CAARUD (suite) missions
• L’article R.3121-33-1 du code de la santé publique (CSP) fixent aux CAARUD les
missions suivantes :
• l’accueil, l’information et le conseil personnalisé des usagers de drogues
• l’aide à l’accès aux soins (hygiène, soins de première nécessité, dépistage des
infections transmissibles…)
• le soutien dans l’accès aux droits, au logement et à l’insertion ou à la réinsertion
professionnelle
• la mise à disposition de matériel de prévention des infections (trousse d’injection,
préservatifs, boîtes de récupération du matériel usager)
• l’intervention de proximité en vue d’établir un contact avec les usagers
• le développement d’actions de médiation sociale.
• Ils peuvent également participer au dispositif de veille en matière de drogues et
toxicomanie, à la recherche, à la prévention et à la formation sur l’évolution des
pratiques des usagers.
82
CSAPA : Centres de Soins d’Accompagnement et de
Prévention en Addictologie
• Pour qui ?
• Les personnes qui sont dans une relation de dépendance plus ou moins
forte et néfaste à l’égard des drogues illicites, de l’alcool, des médicaments
ou d’une pratique (jeux, sexualité, anorexie/boulimie…)
• Ceux-ci accueillent également l’entourage (parents, conjoints, famille,
amis).
• Qui intervient ?
• Equipes pluridisciplinaires : médecins, infirmiers, psychologues, éducateurs
spécialisés, assistantes sociales…
83
CSAPA (missions)
• L’accueil,
•
•
•
•
l’information, l’évaluation médicale, psychologique et sociale et
l’orientation de la personne concernée ou de son entourage. Ils peuvent également
aider au repérage des usages nocifs.
La réduction des risques liés à la consommation ou au comportement en cause
La prise en charge médicale (bilan de santé, sevrage) et psychologique (soutien,
psychothérapie individuelle ou familiale, groupes de parole)
La prescription et le suivi de traitements médicamenteux, dont les traitements de
substitution aux opiacés,
La prise en charge sociale et éducative, qui comprend l’accès aux droits sociaux et
l’aide à l’insertion ou à la réinsertion.
84
Évaluation de la dépendance
Centre
d’Evaluation
et
d’information
Pharmacodépendance - Addictovigilance
sur
la
85
Objectifs de l’addictovigilance
Surveillance des cas d’abus et de pharmacodépendance
liés à la prise de substances psychoactives licites ou
illicites :
– médicament, substances chimiques, plantes…
– à l’exclusion de l’alcool éthylique et du tabac.
Vigilance sanitaire à déclaration obligatoire
En
France : réseau national d'évaluation de
pharmacodépendance mis en place pour recueillir ces
cas et les évaluer : Centre d’Evaluation et d’Information
sur la Pharmacodépendance – Addictovigilance (CEIP-A)
86
13 CEIP-A en France
Bordeaux
Caen
Clermont-ferrand
Grenoble
Lille
Lyon
Marseille
Montpellier
Nantes
Nancy
Paris Fernand-Widal
Poitiers
Toulouse
87
• Autre
• Mission Interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives
(MILDECA)
• Anime et coordonne les actions de l’Etat en matière de lutte contre les drogues et les
toxicomanies : observation et prévention de la toxicomanie, accueil, soins et de la réinsertion
des toxicomanes, de la formation des personnes intervenant dans la lutte contre la drogue et
la toxicomanie, de la recherche, de l'information, et de la lutte contre le trafic.
• Organisme Français des Drogues et Toxicomanie (OFDT)
• Données chiffrées, enquête Escapad, Espad, dispositif Trend et Sintes…
• Qui consomme et comment ? Quels produits ? Quels dommages sanitaires et
sociaux les usages occasionnent-ils ? Quelles sont les opinions et les perceptions
sur les drogues ?
