Psychologie : Effets du vieillissemen

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Virginie GOUTTE
Neuropsychologue, PhD
1
Plan
Vieillissement normal
Mild Cognitive Impairment
Maladie d’Alzheimer
2
3
La mémoire (1)
Mémoire épisodique: système de mémoire qui soustend
le
souvenir
conscient
des
épisodes
personnellement vécus, inscrit dans un contexte
spatio-temporel particulier
Difficultés en mémoire épisodique sont + importantes en
rappel libre (Desgranges et Eustache, 2009)
Difficultés à mettre en place des stratégies d’encodage et de
récupération efficaces; Difficultés à utiliser spontanément des
stratégies de traitement sémantique au moment de l’encodage
Ces déficits dans l’initiation des stratégies d’encodage et de
récupération atteinte exécutive associée au vieillissement
(Giffard, Desgranges et Eustache, 2001; Isingrini et Taconnat, 2008)
4
5
La mémoire (2)
La mémoire prospective (Eusop-Roussel et Ergis, 2008; Gonneaud,
Eustache et Desgranges, 2009; Lecouvey, Gonneaud, Eustache et Desgranges,
2015; Ergis, Goutte et Baudouin, en préparation)
Souvenir d’une action à réaliser dans le futur
2 types de récupération :
soit de type event-based, récupération basée sur un indice
externe (Exemple: Lorsque la minuterie sonnera, je dois
penser à sortir le gâteau du four);
2.
soit de type time-based, récupération basée sur l’estimation
de temps (Exemple: Dans 45 minutes, je dois penser à
sortir le gâteau du four)
Atteinte de la mémoire prospective notamment si la tâche
implique des processus contrôlés
1.
Les processus contrôlés (consomme des ressources en mémoire de
travail, n’est pas autonome et s’exécute lentement) versus processus
automatiques (consomme peu de ressources en mémoire de travail,
qu’il est autonome et s’exécute rapidement)
Effet de l’âge + prononcé sur les tâches de type time-based que
sur les tâches event-based
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La mémoire (3)
La mémoire sémantique: système de mémoire qui
permet de stocker les connaissances sur le monde
Préservée
Tâches évaluant le vocabulaire ou les connaissances
sémantiques: performances comparables voire
supérieures aux sujets jeunes (Taconnat et Isingrini, 2008)
Avec l’avancée en âge, les difficultés dans les tâches
de dénomination d’objets et le phénomène du mot
sur le bout de la langue pourraient s’expliquer par un
déficit spécifique pour accéder aux codes
phonologiques permettant la récupération d’un mot
(Giffard et al., 2001 ; Taconnat et Isingrini, 2008)
7
La mémoire (4)
Mémoire procédurale: système de mémoire impliqué dans les
apprentissages de procédures perceptivo-motrices, perceptivo-verbales
et cognitives. La mémoire procédurale se définit comme étant évaluée
par des épreuves dans lesquelles l’exposition répétée à une situation
expérimentale entraine, grâce à la répétition des essais, une amélioration
des performances des sujets, sans qu’il soit nécessaire pour les
participants d’évoquer de façon consciente les épisodes antérieures
Majorité des études rapporte une préservation de la mémoire
procédurale; effet de l’âge sur l’acquisition de nouvelles procédures
perceptivo-motrices (épreuve du Rotor test) ou cognitives (tour de
Hanoï)
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La mémoire (5)
Ergis, Fabre et Gandini (2010):
1. La vitesse d’acquisition d’une procédure cognitive (Tour de Hanoï)
chez SA et SJ;
2. Les différentes stratégies mises en place par les 2 groupes d’âge pour
acquérir cette compétence;
3. Les relations entre la mémoire de travail, les variations stratégiques
et les performances dans la phase d’apprentissage de la procédure
Les résultats ont permis de mettre en évidence que:
1. SA ont besoin de plus d’essais pour acquérir la procédure cognitive
comparés aux SJ;
2. Baisse des performances des SA est observé pour les tâches évaluant
la mémoire de travail;
3. Analyse des stratégies a montré que SA avaient commis plus d’erreurs
de mouvements que SJ indiquant des difficultés de planification et du
contrôle inhibiteur probablement en lien avec un déclin de la
mémoire de travail
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Les fonctions exécutives (FE)
Les fonctions exécutives sont impliquées dans toute action
orientée vers un but
Sous-tendent les AVQ
La perturbation des FE les troubles observés en mémoire
et plus particulièrement en mémoire épisodique
Les FE joueraient un rôle dans les opérations d’encodage et
de récupération.
Avec l’avancée en âge, les processus contrôlés sont
déficitaires
(Isingrini et Taconnat, 1997; Lemaire, 1999; Taconnat et Isingrini, 2008)
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L’attention (1)
Ralentissement de la vitesse de traitement avec l’âge
(Taconnat et Isingrini, 2008)
La théorie de Salthouse (1996): stipule qu’avec l’avancée
en âge, la vitesse de traitement des opérations cognitives
diminue. Cette réduction de vitesse conduit à une atteinte
du fonctionnement cognitif causée par des mécanismes
de temps limité et de simultanéité
Pour Craik (1986), le vieillissement normal s’accompagne
d’une réduction de la quantité des ressources
attentionnelles pour initier les traitements cognitifs. Cette
diminution va avoir pour effet d’altérer les capacités
d’encodage et de récupération en mémoire
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L’attention (2)
Les différents types d’attention sont perturbés
Attention sélective (lorsque nous sommes confrontés à des
situations complexes, et à de nombreuses informations. Les
stimuli pertinents doivent être pris en compte alors que les
informations non pertinentes doivent être ignorées)
L’attention partagée ou divisée (capacité à traiter des
informations venant de plusieurs sources en même temps)
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Troubles non cognitifs
L’avancée en âge s’accompagne de troubles non cognitifs:
le plus fréquent est la dépression
Dépression et le vieillissement (Lôo et Gallarda, 2000;
Gallarda et Lôo, 2009)
En dehors de la dépression, les sujets âgés peuvent
présenter des troubles anxieux
L’anxiété chez le sujet âgé peut se caractériser par une
angoisse de mort ou une angoisse de perte de certaines
fonctions (physiques et/ou cognitives). L’expression de
cette anxiété va avoir des conséquences sur le
fonctionnement cognitif et comportemental (Léger, 2002)
Pour Lôo et Gallarda (2000): la présence d’un signe
anxieux est souvent associée à un syndrome dépressif
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Dépression vs démence
Dépression
Démence
Histoire de la maladie
Vient seul à la consultation
Famille à l’origine de la consultation
Début daté avec précision
Début insidieux
Troubles existent depuis peu
Troubles existent de puis longtemps
Passé psychiatrique fréquent
Passé psychiatrique inhabituel
Allégations et comportement
Plainte mnésique sévère, mais autres
Plainte modeste
plaintes
Symptômes vagues
Symptômes détaillés
Echecs minorés
Echecs majorés
Incapacité minorée
Incapacité majorée
Beaucoup d’efforts pour accomplir tâches
Peu d’efforts pour accomplir tâches
simples
simples
Garde du plaisir dans les activités simples
Perte d’intérêt globale, pour toutes les
Humeur variable
activités
Humeur constante, envahissante
Mémoire et fonctions supérieures
Souvenirs désagréables mieux
Pas de lacunes mnésiques sur des périodes
conservés
spécifiques
Réponses « je ne sais pas »
Réponses erronées (ou se tournent vers
Ralentissement psychomoteur sur
l’accompagnant)
toutes les activités, même gestes
Ralentissement sur les activités intellectuelles,
simples
activités complexes
Orientation préservée
Désorientation temporelle précoce
Atteinte des processus de récupération
Atteinte des processus de stockage (dans la
RL-, RI +
MA)
RL-, RI-
(Habib, Joanette, Puel, 1991)
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16
MMSE (1)
Joly, M., Friocourt, P., Lepage, S. (2012).