88
PRISE EN CHARGE DES
PHARMACODEPENDANCES
Médicaments de la dépendance alcoolique
DCI
Nom
spécialité
AMM
Mécanisme
Posologie
EIM
CI
Disulfirame
Esperal®
Oui
Inhibiteur alcool
déshydrogénase / effet
antabuse
Abstinence totale
Acamprosate
Aotal®
Oui
Agoniste gaba
Maintien de
l’abstinence
6 cp/j si > 60
kg
4 cp/j si < 60
kg
EIM : diarrhée
CI : IR
Naltrexone
Revia®
Oui
Antagoniste récepteurs 50 mg/j
25-100 mg/j
aux opioïdes
Réducteur de
l’appétence
EIM : nausées début
trait
CI : I hépatique
Traitement opiacé
Nalméfène
Selincro®
Oui
Antagoniste récepteurs 1 cp/j
aux opioïdes
Réducteur de
l’appétence
EIM : insomnies,
vertiges, céphalées,
nausées (graves
>10%)
État confusionnel,
hallucination, état de
dissociation
CI : Traitement opiacé
90
PRISE EN CHARGE DE LA
DÉPENDANCE AUX OPIACES
91
PRISE EN CHARGE DES SURDOSAGES EN
OPIOÏDES
NALSCUE® : TRAITEMENT D’URGENCE DES
SURDOSAGES AUX OPIOÏDES
16/04/MED/FORM/025 –
04/2016
93
ATU de cohorte de Nalscue® 0,9 mg/0,1 ml : mise à disposition d'un
spray nasal de naloxone dans le traitement d'urgence des
surdosages aux opioïdes
• Prescription
• Médecins exerçant en Centres de soins, d’accompagnement et de
prévention en addictologie (CSAPA), en service d’addictologie à l’hôpital, en
service des urgences, dans tout autre service bénéficiant de l’intervention
d’une équipe de liaison et de soins en addictologie (ELSA) et en unité
sanitaire en milieu pénitentiaire peuvent prescrire Nalscue.
• Dispensation
• La délivrance est réservée aux pharmaciens en charge de la dispensation
dans les pharmacies à usages intérieur (PUI) autorisées à rétrocéder,
dans les CSAPA gérés par un établissement de santé disposant d’une PUI
et dans les CSAPA membres d’un groupement de coopération sanitaire
ayant mis en commun une PUI d’un établissement de santé.
94
TRAITEMENTS DE SUBSTITUTION
AUX OPIACÉS
Source OFDT (observatoire français des drogues et des
toxicomanies)
96
Traitement de substitution aux opiacés
• Patients dépendants aux opiacés dans le cadre d’une prise
en charge médicale, sociale et psychologique
• Remplacement d’une substance psycho-active par une
autre (cadre)
• Entretien médical spécifique pour évaluer pharmacodépendance et consommations récentes
• Suivi médical régulier, aide sociale, psychologique
Schéma évolutif de l’état clinique lors de
la prise héroïne
Taux plasmatique
Etat clinique
Euphorie
Normal
Manque
0h
4
h
Prise d’héroïne
8h
12h
16h
20h
24h
Traitement de substitution
Pour une suppression du manqueet unestabilisation neurobiologique.
Taux
plasmatique
Etat clinique
Euphorie
Normal
Manque
4h
Prise de TSO
8
h
12h
16h
20h
24h
99
Activité opoïde
Agoniste : méthadone,
morphine, Fentanyl
Agoniste partiel :
buprénorphine
Antagoniste :
naloxone
100
Définition TSO
• Six critères pharmacologiques ont été
proposés pour définir un
médicament de substitution de la dépendance aux opiacés
• Critère 1 : Pharmacodynamie de type opiacé
• Critère 2 : Durée d’action > 24H, ne nécessitant pas plusieurs prises par
jour de façon à éviter les fluctuations d’effets et en particulier les
signes et symptômes de manque
• Critère 3 : générer peu d’euphorie et avoir peu d’effet renforçateur
pour le produit lui-même et les autres drogues
• Critère 4 : s’administrer par voie orale ou sublinguale et ne pas
comporter d’attrait particulier pour les autres voies, en particulier
intraveineuse
• Critère 5 : avoir une AMM dans cette indication
• Critère 6 : être compatible avec une qualité de vie sociale satisfaisante
101
Les molécules disponibles
102
Buprénorphine et méthadone
Buprénorphine
Méthadone
Agoniste partiel
Agoniste pur
Liste I réglementation stupéfiants
Stupéfiant, ordonnance sécurisée
Prescription 28 j / MG
Dispensation 1j, 7j +++ ou 1 fois
Pharmacien désigné
Prescription 14 j
Octobre 2014 : prescription méthadone
gélule 28 jours
Primoprescription / CSAPA
Relai MG après accord
Dispensation quotidienne CSAPA, 7j ou 14 j
Voie sublinguale, 1 prise / j
Voie orale, 1 prise / j
Posologie moyenne 8 mg/j
Posologie max : 16 mg/j (24 mg/j
Suboxone®)
Posologie initiale : 30 – 40 mg
Adaptation
Princeps : Subutex® : 0,4; 2 & 8 mg
Génériques : + 1; 4; 6 mg
Suboxone® : 2 & 8 mg
Méthadone sirop : 5; 10; 20; 40; 60 mg
Méthadone gélule : 1; 10; 20; 40 mg
103
Buprénorphine et méthadone
Buprénorphine
Méthadone
Métabolisme / CYP3A4
Interactions PK
inducteurs, inhibiteurs
Métabolisme / CYP3A4, 2D6, 1A2, 2B6
Mélange racémique
Interactions PK
polymorphisme génétique
inducteurs, inhibiteurs
Interactions pharmacodynamiques
dépresseurs SNC
méthadone & analgésiques palier III
Interactions pharmacodynamiques
Médicaments allongeant espace QT
dépresseurs SNC
Agoniste-antagoniste morphinique :
risque syndrome sevrage
Risque mésusage / voie nasale ou IV
Hépatite
Infection
Syndrome de Popeye
Marché parallèle
Prévention mésusage gélule
Risque d’overdose +++
Marché parallèle, festif
104
Suboxone
AMM, mise sur le marché français 2 janvier 2012
Buprénorphine + naloxone
Naloxone = antagoniste Récepteur opiacés
Dosages disponibles
2 mg buprénorphine / 0.5 mg naloxone
8 mg buprénorphine / 2 mg naloxone
Objectif
Diminuer les risques d’injection par galénique
Mais
Injections rapportés aux USA
Syndromes de sevrage en cas association avec
héroïne
Donc positionnement dans prise en charge en France?