Testez vos connaissances sur
l’interprétation et la passation du MMSE.
17
La revue de Gériatrie, 37, 195-203.
MMSE (2)
Evaluation de
l’orientation temporelle
et spatiale (10 points)
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MMSE (3)
Apprentissage de
3 mots (3
points)
19
MMSE (4)
Tâche interférente:
Afin d’occuper le patient
et d’éviter qu’il se répète
en boucle les 3 mots,
nous leur demandons de
compter en arrière à
partir de 100 en retirant
7 à chaque fois.
Puis, épeler le mot
monde à l’envers
(5 points)
20
MMSE (5)
Rappel des trois mots
(3 points)
21
MMSE (6)
Evaluation du langage
(8 points)
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MMSE (7)
Praxie constructive
(1 point)
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MMSE (7)
Stades de la maladie (sans prise en considération du
niveau d’étude)
30-25: normal
24-20: stade léger (avec seuil pathologique à 24)
19-15: stade modéré
14-10: stade modérément sévère
9-5: stade sévère
4-0: stade très sévère
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Critères diagnostiques (1)
Critères proposés par Petersen (1997)
1ers critères: domaine mnésique
Plainte mnésique
Performances aux tests de mémoire inférieures à
celles de leur groupe d’âge
Pas retentissement sur les AVQ
Absence perturbation du fonctionnement cognitif
global
Absence de démence
Critiques émises sur le concept de MCI et
hétérogénéité de sa présentation clinique, de son
étiologie et de son profil d’évolution
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Critères diagnostiques (2)
Afin de répondre aux différentes critiques, Peterson (2004)
a proposé les critères suivants:
Le sujet ou l’entourage exprime une plainte cognitive
Il existe une détérioration cognitive au regard des
capacités antérieures du sujet rapportée par le sujet luimême ou un proche
Le déficit cognitif est objectivé lors de la réalisation de
tâches cognitives et/ou mesuré par des tests
neuropsychologiques
Les activités de la vie quotidienne sont préservées ainsi
que les fonctions instrumentales complexes qui
peuvent cependant être affaiblies
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Critères diagnostiques (3)
Nouvelle classification proposée par Petersen et Morris
(2005): MCI amnésique et MCI non amnésique.
Atteinte touchant un domaine cognitif ou touchant plusieurs
domaines cognitifs
4 sous-types de MCI:
Amnésique domaine unique dont l’atteinte ne concerne que la
mémoire
Amnésique domaine multiple dont l’atteinte concerne la
mémoire et au moins un autre domaine cognitif
Non amnésique domaine unique dont l’atteinte touche un seul
domaine cognitif autre que la mémoire comme le langage ou
les fonctions exécutives
Non amnésique domaine multiple dont l’atteinte touche
plusieurs domaines cognitifs autres que la mémoire
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28
Définition (1)
En 1906, Aloïs Alzheimer décrivit pour la
première fois un type de démence
Au cours de cette conférence, il évoqua une
patiente nommée Auguste D., âgée de 51
ans. Elle souffrait d’une dégradation
progressive de ses facultés cognitives,
d’hallucinations, de confusion mentale et
d’une inaptitude psychosociale
(Maurer, Volk et Gerbaldo, 2003)
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Définition (2)
Cause la plus fréquente des démences chez les sujets âgés (~
860 000 personnes en France; Etude PAQUID)
Troubles de la mémoire épisodique d’apparition insidieuse
s’aggravant progressivement puis s’accompagnent de
déficits dans tous les domaines de la cognition: troubles
attentionnels, de l’orientation temporo-spatiale, du
langage, des praxies, des gnosies, du jugement, du
raisonnement, et des modifications thymiques et des
troubles du comportement (Derouesné, 2006; Pasquier,
1995)
Nouveaux critères/nouvelles recommandations: site de HAS
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La mémoire (1)
Troubles mnésiques prédominant et au premier plan; atteinte
fréquente dans la MA et font partie des critères requis pour en
établir le diagnostic (McKhann et al., 1984)
La mémoire épisodique
Précocement et massivement altérée dans la MA
Processus d’encodage déficitaires: difficultés à mettre en place un
encodage élaboré de l’information-cible
Déficit en rappel libre, rappel indicé et reconnaissance à des tâches de
mémoire explicite
Présence
d’intrusions, de persévérations et de fausses
reconnaissances
Absence d’amélioration des performances par l’indiçage troubles
authentiques en mémoire épisodique
(Adam, 2006; Collette, Feyers et Bastin, 2008 )
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La mémoire (2)
La mémoire prospective
Très peu d’études
Atteintes des tâches event-based et time-based (Ergis et EusopRoussel, 2008; Gonneaud, Eustache et Desgranges, 2009; Ergis, Goutte et
Baudouin, en préparation)
La mémoire sémantique
Mémoire sémantique mieux préservée au cours des phases
précoces de la maladie (Traykov, Rigaud, Cesaro et Boller, 2007)
Difficultés au sein de cette mémoire peuvent apparaître
précocement, les troubles surviendraient dans le discours
spontané (Giffard et al., 2001)
Dysfonctionnement progressif en lien avec l’altération des
fonctions langagières
Difficultés d’accès aux représentations précurseurs d’une
réelle dégradation des informations au sein du réseau
sémantique (Joanette, Kahlaoui, Champagne-Lavau et Ska, 2006)
32
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La mémoire (4)
La mémoire procédurale
Préservée dans la MA
Ergis et Klébaur (2005): différentes phases d’acquisition d’une
procédure cognitive (Tour de Hanoï) et l’impact de la mémoire de
travail sur l’apprentissage de cette procédure
Les résultats:
1. Atteinte du calepin visuo-spatial et de l’administrateur central;
2. Patients MA ont mis significativement + de temps; Nombre de
déplacement était plus important
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Les fonctions exécutives
Atteinte des processus d’inhibition,
Flexibilité mentale, de catégorisation
Ces déficits pourraient expliquer les difficultés des
patients dans les activités de la vie quotidienne
(Traykov et al., 2007)
35
36
Attention
Présence de troubles attentionnels, mais toutes les
composantes de l’attention ne sont pas atteintes
(Collette et al., 2008 ; Traykov et al., 2007)
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Les fonctions instrumentales (1)
Le langage
Atteinte de l’expression orale et/ou écrite ainsi que
de la compréhension
Discours ponctué d’un manque du mot
Présence de paraphasies sémantiques observée
(mot à la place d’un autre dont la cible et la
production ont un lien sémantique) Exemple:
verre pour tasse
(Collette et al., 2008; Joanette et al., 2006)
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LES FONCTIONS INSTRUMENTALES (2)
Apraxie
Présence d’apraxie fréquente, mais
son apparition et son intensité
varient
Présence d’une apraxie réflexive,
constructive, idéatoire et
idéomotrice
A un stade plus avancé, une
apraxie de l’habillage
(Bayard, Derouesné et Gély-Nargeot, 2006)
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Les fonctions instrumentales (3)
Agnosie
Les agnosies de type visuelles souvent observées
dans la maladie d’Alzheimer
La plus fréquente est la prosopagnosie; apparaît
à un stade avancé de la pathologie
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Troubles non cognitifs (1)
Apathie: manifestation la plus précoce dans la MA
Trouble de la motivation ne pouvant être attribué à un
trouble de conscience, à un déficit intellectuel ou à un
stress émotionnel
Correspond à trois composantes: une diminution de l'initiation
motrice, une diminution de l'initiation cognitive et une
diminution du ressenti affectif
Ne pas confondre apathie et dépression
Dans l’apathie, pas de tristesse douloureuse, de négligence vis-à-
vis de l’avenir et de la santé
Présence d’émoussement affectif
Dans la dépression, le patient se plaint de ses difficultés et en
souffre
Derouesné (2006), Marin (1991)
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http://www.farap.fr/fichiers/2011/09/De-la-depression-a-l-apathie-un-continuum.pdf
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Je vous remercie de
votre attention
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