105
Buprénorphine : effets indésirables
• Dépendent du seuil de tolérance :
• Fréquents (> 1/100 x < 1/10)
• Insomnie, céphalée, évanouissement, vertige
• Hypotension orthostatique
• Constipation, nausée, vomissement
• Asthénie, somnolence, sueur
• Rares
• Réactions d’hypersensibilité telles que rash, urticaire, prurit, bronchospasme, oedème de
Quincke, choc anaphylactique.
• Augmentation des transaminases
• Hypogonadisme
• En cas d’injection
• Hépatite
• Infections
• Présence d’amidon (talc pour BHD) parmi les excipients rend l’injection problématique : risque
d’abcès, nécrose sous cutanée
Quel TSO choisir ?
.On préfère la méthadone :
.On préfère la buphrénorphine :
- En cas de grossesse
- Si poly consommations de produits
- Si mésusage de la buphrénorphine
- Si difficultés à renoncer à l’injection
- Si cooccurrence psychiatrique (pour le
suivi régulier par une
équipe)
- Si grande précarité sociale
- Si antalgiques par morphiniques.
- Si dépendance à la codéine ?
- Si QT long
- S’il y a un souhait de sevrage rapide
du TSO.
107
buprénorphine = intérêts et limites
Intérêt
Limites
Limite les signes de sevrage
Risques de mésusage
Effet plafond
Pas euphorie
Accessibilité
Maniabilité
Agoniste partiel : index thérapeutique
élevé
Monothérapie : peu d’overdose
AMM : UNIQUEMENT PAR VOIE
SUBLINGUALE
Si injection :
Biodisponibilité +++
Saturation récepteurs
immédiate
Sniff
Risque association
Alcool
benzodiazépines
Fractionnement
Détournement
Marché parallèle
Dépendance primaire
Parachute descente
stimulants
108
Syndrome de Popeye / injection subutex
109
Méthadone : intérêts et limites
Intérêts
Limites
Cadre de prise en charge
Agoniste pur : si doses > à celles
nécessaires => effets des opiacés
=> utilisation détournée à des « fins
récréatives »
Effets indésirables des opiacés
Médicalisation du sujet
Entretien avec analyse d’urine en
complément
Prise en charge plus globale qu’avec la
buprénorphine
Intérêt
Dépendance sévère
Difficultés à renoncer à l’injection
Polyconsommation
Comorbidités psychiatriques
Perception positive / usagers
dépression respiratoire
=> risques de décès
Dose létale : 1mg/kg sujet non
dépendant
Détournement, présente sur
marché parallèle
Interactions médicamenteuses +++
110
Sulfate de morphine
• Abus et détournement sulfate de morphine : Skénan®, Moscontin®
• Depuis début années 2000
• 2 problématiques
• 1 – abus / défonce
Remplacement héroïne si peu disponible ou mauvaise qualité
Injection / IV
Fortes doses quotidiennes : médiane 400 mg/j
Achat rue / deal ou prescription médicale
Nomadisme médical / remboursement CPAM !!!
• 2- Prescription comme TSO (hors AMM)
• Moins injecté : 40% versus 70%
• Risques :
• Dépendance +++
• Syndrome de manque si plus disponible
• Overdose
• Pathologies infectieuses : infections cutanéo-muqueuses, endocardite, septicémie
•
•
•
•
•
111
Sulfate de morphine TSO
• Note de DGS de 1996 toujours d’actualité
• Autorisant prescription sulfate de morphine comme TSO si intolérance ou
échec méthadone et Subutex®
• Après avis favorable médecin conseil CPAM
• Sulfate morphine considéré comme mauvais candidat comme TSO :
• Courte durée d’action
• Effet euphorisant / renforcement positif
• Facilement détourné voie d’utilisation
• Pas d’AMM
• 2 revues de la littérature
• Pas suffisamment d’éléments pour évaluer efficacité sulfate de morphine
dans indication TSO
• Pas d’études contrôlées versus méthadone
112
MÉSUSAGE TSO
113
Buprénorphine HD sous protocole
Sous protocole de substitution
2013
2014
2015
Nombre de patients
1233
1052
1057
Activité professionnelle
37%
33%
37%
Logement stable
77%
77%
84%
9,2±6,8
9,1±5,9
9,0±5,7
orale
90%
89%
94%
nasale
11%
10%
9%
inhalée
2%
1%
1%
I.V.
13%
13%
7%
obtention illégale
13%
12%
10%
benzodiazépines et apparentés
29%
27%
25%
héroïne
7%
8%
5%
Morphine
1% (n=12)
0% (n=2)
1% (n=7)
cocaïne
9%
10%
9%
modalités de consommation
dose en mg/j (m ds)
voie
consommations associées
114
Méthadone sous protocole
2013
2014
2015
Nombre de patients
2617
2554
2609
Activité professionnelle
39%
37%
38%
Dose en mg (m ± ds)
58,7 ± 35,7
59,2 ± 35,5
61,1 ± 38,2
Voie orale
99,73%*
99,79%*
99,8%*
Obtention illégale
6%
7%
8%
Benzodiazépines et
apparentés
23%
21%
20%
Héroïne
16%
17%
15%
Morphine
3%
4%
3%
Cocaïne
12%
12%
11%
Consommations associées
*Autres voies signalées en 2013 : IV (n=5), nasale (n=7), inhalé (n=3)
* Autres voies signalées en 2014 : IV (n=11), nasale (n=4); inhalée (n=1)
* Autres voies signalées en 2015 : IV (n=4), nasale (n=4), inhalée (n=1)
115
Indicateurs de détournement
des médicaments TSO
Nb
Fiches
2011
(vs 2010)
Souf.
à l'arrêt
abus/
dépdance
Obtent°
illegale
Prise conc
alcool
Voie
nasale
Voie IV
Méthadone
2807(vs
2601)
48%
82%
6%
17%
0%
0%
Buprénorphine
1440
(vs 1526
58%
91%
12%
20%
6%
7%
Morphine
129*
(vs 101 )
65%
81%
70%
44%
8%
71%
119
(vs 85)
63%
82%
72%
46%
9%
74%
Dont Skenan®
116
Prise en charge dépendance / abus cocaïne
• Recommandations HAS 2010
• Aucun médicament n’a d’AMM
• Pas de thérapeutique substitutive disponible dans addiction cocaïne
• Prescription médicamenteuse
• Cadre d’un programme structuré
• Équipe spécialisée en addictologie
• Psychothérapie
• Prise en charge psychosociale
• Cibles cliniques du traitement médicamenteux
• Euphorie
• Craving
• Symptômes de sevrage
117
Pharmacothérapies dans l’addiction à la cocaïne
• N-acetyl Cystéine : réduction du craving et du syndrome de sevrage
• Essais cliniques en cours mais utilisation
• 1200 mg/j en 3 prises pendant 21 jours
• Peut être augmentée à 2400 mg/j voire 3600 mg/j
• Pas femmes enceintes
• Sevrage en ambulatoire ou hospitalier
• Topiramate : active transmission GABAergique via le système GABAA et antagonise
sous-récepteurs glutamatergiques).
• 100 à 200 mg/j (augmentation progressive)
• Effet anti-craving, maintien de l’abstinence
• Prévention de la rechute
• Prescription réservée centre spécialisés en addictologie
• Essai clinique double aveugle
118
Pharmacothérapies dans l’addiction à la cocaïne
• Disulfiram : bloque aldéhyde-deshydrogénase, inhibe dopamine β-
hydroxylase, effet dopamine like, effet antagoniste glutamate /
métabolite
• 250 mg/j
• Chez patients avec comorbidité alcoolique
• Réduction de la consommation, du craving, de la dysphorie, maintien de
l’abstinence
• Prescription réservée centres spécialisés en addictologie
119
Autres médicaments inappropriés
• Agonistes dopaminergiques
• Baclofène
• Gabapentine
• Antipsychotiques (études publiées avec la quétiapine)
• En cours d’évaluation
• Méthylphénydate LP
• Visée substitutive
Karila L et al. La presse Médicale, Mai 2013
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